Let me make you understand what I mean | Myung Hae Hennington

"Ich...heiβe Myung Hae !" articula doucement la jeune fille.

Elle venait tout juste d'ouvrir l'un de ces bouquins poussiéreux qu'elle avait retrouvé au fin fond d'un des placards. L'un de ces pavés, entouré d'autres pavé recouverts de cette poussière grise. Son petit corps frêle s'était mis dans un coin de sa chambre, emmitouflé dans des couvertures beiges, sa couleur préférée. Les pages tournant au fur et à mesure, elle regardait les règles de grammaire d'allemand. C'était comme ça, qu'elle avait rencontré cette passion envahissante. Les langues. Elle n'avait que neuf petites années, et elle connaissait déjà au moins quatre de ces belles paroles aux ethnicités différentes ainsi que leurs graphies. Elle ne savait pas pourquoi, personne ne le savait, mais cette passion grandissante lui mettait des paillettes dans les yeux. Souriant grandement, elle regarda la porte s'entrouvrir. Son père. Froid, distant, et protecteur. Une âme dans un corps meurtrier. Un passeur. Un trafiquant. La main droite de ce groupe chinois qu'était la mafia. Une grande famille, qu'on lui avait dit. C'était comme cela qu'on le lui avait appris. Elle n'avait jamais connu cette aura de combat, de violence. Le mensonge. C'était tout ce qu'elle savait. Lui offrant alors un sourire radieux, elle se redressa doucement, cachant légèrement ses livres sous son plaid.

"父親? (Père ?)" demanda alors la jeune fille d'une voix toute fluette.

"不要离开房间一个小时。你明白 ?(Ne quitte pas ta chambre pendant une heure. Compris ?)" lui dit alors son père.

Hochant alors la tête de son sourire angélique, la porte se referma, la faisant alors retourner dans cette pièce tamisée. Son sourire s'effaça pour laisser apparaître un visage dénué d'émotion. Cette maison. Des choses s'y passaient, mais elle ne comprenait pas grand chose. Des secrets, des mystères. Personne ne voulait rien lui dire. Regardant alors son livre d'allemand interdit, elle soupira pour ensuite le faire glisser sous son lit, comme tous les autres. Personne n'avait encore remarqué la disparition de ces ouvrages, et elle ne savait pas ce qui lui arriverait si cela venait à s'apprendre. Qu'importe, apprendre de nouveaux mots étaient beaucoup trop intéressant pour rester à jouer avec peluches. Se relevant alors tout doucement, elle fixa sa porte. Entre inconnu et règles, cette maison, elle ne s'y sentait pas comme chez elle. Un monde inconnu, froid et distant. Seul les mots étaient perceptibles. Et c'est bien pour cela que son oreille s'était collée contre sa porte. Un homme, sûrement américain au vu de son accent. Plissant un peu des yeux, et entrouvrit légèrement la porte pour regarder en bas de la rambarde, un peu sur la pointe des pieds. Un homme avec son père, un grand sac noir. Et de ce sac, il en sortit d'autre plus petits, mais blancs cette fois, avec ce qui semblait être de la poudre. Du sucre sans doute, elle ne savait pas trop. En tout cas, cela avait l'air de ce qui se trouvait dans la sucrière de la cuisine. Souriant un peu, le parquet craqua sous ses pieds, et les deux têtes masculines se tournèrent d'un coup. Effrayée, la jeune fille se précipita comme une flèche dans sa chambre, se cachant alors sous sa couette. Elle ne voulait plus bouger. Elle ne bougerait plus. Non. Cet homme effrayant avec ses paquets de sucre, il l'avait vu enfreindre une règle. Par pitié, faite qu'on ne l'ait pas réellement vue.

