Everyone needs a little sister ((Satou siblings))

Mâchonnant un chewing-gum en fredonnant la chanson du même titre, le casque sur les oreilles, Tsuyu se baladait dans les rues de la ville des anges. La réunion du conseil des élèves avait durée une éternité, de quoi la faire travailler encore plus. Des notes, elle en avait beaucoup trop dans son petit sac à dos. Pourquoi as-t-il fallu qu’elle rejoigne le conseil sérieusement ? Elle ne s’y était même pas présentée, elle avait été choisie parce que, citation : « une élève aussi disciplinée et droite devrait avoir la possibilité d’influencer positivement ses camarades ». Comme si elle, Tsuyu Satou, était un exemple d’influence positive. Certes, elle était de bonne humeur, heureuse et virevoltante de ses sourires. Mais elle n’en restait pas moins la gamine qui voulait se rouler dans la poussière parce que c’était amusant. Elle faisait du base-ball. Ce n’est pas pour rien si elle avait choisi ce sport. Le soleil brillait encore plutôt bien dans le ciel, et la lycéenne avait prévu de faire un petit détour avant de rentrer à la maison. De toute façon, elle préférait travailler là-bas, entourée de gens qui discutaient et se démenaient pour rendre son frère beau, que dans sa chambre un peu trop fille à son goût avec Fluffy qui couinait de vouloir sortir toutes les dix secondes.

Bref ! La voilà donc aux abords du studio de photo de son frangin. Aussitôt, elle rentre dans le bâtiment, faisant claquer ses talons sur le sol toujours impeccable (merci aux gens du ménages). Elle s’approcha de la réceptionniste avec son plus beau sourire, donnant son nom et demandant où se trouvait son frère aujourd’hui. A la réponse de la dame, qui commençait à avoir l’habitude de voir cette gamine traîner dans le coin, Tsuyu lui envoya un bisou volant avant de s’envoler elle-même vers le studio photo. La japonaise voyagea un petit moment, entraînée par la musique de son groupe féminin de k-pop préférée dans les oreilles (genre, G(i)-dle pour les curieux), avant d’arriver devant la porte au numéro indiqué par la madame de l’accueille. Sans aucune délicatesse, elle entra, rencontrant alors un homme et une femme de part et d’autres de la porte qui semblait surveiller un peu tout. Elle les salua. Le nombre de crises qu’elle leur avait piqué les avait sans doute immunisé à l’arrêter dans son élan. Alors, elle ne perdit pas une seconde et se mit à courir.

« Haruuuuu-yaaaaaaaaa ! » s’exclama-t-elle avant de se jeter dans les bras de son grand-frère.

Son rire s’éleva dans la salle alors qu’elle lui souriait. Beaucoup de monde aurait été choqué de voir la différence de taille entre les deux Satou. Il fallait dire, elle était minuscule, même dans la vie de tous les jours, et lui était immense, plus que la moyenne. Tout ça venant tout simplement du fait qu’ils n’avaient pas la même mère. Alors que Tsuyu était entièrement japonaise, lui était à moitié japonais à moitié coréen. Le côté coréen avait dû jouer sur la taille. C’était l’explication la plus logique. Il n’y avait pas à beaucoup chercher non plus. Tsuyu était née petite et elle le restera. Souriant toujours au plus grand, elle finit tout de même par se décoller de lui, faisant alors un signe à toutes les personnes présentes avant de se mettre à sautiller sur elle-même.

« Dis, grand frère, après, on va manger ensemble ? J’ai eu une réunion épuisante, tu peux pas savoir ! »

Oui, elle prenait très clairement sur le temps du photoshoot, faisant sans doute perdre de l’argent à ses gens qui s’impatientaient. Mais elle n’en avait rien à faire. Parce qu’elle voulait monopoliser son frère un peu. Après tout, ils l’avaient toute la journée, et elle pouvait à peine l’apercevoir le soir. Révolu, le temps où ils jouaient tous les deux dans l’immense jardin classique japonais, à se battre ou à voyager tout autour du globe. Il n’y avait plus de chasse aux papillons, ni de moments intenses d’attente de voir la grenouille sauter de son nénuphar. Cela lui manquait un peu. Mais c’était comme tout. Ils avaient grandi. Elle savait qu’Haru ne pourra rien lui faire. Alors elle profite. Etre une princesse à ses avantages. Et être une petite sœur en a encore plus.

Regard charmeur, légèrement clos pour accentuer ce côté fatal qu'on lui demandait de représenter sur ses photos du jour, il s'était laissé avoir par son rôle, complètement absorbé. Et ses yeux brillaient sous les projecteurs, et ses mèches ne bougeaient pas, figées par la laque. Fin maquillage qui le mettait encore plus en valeur, il posait furtivement, changeant encore et encore d’attitude au fur et à mesure sous les exclamations du photographe. Flash incessant, commentaires pratiquement non-constructifs de la part des regards curieux, il faisait cela depuis ce matin, sous différents visage. C'est que la sortie du mois prochain était composé de deux parfums pour hommes boisés. Plus téméraires, plus masculin encore comme pouvait le dire la populace. Pour lui, c'était du parfum, qui plus est aux senteurs plutôt agréables.  Il en était fan, le plus grand, celui qu'on était obligé de regarder en levant la tête. Il en était plutôt fier d'ailleurs, mais passons. Alors il jouait un peu avec ses expressions, ses vêtements, se faisant toujours plus séducteur, toujours plus enjôleur. C'était un jeu qu'il maîtrisait parfaitement, sans doute un peu trop bien pour les autres d'ailleurs.

Et l'heure de la pause arriva, le faisant se décontracter un peu comme il le pouvait. Cela faisait des heures et des heures qu'il était debout ou alors assis sur ces espèces de chaises horriblement belles et esthétiques, mais complètement inconfortables. Bouteille d'eau à la main, il s'hydrata doucement, roulant un peu des épaules pour les rendre plus souples. Mais il fut vite dérangé par le bruit d'une porte qui s'ouvrit, le claquement de talons qu'il pouvait reconnaître entre mille. C'était son microbe, la gamine insupportable qui lui servait de petite sœur. Oui bon, il préférait la présenter comme ça que par "sa merveilleuse petite sœur toute mignonne qu'il adorait". C'était beaucoup trop niais.  Alors il optait pour les mots les plus sympathiques. Léger sourire qui apparut sur son visage malgré les regards las de tout le personnel, il ouvrit un peu ses bras pour la réceptionner, la serrant affectueusement. Sourire rayonnant assorti au rire qu'elle lui offrait, il lui fit un simple bisou sur la joue, avant de la relâcher, un peu amuser. Il avait l'habitude de la voir débarquer à l'improviste maintenant. Il n'en était même plus énervé, juste content de la voir, lui qui passait de moins en moins à la maison. Et bien qu'il en était triste de ne pas pouvoir admirer son sourire tous les jours, il ne se sentait pas à sa place là-bas.

D'une voix claire et enthousiaste à sa proposition, il ne put que hocher la tête sans hésiter. "Manger ? Avec plaisir. Il reste encore quelques clichés je pense et on pourra y aller après, ça te va ?" qu'il lui demanda à sa proposition. C'est que c'était une très bonne idée. En plus de ça, il avait faim. Sans doute pourrait-il l'inviter à un endroit différent. Pour le moment il ne savait pas trop. "Aller. Laisse moi finir de bosser hmm ?" Venant alors lui faire un doux sourire, il ébouriffa volontairement ses cheveux avant de rejoindre son poste pour encore une vingtaine de minutes. C'est qu'il avait l'impression de toujours devoir passer sous le regard jugeur du photographe lui. Enfin il s'en fichait, il était bien content comme cela. Quelques minutes de comédie, et il put enfin se faire libérer de son travail. Quelques salutations et félicitations, ses jambes firent de grands pas avant de se poster devant la plus jeune. Sourire charmant, yeux un peu brillant, il lui fit un léger geste de la tête pour lui indiquer qu'ils pouvaient enfin décoller. Ses bras enfilèrent sa grande veste tandis qu'il se retrouvèrent enfin sur la route d'un restaurant où ils pourraient manger."Tu as une idée de ce que tu veux manger Microbe ? Un japonais ? On pourrait se faire un bar à sushis." commença-t-il en penchant un peu la tête. "N'hésite pas. N'importe où du moment que ça te fait plaisir." continua-t-il, les mains un peu dans les poches.

C'était assez distingué, et au moins ils ne mourraient pas de faim. Enfin tout dépendait de ce qu'elle avait imaginé après tout. Il voulait bien lui offrir n'importe quoi pour le coup. Frère qui avait beau être par moment distant, il essayait pour autant de ne pas lui attribuer toutes ses peines. Alors, même si par moment il jouait sur un ton sarcastique avec elle, elle devait savoir que c'était juste pour l'embêter. Venant par moment poser son coude sur sa tête, comme pour qu'elle ne lui serve d'accoudoir en s'empêchant de rire, il regarda autour d'eux, tout en essayant de sélectionner un endroit. Un peu amusé, il se pencha vers elle en souriant, un léger regard joueur. "Et du coup ta réunion ? Si catastrophique ?" qu'il demanda en sachant pourtant très bien la réponse. La taquiner l'amusait, et l'entendre râler encore plus. C'était son rôle de grand frère non ? Enfin selon lui. Alors il continuerait le plus possible, jusqu'à ce qu'elle ne le supporte plus. C'était un bon plan non ? Sans doute, du moins il l'espérait. Un peu bête sans doute sur les bords comme raisonnement, mais au moins il en avait un, et c'était mieux que rien.

