How do you say ramen in Chinese ? ((Liung))

Le bruit « vouch » du message qui s’envoie résonna dans la voiture, alors que Liang se recalait tranquillement dans le siège conducteur, attendant que Myung ne sorte de chez elle. Il se regarda dans le rétroviseur, se recoiffant alors en tentant d’avoir une bonne tête. Bon, on ne pouvait pas dire qu’il était très moche – la famille He avait toujours eu la chance d’être plutôt canon, il n’y avait qu’à voir son petit frère ou encore sa mère et tout le monde le comprendrait rapidement – mais il sortait d’une garde de treize heures. Juste avant de sauter dans sa voiture pour conduire jusqu’à chez les Hennington, il avait troqué son costume noir de garde du corps pour quelque chose de plus simple. Un style passe-partout mais habillé. Après tout, ils n’allaient pas non plus à une soirée de gala. Mais Liang avait une petite idée de là où il pourrait emmener la princesse. Elle avait songé à une boîte de nuit, lui, il voulait un endroit plus tranquille à deux.

Au fait, le message qu’il avait envoyé quelques secondes plutôt était à destination de la jeune demoiselle. Un simple « je suis là » avec un emoji. Oui, il était en retard, ayant prit plus de temps à se changer que prévu, mais bon. On ne pouvait pas réellement lui en vouloir. Pour elle, il était en train de livrer des choses. Sauf qu’en réalité, il avait assisté à une discussion entre son boss et un autre, sur un sujet dont il ne pouvait pas parler. Mais si on devait en retenir une chose, c’est qu’il s’agissait de quelque de gros. Assez en tout cas pour qu’Haoyu soit là aussi. La plupart du temps, le jeune chinois n’était pas présent, laissant les choses au son meilleur ami – aka Liang – qui s’en sortait très bien. Alors le fait qu’il soit là n’annonçait rien de bon. Après tout, il se passait beaucoup de choses en ce moment, que Liang avait dû mal à comprendre. Il ne devait pas être au courant. Mais ce qui se tramait aller forcément le toucher. Et il ne voulait pas que ses proches en pâtissent. Même si cela était en quelque sorte inévitable. Il le savait en acceptant. Et désormais, il en accepterait toutes les conséquences. Il le sentait, comme un sens spirituel, que quelque allait changer dans peu de temps.

Soudainement, la portière de la voiture s’ouvrit sur une Myung tout à fait splendide qui fit perdre les mots à Liang. Il l’observa comme si c’était la première fois qu’il la voyait. Le souffle légèrement coupé, il tenta tout de même de faire genre de rien, lui offrant un sourire tendre. Même si cela n’en avait peut-être pas l’air, il s’agissait de leur premier rendez-vous. En tout cas, Liang le prenait comme ça. Peut-être qu’elle non. Mais se serait-elle faite aussi magnifique pour un simple rencard sans importance ? Peut-être que oui. Liang ne la connaissait pas encore assez bien pour savoir ce qu’elle ferait lors d’un premier rendez-vous. D’où cette idée de rendez-vous. « Inception » version Liang He.

« Tu es magnifique, arriva-t-il enfin à dire, avant de démarrer la voiture. En route ! J’ai faim ! »

Il s’engagea sans plus attendre dans la rue, lui demandant au passage comment était sa journée. Il voulait en savoir plus sur elle, et il s’intéressait réellement à ce qu’elle faisait de ses journées. C’était peut-être cul-cul à souhait, mais au moins, c’était mieux que des mecs imbus de leur personne qui ne parlaient que de leur sujet d’intérêt sans se soucier de celui de leur copine. Bon, il s’avançait peut-être un peu en disant qu’elle était sa copine. Mais qu’est-ce qu’il en mourrait d’envie en vrai. Elle était aussi sublime de passionnée et intéressante, ne le laissant pas de marbre. En fait, elle était tout à fait son style. Complètement même. Il savait qu’il n’avait pas le droit de poser les yeux sur sa personne. Mais il ne pouvait pas s’en empêcher. D’ailleurs, il savait aussi qu’ils étaient suivis. Jetant un coup d’œil dans son rétroviseur, il aperçut une voiture qu’il connaissait très bien. Un léger sourire au coin des lèvres, il porta doucement la main à son levier de vitesse.

« Ça ne te dérange pas si j’accélère un peu ? Je suis réellement affamé. »

D’un côté, c’était vrai, il crevait de faim. Il n’avait rien au de toute la journée et son manque de sommeil – même si cela ne se voyait pas sur son visage – devait jouer aussi dans sur son côté morfal. Et d’un autre côté, il savait exactement comment semer les gardes du corps de sa compagne de soirée. Attendant sa réponse, il s’arrêta à un feu rouge, posant nonchalamment le coude sur le rebord de la fenêtre ouverte, observant dans son rétroviseur de côté la voiture derrière eux. Ils ne savaient pas à qui il avait affaire. Ou peut-être que si… Mais dans tous les cas, c’était peine perdu pour le suivre : Liang connaissait cette ville mieux que n’importe quel flic. Même les endroits où personne n’aurait osé imaginer. Le feu passa au vert et, sans perdre de temps, Liang démarra comme s’il était dans une course de formule 1, laissant en plan les gardes du corps de Myung. Il savait qu’il devra faire un peu mieux que ça pour pouvoir totalement les perdre. Mais ils avaient tout le temps qu’il fallait avant d’arriver au petit restaurant que Liang avait repéré pour eux. Après, il est un gentleman.

Vingt minutes. C'était tout ce qu'elle avait pour se préparer à ce qui allait venir. Un échange de messages, et tout était parti. Son téléphone à la main, elle se leva précipitamment, ne manquant pas de se cogner l'orteil de son pied droit. Se pliant en deux, les larmes aux yeux, elle n'avait tout simplement pas le temps de s'apitoyer sur son pied. Elle courait après ce dernier. Une catastrophe. Ce qui la mettait dans cet état ? Liang. Un rendez-vous, enfin, d'après elle sûrement. Tout avait sauté vers son cerveau d'un coup, comme d'une évidence. Courant alors rapidement jusqu'à sa chambre, elle se dépêcha de choisir une tenue. Pas trop chic, pas trop décontractée. Un choix cornélien. Surtout quand l'on savait comment cela allait finir. Elle voulait surtout quelque chose d'assez attirant qui pourrait plaire à son rencard si possible. Short taille haute noir, assorti d'un pull crème, elle passa rapidement par la salle de bain, venant s'arracher les cheveux avec sa brosse avant d'attaquer le plus lourd. Le maquillage. Pas qu'elle en avait vraiment besoin, mais elle aimait se mettre un coup d'eyeliner et de rouge à lèvre. Elle adorait ça.

Elle s'était dépêchée le plus possible, pour ne pas le rater. Ce qui fit le cas. Car à peine avait-elle regarder l'heure que les vingt minutes étaient déjà passées. Soupirant de soulagement, elle se mit en face de la porte, comme prête à sauter sur sa proie. Non. En réalité, elle était complètement surexcitée dans sa tête. Elle était confiante, en envoyant ces messages, mais là, le stress montait plus qu'autre chose. Elle avait voulu le revoir depuis. Tellement. Tout simplement parce qu'elle ne faisait pratiquement que repenser à leur face à face. Une vraie gamine qui avait craqué sur son livreur de colis. Génial. Mais pour elle il était plus que ça. Elle en comprendrait sans doute un peu plus ce soir, mais pour l'instant, elle essayait de ne plus bouger pour ne rien casser sur son chemin. Elle avait pensé à cette scène de nombreuse fois depuis. Mais rien. Et là, tout était arrivé d'un coup. Fallait voir l'état dans lequel ça l'avait mis. Une boule d’énergie qui allait devoir se contenir pour ne pas effrayer le plus grand. Parce que oui, elle avait eu l'impression d'être minuscule à côté de lui. Puis son téléphone qu'elle tenait fermement dans sa main vibrait, ce qui la fit qu'un peu plus paniquer. Un message, quelques mots et emoji.

Un sourire au visage, elle se précipita à l'extérieur, trottinant alors vers la voiture jusqu'à venir ouvrir doucement la portière pour y passer la tête. Elle dérogeait encore aux règles que l'on lui avait fixé. D'ailleurs, cela ne l'étonnerait même pas si quelqu'un les suivrait. Du moment que Liang ne s'en rende pas compte, ça lui irait. Quoi de mieux pour faire flipper quelqu'un. Téléphone rangé dans son sac, yeux brillants en apercevant son visage qui lui avait tant manqué, elle s'installa alors tout doucement, les joues un peu rouges. Elle ne le connaissait pas encore très bien, elle devait l'avouer. Ce serait mentir de dire le cas contraire. C'est pour cela sans doute qu'elle n'avait pas hésité plus de trois secondes pour lui répondre. Lui souriant alors, elle resta un peu silencieuse avant de l'entendre et de buguer. Le visage légèrement plus écarlate, elle tenta de mettre de côté cette envie de se cacher dans un petit trou, s'attachant alors.

"M-Merci..." répondit-elle un peu plus timidement que le sourire franc qu'elle avait pu lui offrir avant de vivement hocher la tête, Oui ! J'ai beaucoup trop faim aussi !" rigola-t-elle tout doucement.

A vrai dire, elle n'avait presque rien mangé aujourd'hui. Bonne occasion de rattraper le coup. Alors elle parlait, lui racontait sa journée, lui demandait la sienne avec un plus grand intérêt encore. Elle se détendait, reprenait son caractère insupportablement enjoué par nature, souriait. Elle était vraiment bien à parler avec lui, et elle voulait en découvrir plus que ce qu'elle ne connaissait que partiellement. La voiture en route, elle observait un peu autour d'elle, jetant de légers regards vers celui qui conduisait. Il était beau lui aussi. De quoi la perturber un peu plus, ce qui était déjà le cas de toute manière. Évitant de trop le contempler, elle profitait de ce petit bout de chemin en voiture. Elle trouvait ça assez reposant en réalité. Et puis ça lui faisait quelque chose de grimper avec lui là-dedans. Ça lui changeait de ces espèces de garde du corps qui fourraient leurs nez partout. Mais sur le moment, elle les oublia complètement. Sans doute parce qu'elle avait cette impression que rien ne pouvait la toucher à ses côtés. En l'entendant, elle cligna des yeux avant de sourire d'un coup. Hochant la tête, elle se pencha un peu vers lui.

"Fais toi plaisir ! Ça me dérange pas du tout au contraire !" répondit-elle avant de bien se caler au fond se son siège.

Il n'avait pas l'air du genre à se la traîner en voiture de toute manière, et elle, enfant rebelle de toute une famille adorait ce genre de sensations libres qu'elle pouvait ressentir. Elle ne se doutait même pas qu'on les suivait et encore moins que le plus grand s'en soit rendu compte. A vrai dire, ça lui était complètement passé au dessus de la tête, même si elle aurait dû s'en douter. Alors le temps d'un feu rouge, et son dos se colla un peu plus au siège, la faisant un peu rire comme une enfant. Elle trouvait ça amusant pour le coup, et si elle avait pu s'amuser à étirer ses bras vers le haut comme dans les films, elle l'aurait fait volontiers. Les yeux brillants de tout ce qui pouvait l'entourer, elle resserra un peu ses jambes l'une contre l'autre, tandis qu'en un sourire, elle recommença à observer le profil concentré de l'homme à côté d'elle. Chanceuse, elle pouvait le dire. Elle ne savait pas trop comment qualifier cette soirée ou si même il la voyait comme elle. Si ça se trouve, il considérait cela comme juste une soirée entre ami. Ce qu'elle ne voulait pas du tout. Cette case d'amitié, elle voulait être un peu plus sans doute.

"Et dit moi du coup ! Tu m'emmènes manger où jeune homme hmm ? demanda-t-elle curieusement, les lèvres étirées Puis..., commença-t-elle à dire en le fixant doucement, On peut dire que...C'est notre premier rendez-vous ?" demanda-t-elle un peu amusée.

Elle n'était pas du genre à se retenir, et elle voulait connaître son point de vue. Parce qu'après tout, Myung ne voulait pas se faire de film, même si elle ne laisserait pas tomber juste pour un non. Elle ne savait pas trop combien de temps s'était écoulé depuis qu'ils étaient partis de chez elle, mais elle avait l'impression que tout passait terriblement vite, que chaque instant était précieux. Alors elle en profitait, ne se retenait pas comme la dernière fois. Elle ne se laisserait pas aller comme la dernière fois, et comptais bien lui montrer un avant goût de ce qu'il allait devoir supporter dans la soirée. Même si elle était capable de perdre ses moyens d'un coup. Il n'y avait qu'à se rappeler de leur première rencontre. Un désastre en somme. Et pourtant. Un visage rayonnant, des joues un peu colorées, elle observa la voiture se garer dans un coin après de nombreuses minutes. Trop court selon elle. Elle pourrait presque passer sa soirée à voyager avec lui en voiture. Elle adorait ça. C'était assez simple de la rendre heureuse. Et puis, s'être dépêché n'avait fait que raccourcir ce moment agréable. Sortant alors rapidement en se relevant, elle se rapprocha doucement de lui en trottinant un peu. Sa main se levant un peu, elle hésita légèrement avant de venir accrocher tout doucement ses doigts sur sa manche. Léger mais simple pour celle qui appréciait les contacts. Elle n'avait plus qu'à le suivre jusqu'à la destination de son choix, dont elle était sûre d'être de très bon goût.