Ignorante et inconsciente. Rien ne s'arrangeait avec le temps. On lui mentait, et elle le savait pertinemment. Elle continuait de feindre, sans vraiment savoir ce qu'il se tramait autour d'elle. Elle avait eu beaucoup de soupçons, mais cela augmenta assez rapidement avec le temps. Mystères et mensonges s'accumulant ne faisait jamais bon ménage. Mais aujourd'hui, était le dernier jour de son enfance. La majorité. Dix-huit années  de vie. Déjà. Rapidité, éphémèrité, rien ne l'avait épargnée. Un visage d'ange au caractère bien trempé. Elle refusait que l'un de ces types aux lunettes noires et au costume noir ne la suive partout. Son père le lui en avait imposé un, mais elle, cela ressemblait encore plus à une  obligation. Et puis, avoir un type censé vous surveiller était assez flippant en réalité. Elle ne savait même pas de quoi elle devait être protégée. Elle avait grandi dans une tour d'ignorance et de paillettes. Alors oui, même à cet âge, le secret lui avait été dissimulé. Moins on en savait mieux s'était. Les trafics autrefois de "sucre" dans sa maison n'avaient pas cessé. Elle n'était pourtant pas idiote, loin de là. Mais elle n'en voyait qu'une petite partie. Une infime, qui ne saurait émerger sans indices plus grands et importants.

Des règles, toujours des règles, soit disant pour sa sécurité. Tu parles. En quoi l'empêcher de sortir avec quelqu'un, de coucher avant le mariage, ou encore de garder un oeil sur toutes ses fréquentations allait la protéger ? Elle n'avait jamais obéi aux règles. Les livres interdit qu'elle entassait dans ses étagères, ses connaissances en langues acquises automatiquement et en autodidacte, rien ne lui avait échappé. Myung Hae n'était pas une enfant sage, ni innocente. Elle aimait se démarquer des autres par sa bonne humeur, son caractère puissant et explosif, et son sourire perpetuel. Petite princesse de la famille depuis sa venue, elle était chérie, bien que mise dans l'ignorance la plus totale. Oui, et malgré les fois où elle avait essayé d'en savoir plus, les gens qui venaient souvent ici lui mentaient, son père affirmait qu'il ne s'agissait que d'amis, et sa mère, elle, ne s'en mêlait pas. Ce ne sont pas tes affaires, Myung. qu'on lui disait le plus souvent. Bien. Et bien elle resterait inconsciente et ferait des actions démesurées. Elle ne resterait pas enfermée ici, à ne pas comprendre ce qu'il se tramait. Non. Elle n'en ferait qu'à sa tête, comme elle l'avait toujours fait. Si personne ne voulait lui dire ce qu'il se tramait réellement, et bien elle aussi, ne leur dirait rien de sa vie. Ou du moins, elle ne se laisserait plus faire. Elle n'était plus cette enfant apeurée au moindre regard d'un étranger, ni celle qui fuyait dans sa chambre au moindre coup de pression. Grandir lui avait fait réaliser à quel point la vie était précieuse pour gâcher en étant cloîtrée dans sa chambre. La fenêtre de celle-ci lui était utile. Une fenêtre, une vitre, ne servait pas qu'à observer. Point de chute et de liberté, vision du monde et barrière entre rêve et réalité. Quelques éclats, et ce fil du destin était enfin accessible. Plus rien ne la maintenait ici, de toute manière.

Les études, une grande partie de sa vie qui resta réglementaire en tout point. Les sorties en boîte avec ses camarades, quelques flirts, rien de bien méchant. Une étudiante en pleine vide fleurissante. A côté de cela, il y avait les langues. Ces belles paroles prononcées comme des enchantements qui permettent de séduire plus facilement. Non, plus sérieusement. Une passion, une vraie, comme il en existait rarement. Elle s'était inscrite pour plusieurs spécialités, et n'avait pu en prendre seulement que deux en cours directs. Elle avait décidé de choisir des langues qu'elle ne maîtrisait pas encore, c'est à dire le français, cette langue de Molière complexe et tout en nuance dans les termes, ainsi que le russe. Les langues asiatiques, elle les connaissaient sur le bout des doigts, que ce soit en terme de langue, de prononciation, ou encore de culture du pays. Elle s'était toujours battue pour pouvoir accéder à l'université de son choix. Les langues, un choix sans avenir, des connaissances inexploitables pour certain qui ne servait strictement à rien. C'était ce qu'on lui disait, à chaque fois, et elle rétorquait en parlant plusieurs dialectes. Là, tu y comprenait un truc ? Non ? Et bien tu vois, que ça sert ce que j'apprends. Elle ne cherchait plus à comprendre ce qu'on lui voulait.

