Now or Never | Haru Satou

Les yeux plongés dans le noir, il pouvait les entendre, ces cris qui ressortaient du salon comme si de rien était. Il était une erreur, il le savait. Pauvre fils d'une simple maîtresse de son père. Pourtant, celui-ci lui avait interdit de revenir, interdit de le revoir, et elle n'avait pas bronché. Il était ce gamin que l'on laissait derrière parce qu'on ne l'appréciait pas assez, qu'il n'était tout simplement pas le bienvenu au final dans ce monde. Alors on le laissait à l'arrière, sa belle mère le voyait comme un intrus pas membre de la famille, et son père le reniait tout simplement, pourtant obligé de s'occuper de ce gamin que personne ne voulait. Les suivant alors dans leurs déplacements, jusqu'à c'te ville pourrie dont il se fichait pas mal. Sympa en soi. Mais lui de ses petits yeux ne voyait pas vraiment l’intérêt. Il voulait se démarquer pour qu'on le voit, pour ne pas qu'on l'oublie, pour qu'on se souvienne qu'il n'avait jamais été conçu dans l'amour de deux parents. Il ne le criait pas sur les toits, secret qui le hantait malgré tout. Il n'était rien, et sa famille était inexistante. Alors il se débrouilla comme ce qu'un enfant pouvait faire. Survivre à l'école, au lycée, et bien après. C'était son moyen d'autodestruction enclenché, son moyen de faire un pas en avant sur ceux qui n'avaient pas voulu de lui pour au final briller plus fort qu'eux dans l'ombre.

L'un devant l'autre, ses pieds marchaient jusqu'à atteindre le bout de la plateforme, avant de revenir et de tourner sur lui même. Odeurs et parfums attrayants ornant la pièce, lui se contentait de revenir se poser la où on le lui avait indiqué, prenant l'un des ses regards les plus charmeurs qu'il ne connaisse. Ses cliquetis, des flashs, et voilà que tout était dans la boîte, lui faisant gagner un petit jackpot même s'il ne voulait pas se l'avouer. Charmer était son métier, attirer tous les regards sur lui et jouer avec les images. Illusionniste en quelque sorte, ce qui pouvait changer pas mal de chose. Magicien des cœur et des apparences, il n'était pourtant pas à l'abris de tout. Pourtant il n'était pas facile à vivre et tout le monde le savait. Derrière ce visage d'ange se cachait en réalité un gamin où les mots ne fonctionnaient tout simplement pas. Lui, pour discuter, il utilisait son corps, les sensations qu'il ressentait à chaque toucher, chaque douleur. C'était bien plus efficace que des lettres affichées les unes après les autres. Aucune attache, juste de draps en draps, ou alors de ruelle en ruelle. Il se prenait des coups, des griffures, de légères marques rougeâtres. Il s'en fichait. Après tout, avec du maquillage, son boulot il pouvait toujours le faire. Etre l'égérie d'une marque de parfum demandait tout de même un minimum d'entretien, ce qu'il faisait, en plus de cacher les quelques bleus qu'il récoltait chaque jour.

Un corps élancé, beaucoup trop grand pour certains, convoité par d'autres, du haut de ses un mètre quatre-vingt-onze il se démarquait. C'était peut-être pour cela qu'au final il avait été repéré par son agence. Que malgré tout ce qu'il voulait, tout le monde l'observait encore et encore comme un animal de foire. Et même s'il avait décidé de prendre ça pour un avantage, il ne pouvait ignorer les commentaires qui s'en allait avec depuis son enfance. Enfin, c'était surtout à son deuxième travail que cela se passait. Un bar assez chic quand on regardait bien. Serveur pour passer ses journées sans tournage ni shooting, il ravissait le cœur de ses clients, les charmant alors avec ses regards mystérieux et impassibles qu'il maîtrisait à la perfection. Ce boulot était assez ironique pour celui qui pouvait s'enfiler des dizaines de verres à la suite et descendre des bouteilles à lui tout seul. Une bonne descente selon lui, hérité sans doute de cette mère qui ne l'avait pas assumé avec son père déjà marié. Jamais saoul, sauf quand les émotions le dévorent petit à petit, pour le ronger de l'intérieur, ce qui n'arrive que très rarement, et surtout quand il est contrarié. A croire que tout le monde ne s'intéressait qu'à son physique particulier et son regard de braise. Des verres aux mains la plupart du temps, souriant alors faiblement aux moindre curieux qui posait son regard sur lui, il finissait souvent à se retrouver autour d'un plaisir charnel assez étrange, tandis que lui se satisfaisait parfaitement de sa vie actuelle.