Il y a franchement un désavantage à être petite. C’est injuste de souffrir du cou à chaque fois qu’on regarde quelqu’un. Tsuyu passait sa journée à lever la tête. Lorsqu’elle faisait un câlin à son frère par exemple, son visage atterrissait inévitablement dans son torse. Certain aurait trouvé ça adorable, elle trouvait ça dégradant. Même si elle s’y était habituée. C’est comme tout. On accepte, on se laisse faire. Observant alors son frère en levant la tête (quelle idée de faire plus d’un mètre quatre-vingt dix aussi… non mais franchement), elle lui sourit. Bien sûr qu’elle allait attendre, c’était toujours ce qu’elle faisait. Néanmoins, elle était heureuse qu’il ait accepté. Il ne venait plus si souvent à la maison et les rares fois étaient peu agréables. Révolu le temps des jeux dans le jardin. Seul rester leur relation solide, pleine d’affection, alors que leur père refusait d’ouvrir les yeux. Oh, Tsuyu n’était pas aveugle elle. Si son père continuait de voyager autant, c’était pour une raison. Mais bien sûr, elle se taisait. Car, après tout, elle n’avait rien à dire. Hochant la tête, lui serrant juste un court instant la main avant de trottiner vers les coulisses, la Satou s’installa confortablement. Téléphone sortie, elle se mit à refaire ses notes de la réunion de tout à l’heure, annotant de différentes remarques les points énoncés. C’est qu’elle avait la dégaine d’une entrepreneuse, la gamine.

Quelques minutes plus tard et tout un travail en moins, Haru finit par revenir vers elle, tout sourire. Tsuyu récupéra ses affaires, rangeant tout proprement dans son sac, ne gardant que son téléphone à la main en enfilant les lanières de son sac. Puis elle suivit Haru, observant le soleil qui se couchait à peine de l’autre côté de la rue. Elle plissa un peu des yeux, se les couvrant avec la main. Le ciel était vraiment beau ici. Certes, rien ne pourra battre les lever de soleils japonais, ceux-là même qu’elle observait en allant à l’école toute petite au travers des vitres de la voiture. Mais ici, les couchés étaient beaux, il ne fallait pas se mentir. Son grand-frère se mit à marcher, l’attirant avec lui dans les rues de la ville. Agile sur ses talons, elle le suivit. Néanmoins, lorsque lui faisait un pas, elle devait en faire deux et demie pour le rester à sa hauteur. On ne se doutait pas vraiment de pourquoi est-ce qu’elle était aussi rapide en baseball. Toutes ses années d’entraînements pour être la même vitesse que son frère. Dingue ! Bref ! Se tapotant le menton en réfléchissant à la proposition d’Haru, elle faisait très clairement semblant de réfléchir.

« Hmmmm… Pourquoi pas… dit-elle avec une fausse suspicion. Après tout, ça fait longtemps qu’on n’en a pas mangé ensemble ! »

Un sourire éclaira son visage. Un bar à sushis, cela la rendait nostalgique. Même si, la plupart du temps, ce genre de lieu n’était que pour les grandes occasions, elle avait toujours adoré y aller. Aussi, elle pouvait se le permettre. Le faire avec son frère était un grand moment. C’était quelque chose d’important, au vu du peu de fois où ils se voyaient réellement. Il lui manquait. Mais elle devait grandir, dépasser ses sentiments de fille chérie. Et elle s’en sortait plutôt bien en ce moment. Indépendance adolescente, quand tu nous tiens. A chaque fois qu’il posait son coude sur sa tête, elle le repoussait, se mettant à râler dans la rue, en japonais, en coréen ou en anglais. Dans tous les cas, elle se plaignait, tapant du talon sur le sol ou se mettant à bouder. Le pire, c’est qu’il s’amusait le bougre, à la faire tourner en rond comme ça. Elle savait qu’il la taquinait. Elle n’était pas si débile. Mais bien sûr, cela marchait toujours avec elle. Parce qu’elle s’amusait aussi en un sens. Puis, il lui posa la question qu’il ne fallait absolument pas poser. Poussant un soupir mélodramatique, Tsuyu releva les mains sur son propre visage, allant se masser les tempes en fermant les yeux.

« Si tu savais… Si tu savais ! Notre président est si idiot ! "Aaah, gnagnagna, il y a trop de délinquants, blablabla, demandons plus d’heures de colle, gnagna, non mais franchement, c’est dégradant pour l’école !" (Elle l’imita en faisant bouger sa main comme s’il s’agissait d’une bouche.) Il me saoule tellement ! Mais je peux rien dire, je suis secrétaire… Et même pas de plein grès en plus ! C’est horrible… »

L’établissement dans laquelle elle se trouvait été publique. Bien sûr, son père avait voulu la mettre dans le lycée privé de Los Angeles, mais elle avait réussi à dévier la trajectoire avec un : « ils n’ont pas d’option baseball ». Franchement, elle n’y avait pas cru au début et puis BOOM ! elle finit au lycée public de L.A.. Si ce n’était pas du bol ça ! En plus, elle avait pu rencontrer Chung Ae, qui était rapidement devenue sa meilleure amie. Et elle aimait beaucoup sa classe. Mais faire partie du conseil des élèves la gaver réellement. Etre secrétaire pouvait être amusant, mais pas avec un président dont la seule préoccupation est la délinquance. Pour lui, deux personnes s’embrassant dans les couloirs est un geste de rébellion. Beaucoup des autres élus comme la trésorière, ont protesté. Parce que merde à la fin ! Mais il tient toujours sa ligne de conduite : plus d’heures de colles. Aucune des approches qu’il avait voulu faire n’avait été mise en place. Et en plus de ça, c’était le reste de l’équipe qui gérait les évènements seuls. Concerts de musique, sorties scolaires, repas à thème, fête de fin d’année, bal de promo, remise de diplôme. En gros, il ne servait à rien. Mais il gueulait fort et Tsuyu était obligé de le prendre en note. Quel calvaire !

Ses yeux s’arrêtèrent alors sur une enseigne et elle tira brusquement Haru avec elle pour y rentrer. Un bar à sushis, parfait ! Saluant en japonais à l’entré, elle alla rapidement s’installer, sautant sur les sièges en hauteur avec la plus grande délicatesse (à noter ici qu’elle galéra un peu à grimper dessus). Puis ses yeux s’allumèrent en voyant le travail en cours de l’un des chefs, fascinée par ce qu’il faisait, elle ne remarqua même pas que son frère commandait. Elle préféra observer avec attention les faits et gestes, se mettant alors à poser des questions à l’homme, n’écoutant plus du tout Haru. Bien sûr, le chef, souriant doucement à la surexcitation de la jeune fille, lui répondit en lui montrant, ce qui fit encore plus sourire Tsuyu. Certes, elle en connaissait beaucoup, déjà, sur cet art culinaire. Mais elle adorait toujours autant lorsqu’on lui expliquait et lui racontait avec une passion pareille. Tapotant de son talon sur la barre transversale en bas de sa chaise, elle le remercia, avant de tourner la tête vers son frère et de lui sourire.

« Et toi alors ? Tu as fait quoi ses derniers temps ? » demanda-t-elle avec désinvolture, comme si elle ne venait absolument pas de l’oublier pour des sushis.

D'un pas qui se voulait plus lent pour permettre à sa minuscule soeur de le suivre sans problème, il restait à côté, laissant ses pas se rétrécir du mieux qu'il le pouvait. Parce qu'il n'était pas méchant, celui qui faisait deux tailles de plus. Il le lui avait proposé, le restaurant japonais. Sans doute avait-il eu envie de manger un peu de poisson, mets raffinés qu'ils pouvaient tous les deux se permettre en réalité, et il ne se gênerait personnellement pas. Et puis de toute manière, même si tout semblait être le contraire, ce n'était pas souvent qu'il se permettait d'aller manger avec elle. Entre le boulot, ses cours à elle, et l'envie permanente de fuir la maison. Avec tout cela, passer du temps avec la plus jeune devenait assez compliqué. Alors il en profitait pour pouvoir l'embêter, la voir râler étant son pêché mignon à toutes les sauces. C'était amusant, mais aussi surtout pour pouvoir passer du bon temps avec elle, qu'importe ce qu'il pouvait lui dire au final."Si ça te convient alors c'est tout bon." qu'il assura de sa voix grave.

Les pieds dans le plat, pour celui qui avait voulu savoir comment s'était passée sa journée. Sans doute aurait-il dû s'abstenir, mais tant pis. Ne savait-on jamais. Alors il l'écouta râler avec ses imitations, léger sourire aux lèvres qu'il ne parvenait à cacher tout de même. Lui n'y comprenait pas grand chose à tout cela, sans doute parce que ses années de lycée avait été d'un ennui, entre toute ces personnes qui l'avaient collées, toutes celles auxquelles il avait pu casser la figure, ou encore celles avec qu'il avait flirté. Bon, pas de tout repos, mais suffisamment ennuyeux pour lui avoir posé une routine quotidienne. Sans doute que c'était tout lui en réalité. Vivacité qu'il ne trouvait que sous les poings et les projecteurs. "C'est vrai que c'est pas...cool...Tu peux pas demander à arrêter ? Invente une histoire, ça passera crème en te connaissant." qu'il lui dit alors fier, sachant pertinemment de quoi sa petite sœur était capable. Bon il l'incitait à mentir, mais ce n'était pas trop grave, si personne ne l'apprenait. Qui ne l'avait jamais fait après tout ? Et sans trop comprendre, il se sentit attirer dans un coin par la plus petite, entrant directement dans un établissement à sushis.

S'installant alors après avoir salué tout le monde, il n'hésita pas à commander directement, ayant beaucoup trop faim pour attendre que sa sœur ne sorte de sa phase d'admiration. Bon, à part qu'elle harcelait le maître sushis de ses questions, lui en profita pour s'extasier un peu. Des nigiris, autant au saumon qu'au thon qu'à la dorade. Et un petit plus, ce qui le faisait fondre, de l'otoro. Il n'avait jamais goûté quelque chose d'aussi délicieux de toute sa vie. Fondant sur la langue, sensation des plus agréables selon lui. Maki, sashimi, délicatement posés sur un plateau devant eux, il déposa tout doucement quelques morceaux devant les yeux de Tsuyu pour capter de nouveau son attention. Clignant doucement des yeux sous sa question, il haussa un sourcil avec un léger sourire en coin, se penchant un peu vers elle. Amusé, il fallait le dire. Elle qui abandonnait sa nourriture pour lui poser des questions en tout genre. A croire que sa réunion lui avait réellement fait péter un câble. "Ces temps-ci ? Je suis en plein photoshoot pour un nouveau parfum..." qu'il haussa doucement les épaules. "La routine quoi. Sinon j'ai des horaires allégés aussi pour le bar à cause de la chaleur, donc ça va." qu'il lui répondit tout doucement en lui souriant chaleureusement.

