Damian (+) l'auteur aux multiples facettes et cicatrices.

1. Damian est né de l’union d’un bien né et d’une roturière digne d’un conte de fée. Son père fait partie de la noblesse anglaise. Le sang bleu coule dans ses veines à ce titre, mais il n’a pas la sensation de faire partie de cet univers qui lui est totalement étranger, en dehors de ses séjours chez ses grands-parents. Très amoureux de cette étudiante rencontrée lors d’une soirée étudiante, son père n’a pas désiré s’éloigner d’elle, même la demande lui a été formulée par sa famille. Ce refus de se plier aux règles a fortement déplu à la famille Godwinson, mais ils n’ont pas totalement exclu leur fils de leur lignée. Il a juste été mis à la marge et ne fait plus partie des soirées mondaines. Ce qui n’a clairement pas déplu au père de Damian qui a accepté la sentence avec un sourire amusé. Damian a quant à lui assister à des cérémonies de ce genre durant ses vacances chez ses grands parents et s’il a appris les us et coutumes de ce monde au fil des années grâce aux conseils avisés de son grand père paternel, cela ne l’a pas formaté pour autant. Il ne considère pas comme un noble et est résolument à part dans les diner de famille lorsqu’il se retrouve en compagnie de ses cousins et cousines. Ils ne vivent pas dans le même univers et il ne s’en formalise pas. Il accepte qu’ils soient différents, tout comme ils acceptent le petit ricain à leur tablée durant ses séjours au Royaume-Uni.

2. La famille Godwinson fait partie des plus respectés du Royaume-Uni. D’une lignée au sang bleu, ses ancêtres se sont illustrés dans de nombreux domaines : armée de terre, marine, médecine et dans la protection civile. Ils se sont toujours mis au service de leur pays dans leurs champs de compétences pour le bien de tous. On compte dans sa ligné des Généraux, des Médecins illustres qui se sont fait connaitre au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis durant la période où l’Amérique était une colonie anglaise. Damian éprouve une grande fierté de porter le prénom du feu grand père de son géniteur : un homme aux états de services irréprochables. Il a toujours connu son père comme un homme du feu, intègre et prenant très à cœur son métier aux commandes de la plus grande brigade de sapeurs-pompiers à Los Angeles. Sa mère était une femme de lettres, passionnées par la poésie et l’écriture. Très amoureux l’un de l’autre, Damian a évolué dans une unité familiale solide et remplie d’amour. Il n’a manqué de rien. Sa mère veillait sur lui comme la prunelle de ses yeux et son père, malgré son travail prenant s’est toujours montré aimant et présent durant toute son enfance, jouant avec lui au basket et au baseball.

3. Il avait treize ans lorsque son père est décédé lors d’une intervention en voulant sauver un membre de son équipe emprisonné par les flammes. Cette perte a été profondément éprouvante pour Damian qui a dû se montrer fort pour soutenir sa mère dans cette dure épreuve. Il s’est intimé de ne pas pleurer, parce que c’était le risque du métier et que son père ne lui avait jamais menti. « Je ferai de mon mieux pour rentrer, Dam’. » Pas de promesses, juste la formulation d’un souhait à chaque fois qu’il grimpait dans son camion en partance pour une mission. Damian et sa mère ont été soutenu par la brigade de son père, devenu orphelin de leurs chefs. Cela leur a permis de garder la tête hors de l’eau, de ne pas sombrer dans une douleur inconsolable. Encore aujourd’hui, les hommes de son père sont comme des figures paternelles pour Damian.  

4. L’écriture a été très bénéfique pour Damian durant cette phase de son existence. Il laissait couler sous l’encre de son stylo toutes ses pensées pour purifier son âme. C’est à cette période également qu’il a commencé à créer ses propres histoires. Un moyen pour lui de fuir son quotidien parfois difficile aux côtés d’une mère complètement dévastée par la perte de son âme-sœur. Elle était forte, faisait de son mieux pour cacher sa tristesse à son regard d’adolescent, mais Damian n’était pas dupe. Ses pleurs étouffés dans la chambre à coucher dans laquelle elle allait se refugier quelques heures avant de retrouver leur chambre d’ami ne passaient pas inaperçu aux oreilles de l’adolescent qui assistait impuissant à ce deuil qu’il devait gérer par lui-même. Il a été suivi par une psychothérapeute à cette période. Cela lui a éviter de mal tourner ou d’utiliser cette douleur comme un moyen pour se défouler sur autrui.