Le bitume se déroulait sous les roues avec une douce sensation sous les doigts de Liang. Il aimait conduire. Il aimait parfois, juste tourner dans la ville, les fenêtres descendues et observer le silence des lumières de Los Angeles. Bien sûr, il se devait souvent de retourner bosser, ou de rentrer chez lui. Pour régler des affaires dans les deux cas. Son allure était décontractée, il savait contrôler la vitesse de son véhicule. L’habitude comme on disait. Il était plutôt bon à ça, justement. Ses yeux naviguèrent un instant entre ses rétros, se rendant compte qu’il avait réellement réussi à semer les gardes du corps de Myung. Si le père de cette dernière le découvrait, Liang ne donnait pas cher de sa peau. Mais, bien sûr, il ne sera absolument pas au courant de tout ça. Tout comme Myung ne saura jamais que Liang savait pour ses gardes du corps. Parce qu’il en était un lui-même (pas pour elle, mais pour son propre boss) et qu’il savait exactement comment ils travaillaient. Et donc, c’était plus facile que jamais de leur échapper. Un petit sourire aux lèvres, tout de même fier de son coup, il jeta un coup d’œil à Myung qui semblait apprécier la vitesse qu’il prenait. Le trafic routier de la grande ville ? Les embouteillages ? Il ne connaissait rien de tout cela.

Reprenant un rythme un peu plus calme et tranquille, il conduit habilement dans les rues qui désemplissaient doucement des gens du travail pour laisser de la place à ceux de la nuit. Le soleil teintait les nuages d’une couleur rose tandis que le ciel se colorer de orange. C’était beau à voir. Le crépuscule, tout comme l’aurore, était des évènements éphémères. Quelques choses que l’on pouvait apercevoir tous les jours, sans se rendre compte qu’il s’agissait de la plus belle des merveilles de l’univers. Un soleil qui se lève, une étoile qui brûle et qui répand de la chaleur. Assez pour maintenir en vie tous ses petits humains qui courent partout pour donner un sens à tout ça. Si seulement… Si seulement on arrêtait de se prendre la tête et de juste vivre. Oh, Liang aimerait ça. Partir loin et vivre au bord de la mer. Un village tranquille, une vie simple. Un monde ouvert, sans problème. Un bon endroit pour mourir. Meilleur que les recoins sales de son quartier. Avec douceur, il posa la main sur la cuisse de Myung Hae, fixant toujours la route, son sourire aux lèvres ne l’ayant pas quitté.

« Nous allons manger dans un restau’ top secret. (Et son sourire s’accentue à sa deuxième question.) Je pense que… Ouais. On peut dire que c’est un rendez-vous. »

Il la regarda de nouveau, quittant quelques secondes la route des yeux, pour l’observer. Myung Hae Hennington. La plus belle femme qu’il ait vu jusqu’à aujourd’hui. Celle qui lui faisait tourner la tête après une seule rencontre. Et il savait qu’il ne pouvait pas. Mais bon dieu, elle était géniale ! Enfin, il détourna les yeux, retirant sa main de sa jambe pour passer une vitesse. Les lumières des lampadaires n’étaient pas encore allumés, l’éclairage naturel suffisant pour le moment. Mais déjà, on pouvait voir que le soir tombé sur la ville. Naviguant encore un petit instant, comblant le vide d’une musique tranquille à la radio et de leur discussion banale de la vie de tous les jours, la voiture de Liang s’engagea enfin dans le quartier asiatique de Los Angeles. Certes, Little Tokyo regroupait principalement une population japonais, pourtant la communauté asiatique prenait beaucoup plus le pas. Il y avait de tout maintenant. Et justement. Le petit restaurant cosy où Liang emmenait Myung était plutôt dans la catégorie hors Japon. On pouvait y voir un écriteau regroupant plusieurs langues. Du chinois, du coréen, du thaïlandais, du japonais, de l’indonésien, de l’hindi. Ce genre de petits détails qui faisaient toujours plaisir en quelque sorte. Parce que, pour une fois, personne n’était écarté.

Arrivant à se trouver une place pas trop éloigné du restaurant, Liang se gara avec la même dextérité, en bon connaisseur de créneau. Puis il sortie du véhicule, n’oubliant ni ses clés ni son portefeuille avant de rejoindre sa jolie demoiselle de l’autre côté. Avec un sourire, il lui offrit son bras, pour l’emmener vers la porte qui ouvrirait le début de leur soirée. Bien sûr, en bon gentleman, il le lui ouvrit, lui offrant l’entrée. Il n’y avait pas beaucoup de monde, quelques tables étaient prises par des couples ou des groupes. Des odeurs de curry dérivaient de la cuisine, émoustillant tous les sens d’un coup. Une petite serveuse (de la taille de Myung quoi) les invita à s’asseoir à un comptoir, dans un coin, à côté d’un pot de fleurs et donnant sur la fenêtre. Dehors, les lanternes rouges caractéristiques de la rue commençaient à s’allumer, découvrant petit à petit les ombres qui menaçaient la rue. Les cartes arrivèrent. Et Liang, tout de même dans l’appréhension de la réaction de sa compagne de la soirée, ne sachant pas quoi faire de ses mains, fit comme s’il rangeait ses clés de voiture avant de la regarder de nouveau.

« Alors ? Qu’en penses-tu ? demanda-t-il en souriant toujours. Tu peux commander tout ce que tu veux, je pense qu’ils font tout ce qui est possible et imaginable ici. »

Tout, oui quasiment. En tout cas, il y avait du choix. Et pour toutes les bourses ou estomacs. Il ne savait pas réellement ce qu’elle voulait, donc il n’osa pas choisir un alcool particulier. A chaque fois qu’il venait ici, il testait un plat de pays différents. La dernière fois avait été un coréen. Et s’il en prenait un thaïlandais ce soir ? Juste pour voir un peu ce que ça donnait ? Son choix fut vite fait et il prit alors le temps d’observer Myung près de lui. La courbe si douce de son nez adorable, menant à ses lèvres pleines et toujours pulpeuses de rouges à lèvres. Ses joues aux pommettes hautes, ses yeux si bien maquillés, d’un noir profond et envoûtant. Ses cheveux longs, lisses, qui semblaient soyeux et un vrai plaisir de passer ses mains dedans. Liang sombrait toujours plus pour elle, alors qu’elle ne faisait que respirer. Elle vivait, et lui, il succombait à son propre cœur. Contre toutes les règles, contre toutes les lois. Contre son propre règlement. Un coup de foudre. Chose qui semblait héréditaire apparemment.

Yeux pétillant face à la vitesse gagnée, alors qu'elle s'accrochait tout doucement, rire pratiquement sorti d'entre ses lèvres. Une enfant. Il fallait dire qu'elle était du genre à apprécier les sensations fortes, alors que le paysage changea de couleurs si magnifiques. Orangées, sensations qui lui apportaient du réconfort alors qu'elle sentit la main de son partenaire se poser sur sa cuisse, légères rougeurs qui pourtant ne la firent pas perdre sa joie de vivre. Son visage se tourna vers le sien en entendant sa réponse, légère moue qui, rapidement, laissa place à une expression heureuse sur son visage. Un rendez-vous. Ce qu'elle avait tant attendu, comme si ce jour allait forcément venir. Mais qu'importe. Elle était juste heureuse de pouvoir passer du temps avec ce jeune homme auquel elle avait démontré ses talents de maladresses. Et sans doute que cette petite promenade de minuit dans le véhicule du jeune homme avait été beaucoup trop rapide, beaucoup trop éphémère.

Et restaurant atteint, voiture enfin garée alors qu'elle s'extasiait devant ses talents de conducteur, elle sortit prendre son bras pour se laisser guider, observant avec attention le bâtiment de ses yeux. Tout était si mignon, si agréable devant ses yeux. Serveuse qui les prit en charge, qui s'occupa d'eux pour les installer près d'une fenêtre. Coin tranquille sans personne pour les regarder. Parfait pour un tête à tête. Ses jambes fines s'installèrent alors sur le tabouret, pieds voltigeant dans les airs à cause de sa petite taille. Et elle ne s'en plaignait pas. C'était plutôt très satisfaisant de voir les autre devoir faire des efforts pour s'adapter, ou encore pouvoir enfouir sa tête contre quelqu'un de beaucoup plus grand. Tout était si charmant, alors que sa vision des choses à l'instant même était peut-être un peu biaisé par son engouement. Venant alors observer Liang sans aucune gêne, sourire doux sur son visage alors que son visage se posa entre ses mains, yeux pétillants rien que pour lui.

"Et bien...Je sais déjà ce que je vais prendre depuis que j'ai senti l'extérieur ! Je comptais pas me gêner ! Puis de ce que j'ai pu voir de toute manière, tout à l'air si bon !" qu'elle lui répondit tout doucement alors que ses mains s'emparèrent tout doucement du menu juste pour l'observer.

Feuilletant tout doucement les pages, sans pour autant remarquer le regard du jeune homme, elle ferma rapidement le menu avant de se retourner vers celui qui méritait le plus son regard et son attention. Yeux qui détaillaient pertinemment son visage si bien coupé, avant de descendre un peu sur son cou pour observer ses tatouages avec toujours autant d’intérêt. Mains se posant alors doucement sur le comptoir alors que son corps était tourné vers lui, elle s'assura discrètement qu'il avait choisi, pour commander un curry pour elle, préférant choisir le même alcool que son partenaire. C'était toujours plus intéressant de toute manière, alors autant partager ça à deux. Passant doucement ses doigts dans ses cheveux pour les rabattre en arrière, elle se repositionna un peu mieux auprès de lui, joues légèrement colorées. La nuit était tombée, laissant un voile lumineux colorer les rues du quartier qu'elle connaissait si mal. A vrai dire, Los Angeles restait un grand mystère pour elle tant elle arrivait à se perdre dans le dédales de ses rues. Revenant poser ses iris sur ses yeux avec un visage étiré et rayonnant, elle se pencha juste un peu, suffisamment pour installer une proximité qu'elle appréciait déjà.

"Et donc...qu'est-ce que tu aimes ici ? L'ambiance j'imagine...Et la nourriture... qu'elle demanda, curiosité à l'appui qui se faisait voir, En tout cas c'est vraiment mignon ici ! Je suis contente d'y être avec toi !" articula-t-elle, visage rayonnant encore comme à chaque fois.

L'envie de continuer à le dévisager était très présente. Sans doute n'aurait-elle pas dû détourner les yeux alors qu'elle continuait de s'amuser avec ses pieds dans les airs. Pourtant, c'était bien le stress qui se dissimulait derrière ses mouvements un peu brusques et maladroits. Il fallait dire que ce n'était pas tous les jours qu'elle ressentait quelque chose d'aussi fort pour quelqu'un d'autre. Et sans doute que lui, était l’exception à la règle. Du moins elle voulait le croire. Elle qui d'habitude avait la conversation facile se retrouvait un peu bien bête à rougir juste en le regardant. Émoi d'un premier temps qui fleurissait, alors qu'elle se décala un peu vers lui pour laisser le serveur leur déposer leurs boissons devant leur visage. Épaule effleurant un peu son bras sans qu'elle ne s'en rende compte, elle s'empara de son verre avec enthousiasme avant de le présenter devant lui comme pour trinquer.

"On peut dire...à notre premier rendez-vous alors ?, tenta-t-elle d'improviser avec un peu comme elle le pouvait, Enfin, c'est niais mais pas grave." qu'elle rigola tout doucement.

Tintement du verre contre celui du plus vieux, avant de porter à ses lèvres rouges le liquide doux qui lui réchauffa doucement le creux du ventre. Sensation délicate alors qu'elle se redressait de nouveau en tournant de nouveau la tête vers Liang comme attirée vers lui. Pas que ce n'était pas dans ses habitudes de dévisager les gens comme elle le faisait avec lui, mais étrangement, tout était bien plus plaisant comme cela. Ses prunelles en découvraient toujours plus, allant de petits détails qu'elle n'avait pas vu au premier abord jusqu'à se plonger dans ses yeux. Chose qui lui provoquait de légers frissons lorsque son regard se posait en simultané sur elle. Jouant doucement de ses doigts fins sur son verre, sourire au visage qui ne se défit aucunement alors qu'elle tenta de reprendre la parole.

"Hmmm....Tu viens souvent ici ?, qu'elle demanda sorti de nulle part avant de pencher un peu la tête, yeux pétillants de malice, Et...Tu travailles toujours autant ? Ou c'est juste moi ?" qu'elle continua sur sa lancée.

Beaucoup trop curieuse sans doute, mais elle se justifiait par l'envie de le connaître un peu mieux. Ce n'était pas avec une seule rencontre qu'ils avaient pu se dire beaucoup de choses, se ce n'est peut-être lui offrir un aperçu de son tous les jours. Ou alors lui faisait-elle simplement peur avec toutes ses questions. Et quand seulement elle remarqua qu'elle avait déjà commencé à beaucoup trop s'extasier pour un rien alors qu'ils s'étaient simplement assis, elle fit une légère moue avant de doucement se reprendre et d'en rire discrètement. Manquerait plus qu'elle le fasse fuir à peine au bout de vingts minutes. Catastrophe totale, scénario à éviter dans tous les cas. Quoi que, peut-être que cela faisait parti de ses charmes, cette joie de vivre à tout épreuve. Ou pas. A voir au fur et à mesure que les minutes passaient.

"Excuse moi de te poser autant de questions...Je m'emporte un peu trop...Mais je suis contente de pouvoir passer du temps avec toi !" qu'elle lui dit alors sincèrement, les pommettes relevées.

