She tooks me to the sky, she shows me all the stars // Tsuyu Satou

PLAYLIST :
g(i)-dle latata
jennie solo
red velvet russian roulette
itzy wannabe
mamamoo hip
sunmi gashina

♡ ♡ ♡

Ses yeux suivaient les allers et retours du pendule de l’horloge, alors qu’elle tentait de trouver comment commencer son histoire. Une légère moue sur le visage, le visage dans les paumes de mains, Tsuyu laissait son esprit dériver sur tout un tas de sujet qui lui traversaient la tête. Elle n’avait strictement aucune idée de comment commencer à raconter l’intrigue de sa vie. Pourtant, c’est bien ce qu’on lui avait demandé de faire. Mais elle n’y arrive pas. Manque d’inspiration ou flemmardise de l’esprit, dans tous les cas, elle bloquait. Lâchant un soupire dépité, elle se recula sur le dossier de sa chaise, croisant les bras en continuant de fixer l’horloge. Elle avait appris en cours que, le mouvement d’un pendule, s’il était soumis à des frottements, même minimes, diminuait au fur et à mesure du temps. Alors, il fallait refaire une petite pression pour le relancé. Et puis, la seconde ralentie aussi. Mais elle ne savait plus pourquoi. En tout cas, cela expliquait qu’on est besoin de remonté les horloges. Continuant d’observer l’objet, la tête penchée sur le côté, son corps réagit plus vite que ses pensées. « Je sais ! » s’exclama-t-elle alors, tapant sur son bureau en même. Aussitôt, elle se rassit. Mais… Elle avait encore usé de son pouvoir fabuleux sans faire exprès. S’étalant doucement sur son cahier de cours, le thé qu’elle s’était fait pour tenir un peu plus ce soir, tachait doucement le blanc quadrillé de sa page ouverte. Attrapant alors le rebord humide de son équipement de travail, elle le souleva en faisant la grimace, avant de souffler sur sa frange avec un air dépité. Bon… Ce sera d’une manière différente alors. D’un geste quasiment ennuyé, elle jeta sa prise de note vierge dans la petite poubelle à côté de sa table de travail. Se saisissant de plusieurs mouchoirs, elle essuya du mieux qu’elle put la catastrophe. Puis, elle se saisit de son stylo et de sa petite pile de post-it. Elle le fera différemment alors ! Ce n’était pas si grave que ça, elle peut tout faire de toute façon. Avec un sourire en coin, elle décolla plusieurs post-it, pour les alignés devant elle. Elle savait que son devoir aller être différent des autres. Mais si son professeur de chinois voulait avoir son histoire, il devra se contenter de son exposer. Un devoir sur page fluo.

Note n°1 :  

