Sa bouche ! à moi, ce pli pudiquement martyr Où s'aigrissent des nostalgies de nostalgies ! (Björn 01)

Allongé aux côtés de son amant, Damian savoure cet instant d’intense tendresse avec le Norvégien. Il a toujours été avide de ces moments après leurs étreintes passionnées. Ils forment un ensemble qu’il a savouré pleinement qu’aux côtés du quinquagénaire. Son rire accompagne celui du Norvégien. « Impossible. Je suis persuadé qu’avec ton hygiène de vie, tu seras capable de faire grimper aux rideaux tes amants ou amantes avec le même talent qu’aujourd’hui. Après tout, tu es plein de ressources. » Il lui murmure dans un sourire complice alors qu’il continue ses caresses sur son torse avec la même dévotion que par le passé. Les confidences s’étioles hors de ses lippes avec aisance, car il lui semble important de le mettre au fait de ces pensées. Il demeure particulièrement marqué par les choix qu’il a fait par le passé. Björn lui rappelle qu’il lui a pardonné tout ce qu’il s’est passé et que c’est du passé. Il est vrai qu’il a toujours eu conscience de ce fait. Ils se sont quittés en bons termes lorsque la vie leur a permis de se retrouver durant quelques semaines avant qu’il ne privilégie une liaison naissante à un souvenir. Il n’a jamais fait plus mauvais choix que cela. Un homme qui a tenu que le temps nécessaire pour le voir remonter la pente avant de le fuir comme la peste. Bien que cela fait un an qu’ils se sont séparés, Damian demeure particulièrement blessé par cette rupture qu’il visualise comme une trahison. Il a été bien sot de croire qu’il était son âme sœur. Cet homme qui aujourd’hui évolue aux côtés d’un autre sans jamais regarder derrière lui. C’est à peine s’il a osé croiser son regard plus de quelques secondes lorsqu’ils s’étaient entrevus la dernière fois. L’aspect superficiel de sa communauté a fini par le détourner des voies traditionnelles pour trouver des amants, car il était lassé de voir des hommes revenir en arrière à chaque fois que son dos parsemé de chairs délabrées et recomposées leur faisait avoir un haut le cœur. Son cœur s’alourdit face aux images de ces mauvais souvenirs qui l’assaillent. Sa peau s’abreuve du contact agréable des phalanges de son amant sur son épiderme. Il se sent bien contre son corps chaud et rassurant. Il a toujours eu ce pouvoir envoutant sur lui, car il dégage cette attitude posée dont Damian a besoin dans son existence. C’est sa force tranquille qui lui a fait baisser les barrières de son cœur au point qu’il soit tombé profondément amoureux de cet homme. Encore aujourd’hui, son cœur se nourrit de ce contact plaisant qui lui donne l’impression d’être à sa place. Ses lèvres déposent des baisers tendres sur la chair offerte de son amant. Plongé dans ses pensées, il n’a prêté attention au chemin qu’ont pris les cajoleries de son amant. C’est le redressement de son amant qui lui font prendre conscience qu’il a pris connaissance de l’étendue de ses brûlures. Il le laisse observer l’étendu des dégâts. Il ne se cache pas, ne voyant pas de raisons de le faire, car il a confiance en cet homme. Il demeure attentif à ses réactions. Ses prunelles observent celles de son amant qui frôle ses aspérités de peau. « C’était le risque de mon métier. » Il lâche dans un soupir, car il a fini par faire son deuil. A défaut de les accepter, il a appris à vivre avec. « Il est juste malheureux que je n’aie pas pu sauver le malheureux. » Il ajoute dans une voix lointaine, car il s’agit d’un de ses plus grands regrets. Il aurait préféré assurément sauver ce pauvre homme, que la couverture de son corps lui épargne des blessures malheureusement, la réalité avait été toute autre. Son équipe n’avait pu sauver que lui. Ils l’avaient sauvé de son inconscience. L’étreinte qui lui est offerte est tendre, bien que ferme. Il n’y a pas de pitié dans le regard de son amant, juste une profonde tristesse de ce qui lui est arrivé. « Je n’étais pas seul, mais finalement ce n’était que chimère puisque mon ex s’est barré dès que j’ai quitté l’hôpital. Je suppose qu’il se devait de garder une apparence devant les gens. J’ai bien compris qu’il me trouvait repoussant. » Il lâche dans une voix amère en venant inspirer profondément pour garder cadenasser ses émotions. « Je n’étais plus assez séduisant pour lui. C’est fou comme un physique peut tout changer. Autant te dire que ça m’a mis à terre. » Il lui indique dans une moue désabusée. Ses phalanges continuent de réaliser des arabesques sur la peau chaude de son partenaire. « J’ai mis un an pour m’en remettre réellement pour être totalement honnête. » Il lui indique en venant plonger ses prunelles océanes dans les siennes plus sombres. « L’écriture m’a sauvé la vie. » Il lui indique dans un petit sourire. Cette passion qui l’animait lorsque leur relation commençait à tanguer à cause de ses crises de jalousie répétées. « C’est devenu mon métier. » Il lui avoue, car il en ressent l’envie et le besoin de lui dévoiler des brides de sa vie actuelle, bien différente de celle qu’il lui a connu. « Je fais de la littérature homoérotique. » Il susurre dans un sourire plus sincère. Un moyen de détendre l’atmosphère en mettant en avant l’aspect coquin de sa personnalité. « Il faut dire que j’ai un excellent maître dans le domaine pour alimenter mes fantasmes les plus torrides. » Il conclut contre ses lèvres qu’il vient doucement embrasser. Sa main se glisse sur sa mâchoire alors qu’il l’embrasse tendrement comme pour lui indiquer qu’encore à ce jour, il demeure le héros de bon nombre de ses fantasmes.