Franchise à en faire tomber plus d'un, alors qu'elle ne s'en rendait même pas compte. Sortir ainsi, en passant sous l'ombre de sa famille, était quelque chose d'assez rare par rapport à ce qu'elle faisait d'habitude. L'impression d'être toujours surveillée, peur qui la prenait parfois quand elle était seule. C'est bien pour ça qu'elle respirait la joie de vivre, surtout en pouvant être aussi proche de Liang. Son palpitant s'emballait, et elle, essayait de ne pas paraître trop étrange à ses côtés. La soirée risquait d'être sûrement longue, surtout que les plats ne firent qu'arriver, laissant se dégager une odeur agréable d'épices devant eux. De quoi la faire se calmer rapidement, du moins elle l’espérait.

Il savait que son palet allait prendre cher avec le plat qu’il avait commandé. Mais au diable ses papilles, il voulait gouter un nouveau plat, même au risque de perdre son visage de beau gosse aux yeux de Myung Hae. Mais après tout, à leur première rencontre, il avait fini sans pantalon. Sans doute que son honneur était parti très loin ce jour-là. L’observant alors, il la laissa lui poser toutes les questions qu’elle voulait, ne pouvant même pas camoufler le sourire qu’elle provoquait chez lui. Elle était si belle et lui si idiot. Son cœur avait trop brutalement flanché pour elle, beaucoup trop abruptement. Un trait de famille, d’avoir un coup de foudre aussi… foudroyant. Tian avait eu la même chose avec Shinji, il avait été tout aussi retourné. A un si jeune âge en plus, il avait paniqué très rapidement. Et Liang n’était pas mieux, sauf que peut-être, lui aurait moins de problème à accepter son amour. Après tout, le genre de sa partenaire n’était pas une barrière. Non là, la barrière était plutôt sa famille. Outre le fait qu’il risquait très certaine d’avoir un beau-père tout à fait perturbant, il y avait aussi le fait qu’il allait sans doute, très rapidement, finir par être tuer pour avoir transgressé la règle. Mais merde, pourquoi est-ce qu’il pensait déjà à tout ça lui ?! Ce n’était qu’un date, leur premier en plus ! Pas la peine de commencer à prédire l’avenir dans ton verre d’alcool ! Esquissant un sourire, il se mit à lui répondre dans l’ordre de ses questions.

« En fait, ce que je préfère ici, c’est qu’il y a des toutes les nationalités, avoua-t-il avant de se tourner légèrement vers la salle, pointant discrètement une table. Tu vois là-bas, ils parlent en mandarin et juste à côté, c’est du coréen. Un peu plus loin c’est en anglais et juste à côté, c’est du français. Je crois que c’est le restaurant où j’ai le plus entendu de langages différents depuis que je suis ici. »

Si on comptabilisait toutes les langues que Liang parlait ou comprenait, on en aurait pour un petit moment. Après tout, avoir un père militaire avait l’avantage (et le désavantage) de beaucoup voyager. Il avait appris le japonais et le français sur le terrain, en plus de parler chinois, sa langue maternelle qu’il entretenait tous les jours à la maison et dans son travail. L’anglais, bien évidemment. Il aidait même son frère à apprendre, surtout pour les cours, qui n’étaient, bien évidemment, qu’en anglais. A croire que les américains ne faisaient aucun effort. Puis, il se saisit de sa deuxième question, cette fois avec plus de pincettes. Un premier rendez-vous, il l’espérait beaucoup. Cachant les rougeurs qui pouvaient monter sur ses joues, il hocha la tête, lui répondant par la positive. Pour lui, c’était évident dès l’envoie de son message. Il avait voulu la revoir à peine le pied dehors la dernière fois. Il était quasiment partie comme un voleur. Et si elle avait aussi découvert qu’il avait récupérer l’argent poser sur la table basse (qui lui était destiné, bien sûr, il n’était pas assez fou pour voler son boss), elle l’aurait sans doute immédiatement catégorisé comme garçon à problèmes. Ce qu’il était. Mais elle ne devait pas forcément le savoir maintenant. Pas le premier soir tout de même.

Puis la question a un million : « tu travailles toujours autant ? ». Oh, si elle savait qu’il pouvait passer deux jours sans dormir, pour surveiller un transfère de fond, qu’il pouvait disparaître pendant une semaine pour changer d’état afin d’être sûr de l’acheminement d’un protocole ou alors qu’il passait ses soirées à surveiller des tables de poker où il se jouait toujours plus qu’une paire d’as. Mais bien sûr qu’il ne pouvait pas lui dire. Pour elle, il était celui qui livrait les colis dans le quartier. Sa couverture était plutôt bien faite d’ailleurs, travaillée parfois à la seconde près, pour que tout soit parfait. Elle aussi, elle était contrôlée comme ça. Avec ses gardes du corps, ceux-là même qu’il avait réussi à semer, grâce à sa connaissance de la route, étaient fait pour ne pas qu’elle s’aventure trop loin. Myung semblait curieuse et si elle venait à tomber sur des individus malveillants pour son père ou alors à fricoter avec les flics, elle se fera rapidement et discrètement remettre dans le droit chemin. De même avec lui d’ailleurs. Leur relation, cette petite étincelle entre eux, elle amènera à bien pire que de simple remontage de bretelles. Liang sait que lui mentir serait s’enfoncer toujours plus, et que le jour où elle le découvrira, il sera mal. Mais que pouvait-il y faire ? Il voulait encore être avec elle, encore un peu, avant que tout ne s’effondre.

« Je suis un homme occupé, dit-il avec une pointe d’humour. Mais vois-tu, même de nos jours, les colis prennent un temps faramineux à être délivrer ! (Peut-être qu’il en faisait un peu trop.) Et pour vraiment répondre à ta question, oui. Je travaille beaucoup. »

Il pourrait se mettre à lui expliquer toute l’histoire de sa famille, de son père porté disparu, de sa mère qui travaille comme elle peut pour faire tenir la maison, tandis que lui assure les frais scolaires de son petit frère ainsi que son traitement médical. Ce n’était pas un mensonge en soit, tout était vrai là-dedans. Juste, il n’était pas vraiment livreur. Mais elle n’avait pas besoin de le savoir pour le moment. Souriant alors, il lui indiqua qu’il aimait les questions, surtout venant d’elle et qu’elle était tout aussi fascinante à ses yeux. Il la questionna en retour, pour savoir comment elle allait, si tout se passait bien, ses passions, ses études, ses amis, ce qu’elle voulait faire. Plus il en apprenait sur elle, plus elle était merveilleuse. Et tandis que la discussion se poursuivait, les plats arrivèrent, délivrés par la petite serveuse, avec un sourire. Lui souhaitant bon appétit, Liang commença à déguster son repas. Et comme il l’avait prévu, sa bouche partie rapidement en fumée. Finissant tout de même courageusement sa première cuillérée, il se redressa, se ventilant la bouche autant qu’il le pouvait. Puis, ne voulant pas être le seul dans cette posture, il tandis une petite portion à Myung, sûr qu’elle allait réagir comme lui. S’il sombrait, elle allait le faire avec lui. Ils étaient en rendez-vous après tout. Et le but était de s’amuser. Quitte à avoir l’air de deux débiles en train de se ventiler la bouche.

Étonnée elle était, elle, de l'entendre dire tout cela. Elle ne s'était pas rendue compte que ce lieu regorgeait d'origines et de langues mis à part la nourriture si diversifiée qu'elle admirait suffisamment comme cela. Alors, regard scintillant envers celui qui lui avait appris une chose, elle tendit un peu mieux l'oreille, comme pour faire plus attention à ce qui l'entourait. Pourtant, ce n'était pas la chose qu'elle avait retenu le mieux de ces quelques paroles. Elle, dont les langues n'avaient pratiquement plus de secret, tellement qu'elle avait déjà pensé à en faire son boulot, préférant tout de même délaisser les bancs des universités pour travailler dans ce qui lui plaisait tout autant. Alors si ce qu'elle s'avérait penser était le cas, cela ne faisait que rajouter des points bonus sur la liste de celui qui lui faisait face. Illumination complète alors qu'elle se mit à doucement sourire, elle se pencha vers lui, main qui s'appuya contre sa joue. "Du coup...Tu t'y connais en langues ? Vu que t'arrives à les reconnaître...Mais c'est vrai que c'est plutôt agréable ce genre d'ambiance...On a l'impression d'être à la croisée des mondes. C'est cool." qu'elle commença, déjà prête à essayer toutes les langues qu'elle connaissait sur lui. Que ce soit l'anglais, le mandarin, l'italien, le russe, le japonais ou juste les bases de français et les quelques autres langues qu'elle connaissait, sans doute y en avait-elle une qu'il comprendrait aisément. Fallait dire qu'elle n'en connaissait pas beaucoup elle, des polyglottes comme elle au point de s'amuser à voir ce qu'il ne parlait pas. Passion peut-être commune, qu'elle se ferait une joie de lui demander un peu plus en détail quand l'opportunité se ferait.

Car ô combien la jeune fille restait cultivée malgré ses airs un peu niais et dissipés, semblant toujours sourire pour tout et n'importe quoi. Il fallait dire qu'elle n'était pas compliquée la demoiselle en réalité. Il avait sans doute dû le remarquer, que rien qu'en voiture elle se mettait à sourire pour peu. Mais pourtant c'était bien comme elle était, avec son caractère assez explosif et ses manières si expressives de s'exprimer. Tout un cirque elle était, elle, et sans doute qu'il allait s'en rendre compte beaucoup trop vite. Enfin, tant mieux en un sens, parce que la comprendre n'était pas quelque chose de compliqué. Il fallait juste réussir à la suivre, elle et ses folies, elle et ses passions. Sans doute que la jeune femme ne le connaissait pas réellement non plus, mais tout était à apprendre, et elle ne se doutait même pas une seconde que la chute serait bien plus douloureuse, bien plus fracassante. Et elle menait sa petite enquête elle, comme si elle n'avait qu'à lui poser des questions pour qu'il y réponde. Curiosité perceptible pour celui qui avait réussi à capturer son cœur si rapidement, en un regard. Elle était faible, oui, mais elle y croyait étrangement, en cette connexion un peu étrange. Sans doute que le fait que ce soit un premier rendez-vous, et que la vision de son compagnon rougissant la fit sourire n'était qu'une preuve en plus. Ça lui tenait à cœur, elle, surtout que ces messages, elle ne les aurait pas vu autrement de toute manière.

Homme occupé, qu'il lui avait répondu. Elle avait cru le remarquer, au vu des heures tardives auxquelles il semblait travailler nuit et jour. La noiraude trouvait cela étrange, mais elle ne préférait pas s'y attarder, car au final, ce n'était sans doute qu'un détail parmi tant d'autre, et elle n'avait pas à se plaindre plus que ça. Léger rire qui sortit d'entre ses lèvres, elle continuait de le regarder avec ses regards si doux et ses prunelles rayonnantes, tandis qu'elle laissait ses pieds se reposer un peu sur son tabouret. "J'ai cru voir ça~ Mais tu fais même du service après vente. C'est plutôt sympa." qu'elle lui dit alors en rigolant doucement, léger clin d’œil alors qu'ils continuèrent à discuter en toute tranquillité. Echange passionnant où elle ne manqua pas de lui expliquer ce qu'elle faisait dans la vie, allant des langues, à ses activités cachées jusqu'à critiquer un peu sa famille dans son dos, elle n'hésitait pas à lui raconter pleins de choses un peu farfelues, un peu exclusives. Et sans même qu'elle ne s'en rende compte, les plats se déposèrent devant leurs visages.

Et sans attendre plus longtemps, lui offrant un sourire des plus voluptueux, elle se mit tout doucement à manger son plat avant d'observer le plus vieux se débattre avec sa première bouchée. Yeux pétillants, presque suffocante de rire, elle fut pourtant invitée à y goûter, n'hésitant pas une seconde. Savourant alors la fine bouchée qu'il lui tendit, les joues un peu rouges, elle comprit rapidement alors qu'elle se mit doucement à essayer de rafraîchir l'intérieur de sa bouche en compagnie de celui à côté de lui. Deux idiots qui semblaient pourtant s'amuser beaucoup trop. Yeux en larmes alors qu'elle essayait de retenir son rire, elle soupira finalement, corps reposé contre son dossier de siège. "T'as pas choisi le plat le plus simple à manger...Mais...c'est bon...Enfin si tu survis. Ou alors serait-ce une technique pour essayer de me faire taire ?" Rire complet pour l'embêter, même si elle trouvait son plat tellement exquis qu'elle ne pouvait pas s'en empêcher, elle commença alors à lui tendre une cuillère de son curry qui était beaucoup plus doux. "Tient. C'est plus léger." qu'elle lui sourit sous cette envie de partager étrangement ce moment un peu plus avec lui.