5. Etonnamment, il avait accepté le décès de son père facilement, comme une fatalité qui était un risque de son métier, mais c’est son absence qui était le plus difficile à digérer. Surtout lorsque les affres de l’adolescence ont commencé à titiller ses sens et qu’il a développé un attrait résolument conséquent pour les corps sculptés de ses camarades de classes. Si ces copains désiraient regarder sous les jupes des demoiselles ou palper leurs belles poitrines et cuisses, lui c’étaient les torses athlétiques et les fesses masculines qui éveillaient son ambition. Pour faire face à cette réalité, il a joué la comédie en usant de ses charmes sur la gente féminine. Ses yeux étaient son meilleur atout tout comme son sourire avant que son corps ne devienne plus viril. Il a enchainé les petites amies, n’allant jamais jusqu’à la fin en usant la carte du jeune noble british qui avait des valeurs anciennes. Il n’avait pas envie d’être mis à la marge et prendre le risque de perdre sa "famille" à la caserne qui était la base de son équilibre. Ses désirs et fantasmes, il les consommait dans l’écriture de nouvelles pleines d’érotismes, où ses protagonistes vivaient ces nuits d’ivresse qu’il rêvait.

6. Voulant suivre les pas de son père décédé, il a été rapidement une évidence pour Damian qu’il deviendrait sapeur-pompier. Il s’est entrainé dur pour cela, enchainant les heures de sports et s’entrainant avec les hommes de son père qui lui ont tout appris. Loin d’être idiot, il était un élève moyen. Il avait déjà son projet en tête et même s’il avait un amour conséquent pour la littérature tout comme sa mère, passion qu’ils partagent encore aujourd’hui, il s’est naturellement dirigé vers une licence en « Fire Science » pour bien connaître toutes les spécificités de son futur adversaire. Sa mère n’a pas cherché à le retenir même s’il sait qu’elle avait cette peur au ventre qu’il pourrait lui arriver le même destin funeste que pour son père. Damian a appris à jongler avec cette peur pour ne pas laisser les craintes de sa mère s’immiscer en lui. Il s’est vite démarqué et avec son diplôme en poche, il a passé le concours pour rentrer dans le corps des hommes du feu. Cela a été des mois éprouvant, mais il avait 21 ans lorsqu’il est officiellement devenu un sapeur-pompier.

7. Sa vie établie, Damian a commencé à mordre la vie à pleine dent, quitte à faire grincer les mâchoires de ses supérieurs sur le terrain. Très instinctif, il avait tendance à faire sa propre analyse de la situation et a prendre des décisions qui n’étaient pas totalement en accords avec celle de son chef du brigade. Il s’est remonté les bretelles plus d’une fois, mais n’a jamais regretté de s’écouter à partir du moment où il parvenait à sauver la vie d’une personne qu’on pensait perdue.

8. Plus confiant que jamais dans sa tête et son corps, il a commencé à s’ouvrir à sa sexualité. Loin des regards indiscrets, il a commencé à fréquenter des boites de nuits gays où il a fait de nombreuses rencontres parfois pour une nuit ou pour plus longtemps. C’est lors d’un évènement en boite de nuit que sa route a croisé celle de Björn G. Oystein, cet acteur porno qui mettait son corps en feu dans ses films pornographiques. Jeune, en pleine maitrise de ses charmes, il a usé de son ton séducteur pour tenter la star et l’attirer dans ses filets. Leur premier baiser a été explosif dans un coin sombre de cette boite de nuit alors que son corps se collait au sien. Encore aujourd’hui, il se rappelle la saveur exquise de sa bouche contre la sienne, la manière dont il a joué avec sa langue pour lui arracher un gémissement d’anticipation. La nuit qui a suivi cette rencontre a été un fantasme vivant. Björn s’est révélé être un amant formidable et tout naturellement Damian a développé une addiction pour le corps brûlant du Norvégien contre le sien. Tous les deux joueurs et résolument tentés l’un par l’autre, ils se sont revus de nombreuses fois avant de se dévoiler peu à peu à l’autre. L’intimité et la complicité de leurs rencontres étaient précieuses pour le british qui s’est rapidement attaché à cet homme, au point de tomber profondément amoureux de lui. Il est son premier amour et encore aujourd’hui, il garde une place bien à part dans son existence. Leur relation a duré deux ans. Ils se sont aimés passionnément et tendrement, mais Damian a fini par devenir possessif. Il le voulait que pour lui et sa jalousie l’a aveuglé au cours des derniers mois, rendant leur relation tendue et conflictuelle avec des crises de plus en plus conséquentes.

