With you ~Wilfried & Roman ~

L’attention portée sur la circulation, Wil ne peut s’empêcher de sourire en songeant aux évènements qui ont bouleversé sa vie ses dernières semaines.

Sa relation avec Roman a pris une tournure plus intime et cela le ravit tout en l’effrayant. Il y a toujours ses vieux démons et cette peur de reproduire les mêmes erreurs qui le hantent. Il a établi une sorte de pacte tacite avec l’hispanique en ce qui concerne le dialogue. Ne pas rester enfermer dans une situation qui pourrait dégénérer, comme ce fut le cas avec Ruben. Leur vie à voler en éclats. De temps en temps, il songe à son ancien compagnon et espère que tout va bien pour lui. Qu’il est aussi heureux que lui en ce moment. C’est le moins qu’il puisse lui souhaiter après les épreuves qu’il a vécues, à cause de sa bêtise et son égoïsme. Il pense à cet homme, cet ami qu’il a rencontré lors d’une exposition dans sa galerie et hausse les épaules. La vie de Ruben ne le concerne plus.

Il fronce les sourcils et soupire. Plus facile à dire qu’à faire car, il se sent toujours responsable du bien-être du pianiste. La séparation n’a pas été facile et il a dû s’empêcher plusieurs fois de retourner vers lui. Se convaincant que c’était la meilleure conduite à avoir, pour lui comme pour Ruben.

Le sourire revient dès qu’il songe à Roman et une douce chaleur envahit son corps à la pensée de cette fabuleuse soirée. Leur première nuit. Sans précipitation. Wilfried a même réussi à mettre des mots sur ses ressentis, un progrès pour lui qui est du genre taiseux et renfermé. Qui pense que ne rien dire va éloigner les soucis alors que cela ne fait qu’accroître les problèmes.
Arrêté, le regard fixé sur la voiture devant lui, il ne peut tout de même pas ignorer cette petite boule qui s’est logée au creux de son estomac. Mélange de stress et d’excitation.

Ils n’ont pas eu le temps de se revoir depuis ce fameux soir. Seuls des échanges de messages et d’appels ont maintenu le lien. Ont rendu cette relation vivante.
Ses mains serrent un peu plus le volant et son regard devient plus sombre. Il regrette de ne pas avoir trouvé de temps, ne serait-ce que pour boire un café avec son ami. Wilfried s’est promis de faire passer sa vie privée avant sa vie professionnelle, mais pour le moment, il n’y arrive pas. Trop d’obligations. Kate ne veut plus y prendre part, préférant octroyer son temps libre à son mari et à ses filles. Aujourd’hui, il comprend ce choix après le fiasco de sa première relation. Il aimerait ne pas réitérer les mêmes erreurs. Il sait qu’ils devront trouver une solution avec son associée, car lui aussi veut faire passer Roman avant les soirées mondaines et les cocktails qui ponctuent son existence. Ils pourraient s’y rendre tous les deux, mais le galeriste veut enfin vivre une vraie relation de couple. Limite casanière. Retrouver son homme et passer une soirée tranquille, en tête à tête. Comme monsieur tout le monde.

Wil ne court plus derrière la gloire, ni l’argent. Il est passé à autre chose et il tient à garder cette ligne de conduite. Il pourrait cesser toute activité et vivre avec ce qu’il a engrangé, seulement, il est passionné par l’art et la recherche de l’artiste inconnu lui manquerait. Dire le contraire serait mentir.

Pris dans les embouteillages de la fin de journée, il roule au pas, ce qui permet à ses pensées de vagabonder sans danger.

Il est heureux de retrouver la jolie maison de son ami. Il n’ose pas encore le qualifier d’amant. Il se sent à l’aise dans la maison de famille pleine de charme et de souvenirs. Lui-même est à la recherche d’une demeure moins ostentatoire que celle qu’il possède. Il sait qu’il n’aura aucun mal à la vendre. Des propriétés comme la sienne sont très recherchées. Il n’a pas encore eu le temps d’aller visiter d’autres demeures. En fait, il aimerait y aller avec Roman. Trouver une maison où ils se sentiraient bien, tous les deux, voire tous les trois avec la fille de son ami. Elle aussi aurait son mot à dire.

Pour le moment, Wil garde toutes ses idées en tête. Il ne veut pas paraître trop entreprenant. Il a déjà commencé à en parler à son ami, bien avant que leur relation évolue.

Lorsqu’il arrive devant la maison de Roman, l’obscurité recouvre le paysage sans le rendre menaçant pour autant. Pour l’occasion, il a revêtu un [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], en souvenir de la soirée où son ami l’avait ramené ici. Dans la main, il tient un sac dans lequel se trouve un paquet cadeau, une bouteille de vin et un petit quelque chose pour Isabel. Un bracelet choisi et approuvé par les filles de Kate. Même si la fillette n’est pas présente ce soir, elle trouvera le paquet à sa prochaine visite. Il sait à quel point les enfants aiment les surprises. Les filles de Kate l’ont mis au pli.
Son sourire s’agrandit en songeant à ce que contient celui de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] et tandis qu’il toque à la porte, un petit rire s’échappe de sa gorge. Pas de jaloux comme ça.

Il aime bien ces bêtises qu’ils échangent, comme les caleçons licornes. Wil n’est pas habitué à cette légèreté dans une relation et il apprécie énormément.

Il doit avouer que Roman est une véritable bouffée d’air frais dans sa vie et plus les jours passent plus son attachement grandit.

Roman est à la fois excité et anxieux. C’est une émotion naturelle lorsqu’on se retrouve dans les prémices d’une relation qui nous échappe. Il n’avait pas envisagé que sa relation avec Wilfried prenne ce chemin inattendu. Pourtant, désormais que la voix est prise, il se demande si un part de lui-même n’aspirait pas à cela. Il ne saurait le dire. Il réfléchit trop selon Zain. Il ne peut pas lui dire le contraire et il a pleinement conscience que dans le domaine des sentiments, c’est une mauvaise chose. L’affection qu’il porte à Wilfried est réelle. Elle s’est imposée à lui dès le premier jour où son regard s’est plongé dans celui-ci tourmenté de son ami. Il s’est pris au jeu, au plaisir de se tenir à ses côtés, à le soutenir dans des périodes de doutes et à désirait cette place à ses côtés. Le plaisir ressenti au contact de ses lèvres et de son corps n’est pas un mirage. Il hante ses nuits depuis qu’il a quitté la demeure du Galeriste. Une part de lui aspire à retrouver cette complicité dans l’intimité et une autre craint que la magie ne soit pas au rendez-vous. Un soupir s’échappe hors de ses lippes. Il réfléchit trop. Il doit juste se concentrer sur l’instant présent. Il ne veut pas reproduire les erreurs du passé. Il veut être à la hauteur des espoirs du galeriste qui lui a clairement fait comprendre ce qu’il désirait. C’était une belle peinture qu’il a dessinée pour eux. Une peinture qui pourrait lui convenir. Il est prêt à faire les efforts pour cela. Il doit juste éviter de se perdre dans ses réflexions qui le font douter. Surtout que quand il est avec Wilfried tout se fait naturellement. Leurs échanges égayaient ses journées et étanchaient un manque qui s’est imposé à lui. Il a hâte de le retrouver, satisfait que leurs emplois du temps respectifs leur permettent de se retrouver. Il s’est appliqué à préparer un repas simple afin qu’ils puissent pleinement profiter de leur soirée en solo. Avec du recul, c’est une des rares fois où ils se sent retrouvés seuls dans un contexte autre que le travail sur un projet ou à la fin d’une soirée avec son groupe. Cela peut expliquer pourquoi il se sent anxieux. Cela sera plus simple lorsqu’il sera face à son ami, désormais amant et que leur complicité prendre le pas sur son anxiété. Il ne devrait pas tarder désormais. Il vérifie une dernière fois les plats qu’il a préparé et qu’il maintient au chaud. Quelque chose de simples : des empanadas qu’ils pourront déguster en apéritif et une tortillas avec une planche de Queso Manchego avec du jambon venu d’Espagne. Un moyen de lui offrir un repas un thème, à l’image de ses racines, sans passer des heures à table. Il se sert un verre de limonade avant de rejoindre son salon et s’emparer de sa guitare sur laquelle il fait quelques rifts pour se détendre et déconnecter. La musique vient naturellement envahir la pièce et sa voix vient suivre les notes de musiques. Il se lance dans un morceau qu’il a lui-même composé et se plonge dans sa musique. C’est le son de sa sonnette qu’il l’extirpe de sa bulle et il se sent plus serein au moment où il abandonne sa guitare pour rejoindre la porte et accueillir son invité. Lorsque la silhouette longiligne de Wilfried apparait dans son champ de vision, un sourire sincère vient ourler ses lippes avant qu’un rire franc vienne s’épandre hors de ses lippes à la vision de ce magnifique polo rose, symbolique à leur première rencontre. « Navré, mais il semblerait qu’il manque ton magnifique pantalon en velours violet. Dois-je comprendre que tu risques de finir ta soirée en mode exhibitionniste ? » Il le taquine en venant coller son épaule contre le chambranle de la porte. « Je me demande si je dois prendre ce risque. » Il ajoute le regard brillant de malice. « Mais si tu admets que tu as mon boxer licorne préféré, je pourrais prendre le risque. » Un nouveau rire clôture ses propos alors qu’il s’écarte pour le laisser passer. Il lui offre un doux sourire alors qu’il le laisse rentrer, effleurant son bras au passage dans une caresse légère. « Bonsoir, Wil. » Il lui indique en refermant derrière lui en venant déposer un baiser sur sa joue. Une manière de l’accueillir sans trop imposer une proximité physique. Cela lui est venu naturel. « Comment vas-tu ? Tu as belle mine. » Il lui indique dans un sourire taquin alors que son regard vient se plonger dans les iris claires de son ami, amant. « Tu as passé une bonne journée ? » Il le questionne pour lancer la conversation à défaut de prendre son courage de l’embrasser. De nature réservée, il est rare qu’il initie le premier mouvement, bien que cette marque d’affection déposée contre la joue de Wilfried semble prétendre le contraire. Il évite de réfléchir de nouveau, profite de l’instant présent en prenant les choses telles qu’elles viennent.