Et elle s'était un peu collée à son bras pour faciliter la chose, avant de continuer de grignoter son plat si épicé et pourtant beaucoup moins fort que celui de Liang. A croire que les épices et eux, cela était une vraie histoire d'amour. Au moins ils avaient cela en commun, l'amour des saveurs. "Je m'en souviendrais au moins...de cette soirée. Je sais pas toi mais je l'attendais vraiment...A croire que j'avais hâte..." qu'elle lui dit en souriant plus doucement. Avoir hâte, c'était un peu léger comme terme. Complètement excitée, c'était mieux. Le revoir, elle avait attendu jusqu'à avoir le courage au final mais elle ne s'était pas attendue à ce que cela soit réciproque. "La prochaine fois j'hésiterais pas à t'inviter. Surtout que...je compte bien à une prochaine fois. Non ?" qu'elle pencha un peu la tête vers lui, venant remettre ses cheveux derrière son oreille alors qu'elle s'étira tout doucement en se délectant de son assiette. Oui, elle était plutôt optimiste. Elle avait en tête de déjà pouvoir le revoir, de lui proposer pleins de choses. S'il savait dans quoi il s'était embarqué, lui, il n'aurait sans doute pas accepté aussi rapidement. Mais trop tard. A présent, il allait devoir survivre tout en la supportant. Enfin, elle allait pouvoir le découvrir un peu mieux, et ça, jusqu'à ce qu'elle soit persuadée, de ce qu'elle pouvait bien ressentir pour lui.

Un sourire en coin déforma sa joue, alors qu’il se rapprochait d’elle, posant son avant-bras sur la table pour mieux la regarder dans les yeux. Il était hypnotisant, son regard. Parfaitement souligné de maquillage, très bien habillé de sa coiffure qui tombait autour de son visage avec délicatesse. S’il s’y connaissait en langue ? Oh que oui. Sept langues à son actif, qu’il parle toutes. Parfois en argo, parfois courtoisement. Néanmoins, il ne peut pas l’écrire. Il le comprend, à l’oral et à l’écrit, mais il ne peut pas, lui-même l’écrire. Pas que cela soit très dérangeant en réalité. Il n’a pas besoin de déposer une note lorsqu’il doit récupérer une livraison, ou qu’il doit casser des gueules. Mais ça, elle n’a pas vraiment besoin de la savoir. Il franchit déjà une ligne, il ne sait pas s’il peut pousser le vice un peu plus loin. Mais autant ne pas tenter le diable. Pas ce soir en tout cas. Elle souligne même le fait qu’il fasse du service-après vente. Cela lui arrache presque un rire alors qu’il se redresse légèrement, hochant la tête.

« Sauf que je ne le fais qu’avec toi, répondit-il aussi simplement. Je ne ferais pas d’heures supplémentaires sans une bonne raison. »

Et il sait qu’il ne le devrait pas. Il n’était pas en position pour sortir, ou même convoiter, quelqu’un comme Myung. Mais que pouvait-il y faire ? Lutter ? Se faire du mal alors qu’il pourrait être un peu heureux pour une fois ? S’il sentait que les choses prenaient une tournure qui la mettait dans une mauvaise position, il irait directement la retrouver. C’était une certitude qui l’animait depuis un moment maintenant. Ils ne se connaissaient peut-être pas encore totalement, ils auront encore du chemin à faire, mais Liang tient à elle comme il n’a jamais tenu à quelqu’un avant. Seul son frère pourrait être au même niveau. Alors, il l’écouta, avide d’en apprendre un peu plus sur elle, sur sa vie. Elle étudiait les langues donc. C’est pour cela qu’elle n’avait pas eu l’air si perturbée par sa propre connaissance. Cela le fascinait. Elle le fascinait. Presque assez pour le détourner de l’arrivé de leurs plats devant eux. Liang sentait qu’il était peut-être un peu trop passionné à son sujet. Mais cette pointe électrique qui circulait dans son corps, il ne l’avait jamais vécu avant. Doucement alors, il la attira son attention pour démarrer un petit jeu.

« Let’s see where we can go, commença-t-il. 一緒に数えましょう. (Il leva un doigt en l’air, ne pouvant s’empêcher de la défier du regard.) Scommetto che capisci cosa sto dicendo, giusto? »

Son deuxième doigt se leva, oubliant l’anglais. Mais c’était presque une évidence. Après tout, ils ne parlaient que comme ça. C’était gamin comme défi, de savoir jusqu’où ils pouvaient aller tous les deux. Ils n’en étaient qu’au premier rendez-vous. Pourtant, c’était plutôt une bonne technique de drague. Etaler ainsi leur capacité respective, c’était plutôt fascinant à vrai dire. Elle ne lui avait rien dit qu’en à un quelconque challenge. Mais il voulait savoir, vu qu’elle semblait tellement bien s’y connaître aussi. Il parlait couramment, certes, mais il n’était qu’un mafieux qui en avait besoin pour le travail. Elle devait en avoir un peu plus dans la caboche que lui à ce niveau-là. Quoi que, lui, s’il n’était pas tombé du côté obscure, serait ingénieur maintenant. Ouais, mauvais choix. Il aurait vécu une vie morne et sans saveur. Alors que là, il avait eu un coup de foudre. Et il était en rendez-vous avec. Qui peut dire mieux ?

Il n’avait pas vraiment peur de se ridiculiser devant elle. C’était une atmosphère tellement confortable entre eux, qu’il n’avait même pas réfléchit avant de l’impliquer dans sa bataille contre sa propre nourriture. Il est vrai qu’il s’était peut-être un peu trop emballé quand à sa résistance face à son plat. Mais il pouvait alors se vanter de l’avoir fait rire jusqu’à apercevoir de légèrement larmes de satisfaction aux coins de ses yeux. Se léchant les lèvres pour ravaler le reste de sauce, il l’observa, tout aussi amusé. Il ne voudrait pour rien au monde qu’elle se taise. C’était idiot de vouloir lui couper le sifflet. Myung avait beaucoup de choses à dire. Et si elle voulait les dire, alors, qu’elle se fasse plaisir. Liang était assez grand pour pouvoir débattre s’il n’était pas d’accord. Seul ceux qui ont peur de ne pas savoir répondre font taire les autres. Acceptant alors sa cuillérée de curry, il en profita pour reposer son palet un petit instant. Mais aussitôt, il en reprit, de sa bouchée de feu, qui, cette fois, lui fait bien moins mal à l’œsophage.

« Bien sûr qu’il y aura une prochaine fois, réussit-il à dire sans s’étouffer de nouveau. Cette fois, on ira où tu voudras. »

Rien qu’à l’idée de passer du temps avec elle, il était heureux. Non, vraiment, il était dans une phase de ses sentiments où elle pourrait lui dire qu’il n’était plus qu’un pauvre con sans cervelle qui ne savait rien faire de ses mains, qu’il serait complètement d’accord. Enfin, en théorie. Parce que le He était loin de se laisser faire à la baguette. Il répondait à des ordres, oui, pour son travail. Mais il en restait un être de conscience. Sans doute ce qui avait fait de lui le meilleur ami d’Haoyu. Un érudit, placé à une échelle si basse qu’il faisait ombre dans la foule, mais restant assez libre pour vivre sa vie, tout en plaçant ses oreilles aux bons endroits. Seul, Liang n’était qu’un pion. Avec son meilleur ami, il devenait l’atout dans la manche. Et comme Myung était une reine, lui, il serait prêt à devenir roi.

Visage en face du sien, alors que son regard se perdit dans le sien. Rougeurs aux joues sur celle qui se réchauffait déjà de ces simples contacts : car sans doute était-elle un peu trop faible face aux prunelles de celui qui faisait s'emballer les myocardes. Alors elle pourrait rester ainsi des heures à simplement le contempler. Pourtant les discussions s'enchaînaient, et elle sombrait encore et encore, jusqu'à ne plus pouvoir s'en sortir. Langues, points communs se dévoilant; c'était bien pourtant à cause de ses paroles qu'elle cligna des yeux et se frotta un peu le visage. "A-Aah oui ? Et donc en plus d'en faire tu aimes charmer~ Ca veut dire que j'en vaut la peine ou que je suis une bonne raison ?" qu'elle se rapprocha juste un peu avant de s'en amuser et de se reculer vaguement. Car elle aurait aimé, pouvoir tout simplement être quelqu'un sur laquelle l'on posait les yeux. Trop rare ceux auxquels elle faisait confiance, ou qui méritaient son attention. Sans doute était-elle beaucoup trop indépendante pour se rattacher à quelqu'un, mais elle avait un cœur à donner, des sentiments en vracs et une envie de tout simplement pouvoir profiter de bras qui la garderaient sans la laisser s'échapper. S'enfuir d'ici, elle y avait déjà pensé, elle, mais elle ne le regretterait pour rien au monde à présent : car elle avait perdu face à ses sentiments.

Rire délicat pour celle qui se mit à parler d'elle comme si cela était réellement intéressant, elle ne s'était pas rendu compte qu'elle avait fini par s'égarer. Les langues était sans doute toute sa vie en plus de ses passions bien étranges, mais elle pourrait s'y repencher dessus bien des jours. Et sa voix la distrayait, alors que ses yeux se mirent à scintiller sous les diverses langues. Car ô combien elles sonnaient particulièrement délicatement sous ses lippes si douces, au point où les plats fumants lui passèrent au delà de l'esprit, au point où son corps se rapprocha de lui comme pour rentrer dans ce petit jeu. Sourire idiot au visage, penchant la tête par moment, elle ne pouvait que se délecter un peu plus de ce qu'il se passait. Défi à relever qui l'amuserait bien trop au final. "anzi capisco perfettamente quello che dici. 아마 당신이 생각하는 것보다이 게임을 더 좋아할 것입니다.", vérité qui ne trompait pas tandis qu'elle se mit à énumérer dans son coin comme pour s'amuser de ses réactions, ou encore de voir ce qu'ils avaient encore plus en commun.

Et peut-être que finalement l'appétit avait repris le dessus, car elle s'était pliée en deux sous le cirque du plus vieux, et elle rigolait sans pouvoir s'en arrêter, tout en essayant de manger son plat. Mais elle était de beaucoup trop bonne humeur à ses côtés, et sans doute ne le méritait-elle pas après seulement deux rencontres. Apprendre à se connaître, c'était sans doute quelque chose de bien plus compliqué que ce qu'il n'y paraissait. Après tout elle avait tout un tas de chose à lui présenter, et tout un tas de chose à lui dire à son propos. S'il pensait qu'elle était compliquée, et bien sa famille l'était encore plus : et elle ne voudrait que pouvoir fuir tout cela aux côtés de quelqu'un. Bouchée qu'elle lui offrit, sous son visage doux et rayonnant, elle frémit pourtant en l'entendant lui avouer que la suite serait à venir. Qu'ils pourraient se revoir. "Où...je veux ? Hmmm...Je t'aurais bien dit allons en boîte mais...Je préfère un truc plus intimiste..." qu'elle se mit à réfléchir en finissant son plat, avant de doucement rapprocher son visage du sien. "Une balade nocturne ? Ca te dit ? Je t'aurais bien invité chez moi mais...Vaut mieux éviter." Tout simplement parce qu'ils ne pourraient pas rester tranquillement ensemble, et elle le savait.

"On pourrait...Aller en bord de plage ? Ou alors dans un bar ? En fait je m'en fiche. Du moment que c'est en ta compagnie. qu'elle articula en venant boire son verre d'eau tranquillement comme pour pouvoir se détendre un peu plus. Muscles tendus car elle ne pouvait tout simplement pas rester de marbre face à lui elle s'étira un léger coup avant de laisser son regard glisser doucement sur son visage, main s'élevant vaguement pour effleurer sa joue d'un doigt. Car la noiraude avait besoin de contacts, même s'ils étaient des plus simples et banals. "Après tu veux faire quelque chose de particuliers ?" qu'elle lui demanda, calmant légèrement son myocarde avant d'allonger sa tête sur la table sans le lâcher des yeux. "On pourrait...aller se poser dans un coin ?" Loin de cette ville, loin de tout, car après tout elle ne voulait pas rentrer. Du moins pas encore. Pas après un repas des plus copieux et encore moins après avoir ressenti toutes ces choses. Car elle était le plus souvent indécise, elle, et sans doute ne voulait-elle tout simplement pas que ce moment ne se termine aussi rapidement. "A moins que tu aies envie de te débarrasser de moi le plus vite possible. Ce que je comprendrais en soi mais pour se débarrasser de moi il faudra en faire beaucoup plus !" Maintenant qu'elle allait s'accrocher, il ne risquait plus de la faire s'en aller.

Mais ô s'il ne fallait qu'user de ses charmes pour faire plier les autres : elle espérait que cela ne fonctionne pas avec lui, qu'il ne soit pas là par pure instinct matériel. Se redressant pour finalement venir embrasser sa joue, elle s'assura finalement qu'il ait fini de manger pour doucement se redresser. "Est-ce que Monsieur voudrait me faire le plaisir de passer un peu de temps en plus avec moi ?" qu'elle rigola alors, remettant doucement sa veste sur les épaules avant de venir payer sa part. Car elle était comme cela, et qu'elle n'avait pas envie qu'il ne pense qu'elle n'était là que pour cela. Au contraire, elle était réellement sérieuse celle qui n'arrivait plus à décrocher les regards de lui. "Un dessert à grignoter dans la rue ça te conviendrait ?" Main qui s'agrippa doucement à son bras sous les sourires étincelant qu'elle ne parvenait simplement plus à faire disparaître de son visage si heureux. Et comment ne pas l'être, alors qu'elle avait envie de passer un maximum de temps avec celui qui la hantait à présent.