9. Il y a eu cette crise de trop où les mots de Damian ont dépassé sa raison où Björn s’est montré tout aussi tranchant, peut être déçu par son comportement enfantin. Damian avait 26 ans. La différence d’âge s’est faite ressentie pour lui qu’au moment où ils s’attendaient le moins. Tous les deux déçus, ils se sont éloignés, Damian préférant rompre que de continuer à devenir fou dans son coin. Cela n’a pas rendu les choses plus simples, mais il a tronqué sa douleur dans des nuits d’ivresse partagées avec d’autres hommes. Il s’est plongé corps et âme dans son travail à cette période de son existence dans l’espoir de prendre la place de son chef de brigade en passe de passer à la retraite. Un poste qu’il a fini par obtenir et qui été source d’une profonde fierté pour le sapeur-pompier et ses proches.

10. Il a rencontré Jeremy par le biais d’un ami commun lors d’une soirée chez ce dernier. Le feeling s’est naturellement tissé entre eux. Si Damian cachait toujours son homosexualité même au sein de son cercle d’amis proches, Jeremy quant à lui assumait pleinement son inclinaison pour les hommes. Il est resté très subtil avec lui durant toute la soirée jusqu’à qu’ils se retrouvent dans les toilettes de la maisonnée pour un échange plus intime et cru. Lorsque ses lèvres sont entrées en contact avec les siennes, il a ressenti le même frison singulier qu’il avait ressenti aux côtés de Björn. Il y a une forme de besoin primaire qui s’est fait ressentir, mais ils ont pris plaisir à jouer avec cette pulsion réciproque. C’est à cette même période que sa route a croisé de nouveau celle de Björn. Une rencontre à l’entrée d’un bar, tous les deux accompagnés par des amis. Un regard dont il n’a pas pu se détacher durant toute la soirée, avalant les verres les uns après l’autre et qui l’a poussé à abandonner son groupe pour le rejoindre, user de ses charmes. Le jeu de séduction s’est naturellement remis en place, les sentiments nullement disparus, juste endormis. La nuit qu’ils ont partagé a eu le gout de celles qu’ils avaient lorsqu’ils étaient en couple. Ses émotions intenses qui ont refais surface et ses regrets qui ont teintés leurs paroles après l’acte. Tout contre son corps chaud, il y avait une forme de sécurité plaisante à laquelle il était prêt à nouveau de succomber. Sans doute l’aurait-il fait de nouveau si Jeremy n’avait pas senti le danger en l’attirant dans ses filets pour une nuit toute aussi intense que celle avec son ex. Sans doute qu’il a fait machine arrière parce qu’il avait commencé à développer de l’affection pour cet homme au regard brillant qui le sommait silencieusement de ne regarder que lui. Un mirage de celui qu’il avait été avec Björn. Il a préféré se donner à cette nouvelle histoire que de souffler sur des braises à peine éteintes de son histoire avec Björn.

11. Jeremy a su trouver sa place dans la vie de Damian. L’amour s’est naturellement immiscé dans sa poitrine et il lui a octroyé une place dans son existence à la manière de celle qu’il avait donné au Norvégien quelques années auparavant. Ils ont vécu ensemble durant quatre ans, se faisant passer pour des colocataires, même s’ils ne pouvaient tromper leurs amis proches qui connaissaient suffisamment Jeremy pour comprendre la nature réelle de leur relation. Jeremy a accepté de vivre caché. Du moins de ne pas être trop démonstratif devant les gens. Ils ont trouvé leur équilibre et étaient profondément complice malgré le caractère buté du sapeur-pompier qui jouait parfois avec la jalousie de Jeremy. Il se voyait finir sa vie à ses côtés, à l’image de ses parents, mais la vie en a décidé autrement lorsque durant une de ses missions, son intuition a manqué de lui arracher la vie.