Le sourire de Wil barre son visage tandis que ses yeux pétillent de malice avant qu’il ne réponde, taquin
« Le pantalon est bien rangé au fond de mon dressing. Il pourrait ressortir pour une occasion particulière »
Un rire vient ponctuer ses paroles et surtout, il revoit l’horrible pantalon, bien rangé au fond d’un sac de vêtements, prêt à être donné à une bonne œuvre, et comme il l’avait pensé sur le moment  ‘ à un pauvre gars daltonien qui ne verrait pas cette horrible couleur’. Il avait quand même pesé le pour et le contre avant d’en faire don. Son majordome avait levé un sourcil exaspéré qui résumait assez bien le fond de sa pensée et la trop grande importance donnée à un vulgaire pantalon.
« Par contre, je dois pouvoir retrouver l’adresse du magasin où il a été acheté un jour où je ne devais pas avoir l’esprit bien clair. Je me ferai un plaisir de te la communiquer afin que tu puisses t’y rendre et voir, s’il reste encore de ce fabuleux modèle »
Toujours le sourire aux lèvres et l’air joueur, il enchaîne
« Je crois que je serai prêt à te l’offrir si vraiment tu en voulais un »
Bien malgré lui, il imagine le postérieur de Roman moulé dans le tissu violet et il se dit que la couleur serait sûrement mise en valeur. Il sent une bouffée de chaleur lui monter au visage avec de telles pensées et décide de vite chasser de son esprit, l’image de ce corps qu’il a découvert il y a peu.
Heureusement pour le galeriste, la conversation se poursuit sur un ton badin même si l’évocation du boxer licorne lui redonne un coup de chaud qu’il tente de maîtriser en continuant sur le mode de la plaisanterie. Il prend une tête navrée et répond faussement dépité
« Je savais bien que j'aurai dû le mettre »
Lorsque ses iris clairs plongent dans ceux plus foncés de son ami, on peut y voir une étincelle de désir retenu.
Wil aimerait bien l’enlacer et l’embrasser. Le déshabiller. Repartir à l’exploration de ce corps. Mais, il reste sagement immobile, un sourire plaqué sur les lèvres. Refoulant ses pulsions de peur de paraître grossier.
Il ne veut pas rompre l’équilibre de cette relation naissante. Il préfère prendre son temps et attendre que Roman vienne vers lui. Ne rien brusquer. Il ne veut pas faire d’erreur cette fois. Il ne veut plus être responsable d’un autre échec amoureux. Wil ne le supporterait pas.
« Ma bonne mine doit beaucoup à la couleur de mon polo, je suppose. Il paraît que le rose donne une mine éblouissante »
Tout en parlant, il se tapote les joues avec la main qui est libre, puis, s’arrête et tend la bouteille de vin, mais aussi, les paquets à Roman.
« La bouteille de vin vient d’un domaine dans la Napa Valley. Il m'a été chaudement recommandé par le caviste chez qui je me sers habituellement. Il parait que c'est son fils qui l'a élaboré. Mais j'ai autre chose pour toi. La vendeuse m’a affirmé que c’était un concentré de bonne mine... et comme je te trouvais un peu pâlot ... »
Puis, il rajoute plus bas, sur le ton de la confidence
« Il me semblait que tu en avais envie aussi … cette petite lueur dans ton regard lorsque tu l’as vu ... »
Wilfried sourit en se disant qu’ils seront ainsi assortis. Encore un jeu entre eux et cela lui plaît. Au-delà de la taquinerie et mis à part la couleur, il aime l’idée d’être assorti à Roman.
« Celui-ci est pour Isabel. Ce sont les filles de Kate qui l’ont choisi. Deux expertes, tu peux me croire. Il paraît que c’est exactement ce qu’il faut avoir en ce moment. J’ai cru comprendre qu’il s’agissait de bracelets... »
Wil hausse les épaules, un peu dépassé par le monde des fillettes et leurs lubies.
« J’espère que ça lui plaira »
Tout en devisant avec son ami, il le suit dans le salon. Cet espace avait instantanément plu au galeriste la première fois qu’il était venu – après que les brumes d’alcool se soient dissipées et que son esprit retrouve une certaine clarté. Il avait adoré l’ambiance familiale et chaleureuse qui s’en dégageait, à l’image de Roman. C’est aussi cette petite maison qui lui avait fait prendre conscience de la froideur et de l’impersonnalité de l’endroit dans lequel il vivait. Sa recherche de maison est de plus en plus active et il espère pouvoir bientôt dénicher la perle rare. Il sait que sa propriété est déjà convoitée par de richissimes acquéreurs. Le simple fait qu’il parle de déménager a fait fleurir une quantité de propositions auxquelles il ne s’attendait absolument pas. Là aussi, il ne veut pas se précipiter.
« Ta maison est toujours aussi agréable »
C’est sorti tout seul, dans un murmure. Un besoin de lui dire qu’il se sent bien ici. Sous-entendu, avec lui.
« Ma journée s’est déroulée sans encombre. On travaille toujours sur l’exposition Defontaine. J'espère que la notoriété du peintre français va attirer les foules  et permettre aux autres artistes exposés à côté, d’être découvert et vu. Un bon deal »
Il songe aux photographies de Thiago qui rencontrent encore un véritable succès, mais aussi, les silhouettes fantomatiques qui se sont arrachées.
« Et toi, au refuge, est-ce que grâce aux généreux donateurs, tu as pu améliorer le fonctionnement et la vie de tes pensionnaires ? »
La soirée caritative avait été un véritable succès. Les sommes ramassées et les dons, astronomiques. Il espérait que certains donateurs deviendraient de futurs mécènes afin que son ami n’ait plus de problèmes de trésorerie. Lui-même avait participé sans en avertir Roman, ne tenant pas à ce que son ami se sente redevable.

L’apparition d’un sourire sur les traits du visage du Galeriste est toujours un ravissement. Il semble plus détendu et accessible et cela accentue le magnétisme qu’il dégage et auquel l’hispanique est sensible depuis le premier jour. « Oh que de mystères ! Et à quelle occasion, justement ? »  Il questionne avec espièglerie alors qu’un rire vient également s’expulser hors de ses lèvres. Son sourire s’affermit à la boutade de son ami et amant qui prétend être tout à fait prêt à lui offrir s’il en désirait un. « Oh je n’ai aucun doute sur la question. Après tout, tu es un fervent admirateur des licornes » Il lâche dans un sourire narquois alors qu’il poursuit sa taquinerie à ce sujet. « Mauvais point pour toi, Wilfried Hoffman. » Il lui indique, le ton faussement autoritaire, mais où on peut entendre dans le timbre de sa voix et dans la lueur de ses prunelles à quel point, il n’est pas sérieux. Son regard vient se perdre dans celui de son ami et amant. Il y a une forme de tension qui se crée à ce simple contact visuel qui le renvoie à cette nuit où leur relation a pris un chemin inattendu. Une légère rougeur vient ourler ses joues à ce doux souvenir alors qu’il l’invite à entrer. Il l’accueille avec un baiser déposé contre sa joue. Un premier contact initié par lui-même afin de prouver que leur relation a bien pris une tournure différente d’une simple amitié. Il récupère les différents présents amenés par le Galeriste : une bouteille de vin et deux paquets. Un pour lui et un pour Isabel. Un sourire vient ourler ses lippes au sous-entendu de son ami et amant. Il croit savoir ce que contient son paquet et cette pensée l’amuse grandement en bon joueur qu’il est. Il est touché que son ami ait pensé à Isabel. Il lui presse tendrement le bras pour partager sa reconnaissance alors qu’il murmure : « Je suis sûre qu’elle l’adorera. Je ne manquerai pas de lui donner demain quand je la verrai. » Il lui indique alors qu’il l’invite à retrouver le salon dans lequel ils vont passer leur soirée. Il dépose le cadeau d’Isabel sur le meuble de l’entrée alors qu’il prend la direction de son canapé pour découvrir le sien. La remarque de son ami lui arrache un sourire chaleureux. Il l’invite à prendre place à côté de lui alors qu’il lui narre sa journée qui semble s’être bien déroulée. Il le sait très occupé par la mise en place d’une exposition à l’honneur d’un artiste disparu. Il l’écoute attentivement, toujours avide de découvrir la passion qui envahit son discours à chaque fois qu’il parle de ses projets. Cela lui confère une aura envoutante à laquelle il a toujours été sensible sans se l’avouer. Il aime ce qu’il fait et ça se voit, s’entend dans sa gestuelle tout comme le timbre de sa voix. Wilfried est un passionné derrière ses airs inaccessibles. Le Galeriste lui retourne naturellement la question. « Oui, cette soirée a été au-delà de nos espérances. Je n’en reviens toujours pas de la somme que nous avons pu récolter, ainsi que les contacts que nous avons pu avoir avec de futurs mécènes. Sans ta participation et ton soutien, nous n’aurions pas eu une telle chance. » Il lui indique en venant doucement presser sa cuisse dans un geste empreint de tendresse, car c’est le sentiment qu’il ressent à l’égard de cet homme. Un homme qui éveille son envie de toucher, apporter de la douceur pour son bien-être avant tout. « Nous avons fais un point sur la situation financière après cette soirée. Cela nous a permis d’envisager un plan d’action et d’investissement sur les prochains mois. On va commencer par rénover le bâtiment, ainsi que les différents services où sont hébergés nos protégés pour améliorer leurs conforts. Cela ne sera pas un luxe. » Il lui indique dans un sourire en venant presser sa cuisse. « Je pense que de belles choses vont pouvoir se faire grâce à cette soirée que nous avons réalisé ensemble. Cela va être super ! » Il ajoute avant de lui offrir un sourire chaleureux avant de reposer son regard sur le cadeau remis plus tôt. « Et si je découvrais mon cadeau attitré ? » Il lance dans un ton amusé alors qu’il vient ouvrir le paquet cadeau dans un sourire mutin. « Est-ce bien à quoi je pense ? » Il le questionne en venant soulever le dessus de la boite. Lorsque l’étouffe rose apparait sous ses yeux, il ne peut masquer un rire s’échapper de sa gorge. « J’en étais sûr ! » Il lance dans un sourire alors qu’il vient s’emparer du polo pour le regarder de plus près. « Dois-je comprendre que tu as un fétichisme des vêtements de couple ? » Il le taquine en venant lui donner un coup d’épaule d’un air badin. Ses prunelles brillent de malice alors qu’il vient doucement se saisir de son haut pour le passer au-dessus de sa tête. Il dévoile sans pudeur sa peau halée pour tronquer son T-shirt blanc pour ce magnifique polo qu’il enfile par la même occasion. « Je me devais de lui faire honneur et réaliser un de tes fantasmes. D’où le fait qu’il me faut prochainement le pantalon violet. Sinon on ne pourra pas le réaliser. » Il lâche dans un sourire éclatant avant de rire de plus beau face à l’expression légèrement outrée de son ami et amant. Il vient tendrement l’embrasser en se laissant emporter par son envie de l’instant. Le baiser est furtif, léger avant de s’éloigner en ajoutant : « Alors qu’en penses-tu ? » Son regard brille de malice alors qu’il se sent profondément détendu en sa compagnie. Il est heureux de l’avoir à ses côtés et il se rend compte que leur complicité lui avait manqué.