Elle attirait les regards des plus curieux. Toujours bien apprêtée, une boule de joie et d'énergie. Les gens lui tournaient autour, comme les types en noirs  qu'elle apercevait parfois la suivre au loin. Elle avait l'impression d'être constamment surveillée, jamais libre et seule entièrement. Qui sait, il y avait peut-être même des caméras cachées dans sa chambre. Elle ne savait pas. Sa famille lui avait prévu un grand avenir, une fois qu'elle aurait décidée de lui parler de ses affaires pas nettes. Innocence dans l'âme, un sourire enjôleur et indomptable, elle charmait et éblouissait la journée des gens sur son passage. Elle était un rayon de joie pour tout le monde, une fleur éblouissante et épanouie. Sa bonne humeur se répandait facilement, et même ses professeurs la remarquaient pour cette joie de vivre et son talent indéniable. Elle était de loin leur meilleure étudiante. Passionnée, engagée, et complètement insouciante. Elle recevait souvent les correspondants à l'école, elle s'occupaient d'eux, leur présentait le campus et les alentours. Et au fur et à mesure, des liens se forgeaient. Des connaissances, que personne ne pouvait contrôler. 

A côté de cela, elle tentait de travailler un peu. Un métier assez particulier, où l'habilité était de mise. Pierceuse. Elle avait très vite trouvé un boulot dans de nombreux petits salons pour y gagner quelques sous. Mais ceux-ci avaient vite fait faillites. Elle avait le savoir faire, la bonne humeur, la douceur et l'esthétisme du métier. Quand elle faisait son travail, elle le faisait avec joie et plaisir. Toujours de doigtés délicat, elle ne ratait pratiquement jamais, et avait de faibles, voir inexistant taux de rejet. Bref, dans son domaine, elle était très douée. Et c'est donc pour cela, qu'elle recherchait activement un nouveau salon où exercer, pour laisser parler sa créativité.

Ses cheveux flottaient et lui tombaient légèrement sur le visage. Ses yeux perçants, décorés d'une fine couche d'orangé sur les paupières. Ses lèvres empourprées humaient l'air frais de la soirée. Un peu alcoolisée, il fallait se le dire. Elle avait dû boire quelques verres, rien de bien méchant, mais suffisamment pour s'en prendre pleins la figure en rentrant. Entre les gens étranges et flippants qui la suivaient dans les rues. Elle ne savait pas trop quoi faire avec ça, et heureusement qu'elle les remarquait assez rapidement. Mais bon, en ce moment, cela arrivait de plus en plus fréquemment. Inquiète, stressée, rien n'arrange les choses. Tous ses amis avaient bien bu, et personne n'était vraiment en état de raccompagner qui que ce soit. Alors Myung Hae avait décidé de rentrer seule, comme à son habitude. Saluant tout le monde, elle marchait rapidement sur les trottoirs, alternant entre les rues et les paysages. A cette heure là, tout le monde devait déjà être en train de dormir, au vu de l'heure. Alors, elle ne tarda pas dans les rues. De toute manière, si quelqu'un la suivait encore, elle n'était pas sûre qu'elle survive très longtemps. Étrangement, ces personnes étaient toujours habillées de la même façon. Ses costumes noirs, sans doute pour rester discrets. Les lampadaires clignotaient légèrement, et quand elle arriva dans son quartier, elle se retourna brusquement, frissonnant d'un coup, avec un sentiment d'oppression. Elle avait certes bu, mais pas suffisamment pour être saoule. Sans plus attendre, elle s'empressa de passer la porte de sa demeure, avant de sentir son poignet se faire attirer à l'intérieur violemment. 

