all good things are wild and free (kezai 12)

Bon. J’ai mis du temps, mais j’ai trouvé. J’espère juste que ça lui plaira. De nous deux, c’est plutôt moi la princesse, qui aime le luxe et les jolies choses. A la base, j’étais partie sur un super hôtel, et puis je me suis perdue dans les suggestions Pinterest, et j’ai finalement loué une bagnole et une tente de toit. Quand je vous dis que c’est n’importe quoi. Mais au moins, on pourra se poser quand on veut, où on veut. On aura de quoi aller se balader prendre du temps pour nous, pour nous ressourcer, sans trop forcer non plus. C’est le bon compromis. J’envoie un message à Kezia pour lui dire de préparer ses affaires. Un sac à dos avec un maillot de bain, et des affaires confortables. J’ai acheté des chaussures de randonnée pour nous deux, et pas mal d’accessoires. Tout est prêt, la voiture m’a coûté une blinde vu que je suis encore jeune conductrice, mais rien à foutre. On a qu’une vie, merde. Et puis, je crois que faire des folies pour elle, ça date pas d’hier. Je gare la voiture devant chez mon père, il est dehors en train de jardiner. « Vous partez à l’aventure ? » Je place mon doigt sur mes lèvres pour lui dire de ne pas ébruiter ce que je vais lui dire. « On va à Yosemite. Elle sait pas. Chut ! » Mon père et ma belle mère ont été témoins des hauts et des bas de notre relation avec Kezia. Ils ne savent pas ce qui a pu nous lier d’aussi intime, et heureusement. Mais ça ne les étonne pas que nous partions toutes les deux à l’aventure quelques jours. Je croise ma belle mère qui me prend délicatement dans ses bras, avant de me dire que Kezia ne devrait plus tarder à descendre. Lorsqu’elle descend, même si elle est habillée tout a fait normalement, j’ai l’impression d’être ce gars dans les films à l’eau de rose, qui vient chercher la nana qu’il kiffe pour le bal du lycée, et elle qui descend les escaliers avec sa robe meringue. C’est idiot, je dois avoir l’air con. Mais merde, elle est quand même beaucoup trop belle. « Prête pour l’aventure ? » que je lui demande en lui souriant largement. Elle est radieuse, et ça fait du bien à voir. « Promis on fait attention, et on revient en un seul morceau ! » Autant rassurer nos parents. Une fois dehors, je présente à Kezia notre voiture de compète, une Jeep Renegade noire flambant neuve, avec un coffre de toit. Je garde la surprise. « Votre carrosse est avancé mademoiselle ! » Je fais le tour et lui ouvre même la portière, déposant un baiser sur sa joue. C’est parti. On a un peu plus de quatre heures de route pour arriver, c’est raisonnable.

Depuis que je sais que je vais partir quelques jours avec Kai, je suis toute excitée. Les douleurs de mon hospitalisation commencent à s'estomper, et c'est plutôt une bonne chose. Pour le reste, je fais de mon mieux pour ne pas trop y penser. Je suis consciente que ça sera toujours là, au plus profond de moi. Ça fait partie de moi maintenant. Comme cette cicatrice sur mon corps qui continuera de me le rappeler. Mais ma demi-sœur arrive à me faire tout oublier, ou presque. En tout cas, quand je suis avec elle, je me sens mieux. Apaisée. Et j'ai envie de profiter de ces quelques jours loin de L.A. pour ne penser à rien d'autre qu'à moi, à nous. Pour déconnecter complètement. Je ne sais pas trop à quoi m'attendre - par rapport à ce qui pourrait éventuellement se passer entre nous ou pas, mais il y a forcément Bali dans un coin de ma tête... et les souvenirs qui vont avec. Je ne peux m'empêcher d'y repenser. Et ça serait mentir que de dire que je n'espère pas secrètement que cette escapade finisse par nous rapprocher de nouveau. Même si ça reste compliqué, et que ça le restera sans doute encore longtemps. J'ai préparé quelques affaires dans un sac, des habits confortables et un maillot de bain comme Kai me l'a demandé. Mais je n'en sais pas plus pour l'instant. Elle ne m'a rien dit d'autre, laissé aucun indice pour m'aiguiller sur notre destination. Surprise. Bon ok, je lui fais totalement confiance. Même si ça ne m'empêche pas de rester curieuse quand même. Je suis désormais prête, et descends la rejoindre un large sourire aux lèvres. « Prête pour l’aventure ? » Je hoche vivement la tête déjà impatiente de partir alors que Kai en profite pour rassurer nos parents. Après ce qu'il s'est passé avec moi, c'est normal qu'ils soient un peu anxieux. « Promis on fait attention, et on revient en un seul morceau ! » Les frayeurs, c'est fini hein, j'ai déjà eu ma dose. Une fois à l'extérieur de la maison, mon regard se pose directement sur la Jeep flambant neuve qui nous attend. Ah oui quand même, elle n'a pas fait les choses à moitié. « Votre carrosse est avancé mademoiselle ! » Elle joue les gentlemans, et je ne peux m'empêcher de rire. Elle est tellement parfaite. « Haaan mais t'es pas sérieuse là ? » Je désigne d’un signe de tête la voiture avant d'ajouter. « Elle est trop belle !!! » Je suis encore plus impatiente de savoir ce qu'elle nous a réservé maintenant. Je grimpe à l'intérieur, balançant mon sac à dos sur les sièges arrières. Kai ne semble toujours rien vouloir me dire, alors que je remarque que notre destination est déjà ajoutée dans le GPS. « Tu comptes vraiment rien me dire alors ? » Je tente de lui faire mon petit regard de biche auquel elle a du mal à résister, mais ça n'a pas l'air de fonctionner. « Allez, sérieusement. » Elle joue avec mes nerfs et en rajoute même avec son petit sourire en coin. « Ok, je note. Tu me le payeras. » Je croise les bras sur ma poitrine faisant semblant de bouder pour le reste du voyage. Finalement je m'endors comme une masse, encore bien fatiguée, avant d'ouvrir difficilement les yeux lorsque la Jeep finit par s'arrêter. J'ai été une piètre copilote sur ce coup-là.