Ses coudes se posèrent sur la table, son visage muni d’un sourire en coin alors qu’il l’observait. Oui, elle en valait clairement la peine. Mais s’arrêter à son physique serait réducteur. Myung irradiait littéralement d’une lumière, telle une auréole posée délicatement sur ses cheveux corbeaux. Liang l’avait vu lors de leur première rencontre. A peine avait-elle ouvert la porte, que le cœur du jeune homme avait fait une envolée féérique. Tian lui avait assez parlé de Shinji maintenant, pour qu’il comprenne que le coup de foudre était réellement de famille. Sauf que, lorsque son frère était tombé amoureux d’un homme plutôt doux et accessible, lui, en grand idiot qu’il est, n’avait pas pu résister à la pomme défendue. Elle lui était interdite, il le savait. Elle ne devait rien savoir des agissements de son père, et Liang était le parfait lien entre eux. Il était un fil, tendu pour relier les deux mondes. Car, Haoyu vivait totalement dans l’ombre. Liang lui jouait entre les rayons du soleil pour garder un pied dans la réalité. Et Myung était complètement dans la lumière. Elle lui était inaccessible. Et lui, il la voulait encore plus.

« Charmer ? Moi ? Bien sûr que non, mentit-il en gardant son air de renard. Tu en vaux plus que la peine, promit-il, presque en chuchotant. Et j’espère que je le vaux aussi. »

Il l’observa se rapprocher aussi, comme fascinée par ce jeu qu’il venait de lancer. Il avait toujours été vu comme un outsider, lui dont la tête indiquait souvent plus de muscles que d’esprit, surprenant par son intellect. Pour la mafia, il n’était qu’un garde du corps, des épaules assez fortes et un visage assez tranché pour imposer une présence. Néanmoins, il avait les mains salis. Et tout ça pour un paquet de clopes pas vrai ? Il n’était pas aussi idiot, il y avait réfléchi. Mais laisser le doute planer, donner l’impression qu’il n’avait rien à faire là, était bien ce qui faisait sa force. Sa langue sortie un court instant pour humidifier ses lèvres, suivant les expressions de la jeune fille. Elle avait une diction si envoutante, faisant rouler les accents sur son palet comme une habitude bien travaillée, elle arrivait à l’impressionner. Un rire lui échappa, deux autres de ses doigts se baissèrent pour indiquer les langues validées. Si leur soirée se résumait à communiquer ainsi, il n’hésitera même pas la prochaine fois qu’on lui demandera s’il a une femme dans sa vie.

« Wir sind auf der gleichen Seite, also… sourit-il, baissant un nouveau doigt. 私たちは世界のすべての言語で愛について話すことができるようになります. »

Pour le moment, il n’avait pas encore abordé sa langue maternelle. Celle qu’il aimait le plus, celle dans laquelle il pensait et réfléchissait. Celle avait laquelle il discutait avec son meilleur ami et son frère. Même si son père lui avait fait du mal et espérait fuir, son pays n’était pas coupable. Un homme ne représente pas une nation, même s’il en est l’effigie. Ainsi, Liang aime la Chine, autant qu’il apprécie vivre à Los Angeles. Pourtant, il sait qu’il ne pourra jamais y retourner pour s’y installer afin d’y vivre. Il y serait en danger, tout d’abord, et ensuite, il avait touché du bout des doigts une culture diamétralement opposé à celle des drapeaux rouges. Même s’il n’était pas toujours avec les américains, les points positifs se contrebalançaient. Et celui qui, actuellement, ce soir, prenait le plus de place, se trouvait assis juste en face de lui, riant à sa blague sur sa nourriture. Son rire le rendait tout mou, fier comme un paon pour l’avoir rendue ainsi. Il ne lui en fallait pas beaucoup, pour dire vrai. Mais voilà, c’était comme une petite victoire.

Quelque chose de plus intimiste dit-elle alors. Le cerveau de Liang se mit à réfléchir. Il pourrait l’emmener partout en voiture. Il lui suffisait qu’elle lui donne un lieu, il la conduirait pour poursuivre la soirée. L’avantage de connaître la ville comme sa poche, est qu’ils n’auront pas à patienter trop longtemps. Los Angeles avait beau être une ville bondée en permanence, les circulations n’étaient que dérisoires lorsqu’ils quittaient le centre ville et l’avenue des étoiles hollywoodienne. Certains quartiers étaient bien plus calmes, comme Little Tokyo, par exemple. Et oui, il y avait la plage aussi, bien loin du bruit de la ville, à simplement écouter les vagues et de temps en temps les groupes de gens qui jouaient de la guitare sur le bord. Une grande ville était toujours éclairée, et les coins pour être au calme ne manquaient pas. Alors, si elle lui demandait, il l’emmènerait. Mais cela ne se limitait pas qu’à Los Angeles. Il pourrait la conduire jusqu’au bout du monde. Il lui suffisait de le dire.

« J’ai dit que tu décidais, donc fait ton choix. La plage ? Ou un bar ? Une boite ? Tout me va. (Il sortit alors ses clés de voiture.) Je t’emmène où tu veux ! Et ne penses même pas à ça. J’aimerais que cette soirée ne se termine jamais… »

Il voulait pouvoir continuer à lui parler, à la faire rire, à jouer avec elle. Il voulait découvrir ce qui faisait d’elle ce petit ange actif et joyeux, maladroit et tendre. Il voulait aussi qu’elle apprenne à le connaître, sans pour autant qu’ils ne débordent trop. Il devra mentir, même s’il n’en avait aucune envie. Parce qu’elle ne devait pas savoir. Mais cela le tuait. Jouer le mystère, il savait très bien faire, mais ce type de chose n’était pas à prendre à la légère. Parce que si l’une de ses anciennes conquêtes venait à l’apprendre, cela ne changerait rien. Hors si Myung Hae découvrait tout, autant lui qu’elle seront dans de très gros problèmes. Un danger, qu’il n’était pas encore prêt à prendre. Il ne voulait pas lui faire de mal. Mais il ne pouvait pas se le permettre maintenant. Pour son petit frère. Pour sa famille. Et pour Hao.

Terminant son plat tranquillement, il sentit à peine la brûlure des épices à la fin, sa langue complètement anesthésié par le premier brasier. Mais le baiser sur la joue qu’elle lui offrit raviva bien pire en lui. Pourtant il resta fier et droit, osant un petit sourire, pour cacher le gamin en lui qui criait en se disant qu’une fille venait de lui embrasser la joue. Il avait grandi depuis le lycée tout de même… Ou pas du tout.

« Ouais, okay ! Go ! » approuva-t-il en mettant sa propre veste, sortant son portefeuille pour payer sa propre part.

Il lui proposa alors d’acheter leur dessert dans une boulangerie, pour pouvoir la grignoter en allant vers le lieu qu’elle avait choisie, ou alors pour carrément le manger là-bas. Une fois dehors, il lui ouvrit la portière du côté passager, tel un vrai gentleman, attendant qu’elle ne soit assise avant d’aller s’asseoir à son tour. La soirée n’était pas encore terminée. Jetant un coup d’œil dans son rétro, il constata qu’aucune voiture du groupe du père Hennington ne se trouvait dans la rue. A vrai dire, si l’un des pions du père de Myung les avait vus, Liang savait pertinemment qu’ils étaient morts. Sa voiture avait dû être identifiée tout à l’heure. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’on ne le grille. Il ira demander à Hao pour un petit coup de pouce. Si c’était dans ses cordes, évidemment. Autrement, il se débrouillera pour camoufler les pistes. Il n’était pas un espion. Mais il était assez intelligent pour pouvoir au moins faire ça. Enfin, il l’espérait. Il n’avait pas le choix. Il devait la protéger de tout le merdier dans lequel il était. Pas qu’il ne pensait pas qu’elle était sans défense. Mais Liang avait des démons qu’il préférait tuer avant d’aller plus loin encore, dans cette relation qui le faisait se sentir bien.

Et elle rigolait, la belle, comme pour essayer de ne plus s'inquiéter de ce qui pourrait lui tomber dessus si elle craquait à venir effleurer les myocardes de ses passions. Car elle rayonnait elle aux côtés de celui qui ne faisait que la faire fondre encore et encore : sensible créature, qui ne voulait plus que pouvoir s'amuser et explorer les amours impardonnables. Et sans doute ne devrait-elle pas y succomber, destinée à devoir écouter les règles d'un père trop observateur, mais elle ne voulait pour une fois faire que ce que son esprit lui dictait. Alors elle riait délicatement, comme pour en effacer les peurs et ne faire que profiter de l'instant, car selon elle il en valait entièrement la peine. "Evidemment que tu en vaux la peine. Sinon je ne serais pas là.", car le palpitant n'avait fait que lui dire ce qu'elle devait faire, et elle ne se lasserait pas de se laisser bercer par la voix de celui qui la hantait depuis déjà quelques jours.

Amusée, alors qu'elle participait volontiers à ce jeu linguistique, elle souriait, yeux pétillant alors que les mots s'enchaînaient si fluidement : heureuse de voir qu'elle partageait les plaisirs bien trop incompris. Main se rabattant devant son visage, alors que les rires ne se retenaient plus, elle balançait tout doucement ses jambes dans les airs, gamine heureuse de pouvoir s'appuyer sur celui qui semblait la comprendre bien plus qu'elle ne l'aurait pensée. Et elle sentait qu'il ne finirait pas de la surprendre, car elle s'émerveillait bien rapidement, celle au prunelles déjà scintillantes de vie. Doigts qui s'excitèrent tout seul, se claquant tout doucement les uns contre les autres, alors que les lippes étirées laissaient se répandre les vocales, sans doute se sentait-elle bien trop bien à ses côtés. Naturelle, sans avoir à jouer les demoiselles bien tenues : ce qu'elle n'était absolument pas. Car il n'y avait qu'à la voir, toujours à chercher les contacts, à s'amuser comme bon elle le semblait. Pourtant elle en voulait toujours plus : rester avec lui jusqu'à ce qu'elle ne doive rentrer. Seuls, écartés des bruits de la ville et de la population. Visage pensif, avant de ne voir les clefs sous ses yeux, elle se mit à lui sourire d'un coup avant de se pencher un peu plus vers lui, visage se posant au creux de sa paume. "Et bien la plage alors ! Même si j'ai pas du tout la tenue pour !", elle s'arrangerait toujours pour ne pouvoir profiter que des douceurs du temps.

Elle voulait apprendre à le connaître plus, le découvrir encore et encore comme elle n'avait pas pu encore le faire. Puis en réalité, elle était un peu trop impatiente de pouvoir découvrir plus de choses à ses côtés, de pouvoir parcourir les océans infernaux de ces rues sans vie. Le laissant finir son plat, pour ensuite attaquer son visage de ses lippes souriantes, elle se releva tout autant pour payer, rire délicat alors que les sucreries étaient évoquées. Et elle était complètement pour, elle, de simplement venant grignoter sur les sables chaud des plages entourant la ville. Veste remise sur ses épaules, se laissant guider pour se réinstaller au sein du véhicule de celui qui l'accompagnait, elle était sans doute encore plus énergique encore, de pouvoir profiter des airs délicats. Alors quand les moteurs ne firent que se mettre en route, et que les paysages commençaient à se dessiner, elle laissa ses prunelles se reposer, sur les vastes étendues marines.

"Dis...ça t'arrive souvent d'emmener tes conquêtes en voiture ?" qu'elle demanda en rigolant, venant finalement l'observer en rigolant tout doucement. "C'est plutôt efficace." Et elle souriait, car au final elle se laissait prendre au jeu si facilement. Qu'importe, elle comptait bien essayer de ne rien faire rater, car elle l'appréciait réellement malgré toutes les parts de mystères qu'elle ne connaissait pas encore. "Je t'embête. T'es sûr que ça te va, la plage ?" qu'elle murmura plus doucement, tête qu'elle tenta de caler contre l'épaule du plus grand comme pour rechercher le moindre contact. C'était comme cela au final qu'elle réagissait, essayer de communiquer par la moindre de ses réactions, le moindre de ses gestes, et même si elle n'était pas des plus douée pour parler sans hurler partout, elle savait se rendre attachant. Car elle-même avait du mal à oublier les gens qui l'entouraient. "J-Je veux dire accepte pas tout ce que je te propose si ça te va pas.", car les envies ne manqueraient pas, si ce dernier ne faisait que dire oui à tout ce qui sortait d'entre ses lèvres. "En tout cas...Je me dis que c'est sans doute l'une des meilleures soirées que j'ai pu passer depuis des semaines..." qu'elle articula vaguement, tandis que les yeux se fermèrent timidement pour simplement profiter de la route.

Qu'elle aimait cela, elle, de pouvoir sentir les roues circuler sur le bitume, ou encore l'odeur de celui sur lequel elle se reposait partiellement, car elle savait au final qu'ils allaient s'arrêter. Simple arrêt à une boulangerie, ou encore près de l'océan, elle s'en fichait pas mal car quand les pieds effleurèrent enfin les sols, elle se permit de s'étirer de toute ses forces pour s'illuminer d'un coup. Et sans réfléchir, retirant ses talons pour venir trottiner dans le sable, elle laissa sa main fraîche venir attraper celle du plus grand pour l'entraîner avec lui au bord de l'eau, et profiter des fraîcheurs marines d'un océan assombris par la nuit. Gamine comblée, par les simples gestes, car elle savait pertinemment qu'elle ne pourrait pas profiter de cette quiétude aussi longtemps qu'elle ne l'aurait voulu. "Tu viens souvent ici toi ? Moi j'en ai pas si souvent l'occasion !" qu'elle articula, rire aux pulpeuses si infinies. Et regard lancé, vers celui qu'elle ne voulait plus lâcher, se mettant à jouer de ses pieds dans l'eau tout en faisant attention pourtant à ne pas se tremper, elle préféra pourtant se retourner vers lui en sourire : car c'était là tout ce qu'elle savait faire, entre les joies et sourires, myocarde allégé, alors qu'elle ne voulait plus que s'amuser et se laisser bercer par les amours afin de dissimuler les peines.