Quand il ne courait pas entre les tables et les chaises, il finissait la nuit, le soir, a virer certaines personnes de forces ou alors à régler ça avec les poings. Qu'importe. On ne le comprendrait pas s'il disait qu'il éprouvait un certains plaisir à frapper sur d'autres, à se défouler pour ne plus avoir à garder ses inclinations et ses pulsions en lui. Quand il rentrait dans cette grande maison, il ne se sentait pas chez lui, et quand il passait des nuit entière dehors ou à son bar, il se sentait vide. Alors si les contacts le faisaient vivre ne serait-ce que pendant quelques minutes, il prendrait. Car il ne savait pas communiquer, il ne comprenait pas l'humour, ni même les belles paroles qui ressemblaient à des promesses que finalement ne tiendrait jamais la personne. Les mots, c'était facile de mentir, de jouer avec les autres, tandis qu'avec les contacts physiques, il fallait être doté d'un vrai talent pour dissimuler ses intentions. Quelque chose que lui savait parfaitement faire.  Des yeux las, un caractère de merde qui lui en faisait voir de toutes les couleurs, pour autant, il n'arrêtait pas d'essayer de vivre comme il le pouvait. Du moment que les autres ne venaient pas l'emmerder pour un oui ou un non, ça lui allait.

Les journées passées sous les projecteurs, la nuit dans cette salle remplie d'alcooliques en tout genre ou alors juste de gens bruyant, il subissait pas mal de mauvaises intentions. Des mains parfois baladeuses, des gestes déplacés. Il s'y était habitué, lui qui finissait rapidement par les foutres dehors sans poser de question. Mais être vu simplement comme une belle gueule, était-ce vraiment ça que lui voulait ? Arrêter ses études parce que ses parents ne voulaient pas l'entretenir. Ils le voyaient comme une prostituée qui se vendait à tous. Pour lui, lui qui provenait d'une de ces liaisons infructueuses et des ébats de son père pour une autre femme. Lui qui était vu comme le paria de la famille. Il voulait leur montrer qu'il pouvait se débrouiller seul. Et même si tout devait s'écrouler autour de lui, il s'en ficherait particulièrement. Au delà de tout ça, il avait réussi à développer une passion pour les senteurs, comme son métier pouvait l'indiquer. S'il n'était pas aussi chiant il serait devenu sans doute devenu parfumeur, un nez développé pour ce genre de choses, une sorte de passion pour d'autres. Il savait reconnaître les fragrances selon les personnes, les réactions chimiques selon la peau et l'adaptation d'un parfum à l'odeur corporelle de son propriétaire. Mais non, il se retrouvait simplement à utiliser son visage, sa belle gueule d'ange comme l'on pouvait dire, à utiliser son innocence apparente ou alors à faire le mystérieux. Après tout, c'était tout ce qu'était capable ces mains ridiculement grandes.