« Call me princess » Voilà la première chose à retenir. C’est une petite princesse avec tout ce que cela veut dire derrière. Née dans une famille japonaise plutôt aisée, de parents mariés qui ne semblaient pas prêt de se séparer, elle était heureuse. Choyée comme un petit trésor, elle pouvait courir dans la maison après le chat, elle pouvait dessiner sur les murs et décorer de stickers pailletés toute la maison. Toutefois, elle avait quelques restrictions. Interdiction formelle de tacher ses robes, ses chaussures ou ses cheveux. Elle devait toujours être mignonne, adorable en toute circonstance. Une adorable petite poupée, qui aimait pourtant courir après les oiseaux et monter sur les murets en pierres. On l’a brida rapidement, lui disant qu’une fille de bonne famille ne pouvait pas faire ce genre de pirouette pour s’amuser. Pour toute réponse, elle les regardait avec ses yeux de biches en répliquant « Pourtant les garçons le font. ». Elle aussi, elle voulait pouvoir jouer aux épées au lieu de colorier des princesses toujours trop fines. Mais elle s’y teint quand même. Et puis, elle se rebellait déjà assez, allant voir son demi-grand-frère. Pourquoi donc ? Hé bien parce qu’il n’était pas aimé de ses parents. Surtout de sa mère.  Elle était encore jeune et elle ne savait pas pourquoi donc il était autant martyrisé. Elle n’aimait pas ça du tout. Tsuyu trouvait qu’ils étaient cruels avec lui, alors qu’elle avait tous les droits. Mais, lorsqu’on a à peine un vocabulaire adéquat pour dire qu’on est heureux, on ne peut pas défendre les autres en se faisant prendre au sérieux. Les grands, pour elle, était idiot. Même si elle aime ses parents, elle désapprouvait déjà leur conduite. Autrement, on peut dire qu’elle était heureuse. Pour les quelques années qu’elle passa au Japon, elle grandit dans un univers calme et serein, outre les disputes et les répliques désagréables envers celui qu’elle considérait comme son grand-frère. D’ailleurs, elle aimait beaucoup être collée à lui. Toute petite déjà, alors que lui était plutôt grand, elle s’accroupissait à côté de lui et ils observaient le jardin. Elle le suivait partout aussi, cassant souvent des choses sur son passage pour se faire gronder juste après. Tsuyu n’y pouvait rien si elle avait trop d’énergie, même du haut de sa quatrième année. Et lorsqu’elle faisait la moue, on pouvait très difficilement lui résister. Et c’est encore le cas aujourd’hui. Un pouvoir dont elle abuse un peu parfois, c’est vrai.

Note n°2 :  

Puis ce fut le grand changement. Un océan à traverser, ce n’est pas rien. La grande aventure ! Arrivée à Los Angeles, elle fut inscrite dans une classe spéciale. Elle parlait japonais et anglais avec ses professeurs. Déjà, au japon, elle était dans une maternelle anglaise. Alors le changement ne fut pas si radical que ça. Ce qui la perturba fut plutôt la manière dont les gens se comporter. Ici, avoir des chaussures salies, ce n’était pas grave. Les petites filles se baladaient en shorts, tandis qu’elle s’amusait à sauter dans le sable. Fascinée, Tsuyu fut prise d’une nouvelle liberté. Elle commença à se barbouiller durant les jeux, ses robes rapidement remplacées par des vêtements plus pratiques, sa mère se rendant compte que cela ne lui allait plus. Et même si cela la faisait froncer du nez, sa petite chérie avait bien le droit de pouvoir s’amuser un peu. Elle découvrit le plaisir de bouger à sa guise, de profiter un peu de la pluie lorsqu’il y en avait, de l’ombre sous les arbres. L’école était devenue son lieu de joie. A la maison, lui renfilait les jolies accessoires, on la lavait complètement pour qu’elle soit nickelle. On lui interdisait de plus en plus de voir Haru, son grand-frère. Mais elle arrivait tout de même à se balader sans bruit dans la maison pour se faufiler dans sa chambre la nuit. « J’ai fait un cauchemar. » était l’excuse pour qu’il ne la repousse pas. Même s’il ne l’aurait jamais fait. Cauchemar ou pas. A ce moment là, Tsuyu découvrit sa passion pour le base-ball. Elle voulut absolument qu’on l’y inscrive et, malgré quelques réticences au début « parce que ce n’est pas un jeu pour les petite filles » elle réussit à triompher de ses parents. A une condition pourtant. « Si tu perds ton premier match, tu arrêtes. » Malheureusement pour eux, elle avait gagné son premier match, avec son équipe. Alors elle continua de jouer. Petite et étrangement rapide, elle rattrapait les balles comme une petite flèche, éliminant les autres les unes après les autres. Et même si sa mère n’aimait pas la couleur de l’uniforme qui ne lui convenait pas au visage, Tsuyu continua de jouer dans cette équipe. Des juniors, elle passa aux débutantes et maintenant, elle pouvait se vanter de faire partie de l’équipe de son lycée en plus d’être dans son club. D’autres faisaient de l’art, elle, elle courait après les balles. Comme elle avait toujours aimé le faire.