Ils s’amusaient, discutaient comme s’il n’existait pas une version d’eux, à l’extérieur, qu’un groupe d’hommes en noir serait ravi de séparer. Liang savait qu’il n’avait pas le droit de faire ça, d’emmener Myung en date, de la faire sourire et rire, de ne serait-ce que la regarder dans les yeux. Il n’était pas haut dans la hiérarchie, il avait les mains sales et le plus important, il répondait aux ordres du père de la jeune fille. S’il lui demandait du jour au lendemain de ne plus jamais avoir de contact avec elle, le fera-t-il ? Sera-t-il assez courageux pour dire non ou trop lâche pour dire oui ? Il avait eu un coup de foudre, de ceux qu’on n’a pas tous les matins au réveil. Par amour, on pouvait être poussé à faire beaucoup de choses. Par peur aussi. Mais pour ses yeux qui s’allumaient de paillettes, il ne pouvait que refuser les ordres et retourner vers eux. Il était faible, ayant toujours beaucoup trop aimé les femmes pour ne pas irrémédiablement retourner vers elles. Après tout, il avait été envoyé à l’armée à cause de l’une d’elle. Un tombeur ? Non, plutôt, un amoureux frivole qui venait de déposer son cœurs sur celle dont il était sûr qu’elle ne le perdra jamais.

Le repas avait été plus rapide qu’il ne le pensait. Pourtant, la soirée n’était pas finie. Il allait encore devoir faire des détours pour ne pas se faire attraper, mais cela ne le dérangeait pas. Liang pourra la conduire partout dans la ville si elle lui demandait. Le plan était donc d’aller se chercher un dessert et d’aller le manger sur la plage, profiter des derniers rayons du soleil avant que la nuit ne submerge la vile des anges. Quelque chose frappa alors Liang. Lorsqu’il allait ramener Myung à sa maison, il allait devoir faire très attention. Une jeune fille qui rentre à la nuit tombée attirée souvent l’attention de ses parents et, dans son cas particulier, son père. Or, si Liang se faisait prendre, il allait passé un très, très, mauvais quart d’heure. Et même son meilleur ami ne pourra pas le sauver de cela. Pourtant, malgré cette pensée qui venait de lui monter à la tête – il est un peu lent sur les petits détails par moment, même s’il était très bon en improvisation, ce qui sauvait les meubles – il sourit à la jeune fille, de son sourire en coin qui commençait à devenir caractéristique.

« Ce n’est pas grave ça… Si tu veux faire un bain de minuit, il suffit de tout retirer. »

Un peu trop confiant ? Un peu trop confiant. On ne change pas une équipe qui gagne. Evidemment, si Myung décidait de le faire, il se joindra à elle, mais il était (presque) sûr qu’elle n’osera pas. Après tout, il y avait toujours du monde dans la ville et sur la plage, même si, parfois il est vrai que le calme régnait pour laisser de l’intimité à ceux qui en demandent. Les clés dans ses mains, le repas payer et la veste sur le dos, il accompagnait Myung jusqu’à sa voiture, l’invitant à y entrer en lui ouvrant la portière pour qu’elle puisse s’installer avant de rejoindre son propre siège. Allumant le véhicule, il avait déjà ses repères, alors il démarra aussitôt, quittant sa place avec l’aisance de celui qui s’y connait. Les créneaux de l’effrayaient plus. Après tout, lorsque l’on enchaînait course poursuite dans les allées embouteillées de Los Angeles, on apprenait à manœuvrer comme personne. La ville était un très bon terrain d’entraînement. Sa question fit rire Liang, alors qu’il les emmenait vers la boulangerie la plus sympathique du coin. Elle semblait s’y connaître en techniques de drague. Sans doute en avait-elle subis beaucoup.

« On peut dire ça, avoua-t-il sans perdre son sourire. Mais tu es spéciale. Toi, je pourrais t’emmener dans le monde entier. »

Ce n’était pas un mensonge, il le pensait réellement. Peut-être était-un peu trop tôt dans leur relation, mais il croyait. Un truc dans la famille, d’avoir un coup de foudre et d’être prêt à donner le monde entier à la personne qu’ils aiment. Enfin, Liang ne savait pas comment agissait son frère avec son copain et, sérieusement, il ne voulait pas savoir. Leur histoire ne l’intéressait que très peu. Il n’y a pas à dire, il aimait les femmes. Arrêtant la voiture à un feu rouge, il tourna la tête vers Myung, la regardant alors qu’elle lui disait de ne pas tout accepter avec elle. C’était bien ce qu’il se disait aussi. Il pouvait lui donner le monde, mais elle n’était pas dans le vrai en se disant qu’il sera en permanence à ses pieds. Liang avait son honneur et son intégrité. Pour une femme, il pouvait se mettre à genoux, mais si elle dépassait les lignes, il lui dira. S’accoudant à la console centrale, il retourna son attention sur la route.

« Je ne suis pas du genre à dire oui à tout, répondit-il. Mais je t’ai demandé où tu voulais aller. Ce serait idiot de ne pas faire ce que tu veux alors que je te l’ai demandé, tu ne trouves pas ? »

Le feu passa au vert et il redémarra, s’engouffrant de nouveau dans la circulation. L’écoutant de nouveau, il ne put cacher l’expression de fierté qui illumina son visage. Quelques secondes plus tard, il fit un premier arrêt pour récupérer des desserts. Juste avant d’aller se garer près de la plage. Juste après avoir récupérer les gourmandises, il sentit sa main se faire attraper, entraîner avec elle sur le sable. Souriant aussi, il la suivit, sans rien dire, l’observant en se disant qu’elle était réellement magnifique. Ses pieds dans l’eau, et ce sourire, irradiait des derniers rayons de l’astre solaire sur sa peau. Myung Hae Hennington était la plus belle femme du monde. Et à ce moment précis, Liang comprit qu’il était réellement l’homme le plus chanceux du monde. Retenant le sourire niais et les pupilles en adoration devant elle, il serra légèrement sa main, amusé de la voir aussi excitée pour une sortie à la plage.

« C’est rare pour moi aussi, souffla-t-il enfin. Le temps me manque souvent. Mais… Si ça te dit, on pourra revenir une prochaine fois. »

Encore une allusion à un rendez-vous futur. Ils n’allaient que en faire, jusqu’à ce qu’ils passent le pas et que tout devienne officiel. A vrai dire, ce serait autant le début de leur relation que le début des problèmes. Mais ça, c’était quelque chose que leurs personnes dans le futur allaient devoir assumer. Pour le moment, ils profitaient seulement de la mer, des vagues sur le sable et du soleil. L’attirant à lui pour la faire quitter un peu l’eau, il lui montra le carton de gâteau, le secouant un peu, comme pour l’insister à s’asseoir avec lui pour les manger. Il prit place non loin de l’arrivée des remous, déballant les merveilles. Il lui tendit ce qu’il avait demandé, avant de prendre le sien, faisant comme le geste de trinquer à leur santé avec les pâtisseries. Un « bon appétit » et il commença à manger son dessert, observant le soleil. Les jambes étendues devant lui, une main le retenant à l’arrière, il jeta un coup d’œil à sa compagne. Délicatement, il alla écarter l’une de ses mèches de cheveux qui traînait devant son visage. Ils devaient l’ennuyer, à la longue, songea-t-il sans la lâcher des yeux.

« Je ne l’ai pas dit tout à l’heure, mais c’est aussi la meilleure soirée que j’ai passé depuis un moment maintenant. (Il lui sourit, réellement heureux.) Tu as illuminé ma semaine. »

Il leva les mains, faisant trembler ses doigts comme si des paillettes allaient en tomber. Ses yeux se plissèrent sous le bonheur qu’il ressentait. Si elle était une gamine, alors il n’en était pas mieux, s’émerveillant d’elle comme si elle était la première personne qu’il n’est jamais regardé. C’était idiot, mais il n’y pouvait rien. D’ici quelques semaines il s’y fera et tout sera beaucoup plus normal. Mais pour le moment, il était sur un petit nuage. Et particulièrement ce soir.

Et les joies fleurissaient, au creux du myocarde, repas qui n'en était qu'une excuse à ses yeux : pour en passer du temps avec lui. Ô mais Myun n'avait toujours été que beauté s'envolant de peaux en peaux, effleurant les épidermes pour en trouver les réconforts interdits par une famille qui ne faisait que brimer les existences, ou plutôt qui ne voulait que la voir au sommet de quelque chose qui la dépassait sans doute beaucoup trop. Car elle n'était qu'ignorante, préférant s'occuper de ses affaires, pour ne rien avoir avec eux, pour simplement vivre le plus librement possible. Pourtant le cœur s'était amouraché, pourtant les iris ne voulaient que se poser sur lui ; inconnu qu'elle apprenait à connaître et qui en faisait déjà battre sans doute beaucoup trop violemment sans doute pour qu'elle ne parvienne à en surmonter les quelques émotions. Idées farfelues qui en ornaient les esprits, route à reprendre alors que les jambes se faisaient les joies complètes, elle était prête à tout, pour en éclaircir les nocturnes tentatrices.

Regard délicatement lancé, sous les rires de la nymphe, elle en haussa tout doucement un sourcil, avant d'étendre ses bras en avant comme pour s'étirer tout doucement. "Effectivement...Quelle bonne idée ! Je vais donc faire ça ! Surtout qu'il fait plutôt bon, pour cela.", car elle rien ne la gênait, alors assurée, elle ne pouvait que s'en réjouir d'avance. Envie d'en sentir les eaux contre les peaux frêles, frissons qui parcourraient les corps : pour en glorifier les quelques halos qui s'échapperaient alors des fraîcheurs extérieures. Aucune hésitation, quand les pieds en effleurèrent tout doucement le seuil de la voiture, charme prenant place sous les quelques attentions sans doute beaucoup trop rare qu'elle recevait. Et elle en était faible, elle devait se le dire, de ceux qui de manières beaucoup trop précises, en faisaient jouer les apparences, et heureusement sans doute était-il tout aussi intéressant que poli, Liang. Alors quand les mèches virevoltant entre les cimes, tête se posant auprès des fenêtres pour en admirer les délicats voyages, elle lui jeta finalement un léger coup d'œil, sourire prenant alors ample place sur son visage. "Moi spéciale ? Tu découvriras bien assez vite que je suis juste étrange ! Rien de plus ! Mais...hâte de découvrir le monde entier alors...", car elle le suivrait, dans les aventures les plus scintillantes.

Pause aux feux qui en attira les prunelles sur son doux visage, étoiles entre les yeux rayonnant alors, elle ne pouvait en cacher le fait qu'elle était au final amusée, de l'entendre le lui dire. "Et bien et bien ! C'est parfait alors ! De toute manière c'est préférable, car sinon je risque de vite t'ennuyer.", persuadée qu'elle ne faisait que jouer des autres avec son caractère inflammable et joueur : alors qu'elle en appréciait pourtant de pouvoir simplement rire sous les regards des inconnus. Desserts récupérés, pour au final venir s'étendre sur les longues étendues de sable, elle en était pourtant si heureuse, essayant de rester calme, de simplement se retrouver là, avec lui, elle qui bien trop souvent n'avait connu que les simples amusements des relations : sans que les myocardes n'en suivent. Alors les doigts entrelacés, comme pour ne pas le lâcher, elle en laissait les pieds s'enfoncer dans les sables pour finalement en effleurer les eaux. "Avec plaisir. On pourra...se refaire ça. Tu n'auras qu'à me dire quand tu es libre ! Mon emploi du temps est beaucoup moins rempli je pense. Mais ça serait avec grand plaisir, si l'on pouvait se revoir...encore et encore.", pour simplement ne jamais plus en lâcher les mains.

Se laissant alors tout doucement tirer, sous l'appel des sucreries, elle s'installa alors à ses côtés, repliant sagement les pans de sa robe, tout en étendant délicatement les quelques jambes apparentes. Sourire offert, quand les trésors attrapés entre ses doigts en saluèrent ceux de son voisin, elle croqua alors avec joie dans le simple dessert, essayant de se délecter des quelques parfums qui en clôtureraient leur festin insolent. Regard légèrement perdu sur les écumes, avant de n'en frissonner sous ses doigts si proches de son visage, elle tourna plus timidement le visage, pour simplement observer, celui qui était bien trop doux pour qu'elle n'y croit réellement. Car les délicatesses l'envoûtaient, sous les mystères qu'il dissimulait encore, et qu'elle voulait découvrir un à un jusqu'au dernier. Rougeurs aux joues, sous les confessions, et elle tourna tout doucement le visage, engloutissant les derniers morceaux de pâtisserie qu'il lui restait pour finalement sourire un peu plus : sans ne jamais faire s'éteindre les joies. Rire qu'elle laissa s'échapper, sous les paillettes visibles à ses yeux, elle s'en amusait bien trop, enfant qu'elle était pour trouver cela beaucoup trop magique. "Je suis contente alors. Si j'ai pu ne serait-ce que te faire sourire un peu durant la semaine. Parce que c'est pareil pour moi, c'est sans la meilleure journée que j'ai pu passer jusque là.", et en toute honnêteté, sans doute était-ce plus compliqué de la faire ressentir quelque chose, que de l'amuser lors de nuits bien trop joyeuses.

