Iago (+) L'âme artistique écorchée

Caractère : protecteur avec les gens qu'il aiment ; simple, il ne se prend pas la tête, prend la vie comme elle vient ; sarcastique, il rit de tout, aime tout tourner au ridicule et frustre ; charmeur, il sait qu'il plait et en joue pour satisfaire ses pulsions ; prévenant, il sait trouver les mots qui rassurent ; fier, il n'aime pas avouer ses faiblesses et sait parfaitement les gérer ; austère aux premiers abords, il est bourru au premier contact, mais cette facette s'estompe rapidement ; passionné sur tous les plans. il aime ce qu'il fait et peut en parler des heures, tout comme il peut être très fougueux dans les draps de soie. il aime faire plaisir et se faire plaisir.

(un) La famille Romano n’est pas un nom inconnu dans l’univers de la pègre. Installée à Los Angeles depuis deux générations, elle s’est spécialisée dans le blanchiment d’argent des paris illégaux. Propriétaire d’un bar à l’ambiance familiale, elle est tenue par les femmes tandis que les hommes se chargent des « affaires ». Si son grand père a lancé le premier établissement, son père en a ouvert deux autres, les deux autres servant de passerelles d’argent. Si la police les a à l’œil, aucune preuve n’a pu être retenue contre eux. Du moins rien de sérieux qui n’est voulu la fermeture d’un établissement plus d’un mois à la suite d’une enquête. Un nom difficile à porter pour un enfant, qui de son regard innocent voit cet argent passer de mains en mains lorsqu’il est en âge de comprendre. Il n’a jamais compris pourquoi sa famille trempait dans cet univers dangereux et n’est jamais parvenu à prendre le pli au grand malheur de son géniteur et de Ugo, son frère jumeau.

(deux) Si dans le bar, l’ambiance était chaleureuse, bonne enfant et rafraichissante, il y avait comme un parallèle glaçant avec ce qui se passait derrière la porte du personnel. Iago ne l’a découvert que tardivement. Auparavant le bar familial était son endroit fétiche, le lieu où il prenait plaisir à dessiner sur une des tables sous le bavardage plaisant des veilles et vieux du quartier qui venaient jouer aux cartes ou discuter de choses ou autre. Il aimait cette impression de faire partie d’une famille. Il ne manquait alors de rien, ne voyant rien de mal au fait que son père chevauchait chaque jour sa moto, habillé de noir pour faire le tour de la ville pour transformer l’argent blanchit au sein du bar.  

(trois) Iago avait douze ans lorsque son père les a entrainés, Ugo et lui, derrière cette porte jusqu’alors inaccessible. La découverte de cet univers, de cette pièce dégageant une forte odeur de cigarettes et de drogues douces lui a été forte déplaisante. Il avait la sensation d’être retenu captif sous ses regards scrutateurs de ceux qui voyaient en lui, la future génération de l’entreprise familiale.

(quatre) Avec Ugo, ils ont été initiés aux us et coutumes de l’entreprise familiale. La découverte des rouages de cet univers et de ses vices a été très difficile à vivre. Il a tenté de résister, mais sous l’influence paternelle, il a tronqué ces vêtements d’adolescent pour des vestes en cuir et des jeans, son vélo contre une moto pour participer au transfert d’argent et ses bonbons pour des cigarettes qu’il a commencé à consumer sans compter. Influençable et respectueux, il s’est plié à toutes les volontés de cet univers au point de se perdre dans sa propre identité. Il s’est éloigné de ces amis, car il ne pouvait nullement leur parler de sa vraie vie.  

(cinq) Il a commencé a trainé avec les fils des contacts de son père, se forgeant une identité bien différente de la sienne. Au point de cacher son attrait pour les hommes en couchant avec une jeune femme, prostituée pour prouver qu’il était un homme aux yeux des plus vieux, complètement saoul. Il garde un mauvais souvenir de cette nuit.  

(six) Ugo. Son frère, son confident, le seul devant lequel il a toujours baissé les armes. Ugo est un garçon au caractère affirmé et téméraire, bien différent de la nature malléable et rêveuse de Iago. Ils se sont toujours complétés. Ugo s’est plongé dans la musique, préférant mettre ses émotions dans les notes d’une mélodie, d’une composition tandis que Iago est devenu un artiste. Ils se sont communiqué leurs arts durant leurs jeunes années, avant de poursuivre leur passion chacun de leur côté. Si Iago a eu du mal à embrasser cette double vie. Ugo s’est toujours senti comme un poisson dans l’eau, prenant les risques pour tenir Iago loin des problèmes.