Note n°3 :  

Pour la retrouver, c’est simple, il suffit de suivre le bruit des talons. Complexée par sa taille, si petite comparée à celle de son demi-grand-frère et de certaines de ses amies, elle se ne balade jamais sans talons depuis son arrivé au lycée. Même depuis la fin du collège. Devenue une réelle pro de ses chaussures que beaucoup redoutent, elle peut courir avec sans ne subir aucune chute. Elle arrive à tout faire avec. Une réelle princesse on vous a dit. Il lui arrive même de mieux. Elle a un nombre de paires impossibles à quantifier. Mais en même temps, on lui en offre toujours. C’est comme cela qu’on la détermine. Elle aime ce type de chaussures. En vrai, on pourrait croire que c’est à cause de cela qu’elle tombe tout le temps, ou qu’elle fait tout tomber. Mais pas du tout ! En réalité, c’est une maladresse innée qui lui colle à la peau. Un geste en trop et bim ! elle percute quelqu’un qu’elle n’a pas vu. Bien sûr, aussitôt c’est « Désolée ! » face à un « Fait un peu plus attention ! ». Parce que oui, on est très peu agréable avec elle lorsqu’on lui parle. Pourtant, elle tente d’être la plus gentille possible. Même si elle soupçonne de plus en plus les autres de se mettre à de telle place pour lui mener la vie dure. Enfin bref ! Tsuyu a deux mains gauches et arrive très facilement à perdre l’équilibre en étant assise. Il faut préciser que c’est lorsqu’elle est assise. Parce qu’autrement, elle ne tombe quasiment jamais. Sa frange est toujours impeccable, vieux souvenirs de sa mère qui la voulait toute propre sur elle. Et puis, elle est extrêmement précautionneuse, même si cela ne l’empêche pas de renverser son jus d’orange sur son amie à la cafétéria. (Il faut aussi préciser qu’elle ne se tâche jamais, mais qu’elle asperge toujours les autres.) Au lycée, elle vit plutôt normalement avec cela. Les tâches de laboratoire sont un peu complexes, mais elle s’en sort. Petite anecdote intéressante : un jour, elle devait aller chercher de la glace carbonique avec l’aide de laboratoire pour l’expérience de la journée. Bien sûr, perchée sur ses talons, elle avait traversé les couloirs en tenant un bloc hermétique, discutant avec la jeune femme comme si de rien n’était. Soudainement, une porte s’ouvrit devant elles, un élève remonté en sortant sans faire attention. La scientifique qui l’accompagnait se prit la porte et lâcha le bloc par surprise. Aussitôt, Tsuyu, avec un réflexe déconcertant, arriva à retenir le bloc en calant immédiatement avec son pied contre le mur. Un exploit. Surtout que, juste après, elle avait fait exploser la glace justement, durant l’expérience. Adorable petite catastrophe !

Note n°4 :  

Elle utilise toujours son nom pour rentrer sur les plateaux des photoshoots de son grand frère. Et puis, elle a sa carte aussi. Ou alors, elle se met à faire une fausse crise, hurlant qu’elle voulait voir son frère dans toute la salle. Ah oui, c’est arrivé plusieurs fois ! Lorsqu’elle arrivait, il était la plupart du temps en train de se faire maquiller et elle s’asseyait toujours sur sa chaise de maquillage lorsqu’il se mettait à poser. Elle l’observait en sortant une sucette de son sac, faisant de temps à autres des grimaces derrière la caméra en le voyant faire ses yeux de braises à la lentille de l’appareil. Il devait toujours en faire des tonnes. En plus de lui lancer sous ses photos intragram « Tu fais des placements de produits maintenant ? ». Elle s’amusait bien, même si elle savait que cela ne lui faisait pas grand-chose. Parce qu’il l’aimait, et Tsuyu le savait très bien. Elle aussi, elle l’adorait son frère. Quelque fois aussi, elle l’attendait après son service de serveur, surtout pendant les week-ends, parce qu’elle voulait un petit moment avec lui. Le fait de grandir sépare les gens de même famille. Et elle n’est pas du tout d’accord avec ça. Même si ses parents méprisent le fils de la maitresse de son père, elle considère que ce n’est pas de sa faute et qu’il ne mérite pas cela. On ne lui a jamais vraiment expliqué la raison de cette haine envers lui. Mais elle a très bien compris. Jouer l’idiote, pour s’éclipser et écouter aux portes, elle gérait plutôt bien. Alors, elle s’était fait une promesse à elle-même. Tout d’abord, considérant qu’il n’y était pour rien, tous les deux auraient la même relation que de vrai frère et sœur reliés par le sang. Bon, ils l’étaient, du côté du père. Mais pas complètement. Tsuyu le considérait quand même ainsi et l’appelait son frère. Pas de demi devant. Il en était un à part entière. Et puis, qui d’autre que sa petite sœur pourrait écrire en commentaire « Fait tourner les cookies ! » lorsqu’il en faisait la promotion. Oh oui, elle était insupportablement mignonne et aimait l’enquiquiner pour un rien. Mais c’était sa manière à elle de lui prouver qu’elle l’aimait. Et qu’elle le considérera comme son frère pour toujours.