« Haaan mais t'es pas sérieuse là ? Elle est trop belle !!! » Je suis contente du petit effet que vient de provoquer la vision de cette super grosse bagnole, pour juste nous deux. Mais ça claque, c’est clair ! Et encore, elle n’a pas tout vu. « Tu comptes vraiment rien me dire alors ? » Elle me sort son regard de biche, avec ses grands yeux et ses longs cils. Mais raté, ça ne fonctionne pas. Ou disons que si, ça fonctionne, mais que je tiens bon, même si c’est difficile. « Rien pour le moment ! » Je veux garder la surprise le plus longtemps que je peux. Et elle aura des surprises tout au long de notre road trip. Elle tente encore, mais je secoue la tête, amusée, alors que je prends le volant pour commencer notre voyage, juste elle et moi. On aurait pu partir en avion, choisir une destination plus loin, mais nous n’avons pas un temps extensible avant mon prochain shooting. Pourtant, je voulais vraiment trouver un endroit assez dépaysant pour lui changer les idées, j’espère que ça lui plaira. Kezia fait semblant de bouder, et moi ça me fait craquer. Mais pas au point de lui dire où on va. Je ne céderai pas. Finalement elle s’endort, et c’est tant mieux, qu’elle prenne le plus d’énergie possible. Je baisse un peu le son pour ne pas la déranger dans son sommeil, et avale les quatre heures de route très facilement. Visiblement, elle avait besoin d’une deuxième nuit. Je sais qu’elle dort mal en ce moment, j’espère qu’elle dormira bien dans la tente de toit. Je m’arrête mettre un peu d’essence, ce sera toujours ça de fait pour le retour. Au passage, j’en profite pour nous acheter quelques cochonneries à la station, et quand je rentre dans la voiture, Kezia est réveillée. Je lui offre un large sourire. « Bien dormi, Aurora ? » Ma belle au bois dormant à moi. Même si à cette pensée, une petite part de moi semble frustrée de ne pas avoir été celle qui l’aurait réveillée de son sommeil profond. « On est bientôt arrivées, encore quelques kilomètres et on lève le voile sur la surprise. » Les panneaux ne sont pas en ma faveur, il y a écrit ‘ Yosemite national park ’ un peu partout, c’est grillé. « J’espère que tu y es jamais allée ? » que je lui demande en espérant qu’elle me dise que non. J’y allais petite avec mes parents, avant le divorce. Après, tout a été différent. Mais j’ai encore de très bons souvenirs, j’espère que je retrouverai les sentiers qui menaient à des endroits vraiment paradisiaques. A l’entrée, je montre mon bon de réservation et on nous laisse entrer. On ne pourra pas aller partout avec la voiture, mais il y a de quoi trouver de bons spots pour la nuit, sans être entourées de trop de gens. Voire seule au monde, ce serait l’idéal. J’espère au moins que l’endroit lui plaira, mais c’est déjà tellement beau, et elle ne se doute pas de ce que cette réserve naturelle peut bien regorger. « Pas déçue ? »

Bon ok, je crois qu'elle ne cédera pas. J'ai beau tout essayer, rien n'y fait. Kai n'a pas l'intention de me dire quoi que ce soit. Pas même un petit indice. Non rien. Tant pis pour moi, je vais devoir être patiente. C'est pas le plus grand des mes atouts mais on va faire avec. En même temps c'est pas comme si j'avais le choix. J'en profite pour me reposer un peu les yeux dans la voiture. J'ai encore du sommeil à rattraper, et si je veux pouvoir profiter au maximum de notre séjour, il faut que je sois un minimum en forme. Et finalement je tombe comme une masse. C'est plus un petit repos de rien du tout là, c'est carrément une deuxième nuit. Si bien que lorsque je me réveille, la voiture est arrêtée. J'ai dormi combien de temps au juste ? Est-ce qu'on est déjà arrivées ? A moins que notre destination finale se résume à une station service, je suppose que non. « Bien dormi, Aurora ? » Kai fait son apparition, et je ne peux m'empêcher de sourire tout en hochant un peu la tête. « Comme un bébé. » Je me sens en pleine forme, encore plus impatiente de savoir où on est. « J'suis désolée, je t'ai un peu abandonné. » Je ris un peu faisant la moue. Elle n'avait à priori pas besoin de moi pour la route, mais même en guise de soutien je lui ai servi à rien. Oups. « On est bientôt arrivées, encore quelques kilomètres et on lève le voile sur la surprise. » Mon regard a déjà croisé quelques panneaux sur la route alors qu'un large sourire vient illuminer mes lèvres. Le parc national de Yosemite. « J’espère que tu y es jamais allée ? » Je secoue la tête à la négative sans détourner le regard de la fenêtre passager. « Non, c'est une grande première. » Et franchement je suis super contente ! Je vous ai déjà dit que Kai était parfaite ? Ouais surement. Mais là, elle dépasse clairement la perfection. Les paysages qui nous entourent sont déjà magnifiques, et on vient à peine de rentrer dans le parc. « C'est magnifique ! » La nature regorge tellement de belles surprises. « Pas déçue ? » Je tourne la tête pour croiser son regard, ma main venant se poser sur sa cuisse. « Comment je pourrais être déçue franchement ? » Je me rapproche et lui vole un baiser sur la joue. « Je n'aurais pas pu rêver mieux. » C'est exactement ce dont j'avais besoin pour souffler. Se retrouver en pleine nature comme ça, c'est juste... waouh. Je crois me souvenir qu'elle est déjà venue ici avec ses parents quand elle était petite. Cette fois, c'est elle qui va me faire découvrir les lieux. On échange les rôles après Bali. Et je suis encore plus excitée à l'idée de pouvoir partager des souvenirs de son enfance avec elle. « T'as prévu un plan ou on se la joue aventurières freestyle ? » Elle se souvient peut-être des spots intéressants à ne pas manquer. « Tant que tu m'abandonnes pas en haut d'une falaise, je te fais confiance. » On sait jamais, si elle avait une soudaine envie de se débarrasser de moi.