(sept) C’est grâce à Ugo qu’il lui doit sa possible fuite à New York pour s’enrouler dans l’armée et fuir cet héritage familial. Pour cela, il a accepté les colères de leur père, récolté une cicatrice qui marque le haut de son dos et qu’il a masqué sous un épais tatouage. Aujourd’hui, il est aussi respecté et craint que son géniteur, ce qui lui permet d’avoir l’influence nécessaire pour maintenir Iago loin des affaires de la famille.

(huit) Zephyr. Cet ouragan, ce souffle de liberté qui a illuminé son existence. Il avait dix-sept ans lors que sa route a croisé celle de ce jeune homme envoutant. Depuis quelques mois, il avait le plaisir de découvrir certaines des nouvelles œuvres de ce jeune homme sur les murs dénudés de vie de son quartier. Sa curiosité piquée à vif, il a commencé à trainer dehors après son couvre-feu, s’extirper hors des murs de sa maison pour arpenter les rues à la recherche de cette âme artistique qui avait captivé son attention. Il a mis de nombreuses semaines, peut-être mois à trouver sa trace, à l’identifier, à l’apprivoiser et à devenir son ami. Leur passion commune pour l’art, leur sensibilité à l’art de l’autre leur a permis de développer une complicité artistique et envoutante contre laquelle ils n’ont pas résisté et qui persiste malgré les années qui défilent.

(neuf) L’attirance est venue naturellement aussi dévastatrice qu’une vague scélérate qui s’abat sur un navire en mer agitée. Leur premier baiser a eu la saveur d’une bouffée d’oxygène. Leurs premières caresses furent une promesse de liberté cruellement envoutante qui lui a fait découvrir cette saveur de liberté comme si on le dénouait de ses gênes. L’amour pour cet homme épris de liberté s’est installée naturellement au creux de sa poitrine. Il a eu l’effet d’un raz de marrée dans son existence et lui a fait miroiter des desseins qu’il avait envisagé d’abandonner. Il le voulait à lui, rien qu’à lui, le gardant jalousement pour lui. Seulement Zephyr n’est pas le genre d’homme qu’on possède. Il est telle une brise d’air frais d’été rafraichissante qui s’installe pour s’oxygéner lors d’un été aride avant de disparaitre. A ses côtés, il a découvert sa vérité. L’homme qu’il voulait devenir et non celui qu’il était en train de devenir.

(dix) Il a décidé de s’enrouler dans l’armée dans l’optique de se défaire de cette passion pour Zephyr qui le rendait possessif et jaloux, terriblement malheureux lorsque cet homme s’éclipsait de son existence durant quelques semaines. Son instinct protecteur n’en pouvait plus. L’armée et ses promesses de voyage, de services rendus à l’état est devenue une évidence pour l’apprenti pègre. Il y avait une forme de rédemption de sa part dans sa volonté d’intégrer le corps de l’armée de terre. Il est parti après une dernière nuit avec Zephyr, le seul avec Ugo au courant de son départ, laissant derrière lui une lettre à ses parents pour exprimer sa volonté.

(onze) Les premiers mois ont été difficiles. Loin de ses repères, il a du apprivoiser la discipline militaire, complexe, mais libératrice, car elle lui permettait d’avoir un cadre tout en étant libre. Il a rencontré Alessandro lorsqu’il a été affecté à une unité. Le feeling s’est naturellement établi entre les deux jeunes hommes de nature calme et détachée pour le plus grand malheur de leur responsable. Sérieux sur le terrain ou lors des entrainements, ils étaient plus laxistes une fois sur le camp, se créant un univers rien qu’à eux en développant une complicité qui leur offrait un havre de paix.