"当时你在哪里 ?!(Où étais-tu ?!)" lui demanda alors son père en haussant la voix.

Son regard se faisait froid, enragé. Plus rien ne comptait en cet instant que cette colère environnante qui avait envahi l'espace. Effrayée. Voilà ce qu'elle était. Cette main sur son poignet se resserrait, laissant une fine trace rouge sur sa peau. Sa famille était plus que stricte. Son père avait souvent l'air effrayé pour elle, et en devenait agressif quand elle n'écoutait pas ce qu'il lui disait. Comme des consignes de sécurité, elle avait fini par ne plus les écouter, car sinon, elle ne faisait plus rien. Fronçant un peu des sourcils, elle observa les hommes de mains qui se situaient derrière eux. Elle ne savait pas qui ils étaient, et elle ne l'avait jamais. Personne ne lui disait rien, et elle restait cloîtrée à son rôle de gentille fille bien sage et docile, douée à l'école. Alors non, elle ne comprenait pas pourquoi on l'empêchait de vivre, pourquoi on la suivait dans la rue, et encore moins pourquoi des gens étranges restaient en permanence dans la maison. Elle espérait que tout cela n'ait rien à voir avec des affaires dangereuses. Si seulement elle savait, qu'en réalité, sa famille travaillait en direct avec la mafia chinoise, et qu'à tout moment, elle était susceptible de se faire enlever dans la rue. Elle l'ignorait, depuis déjà vingt-deux années. Et un jour, elle devra l'apprendre. Son père pensait que la laisser dans l'ignorance la protégerait, mais elle avait un caractère de merde.  Mais c'était pour cela qu'on l'aimait. Oui. D'un coup brusque, elle retira son bras violemment de l'emprise de son père et commença à monter les escaliers pour aller dans sa chambre.

"让我活下去, 我受不了你. (Laisse moi vivre, je ne peux plus te supporter.) " lui dit-elle avant de s'enfermer dans sa pièce.

Jamais elle ne pourrait rester ici. Cela suffisait. Elle avait l'impression d'être enfermée en permanence. Elle ne savait même pas qui était ses ennemis, et les gens qui lui en voulaient. Elle ne comprenait pas. Si elle avait pu restée enfermée dans sa bibliothèque, elle le ferait. Lire ses livres, en apprendre toujours plus sur ces langues qui l'extirpaient de ce cauchemar. S'enfermer dans son monde le jour, pour se libérer le soir, c'était tout ce qu'elle faisait.

• Une beauté sans faille, telle une fleur éclatant au beau jour ensoleillé.
  
• Depuis qu'elle est enfant, elle ne cesse d'apprendre les langues, et y a développer une certaines facilités déconcertante. Outre le fait qu'elle parle anglais et les différents dialectes chinois, elle parle également japonais, coréen, allemand, un peu d'italien, thaïlandais, vietnamien, russe, et français, et cela, couramment. Elle a également des bases de latin et de grec. Beaucoup la trouve effrayante, face à ces capacités d'apprentissage.
  
• Sa famille lui a imposé des règles strictes, surtout au niveau relationnel. Ne pas sortir avec une personne que son père n'aurait pas choisie, ou encore ne pas avoir de relation sexuelle en dehors du mariage, soit-disant car elle perdrait de sa valeur. Mais au lieu de cela, elle ne fait que les enfreindre et est même tombée amoureuse d'un certains chinois avec qui elle se sent libre, et qui ne se doute sans doute de rien. 
  
• Elle est la fille d'un trafiquant et d'un passeur de drogue pour la mafia chinoise dont elle ignore encore tout pour le moment.
  
• Elle a un caractère enjoué et solaire, elle est adroite et minutieuse, chaleureuse, cultivée, curieuse, dynamique, expressive et extravertie. Elle peut se montrer assez désespérante. Elle est surtout et principalement attachante et aimante, et peu se montrer un tantinet tentatrice sur les bords.