Texas is hot, I can be cold (Billie)

« La nouvelle recrue s’appelle Ben Ali…. Sana. Sana, c’est un prénom de meuf ça, non? » demandait un collègue au groupe en uniforme qui se trouvait assis autour de la grande table de leur salle de repos, chacun avec son repas devant lui. Billie écoutait la conversation d’une oreille, mordant dans son burger au poulet piquant, ayant pour habitude de ne pas trop prêter attention aux conversations, parfois limite-limite, de ses collègues masculins. Elle était la seule femme de son unité et déjà avant de rejoindre l’anti-terrorisme, elle avait presque toujours été entourée d’hommes au travail et leur misogynie n’était plus à prouver. « Ouais Sana c’est un prénom de chica. C’est booooon ça! On aura autre chose à mater que le cul de Miss Texas. » Lâchait un autre entre deux gorgées de soda lançant un regard à Billie. Celle-ci hochait lentement la tête. « Ouais, ça nous changera c’est sur! » ajoutait un autre « Elle a le nom d’un terroriste donc faudra s’en méfier quand même. » Notait un quatrième qui y allait toujours, et ce en tout occasion, de sa remarque raciste. Le premier, qui tenait entre ses mains le dossier de la nouvelle recrue, tournait une page ou deux avant d’annoncer: « Oui, en fait, c’est pour ça qu’elle nous rejoint. Elle a des contacts qui pourraient nous être utiles. Puis undercover elle nous sera plus utile que Texas. » Sa dernière remarque fit rire tout le monde, même Billie, pour le coup, même si sa blondeur et sa blancheur de peau n’avait rien à voir avec son choix de religion.
Dès le lendemain, mademoiselle Ben Ali débarquait dans les bureaux de l’unité et ça n’avait rien à voir avec ce que la bande d’assoiffé avait imaginé. Arrivée en retard, frôlant l’insolence à chacune de ses réponses envers ses collègues, surtout quand elle s’adressait à la gent masculine, Sana n’avait pas sa langue dans sa poche et n’était visiblement pas ravie de rejoindre leur rang, ce qui, étrangement enchantait Billie. Elle aimait les challenges, aimait la façon qu’elle avait de remettre les mecs à leur place et surtout, aimait l’idée qu’elle n’était plus la seule femme dans cette unité.


Elle s’était jurée de ne pas le faire, de ne pas se réinscrire sur cette fichue application, mais voilà, sont petit coeur était brisé et elle avait bien besoin d’un rebound. Alors c’était reparti, deux mois après sa dernière inscription, la voilà qui revenait sur The Chart dans l’espoir d’y trouver un peu d’amour. La dernière fois elle avait rencontré celui qu’elle pensait être Monsieur Parfait. Il l’avait amenée à un premier rendez-vous, lui avait offert des fleurs, l’avait ramenée chez elle après un bon repas dans un beau restaurant et l’avait embrassée avant de partir. Le second rendez-vous, ils étaient passé à la vitesse supérieure. Un peu plus de bière, un peu plus d’embrassades aussi, mais il avait été tout aussi charmant que la première fois, ne la laissant pas en plan le matin venu. Cela dura comme ça pendant 2 longs mois, elle s’était déjà imaginée aménager avec lui, un jour se marier, avoir des enfants. Mais il en avait visiblement décidé autrement. Est-ce que c’était parce qu’elle traitait son chien, Pepsi, comme son véritable enfant? Est ce que c’était parce qu’elle lui avait envoyé un meme qui critiquait les démocrates? Ou parce qu’elle avait naïvement voté pour Trump en 2016? (Erreur qu’elle n’avait pas refaite). Elle ne le saurait certainement jamais puisque depuis maintenant un mois il ne répondait plus à aucun de ses messages.