Et comme pour essayer de ses redynamiser, corps qu'elle finit tout doucement par redresser pour le mettre sur pied, elle lui jeta un coup d'œil, avant de rire tout doucement. "Si tu veux venir avec moi, je vais me baigner un coup. Ca serait bête, alors que tout est si calme, non ?" qu'elle articula, courage et assurance si soudaine, alors que de ses doux doigts, elle en regroupa ses cheveux sur l'une de ses épaules, glissant les doigts le longs de la fermeture de sa robe pour en faire glisser les tissus. Pudeur candide, alors que d'un haussement d'épaule, elle était persuadée que le jeune homme ne l'en aurait jamais cru capable. Et pourtant. Elle n'était que surprise, entre toutes. Dos finalement tourné pour en faire glisser les bretelles de son soutien-gorge, et finalement en laisser les poitrines dissimulées simplement derrière les longues mèches ébènes. Simple bas conservé, pour ne pas en franchir trop rapidement les étapes, alors que les corps n'en restaient que beautés sous les regards les plus appréciables. "C'est pas...pour griller les étapes. Mais comme tu l'as si bien dit...Je ne vais pas me gêner..." Visage légèrement timide, elle trottina doucement vers l'eau calme, pour finalement se jeter dans celle-ci, comme pour en cacher les quelques rougeurs apparues face à son audace.

Visage caché par le noir, avant qu'elle ne remonte à la surface tout doucement pour retourner ses épaules vers lui, elle se recroquevilla tout doucement, pour simplement lui faire un geste de la main : alors qu'elle n'en quittait pas les eaux plongées dans le noir. "Elle est plutôt bonne en plus ! Tu comptes me laisser seule dans l'eau ?", simple moue se formant, tandis que les yeux en plongeaient finalement tout doucement sur son visage, se demandant si elle ne lui apparaissait pas trop audacieuse au final. Car Myung Hae était capable de tout, pour en trouver les joies des amusements, mais peut-être parfois était-elle un peu trop enfantine : un peu trop entreprenante, pour ceux qui la fréquentaient. "Ah moins que tout d'un coup ça t'effraie ? C'est pas tous les jours que je fais ce genre de trucs alors profites en !" , et il n'y avait qu'avec lui, qu'elle osait surmonter les quelques limites pour en apparaître des plus courageuses, alors qu'elle n'était qu'en peine de trouver ce qu'elle désirait vraiment. Et lui, il n'en faisait que briller les prunelles, et réchauffer le myocarde, qui n'avait jusque là fait que s'amuser des autres pour en divertir les esprits. Mais ô jamais n'avait-il sombré dans les délices des sentiments.

Si elle était étrange, les choses n’en étaient que plus intéressantes. A ses yeux, Myung Hae était spéciale. Mais dans le sens où il pourrait passer des heures à l’écouter. Etait-ce la façon dont ses yeux rayonnés comme des diamants à chaque fois qu’elle souriait ? Etait-ce sa voix de velours qui lui donnait l’impression d’être effleuré par des doigts de soie ? Il n’en savait trop rien. La jeune fille avait un goût de fruit défendu qu’il ne pouvait ignorer. Liang ne pouvait pas y résister. C’était plus fort que lui. Il l’emmènerait partout où elle lui demandait, il voulait la rendre heureuse, la libérer de son monde contrôlé et ancré dans le secret. Lui-même n’était que mensonges pour elle. Il maintenait un doute sur lui, quelque chose de mystérieux, bien contre sa volonté. Il aurait voulu pouvoir tout lui dire. Mais au risque de briser l’étincelle entre eux, il craignait trop de la perdre. Alors il garda enfoui en silence l’étendu de la vérité qu’il lui cachait. Ils continuaient de discuter, abandonnant dans le sillage de la voiture le silence qui renfermait les ombres. Il ne lui avait pas raconté toute l’histoire. Mais il le fera un jour, lorsque la confiance sera une réalité plus qu’une promesse.

Les pieds enfin dans le sable, assis au bord de l’eau, ils finissaient leur repas. Liang se sentait complet, content que ce rendez-vous ce soit bien déroulé. Leur première rencontre ayant été quelque peu étrange, il avait voulu rattraper le coup. Tout était évidemment pour faire bonne impression, pour qu’elle soit détendue et qu’elle passe un bon moment. Alors, en l’entendant lui dire qu’ils referont cela, puis qu’elle avait aussi apprécié le moment, le He se dit qu’il avait réussi son pari. La soirée tombait tranquillement, le soleil se couchant à l’horizon, alors que les passants rentraient chez eux pour s’occuper des âmes les plus jeunes, celles plus dévergondées sortant enfin de leur trou pour aller faire la fête. Et Liang se trouvait à côté de la plus belle jeune fille de la ville, qui souriait grâce à lui. Il était chanceux, diablement, de l’avoir rencontré et d’avoir réussi à capter son attention alors que d’autre aurait eu sans doute plus de chance. Même s’ils avaient été plusieurs sur le coup, oh Liang n’aurait pas lâché le morceau. Il était tenace, voir têtu. Sauf, évidemment, si elle l’avait rejeté. Là, il n’avait plus aucune chance. Sauf qu’heureusement, elle semblait l’apprécier également. Assez pour accepter une première date, après leur première interaction un peu ratée.

« Ça veut dire que notre prochain rendez-vous sera tout aussi bien. » sourit-il.

Car il y croyait, à ce qu’ils puissent terminer par être autre chose que plusieurs rencontres. C’était peut-être utopique de voir leur situation ainsi, mais s’il n’espérait pas un peu qu’elle aille quelque part pour eux, cela ne rimait plus à rien. Il était prêt à affronter les conséquences de ses actes, pour pouvoir être avec elle et profiter du temps qu’ils ont. Ils étaient passés entre les mailles du filet pour cette fois. La prochaine sera encore plus risquée. Mais ça, c’était pour une prochaine fois. Pour le moment, il ne fallait que voir ce qui commençait à poindre entre eux. Car, même si le côté optimiste de Liang était partie depuis un bon moment, il se devait de voir le bon côté des choses, là où il était sûr de tout simplement avoir signé pour le chemin le plus compliqué. Lorsque ses yeux tombaient sur le silhouette de Myung, son sourire qui relevait légèrement ses lèvres, faisant remonter ses pommettes et plissant ses yeux, il fondait complètement. Il n’avait jamais eu de coup de foudre. Il avait été amoureux, évidemment, ayant eu flirts et crush. Mais jamais il n’avait ressenti une telle attraction avec quelqu’un qui venait de rencontrer. Son petit frère avait eu la même chose. Cela devait être un trait de famille. On ne choisit pas de qui on tombe amoureux, mais lorsqu’on le fait, c’est pour toute la vie.

Pousser par une nouvelle énergie, alors que Liang se laissait allé au son des vagues, Myung Hae se redressa, retirant sa robe aux yeux de tous, exhibant sa peau, dont Liang eu dû mal à détacher les yeux. Par respect, il ne pouvait pas l’observer comme il en aurait envie. Le corps d’une femme n’est pas un objet de désir, c’est une enveloppe. Aussi attirante soit-elle, il ne pouvait décemment par la fixer comme un adolescent à la découverte des formes féminines. Néanmoins, lorsqu’il fit le soutien-gorge tombé sur la robe, il releva les yeux, la regardant s’enfouir vers la mer. Folie ou non, il se retint de nouveau de regarder la lingerie. Afin… D’un coup d’œil, il constata la couleur et l’aspect, poussé par le venin de l’excitation. Il se devait d’être respectueux et de se contrôler. Ils n’étaient pas ensembles, ils étaient en date et ils allaient faire une baignade de tardive. Rien de plus. Rien de plus… A son invitation, qui ressemblait plus à de la provocation qu’autre chose, il ne fit que sourire, passant une main dans ses cheveux avant de la regarder, hésitant. Elle l’avait invité à la rejoindre. Liang était un homme de respect et de valeur. Il saura se contrôler. Il n’était pas comme les autres qui sautaient sur la moindre occasion. Il ne craquera pas.

« Très bien ! J’arrive ! » concéda-t-il alors, se relevant en retirant son haut, dévoilant son tatouage entier dans le même mouvement.

Se déshabillant à son tour sur la plage, il laissa ses affaires sur le sable, faisant attention à ce que la robe de Myung ne s’envole pas en calant la chaussure de la jeune fille dessus. Puis il la rejoignit, pataugeant un instant dans l’eau avant qu’il y est assez de volume pour qu’il puisse arriver à son niveau en nageant. Le liquide marin était en chaud du soleil de la journée, la température n’étant pas réellement différente de celle de l’extérieur. Contrairement à son petit frère, Liang savait très bien nager et n’avait aucune peur de l’eau ni des profondeurs. Il sourit à Myung, secouant néanmoins la tête en riant.

« Et donc, on va finir à moitié à poil à chaque fois qu’on se voit, c’est ça ? demanda-t-il en la regardant. Ça va faire deux fois que je me déshabille pour toi… Je vais commencer à me faire des idées… »

A vrai dire, non pas du tout. Il n’avait pas de problème de nudité, étant plutôt à l’aise avec son corps. Il se retint de glisser un bras autour d’elle pour la rapprocher, sachant pertinemment que la nudité de Myung allait lui faire du tord. Car il les voyait, ses cheveux bruns qui flottaient dans l’eau, sa poitrine uniquement couverte par l’opacité de l’eau. Il essayait de ne pas regarder, de ne pas avoir l’air attirer par ça, parce que ce serait lui donner une dimension sexuelle et bon dieu, même s’il en mourait d’envie, ce ne serait pas bien. Elle n’avait sans doute pas cherché ça et voulait simplement s’amuser. Alors il allait respecter cela. Nageant tranquillement, préférant barboter et surveiller si personne ne vole leurs affaires, Liang finit tout de même par se retrouver proche d’elle. Il avait les cheveux humides, ce les étant mouillé en plongeant. Il lui fit un clin d’œil, n’ayant plus aucune notion du temps. Il aurait bien voulu rester comme ça pour toujours, à profiter de la chaleur des eaux californiennes en se draguant.

« Vous venez souvent dans le coin ? commença-t-il, jouant la carte du charmeur qui venait de rencontrer quelqu’un. C’est pas une heure pour se baigner vous savez. »

Il ria légèrement, se décalant pour éviter d’être trop proche, trop tenté. Glissant de nouveau la main dans ses cheveux, il les rabattit en arrière, évitant que sa mèche ne lui pique les yeux. Il voulait la voir dans son entièreté. Myung Hae était la plus belle femme qu’il connaissait. Il ne pouvait pas se détacher d’elle. Il ne le pourra sans doute jamais.

Et tout semblait bien trop formidable, en regardant le visage du plus vieux ; et tout semblait si inimaginable : en repensant à chaque minute passée. Car la douce n'en avait que faire, des amusements gagnés au profits des boissons ; car être à ses côtés en était encore des plus agréables sans doute. Douceur des brises contre les épidermes délicats, nocturnes délicates qui ne venaient qu'en faire profiter les iris sur les horizons; et ô n'avait-elle jamais pensé que quelqu'un parviendrait à la faire sourire autant. Attente qui se valait langoureuse : car elle ne voudrait plus que les minutes ne séparent leurs prochaines rencontres. Et tout était admirable, chez lui. Après tout, accepter de la revoir après les premiers incidents en était sans doute quelque chose des plus courageux qu'elle n'ait pu voir ; car il n'avait pas encore fuit, et elle voulait profiter un peu plus de ces instants de douceurs qui ne lui étaient que trop rarement offert. Loin, loin de tous les problèmes, juste avec lui, en sa compagnie ; qui en réchauffait bien trop les myocardes.

Doux rire finissant par se faufiler entre les lippes colorées, elle ne rêvait que de cela : de pouvoir le revoir encore et encore pour en faire sourire les visages bien trop mystérieux. Car elle ne le forçait pas à parler, contraire de certains se montrant bien trop impatients, elle se contentait des instants présents, pour simplement profiter de celui qui la faisait se sentir si précieuse. "Evidemment, qu'il sera tout aussi bien.", car elle n'en doutait pas une seconde. Hâte permanente de pouvoir découvrir de nouvelles facettes de celui qui l'accompagnait , et qui lui restait bien trop aisément en tête. Car peut-être ne cherchait-elle là que les douceurs des sentiments qui l'empoignaient à chaque fois qu'elle le voyait. Elle qui n'en avait connu que volage relations et regards meurtris : tout était différent, à ses yeux. Car elle ne voulait pas en lâcher les doigts de celui qui en comblait les vides à ses côtés depuis quelques semaines. Et peut-être que finalement, ne voulait-elle simplement pas que les histoires ne se terminent aussi vite, face à celui qui en faisait pulser le myocarde bien trop rapidement.

Alors comme d'une envie soudaine, liberté apparente sans même en penser aux conséquences, elle se laissa porter, par ces envies de jeu. Vêtements ôtés sous les regards dont elle fit pas réellement attention, elle se fichait bien, qu'on la regarde en réalité, enfin, si cela en avait été d'autres yeux que les siens. Car se dévoiler face à lui n'en restait pas moins de l'insouciance qu'un certain jeu de séduction. Eaux enrobant les corps pour protection, gamine souriante de ces courages si entreprenant ; et elle se sentait bien, là, dépourvue d'artifice face à celui qu'elle ne voulait que pouvoir entraîner dans ses folies. Myunghee, Entreprenante et pourtant si enfantine, à vouloir en pousser les vices innocents dans les baignades nocturnes là pour en égayer les cieux bien trop sombres, et pourtant elle en trouvait cela si amusant - romantique - pour en découvrir les partenaires un peu mieux. Jeu délicat qu'elle ne tentait qu'avec lui, pour en faire imploser les émotions un peu plus encore. Car la douceur de l'instant ne faisait qu'en faire frémir les épidermes ; car l'eau à température n'en était que trop parfaite pour tenter de ne pas avoir d'illusions plus concrètes encore.

