· ⋆ Be proud of who you are ·˚ ◌

20 octobre 1997. Une journée banale pour la majorité de la population à Los Angeles, là où les températures ont frôlé la canicule. Une journée banale qui n'en est pas une pour la famille Eunji. Et plus exactement pour la jeune maman qui est en train de donner naissance à ses fils. Les prénoms ont déjà été choisi. Il s'appellera Ace. Son frère jumeau, Jaesun. Ace tu es donc né à Los Angeles, à deux heures trente-quatre du matin plus précisément. Dix minutes après ton frère jumeau. Mais des complications se sont vite ramener dans vos courtes vies qui venaient à peine de commencer depuis quelques minutes, et secondes. L'accouchement ne s'est pas passé comme prévu. Il a fallu beaucoup de temps à la maman pour finir le travail, et vous en avez subi les frais. Ton appareil respiratoire n'a pas fonctionné normalement, et les médecins ont dû s'occuper de toi le plus rapidement possible, afin de t’aider à respirer normalement et sans aide de machines. La nuit a été longue, stressante pour tout le monde. Et ce n'est qu'au petit matin que tu as enfin pousser ton premier cri. Ta vie débute enfin, sans séquelle. ta vie n'est plus en danger. Malheureusement, pour Jaesun, c'est bien tout le contraire qui s'est produit. Son cœur ne battait pas suffisamment assez, et les machines n'ont pas pu le sauver à temps. Les médecins ont bien tout fait, mais ont dû baisser les bras, en voyant que cela ne servait à rien. L'annonce du décès de son deuxième bébé a bien évidemment brisé les parents et le reste de la famille qui avaient encore de l'espoir.

Tu es donc le seul survivant. Les jours passent, ta mère reste à l'hôpital pour se remettre de son accouchement et de la perte de Jaesun. Cette tragédie est horrible, et la jeune femme a dû se battre pour ne pas tomber dans une dépression. Et la raison de son combat est bien évidemment toi, petit Ace. Petit être en pleine forme depuis ta naissance qui date de quelques jours déjà. Ce n'est qu'une semaine plus tard que la petite famille se retrouve enfin à s'installer dans leur petite maison. Ta mère ne peut pas se détacher de toi durant les premières semaines. Elle a bien trop peur qu'il t’arrive quelque chose. Tu restes donc à dormir dans la chambre parentale, jusqu'à l'âge d’un an. En temps normal, les bébés sont bruyants, et pleurent beaucoup. Mais toi, tu es une petite exception à cette règle. Tu n’as pas souvent pleuré durant tes premières années. Seulement quand tes dents de lait ont commencé à pousser, et quand tu te retrouvais malade comme un chien. Ces jours-là, la panique envahissait la maisonnée. Tes parents n'attendaient pas pour se rendre directement chez le médecin ou bien à l'hôpital. La vie du petit Ace est bien trop précieuse à leurs yeux. Elle l'est beaucoup trop. C'est ainsi que tu es devenu le bébé le plus chouchouté. À chaque réunion de familles, on ne voyait presque que toi. Il faut dire que tout le monde te trouvait adorable, toi et tes beaux yeux. Et un visage d'ange. Durant toute ton enfance, tu as été couvé par tes parents et tes oncles et tantes. Comme un véritable petit prince. Petit Prince est même devenu ton surnom au fil du temps. Surnom que tu n’assume pas aujourd’hui et qui te met mal à l’aise.

Malgré cette perte tragique, tes parents ont passé le cap. Et après quelques années, alors que tu allais sur huit ans, ils ont donné naissance à une petite fille. Ta petite-sœur que tu chéris encore maintenant. Elle ressemble d’ailleurs plus à une américaine qu’à une coréenne, physiquement parlant. Et elle vient d’entrer dans l’adolescence, période compliqué. Tu te comportes comme un véritable grand-frère, très protecteur et toujours là si besoin est. Elle a l’air de te faire confiance, même si évidemment elle n’aime pas te voir aussi curieux sur sa vie sentimentale. Après tout, tu as peur qu’elle fasse de mauvaise rencontre tout simplement. Los Angeles, et même le monde entier n’est pas un endroit sûr, surtout pour les femmes. Tu l’as bien compris au fil des années. Et ça t’effraie quelque peu sans mentir. Tu sais qu’elle saura se débrouiller seule, mais on ne sait jamais sur quel taré on peut tomber. Tu en as déjà fait les frais, alors que toi, tu es un garçon. Un homme. Tu veilleras donc sur elle, encore pendant longtemps, jusqu’à ce que tu sois totalement rassuré.