Aux côtés de Roman, Wil se sent renaître. Il a l’impression que tous ses rêves peuvent se réaliser dont celui de vivre avec un homme qui n’aura pas honte de cette relation, qui s’affichera avec lui lors de soirées. Un homme avec qui il pourra vivre sans avoir à se cacher.
Il écoute les paroles enjouées de l’hispanique au sujet des projets qui pourront voir le jour grâce à l’argent récolté et Wilfried en est heureux. Il se permet de dire
« Tu devras sûrement faire venir les médias au refuge afin de médiatiser le potentiel que cela à dégager. Même si l’idée ne te plaît pas, dis-toi que tu le fais pour récolter encore plus de fonds. Je pense que Rebecca viendra et s’en chargera. Elle est très forte en com’ et comme tu as pu le constater très riche et très influente. Tu as encore le temps pour envisager ça ... »
Un petit rire arrive en songeant à son amie et sa répartie. Rebecca est une femme à poigne avec un cœur en or.
« Ton cadeau... »
Wilfried n’arrive pas à cacher le sourire amusé qui prend systématiquement place sur ses lèvres, mais fait un signe de se taire. Pas question qu’il donne un seul indice sur ce que contient le paquet même si Roman semble avoir deviné.  Il se trouble légèrement à la vue du torse de son ami et se retient de tendre la main pour venir le toucher. Il sent une bouffée de chaleur l’envahir et les souvenirs remontent. Présents et délicieux. Il se mord les lèvres pour rester immobile et faire comme si la situation était banale. Normale. Il hoche la tête d’un mouvement appréciateur et finit par dire
« Je savais que cette couleur t’irait à merveille et si on veut pousser la logique un peu plus loin, tu remarqueras que les polos sont assortis à nos magnifiques caleçons licorne. »
Wil se met à rire, le léger malaise ressenti à la vue de Roman torse nu s’est évanoui et son attitude est de nouveau détendue malgré tout, il dit, d’une voix feutrée
« J’aime assez l’idée de couple, je dois avouer »
Tout en parlant, il s’est rapproché, arrange le col du polo et après le baiser furtif que Roman lui a donné, Wil vient happer ses lèvres en un baiser plus profond. Avide. Passionné. Ses mains encerclent le beau visage de cet homme qui sait toujours trouver les mots justes. Ceux dont il a besoin pour avancer et se reconstruire. Lorsqu’il se recule, il adresse un sourire et répond
« Honnêtement, je te préfère nu mais, cette couleur te va à ravir »
Son rire retentit tandis qu’il dépose un dernier baiser sur les lèvres de son amant et reprend son attitude civilisée et amicale.
« Il ne me reste plus qu’à partir à la chasse au pantalon violet maintenant et tu seras obligé de le porter »
Ses pensées vagabondent une fraction de seconde avant qu’il n’enchaîne
 « Quand je pense que tout cela est la faute de Kate et de son goût immodéré pour rendre les gens dingues … » Et un peu la sienne aussi, si ce jour- là, il n’avait pas bu jusqu’à s’enivrer. Ces fâcheux évènements les avaient rapproché et c’est grâce à tout cela, que ce soir, ils se retrouvaient dans la maison de Roman pour passer un agréable moment.
« Avant que j’oublie, j’aimerais t’inviter au vernissage de Defontaine. Ces œuvres font parties de collections privées et c’est un privilège de pouvoir les dévoiler au public. De plus, certaines viennent directement de France et y retourneront après. Si tu veux découvrir cet artiste, c’est le moment ou jamais »
Un sourire taquin prend place sur ses lèvres tandis qu’il se penche et murmure
« De plus, je me ferai un plaisir d’être à tes côtés afin de te guider »
Il ne peut se retenir de déposer un baiser sur la mâchoire volontaire avant de grogner tout en s’éloignant un peu
« Je n’arrive pas à te résister, c’est assez embarrassant »
Wil se dandine, ne sachant pas quelle attitude adopter et comme chaque fois que la situation le dépasse ou que ses sentiments le submergent sans qu’il sache quoi faire,  il va farfouiller dans ses poches à la recherche de ses clopes. Il sait qu’il ne fumera pas, mais ça le rassure, même s’il se traite d’idiot. Puis, les mains dans les poches, ça lui évite de toucher Roman ou pire, de lui sauter dessus, car c’est exactement ce qu’il a envie de faire. Le galeriste prend une grande inspiration et revient plaquer un sourire sur ses lèvres.
« Qu’as-tu prévu pour cette soirée ? Ça sent divinement bon »
Pour avoir déjà goûté à sa cuisine, il sait que son ami est un fin cordon bleu, contrairement à lui qui sait à peine faire cuire un œuf.
Il se dit que détourner l’attention est une excellente idée. Pas très subtile, mais il n’a rien trouvé d’autre.

Il retient l’idée soumise par son ami et amant. Il se note mentalement de reprendre contact avec Rebecca avec qui il a eu quelques échanges depuis cette soirée caritative chez Wilfried. Pour l’instant, il se concentre sur son cadeau, résolument amusé par l’idée espiègle qui a conduit son ami à lui offrir cela. A la hauteur de ses boxers en licorne qu’ils ont été amenés à porter ensemble avant qu’une intimité s’instaure entre les deux amis qui se sont réellement découvert. La pensée lui arrache un frison de plaisir, car cette nuit a occupé bon nombre de ses soirées depuis qu’ils se sont quittés le lendemain. Il lui semble totalement naturel de faire honneur au présent. Le ridicule ne tue pas et Roman est bon joueur à ce sujet. Il assume pleinement son côté enfantin qui lui permet de croquer la vie à pleine dent et qui en fait un bon vivant. Wilfried le sait pertinemment, ce qui explique qu’il se sent totalement à l’aise à l’idée de lui faire ce genre de boutade. D’ailleurs, une fois de plus leur complicité est flagrante dans l’échange qu’ils se livrent. Ils sourient et rient de bonne grâce aux bêtises et taquineries de l’autre. « Ça rattrape le fait que tu ne portes pas le tiens. » Il renchérit avec un sourire en coin, le regard malicieux tandis que son ami et amant lui déclare apprécier l’idée qu’ils soient en couple. Le visage de Wilfried se rapproche du sien. Son souffle vient se mêler au sien avant de mourir contre ses lèvres qu’il s’empare avec passion. Le contact est électrisant. Sa manière de jouer avec ses lèvres attise un brasier qui s’était légèrement éteint. L’échange est envoutant, la pression des mains chaudes de Wilfried contre son visage est plaisante. Son cœur s’emballe dans sa poitrine avant que ses lèvres l’abandonnent. L’idée de les retenir vient titiller son esprit, mais il n’en fait rien. Il ne veut rien précipiter. Ils vont apprendre à se découvrir et trouver leur équilibre. Il se contente de lui offrir un sourire chaleureux alors qu’un rire vient s’épandre hors de ses lippes. « Pervers. » Il le taquine tendrement avant de rire de nouveau à l’évocation du pantalon violet. « Uniquement si tu portes le tiens. Sinon on ne sera pas assortis, mon ami. » Il lui indique dans un sourire en coin. « Qui aime bien, châties bien. » Il lance avec sa bonhommie naturelle. Il regarde son ami avec attention, attentif à ses propos tandis que ce dernier l’invite au vernissage de l’artiste qu’il met actuellement en avant. Wilfried lui fait comprendre qu’il aimerait l’avoir à ses côtés et Roman n’a aucun inconvénient à l’accompagner puisqu’il apprécie autant l’art que son ami. Le contact de sa bouche contre sa mâchoire est plaisant. Il éveille une envie de plus d’autant plus lorsqu’il l’entend grogner de frustration. Son compliment lui arrache un sourire alors que Wilfried semble reprendre contenance. Il détourne la conversation sur le planning de la soirée quand bien même son regard exprime pleinement la tenue qu’il s’intime à avoir. Cela lui confère une aura à la fois magnétique et adorable. Il vient doucement lui presser la cuisse alors qu’il vient embrasser sa joue. « Je serai ravi de t’accompagner. » Il lui indique en venant doucement caresser sa cuisse du bout de son pouce. « Je me suis dis qu’on pourrait grignoter devant un bon film tout en discutant. » Il ajoute en lui indiquant le programme de la soirée. « A moins que je sois irrésistible et que tu ne puisses pas t’empêcher de me dévorer. » Il le taquine dans un rire tendre en venant déposer un baiser contre sa mâchoire. « Tu n’as pas à être embarrassé. C’est difficile pour moi de te résister. » Il lui indique avec douceur en glissant son autre menotte contre sa nuque. Le baiser qu’il lui vole est léger et voluptueux. « Je me rends compte que tu me manquais, que cette complicité me manquait. » Il lui avoue contre ses lèvres tout en caressant sa nuque du bout de ses doigts. « Si je dois à mon tour d’être sincère, je te dirais que j’étais stressé avant que tu arrives, mais quand je suis avec toi, je me pose plus de questions. J’ai juste envie de te faire sourire et de t’apporter de l’affection. Sois libre d’être toi-même avec moi. Je ne souhaite que cela pour toi. » Il conclut en venant déposer un baiser contre ses lèvres avant de s’éloigner. « Je vais nous chercher de quoi boire et les différents plateaux. Il faut bien faire honneur à ce vin que tu nous as apportés. » Il lui indique en venant presser tendrement sa cuisse en se redressant. Il s’éloigner de son amant pour rejoindre le coin cuisine, résolument bien à cet instant alors qu’il vérifie les derniers détails pour rejoindre de nouveau son amant et passer une soirée avec lui pour profiter de l’instant présent et de sa compagnie tout simplement.