Note n°5 :  

Cela pourrait surprendre, mais elle n’a aucun intérêt pour l’amour. Au grand damne de Chang Ae, l’une de ses amis (dont elle taira les frasques romantiques, bien sûr). Mais voilà, Tsuyu n’a jamais réfléchi à cette perceptive de vie. Pour elle, elle peut très bien vivre seule, et heureuse, et totalement bien dans ses basquets, sans avoir besoin de quelqu’un. Femme ou homme, elle ne sait même pas. C’est un peu comme cet emoji qui lève les mains. Lorsqu’on lui pose la question, elle ressemble à ça. Elle ne cherche pas vraiment à réfléchir. Même si elle sait que son grand frère assume sa bisexualité et qu’elle n’a aucun problème avec ça, tout comme pour son amie, elle-même bisexuelle. En fait, elle considère qu’elle n’en sait rien, parce que ce serait trop long d’expliquer au gens qu’elle n’est pas intéressée pour le moment. On lui répète qu’elle comprendra plus tard, lorsqu’elle aura trouvé le ou la bon.ne. Mais elle se dit aussi que « Ce n’est pas obligé que je la ou le trouve. ». Elle a le droit de juste vivre sa vie et ne pas être rattachée à quelqu’un lui va complètement. Ce que Tsuyu veut faire maintenant, c’est finir ses études, allait à l’université ou quelque part où elle se sent bien pour continuer. Elle veut profiter du soleil de Los Angeles et tenter de sauver ses catastrophes à répétitions. Pour le moment, elle s’en sort bien. L’une des meilleurs de son établissement, en bonne voix de devenir une étudiante modèle. Joueuse dans l’équipe de base-ball, élu comme secrétaire du conseil des élèves. Non, franchement, elle est trop occupée pour se soucier de son cœur. Elle verra en temps voulu. Après tout, la vie s’ouvre encore devant elle. Tiens ! D’ailleurs, cela lui rappelle un moment qu’elle a vécu au tout début de sa première année de lycée. Coquette et toute fine, elle n’était pourtant pas celle que l’ont remarquée en premier. Parce que, elle le savait, elle n’était que le personnage secondaire de beaucoup de personnes. Et cela lui allait plutôt, second rôle, tant qu’elle pouvait être le principal de sa propre histoire. Tout dépend du point de vu. Mais, donc, elle se trouvait en train de rentrer des cours, après avoir quitté une réunion pour la classe de chinois qu’elle allait suivre. Soudainement, elle s’était sentie attrapée par le poignet. Oui, comme dans les dramas. Sauf que sa réaction n’avait pas été de regarder la personne avec des grands yeux ébahis. Non, à la place, elle lui avait donné un coup de tibia dans les côtes, comme un réflexe de défense. Aussitôt elle s’était excusée auprès du jeune homme par terre, osant à peine le toucher. Puis, comme s’il avait eu peur, il était partie en courant, lui disant qu’elle était folle. Ah d’accord… Donc c’est elle la folle alors que c’est lui qui l’accroche sans prévenir, dans son dos, comme s’il avait tous les droits sur sa personne. Depuis cet incident qui s’était rapidement répandu dans le bahut, plus personne n’osait la surprendre par derrière. Pour n’importe quelle raison. Pourtant, tout le monde s’accordait à dire que Tsuyu ne pouvait pas faire de mal à une mouche. Paradoxe numéro deux.

