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Ça me ferait plaisir qu'elle soit venue pour moi. Même si j'essaye de ne pas trop me faire de films non plus. Je n'oublie pas que je suis la "pièce rapportée" de cette histoire, comme ma meilleure amie m'a si bien rappeler. Et pourtant... Wendy est là, apparemment inquiète pour moi. Elle s'est même apparemment renseignée auprès d'une de mes collègues sur moi. De toute évidence mon coeur n'est pas indifférent à ce constat. On est d'accord, c'est un signe qu'elle tient quand même un minimum à moi ? C'est absurde ce que je dis, c'est pas parce qu'ils ont couché avec moi qu'ils tiennent à moi pour autant. Mais c'est déjà un bon début non ? En tout cas, moi, ça me suffit... pour l'instant. « Pour ma défense, c’est de la faute de Gina. » Gina ? Est-ce qu'il s'agit de sa meilleure amie, la fille avec qui elle était la première fois que je l'ai justement rencontré ici ? Je suppose que oui, et part de ce principe-là. « Et en plus elle t'abandonne encore, sacrilège ! » C'était déjà ce qui ce qu'il s'était passé la dernière fois. A croire qu'elle est coutumière du fait, ou peut-être que Wendy a voulu m'attendre avant de rentrer. Ce qui expliquerait pourquoi elle est encore là, toute seule. Je crois qu'il faut que j'arrête de trop réfléchir, c'est pas bon. « J’avais envie de te voir… » Je ne peux m'empêcher de lui sourire d'un air charmeur. Sa façon de me regarder à cet instant est à tomber. « Tu nous as pas donné de nouvelles depuis… la dernière fois. » C'est vrai, mais ils ne l'ont pas fait non plus de leur côté. J'ai eu plusieurs fois envie de lui envoyer un message, quelque chose, mais à chaque fois je me suis rétractée. Disons que je n'avais pas forcément envie de m'imposer d'une quelconque manière que ce soit. « Je voulais être sûre que tu allais bien. » Je m'éclipse dans un sourire pour servir des clients par-ci par-là, avant de revenir quelques minutes plus tard devant elle pour ranger quelques bouteilles sur l'étagère du bar. « Ça va beaucoup mieux maintenant. » Je flirte un peu avec elle, comme si c'était plus fort que moi. En même temps faut qu'elle arrête de me regarder comme ça aussi. « Je t'avoue que je ne savais pas trop ce qu'il en serait... » Ce qu'il en serait de nous après cette nuit passée tous les trois. « Mais je suis contente de te voir. » Je viens frôler sa main sur le comptoir dans un geste furtif avant d'ajouter. « J'ai beaucoup pensé à vous deux. » Surtout à cette nuit avec eux. Je n'ai jamais eu de filtre pour dire ce que je pense, et je ne cherche même pas à m'en cacher. C'est vrai, sincère, et je veux qu'elle le sache. C'est aussi simple que ça.