12. Les souvenirs de cette nuit hantent encore ses songes. Il se rappelle la chaleur qui s’échappaient de cette maison prise par les flammes incandescentes. Elles dévoraient la carcasse des murs qu’ils arpentaient à la recherche d’une âme qui vive. Sa brigade savait qu’il restait quelqu’un. Un homme, emprisonné dans sa chambre qui avait eu assez de souffle pour les contacter. Ils étaient arrivés aussi vite que possible. Pas assez pour vraiment offrir une chance à cet homme de s’en sortir, mais Damian refusait de s’avouer vaincu. En analysant tous les paramètres, il avait suivi ses hommes, avait ouvert le chemin dans le dédale de ses poudres échouées sur le sol. La chaleur était étouffante et son équipe cherchait cette chambre qui étaient peut-être tombées en lambeaux. Et puis il avait entendu ce cri strident d’une âme dans un coin de la maisonnée, dans la partie la plus dévorée et il avait demandé à son équipe de reculer. Son instinct lui avait incité à mettre en sécurité son équipe alors qu’il se lançait déjà dans une mission commando. Il n’avait pas réfléchi. Il avait foncé pour offrir le maximum de chance à cet homme. Il avait juste eu la possibilité d’atteindre la porte de la pièce avant qu’une partie du plafond s’effondre sur lui avant le trou noir.

13. Il a passé deux mois dans le coma, a subi de nombreuses opérations durant cette période pour reconstituer sa peau déchirée par les brûlures. Il avait une chance monstre. Son équipe l’avait arraché de sous les décombres pour l’extraire hors des lieux, conscient que le pauvre malheureux derrière la porte devait désormais être décédé. Enveloppé par des bandages pour protéger ses cicatrices purulentes encore sensibles, il avait repris connaissance dans une chambre d’hôpital sous le regard larmoyant de sa mère et de Jeremy. Il a facilement accepté ce qui lui est arrivé, mais a eu beaucoup de mal à tolérer le décès de leur victime. Encore aujourd’hui, il s’en veut. De manière raisonné, il sait qu’il a fait ce qu’il a pu, qu’il était juste trop tard pour agir, mais ce cri strident de douleur est encore bien présent dans son esprit. Comme par le passé, il a gardé la tête froide en apparence et a recraché toutes ses émotions sur du papier.

14. La convalescence a été difficile à vivre pour le sapeur-pompier. Ses brûlures hideuses ont été pénibles à regarder et à appréhender. Il a vite compris qu’il lui serait résolument difficile de revenir sur le terrain et qu’il était mis sur le banc de touche, dans la case : « accidenté du travail ». Invalide pour être plus direct. Le regard de Jeremy a changé sur lui comme nombre de ses proches. Il a détesté cette pitié dans leurs prunelles et a eu des réactions plutôt cruelles à leurs égards. Il a fini par ne plus tolérer le toucher de Jeremy qu’il sentait mépriser son corps. Il a fini par le pousser à bout où il lui a fait comprendre qu’il le trouvait hideux avec ses cicatrices, mais qu’il l’aimait. Enfin qu’il aimait encore celui qu’il avait été. Qu’il n’était plus. Cela a été les mots de trop. La vérité qui l’a complètement détruit même s’il n’en a rien montré. Jeremy l’a quitté et Damian a fini par vendre l’appartement pour aller s’établir ailleurs, fuir ce passé qui ne serait plus le sien. Encore une fois l’écriture l’a sauvé. Comme lors de son enfance, il s’est enfermé dans des univers différents du sien. Il est parvenu à sortir quelques ouvrages qui ont connu le succès. Ses romans lui permettent de vivre une vie pleine de rebondissements qu’il n’a plu.

15. Aujourd’hui, il ne croit plus à l’amour et n’a pas encore le courage d’affronter le regard d’un homme sur ses cicatrices immondes. Il préfère les faire fantasmer et leur faire tourner la tête par ses mots sous un pseudonyme qu’il use sur The Chart pour vivre sa libido autrement que dans ses bouquins. Il trouve que son existence actuelle est pathétique, mais il prétend le contraire. Encore une fois, il joue les forts, les hommes intouchables alors qu’en réalité il est plus faible que jamais. Mais ça tout le monde l’ignore et c’est bien mieux ainsi.