Finalement, le rose du polo met en valeur la couleur hâlée de la peau de Roman et Wilfried ne peut s’empêcher de le trouver magnifique. Il se retient de le toucher, car il craint de ne plus pouvoir s’arrêter. Il a eu raison de dire que cette couleur lui irait à ravir. La boutade est devenue vérité. Il se trouve pâlichon à côté. Son teint de roux lui donne la couleur du lait et le soleil aurait tendance à le faire virer écrevisse. Rien de glamour dans tout cela. Il préfère reporter son attention sur son compagnon plutôt que sur lui.
« Tu es irrésistible. Je me demande comment tu peux en douter un seul instant »
Puis, sur un ton plus taquin
«  Avec ou sans polo ou avec ou sans licorne »
Il lui adresse un petit sourire joueur, mais dans ses prunelles claires, le désir est toujours bien présent, même s’il tente vainement de le cacher.
« Et je dois t’avouer que je dois prendre sur moi pour ne pas te dévorer comme tu dis »
Il ne rentre pas dans les détails, la situation l’embarrasse assez, malgré la demande de Roman.
Wil se reprend et demande
« Tu as besoin d’aide ? »
Il s’est levé, incapable de rester immobile. Un besoin impérieux d’agir et de chasser loin de lui les pensées libidineuses qui trottent dans sa tête.
« Je peux ouvrir la bouteille de vin si tu me donnes ce qu’il faut ou bien porter le plateau au salon »
Malgré ses bonnes résolutions, il s’est rapproché de Roman, attiré comme un aimant par son ami.
« Ou bien... »
 Wil vient coller le corps de Roman contre le sien et sa bouche dépose une myriade de petits baisers sur la mâchoire volontaire, le cou où il s’arrête sur la jugulaire avant de revenir sur les lèvres pulpeuses, véritable invitation aux baisers. Il adore ce contact, mais aussi la chaleur de la peau.
Il murmure
« Je n’ai aucune envie de m’arrêter mais, je ne veux rien précipiter non plus »
Wil se détache à regret tout en s’emparant du plateau avant qu’il ne revienne le redéposer sur le plan de travail tandis qu’il grogne
« Je n’y arrive pas »
Son corps revient se coller contre celui de Roman et sa bouche se fait moins timide. Ses mains se posent directement sur les fesses, mais il ne peut s’empêcher de murmurer
« Je suis certain que le pantalon violet les mettrait encore plus en valeur »
Finalement, il se met à rire et cela lui permet de se sentir moins accro et de reprendre contenance.
« Je suis désolé de t’avoir sauté dessus de la sorte. Quand je dis que tu es irrésistible »
Ses prunelles accrochent celles de son ami.
« J’ai de la chance de t’avoir rencontré, mais aussi que tu fasses partie de ma vie. J’espère que je serai digne de ton amitié »
Pour le moment, il ne peut pas parler d’amour malgré l’attachement qu’il ressent envers le musicien. Wilfried se sent encore bancal côté sentiment. Il a toujours cette angoisse de tout gâcher comme avec Ruben pourtant, lorsqu’il est avec cet homme, il a l’impression que tout est enfin possible et cela lui donne immédiatement le sourire.
Il claque un baiser sur la bouche de Roman avant de retourner vers le salon, le plateau dans les mains. Il le dépose sur la table basse et s’installe sagement sur le canapé.
« Je me demande ce que tu as prévu comme film »
Tout en souriant, il retient un rire tandis qu’il continue sur sa lancée
« Serait-ce un film romantique à l’eau de rose afin que l’on soit assorti avec nos magnifiques polos ? »
Le galeriste n’a pas le temps d’aller au cinéma. Ni le temps de regarder des films. Les seules fois où il s’impose cet exercice c’est lorsqu’il doit rencontrer une actrice ou un acteur afin de pouvoir commenter sans faire de gaffe, le dernier film de la personne. Quand il le peut, il laisse à Kate ce genre de chose. Elle est beaucoup plus passionnée que lui devant le 7e art.
À la vérité, il est assez curieux de voir ce que Roman lui réserve. Curieux d’en apprendre un peu plus sur ses goûts.
Il fixe soudain son ami et demande, sérieux
« Ou bien, nous aurais-tu choisi un film coquin... »
Un petit sourire remonte le coin de ses lèvres.
« Ce n’est pas que je suis contre mais, disons que si c’était le cas, je ne sais pas si j’arriverais à rester sage »
Un petit rire arrive tandis que sa main se pose délicatement sur la cuisse de Roman.
« Plus sérieusement, ce que tu as préparé a l’air délicieux et il me tarde de déguster tout ça. »
Son regard revient sur Roman tandis qu’il murmure
« Toi aussi tu me donnes faim et avec ton polo rose, tu me fais penser à un dessert... le meilleur pour la fin… »
Wilfried prend une expression faussement sérieuse, mais l’éclat dans ses yeux dit tout le contraire. Il a envie de profiter de cette soirée avec Roman.

L’intensité du désir du galeriste brille dans ses pupilles hypnotiques. Roman n’y est absolument pas insensible quand bien même sa posture est plus modérée. Il n’a pas la même aisance a embrassé son désir que son ami. Il y a encore des mécanismes qui sont en place et qui l’empêche de réellement vivre sa bisexualité. Avec l’expérience, il semble avoir gagné en confiance. Il ne rougit pas face à l’attirance qu’il développe pour son ami. Il lui vient naturellement et est intensifié par la complicité qui s’est liée entre eux. Cela lui semble si naturel d’être intime en sa compagnie qu’il ne se pose pas de questions, contrairement à sa relation avec Alexander. L’expression du désir de son amant ne l’indispose pas. Il l’accueille avec un sourire doux alors qu’il s’éclipse pour ramener ce qu’il a préparé. Wilfried se propose de lui apporter son aide et Roman n’a même pas le temps de lui dire qu’il peut se débrouiller qu’il le sent à ses côtés. Cela lui arrache un sourire alors qu’il vérifie les différents plats qu’il a agencé avant l’arrivée de l’allemand. La silhouette longiligne vient retrouver la sienne. Son corps fin, mais finement musclé vient se coller contre lui dans une étreinte intime. Son cœur s’emballe dans sa poitrine alors que son souffle se meurt sous le contact de ses commissures douces et chaudes contre sa mâchoire. Il est résolument sensible à cette initiative et ses lippes viennent avec délice répondre à celles de son ami. Ces baisers, il s’y habitue sans grande difficulté. D’ailleurs, il pourrait résolument passer des heures à l’embrasser juste pour voir ses prunelles s’assombrir tout en lui narrant des bêtises pour le faire rire. Wilfried lui rend sa liberté dans un acte emprunt de raison qu’il a du mal à maintenir. C’est à la fois troublant et charmant d’avoir un tel effet sur un homme tel que lui. Inconsciemment, il se rend compte que cela lui plait. Un sourire amusé et attendri ourle ses lippes avant que l’attaque de son ami et amant le prenne de court. Son corps se serre fermement contre lui et sa bouche part à la conquête de la sienne. Le baiser n’a rien de délicat. Il est plus déterminé et empreint de fougue qui embrase une étincelle au sein de son être. Les paroles coquines de son ami lui arrachent un sourire. Une rougeur s’invite sur ses joues, car il n’a pas l’habitude d’être le sujet de fantasme d’un homme bien que l’idée lui plaise. Un rire s’épanche hors de ses lèvres à la remarque de son ami. « Je sais que tu n’es pas vraiment désolé. » Il le taquine dans un sourire complice alors qu’il est encore dans les bras de son ami. Les paroles de l’Allemand le prennent de court et l’émeut. Son regard se fait plus doux alors qu’il abandonne la spatule qu’il tenait pour caresser les traits de son visage. « Tu en seras digne, Wil. Je n’ai aucun doute sur la question. » Sa voix est empreinte de l’affection qu’il lui porte. Le ton est doux et rassurant. Roman n’a aucun doute sur la question. « Je te fais confiance. » Il lui indique pour bien qu’il perçoive que malgré son passif, il n’a aucun doute qu’il est un homme bon. Un homme bon pour lui.  « Et notre complicité en est la preuve. Je suis heureux d’avoir fait ta connaissance. » Il conclut alors qu’il reçoit un énième baiser de la part de son ami qui s’éloigne avec le plateau dans les mains. De son côté, il s’empare de verres et de la bouteille qu’il ramène dans le salon après l’avoir débouchonner. Il l’écoute faire ses suggestions et un rire vient s’épancher hors de ses lèvres. Il dépose les verres sur la table basse alors qu’il vient les remplir. La boutade lui arrache un nouveau sourire. « Pas pour le premier rendez-vous, mais je penserai à satisfaire ton réel désir la prochaine fois. » Il le taquine avec un sourire en coin. « Je ne te savais pas si coquin. » Il ajoute dans un regard en coin alors qu’il vient déposer un baiser au coin de ses lèvres. « Mais ce n’est pas pour me déplaire. C’est très touchant de savoir que je te plais réellement. » Il murmure en venant doucement lui caresser la cuisse. « Tu es loin de me rendre indifférent même si je suis plus doué pour le cacher. » Il lui avoue dans un petit rire complice avant d’embrasser sa mâchoire. « J’ai eu envie de regarder un classique. Forest Gump avec Tom Hanks. Je le trouve magnifique et divertissant. Parfait pour une soirée en ta compagnie. On peut commencer à manger pendant que le met en route. Si tu es sage, je vais réfléchir à m’installer dans tes bras pour qu’on se détende devant le film. » Il lui indique dans un ton badin alors qu’il vient déposer un baiser sur son épaule. « En vrai, j’adore regarder des films ou des séries, sagement installé sur le canapé avec mon partenaire contre moi, comme mes parents. » Il lui indique en lui tendant son verre alors qu’il fait de même avec le sien. Il l’invite à trinquer. « A cette soirée et au plaisir de se retrouver. » Il lui indique avant de venir porter son verre à ses lèvres. Il goutte une gorgée qu’il savoure pleinement. « Il est délicieux. Magnifique choix. » Il le complimente alors qu’il s’empare de la télécommande pour sélectionner le film et le lancer. « J’ai préparé des mets typiquement espagnols, mais pratique pour un diner dinatoire convivial. J’espère que ça te plaira. » Il lui indique alors qu’il s’empare d’une empanadas qu’il glisse entre les lèvres de son ami pour lui permettre de gouter. Son geste surprend son ami et il ne manque pas de rire de sa connerie alors qu’il vient faire de même avec lui, résolument détendu et heureux à cet instant en compagnie de cet homme qui lui fait de nouveau gouter au plaisir d’être à deux.  