Cette nuit à trois était plutôt inattendu quand on y repense. Et pourtant, j'ai l'impression que ça s'est fait naturellement, comme une évidence. Ouais je sais c'est un peu paradoxal dit comme ça. Mais je suis plus à ça près. Quand je l'ai raconté à ma meilleure amie, elle m'a traité de dingue. Genre coucher avec un couple marié pour elle, c'est juste complètement insensé. Bon ok, c'est pas super traditionnel et alors ? Je n'ai rien fait de mal. Mais elle ne se semble pas être du même avis sur ce coup-là. Pour elle, je me suis juste foutue dans un putain de merdier. Un bordel monstrueusement agréable alors, ça, oui. Parce qu'entre nous, ce plan à trois était juste ouffissime. Je vous jure, rien que d'y repenser, ça me rend toute chose. Ça ne représentait certainement rien pour eux. C'était juste une soirée comme ça, pour pimenter leur vie de couple ou un truc du style. C'est peut-être d'ailleurs pour ça que ma meilleure amie s'inquiète pour moi. De peur que je m'attache à eux, et que je finisse par me brûler les ailes. Mais c'est pas du tout mon genre de m'attacher. Enfin... ouais je sais pas, depuis que j'ai fait leur rencontre, en commençant par Wendy, c'est un peu différent. Bref. Depuis cette soirée, mon quotidien suit son cours. Owen, l'hôpital et le boulot. C'est toujours autant la galère, surtout en cette fin d'année. Enfin personnellement j'men fous, ça me dérange pas d'enchainer les heures au Planet. Au contraire, ça me permet de penser à autre chose. C'est plus pour Owen que ça me gêne, forcément. Et c'est aussi plus difficile de trouver quelqu'un pour le garder quand il n'est pas à l'hôpital. Comme aujourd'hui par exemple. L'étudiante qui a l'habitude de le garder est partie plus tôt que prévu dans sa famille, et j'ai dû trouver un plan B un peu à la dernière minute. Heureusement ma meilleure amie va pouvoir me sauver la mise, encore, une fois sa journée terminée. Sans elle, je ne sais vraiment pas ce que je ferais. Entre temps, j'ai missionné une collègue de boulot pour qu'elle me remplace jusqu'à ce que je puisse me libérer. Je lui revaudrais ça, promis. C'est toujours toute une organisation, mais ça va, on s'adapte. Je n'ai pas vraiment le choix en même temps. J'arrive finalement au bar, croisant Wendy du regard qui se dirige droit sur moi. Qu'est-ce qu'elle fait là ? « Tout va bien ? Ta collègue m’a dit que tu avais eu un souci, tu vas bien ? J’espère que ce n’est pas ton… frère..? » Je secoue instinctivement la tête pour la rassurer. « Non t'inquiètes. Juste un contre temps pour le garder, rien de grave en soit. » Je hausse les épaules, habituée. « Mais je prends note que tu t'inquiètes pour moi, c'est mignon. » Un large sourire vient se dessiner au coin de mes lèvres, alors que mon regard dérive rapidement sur le verre qu'elle a entre les mains. « T'étais en manque de cocktails sans alcool ? » Pour faire référence à notre première rencontre. « Ou plutôt avec alcool d'ailleurs. » Que j'ajoute dans un petit rire en sentant le liquide de son verre jusque là. C'est bizarre, je croyais qu'elle ne buvait quasiment jamais d'alcool. Pas dans les bars en tout cas, c'est ce qu'elle m'avait dit la dernière fois il me semble. En réalité, je suis curieuse de savoir ce qui l'amène ici. Elle a l'air d'être toute seule, peut-être serait-ce pour moi ?

C'est ma fille, elle me connait par coeur et c'est normal. Je suis fière de ça, même si pour le coup ça me fout dans une situation inconfortable. Elle ne lâchera pas le morceau, alors je me lance à essayer de lui faire comprendre le problème. Mais j'ai la gorge sèche, le coeur serré. C'est dur à expliquer. J'essaye de prendre des pincettes, de ne pas cracher le morceau de but en blanc comme ça. Pour que la pilule soit plus facile à avaler pour elle, et surtout pour ne pas craquer aussi. « rien… » Jackson ne lui a apparemment rien dit, le contraire m'aurait étonné. Disons que c'est pas quelque chose qui est facile à avouer. « il s’est passé quoi ? » Je baisse inconsciemment les yeux en direction du sol, consciente que ce que je m'apprête à lui dire va lui faire du mal. Pas autant qu'à moi, mais