Autant omettre le fait qu'il continuait de s'amuser dans les rues de nuit pour ne pas rentrer chez lui. Si elle savait cela, sans doute qu'elle ne verrait plus pareil, même si elle avait déjà dû le voir rentrer, visage ecchymosé. Et même s'il le cachait la plupart du temps, il faisait quelques efforts, pour ne pas trop la décevoir. Il savait qu'il n'était pas le grand frère parfait, ni même le plus doué dans ce domaine. Mais il restait là tout de même, qu'elle le veuille ou non de toute manière. "Mais passons. Qu'importe. C'est banal." qu'il rigola tout doucement en la regardant légèrement. Il était amusé, celui qui commença tout doucement à manger sans pour autant la lâcher des yeux. "Donc...Qu'est-ce que j'ai raté de mon côté hmm ? Tu t'en sors avec tes cours ? T'as fait des trucs avec des amis ?" qu'il lui demanda doucement pour surveiller tout de même un peu, sourire en coin, avant de changer complètement de sujet "D'ailleurs tu pourrais passer un de ces jours au bar... Y'a des chanteurs qui viennent en ce moment. C'est plutôt sympa. En plus...Y'a des visages plutôt intéressants en ce moment... " qu'il sourit discrètement en pensant à une personne en particuliers. Emmerdeur de première auquel il apprécierait particulièrement lui remettre son poing dans la figure mais passons.

Mangeant plus doucement, venant commander des boissons par la suite, un calpis pour lui, ne voulant pas boire d'alcool à cette heure là. Soupirant un peu, il savait qu'il allait devoir poser les questions qui fâchent. Ce qu'il fit. "Ça se passe comment à la maison ?" qu'il lui demanda plus doucement. Cela faisait déjà quelques jours qu'il n'était pas rentré. Un hôtel, très clairement. Mais il devrait y passer, ce soir sans doute, car cela restait chez lui même s'il ne voulait pas l'avouer. Il n'y était pas le bienvenue, et cela se sentait complètement. "Ils te posent pas trop de problèmes les deux vieux ?", continua-t-il avant de lui sourire calmement. En parler, c'était sans doute le mieux, même s'il ne le faisait pas souvent. Il n'aimait pas ça lui même, mais il ne pouvait pas déroger à la règle. "Je rentrerais peut-être ce soir...T'as des trucs de prévu cette après-midi ?" Question lâchée comme cela, juste pour se renseigner, parce qu'il savait que la vie de la jeune fille pouvait être animée, tout comme la sienne. Et pour une fois qu'il avait du temps disponible devant lui, il n'hésitait pas à lui en toucher deux mots. Car il n'y avait que dans ces moments là, qu'il pouvait se comporter en grand frère, même en étant le plus insupportable des types existant. Mais c'était sans pour cela, qu'il était aussi à attaché à son Microbe personnel. Sans doute, enfin, en tout cas il ne pouvait plus s'en débarrasser. Et heureusement. Parce qu'il ne comptait laisser la seule personne qui comptait un peu se débrouiller seule avec deux démons, et passer ne serait-ce qu'un repas avec la plus jeune le réjouissait plus qu'il ne voulait bien lui montrer.

« Tu crois que j’ai pas déjà demandé à arrêter ? répliqua-t-elle en grognant légèrement. Mais personne ne veut prendre ma place et comme je suis moi-même suppléante, il me faut un suppléant et BREF ! »

En même temps, elle s’était retrouvée dedans sans l’avoir réellement voulue. Elle était même quasiment sûre que c’était sa professeure principale qui l’avait recommandé. Comme si Tsuyu était un exemple à suivre. Petite, maladroite, faisant un potin pas possible avec ses talons, avec des tenues toujours hors de prix et un envie toujours aussi évidente de se rouler dans la poussière pour s’amuser. Entre ses entraînements de base-ball, les activités du conseil des élèves, les réunions, les devoirs, cette stupide option de chinois qu’elle avait prise, elle se sentait totalement surbookée. Pas le temps pour autre chose que les amis ou la famille. Pourtant, elle était mignonne et on lui répétait souvent qu’elle devrait se trouver un copain pour déstresser. Mais elle n’était absolument pas stressée voyons ! Tout allait parfaitement bien ! Ce n’est pas comme si sa mère lui courait après dans la maison pour lui faire porter les dernières robes qu’elle lui avait acheté, que son demi-frère se barrait on ne sait où pour s’amuser, que son père la traitait encore comme une enfant. Ce n’est pas comme si elle était surbookée de devoir, que le président du conseil des élèves lui demandait toujours de mettre toutes les notes au propre en plus de rédiger les affiches pour les annonces. Ce n’est pas comme si elle était de surcroit assistante organisatrice des activités de l’école. Aucun stress, je vous jure. Tout allait très bien. Une tisane bien être et c’est repartie !

Une fois dans le restaurant, Tsuyu se perdit dans sa contemplation de la nourriture devant eux. Alors qu’Haru commandait, elle consulta un peu la carte pour voir ce qu’elle pouvait bien prendre. Tous ses noms lui donnaient une impression de nostalgie. Elle aime beaucoup son pays d’origine, autant dans la culture moderne qu’ancienne. Mais elle sait aussi que, là-bas, elle n’aurait pas été heureuse. Sans doute aurait-elle pu jouer au base-ball, certes, mais la vie là-bas, celle que menaient ses parents en tout cas, ne lui aurait pas plus. Autant qu’ici aussi, elle a dû mal à le supporter. Mais au moins, elle ne souffrait pas de l’implacable remarque pour bien travailler à l’école. Elle était studieuse, oui. Elle s’était bagarrée pour aller dans un lycée public, oui. Et finalement, elle vivait sa meilleure vie, planifiée pour certaine journée au centimètre près. Un petit côté perfectionniste qu’il ne lui semblait pas forcément mauvais. Elle l’était dans l’organisation de ses journées, pas dans celle de sa chambre. Ce furent les mouvements dans la périphérie de sa vision qui la firent revenir dans la vraie vie. Clignant des yeux, elle observa la nourriture devant elle, avant de rire et de se saisir de ses baguettes pour manger tout en écoutant son frère. Elle se demandait souvent pourquoi est-ce qu’il travaillait à côté de son rôle de mannequin. Mais, elle pouvait le comprendre aussi. Une double facette. L’espace public et le privé. Hochant la tête, elle mâchait tranquillement leur repas. Qu’est-ce que c’était bon bordel…

Haru décida soudainement de la bombarder de question. Oula… Il ne savait pas à quoi s’attendre lui. Le regardant alors, faisant jouer ses jambes dans la vide (parce que oui, contrairement à lui, elle ne pouvait pas toucher le sol de là où elle se tenait, malgré ses talons), elle formula ses réponses dans sa tête. Il lui proposait de venir au bar ? Depuis quand ? Elle n’était toujours pas majeure aux dernières nouvelles. Et même, elle restait plutôt jeune pour finir à attendre son frère comme une débile avec des verres de sirop à l’eau devant elle. Secouant la tête, elle prit un nouveau morceau de saumon pour le mettre dans sa bouche, de quoi le faire attendre encore un peu dans sa réponse. Tout d’abord, parce que, désolée Haru, mais la bouffe, c’est sacré, et elle en avait réellement besoin. Ensuite parce que… Juste, parce qu’elle venait de finir une journée de cours épuisante et qu’elle avait besoin de retrouver des forces. Ah, parce que vous aviez pensé qu’elle était à son maximum lorsqu’elle était allé chercher son demi-frère dans sa salle de photoshoot ? Mal vous en a pris. Elle est redoutablement inépuisable.

« On va voir un match de base-ball avec Chung dans pas longtemps et bien sûr que je m’en sors avec mes cours ! Je suis organisée moi ! (Ce n’est pas du foutage de gueule, promis.) Tu sais, si je viens, c’est pas pour voir des visages, mais plutôt pour écouter… »

La musique Haru. Tu n’as pas oublié la musique n’est-ce pas ? Soulevant un sourcil en l’observant, son sens interne de petite sœur s’alluma soudainement. Alors, comme ça, il y avait des personnalités intéressantes au bar ? Assez en tout cas, pour piquer la curiosité de son frère, plutôt insensible aux yeux de biches de ses prétendantes et prétendants. Il fallait dire, il n’était pas ce qu’on pouvait dire désagréable physiquement. Même si Tsuyu pouvait très bien le regarder dans les yeux et se dire qu’il ressemblait à un plat de patates écrasées, elle était sans doute la seule dans cette perspective. Ou peut-être deux ou trois autres personnes qui ne comprennent pas que les regards de son frère sont fait pour les foutre dans son lit. Enfin bref. La jeune fille était intriguée par ses paroles. Elles étaient douces, comme s’il y avait quelque chose derrière. Quelque chose qu’elle allait bientôt découvrir.

« Ma mère s’est mis à acheter des bijoux à foison, comme si on en avait pas assez… soupira-t-elle. Notre père il… il disparait toujours. Tu sais… ses "voyages". » dit-elle en faisant les guillemets avec les doigts.