Il écoute avec attention le programme concocté par Roman, tout en souriant. Une soirée sans prise de tête. Farniente. Cela fait longtemps qu’il n’en a pas eu. Il ne pourrait pas dire que cela lui manque. C’est juste comme ça qu’il vit.
Le choix du film le fait tiquer. Il sait que cette production dure des plombes, et il se demande s’il aura la patience d’attendre la fin du film. Il craint de compter les minutes, surtout si Roman vient se lover contre lui. Ses pensées commencent déjà à vagabonder et il tente de les chasser, de la ranger dans un coin et de se concentrer sur son amant. Mais pas trop afin que les pensées ne reviennent pas l’envahir. Il se demande comment il va résister à ce corps qu’il a envie de toucher.
« Très bon choix de film. »
Wil ne veut pas gâcher le plaisir de Roman. Il lui suffira de prendre son mal en patience.
Son verre tinte contre celui de son ami. Puis, il fait lentement tourner le liquide dans son verre. Admire sa couleur. Hume les arômes qui s’en dégagent avant de le porter à ses lèvres. Le vin est effectivement délicieux. Il félicitera son caviste pour son aide.
« Tes préparations sont très appétissantes et devraient se marier parfaitement avec le breuvage »
Confortablement installé sur le canapé, il ouvre les bras pour y réceptionner Roman. Les images d’autres soirées passées avec Ruben arrivent dans sa mémoire et il gigote un peu, mal à l’aise. Tous ces souvenirs douloureux. Ces soirées si rares.
Il sourit malgré tout en songeant à ses parents.
« Mes parents travaillaient ensemble et le soir, ils étaient toujours, soit en grande conversation sur une exposition du musée, soit ils étaient le nez dans des livres d’art ou des biographies d’artistes et on pouvait entendre une mouche voler. Les murs étaient tapissés de bibliothèques débordantes d’ouvrages. Lorsqu’ils s’installaient devant un film, c’était toujours un film d’art et d’essai. Une œuvre iconique. Jamais pour la détente, du moins, comme certains l’imaginent. »
Il se met à rire avant de continuer
« Parce que pour eux, c’était une façon d’allier la détente à la connaissance. Je ne sais pas s’ils étaient capables de vivre sans art... »
Il se tait un instant et rajoute
« Je suis un peu comme eux, mais en moins mordu »
Les images de Ruben reviennent.
« Les dernières soirées à glandouiller devant un film sont … très loin »
Ses bras viennent enserrer un peu plus le corps musclé de Roman. Ces soirées sont lointaines et se déroulaient en compagnie de son ex-compagnon. Un autre temps. Une autre vie.
« Comme tu as pu t'en rendre compte, je suis rarement chez moi et encore moins à regarder un film. Grâce à toi, j’ai l’impression de mener une vie normale »
Avec Ruben aussi, il pensait mener une vie normale jusqu’à ce que tout parte en vrille, qu’il le trompe et que leurs descentes aux enfers commencent. Encore une fois les doutes l’assaillent et il tente de se reprendre mentalement en se disant qu’il ne commettra plus les mêmes erreurs.
Il dépose un baiser sur la mâchoire de Roman et murmure
« J’espère ne pas m’endormir devant ce chef-d’œuvre mais, je ne te promets rien. Le 7ᵉ art est celui dont je suis le moins investi »
Un léger haussement d’épaules en guise d’excuses avant qu’il ne rajoute sur un ton résolument taquin
« Tant que je ne ronfle pas, ça devrait aller, car même si j’ai tout du mec parfait, j’ai quelques défauts »
Un rire ponctue ses paroles avant qu’il ne vienne embrasser son hôte.
« Il ne me reste plus qu’à rester tranquille pendant la durée du film maintenant »
Wil n’ose pas penser à l’effort que cela risque de lui demander, sauf s’il s’endort avant et encore, dans son sommeil, il risquerait d’avoir les mains aventureuses surtout que les courbes de Roman l’inspirent beaucoup.
Il écarquille les yeux et ouvre la bouche tandis que Roman lui glisse une  de ses préparations dans la bouche.
« Humm, c’est vraiment délicieux »
Une fois la bouchée avalée, il rit puis lance
« Je ne m’attendais pas à ce que tu me nourrisses »
Un grand sourire barre toujours son visage.
« Tu me surprendras toujours et j’aime ça »
Un léger froncement de sourcils et il rajoute
« Sauf si tu penses que je suis trop vieux pour manger seul »
Ses prunelles rieuses démentent ses paroles mais, le galeriste est d’humeur taquine ce soir. Sûrement l’attitude de Roman qui a cet effet sur son caractère toujours un peu compassé.
Il retourne piocher dans le plat et croque dans un autre petit feuilleté. Une mine extatique se peint sur son visage. Il glisse ensuite l'autre moitié entre les lèvres de son amant.
"Chacun son tour"
Il y a la bouche pulpeuse. La peau dorée. Wil se retient de ne pas lui sauter dessus et tente un repli stratégique et civilisé.
Le film a commencé et il n’a encore rien regardé. Seul Roman l’intéresse. Il le trouve tellement plus sexy que Hanks qui d’après lui, a autant de sex-appeal qu’un poisson.

Roman partage le programme qu’il avait envisagé pour leur soirée. Il n’y a rien de figé. Ils peuvent avoir d’autres projets, s’adonner à d’autres activités que le visionnage de ce film qu’il apprécie sans être un grand adepte du 7ème art. Il a juste des habitudes ancrées à son histoire qui lui viennent naturellement et il les suit naturellement sans se poser de questions. Il a choisi ce film, car il le connait déjà et nécessitera pas qu’ils soient totalement absorbés par ce dernier pour pouvoir le suivre. Son idée est de passer un bon moment en compagnie de Wilfried, de lui offrir une parenthèse dans cette vie mouvementée qu’il mène au quotidien. Cela ne l’étonne pas qu’il n’a pas grandi dans le même environnement familial et avec les mêmes us et coutumes. Wilfried est un passionné, un travailleur acharné et il est doué dans ce qu’il fait. Seulement, il ne pense pas assez à lui, à sa vie en dehors de son travail et Roman a conscience que leur amitié lui a permis à plusieurs reprises de souffler, de se retrouver et de ressourcer. C’est tout ce qu’il souhaite pour son ami pour lequel il s’est pris à affectionner plus qu’un simple ami. Il a la même réaction avec Zaïn, lorsque ce dernier se plonge dans mil et un projet au point de n’avoir que peu de temps pour lui, pour sa vie personnelle en dehors de son rôle en tant que musicien, tatoueur et parent. Il en oublie l’homme qu’il ait et qui a besoin de sortir de ces rôles. Une affection et une attention toute particulière qui n’a pas la même essence que celle qu’il a pour le galeriste. Zaïn est son frère de cœur. Wilfried est un homme qui l’envoute et l’attendri par la même occasion. Il a ce quelque chose qui l’attire naturellement vers lui et contre lequel il ne lutte pas. Pas même envers son désir de lui qui s’éveille naturellement à ses côtés. Un rire s’épanche hors de ses lèvres lorsqu’il lui annonce qu’il est rarement chez lui et encore plus pour regarder un film. « J’avais cru le remarquer. » Il lui indique dans un petit sourire bienveillant avant d’ajouter. « Mais peut-être que tu devrais apprendre à le faire plus souvent. C’est important d’avoir un endroit où on peut abandonner les armes et arrêter de n’être qu’un rôle. » Il lui indique en venant presser sa cuisse avec douceur. « Promis, je ne t’en voudrais pas. Cela voudra dire que tu en as besoin et je n’ai aucun doute sur la question. » Il lui indique dans un sourire amical qui se renforce aux paroles de son ami. « Si tu ronfles, je pourrais te taquiner avec ça et rompre ton mythe d’homme difficile à cerner. » Il indique avant d’ajouter. « Bien que je te trouve très accessible avec moi. A moins que j’aie un pouvoir singulier sur toi ? » Il le questionne juste pour le plaisir de le taquiner alors que le contact des lèvres de Wilfried persiste sur les siennes. « Sois-toi-même avec moi, je ne demande que ça. » Il lui indique en venant doucement frôler sa mâchoire du bout de ses doigts alors qu’il vient s’emparer d’une empanada qu’il glisse entre les lèvres de son invité. Son action semble le prendre de court et Roman en joue, résolument détendu et bien à cet instant où il se laisse porter par ses envies et ses émotions. Il répond aux paroles de son ami et amant par un sourire franc et joueur. Un rire vient même ponctuer ses propos. « Tu es un vieux bien conservé alors ! » Il le taquine avec un sourire en coin alors qu’il l’observe se diriger vers les autres mets présents pour les dévorer. Roman le détaille avec intérêt, se rendant compte que Wilfried est différent de celui qu’il a rencontré au hasard d’une soirée, quelques mois auparavant. Ses traits sont moins ténébreux, son sourire se fait plus présent et sincère, illuminant ses traits et ses prunelles dans lesquelles il adore se perdre depuis quelques temps. Il le trouve beau dans cet accoutrement qui dénote résolument avec son style habituel. Il se retrouve rapidement avec une moitié de feuilletée glisser entre ses lèvres. Il le prend en bouche sans résister, laisse les saveurs exploser dans ses papilles alors qu’il sent le regard de Wilfried sur lui. Il sent la réserve qu’il s’intime à suivre et cela le chagrine, car elle révèle une crainte qu’il a encore ancré en lui de foutre tout en l’air. Il a toujours été capable de comprendre les autres, même mieux que lui-même, à moins que ce soit son affection pour le galeriste qui lui a permis de mieux le connaître. Cela l’attriste, il voudrait qu’il puisse se sentir enfin libre à ses côtés. Comment lui faire comprendre ? Il n’a aucune idée, mais une nouvelle fois ses lèvres viennent cueillir les lèvres de Wilfried dans un baiser tendre alors que sa main vient se nicher contre sa nuque. « Tu me plais, Wil. L’homme que tu es avec moi me plais. » Il lui indique en plongeant ses iris dans les siennes plus claires. « Tu es différent, plus détendu, plus libre alors ne te brides pas parce que tu as peur que je réagisse mal. On est tous les deux dans ce bateau et je souhaite que tu sois toi. Juste toi. Pas un autre. » Il lui indique dans un ton ferme, mais empreint de l’affection qu’il lui porte qui transluit dans la lueur de son regard. Il souhaite pouvoir lui donner les cartes en main pour qu’il puisse abandonner sa réserve. Il a conscience de lui laisser le champ libre pour bousculer les plans initiaux, mais cela ne le dérange pas. Il a peut-être besoin de cela pour abandonner la sienne et s’ouvrir à lui, pleinement et qu’ils deviennent peu à peu, un nous, soudés et qui s’aiment contre vents et marées.