Elle dit avoir dormi comme un bébé, et ça ça me fait plaisir. Non seulement parce qu’elle a rechargé les batteries, mais aussi parce que ma conduite n’est visiblement pas si merdique que ça. « J'suis désolée, je t'ai un peu abandonné. » Je ris un peu et secoue la tête, une petite moue mignonne au coin des lèvres. « T’inquiète pas, je préfère que tu dormes et que tu sois en forme, plutôt que de m’écouter chanter n’importe comment. » Je plaide coupable, j’ai écouté des chansons de mon adolescence, c’était pas beau à voir. Ou plutôt à entendre. On arrive sur place, Kezia avait vu les panneaux, c’était pas si difficile à deviner. C’est la première fois qu’elle vient, et je suis heureuse de l’entendre. Ça aurait fait un bide. Enfin, même si c’est toujours un endroit intéressant à aller voir, je suis heureuse de pouvoir lui offrir cette première fois. Celle là aussi. Non. Ne pas penser à ça. Ça a l’air de lui plaire, je souris comme une idiote. « Comment je pourrais être déçue franchement ? Je n'aurais pas pu rêver mieux. »[/color] dit-elle en venant poser sa main sur ma cuisse. Je frissonne, j’espère qu’elle ne le sent pas trop, sinon c’est grillé. « T'as prévu un plan ou on se la joue aventurières freestyle ? Tant que tu m'abandonnes pas en haut d'une falaise, je te fais confiance. » Je ris et secoue la tête, surtout pour la 2ème partie. « J’ai pas l’intention de t’abandonner où que ce soit, je te lâche pas d’une semelle. » En même temps, on est là pour ça, et puis j’ai promis de nous ramener en un seul morceau. « Je vais essayer de me souvenir de quelques endroits, mais sinon, ce sera free style. L’important, c’est de bien se souvenir où on a garé la voiture. » Mais pour ça aussi j’ai prévu, il y a une application qui va avec la voiture, connectée avec la Jeep, réseau ou non, je sais toujours où elle se trouve. Ça peut servir, surtout que mon sens de l’orientation laisse un peu à désirer. Mais ça, je vais pas lui dire, pas de suite en tout cas. « On y va Indiana Jones ? » Je quitte la voiture, récupère mon sac en laissant quelques trucs dans la voiture pour pas être trop encombrées. On va pas y aller trop fort, juste une petite balade avant d’avoir faim. C’est parti pour l’aventure. Le paysage est à couper le souffle, et j’essaie de me souvenir de l’endroit où on avait trouvé le lac avec la petite cascade. C’est tellement grand qu’on rencontre personne, ou presque. Et c’est terriblement dépaysant. Je me laisse guider par l’eau, on mange des fruits sauvages au passage, on a le droit, j’ai lu tout un article là dessus, pour savoir ce qu’on a le droit ou non de faire. Tout est expliqué sur le site. Enfin, on arrive au lac, c’est juste à couper le souffle. Je me saisis de sa main et en fermant les yeux, je prends une grande inspiration, comme pour être en total accord avec la nature. « Ça va ? T’as pas trop mal aux pieds ? » Là, j’ai juste envie de me baigner. Mais avant tout, je retire mes chaussures de rando et mes chaussettes pour mettre les pieds dans l’eau. Au passage, j’éclabousse un peu la brunette, et me réjouis de voir ce si beau sourire sur ses lèvres parfaites…

Je suis quand même contente que Kai ait réussi à tenir sa langue jusqu'au dernier moment malgré mon insistance de tout à l'heure. Ça aurait été dommage de gâcher l'effet de surprise. Et quelle surprise d'ailleurs ! C'est vraiment le paradis sur terre ici. Ça a l'air déjà trop beau, et je suis impatiente que ma demi-soeur puisse m'en faire découvrir les moindres recoins. « J’ai pas l’intention de t’abandonner où que ce soit, je te lâche pas d’une semelle. » Je ne compte pas la lâcher d'une semelle non plus, je veux profiter d'elle au maximum. J'ai toujours à l'esprit que nos moments ensemble puissent être les derniers... et rien que de penser à ça, j'en ai le coeur noué. Parce que je sais que notre relation a toujours été compliquée, et qu'elle le sera sans doute jusqu'à la fin. C'est bien ça le problème entre nous. Les montagnes russes, des hauts et des bas, le chaud, le froid. Et pourtant je ne peux pas me passer d'elle, de nous. « Je vais essayer de me souvenir de quelques endroits, mais sinon, ce sera free style. L’important, c’est de bien se souvenir où on a garé la voiture. » Il y a plutôt intérêt. Je n'ai pas super envie de me perdre dans cette immensité de nature. « Ok mon capitaine. » Je m'en remets complètement à elle pour la suite des événements. Nous quittons la voiture pour se balader, découvrir de plus près les magnifiques paysages du parc, avant d'arriver au pied d'un lac et d'une somptueuse cascade. C'est magnifique, et je reste quelques secondes à admirer la vue qui s'offre à nous. Le calme qui s'en dégage est agréablement reposant. « Ça va ? T’as pas trop mal aux pieds ? » Kai ne perd pas de temps pour mettre les pieds dans l'eau. « Pour l'instant ça va. » Même si je sens que la fatigue liée à mon intervention ne s'est pas totalement envolée non plus. Je suis encore un peu affaiblie, mais je pense que c'est normal. Et c'est pas très grave en soit. Je n'ai pas envie de me restreindre à cause de ça. Je veux pouvoir profiter pleinement de ces quelques jours avec elle. Le reste n'a pas d'importance. Fatigue ou pas, rien ne pourra m'arrêter. Ma demi-soeur s'amuse à m'éclabousser en riant, et elle ne paye rien pour attendre. Je me défais alors de mon sac à dos pour récupérer mon maillot de bain. « La dernière dans l'eau a un gage. » La blonde a déjà une légère avance sur moi, j'aurais peut-être mieux fait de me taire sur ce coup-là. Je ne lâche pas l'affaire pour autant et enfile mon maillot à la vitesse de l'éclair pour essayer de la devancer quand même. Mais c'est un échec, et je m'engouffre dans l'eau quelques secondes à sa suite. « Non mais ça compte pas, je suis pas vraiment à 100% de mes capacités. » Je joue une nouvelle fois de mon regard de biche dans des battements de cils un brin exagérés pour tenter de l'amadouer. Mais Kai est bien trop occupée à fanfaronner et je ne peux m'empêcher de rire. « Bon ok ça va, j'accepte mon sort. » J'ai été nulle, pas d'excuses. Je reste bonne joueuse et accepte mes propres conditions.