Note n°6 :  

Les animaux, elle les tolère, on va dire. Elle n’a pas peur des chiens, ni des chats, ni même des insectes. Mais on ne va pas non plus dire qu’elle en veut absolument. En réalité, elle a toujours été fascinée par les grenouilles. Lorsqu’elle était petite, il y en avait une dans sa classe de maternelle au Japon. Elle se portait toujours volontaire pour s’en occuper, alors que les autres avaient un peu de mal à l’approcher. Encore aujourd’hui, elle a un talent pour les trouver et les sauver. Comme pour les crabes d’ailleurs. Une fois, elle était rentrée à la maison, avec un crabe dans les mains et avait dit en regardant son frère droit dans les yeux « Il s’appelle Moon et je vais le garder. ». Trois jours plus tard, on l’avait obligé à le relâcher, même si elle s’en occupait bien. Parce que, comme son père lui avait dit en lui caressant doucement la tête « Les crabes sont fait pour la plage, pas la chambre d’une jeune fille. ». Une semaine plus tard, elle était revenue avec une grenouille qu’elle avait appelé Asui. Pour la contenter, à la place, on lui avait choisie un petit chien blanc avec pleins de poils. Ceux qui se baladent avec des nœuds sur la tête dans les films clichés. Résultat, elle avait cette petite boulle, surnommé Fluffy, qui courait dans la maison et qui passa les trois-quarts de ses journées sur son coussin dans la chambre de la plus jeune. Oui, un chat dans un corps de chien. De temps à autres, ils profitaient de la plage tous les deux. Mais comme Tsuyu détestait les laisses, elle avait dû à plusieurs reprises lui courir après pour ne pas le perdre. Résultat, maintenant, il était sage comme une image lorsqu’ils se baladaient et qu’elle le tenait dans ses bras devant l’océan. De temps à autres, elle s’asseyait sur un banc, observant l’horizon en le gardant contre elle, se demandant comment aurait été les choses s’ils étaient restés à Tokyo. Elle voulait aussi rencontrer la mère de son frère. C’était peut-être étrange, mais elle voulait savoir pourquoi elle était partie sans rien dire. Avait-elle réellement aimé son père ? Ou est-ce que tout cela n’était que pour le plaisir ? Peut-elle réellement vivre en sachant qu’elle a laissé son fils dans une telle famille ? Peut-être qu’un jour, par hasard, toutes les réponses à ses questions trouveront leurs réponses. Mais pour le moment, elle se contente d’être la princesse qui ne parle pas trop à la maison. C’est un rôle comme beaucoup d’autres. Un rôle qu’elle aimerait bien abandonner.

Note n°7 :  