Roman toujours blotti au creux de ses bras, Wil écoute les paroles de son ami. Le film ne l’intéresse pas plus que ça, mais il ne veut pas blesser Roman qui a pris soin de préparer cette soirée et puis, rien ne les empêche de parler. Il a envie d’en apprendre un peu plus sur cet homme dont il ne connaît pas grand-chose, il doit bien l’avouer.
Il le voit comme un homme sage et calme, mais il se doute qu’il ne doit pas y avoir que ça qui caractérise le musicien. Il songe aussi à sa fille. À la mère de celle-ci. Lui, n’a jamais été attiré par les femmes. Uniquement par les hommes donc, il n’a jamais eu besoin de se poser de questions. Comme souvent lorsque ses pensées touchent la sphère des sentiments, les doutes reviennent. Il remue légèrement, emporté par toutes ses contradictions.
Finalement, il finit par dire
« Je ne suis pas fan de Tom Hanks mais, je peux faire un effort pour toi »
Il dépose un baiser sur la mâchoire de Roman. Apprécie les contours virils de cet homme.
«  Cela me fait plaisir de passer ce moment avec toi et regarder, d’un œil distrait, le film »
Un grand sourire vient barrer son visage tandis que ses yeux se plissent d’amusement.
« Je n’y peux rien si mon regard est irrémédiablement attiré vers toi et que je n’arrive pas à me concentrer sur autre chose »
Il y a une grande part de vérité dans ce qu’il dit. Il rajoute, joueur
« Si, tes délicieuses préparations m’attirent aussi. Je dois avouer qu’un homme qui sait cuisiner, je trouve cela très sexy. Passer du temps à s’appliquer pour l’autre. Pour lui faire plaisir. J’apprécie, mais sans pouvoir rendre la pareille. Je devrais peut-être suivre quelques cours afin de te surprendre, un de ces soirs.»
Wil se met à rêver car, outre le fait qu’il n’a pas une minute à lui, il sait très bien qu’il va détester ça, se retrouver enfermer dans une cuisine. Néanmoins, cela serait un premier pas positif dans son envie de changement. Il faudra qu’il se renseigne. Son regard coule sur Roman et son sourire devient plus tendre. Il se sent bien avec cet homme et il se sent prêt à prendre un autre cap dans sa vie. Même à suivre quelques cours de cuisine. Il imagine la tête de Kate. Pas certain qu’elle survive à la nouvelle lubie du galeriste. Pas certain que lui-même y survive.
« D’ailleurs, je goûterai bien à ça »
Il tend l’index pour désigner un petit cube qui lui semble absolument délicieux.
Le film défile sans qu’il ait écouté la moindre parole, ni regarder la moindre image. Seul Roman capte son attention. Absorbe toutes ses pensées.
« J’aimerais bien que tu me parles de toi. De ta vie. De tes projets en dehors du refuge. Je suis curieux je dois avouer et on n’a pas toujours le temps de se poser pour discuter. Surtout comme ça, sans personne autour de nous. »
Wilfried a l’impression que Roman en sait plus sur lui, que lui sur le musicien. Pas que cela soit gênant mais, il y a beaucoup de blancs qu’il aimerait combler.
« Je peux éventuellement répondre à tes questions, si tu en as, même si j’ai l’impression que tu connais tout de moi. En particulier de ma façon désastreuse de gérer mes relations amoureuses, ce qui ne plaide pas en ma faveur »
Un petit amer s’échappe de ses lèvres. C’est parce qu’il ne veut pas renouveler le fiasco qu’il a vécu avec Ruben que Wil n’hésite pas à être franc, même cassant envers sa personne.  
« Je peux rajouter que j’ai noyé ma bêtise dans l’alcool, mais que je ne suis pas un alcoolique pour autant. Pas même un alcoolique mondain »
Il sourit et effleure d’un baiser les lèvres pulpeuses de son amant, se retenant d’en quémander plus.
« J’ai l’impression que tu ne connais que mon mauvais côté. Mes plus bas instincts. Rien de très reluisant et pourtant ... »
Son étreinte se resserre légèrement tandis qu’il murmure
« Tu es le seul à voir ce qu’il a de bon en moi. Mes côtés positifs. Je me sens un autre homme, meilleur, grâce à toi. Merci »
Un petit rire arrive tandis qu’il rajoute
« Comment veux-tu que je ne sois pas accro »
L’ancien Wil aurait basculé le jeune homme pour l’écraser de son poids. Pour pouvoir jouir de ce corps qui lui donne des bouffées de chaleur rien qu’en le regardant. Pour apaiser ce feu qui brûle en lui depuis qu’il l’a croisé. Le nouveau Wil préfère attendre. Se ressaisir. Chasser les pensées lubriques de son esprit, pour cela, il lui suffit de jeter un regard sur le film et son acteur principal pour que sa libido retourne frôler le zéro. Ou presque. Le pouvoir de Roman est malgré tout plus fort que Forrest Gump. Heureusement. Le nouveau Wil ne peut s’empêcher de l’embrasser. De fondre de désir malgré toutes ses bonnes résolutions. D’en vouloir forcément plus, mais de savoir résister.
Il se redresse légèrement, arbore un sourire sur ses lèvres et ne dit rien. Il ne sait ou n’ose pas formuler ses envies.