Une fois arrivées au lac que je gardais dans un coin de ma tête comme un des meilleurs souvenirs de ce parc, je laisse un soupir s’extirper de mes lèvres. C’est tellement beau. Je m’enquiert de son état, je sais que je dois la ménager un peu, avec l’intervention qu’elle a eue, et les dommages psychologiques qui vont avec, il faudrait pas que je la pousse trop dans ses retranchements. Mais en même temps, il fallait vraiment qu’on voit cet endroit. Pour le moment, ça va. Je lui offre un petit sourire tendre, et vais vite mettre mes pieds dans l’eau. Et alors que je commence à l’éclabousser, elle me lance un défi. La dernière dans l’eau a un gage. Genre vraiment ? Elle sait pas à qui elle a à faire ! Ni une ni deux je m’empresse de retirer mes fringues. J’avais pas prévu de mettre mon maillot de bain en dessous, du coup je pousse le vice jusqu’à me retrouver juste en culotte, et je cours dans l’eau pour être sûre d’être la première. Je me retourne et j’ai juste le temps d’apercevoir les petites fesses de Kezia avant qu’elles ne soient cachées par son maillot, et qu’elle me rejoigne dans l’eau. « Dis donc t’es longue, ça fait une heure que j’t’attends ! » Je me fous gentiment d’elle, c’est de bonne guerre. « Non mais ça compte pas, je suis pas vraiment à 100% de mes capacités. » « Ouais on va dire ça. » Je ris un peu et continue de l’éclabousser. L’eau est un peu fraiche, mais c’est agréable. « M’en fous c’est moi qui ait gagné, j’ai gagné, j’ai gagné ! » Je danse un peu, exagérément. Tant que ça la fait rire, tout va bien. « Bon ok ça va, j'accepte mon sort. » Je hoche la tête en souriant. « T’as pas le choix de toute manière. » J’ai gagné, c’est tout. « Bon allez, faut pêcher de quoi manger pour ce midi. » Je regarde dans l’eau à la recherche de poissons. Je m’approche de Kezia, la contourne, et viens la pinçouiller à l’arrière de ses cuisses. « Fais gaffe, je t’ai pas prévenue, y’a des poissons gourmands. » Je continue sur ses mollets, et la chatouille un peu le long de son dos, et un peu ses côtes. J’adore l’entendre rire, je crois que c’est le son le plus mélodieux qu’il m’est jamais été donné d’entendre. Finalement, je l’entoure de mes bras, passant ces derniers autour de son ventre, très doucement parce que je ne sais pas si ça lui fait encore mal ou pas. Ma poitrine nue contre son dos, je frissonne pour la sensation, et pose mon menton sur son épaule. « Quand j’étais gamine, mon père montait à cet arbre juste là, pour accrocher une corde, et on se pendait dessus pour sauter plus loin. C’est ici que j’ai fait le plus beau plat de toute l’histoire des plats. » Je ris et plaque un baiser sur son épaule. « Ça me fait plaisir de revenir ici avec toi. »

Quelle idée de con j'ai eu de la défier. C'est pas du jeu en plus, elle triche. C'était sûr qu'elle allait gagner si elle ne prend même pas la peine de mettre son maillot de bain. J'aurais dû être plus précise sur les règles du jeu. En attendant, elle m'a bien eu. Je me suis fait berner à mon propre piège. Bien joué. Ça ne devrait même pas être toléré de se baigner à moitié nu. Y'a pas un règlement du parc qui l'interdit ou un truc du genre ? J'suis sûre que je peux trouver une pancarte ou quelque chose. Bon ok, je cherche la petite bête là. Mais j'accepte finalement mon sort, la voyant dans un état d'euphorie clairement non dissimulé. Elle est belle, encore plus, là, comme ça, dans le reflet du soleil sur l'eau. « T’as pas le choix de toute manière. » Je fronce un peu les sourcils. Avec un peu de chance, elle oubliera très vite cette histoire de gage. « Bon allez, faut pêcher de quoi manger pour ce midi. » Elle est sérieuse ? Je suis prête à un peu d'aventure mais faut pas pousser quand même. Ma demi-soeur s'amuse, et m'attaque par derrière en me pinçant les cuisses. « Fais gaffe, je t’ai pas prévenue, y’a des poissons gourmands. » Mais elle me cherche en plus. « C'est dangereux par ici, faut que je me méfie. » Je ne peux m'empêcher d'éclater de rire, pas insensible à ses chatouilles. J'y peux rien si je suis un peu trop réceptive. Ça n'a rien à voir avec elle, non, absolument pas. Je me dandine un peu essayant de lutter contre son emprise, en vain. Mes éclats de rire se mélangent au sien, et notre complicité me donne du baume au coeur. Elle met fin à mon supplice, venant m'enlacer de ses bras. La sensation de sa poitrine dénudée dans mon dos me laisse échapper un petit frisson. Mon corps non plus n'est pas insensible à elle. C'est comme ça, et ça le sera probablement toujours. « Quand j’étais gamine, mon père montait à cet arbre juste là, pour accrocher une corde, et on se pendait dessus pour sauter plus loin. C’est ici que j’ai fait le plus beau plat de toute l’histoire des plats. » Un petit rire moqueur s'échappe d'entre mes lèvres. « J'aurais bien aimé voir ça tiens. » Toutes les situations sont bonnes pour la taquiner. Et me venger un peu, parce que elle, elle ne se gêne pas vraiment. « Ça me fait plaisir de revenir ici avec toi. » Lovée dans ses bras, je penche légèrement la tête sur le côté pour croiser son regard. « Et moi, je suis ravie de pouvoir découvrir ces magnifiques endroits avec toi. » Je souris entremêlant mes doigts dans les siens sur mon ventre. « Même si t'es ultra chiante, que tu triches, et qu'en plus tu veux me faire pêcher. » Je la taquine, parce que en réalité j'adore vraiment être là avec elle. « Il manquerait plus que tu me dises qu'on va dormir à la belle étoile... » L'idée en soit ne me déplaît pas forcément, mais avec un minimum quand même. Parce qu'à la vraie belle étoile en pleine nature sans rien, je suis pas sûre que ça soit bien marrant. Je n'ai pas posé la question depuis que nous sommes arrivées, mais ça m'intrigue. J'ai vu qu'il y avait des campings, des hôtels aussi, mais elle n'en a encore pas parlé. « C'est ça mon gage ? Tu vas me laisser dormir toute seule avec les ours ? » Je me retourne en disant ça, face à elle. Son petit sourire en coin ne me rassure pas vraiment.