En tant que plus petite membre du club de base-ball, elle se voit souvent moquée, par ses coéquipières. Bien sûr, d’une manière toujours très sympathique, sans jamais dépasser la barre du harcèlement. Cela ne manque jamais de la mettre dans tous ses états et c’est toujours ce que l’on cherche à faire en lui disant ces petites remarques. Il ne lui fallait vraiment rien pour partie au quart de tour et commencer à taper un peu trop fort sur les plus grandes. « C’est pas parce que je suis petite que je peux pas faire mal ! » et autres répliques faisaient souvent d’elle l’attraction des vestiaires. Certaines la décrivaient comme d’un petit hamster un peu trop vif. Elle était toujours à bouder après, avant de la capitaine ne lui offre une cannette de soda comme excuse. Et enfin, tout redevenait comme avant. C’était devenu habituel, quelque chose qui arrivait à chaque fois. Une fois par mois, le club allait manger ensemble au fast-food pour se féliciter du travail. Et elle était toujours mise devant parce que « On a peur de t’oublier ou de te perdre. ». Ce que, d’un côté, elle appréciait. Même si elle râlait. On faisait attention à elle, et venant de certaines filles d’un caractère tout à fait opposé au sien, c’était plutôt mignon. Elle se laissait amadouer par elles. Alors oui, elle était la plus petite en taille, pas forcément la plus jeune, mais même là-bas, on l’a traitait comme une petite princesse. Alors qu’elle était loin d’être la dernière à se jeter dans la poussière pour gagner un match. C’était sans doute pour cela qu’on ne faisait pas forcément de reproche à son attitude. Comme expliquer un peu avant, elle cumulait beaucoup de choses qui faisaient qu’elle était plutôt appréciée de beaucoup de monde. Mais, comme dit avant aussi, elle n’était que le personnage secondaire de tout le monde. Une entremetteuse par moment, une amie à d’autre, une camarade de sport, la secrétaire du conseil. Rien qui ne fasse d’elle quelqu’un de remarquable. Et cela lui allait. Parce que lorsque tout le monde avait les yeux rivés sur son frère, Tsuyu pouvait profiter de ce temps pour respirer un peu. Et pour vivre sa vie comme elle l’entendait, sans avoir besoin d’endosser un rôle prédéfini.

Note n°8 :  

Pour la faire passer pour une réelle princesse, ses parents l’avaient inscrit à des cours de musique lorsqu’elle était plus jeune. Malheureusement pour eux, et pour Haru aussi, ce fut un échec. Tous les instruments qu’elle essayait ne lui allait pas et ses professeurs désespéraient de son manque de talent. Violon, piano, clarinette, violoncelle, flûte. Elle arrivait même à ne pas être en rythme avec un triangle. Pourtant, ce n’est pas comme si elle n’y mettait pas d’entrain. Elle faisait comme d’habitude, à fond dans ce qu’on lui demandait de faire. Une bonne petite Tsuyu qui suivait les ordres de ceux qui réglaient sa vie. Mais, comme dit précédemment, elle était d’un manque incroyable de mesure. « Elle manque cruellement de musicalité. C’est fou, je n’ai jamais vu une élève comme cela. » Pourtant, ce n’est pas comme si elle n’écoutait pas de musique. Bien loin de là. Elle adorait le classique, autant que les groupes naissant qui commençaient à percer. Le dernier en date étant Simon Says et, de ce qu’elle avait compris, deux membres du groupe venaient de son établissement. Merveilleux ! Elle avait réussi à inciter à l’une de leur représentation, avec le groupe de base-ball du lycée. Autrement,elle avait une passion pour les groupes de kpop ou de jpop féminin. Ne parlant que l’une des deux langues, elle s’accrochait souvent au comeback japonais pour pouvoir comprendre quelque chose à ce qu’elles racontaient (ou plutôt, chantaient). Bien sûr, de toutes ses années de cours de musique, elle n’en avait pas tout perdu. Elle ne souvenait de quelques airs de piano, qu’elle jouait atrocement, et la clarinette, l'instrument qui lui était resté le plus longtemps restait de loin l’un de ses préférés. Même si, maintenant, elle concentre sa vie sur ses études et sur le sport, elle n’en reste pas moins une mordue de musique. D’ailleurs, elle avait aussi entendu un jeune homme garçon un jour, de l’extérieur d’un bar. Il jouait de la guitare et, aussitôt qu’elle l’avait regardé, elle avait compris qu’il aimait cela, la musique. Ou tout simplement pratiquer de son art. Etrangement, cela l’avait poussée à arrêter. Elle ne voulait pas gacher un si bel univers de ses doigts ingrats. « Il vaut mieux laisser les autres faire ce qu’ils aiment, au lieu de se forcer à faire ce que l’on n’aime pas. »