Tu es le seul à voir ce qu’il y a de bon en moi. Mes côtés positifs. Je me sens un autre homme, meilleur, grâce à toi. Merci. Ses paroles le troublent. Il a du mal à croire qu’il soit le seul à voir les bons côtés de cet homme. Il est forcément un homme bon pour que malgré ses erreurs, ils ne tournent pas le dos à ses responsabilités. Il les accepte, ne les camouflent pas derrière des mensonges. Il est son premier juge. Le plus impitoyable et intransigeant aussi. Il semble sûr de lui, mais sa confiance en lui s’est ébranlée depuis son erreur, l’accident de Ruben. Cela, Roman a pu en prendre conscience car Wilfried s’est ouvert à lui, a dévoilé le trou béant qu’il avait au fond de sa poitrine. L’âme d’un homme profondément amoureux, mais déchiré, détruit et résolument perdu. « Je ne fais que voir celui que tu es vraiment Wilfried. » Il lui indique avec fermeté, car il ne souhaite pas qu’il le remercie de la sorte. Sa main vient retrouver la sienne pour mêler ses phalanges aux siennes. « Tu l’ignores sans doute, mais malgré tes erreurs, qui prouvent que tu n’es pas parfait, tu étais et reste un homme qui a beaucoup à offrir et qui mérite qu’on lui offre également le bonheur. » Il continue alors que le bout de ses phalanges caresse la chair accessible de sa menotte.  « J’ai envie de faire partie de cette aventure. Je pense que je l’ai tout de suite senti lors de notre rencontre et que ton regard s’est plongé dans le mien. Tu avais besoin que quelqu’un te montre que tu n’étais pas ce monstre que tu t’étais persuadé d’être, rongé par ses erreurs. Je n’ai fait que te montrer le chemin et je me suis attaché à l’homme que tu es. Je t’ai peut-être apporté l’équilibre nécessaire pour que tu ailles de l’avant, mais je ne suis pas aussi exceptionnel pour changer l’âme de quelqu’un. » Il ajoute en venant plonger ses prunelles dans les siennes pour déposer un baiser contre son épaule, plein d’affection. « Des erreurs, on en fait tous, des secrets, on en a tous, moi le premier. Je ne suis pas parfait non plus. » Sa voix se fait plus amusée alors qu’il vient porter leurs mains à ses lèvres pour déposer un doux baiser. « Je suis quelqu’un de secret. Tu vas devoir avoir de la patience pour me sortir certaines vérités. » Il lâche dans un petit sourire. « Je n’aime pas parler de moi. De mon passé. Il n’y a pas de monstres dans mes placards, mais c’est juste que ce n’est pas mon genre d’étaler mes sentiments. La musique est mon seul exutoire. Si tu veux me connaitre, il faut écouter mes morceaux. Mes déclarations d’amour, de mes peines passées. Ma musique ne ment pas. Elle révèle qui je suis. » Il ajoute dans un petit sourire. « Tu as dû avoir l’habitude de ce discours avec Ruben. Il y a beaucoup de compositions dont la musique parle de toi. » Il lui indique comme une vérité. Roman s’est naturellement intéressé à Ruben, à sa musique pour découvrir l’artiste qu’il était en dehors du prodige de la musique classique. Ses compositions étaient intenses avant son accident. Il y a une fougue et une passion dans le toucher de ses notes, mais également une douceur extrême. Ces morceaux, étaient des déclarations vibrantes de son amour pour l’homme qui partageait sa vie en secret. Du moins, c’est ce qu’il a ressenti à leur écoute. « J’ai vraiment aimé qu’une fois comme je te l’ai déjà avoué à Noël. Alexander. Même si je l’ai mal aimé, mais je l’aimais assez pour le voir partir, me quitter pour se préserver. » Il ajoute avant de poursuivre. « Cette expérience m’a fait prendre conscience que j’avais été aveuglé par mes préceptes au détriment de mes sentiments. Aujourd’hui, j’aspire seulement à construire une relation stable. Ne plus me laisser contrôler par mes angoisses et doutes, mais m’ouvrir quoi qu’il m’en coute avec la personne avec qui je suis. Je n’ai pas de grandes aspirations. Je veux qu’Isabel vive dans un environnement sain, auprès de personnes qui l’accepteront toujours telle qu’elle est, malgré ses défauts et ses erreurs, sans la juger. Je souhaite pouvoir continuer à créer, à jouer dans des bars ou dans des salles de spectacles pour le plaisir de partager ma musique, de la faire connaître. Pouvoir passer des soirées comme celles-ci ou en bande avec mes amis avec la personne que j’ai choisi. Ne plus jamais abandonner face à l’adversité et juste profiter de la vie sans rien attendre en retour. Laisser l’amour cicatriser des anciennes blessures. » Il lui indique avant de murmurer contre ses lèvres. « Et cette personne, c’est toi si mes projets peuvent te convenir. »

Wilfried aime ce moment de confidences. D’échanges. Ce moment où l’on se dévoile à l’autre. Une autre façon de se mettre à nu. De se découvrir autrement. Les faiblesses affleurent à la surface des mots. Les désillusions aussi. Le galeriste écoute et les paroles de Roman l’apaisent, comme c’est souvent le cas. Il y puise une force dont il se nourrit. S’enrichit. Aux côtés de cet homme, il se sent bien. Grandit. Pas forcément plus sûr de ses actes, mais il sait qu’il peut verbaliser ses doutes sans en avoir honte. Il s’étonne aussi d’être source d’inspiration et n’a aucune envie d’entendre les dernières compositions de son ex-compagnon si c’est lui qui l’a inspiré.
Wil ne fait que vendre de l’art. Il met en évidence le talent des autres sans en posséder lui-même. Ce n’est pas un créatif.
Il murmure, un brin amusé
« Je n’ai de talent que pour dénicher des caleçons licornes et des polos roses »
Contre son torse, le corps de Roman. Abandonné et désirable.
« Oh... »
Pour l’instant, c’est la seule chose qu’il peut répondre à la déclaration de son ami. L’entendre parler de projet de vie réveille en lui ce qu’il souhaite depuis longtemps. Un foyer paisible. Un compagnon aimant et qui n’aurait pas honte de sortir et de se montrer. Qui assumerait ses choix. Son choix d’aimer et de vivre avec un homme.
« Tes paroles, c’est tout ce que j’ai jamais espéré et les entendre, c’est comme me prouver que j’ai eu raison de croire que c’était possible. Tu sais que je n’aspire qu’à cela et si en plus, cette personne c’est toi, je crois que je pourrais être le plus heureux des hommes »
Le baiser furtif de Roman, Wil le transforme en un baiser plus langoureux. Plus profond. Un baiser qui traduit tout son attachement. Son envie de partager cette aventure et sa vie avec cet homme qui a su trouver les mots pour le ramener à la vie.
Il se détache à regret et parle, d’une voix chevrotante d’émotion.
« Je ne pensais, ni ne croyais plus pouvoir retrouver ce genre d’émotions mais, grâce à toi, j’ai l’impression d’avoir un avenir. J’ai envie de me projeter. D’envisager autre chose qu’une vie de labeur, solitaire. J’ai envie de croire en nous et je ferai tout ce qu’il faut pour ne pas te décevoir »
Là encore, il tient à assurer son ami qu’il ne commettra plus les mêmes erreurs. Que le dialogue fait maintenant partie de sa façon d’agir. Un grand sourire arrive sur ses lèvres et Wilfried sent un poids s’envoler. Il se sent enfin libre de refaire sa vie. D’avoir des projets. Tout lui semble possible. Un nouveau départ, plein de promesses. Même Tom Hanks a retrouvé grâce à ses yeux, ce qui était loin d’être gagné, ce n’est pas pour autant qu’il lui accorde son attention.
« Il faudra aussi que tu m’apprennes à ne rien faire ou à regarder un film avec toi. Comme tu peux le constater, ce n’est pas une chose que je sais faire, et si j’ai un homme séduisant dans les bras, c’est carrément mission impossible »
Cette fois, il se met à rire en se disant que ce n’était pas très difficile d’avouer son manque d’aptitude à la concentration. Il plaque un peu le corps musclé de Roman contre le sien et vient murmurer dans son cou, embrassant en même temps la peau chaude.
« Je crois qu’il y a beaucoup de choses que tu vas devoir m’apprendre, car cela fait très longtemps que je ne vis plus comme je le devrais et en contrepartie, je te ferai découvrir mon monde. Je ne pourrais m’arrêter de sortir, d’aller voir des expos, ni de recevoir. Est-ce que le rôle de maître de cérémonie à mes côtés te conviendrait ? Tu peux y réfléchir. Rien ne presse. »
Il lui adresse une mimique absurde mais, sa demande est sérieuse. Son étreinte se resserre un peu comme s’il avait peur que son ami s’en aille. S’évapore ou change d’avis. Alors, il le fait basculer en arrière et par une contorsion qu’il serait bien incapable de décrire, il fait passer Roman sous lui. Son rire couvre la bande son du film. Il est assez fier de son exploit et l’amusement se lit franchement dans ses prunelles. Le désir aussi. Toujours présent. Jamais très loin lorsqu’il est avec Roman.
Ses mains emprisonnent le visage du brun. Il aimerait ne plus parler et laisser son corps et son désir agir mais, sa raison refuse ce laisser-aller. La peur aussi n’est pas loin. Celle du faux-pas. Pourtant, les paroles de Roman semblent aller dans le même sens que les souhaits du galeriste.
« Est-ce que tu me donnes la permission de continuer... »
Un baiser vient clôturer sa demande. Sans l’accord de son ami, il n’entreprendra rien de plus.