Une voix rauque qui pouvait laisser certaines personnes de marbre, elle ne servait à rien chez lui, lorsqu'il s'en prenait une pour être rentré. Lui, on ne lui reprochait pas de revenir à l'heure. On ne le punissait pas quand il faisait une connerie. On l’engueulait parce qu'il existait. Parce qu'il ne fallait pas qu'il rentre dans cette famille et qu'il se croie chez lui. Ce qu'il n'était pas. Alors son mauvais caractère lui jouait des tours, on le virait de chez lui le plus souvent possible, tandis que lui s'en prenait à tout ce qui bougeait. Complexe personnage aux multiples facettes qui trompait les gens par pur intérêt. Colérique quand on le cherchait un peu trop, il restait pourtant paisible et raisonnable, ce qui pouvait contraster avec son visage calme et posé. Parfois quelques plaies, d'autre fois des blessures plus voyantes, il improvisait tout du long, sans jamais lâcher, se démerdant par lui même pour pouvoir vivre. Parce qu'après tout, on est jamais mieux servi que par soi-même.

Et c'était toujours ainsi. Charmer les gens sans avoir de réelles attaches, juste pour le plaisir charnel et du réconfort, que peu de gens pouvait réellement comprendre. Personne ne tenait réellement à lui, et ce n'était pas avec ses parents que cela allait fonctionner. Alors même s'il avait la mémoire des visages, on ne le retenait que pour son visage, pour celui qui pouvait faire fondre des cœurs en quelques regards. Dans son temps libre, il découvrait les odeurs, faisait un peu de guitare, travaillait pour la plupart de son temps au bar pour charmer ses clients. On pouvait dire qu'il se débrouillait plutôt bien dans la vie, quand il ne finissait pas en sang allongé sur le sol, ou alors les phalanges complètement démontées. Il se sentait vivant comme cela, alors qu'on le rejetait de partout, que lui même se rejetait. Errer dans les rues sombres de la ville, finir ses nuits dans des hôtels pour ne pas avoir à rentrer chez ce que l'on appelait plus communément "chez lui", il essayait de ressentir toutes ces choses qu'il n'avait pas réussi à avoir auprès de gens comme eux. Ses regards se perdaient parfois sur les visages de passants heureux, tandis que lui, jouait au gros dur devant tout le monde, faisait le fier, pour ne pas afficher le fait qu'il avait peur. Peur qu'on l'abandonne une deuxième fois au détriment de quelqu'un d'autre.  Cela avait toujours été comme cela au final, il s'y était habitué. Les étoiles qu'il pouvait observer la nuit le lui disait pourtant bien. Il savait qu'il ne devait pas s'attacher, quoi qu'il en coûte. Quoi qu'il n'arrive. Pour ne pas mener à sa perte et à une seconde rupture de ce palpitant capricieux qu'il voulait pratiquement s'arracher par lui même. Plus jamais il ne pleurerait pour des gens qui n'en valait pas la peine. Une leçon en plus qu'il avait retenue, et qu'il s'affairait à exercer dans son quotiodien.

☾  ☼  ☽

• Il a un caractère assez particulier. Calme et reposé en temps normal, pratiquement indifférent et je-m'en-foutiste sur les bords, il sait se montrer particulièrement colérique une fois mis hors-de-lui et pour protéger ceux en qui il est intrigué un minimum.
  
• Il a une très bonne descente d'alcool, lui permettant de boire à une allure efficace. Il ne devient par conséquent que très rarement saoul, sauf quand ses émotions prennent le contrôle et qu'il ne s'arrête plus.
  
• Il a la fâcheuse habitude de tout sentir. L'odeur des livres, de la peinture, de la lessive, des gens en particuliers, ce qui peut paraître assez étrange selon le point de vue que l'on aborde.
  
• Il suit la mode, étant un peu obligé à cause de son métier de mannequin. Autrement, il aime particulièrement les longs manteaux, les pantalons qu'il peut retrousser un peu pour afficher ses chevilles, et des baskets courtes, peu montante, aimant s'afficher dans un style casual-chic.
  
• Il possède une moto couleur émeraude, sa couleur préférée, qu'il utilise à tout bout de champ pour le moindre de ses déplacements. Et puis qui n'aime pas les balades nocturnes sur un deux roues motorisé ?
  
• Il a peur de s'attacher aux autres. C'est pourquoi il ne prend plus en compte ce qu'il ressent et ignore les sentiments des autres pour joueravec.