Elle n’était pas aveugle. Et loin d’être sourde. Sa mère jouait les idiotes et Tsuyu ne voulait pas arranger les choses. Parce que ce n’était pas son rôle. De toute manière, elle avait bien compris que sa mère s’en moquait. L’argent, voilà un peu ce qui la guidait. Là où, la mère d’Haru avait peut-être eu des sentiments pour leur père. Même si, personne n’en savait rien. Dans ses moments là, elle aimait envoyer un message à son frère, lui dire à quel point elle les trouvait chanceux de s’avoir l’un l’autre. Leur famille est un bordel sans nom. Mais au moins, ils sont tous les deux à la fin. Ses yeux s’allumèrent alors en l’entendant. Se redressant, tapotant dans ses mains entre elles avec exaltations.

« Non pourquoi ? Tu veux qu’on fasse un truc ? On pourrait aller jouer au base-ball ! T’en dis quoi ? »

Qu’est-ce que je vous avais dit ? Elle venait enfin de recharger ses batteries. Pauvre Haru qui va devoir supporter une Tsuyu toute animée de joie, avec un ventre plein et la joie de retrouver son grand-frère, même si cela n’est que pour une fin d’après-midi. Ils avaient tous les deux des défauts à foison. Mais si on pouvait leur donner une qualité commune, se serait la loyauté étonnante de l’un envers l’autre.

Elle était compliquée, son histoire à sa sœur, mais on aurait dit des péripéties d'enfants, même si bon, c'était plutôt mignon. Alors il la laissait s'énerver comme un petit animal en colère, avant d'arriver dans ce restaurant japonais qui lui, lui plaisait plutôt bien. Car il n'avait pas mangé depuis un moment, lui, à force de poser, de bosser, d'aller boire des coups. Manger devenait futile après tout ce temps à s'amuser ainsi. Enfin, il semblait tout de même moins affamé que la petite créature qui était à ses côtés. Comme si elle n'avait pas vu de nourriture depuis des jours entiers, ou peut-être simplement de la bonne nourriture. Fallait dire qu'ils n'avaient pas choisit le pire des endroits pour y trouver des sushis. Il s'y sentait à l'aise lui, même s'il fallait dire que cela lui manquait, les vrais restaurants, la vraie langue, les vraies saveurs, que l'on ne pouvait trouver que dans son pays d'origine. C'était rare de trouver un perle rare ici, même s'ils n'avaient pas à se plaindre au vu de la quantité de chefs japonais qui pouvaient s'être rendu au Etats Unis. Alors ils allaient là où le vent les portait, là où les odeurs les attiraient le plus.

Il devait passer pour le grand frère chiant avec toutes ses questions, mais c'était un vrai plaisir qu'il prenait à la saouler avec ça. Autant dire qu'il s'amusait à la mettre en rogne la microbe, ou plutôt à essayer. Une vraie passion à laquelle il continuait de s'entraîner jour et nuit. Enfin, du moins si le rôle du grand frère parfait insupportait la demoiselle. Puis peut-être qu'un jour arriverait où elle trouverait cela confortable elle, mais pour le moment cela restait assez ironique pour lui, malgré le fait qu'il s'intéresse réellement à elle, lui, qu'il veuille vraiment la protéger même si c'était elle la plus dangereuse dans la chose au final. "Base-ball hein ? Ça m'étonne même pas...Puis qu'est-ce que t'insinue crapule hein ? Si t'es organisée je le suis aussi. Presque plus même." qu'il se mit doucement à rire avant de la regarder, haussant un sourcil. "Tu sais que je suis plutôt doué pour préparer des diabolo fraise hein ? Puis même si c'est pour la musique." qu'il haussa doucement les épaules avant de rire. C'était surtout pour la voir un peu, mais un peu bête elle était, la gamine. Puis au pire des cas, il avait trouvé sa nouvelle proie, lui. Alors sans doute valait-il mieux lui éviter un spectacle des plus charmant.

Et il s'était un peu adouci, lui, avec le temps. Sans doute parce que cela faisait déjà un moment qu'il ne l'avait pas vu avec sa bouille de crapaud. Ça ne lui ressemblait pas forcément, mais il y avait cet aspect de lui qui parfois ressortait. Qui parfois se vissait sur son visage un peu trop photogénique et livide. Alors ce qu'elle lui dit ne l'étonna pas vraiment en réalité. Il savait comment ils étaient les deux vieux. Des catastrophes. Des vraies. "Je vois le genre...Au moins t'es tranquille et t'as pas à le supporter" Car il savait les petits jeux qui se tramaient à la maison. Personne n'était aveugle, et encore moins lui, qui l'avait compris déjà bien trop tôt. Mais que pouvait-il y faire ? A par se barrer de là, en prenant la plus jeune. Sans doute essaierait-il de se trouver un lieu où habiter. Un penthouse, ou un petit truc du genre. Dans tous les cas il n'avait pas a avoir peur de ça. Peut-être même qu'il pourrait lui proposer l'un de ces jours, si au moins il prenait l'initiative de prévenir les deux monstres à la maison. Cette bâtisse si froide et sans âme. Et il était plutôt content d'avoir une petite sœur, même si elle devait elle aussi subir tout ça en quelques manières. Rien n'était vraiment facile dans ce genre de famille et encore moins lorsque des connards en prenaient la tête. Mais bon. Au moins ils étaient deux êtres assez intelligents pour s'en sortir par eux même.

Et sa proposition le fit détourner un peu la tête, légèrement surpris en réalité, alors que ses lèvres s'étirèrent un peu. "Me dit pas que tu me proposes ça pour me battre hein ? Je vais me rétamer mais si ça te fait plaisir." qu'il rigola un peu, sourcil légèrement haussé alors qu'il sentait que cela allait être amusant lui. Parce qu'il connaissait les règles et quelques trucs pour avoir déjà vu jouer la plus jeune. Pas comme si elle en était accro mais qu'importe, il allait se faire ridiculiser mais au moins il passerait un de temps avec elle. Il ne fallait juste pas trop qu'il la cherche, sinon cela allait finir en bataille de celui qui allait le plus faire manger de balle à l'autre. Assez intéressant en réalité. "Va pour du base-ball." Engloutissant ses sushis, venant piquer quelques bouts de saumon à la plus jeune, il commanda de nouveau de l'otoro pour lui en donner un bout, et venir engloutir le reste comme s'il n'avait rien mangé d'aussi bon depuis des mois, ce qui était entièrement faux. Malgré tout il restait droit, tête bien gracieuse, de ses yeux pétillants qui ornaient son visage. "T'as intérêt à faire semblant d'être pas douée." Menace inexistante qui le faisait un peu rire lui, il se contenta de manger calmement, léger sourire discret qui ne le quittait plus.

Sans doute étaient-ils bien, comme ça, dans ce calme assez reposant, juste à dévorer tout ce qu'il leur passait sous la main. "Sinon t'as un match bientôt ? Parce que je suis jamais prévenu moi." qu'il lui tira la langue, haussant un fin sourcil avant de délicatement engloutir un maki. "Préviens moi la prochaine fois. J'essaierais de me ramener. On sait jamais, peut-être que je pourrais vous volez la vedette." qu'il rigola vaguement avant de balayer l'air de sa main. Parce que c'était tout lui, de se venter de ces mérites qu'on lui trouvait sans vraiment le trouver lui même, juste par ironie. Juste pour le démentir un peu plus même s'il ne pouvait pas le cacher. "J'essaierai de venir en tout cas." Sorte de promesse improvisée alors que le travail le rattrapait toujours lui, alors qu'il n'avait pratiquement jamais le temps en journée. Mais il pouvait bien lui en accorder une, de journée, lui, au moins une fois. Ce n'était pas comme si elle s'en plaindrait, non ? Enfin de toute manière il ne lui laissait pas le choix. C'était ça ou rien pour la plus jeune. Et puis elle n'avait pas à décider de toute manière du haut de ses trois pommes, non mais. Manquerait plus que cela. Et même si lui cédait facilement à ses caprices, il n'était pas si gentil que cela. Alors elle n'avait qu'à faire avec tandis que lui essaierait de ne pas trop se ridiculiser cette après-midi.

Remuant des épaules telle une petite diva, elle jeta un regard qui voulait tout dire à son frère. Elle était de loin la plus organisée entre eux deux, il ne fallait pas croire. Elle arrivait à concilier ses cours, sans rater dans aucune matière, elle maintenait toujours un bon score à ses matchs et de belles performances, couplant cela avec tous les entraînements qui forgeait son corps pourtant menu. En plus de cela s’ajoutait la corvée de son conseil d’administration lycéenne. Alors qu’elle n’avait réellement rien demandé de base. Et puis, il y avait ses amis aussi. Chung Ae avec laquelle elle adorait passé du temps par exemple. Haru n’était pas en reste bien sûr. Parce qu’elle venait toujours le voir, comme aujourd’hui, parce qu’ils n’avaient plus vraiment la possibilité de se retrouver après la journée de travail ou autre. Il fallait aussi compter sur la famille. Pas son grand-frère. Lui, elle n’avait pas à le gérer. Mais ses parents, et principalement sa mère qui la harcelait tous les jours pour la rendre plus « féminine » qu’elle ne l’était déjà. « Arrête le base-ball, mets-toi à la dance ! » « Toujours la tête dans tes livres, va plutôt t’occuper de tes cheveux ! » « Tiens-toi droite à table, tu es une dame ! » C’était surtout ça qu’elle devait assumer. Le reste, elle gérait. Mais sa mère était tellement imprévisible.