C’est plus fort que moi, j’ai envie de la taquiner tout le temps. En même temps, elle est bon public, et un peu crédule sur les bords, c’est facile, et c’est ce qui rend le jeu beaucoup plus amusant. En tout cas de mon côté, et j’ai pas l’impression que ça lui déplaise non plus. Encore heureux. Je lui annonce qu’on va devoir pêcher, et m’amuse à lui pincer gentiment les cuisses, plus pour la chatouiller qu’autre chose. « C'est dangereux par ici, faut que je me méfie. » Nos rires se mêlent, et c’est tellement agréable. J’aimerai être nulle part ailleurs qu’ici avec elle à ce moment précis. Quand on sait ce qu’on a traversé, cette trêve est vraiment la bienvenue. Je l’entoure finalement de mes bras et lui raconte une anecdote de quand j’étais gosse. Mes parents étaient encore ensemble à ce moment là, et j’étais vraiment heureuse. Enfin, si on exclut les moqueries à l’école parce que j’avais beaucoup de kilos en trop. Mais à cette époque là, j’arrivais encore à gérer. C’est au collège que tout a basculé. Ça me fait plaisir de revenir ici avec elle, pouvoir partager ces magnifiques paysages avec elle. « Et moi, je suis ravie de pouvoir découvrir ces magnifiques endroits avec toi. » Elle entremêle ses doigts au miens et tourne la tête pour me regarder, nos visages si près que je peux sentir son souffle. Je suis presque certaine qu’elle peut sentir les battements de mon coeur qui se sont intensifiés, juste là, contre son dos. « Même si t'es ultra chiante, que tu triches, et qu'en plus tu veux me faire pêcher. Il manquerait plus que tu me dises qu'on va dormir à la belle étoile... » Je ris, parce que c’est vrai que je ne la ménage pas, enfin émotionnellement parlant en tout cas. Pour le côté physique, j’essaie de faire attention. « Ben… j’avais pas assez de fric pour payer l’hôtel alors, on va faire avec les moyens du bord. » Je hausse un peu les épaules, essayant de rester juste dans mon mensonge. « C'est ça mon gage ? Tu vas me laisser dormir toute seule avec les ours ? » Elle se retourne et je me baisse un peu pour avoir de l’eau au dessus de ma poitrine. Elle m’a déjà vue nue, mais je sais pas, un instant de pudeur. « Le pire c’est que c’est vrai, y’a des ours ici ! » Elle disait ça pour plaisanter mais c’est la réalité. « Y’a aussi des cougars, des renards, et plein de petits rongeurs pour venir te grignoter les orteils pendant ton sommeil… » On a déjà vu au loin des renards et des biches. Mais jamais de cougars ni d’ours bruns. Cela dit, j’aimerai bien. Mais de loin. « Allez fais pas cette tête, on a une voiture, suffit d’allonger les sièges, ça devrait aller pour deux nuits. » Je ne lui parle pas encore de la tente de toit, je veux garder la surprise.
Je frissonne un peu, c’est qu’elle est froide quand même, et me décide à sortir de l’eau. « Je sors, avant de finir glaçon. » Y’a peu de chance, mais quand même. Je plaque mon avant bras sur ma poitrine pour sortir de l’eau et file vers nos sacs où je récupère une serviette pour l’entourer autour de moi. Quand Kezia sort à son tour je lui annonce. « Par contre, les serviettes ça pèse lourd, j’en ai pris qu’une pour deux. » Je garde un pan de la serviette contre moi et ouvre le deuxième pour qu’elle vienne en profiter aussi. Une fois contre moi, je l’entoure de mon bras et de la serviette. J’aime tellement sa proximité, mais ça me rend dingue aussi. On s’était promis d’arrêter les conneries, mais merde, j’arrive pas à calmer mon coeur quand je suis près d’elle. Et d’autant plus aussi près que là. « Ça va, t’as pas trop froid ? »

J'essaye simplement de profiter de l'instant présent. Être là avec elle, c'est tout ce qui compte. Je n'ai pas envie de me prendre à la tête à trop réfléchir. Penser à tout ce qui a pu se passer dans ma vie dernièrement. Ça, et la promesse que nous nous sommes faites pour garder nos distances. Merde alors, on est pas là pour se foutre des barrières. Ouais bizarrement on sait ce que ça a donné la dernière fois à Bali. Mais c'est pas de ma faute si à chaque fois que je suis avec elle, je laisse mon coeur divaguer. C'est pas comme si c'était quelque chose que je pouvais réellement contrôler. Kai est ma principale marque de faiblesse, c'est comme ça. Je continue de la taquiner, cherchant tout de même à en savoir plus sur ce qu'elle a prévu pour la nuit. C'est pas que ça m'inquiète, je lui fais confiance, mais quand même. Faire avec les moyens du bord ? Ouais ok, c'est carrément l'aventure en fait. C'était pas tant des conneries que ça cette histoire de belle étoile finalement. Je crois que je suis en train de faire une drôle de tête, pourtant je ne regrette pas d'être ici avec elle. Au contraire. Je crois que je n'aurais pas pu rêver mieux. « Le pire c’est que c’est vrai, y’a des ours ici ! » Je me doute, et c'est bien ça le problème. Gérer la nature en plein jour, il n'y a aucun problème. Mais en pleine nuit je risque de faire un peu moins la maligne. « Y’a aussi des cougars, des renards, et plein de petits rongeurs pour venir te grignoter les orteils pendant ton sommeil… » Là, tout de suite, je la déteste du plus profond de mon coeur. Je ris un peu jaune avant de l'éclabousser à mon tour. « C'est mort, personne ne touche à mes pieds. » Je suis un peu podophobe sur les bords. Rien que d'y penser, je suis déjà en angoisse. Je fais mine de bouder croisant mes bras sur ma poitrine. « Allez fais pas cette tête, on a une voiture, suffit d’allonger les sièges, ça devrait aller pour deux nuits. » Qu'est-ce que je suis pas prête à faire pour elle franchement. Même si j'avais su dès le début comment ça allait réellement se passer, j'aurais quand même dit oui aussi de toute façon. « Tu auras juste à supporter ma mauvaise humeur si je n'arrive pas à dormir. » Comptez sur moi pour qu'elle n'arrive pas à dormir non plus si tel est le cas. On ne dort pas les uns sans les autres comme on dit. Au pire on s'occupera autrement... ouais non, j'ai rien dit. Pourquoi je pense à ça au juste ? Et pourquoi mon regard glisse sur sa poitrine que je peux facilement imaginer dans l'eau ? Ok, on respire. « Je sors, avant de finir glaçon. » Bonne idée. Ça m'évitera de penser à faire une connerie. Encore. Je la regarde sortir, ne la lâchant pas du regard jusqu'à ce qu'elle s'enroule dans sa serviette. Et je sors à mon tour pour la rejoindre. « Par contre, les serviettes ça pèse lourd, j’en ai pris qu’une pour deux. » Non mais clairement là, elle le fait exprès hein ? C'est pas possible autrement. Je viens alors me blottir contre elle, pour profiter aussi de la serviette. Comment voulez-vous que je me calme dans ces conditions ? « Ça va, t’as pas trop froid ? » Je grimace un peu, essayant de profiter un peu de la situation. « Un peu si. » C'est même pas vrai mais on s'en fout. En réalité j'ai juste envie qu'elle me prenne dans ses bras... d'ailleurs je ne lui laisse pas le choix et vient me fondre naturellement contre elle. La sentir à moitié nue contre moi est juste un putain de supplice. Si ça continue, c'est elle qui va finir par se faire bouffer par des rongeurs... je veux bien me transformer, si ce n'est que ça. « Par contre tu comptes t'habiller à un moment donné ou tu cherches vraiment les histoires ? » Je n'aurais pas dû dire ça, et pourtant c'est sorti tout seul. Je crois que Kai ne s'y attendait pas, et je ne peux m'empêcher de rire. Bah quoi ? C'est bon quoi. Je veux bien avoir fait toutes les promesses possibles, au bout d'un moment faut pas pousser. Je suis plus une nonne maintenant.