Note n°9 :  

Le choc va sans doute être un peu grand avec la suite. Mais, alors qu’elle avait treize ans, on l’avait convaincue que se trouver un époux serait parfois. Bien sûr, tout comme son grand-frère, elle avait tiqué, cligné des yeux, avait demandé avec une mine légère dégoutée « Pardon ? ». Mais c’était rentré dans la tête de ses parents. Elle devait avoir un amoureux de longue date, pour faire comme dans les histoires connus. Vous savez, avec les souvenirs d’enfance de son futur mari. Mais voilà, des souvenirs d’enfance, elle en avait déjà beaucoup, mais pas avec un homme qu’il risque d’épouser. Déjà parce qu’il s’agit d’Haru et que ce serait bizarre. Voir carrément creepy. Et qu’en plus, hé bien, elle n’en voit pas l'utilité. Aussitôt l’idée instaurée dans la discussion que Tsuyu s’était exclamée qu’elle ne se marierait jamais avec quelqu’un qu’elle ne choisirait pas elle-même. « Non, mais, vous croyez qu’on vit dans un livre romantique ou quoi ? » Et puis, la conversation avait été coupée. Parce que, à peine la tête de la personne que ses parents voulaient lui présenter dans les mains, elle l’avait jeté à la poubelle. En fait, cela se fait encore, les mariages arrangés. Surtout au Japon, lorsque la fille doit faire figure de lien avec le fils d’un futur ami ou collaborateur. De quoi faire vomir, oui. Surtout qu’elle, Tsuyu, se voyait mal devoir tenir le bras de quelqu’un jusqu’à la fin de sa vie. Maintenant encore, elle refuse lorsqu’on lui propose de l’aider à se relever. Les chutes de chaises sont souvent impressionnantes, mais ne sont rien du tout. Pourtant, c’est toujours là que l’homme fort qui est censé lui changer sa vie apparaît. Oh, Tsuyu a dû couper court à de nombreuses jolies histoires en lui tapant la main avant de se relever toute seule, lissant sa jupe, remettant sa frange en place, et se rasseyant comme si tout allait bien. Parce que tout va bien. Elle n’a pas besoin de quelqu’un. Et encore moins d’un quelqu’un qu’elle n’aura pas choisi. Non mais… Son histoire d’amour, c’est elle qui la fera.

Note n°10 :  

Et si on terminait sur quelque chose d’un peu plus actuelle ? Maintenant, Tsuyu poursuit ses études au lycée, comblant les trous de sa vie entre les cours avant ses amis, son grand frère et le base-ball. Elle tente de vivre normalement, mais des incidents, souvent peu de son ressort, font qu’elle se retrouve de temps à autres au milieu de l’intention. Un verre qui tombe ou un plateau qui se renverse dans la cafétéria. Une fiole qui de brise ou de l’acide tombant sur la blouse de la professeure en chimie. Une tasse de thé un peu trop prêt de sa trousse, son chien qui se prend la vitre de la porte-fenêtre alors qu’elle ne faisait que l’ouvrir. Malgré tout cela, donc, elle vit normalement. Elle fuit un peu sa maison, comme beaucoup d’adolescente de son âge, allant rendre visite à son frère pour l’ennuyer. Elle passe aussi du temps avec son amie, qu’elle écoute toujours, même si les sujets ne sont pas toujours à son goût. Elle fait du sport, se roulant dans la poussière comme elle avait toujours aimé le faire. On peut dire que tout va bien. Contrairement à d’autres, elle n’a pas à se plaindre. Même si, bien sûr, elle ronchonne de temps à autres. Mais qui ne le fait pas, sérieusement ? Alors voilà. Ce n’est pas vraiment un rajout dans l’histoire. Juste pour dire que tout va bien pour elle. Et que, on espère, tout continuera de bien se passer. Même si, ça, dans cette ville des anges, ce n’est pas très sûr. Après tout, tout est possible. Et seul l’impossible est impossible.