« Je n’insinue rien du tout ! se défendit-elle, ne pouvant cacher son sourire. Mais je doute que tu puisses me battre en organisation. (Elle lui tira de nouveau la langue, avant de rire.) Oh vraiment ? Je viendrais pour goûter tes cocktails alors ! »

Avec autant de délicatesse qu’une adolescente affamée avait, Tsuyu enfourna un sushi dans sa bouche, se mettant à le mâchonner en écoutant son frère. Puis elle hocha la tête, pour approuver, faisant de grands signes de menton. Même si, dès deux, leur père n’était pas le plus insupportable pour elle, il est vrai que ne pas l’avoir devant les yeux lui allait tout autant. Elle lui en voulait pour ce qu’il avait fait à Haru, à son grand frère adoré. Et puis, aussi, pour ce qu’il faisait à leur famille en général. Voler d’un nid à un autre. Cela ne l’étonnerait même pas si elle découvrait qu’il y avait d’autres enfants comme eux dans le monde, issu d’un père volatile, qui ne se préoccupait de rien. Légalement, Tsuyu était la seule enfant légitime de cet homme. S’il décidait du jour au lendemain de rajouter quelqu’un dans le testament, elle serait toujours prioritaire. En soit, cela la gênait. Elle ne voulait pas travailler dans les affaires, hériter de sa fortune, assumer des responsabilités. Si elle travaillait aussi fort, c’était pour pouvoir rentrer dans une fac de sport et devenir une vraie joueuse de baseball certifiée. Elle en avait le potentiel, elle le savait. Mais avec le talent, il faut aussi l’esprit. Et ça, il ne lui manquait certainement pas.

Un petit sourire de démon s’étira sur ses lèvres alors qu’elle regardait autre part, évitant le regard de l’autre Satou sur elle. Tusyu aimait le baseball. Juste le principe de jouer et se rouler dans la poussière l’amusait. Mais il y avait aussi (et surtout) qu’elle était plus douée que son frère à ce niveau-là. Et ce n’était pas pour l’élevé sur un piédestal, mais il était plutôt bon dans tout ce qu’il entreprenait. Mannequin, serveur. Il s’en sortait très bien. Il avait même l’air heureux, de ce qu’il lui montrait. Elle lui faisait confiance. Assez pour qu’il lui dise si cela n’allait pas un jour. Mais s’il décidait de se taire, que pourrait-elle faire ? Tsuyu n’était que sa demi-sœur, théoriquement. Même si elle se sentait plus comme sa petite sœur directe. Sauf qu’ils se voilaient la face l’un avec l’autre. Mais pour rien au monde elle ne remettrait en cause l’amour qu’elle lui porte. C’est aussi pour cela qu’elle risque de rester cloîtrer dans la protection de son frère même si elle cherchait par tous les moyens à être indépendante. Elle voulait visiter le monde extérieur. Mais le monde extérieur était-il seulement prêt pour elle ?

« J’essaierais de te laisser quelques points, promit-elle sans croiser les doigts dans son dos. Jamais prévenu ? Mais attend, je t’envoie des messages à chaque fois ! »

Sur ce, elle sortie son téléphone, scrollant dans ses conversations, avant d’ouvrir celle avec son frère, lui montrant alors tous les messages qu’elle lui avait envoyé. Avec un soupire hautain, elle le posa sur la table, le fixant en plissant des yeux. Il devait sans doute recevoir bon nombre de messages, tous les jours, dû à son travail ou même à cause de ses flirts. Mais de là à lui sortir qu’il n’était jamais prévenu, il abusait.

« Pour que tu nous vole la vedette, tu devrais d’abord regarder tes messages ! répondit-elle, acérée, avant de manger un nouveau maki. En pluche, ton emchploi du temps est touchours complet… » qu’elle bougonna dans sa barbe inexistante en boudant.

Elle se saisit alors de son verre, buvant tranquillement pour faire passer la nourriture dans son œsophage. S’il pensait qu’elle allait lui laisser des points cette après-midi, il pouvait se mettre le doigt dans l’œil. Elle sera invisible. Même s’il faisait deux fois sa taille (on exagère toujours, c’est dans les gènes), elle ne le laissera absolument pas l’utiliser à son avantage. Parce que, même du haut de ses trois pommes, elle court plus vite que lui. Résultat d’heures entières de sprint à en vomir. Finalement, elle arriva à terminer son assiette, soupirant doucement en tapotant son ventre qui était plutôt content de la situation. Alors que le serveur repassait devant eux, elle demanda un dessert, l’un de ses préférés, à la pate d’haricot rouge, se moquant bien du fait qu’elle venait d’engloutir toute une assiette comme s’il s’agissait d’une soupe. Puis elle se reconcentra sur son frère, le fusillant du nouveau du regard. Elle n’oubliera pas son affront. Ah ça non ! Il avait osé lui dire qu’il n’était pas au courant. Il allait le payer…

Petit rire léger, face à la demoiselle qui semblait si convaincue de le battre en organisation, il n'avait pas l'air sans doute le grand de l'être lui-même. Mais il ne fallait pas se tromper, car Haru était bien des choses, et qu'importe ce qu'on pouvait lui dire, il était prêt à accepter des défis bien étrange pour prouver au monde qu'il n'était pas qu'un simple visage un peu maquillé. Et en un sens, il était fier de sa petite sœur, car il n'y avait qu'à voir comment elle s'en sortait tous les jours : lycée, baseball, parents. Ô oui ce n'était sans doute pas grand chose pour certains, mais lui s'émerveillait sans doute un peu trop à son sujet quand on parlait d'elle. Jamais devant elle bien sûr, pourquoi lui faire le plaisir de lui montrer à quel point elle était admirable. Non non non. Autant en profiter pour l'embêter le plus possible, comme pour lui montrer qu'il tenait un peu à elle tout de même quoi qu'il puisse bien lui dire. "Mouais mouais. On verra ça un jour hein ? En attendant oui. Je te ferais des cocktails si tu veux. Enfin bref...Je te dis juste que si tu veux venir y faire un tout, tu peux." Ce n'était pas comme si elle avait réellement besoin de son autorisation pour venir le voir en réalité. Plus comme une invitation qu'autre chose : car malgré tout il avait un cœur qui peinait lui aussi. Gamine affamée, comme si personne ne la nourrissait chez eux, il ne pouvait que l'observer de ses grands yeux un peu amusé, alors que lui se contenter de piocher de temps en temps dans son assiette, sushi qu'il mangeait avec plus de délicatesse sans doute.

Et sans doute n'avait-il que l'envie de passer un peu plus de temps avec elle, même s'il savait pertinemment qu'il allait se ramasser au baseball à ses côtés. Non pas qu'il était généralement nul en sport, il s'en sortait mieux en course, athlétisme, que baseball. Rattraper, viser, très peu pour lui en réalité, même si dans d'autre domaine, il savait parfaitement viser ses cibles, les choisir, ou encore jouer de tactiques avec elles. Mais il n'y avait là aucun rapport avec le sport, et dans tous les cas, il ne pensait pas que la plus petite aimerait écouter ses histoires de jeux de séduction ridicules. Tout était si risible chez lui. Ô peut-être avait-il réussi à se faire un nom, ou encore à sortir de la misère familiale qu'on lui avait imposé, mais il en ressortait seul, avec une demi-sœur qu'il trouvait pour tout dire adorable bien que casse-pied, et à laquelle il aurait aimé pouvoir essayer d'éviter tous les problèmes possibles et inimaginables. Ironique en un sens, mais sans doute appréciait-il lui pouvoir tout simplement la regarder se goinfrer sous ses réflexion bien trop adéquates.

Trop de vérités, alors que ses yeux se baissèrent doucement, pincement au cœur sous un sourire qui dissimulait le tout. "Oui bon...Il se pourrait...que je n'ai jamais le temps. Merci de me le rappeler..." qu'il rigola doucement, main passant dans ses cheveux ébènes avant de lâcher un vague sourire. Et il n'aimait pas avoir l'évidence sous les yeux, car tout était beaucoup trop blessant, alors que lui ne faisait qu'éviter ce genre de rencontres sans réellement s'en rendre compte. Pourtant il voulait réellement pouvoir venir la voir jouer, il n'y avait aucun mensonge derrière cela : juste des envies parfois irréalisables. Téléphone souvent en silencieux, messages qu'il bloquait souvent de gens qu'il ne connaissait pas, ou alors numéros de téléphone qui avait fuité de bien trop nombreuses fois, il pourrait lui sortir tout un tas d'excuses ridicules, mais ce n'était pas son genre de lui mentir, et sans doute savait-elle déjà tout ce qu'il y avait à savoir après tout. Elle n'était pas idiote, et lui n'avait qu'à s'en vouloir lui même pour être un grand frère déplorable. "Pas besoin de me les montrer. Énerve toi si t'en as envie ça fera pas changer les choses..." qu'il soupira alors en se frottant un peu le visage. S'il avait pu boire un verre d'alcool au moment présent, sans doute l'aurait-il ingurgité bien trop vite pour qu'on ne le voit passer. Car il était comme cela le plus vieux : juste perdu dans une vie qu'il ne supportait pas.

"Bon, faisons comme ça alors. Dis moi la prochaine date et je te promets que j'y serais. Et t'as pas à en douter. Et viens pas te plaindre non plus si je capte trop l'attention." qu'il la regarda alors en penchant un peu la tête, souriant tendrement en venant alors lui ébouriffer les cheveux. Sans doute aura-il à se déguiser plus ou moins comme un bonhomme de neige, mais il n'avait rien à perdre. Et les promesses du japonais étaient irrévocables, car il ne revenait jamais dessus, et s'il la lui avait faite, c'est qu'il s'arrangerait pour être là le plus possible. Autant essayer de ressembler à quelque chose de correcte pour une fois : essayer de la rendre un peu fière de lui. "D'ici là essaie de me faire retenir les règles. J'aimerais bien savoir pourquoi on t'applaudit." qu'il prononça comme si de rien était, continuant de manger son assiette avant de rapidement la finir, sourire aux lippes qui ne partait plus. Envie de découvrir ces passions si inconnues, lui se mettrait un peu à bosser pour y comprendre quelque chose, même s'il savait pertinemment qu'il ne ferait que garder ses yeux sur elle.