Je peux pas m’en empêcher, il faut que je la fasse chier, que je la taquine. C’est comme un moteur chez moi, et ça me permet de pas trop sombrer non plus. Sombrer dans l’envie de plus. Quand on est que toutes les deux c’est encore plus difficiles, mais je tente de garder le cap. « C'est mort, personne ne touche à mes pieds. » Je sais qu’elle aime pas les pieds, c’est pour ça que j’ai parlé de ses orteils. Plus fort que moi je vous dis. Je continue de la mener en bateau pour ce qui est des nuit qu’on va passer ensemble, mais je la rassure un peu, au pire on sera à l’abris dans la voiture. « Tu auras juste à supporter ma mauvaise humeur si je n'arrive pas à dormir. » Je me mets à rire et hoche la tête. « Tu as très bien dormi pendant le trajet, je suis sûre que tu dormiras très bien une fois le siège allongé. » Pas question de lui dire pour le moment, je veux garder la surprise. En attendant, je me les pèle et je sors de l’eau avant de finir congelée. Une serviette pour deux, ça devrait pas nous poser trop problème, vu ce qu’on a déjà partagé avant aujourd’hui. Je partage la moitié de la serviette mais ça n’a pas l’air de lui suffire. Elle écarte le premier pan de la serviette pour venir se lover contre moi. Le contact de son maillot de bain glacé et sa peau encore humide me fait frissonner. A moins que ça ne soit juste le contact de son corps contre le mien. J’entoure alors la serviette autour de nous pour nous réchauffer, même si quelque chose me dit qu’on a pas vraiment besoin de ça. « Par contre tu comptes t'habiller à un moment donné ou tu cherches vraiment les histoires ? » J’arbore une mine surprise, presque choquée. « Je cherche les histoires ? Mais c’est toi qui a dit la dernière dans l’eau a un gage. Je mets juste toutes les chances de mon côté. C’est tout. » Oui voilà, on va dire que c’est ça. En réalité en le faisant je ne pensais pas à mal, ni même au fait qu’on pourrait se retrouver l’une contre l’autre, alors que je suis quasiment nue. Ouais, c’est vrai que j’ai grave chaud là quand même. « Mais puisque madame demande, je vais me rhabiller oui. » C’est mieux, si on veut pas faire une connerie. C’est comme si c’était inné chez nous. C’est devenu impossible d’être toutes les deux sans finir par fauter, et rompre la promesse qu’on s’était faites. On sait très bien que c’est trop compliqué. Mais ça l’était surtout parce qu’elle allait être la mère de l’enfant de Wyatt. Aujourd’hui, ça n’est plus d’actualité. Evidemment que j’y ai pensé, que je me suis demandé si ça allait changer quelque chose. On verra bien. Je suis toujours pas sûre d’être prête à assumer être en couple avec la fille de ma belle-mère. Avec une fille tout court en fait. Mais merde, c’est elle quoi. « Et toi, faut que t’arrêtes de me regarder comme ça ! » C’est donnant donnant. « Ou il va t’arriver des bricoles. » Et le pire c’est que je suis sûre que c’est ce qu’elle cherche. Je retire la serviette pour l’entourer autour de ses épaules et me défais de notre étreinte pour me tourner dos à elle, et enfiler mon t-shirt. « Tu te sens de marcher encore un peu ? » Le temps passe à une allure folle, et il faut de toute manière rentrer à la voiture avant la tombée de la nuit.