Tu sais que je n’aspire qu’à cela et si en plus, cette personne c’est toi, je crois que je pourrais être le plus heureux des hommes. Il perçoit l’émotion dans la voix de Wilfried, dans la fébrilité de son regard lorsqu’il lui révèle cette vérité. Une vérité qui le prend de court et qui vient accentuer son propre émoi. Il y a une émotion absolue dans cette affirmation. Une affection qu’il a développé à son égard, tout comme lui. Ils n’osent pas encore la qualifier, mais elle transparait dans le moindre de leur frôlement, de leur sourire et des regards qu’ils se lancent. Le baiser qu’ils échangent, initialement léger, se fait plus intense tandis que l’émotion leur prend les tripes. Son myocarde devient une bombe prête à exploser dans sa cage thoracique tant ce regard le bouleverse. Cet homme a un pouvoir étourdissant sur son âme qui se sent vibrer avec une fébrilité déroutante. Il l’a ému dès le premier jour et il s’est immiscé dans sa vie comme un nouveau souffle de vie même si à cet instant, l’oxygène semble se rarifier. Les déclarations de Wilfried sont poignantes. Il sent la sincérité dans cette voix chevrotante qui lui confère bien trop de louanges qu’il lui semble en mériter. Wilfried a toujours eu un avenir, a toujours eu la possibilité de croire en l’avenir et à avancer. Il était déjà en train d’avancer lors de leur rencontre, prêt à accepter les conséquences de ses actes, de la déchirure qu’une rupture allait provoquer sur son âme. Il n’est jamais revenu en arrière, n’a pas flancher à chaque rencontre avec Ruben malgré ce que ses sentiments et ses pulsions lui indiquaient. Roman a pu le voir de ses yeux, simple spectateur de ce drame, d’une histoire qui n’aurait pas d’issue heureuse tant que les protagonistes en venaient à se faire saigner à chaque regard, à chaque contact. Ce drame, qui a été également le sien, lorsque son refus a blessé l’âme de celui qui s’était invité dans sa vie. Laisser partir l’autre est parfois la plus belle preuve d’amour lorsqu’on ne sait plus trop comment l’aimer correctement, comment le rendre heureux. Parfois, c’est une parenthèse pour mieux se retrouver, des points de suspension lorsque le destin demeure incertain même dans les bras d’un autre ou simplement un point final à ce qu’on a été pour l’autre. Wilfried le sait autant que lui. C’est un pari pour s’assurer que l’autre retrouvera le sourire et sa propre voie. Le pari qu’ils ont pris. Ce sourire en vaut la peine, tout comme la lueur luisante de ses saphirs qui l’observent avec intensité, provoquant sa propre émotion, la contraignant à se révéler. Son rire vient faire écho au sien. « Tu sembles pourtant bien t’en sortir, mais peut-être qu’il me faudra trouver une stratégie pour te permettre de juste te détendre. » Il lui indique dans une voix à la fois amusée et étriquée par l’émotion qui le prend en grippe. Surtout lorsque ses lèvres viennent effleurer son cou avec cette sensualité qui éveille ses sens, les rendent à fleur de peau. Son souffle se raréfie tant Wilfried envahit chaque pore de son être. Ses déclarations le désarment et l’enivrent à la fois. Initier l’autre à son univers, lui laisser trouver sa place et s’épanouir à ses côtés semble une volonté commune. Accepter est une évidence même si cela veut dire qu’ils devront s’adapter, dépasser certaines inquiétudes, mais ils sont à deux dans cette aventure, solide comme un roc tant qu’ils continueront de communiquer, de s’accepter avec bienveillance sans demander à l’autre de changer. Il n’a pas le temps de répondre qu’il sent son amant œuvrer modifier leur position, s’imposer à lui sans aucune obligation. Son mouvement est ample, bien que déterminé et lorsque sa silhouette longiligne vient recouvrir la sienne, il sent ce brasier reprendre vie sans tenter de l’éteindre. Wilfried demande sa permission comme s’il craignait qu’il puisse le rejeter. Reliquat d’une âme que l’amour a brisé en ne sachant pas comment le faire correctement. Ses doigts viennent naturellement à son tour trouver les traits de son visage pour leur offrir une réponse, une caresse. Ses lèvres répondent à ce baiser alors que ses phalanges glissent dans sa chevelure avec tendresse. « Tu n’as pas besoin de la demander, je te la donne. Je te fais confiance, Wil. » Il murmure contre ses lèvres en venant chercher son regard tout en caressant sa nuque. Ses lèvres viennent naturellement retrouver les siennes alors qu’il s’autorise à laisser ses phalanges retrouver les formes svelte et longiligne de son amant. Le toucher est délicat, aussi tendre que lors de cette nuit où les lignes de leur relation a bougé. Aujourd’hui, il est moins timide, car il a accepté son attirance pour cet homme, par ce désir qu’il provoque en lui lorsque les étreintes se font plus intimes. Ses doigts glissent même sous le tissu du polo rose pour frôler sa colonne vertébrale, savourer les frisons que ses gestes provoquent sur son échine chaude et doucereuse sous son contact. Son corps n’a rien à lui envier. « Je suis déçu que tu n’ais pas mis mon boxer favori. Il va falloir que tu remédies à ça la prochaine fois. » Il lui murmure dans un rire complice alors qu’il remonte ses phalanges sur ses omoplates en retroussant le haut juste en haut. Le film tourne toujours, mais leur attention est totalement déviée par la présence de l’autre. « Je pense qu’on peut mettre notre visionnage en pause et retrouver mes quartiers. » Il lance dans une petite boutade à l’attention de son amant qui dispose d’une demeure aux dimensions démesurées contrairement à la sienne. Un moyen de le faire rire et de rendre l’échange complice tel que lui le désire. L’acte charnel n’a pas à n’être que passionnée. Il peut être la communion de leurs âmes. « A moins que ne veuille poursuivre le visionnage de cette œuvre du 7e art ? » Il le questionne de son expression mutine, résolument détendu bien que son désir se perçoit dans la lueur de ses rétines, dans la manière que ses phalanges effleurent le grain de sa peau accessible en le maintenant contre lui ou dans les battements effrénés de son myocarde. Il se sent à sa place et ses doutes se dissipent lorsqu’il est à ses côtés. C’est si facile de se laisser porter par ses émotions.

Il ne peut s’empêcher de sourire aux remarques pleines d’humour, mais aussi de sous-entendus de Roman. Entre deux baisers, il murmure
« Je bouleverse tous tes plans pour la soirée sauf si c’est ce que tu avais prévu. Mettre un film qui traîne en longueur et m’aguicher avec tes sourires enjôleurs »
Un rire coupe sa tirade.
« Tu sais que je suis faible face à toi. J’ai tenté de résister mais, au vu du résultat, on peut dire que tu m’intéresses mille fois plus que Tom Hanks »
Ses mains viennent encercler le beau visage de son compagnon tandis que ses iris clairs plongent dans ceux de Roman.
« Aller plus loin, ce n’est pas uniquement parce que tu es terriblement sexy- enfin, ça y contribue »
Un petit rire joueur ponctue sa phrase avant qu’il ne redevienne plus sérieux.
« Je plaisante mais, pour moi, c’est important. Cela constitue un engagement. J’ai envie que tu partages ma vie. Que tu en fasses partie intégrante. Que tu deviennes mon compagnon. Mon homme. Appelle ça comme tu veux »
Il dépose un baiser sur la bouche de Roman comme s’il concluait ainsi un pacte. Qu’il scellait un accord.
« Je veux vraiment m’engager à tes côtés »
Wilfried a besoin de formuler tout ce qu’il ressent. Cela n’est pas un exercice facile mais, il tient à le faire afin d’être certain qu’ils veulent bien la même chose tout les deux.
Lorsque les bouches se mêlent, plus rien n’existe autour d’eux. Le bruit de la bande-son s’est évanoui. Seuls les battements de son cœur remplissent sa tête. Il y a aussi des mots murmurés. Des caresses. Des étoffes qui glissent sur les corps pour s’échouer au sol en un bruissement sourd. Les épidermes qui frissonnent en se redécouvrant. Il y a l’excitation et l’angoisse. Le désir et plus que ça. Il y a les sentiments qui se dévoilent. Qui affleurent et éclosent à la surface de sa conscience.
Autour de lui, le décor a changé. La pénombre de la chambre a fait place à la luminosité du salon. Il n’y a plus de bruit. Seules les respirations emplissent l’espace, coupées parfois par des paroles. Des mots murmurés contre la peau. Contre une bouche. Des baisers échangés. Des frissons qui parcourent les échines. Des soupirs de bonheur. De plaisir.
Ils créent et inventent leurs moments.
Wilfried est heureux et il le dit. Allongé contre Roman, le cœur qui bat la chamade. Les mains légèrement tremblantes. Un raz de marée d’émotions en lui. Il prend son temps. Il tient à faire de ce moment quelque chose d’unique. Les bases d’une relation qu’il veut solide. Les contours du corps de son amant en clair-obscur mettent son désir à l’épreuve. Du bout des doigts, il dessine les courbes masculines qui lui plaisent tant.
« Tu es superbe même sans ton boxer licorne »
Une pointe d’humour dans tout ce désir qui l’inonde. Ses caresses et la lueur qui brille dans ses yeux viennent confirmer ses paroles. Son érection aussi.
Les gestes s’enchaînent naturellement, ponctués par les soupirs de plaisir. Les corps se meuvent à l’unisson. Les peaux s’échauffent. Se collent. Chacun trouve son rythme. Chacun retrouve l’autre comme s’ils ne s’étaient jamais quittés. Les corps s’apprivoisent. Les souffles se confondent. Le temps s’étire.
Il y a ce feu, au creux de ses reins. Le corps de Roman, offert sous le sien. Puis, la sensation de ne faire qu’un. L’union. La possession. L’abandon. Chacun se donne. Il n’y a plus de retenue. Plus de non-dit. Les silences sont éloquents. Plein de promesses.
L’odeur des corps emmêlés efface tout le reste.
Wilfried est comme dans un rêve. Son corps agit. Son esprit bourdonne de désir et de plaisir. Tout explose en lui. Les sensations le submergent. Ses mouvements s’intensifient. Les baisers s’échangent au milieu des murmures. Sa peau moite colle à celle de son partenaire.
Dans sa tête des couleurs éclatent, un râle s’échappe, mais il serait incapable de dire si c’est lui ou son amant qui a émis ce son. Tout se mélange, comme son cœur dans sa poitrine et leur plaisir qui se répand. Le sien dans son enveloppe de latex, celui de Roman, sur les épidermes surchauffés.
Épuisé, repu, heureux, il bascule sur le côté tout en emprisonnant Roman dans ses bras. Il ne peut se résoudre à le laisser s’éloigner. L’intensité du moment n’est pas encore redescendue et Wilfried ne veut pas qu’elle s’évanouisse tout de suite. Il tient à savourer encore un peu ce moment. L’imprimer dans sa mémoire afin de le recréer encore et encore. En faire un éternel recommencement, une éternelle découverte.
Il dépose un baiser sur les lèvres gonflées du brun. Ses muscles sont douloureux. Son corps fourbu. Il se sent bien. Extraordinairement bien. Vivant. Aimé. Aimant. Il ne prononce pas ces mots, car ils ne font que se former dans son esprit. Une ébauche délicate et fragile qu’il ne veut pas précipiter ni brusquer. Les sentiments sont là, tapi au creux de sa poitrine. Seules les respirations brisent le silence. Les seuls mots qui franchissent ses lèvres sont « J’ai faim » suivi d’un rire et d’un baiser sonore qu’il vient claquer sur les lèvres de Roman.
Wilfried a toujours besoin de temps avant que les mots reviennent. Que la parole reprenne ses droits sur les gestes et les regards.
« J’ai adoré ce que l’on a partagé. J’espère qu’il en va de même pour toi »
Rien ne semble prouver le contraire, mais il ne peut s’empêcher de demander afin d’être rassuré.
Son corps poisseux est toujours collé contre celui de son amant, tout aussi poisseux que lui. Il aime ce contact. Sa main caresse distraitement le dos de son partenaire. Il sent son corps doucement se relâcher. Ses muscles se détendre. Il se laisse envahir par une plénitude qu’il n’avait pas ressenti depuis trop longtemps. Un sourire étire ses lèvres tandis qu’il murmure
« Je veux bien aller regarder la fin du film et continuer la dégustation de tes délicieuses préparations maintenant »
Une lueur taquine éclaire ses prunelles tandis qu’il resserre son étreinte sur le corps de Roman.