"Tu t'en sors avec ton assiette microbe ?" qu'il lui lança en se penchant un peu vers elle, la fixant en souriant comme pour la déstabiliser un peu. Mais il savait que la plus petite n'en aurait sans doute rien à faire en réalité, car elle ne se laissait pas déstabiliser si facilement, et encore moins face à un demi-frère un peu trop idiot. "Un dessert ? Il y a des mochi ici. Ou des trucs du genre. A moins que mademoiselle l'ogre n'aie plus faim hmm ?" qu'il la taquina avant de se pencher un peu en arrière, se servant alors un simple verre d'eau en s'étirant. "T'as pas peur de te rétamer devant moi avec ton ventre aussi plein ? Et dire que je pensais que tu voudrais m'en mettre pleins les yeux cette aprèm...Et bah dis donc~" La chercher juste un peu, car c'était ainsi qu'il était. Même si en réalité il était sans doute le premier à accourir quand elle avait besoin de lui, ou alors qu'un problème surgissait. Après tout elle devait sans doute le savoir, qu'il était aussi là pour la protéger d'un monde un peu trop violent, même si la gamine était assez forte pour y survivre : et ça, il ne le savait que trop bien.

C’était comme gagner une petite guerre lorsqu’il abdiquait et qu’il la laissait avoir le dernier mot. Tsuyu, de son jeune âge, ne gagnait pas souvent face à son grand frère, qui possédait plus d’expérience sur tout un tas de choses. Mais depuis qu’elle était devenue secrétaire du conseil des élèves, son niveau en débat avait considérablement augmenté. Surtout pour faire face à ce satané président. Mais bref… Son assiette se vidait au fur et à mesure de la discussion, remplissant son estomac. Il y avait deux équipes dans sa vie : celles et ceux qui la trouvaient trop fine et sa mère. Sa mère qui n’arrêtait pas de la relooker en lui disant qu’elle prenait du poids après avoir bu de l’eau. Pourtant, ce n’était pas comme si elle ne rentrait pas dans toutes les tenues hors de prix que la femme lui achetait. Elle aimerait beaucoup pouvoir quitter cette maison. Mais cela ne semblait pas être dans les plans. Pas pour le moment en tout cas. Et cette lassitude, Haru l’avait aussi. Sauf que lui ne le vivait pas de la même manière. Il était rejeté, relégué à un enfant hors-mariage. Les yeux de Tsuyu le fixèrent un instant, avant qu’elle ne se rappelle leur enfance insouciante dans le grand jardin de la maison familiale. Ses dents allèrent attaquer sa lèvre inférieure. Si elle pouvait remonter dans le temps, elle irait là-bas, dans ce passé qui lui manquait beaucoup trop.

Peut-être qu’elle aurait du retenir sa langue finalement. La mine soudainement triste et frustrée d’Haru lui indiqua qu’elle avait sans doute était un peu trop loin. Pourtant, d’un autre côté, même si elle s’en sentait coupable, elle lui en voulait tout de même. Elle savait très bien qu’il était occupé, harcelé de tous les côtés pour un oui ou un non, qu’il ne pouvait pas toujours répondre à ses caprices d’enfant gâtée. Mais elle ne lui demandait pas grand-chose à vrai dire. Juste de se dégager une après-midi pour un match. Un seul match, où elle était joueuse. Déjà que ses parents ne venaient pas et qu’elle finissait toujours par rentrer avec le chauffeur que son père lui a envoyé alors que ses camarades rentrées avec leurs parents, heureuses ou tristes en fonction de la victoire. Alors, si son frère venait, même en étant le plus beau dans la foule (ce qui de son point de vue était totalement vrai, mais ça, il ne devait pas le savoir), elle voulait juste qu’un membre de sa famille apprécie ses efforts. Un minimum. Alors, elle se redressa, même alors qu’il semblait au fond du trou, et elle lui donna un coup dans le bras, avec toute sa force, plutôt conséquente vu tout le sport qu’elle faisait. Ne jamais croire qu’une personne de petite taille n’a pas de muscles.

« Fait pas cette tête ! Je sais que tu es occupé et tout ça ! Mais vu que tu me l’as promis, je t’enverrais la date : par message, sur insta, par mail, sur messenger, sur twitter, partout ! Comme ça, si t’es pas là, c’est  vraiment que t’as pas la volonté de voir ta petite sœur battre des gens ! »

Franchement, les règles du baseball n’étaient pas aussi difficiles que ça. Contrairement au football américain ou même le tennis avec ses points par trois et ses manches à rallonge. Au baseball, il y avait celui qui lance la balle, celui qui tape la balle avec la batte (essayant de l’envoyer le plus loin possible) et ceux qui doivent aller chercher la balle. Oui… Un peu comme des chiens. Mais ce n’était pas tout ! Le temps que les équipiers récupèrent la balle, celui qui avait tapé dans cette dernière devait courir pour rejoindre des étapes avant que la balle n’atteigne la personne posté à la base. Et puis hop ! Le tour fait, on gagne un point ! Non, réellement, c’est facile le baseball ! En tout cas, du point de vue de Tsuyu, qui connaissait ses règles depuis toute petite, il n’y avait rien de plus simple. Héhé ! Bref ! La remarque de son frère la sortie de sa jubilation interne, lui faisant relever la tête, le menton haut. Elle ne tentait pas de le prendre de haut, ni même de l’intimider, car c’était tout simplement impossible. Il fallait voir. Mais, elle prenait toute sa tête et même plus, pour lui montrer son dédain. En tant que grande actrice de drame familiale, elle avait de l’expérience.

« Déjà, tu te contredis, un microbe ne peut pas être un ogre. (Et toc !) Et en plus de ça, il me faut des forces pour te battre justement ! »

Sur ses mots, elle contracta l’un de ses bras, avant d’aller une claque sur son propre biceps, heureuse de voir qu’il était bien entretenu. Puis elle se retourna vers le serveur, lui demandant poliment si elle pouvait avoir des perles à la noix de coco, n’accordant plus un regard à Haru en attendant qu’elles arrivent. Elle recommença donc à manger, envoyant balader les conventions qui lui interdisaient de trop se nourrir pour être en bonne santé. Manger était un besoin naturel, pour être en bonne santé, il fallait se nourrir. Et que de coïncidence ! Elle avait de la nourriture sous les yeux ! Wouah ! Une fois finit, elle s’étira, articulant ses épaules avant de sauter du tabouret pour descendre, atterrissant souplement sur ses talons.

« On y va ? » qu’elle dit à son frère, lui offrant un grand sourire.

Dans le fond, elle était prête à lui mettre la racler de sa vie en sport, mais ça, il ne devait pas forcément le savoir. Après avoir payé, ils sortirent tranquillement, le soleil de la ville amorçant à peine sa descente à l’horizon. Si le japon était le pays où l’astre se levait, ici il prenait du temps à se coucher. Avec entrain, totalement requinquée, elle se mit à trottiner vers le terrain de base-ball le plus proche. Les terrains de basket étaient très nombreux ici, beaucoup plus que ceux de football, un sport féminin aux Etats-Unis. Et alors qu’ils se baladaient, elle prit le bras de son frère, profitant qu’il soit avec elle pour pouvoir être toute proche. Les câlins qui duraient des heures lui manquaient. Mais elle ne pouvait pas se plaindre. Elle ne le devait pas. Il ne fallait pas rester accroché au passé, ce n’était pas bon pour le futur. Mais déjà, aurait-il fallu qu’elle puisse s’apercevoir un futur…

Il savait, qu'il n'était pas le frère parfait qu'aurait pu attendre une demoiselle comme sa sœur. Toujours trop occupé, débordé, caractère insupportable. Et pourtant il avait toujours essayé de bien s'occuper d'elle, malgré leur situation familiale : gamine qu'il adorait, car après tout elle restait sa sœur. Lui se souvenait, de ces jours où c'était lui qui allait la chercher à l'école, de ces jours où il avait pu jouer avec elle. Enfance inoubliable alors qu'il l'avait passée avec elle. Et il s'en réjouissait, car même sans l'avouer elle était celle qui lui faisait supporter les aléas d'une famille bien trop fragmentée : bien trop risible à ses yeux. Alors oui il voulait se faire plus présent pour elle, bien plus qu'il ne l'avait été, et sans doute essaierait-il de faire des efforts et d'arranger un peu plus son emploi du temps juste pour elle, juste pour pouvoir la voir plus souvent et la voir rayonner. Car sans doute était-il blessé de l'entendre le lui dire ainsi, alors qu'il faisait toujours de son mieux pour pouvoir se libérer.

Puis il savait, que la gamine était douée, et sans doute ne le savait-elle pas qu'il le savait déjà. Ô il l'admirait de loin, car c'était tout ce dont il était capable, tout ce qu'il pouvait en réalité faire sans que cela ne fasse le tour des journaux. Alors il aimerait juste une fois, pouvoir le lui prouver : qu'il était bien au courant et heureux de l'avoir en tant que petite sœur. Même s'il ne devait pas nier qu'elle était parfois agaçante, mais tout allait de paire au final. "Fais donc. Je sais déjà que t'es la meilleure de toute manière microbe. T'as rien à me prouver. Et je serais là, je te l'ai promis. Pour quoi je passerais sinon hmmm ?", un mauvais frère sans doute, mais ne l'était-il pas déjà en réalité ? Alors vague sourire aux lèvres quand il se mit à penser qu'il ne connaissait rien en réalité à ce sport qu'elle aimait tant, il se dit qu'il n'en faudrait pas beaucoup à la demoiselle pour l'humilier sur cela par la suite. Sans doute devrait-il se mettre plus sérieusement à s'y intéresser, car au final, peut-être que cela les rapprocherait un peu mieux. Du moins il espérait ne pas trop la décevoir, car il savait que c'était quelque chose qui lui tenait à cœur au final. Essayer de faire de son mieux, jusqu'à ne plus le pouvoir.