Notre complicité évidente finira sans doute par me perdre. Parce que je ne peux pas résister quand je suis avec elle. Ça a toujours été comme ça depuis le début, et je pense que ça ne changera jamais. Il y a la raison d'un côté, le coeur de l'autre. Mais avec elle, c'est toujours le coeur qui finit par l'emporter. Malgré les complications, les hauts, les bas. Les retrouvailles sont toujours plus belles. C'est une histoire sans fin, mais c'est notre histoire. Ce qui fait que nous sommes nous. Et pour vivre ça, je suis prête à tout encaisser. Ne serait-ce que pour profiter de ces quelques instants de bonheur dans ses bras. L'endroit où je me sens le mieux au monde. Avec elle, je suis capable de tout oublier. De me sentir plus légère et de laisser mes pensées s'envoler. Ça me fait du bien, juste de pouvoir rire à nouveau. Profiter. La taquinerie est le maître mot de notre relation, ce qui a toujours fait la force de notre complicité. Je ne partage ça avec personne d'autre. Et c'est là toute la différence. Avec Wyatt, nous étions proches, complices aussi. Mais à un niveau différent. Et notre amitié n'a malheureusement pas su en résister. Faut dire que le drame n'a pas arrangé les choses. Il a décidé de repartir vivre à San Francisco, et même si cette situation m'attriste, je n'ai plus vraiment les moyens de le retenir. C'est sans doute mieux comme ça. Là, tout de suite, je n'ai pas franchement envie de penser à ça. Je me concentre sur ma demi-soeur, et sur notre proximité sous cette serviette qui me rend déjà toute chose. Nos peaux sont humides, et pourtant, je suis loin d'avoir froid. Je crois même que mon corps se réchauffe instinctivement contre le sien. Il va vraiment falloir qu'elle s'habille si elle ne veut pas que je fasse une bêtise. « Je cherche les histoires ? Mais c’est toi qui a dit la dernière dans l’eau a un gage. Je mets juste toutes les chances de mon côté. C’est tout. » Bah voyons. Je fais mine de m'étouffer dans un petit rire. « Mais puisque madame demande, je vais me rhabiller oui. » C'est pas trop tôt. « Je te remercie. » On sent clairement toute l'ironie dans ma réponse. « Et toi, faut que t’arrêtes de me regarder comme ça ! Ou il va t’arriver des bricoles. » Je hausse les épaules d'un air faussement innocent. C'est pas de ma faute si elle m'obsède en même temps, je suis incapable de la lâcher du regard. « Je plaide non coupable. » A croire que c'est à celle qui fera craquer l'autre la première. C'est un peu toujours comme ça entre nous, le jeu du chat et la souris. Souffler le chaud et le froid. Surtout le chaud depuis tout à l'heure d'ailleurs... mais c'est elle qui a commencé aussi. Elle se défait de notre étreinte pour enfiler son t-shirt, alors que j'en profite pour tenter de me sécher. Je quitte mon maillot sous la serviette pour me rhabiller à mon tour. C'est mieux que de rester avec mon maillot encore mouillé sur le dos si je ne veux pas attraper froid. « Tu te sens de marcher encore un peu ? » Je hoche un peu la tête. Il faut bien qu'on retourne à la voiture. Le chemin du retour est plus long que l'aller, c'est toujours comme ça bizarrement. Et j'avoue que je commence un peu à fatiguer. Pourtant je me sens bien, comme ressourcée. Apaisée. On croise quelques écureuils sur le chemin, et il nous en faut pas plus pour nous extasier comme des gamines. La nature est si belle quand elle nous tend les bras comme ça. Arrivées à la voiture, j'ai clairement l'estomac qui commence à crier famine. « Comment on fait du coup si on a pas de poissons ? » Je rigole un peu avant de me pencher sur le plan du parc donné à l'entrée. « Il y a un chalet-grill pas loin d'ici apparemment. » On peut s'y rendre en voiture, et on avisera plus tard pour trouver un endroit où se poser pour dormir. Chaque chose en son temps. « Ou alors t'as carrément prévu de quoi faire un feu de camp avec des chamallows ? » En vrai ça serait le pied. On serait carrément dans le thème là. « Fais-moi rêver. »

Bon, ben puisque c’est ça, je vais m’habiller. « Je te remercie. » Je lui fais une petite grimace, et lui demande quand même d’arrêter de me reluquer, parce que ça m’aide pas. « Je plaide non coupable. » « C’est ça ouais ! » Si je l’écoute, elle est jamais coupable, tout est toujours de ma faute. Mais c’est de bonne guerre, et puis c’est notre dynamique, c’est comme ça qu’on a toujours fonctionné. De vraies montagnes russes quand on y pense, mais c’est aussi ce qui fait la force de notre histoire, je crois. Parce que oui, même si on sait pas trop bien ce qu’on est l’une pour l’autre émotionnellement parlant, il est clair que notre histoire est là, et elle est ce qu’elle est. Une fois toutes les deux rhabillées, on prend le chemin retour. C’est plus long, on est plus fatiguées et on commence à avoir faim. Surtout que les amandes que j’avais prévues pour nous caler ont fini dans les mains des petits écureuils qu’on a essayé d’amadouer. En même temps, ils étaient trop mignons. « Comment on fait du coup si on a pas de poissons ? » Mon rire se mêle au sien et je hausse les épaules. « Bah on mange pas. » Heureusement, j’ai tout prévu. « Il y a un chalet-grill pas loin d'ici apparemment. » Je secoue la tête à la négative. « Tu veux casser la magie ou quoi ? Un spa et un cinéma aussi tant qu’on y est ? » On a qu’a bouffer au resto et dormir à l’hôtel aussi ? Non, c’est plus l’aventure si on fait ça. « Ou alors t'as carrément prévu de quoi faire un feu de camp avec des chamallows ? Fais-moi rêver. » J’y compte bien. Je lui souris, mutine, et nous arrivons à la voiture. « On va se trouver un coin parfait pour se poser, j’ai repéré un endroit pas très loin. » Nous grimpons dans la voiture et je nous conduis jusqu’à l’endroit parfait. C’est vaste, pas trop d’arbres pour pas nous faire flipper, et une vue dégagée sur le ciel qui commence à s’assombrir doucement. D’ici peu, on verra les étoiles, ça va être superbe. Je sors tout ce dont on a besoin dans le coffre. J’ai prévu deux glacières qui se branchent sur un allume cigare dans le coffre, c’est magique ce truc. Et puis deux gros sacs de courses avec des choses qui craignent pas le chaud, comme des gâteaux secs, des boîtes de conserve et ce genre de trucs. J’installe tout correctement pour qu’on puisse manger, c’est le luxe à la roots. On tiendrait pas une semaine comme ça, mais pour 2 jours et demi, ça suffira amplement. Et ça nous permet de ne pas vivre trop à la dure non plus. On a pas le droit de faire de feu, mais j’ai prévu un petit réchaud quand même, un vieux truc de camping que j’ai piqué à ma mère. C’est juste parfait. Et encore, elle a pas vu l’endroit où on va dormir. Tout est si naturel avec elle, le temps passe à une allure folle. Le repas terminé, je lui balance un paquet de chamallows, un sourire au coin des lèvres. « C’est moins glamour qu’avec un vrai feu, mais on va imaginer que c’en est un. » Je chope deux petits bâtons et lui en tends un, allumant un peu plus la flamme de la mini bonbonne. « Pour demain, y’a une rando super à faire, elle est pas trop longue, et elle mène jusqu’aux chutes, si ça te va. Mais bon on peut largement dormir demain matin. » Histoire de pas trop la fatiguer non plus. Enfin dormir ou… dormir. Voilà. Faut que j’arrête de penser à des trucs que je devrais pas.