(douze) Au courant de l’année 2016, Alessandro découvre une lettre de Zephyr, l’ami de Iago qui est un des rares à lui envoyer des lettes. La curiosité l’incite à parcourir quelques lignes. Des lignes passionnées qui lui font prendre conscience de la sexualité de son frère d’arme, devenu meilleur ami. Il est blessé dans un premier temps et s’éloigne de Iago, qui accepte son besoin d’isolement. Le manque les incite rapidement à briser la glace durant une mission où ils se retrouvent tous les deux en surveillance dans un village. Il lui fait part de sa découverte, de la blessure qu’elle a engendrée en lui, le fait d’avoir la sensation qu’il lui a caché une part de lui-même. Iago s’explique, fait preuve de compréhension et de rédemption en lui avouant son homosexualité. Il avait peur que cette "vérité" puisse entacher leur amitié. Ce qui ne semble pas se produire dans un premier temps. Les deux amis deviennent plus intimes. Iago lui narre son histoire dont il avait tracé rapidement les lignes par le passé, sa rencontre et son histoire avec Zephyr. Alessandro découvre l’aspect passionnée de la personnalité de son ami et tombe sous son charme. Cette attirance se créé naturellement au fil des mois et finit par l’obséder. Il finit par céder à cette affection au moment de l’annonce de la naissance de son fils. Les émotions à fleur de peau, il partage ce moment de joie intense avec son ami qu’il enlace fermement contre lui avant de plonger son regard dans ses iris et de ressentir ce besoin brûlant de le lier à lui. Il lui vole un baiser et cette passion éclate dans l’intimité de leur chambre commune. A partir de ce jour, la barrière de leur amitié s’effrite et l’amour prend peu à peu place au creux de leur poitrine. Les premiers mois, les gestes se font hésitants. Surtout à cause de Iago. Il veut être certains qu’Alessandro ne se lance pas dans une voie qu’il pourrait regretter. Alessandro lui fonce tête baissée. Iago est essentiel à son équilibre et il le veut autant qu’il a voulu sa femme par le passé. Ses pensées sont confuses, mais pas ses sentiments. Il les aime tous les deux pour des raisons différentes. Il garde sa relation avec Iago secrète durant les trois années qui suivent. Lorsqu’il rentre en permission, il reprend son masque de mari idéal, mentant nullement sur l’affection qu’il porte à sa compagne et à son fils, qui grandit bien trop vite à ses yeux.

(treize) En mission, les lettres de Zephyr était une ode à la vie, à l’espoir. Il était impatient de les recevoir et pouvait passer des heures à les lire et les relire sagement installer sur son lit de camp sous le regard curieux d’Alessandro, devenu son colocataire de chambrée et confident. Alessandro connait Zephyr autant que Zephyr connait Alessandro. Il n’a jamais masqué l’importance qu’avait l’autre pour lui. Ce qu’ils représentaient pour lui. L’un son oxygène, l’autre sa terre d’asile, indissociables à son équilibre.

(quatroze) En 2018, un accident sur le terrain fait plusieurs morts de son unité et manque de lui arracher sa vie. Il ne doit sa survie qu’à l’acharnement d’Alessandro qui a tout fait pour le maintenir en vie en arrêtant autant que possible l’hémorragie qui menaçait du vide de son sang. Il a été naturellement transféré d’urgence à New York pour sa convalescence et sa rééducation où Alessandro l’a rejoint pour l’épauler durant cette période qui a duré près de deux ans. Ils ont emménagé ensemble. Alessandro désirant être présent pour Iago qu’il avait eu peur de perdre. Iago a eu beaucoup de mal à se faire à la perte de sa jambe. Les six premiers mois ont été difficile. Le manque de Zephyr dont il ne recevait plus les lettres ont manqué de le faire flancher plus d’une fois, mais Alessandro a été son roc et l’a aidé à surmonter ce sentiment de manque, à se définir des objectifs pour retrouver au plus vite Zephyr, s’assurer que tout va bien.

(quinze) Il lui a fallut près de deux ans pour se rééduquer totalement et obtenir sa prothèse bionique à laquelle il a dû s’acclimater également. Ne désirant pas être à la charge d’Alessandro et désireux de retrouver Zephyr, il est revenu à Los Angeles en septembre 2020. Sa pension lui assure un revenu minimum qui lui a permis de prendre un T2  où il vit depuis quelques mois en essayant de rester invisible aux yeux de ses parents, de son ancien monde. Il s’est naturellement rapproché d’un tatoueur pour poursuivre l’ancrage de son épiderme et cet homme est tombé amoureux de ses dessins. Il lui a proposé d’être son apprenti et Iago y a vu là une perspective d’avenir qu’il a accepté sans ménagement. Aujourd’hui, il a repris sa vie en main, tâchant de garder sa liberté sans perdre de vue sa terre d’ancrage et son oxygène, mais jusqu’à quand pourra-t-il se sentir libre avant que son passé ne le rattrape ? Qui sait.