Regard qui se posa sur la petite créature à l'appétit infernal, il rigola tout doucement avant de secouer la tête. "Bah pour moi t'es les deux : un microbe et un ogre. Un problème peut-être ?", qu'il lui sourit alors avant de soupirer un peu. "Oui donc j'ai aucune chance c'est ça que tu me dis ?" qu'il haussa un sourcil, avant de s'étirer un coup. "Tant pis. Je te ferais pas de cadeau.", épaules qui se haussèrent alors qu'il observa son petit bras qu'il trouvait étonnement bien petit par rapport aux siens. Mais il s'abstenue de ne dire quoi que ce soit, car en un sens, c'était bien mignon de la laisser espérer un peu. Se contentant alors de l'observer prendre son dessert, regard légèrement amusé, il se laissa convaincre pour se lever de là, hochant alors tout doucement la tête. "Je te suis je suis ! File donc~" qu'il lui dit alors, se laissant le temps de payer pour finalement la retrouver et la laisser s'agripper à son bras comme elle le voulait, car lui trouvait cela sans doute bien trop mignon pour le lui dire ainsi.

S'avançant alors dans les rues s'assombrissant petit à petit, il l'observa un instant avant de pencher un peu la tête. "Tu connais un terrain dans les environs du coup ?", demande un peu distraite, comme pour ne pas trop se faire remarquer. "En tout cas j'espère que tu me laisseras gagner au moins un point. Parce que bon..." Et il en rigolait, lui, de se dire qu'il ne tiendrait sans doute pas du tout le jeu, mais c'était un pari à prendre, s'il voulait avoir la chance de pouvoir au moins réussir à toucher ne serait-ce la balle du bout des doigts. Car ô peut-être avait-il une assez bonne carrure pour n'importe quel sport, mais les plus physique ne l'effrayaient pas, mais sans doute que celui de prédilection de la plus le faisait légèrement paniquer : car il voulait être à la hauteur. "Du coup une idée de ce qu'on va pouvoir faire à deux ? Taper dans les balles ?" qu'il cligna des yeux, car il se demandait réellement comme cela pourrait se passer. "J'espère que c'est pas un piège pour te débarrasser de moi avec une batte de baseball. Je suis bien plus solide que j'en ai l'air. " qu'il se mit à sourire.

Ô mais il ne faisait que la taquiner un peu : car il savait parfaitement en réalité que la plus jeune voulait simplement pouvoir passer un moment calmer et reposant avec lui. Et c'était aussi son cas, alors il était bien heureux de pouvoir se retrouver ainsi, simplement à tenir son bras délicat. S'arrêtant pourtant un instant auprès d'un distributeur à boisson, il se permit d'acheter deux bouteilles de limonade, car ne savait-on jamais, cela pouvait se montrer utile durant ces quelques efforts, alors même qu'ils venaient juste de finir de manger. Reprenant alors leurs route, il resserra un peu son bras, tout en essayant de rester discret. "D'ailleurs t'es jamais épuisée à sauter partout comme tu le fais ? Entre tes cours et le sport. Non pas que je te trouve insupportable mais t'as l'air toujours en forme." , qu'il prononça comme pour essayer de divertir un peu ces quelques pas dans la rue qui pouvaient se montrer infernaux après tout. Ô mais lui n'était pas aussi bavard qu'elle, en réalité, et en ce moment, il voulait simplement lui offrir toute son attention, même s'il l'avait toujours eu, et ce depuis déjà un moment. Car elle était bien plus importante à ses yeux que ce qu'elle ne pouvait bien penser.

Au contraire, elle avait tout à lui prouvé. Tsuyu voulait être à la hauteur de son grand frère. Elle regardait vers lui, comme s’il était un modèle de vie pour elle. Haru était le seul de sa famille à être « normal ». Entre sa mère obsédée avec leur image de marque et son père qu’elle ne voyait jamais, elle n’avait qu’un seul repère et il s’agissait de son grand-frère. Même s’ils ne partageaient que la moitié de leur sang, et pas non plus le meilleur, ils restaient liés jusqu’à la fin. C’était comme ça. Alors, oui, même si elle excellait partout, elle voulait toujours être la petite sœur dont son frère pouvait se vanter auprès des autres. Elle l’aimait beaucoup, parlant de lui dès que l’occasion se présenter. Elle n’avait aucun problème avec le fait de se faire aborder pour lui demander si son nom de famille était bien le même que le mannequin de parfum ou ce genre de chose. Son ego n’en était que gonflé. Oui, c’était son frère et il était parfait. Alors elle devait l’être aussi. Au moins, en apparence. Elle n’était pas particulièrement grande, n’avait pas un visage particulièrement beau – pour être néanmoins mignon – et ne souhaitait pas finir femme au foyer marié à un homme riche et absent comme sa mère. Alors, elle allait devoir faire en sorte de s’en sortir. Et de rendre Haru fier.

Roulant des yeux tout simplement à sa dernière remarque, elle copia ses mimiques pour reproduire un « pour quoi je passerais sinon hmmm ? ». Elle était plutôt bonne en imitations, il ne fallait pas jouer à ça avec elle. Mais donc, elle finit tranquillement de manger, profitant du repas que lui offrait son frère avant de repartir dans la soirée de Los Angeles. Tsuyu ne voulait pas qu’elle avance trop vite, car plus les minutes passaient, plus cela la rapprocher de devoir rentrer chez elle et de retrouver de nouveau un univers qui n’était pas le sien. Le fait de manger ensemble, de se déplacer à pieds, de profiter un peu des contacts humains, c’était ce qu’elle appréciait. Elle ne supportait pas les repas avec les amis de ses parents. Elle devait toujours être jolie et se présentait poliment, faisant la petite fille sage devant des gens qui ne la regardaient pas. Parfois, il y avait l’un des enfants des amis qui venaient. Et là, c’était partie pour toute une discussion sur le fait qu’ils iraient bien ensembles, montant des plans de mariage sur la comète. Tsuyu fixait alors avec le désintérêt le plus complet l’autre qui était tout autant victime qu’elle. Et puis, rapidement, c’était oublié. Parce qu’il n’était pas assez bien pour elle selon sa mère.

« Oui c’est un problème ! Parce que tu vois, je suis une petite créature adorable ! répliqua-t-elle en faisant un visage mignon, avant de rire. Evidemment que tu n’as aucune chance ! Tu t’es vu…  Même pas la moitié de mon endurance je paris. »

Il ne fallait jamais remettre en cause la rapidité de Tsuyu et encore moins le temps qu’elle pouvait mettre dans une course. Sprinter faisait partie de son travail, le baseball étant basé sur la rapidité de chacun face à la balle ou aux plateformes. Comme tous les sports, il fallait de la concentration et de la rigueur. La Satou était musclée, même si sous ses vêtements chics, cela ne se voyait pas beaucoup. Pas qu’elle se cachait, mais ses robes ne lui permettaient pas toujours d’exhiber son ventre. (Mot à retenir : pas toujours.) Après avoir fini son plat, elle se releva, laissant son frère régler alors qu’elle se rhabillait un peu, tirant sur sa jupe pour qu’elle reprenne sa place d’origine. Les galères de la gente féminine. Une fois dehors, elle inspira un grand coup, observant autour d’elle. Elle connaissait un petit stade dans le coin, qui ressemblait plus à un parc qu’à un vrai lieu où faire du baseball. Heureusement, faire partie de l’équipe junior féminine de baseball de Los Angeles avait ses avantages. Elle connaissait tous les endroits de la ville où il y avait du matériel à disposition pour s’amuser un peu.

« Viens, je sais où on pourra trouver un endroit pour jouer, dit-elle, sûre d’elle. Je te laisserais quelque point, t’inquiète. Et je pense que si on trouve pas de batte, on pourra toujours faire des tirs. J’avoue que je ne suis pas très bonne pour les tirs de balle. (Elle laissa un petit silence avant de rire à la dernière remarque d’Haru.) Moi ? Me débarrasser de toi ? Jamais voyons ! »

Personne n’était parfait. Il fallait bien qu’elle est un défaut dans ce sport. Alors qu’elle excellait à la course et au rattrapage de balle, ainsi qu’au coup de batte, elle avait dû mal à renvoyer les coups. Viser n’était pas le problème, mais plutôt la jauge de force qu’il fallait. Alors si elle pouvait s’entraîner avec son frère en plus, que demandait le peuple ? Glissant un bras autour de celui de son frère, elle le tira avec elle vers ce qu’elle pensait être le bon chemin pour se rendre sur le terrain. Los Angeles n’était pas sa ville de naissance et pourtant, elle la connaissait presque par cœur. Bien sûr, que les quartiers fréquentables. Le reste, elle n’y avait quasiment jamais mis les pieds. Elle était sûre qu’Haru avait déjà pu se rendre dans les quartiers les moins bien fréquentés de la ville, alors qu’elle en avait l’interdiction. Vraiment, c’était injuste. Mais d’un autre côté, il y avait tellement d’histoires qui couraient dans cette partie de la ville, qu’elle n’était peut-être pas prête à les affronter. Elle savait que Chung Ae y habitait, ce qui ne faisait que la rendre encore plus curieuse. Un jour, elle ira et elle se rendra compte que, finalement, les histoires ne sont que des histoires.