Tu n’as jamais été fort à l’école, et ce n’était pas quelque chose qui te passionnait. A côté, tu prenais des cours de théâtre. Ça te plaisait et ça t’apaisait. Ainsi, tes parents étaient aussi sûrs et rassurés que tu ne fasses pas autre chose de ton temps de libre comme certains enfants le font : des bêtises. Ils n’étaient pas non plus difficiles et t’ont laissé choisir ton destin, ta voie, sans te forcer à faire ce que tu n’aimais pas. C’est ainsi que tu as arrêté tes études, pour devenir acteur. Au départ tu n’étais pas forcément connu. Mais a force de prouver de quoi tu étais capable, ta notoriété a grandi. Ça t’arrive de te faire reconnaître dans les rues, mais pas au point d’avoir du mal à vivre une vie normale à L.A. Tu peux faire les courses comme tout le monde, te baigner comme tout le monde, boire un café sans avoir le risque de te faire ensevelir de fans. Car ces derniers sont majoritairement en Europe et en Asie, mais aussi assez intelligents et respectueux. De plus, tu fais pas mal de fan meeting ces derniers temps, de quoi leur faire plaisir.
Tu te retrouves aussi dans une carrière différente de celle d’acteur, après avoir eu un coup de fil d’un directeur de magazine. Il a su que tu avais un corps de rêve pour devenir mannequin, malgré la cicatrice qui te reste suite à ton accident. Une cicatrice qui te rend justement unique. Ça aurait pu faire plaisir à tes parents, seulement si ce magazine n’était pas érotique. Tu es bien dans ton corps, tu n’as pas de honte à avoir. Tu le vis bien. Ça t’arrive quand même de te faire charrier par ton cousin Shaun, mais tu n’y fais rien. Du moment que tu gagnes bien ta vie, c’est le plus important. Surtout en faisant des jobs où tu te sens à l’aise et heureux. Peu de personnes ont la chance de vivre ça. De réaliser leurs rêves ou bien de se lancer dans des carrières plus ou moins étonnantes et cocasses.


Longtemps. Tu as longtemps eu des questionnements par rapport à ton orientation sexuelle. Tu pensais aimais les filles, jusqu’au jour où l’un de tes camarades de classe t’a électrisé sur place. Avec lui, c’était différent. Plus simple, plus fluide. Plus intense aussi. Autant physiquement que sentimentalement parlant. Ça n’a pourtant pas duré longtemps. Lui ne cherchait pas de relations sérieuses, et toi tu n’assumais pas encore. Tu as dû attendre encore plusieurs mois, voire plusieurs années avant de te dire que tu es ce que tu es, et que dois être fier de l’être. Tu as fait ton coming out, et tu as cru que tu allais être rejeté. Pourtant, tes parents ont été compréhensifs. Pour ton plus grand bonheur. Certains de tes potes t’ont aidé et épaulé pour ça. Sans eux, tu n’en serais pas là sûrement. Depuis cette révélation, depuis que tu as trouvé qui tu étais vraiment, ta vie est devenue plus sereine. Et même si tu n’as pas encore trouvé le grand amour, ce n’est pas si grave. Tu te fais plaisir en attendant, rien ne presse. Tu as encore toute ta vie devant toi.


Un traumatisme t’a frappé. Quelque chose dont tu aurais préféré éviter vivre. Lors de tes dix-sept ans. Tout est allé si vite, après une soirée à faire la fête avec un de tes amis et ton cousin. Ce dernier était alcoolisé, et toi de même, c’était ton ami qui était donc en charge de conduire. Il n’a pas bu une seule goutte d’alcool et n’a pas touché à de substances illégales. Bref, il était clean. Mais il a fallu que le conducteur d’en face ne le soit pas. Un coup de volant sur la droite pour éviter cet automobiliste, action qui vous a valu un arbre. Un arbre, un putain d’arbre qui a détruit une famille. Ton cousin n’a pas survécu à cet accident, ton ami a failli mourir. Et toi, deux mois de coma après avoir été gravement blessé. Tes parents ont eu peur. Ta sœur aussi. Ils ont eu peur de te perdre. La première fois où tu as pu ouvrir les yeux, ils étaient là, à pleurer. Mais toi, tu étais encore dans le déni. Il t’a fallu du temps pour comprendre ce qu’il s’était passé. Pour apprendre la perte de ton cousin. Et même si tu n’es pas le fautif dans l’histoire, tu ne peux t’empêcher de ressentir de la culpabilité. Si tu n’avais pas invité ton ami et ton cousin à cette soirée, ils n’auraient rien eu. Ton cousin serait encore là aujourd’hui. Et tu n’aurais pas peur d’affronter les regards de ta famille du côté de ton père. Tu es heureux d’être en vie pour ta famille, mais tu as l’impression de ne pas le mériter lorsque tu penses à ton oncle et ta tante, et ta cousine qui elle t’en veut énormément. Tu ne dis pourtant rien et tu prends sur toi, si ça peut les aider à se sentir mieux. Mais rien n’est moins sûr.  


Comme la famille n’est pas assez grande, voilà que tout récemment, ta mère est tombée enceinte. Mais cette fois-ci, leur frayeur était énorme. Elle n’attendait pas un bébé non… Ni deux. Mais trois. Des triplés. Quelques mauvais souvenirs sont revenus, tu as aussi eu pas mal peur, et tu as eu une période de mini dépression en repensant à ton frère jumeau mort-né. Cette grossesse a donc été vivement surveillé, de très près. Les médecins ont même pris plus de précautions qu’il faudrait pour éviter les soucis. Durant ce laps de temps, tu t’occupais de la maison, de ta sœur, tandis que ton père, lui, allait rendre visite à sa femme à l’hôpital. Les derniers mois ont été les plus durs. Et c’est au bout du septième mois que leurs petits nez sont apparus. Prématurés, mais en bonne santé. Aucune complication, et ça a été un grand soulagement pour tous. Deux petites filles, et un petit garçon qui auront de l’amour à revendre. Pour la seconde fois, tu es devenu grand-frère.