presque. C'est de son père qu'il s'agit, son héros. Plus les secondes défilent, plus l'incompréhension se lit sur son visage. Elle a l'air complètement perdue, et j'ai l'impression de sentir mon coeur se briser une deuxième fois. « Il y a quelqu'un d'autre... » La bombe est lâchée. Et je ne sais même pas comment qualifier sa relation, parce que je ne sais moi-même pas s'il s'agit d'une aventure, ou si c'est plus sérieux que ça. Je sais juste que ça fait plusieurs mois que ça dure, même si Jackson continue de me dire que cette fille ne compte pas à ses yeux. Si elle ne comptait pas, il n'aurait sans doute pas couché avec elle pendant autant de temps. C'est facile de dire ça maintenant qu'il s'est fait griller. « Ouais... j'ai eu la même réaction que toi. » Cleo semble tomber des nues, comme si elle ne se doutait absolument pas que son père puisse avoir une aventure. A croire que je n'ai pas été la seule à me faire duper. « Ça fait des mois que ça dure, ce n'était pas juste comme ça. » Maintenant que le sujet est lancé, autant aller jusqu'au bout des choses. De toute évidence je ne peux malheureusement pas la protéger de notre histoire. C'est notre fille, et elle sera forcément impactée par tout ça. Elle a besoin de savoir ce qu'il en est exactement. Non, ce n'était pas simplement une coucherie d'un soir avec elle. Ça aurait peut-être été différent si c'était le cas. Parce que je ne suis moi-même pas parfaite, et que l'erreur est humaine. Mais là... ouais, ça devient compliqué. Pourtant il y a vingt-cinq ans de mariage qui nous unient, des années qui ont comptées, de l'amour, du respect aussi. Tout est brusquement remis en question du jour au lendemain, et c'est... déconcertant. En réalité je ne trouve même pas les mots.

c’est tellement improbable, incompréhensible, je n’en reviens toujours pas. je suis… j’en sais rien. j’ai presque cette impression de ne plus rien ressentir à part une douleur insoutenable. je ne sais pas ce qui est pire. avoir été trompée ou bien être aussi mal. je pourrai juste me dire qu’elle ne mérite pas que je sois dans cet état là et pourtant… ça fait mal. ça fait sacrément mal. je lui laisse une chance, infime, de s’expliquer mais au fond, j’en ai pas envie. je ne veux pas entendre ce qu’elle a à me dire parce que je me doute de ce que ça va être et ça va faire mal. et je ne suis pas certaine de pouvoir supporter un autre coup. il faut déjà que je digère celui que j’ai reçu en découvrant qu’il s’agissait d’elle et du coup de ce que ça signifiait. oui, je dois digérer et c’est un sacré morceau là. ” ouais ok laisse tomber. “ ah… la voilà la lexa que je connais. elle a bien vite laissé tomber le masque. c’est bien ce que je pensais. je hausse les épaules, prie juste pour que ce moment s’arrête rapidement. pouvoir passer à autre chose si c’est possible. partir de là au plus vite, ne plus la voir, ne plus l’entendre. oublier tout ce qu’il s’est passé… même si je n’en ai pas vraiment envie. mais ce n’est pas le moment d’analyser tout ça, je ne peux pas, je n’y arrive pas. l’objectivité n’est pas présente, vraiment pas. c’est juste le bordel dans ma tête, comme si tout menaçait d’exploser. oui voilà c’est ça, j’ai envie d’exploser. ou d’imploser je ne sais pas trop. mais ça ne va pas. et je déteste ressentir ça. ” ça servirait à rien de toute façon. “ je hausse simplement les épaules face à ce constat. si c’est elle qui le dit, je suis qui pour juger ça ? même si je suis d’accord avec elle. rien de ce qu’elle ne me dirai pourra me faire changer d’avis. j’ai peut être tort mais je ne pense pas. il n’y a aucune logique sinon. en même temps, est ce qu’il y en a eu une un jour ? je ne pense pas. ” je suis désolée... “ nouveau haussement d’épaules de ma part. ” y’a pas de quoi, y’a rien d’étonnant en vrai. bonne journée. “ il faut que je parte, et vite. alors je passe à côté d’elle, retiens pour encore quelques secondes tout ce qui menace de sortir, les larmes, la colère, la tristesse et la douleur qui m’envahissent à chaque pas qui m’éloigne d’elle. c’était vraiment une connerie de venir ici. j’aurai préféré ne jamais savoir. jamais.