Ok, Kai n'est pas là pour faire semblant. Elle veut jouer les aventurières jusqu'au bout. Mais ce n'est pas pour me déplaire, au contraire. Je la trouve encore plus mignonne comme ça. Pas qu'elle soit du genre superficielle d'habitude - parce que je la connais mieux que quiconque et je sais justement que c'est loin d'être le cas - mais c'est toujours plus pratique de choisir le confort et la facilité. Je me plie à ses volontés sans broncher, minant le geste du salut militaire en riant un peu. Pas de chalet grill pour ce soir alors. Je suis tout de même curieuse de voir ce qu'elle nous réserve pour la suite. « On va se trouver un coin parfait pour se poser, j’ai repéré un endroit pas très loin. » Je la laisse donc nous conduire jusqu'à l'endroit parfait, ma main venant se poser sur sa cuisse sans que j'en prenne forcément conscience. Un geste furtif presque innocent. Elle arrête finalement la voiture pour qu'on puisse s'installer pour manger. Elle a tout prévu, les glacières et les provisions pour notre petit séjour. Un sourire naturel s'installe au coin de mes lèvres, je me sens tellement bien avec elle. C'est fou à quel point elle arrive à me faire tout oublier. L'endroit est paisible et la nuit commence doucement à tomber. C'était peut-être pas une si grosse connerie que ça tout à l'heure quand je disais qu'on allait dormir à la belle étoile. En parlant d'étoiles, on commence déjà à en apercevoir quelques unes dans le ciel, et le spectacle est magnifique. C'est comme si tout était toujours si parfait à ses côtés. Et d'être là, seule avec elle, me ramène à des souvenirs bien ancrés de nos vacances à Bali. De nos moments de complicité et de ces instants volés. A la fin du repas, ma demi-sœur me lance un paquet de chamallows et je ne peux m'empêcher de rire. J'avais vu juste sur ce coup-là. « C’est moins glamour qu’avec un vrai feu, mais on va imaginer que c’en est un. » C'est humain d'être si parfaite ? Non parce que là je commence sérieusement à me poser des questions. « Pour demain, y’a une rando super à faire, elle est pas trop longue, et elle mène jusqu’aux chutes, si ça te va. Mais bon on peut largement dormir demain matin. » Je me rapproche d'elle venant poser ma tête sur son épaule. « Tu as vraiment pensé à tout. » Et c'est le moins que l'on puisse dire. « Je ne connaissais pas cette Kai là. » Sous-entendu la Kai aventurière prête à sortir le grand jeu comme ça. Avec le côté romantique de ce genre de contexte qui va avec. « Tu me réserves encore d'autres surprises du genre ? » Histoire que je me prépare un minimum. « Non parce que là je suis pas prête. » Je ris un peu. Je crois qu'elle pourrait me faire tomber amoureuse d'elle, là, tout de suite. Enfin RE-tomber amoureuse plutôt, parce que de toute évidence, ça, c'est déjà fait. Depuis très longtemps d'ailleurs. Je mange un premier chamallow et vient lier ma main libre à la sienne, entremêlant mes doigts dans les siens. Je tourne alors la tête dans sa direction, mon regard glissant naturellement sur ses lèvres. Je meurs d'envie de l'embrasser… déjà tout à l'heure dans l'eau, mais là, c'est encore pire. « On va faire un jeu. » Ou comment détourner le problème. Enfin… encore faut-il que ça en soit vraiment un. « Tu dois deviner ce à quoi je pense, là, maintenant. » Je la bouffe du regard en disant ça, un petit sourire se dessinant au coin de mes lèvres. Plus facile comme devinette, tu meurs.

Ouais, je suis lui sors le grand jeu, carrément ! En même temps, elle le mérite, vu ce qu’elle a vécu depuis quelques temps, elle a bien le droit de vivre un moment comme celui là, sans avoir à se préoccuper de rien, juste se laisser porter. Je nous trouve un petit coin adorable pour pouvoir prendre nos repas. J’ai tout prévu, il ne manque rien, et je me félicite pour ça. « Tu as vraiment pensé à tout.  Je ne connaissais pas cette Kai là. » dit-elle en posant sa tête sur mon épaule, pendant que nous faisons fondre nos chamallows. Je souris, sans doute un peu bêtement, posant ma tête à mon tour sur la sienne. « Je la connaissais pas non plus. » Je me mets à rire un peu, parce que c’est vrai, je n’ai jamais trop été du genre aventurière, j’ai toujours plutôt préféré mon petit confort. Alors là c’est un peu roots, mais c’est pas la totale aventure non plus. « Tu me réserves encore d'autres surprises du genre ? Non parce que là je suis pas prête. » Je souris de plus belle et hoche un peu la tête. « T’es pas au bout de tes surprises, non. » Je garde le mystère pour l’endroit où nous allons dormir, j’ai hâte de lui montrer. Mais chaque chose en son temps. La main de Kezia vient se glisser dans la mienne, ses doigts entre les miens, et je la caresse du bout de mon pouce. Tout est si naturel, j’ai un peu de mal à savoir comment me situer dans tout ça. Tout ce que je sais, c’est que je suis incroyablement bien quand je suis avec elle. « On va faire un jeu. Tu dois deviner ce à quoi je pense, là, maintenant. » dit-elle en me bouffant carrément du regard. Je souris, mon regard se fond un instant sur ses lèvres. « Tu penses… que tu es la fille la plus chanceuse du monde en cet instant précis, parce que je suis suis la fille la plus surprenante, la plus merveilleuse, et la plus belle de cette planète. » Je souris plus largement et m’approche, frôlant ma joue contre la sienne pour que mes lèvres s’approchent de son oreille. « Après toi bien sûr, mais on va rien dire. Moi j’le sais c’est le principal. » Je plaque un doux baiser sur sa joue et me recule. Elle continue de me bouffer des yeux, et je sais pas combien de temps je vais tenir comme ça. Je me suis rien promis, à part d’essayer de ne plus jamais lui faire de mal. Mais là, c’est presque à moi que je fais du mal. « Et si j’te montrais où on va dormir ? Hum ? » Avant de flancher totalement, et qu’il soit trop tard. Je me lève, gardant ma main dans la sienne, et ne la lâche que pour ranger tout ce qui a servi pour notre repas. Il faut reprendre la voiture pour le petit coin de paradis que j’ai trouvé. Il fait nuit, je fais attention, le ciel est sublime, rempli d’étoiles. Je gare la voiture sur un morceau de terrain vague en hauteur. De là on a une vue splendide. Le réveil va être époustouflant. « Ok, tu restes là tu bouges pas, je te dis quand tu peux sortir ok ? » Je lui souris et me penche pour embrasser le coin de ses lèvres, avant de quitter l’habitacle de la voiture. Heureusement que je m’étais entraînée pour ouvrir tout ça. Je sors l’échelle et ouvre le coffre de toit qui se déplie pour faire une tente avec un matelas, tout confort. J’avais tout préparé. Je sors du coffre les coussins et autres plaids et balance tout là haut. Une fois fini, je propose à Kezia de sortir de là, et lui montre notre lit pour la nuit. « Et voilà pour la princesse des mille et unes nuits. »