Courage pris à deux mains, alors que timidement elle vint en regarder celui prêt à la rejoindre : pour en admirer les épidermes gravés et les courbures sans pour autant insister de ses prunelles dessus. Car elle aurait bien le temps, de venir en découvrir les peaux sublimées. Sourire ne la quittant plus une seconde, tandis que se redressant légèrement elle se laissa entourer de ses mèches ébènes flottant tout autour d'elle, elle ne pouvait que rire, sous la soudaineté de la remarque  : car peut-être que tout en avait été coïncidence en réalité. "Et pourquoi pas ? Après tout on fait rien de mal.", qu'elle préférait s'en amuser, avant de finir par en reposer les regards sur celui qui en méritait toute son attention. "Ah oui ? Et quel genre d'idée hmm ? Moi ça me dérange pas tant que ça...Que tu te déshabilles pour moi.", et tout n'était qu'humour, car elle ne trouvait cela que comme des plus plaisants encore. "Au moins c'est équitable, là.", car les deux s'en retrouvaient en position égale ; sans en déplaire à la jeune femme.

L'observant alors sans le quitter des yeux, envie de se rapprocher de lui pour ne pas le voir s'éloigner, elle cligna tout doucement des yeux, rire s'envolant alors finalement quand les paroles venaient à se dégager de lui. Et sans doute que malgré les humours accentués, n'était-il encore plus beau à ses yeux de ses cheveux rabattus. "Hmm ça m'arrive de venir ici souvent oui, et vous ? Je ne vous aie jamais vu par ici." qu'elle le suivit alors, finissant naturellement par s'approcher un peu plus de lui sans réellement y faire attention. "Car il y a une heure adéquate pour se baigner selon vous ?", yeux se plissant, alors qu'elle en retenait les vocales de ne trop s'échapper. "Moi je n'y vois aucun problème. Surtout que je suis en plutôt bonne compagnie.", vérité implacable ; car elle n'avait pas peur, la douce, sentiment de sécurité à ses côtés malgré les jeux d'inconnus qui la faisait finement frémir. "Et vous alors, vous abordez souvent des jeunes femmes dans ces tenues ?" qu'elle en glissa les mots, alors que les poésies finirent par venir faire imploser les étoiles entre ses yeux : car tout semblait si irréel, en ce simple instant offert.

Visage légèrement perdu, alors que délicatement elle en releva une main de l'eau, pour ranger l'une des mèches rebelles du jeune homme, comme presque attendrie par ses délicats traits si prononcés. "A moins que cela n'en dérange pas une seconde Monsieur.", ce qu'elle n'espérait pas au fond d'elle. Car elle se sentait si bien ; presque à nue devant lui aussi bien littéralement qu'imagé, sans plus avoir à se cacher de quoi que ce soit. Peur de rentrer, et de ne jamais le revoir ; alors qu'elle savait parfaitement qu'elle ne pourrait que continuer à le croiser sans ne jamais avoir à s'arrêter : car il était trop tard, pour ce cœur déjà épris. "Dites...", douceur entre les voix, comme pour ne pas réussir à tenir bien plus longtemps. Tension palpable, malgré les tentatives d'en rendre tout cela comme un jeu, et sans doute était-ce elle qui en craquerait le plus vite. Et presque pour se cacher, elle en laissa le front venir se poser tout doucement sur l'épaule du plus grand, contact de proximité, peaux contre peaux, sans pour autant n'y trouver la quelconque perversité : car tout y était bien trop tendre, délicat, pour la faire brûler un peu plus. "Vous pensez que c'est normal de vouloir passer encore plus de temps avec vous même si nous venons juste de nous rencontrer ?", honnêteté à toute épreuve, car la belle ne faisait plus que sourire toujours plus sans ne jamais faner. Alors de ces quelques jeux, elle en criait les sensations qui la parcourait sans se retenir ; à reformuler pour en convenir aux réalités.

Visage finissant par se relever vers lui pour en embrasser sa joue malgré les envies divergeant vers les délicates peaux, elle avait peur d'aller trop vite, même si leurs rencontres semblaient être guidée par l'abandon de vêtements et par les contacts de celle qui en était beaucoup trop tactile : et encore plus avec lui. "Je pari que tu n'as pas dû faire beaucoup de fois ce genre de trucs. A suivre une fille dans l'eau juste parce qu'elle te l'a demandé.", qu'elle rigola avant de reprendre aussitôt. "Je te rassure. Y'a qu'avec toi que je fais ça !", même si elle en aurait été des plus capables avant, sans doute que cela ne faisait que l'intriguer un peu plus de ne pas comprendre pourquoi elle en ressentait tout cela. Tête finissant alors par s'immerger de nouveau dans les eaux, elle remonta tout doucement à la surface pour en dégager ses iris, sans pour autant s'éloigner de celui qu'elle voulait voir de toujours plus près. Recherche permanente de contacts qui pouvait l'en montrer là bien trop entreprenante pour ceux qui n'en avaient pas l'habitude. Mains finissant par se poser calmement sur ses épaules pour simplement en caler ses mouvements sur les siens, elle se sentait si bien, elle. Enfant détendue qui en profitait alors des instants pour en illuminer ses yeux : et simplement en garder les douceurs comme elles en étaient pourtant tentations.

Le temps était agréable, même si la nuit s’étalait doucement dans le ciel Californien. Le soleil touchait l’abord de l’horizon, émettant une couleur orange et rose dans l’air. Liang se laissait glisser dans l’eau, rejoignant la jeune fille qui l’avait si gentiment invité. Le contact frais lui permit de remettre ses idées en place. Il y avait une ligne qu’il ne devait pas dépasser. Heureusement, il n’était pas du style à se laisser contrôler par ses sentiments. Il ne pourrait pas faire son travail s’il était aussi impulsif. De plus, ce n’était pas comme ça qu’il s’était construit. A défaut d’avoir des parents qui lui apprennent les valeurs du respect entre genres, il avait eu beaucoup d’amies au féminin qui l’avait instruit. Il n’était plus un adolescent aux envies trop grandes pour son ego. Il était un adulte, qui savait rire, mais aussi prendre des décisions. Et savoir qu’il ne fallait rien faire avec Myung Hae actuellement faisait partie de ses responsabilités d’individu. Ainsi, il n‘esquissa aucun mouvement vers elle, se refusant à la tentation. Même si cette dernière était bien présente. Myung devait jouer avec lui. Il le sentait. Était-ce un test ? Il n’allait pas craquer. Il n’allait pas faire comme tous les autres. Pas parce qu’il se pensait particulièrement différent. Mais plutôt parce qu’il connaissait les bases d’une relation saine. A défaut d’être calme, elle pouvait être reposante pour eux. S’ils réussissaient. S’il se passait réellement quelque chose.

« C’est vrai, accepta-t-il avec un sourire. Je sais pas… Peut-être que tu es un peu perverse sur les bords et que je suis tombé dans ton piège. »

Même si elle se révélait être une sirène venue pour l’entraîner dans les profondeurs de l’océan et le manger ou faire tout autre chose. Il n’en avait rien à faire. Oh, il regretterait sans doute son frère et sa mère, mais vraiment, pour elle, ce n’était pas cher payer. (N’est-ce pas l’image d’un homme complètement whipped pour une femme qu’il vient de rencontrer ? Si.) Ils naviguaient à vue. Ils ne connaissaient pas leur limite. Même si ce n’était sûrement pas de finir par une baignade le premier soir. Certains terminaient par le lit, eux profitaient du moment de complicité qui s’installait. Le rire qu’il déclencha par sa remarque le fit sourire lui-même. Il n’était pas totalement à la ramasse. Après tout, avec son visage, on l’associait plus souvent à des discussions strictes et dénuées d’humour. Il n’était certes pas le clown de la classe et n’avait pas toujours une blague au bout de la plume, mais il n’était pas non plus une pierre isolée sur le sol d’une forêt aussi triste qu’un carton abandonné sur le bas-côté de la route. Alors, avec le même air espiègle que Myung, il lui répondit.

« Je ne suis pas du coin, vous voyez. Et bien sûr qu’il y en a une ! Elle se tient entre la première minute du matin, et la dernière minute de la journée. »

Entre eux, l’étoffe se dissolva doucement. Il n’y avait plus que leur regard, et cette discussion d’étrangers qui se rencontraient pour la première fois. Ce n’était pas le cas. Pourtant, tout semblait encore idyllique. Comme une découverte un soir, là où personne ne l’attendait. Ils avaient discuté toute la soirée, c’était appris et compris. Liang la regarda avec attention, se laissant faire alors qu’elle lui remettait les mèches en place. Myung voulait lui parler avec tendresse et lenteur. Il n’allait pas l’interrompre. Eux-deux, c’était comme une arrivée à une période charnière de leur vie. Liang voulait s’émanciper et construire sa propre maison. Avoir quelqu’un avec lui, c’était un nouveau personnage qui prenait une place toute particulière dans ce changement. Depuis que la maladie de son frère avait été révélé, il avait joué le bon grand frère, se privant de profiter d’une période d’enfance pour être là. Leur père s’absentait trop souvent pour qu’il puisse faire autrement. Puis il avait décidé de faire ce qu’il voulait une fois plus grand. Résultat, il en avait été puni. Et pourquoi finalement ? Pour qu’il termine dans cette mafia qui emplissait sa vie. Myung aussi en faisait partie, sans qu’elle n’en ait conscience. Il voulait qu’elle soit heureuse. Mais la rendre heureuse, ce serait de dire la vérité. Et il ne le pouvait pas. Pas pour le moment.

« C’est normal, la rassura-t-il, parce que je ressens la même chose, Madame. Il faut dire que le décor est particulier. Et vous l’êtes tout autant. (Un sourire montra ses dents.) Dans le bon sens. »

Elle était proche. Il ne s’en était même pas rendu compte. Si c’était ainsi. Il glissa l’un de ses bras autour de sa taille, faisant attention à l’endroit où il déposa sa main. Ni trop haut, ni trop bas. Le bisou le convainc. Elle l’aimait aussi. Et les choses entre eux n’étaient pas ce qu’une simple rencontre pourrait être. Il voulait aussi traverser l’obstacle. Mais était-ce réellement ce qu’il fallait faire ? Plutôt que de précipiter les événements, pourquoi ne pas prendre son temps ? Ils avaient toute une vie devant eux. Enfin, il l’espérait. Le monde était tellement rempli d’horreur. Et elle était tout le contraire. Une douce mélodie qui passait dans l’air, réchauffant les cœurs pour quelques secondes. Ce qu’il donnerait pour qu’elle soit heureuse et éloignée de tout mal. Sa vie. Il la lui donnerait. Ce n’était pas normal, alors qu’ils n’en étaient qu’au début. Mais à partir du moment où il avait été foudroyé par l’amour sur le pas de sa porte, tout avait basculé.

« Pas comme ça, c’est sûr. Et si ça peut te rassurer, tu es la seule que je pense suivre ainsi. »

Sa sincérité transperçait ses traits. Liang avait été dans l’eau avec des femmes avant. Après tout, les piscines n’étaient pas ce qu’il manquait en France. Mais jamais il n’avait été aussi intime avec l’une d’entre dans ces lieux. Pour lui, tout était plus agréable dans un endroit connu et protégé. Appelez-le ringard, mais il aimait se dire que rien n’interrompra le moment. Que ce soit romantique ou non. Son bras la lâcha alors qu’elle plongeait pour remettre ses cheveux en place. Il l’observa revenir à la surface, songeant un instant que son maquillage n’avait pas bougé. Vraiment, il aimait les femmes. Elles étaient tellement pleines de ressources. La laissant prendre appuie sur lui, il étendit ses bras de chaque côté d’elle, l’entourant pour la rapprocher totalement contre lui. Ses yeux dans les siens, il ne pensa même pas à sa poitrine contre son torse. Il ne voyait que les paillettes qui parsemaient ses yeux. Ses yeux de biche qui scintillaient dans le reflet nouveau de la lune sortant pour la nuit.

« Dis-moi si je vais trop loin. » prévint-il alors.

Avec délicatesse, il se pencha, ne cherchant pas ses lèvres, mais la courbe de sa mâchoire. Il déposa une embrassade sur la limite entre son visage et son cou. Il avait besoin de ça. Ses mains ne bougeaient pas, il ne provoquait aucune caresse, ne souhaitant pas dépasser les bornes. Elle lui dira. Pour le moment, il se contenta d’apprécier l’odeur de parfum et de sel maritime qui lui collait à la peau. Il allait devoir la ramener chez elle, mais l’idée le hantait. Il ne voulait pas la lâcher alors qu’elle semblait se glisser parfaitement dans ses bras. Il se permit un nouveau baiser sur son épaule émergente, avant de se séparer. Ce n’était rien, même pas un avant goût. Mais Liang ressentait ce besoin de lui faire comprendre qu’il tenait réellement à elle. L’image qu’elle avait de lui allait un jour voler en éclat. Mais d’ici là, il voulait lui faire comprendre que tout le reste était sincère.