Arrêtés devant un distributeur, Tsuyu observa curieusement son frère choisir deux limonades. Elle aimait bien cela, surtout par cette chaleur et après un bon repas. Son sourire éclaira son visage alors qu’elle lui prit la canette, sans pour autant l’ouvrir. Elle le fera après le sport, comme toujours. C’était bien un peu de réconfort après l’effort. A sa question, elle haussa un sourcil avant de le regarder. Pourquoi est-ce qu’il semblait aussi… concerné par sa situation ? Il est vrai qu’elle faisait beaucoup de choses, parfois totalement débordée. Mais elle passait des nuits de rêves. C’était le point positif. Regardant alors devant elle, elle ne fit que hausser des épaules, faisant une légère moue en lui répondant :

« Non pas vraiment… J’ai toujours l’impression que si je ne fais rien, ça donnera une bonne excuse à maman pour qu’elle m’emmène faire des choses inutiles. Alors je préfère être surchargée, mais qu’elle me fiche la paix. Et puis, c’est amusant ! J’adore ce que je fais ! »

Elle avait un petit corps, qui ne lui demandait pas beaucoup d’énergie pour le mouvoir, là où son frère était immense et devait donc consommer beaucoup plus qu’elle. Elle sourit, repensant à son plan de carrière qui rendait ses parents fous. Elle, joueuse de baseball professionnelle. N’importe quoi ! Entre un fils serveur et mannequin et une fille sportive, ils étaient servis ! Elle ne voulait pas se marier, il était ouvertement bisexuel. Vraiment, un duo de choc. Ils formaient bien une nouvelle génération loin des standards de la société. Ses pieds l’amenèrent dans le parc. Elle lâcha alors son frère pour se diriger vers un petit cabanon d’où elle sortie deux gants de baseball et une balle. Elle jeta l’un des gants à son frère, déposant son sac de cours dans le cabanon au cas-où.

« Promis, je vais être gentille, qu’elle lui dit en faisant sauter la balle dans sa main. Mais juste, fait attention, je ne jauge pas très bien ma force. »

Une fois en place, elle se mit en position. Une jambe repliée, le corps en arrière, le bras derrière la tête, elle fixa sa cible à un point derrière son frère pour qu’il ne la reçoive pas en pleine tête. Et elle tira, priant pour que la balle n’aille pas s’échouer sur le nez d’Haru.

A ses yeux, sans doute rayonnait-elle déjà bien plus qu'elle ne le pensait. Car il ne lui disait que trop rarement, en réalité, qu'il était fier d'elle : bien plus qu'elle ne pouvait le penser la plus jeune. Seule famille réelle. Et il se fichait bien de ce qu'elle pouvait faire. Baseball ? Parfait. Si c'était ce qui lui plaisait, lui ne pouvait que l'encourager à continuer, poursuivre tout ce dont elle voulait. Tout était possible, et il lui offrirait tout ce qu'elle désirait. Il se fichait de savoir ce que les autres en pensaient, car lui ne pouvait qu'approuver tout ce que sa petite sœur faisait. Plus douée que lui était-elle, et ce dans tous les domaines, et lui ne pouvait que l'admirer et continuer à l'encourager pour la voir sourire. S'il devait en remplacer les parents légitimes, tant mieux : car il saurait sans doute mieux s'occuper d'elle que ce que ne l'avait jamais fait leurs parents avec eux. Créature courageuse dont il veillait dessus dans le plus grand des silences, peut-être en était-il un mauvais frère sur de nombreux détails, mais il en serait pour autant toujours là : au moindre problème, comme à la moindre des réussites, pour lui montrer qu'elle comptait et que sa vie ne dépendait de personne d'autre qu'elle-même.

Regard finalement lancé, sous les accents de comédienne de la plus jeune, il grimaça faussement comme presque vexé de ces imitations si réalistes. Mais ô peut-être aurait-elle dû se reconvertir dans les métiers des arts, celle qui en attirait facilement les regards. Rire laissé pour échappé entre ses lippes, il l'observa un instant avant de pouffer encore plus en l'entendant.
"Une petite créature adorable...Pour les autres tu veux dire. Mais moi tu ne me tromperas pas !" qu'il lui tira la langue, avant de reprendre tout doucement.  "Pff...Même pas un peu de compassion. Et qu'est-ce que t'en sais ? Je suis très sportif quand je le veux." , car Haru n'était pourtant pas problématique de ce côté là. Musculation quotidienne, et il se souvenait de ses périodes de cours plus jeune où les marathons et festivals n'avaient fait que le faire se bouger un peu plus. Alors de ce côté, il n'était sans doute pas à plaindre : car il devait bien être en meilleure forme que certains. Mais il ne devait pas nier que la plus petite devait être bien plus habile et rapide que lui : un fait.

Finissant par payer et se séparer du restaurant, il ne fit que la suivre tout doucement vers les lieux désirés : pour en laisser les sourires se dégager toujours plus. "Des tirs de balle ? T'es nulle à ça ? Ah bah si t'es pas douée qu'est-ce que ça risque d'être avec moi." qu'il préféra en plaisanter, car lui n'arriverait sans doute qu'à peine à lancer la balle vers le haut. "On sait jamais...Tu sais...Abus de confiance et bam ! Plus d'Haru. Même si bon t'es si petite que t'arriverais à pas grand chose je dois te l'avouer." qu'il l'embêta un instant avant de rire un peu plus. Après tout, il ne s'attendait pas réellement à gagner quoi que ce soit : lui voulait juste pouvoir profiter un peu de sa présence pour s'amuser juste avec elle. Rien de plus compliqué. L'aider à s'entraîner un peu, il ne pouvait pas non plus refuser, même s'il ne serait sans doute pas le meilleur des partenaires dans ce domaine. Pourtant il essaierait, de ses pieds effleurant les sols pour finalement offrir rafraîchissements à la plus jeune sous les soleils bien décidés à en faire briller leurs yeux.  

Chaleur assommante, pour en laisser les corps se livrer aux sports infernaux, et il ne pouvait que lui faire confiance sous ses réponses apportées, lui qui espérait réellement que tout aille bien. Car il s'inquiétait, il ne pouvait pas le cacher. Après tout elle en était importante pour lui. "Tant mieux alors. Mais hésite pas à te rebeller non plus. T'as encore l'âge pour faire des crises." qu'il haussa doucement les épaules avant de lui jeter un coup d'oeil et de sourire tout doucement. "Enfin. Ca te va bien de faire des crises je trouve. T'as la voix stridentes, et t'es une gamine. Quel combo." Toujours pour la chercher, mais sans ne jamais en être désagréable : juste pour la voir s'exciter un peu avant d'en arriver aux stades. Gants reçus en pleine figure pour finalement tenter de le mettre correctement, il analysa légèrement les lieux, essayant de se montrer sérieux face aux défis qui prenaient place en face de lui. Parce que la plus jeune pouvait se montrer pire que démoniaque : surtout en face de lui. "Toi ? De la force ? Hâte de voir ça oui. Essaie juste de bien viser, j'aimerais éviter qu'on croie que je me suis fait frappé..." , même si cela lui arrivait bien souvent, il devait se dire que sa petite sœur était un étrange phénomène capable de bien des choses.

Et il ne savait pas réellement, Haru, s'il était censé en rattraper la balle ou non. Car les règles, lui, ne les avait pas apprises. Un peu ironique alors que la plus petite elle en avait fait sa passion. Alors il finit par doucement en baisser la tête en voyant la petite balle manquer de le frôler, tentant tout doucement de la rattraper sous les vitesses propulsées : grand échec. Sourcil se haussant alors qu'il en regarda la plus jeune un peu perplexe, il lui montra la balle qu'il ramassa, avant de plisser des yeux. "Je suis censé la rattraper ? Et maintenant te la lancer...?" qu'il tenta de se persuader avant de rire tout doucement. "Viens pas te plaindre si tu vois que je sais pas tirer. Ni de la bonne manière." , car lui avait fait du basket, du foot, mais des si petites balles, il ne savait pas forcément les gérer. Pourtant il ferait un effort, se mettant en position alors qu'il voulait embêter un instant la plus petite en faisant un lancer légèrement plus haut qu'elle. Pas trop non plus, il ne fallait pas abuser. Car il n'était pas si odieux que cela non plus. Juste un peu...joueur.

Balle lancée alors, se demandant bien si elle arriverait à sauter pour l'en attraper, il ne lâcha pas l'objectif des yeux, enfant qui finissait finalement par réellement s'amuser face à ces quelques jeux pourtant bien sérieux. Et si ce n'était que cela il la laisserait tirer en boucle pour s'entraîner. Servir à quelque chose d'autre qu'un simple poteau pouvait se révéler très prometteur. Et sans doute que dans ce sport, était-il meilleur pour encourager et motiver l'équipe, plutôt que de tenter des lancers inconnus vers des destinations très hasardeuses. Enfin, qui sait, peut-être que la plus jeune ne le trouverait pas si horrible que cela, son lancer. Mais Haru était clairement plus doué pour tout autre chose que de s'en décrocher le bras pour en atteindre les cibles ; qu'importe. Le principal était de passer du temps avec la plus petite et de s'amuser.  

Gonflant les joues, Tsuyu plissa les yeux, le regardant en tentant de savoir s’il pouvait tout de même fondre sous son air si mignon. Elle avait souvent eu recours à ce genre de procédé dans sa vie. Pas très féministe, certes, mais toujours utile. Ce n’était pas sa seule arme et heureusement. Mais lorsque sa mère lui annonçait qu’elle avait vu le fils d’une de ses meilleures amies et que oh ! il était toujours célibataire, et que, dis donc, il avait son âge ! Tsuyu lançait un regard de chien battu à son père, qui roulait des yeux avant de dire à sa femme de se calmer. Après tout, elle n’avait même pas encore fini le lycée. Ainsi, la plus jeune gagnait quelques jours de plus avant de rencontrer un parfait inconnu. Elle savait que sa mère commençait à lui préparer sa vie, son mari, sa cérémonie, tout ce qui, de son point de vue, rendrait sa fille heureuse. Seulement, Tsuyu voulait courir, se rouler dans la poussière, suer sous le soleil de Californie, alors qu’elle criait avec ses camarades de jeu. Elle ne se voyait pas femmes au foyer ou encore maman. Elle n’en avait aucune envie. Et même, les garçons, ce n’était pas trop ça non plus. Elle le gardait pour elle, pourtant. Car, son indécision l’inquiétait. Elle savait que son frère était bisexuel, il ne lui avait jamais caché. Et elle se rendait compte que peut-être, elle ne regardait que les femmes. Mais c’était trop tôt et trop prise de tête pour qu’elle s’en occupe maintenant. Elle avait tout un avenir à construire toute seule.

A sa remarque, Tsuyu éclata de rire. Certes, Haru était taillé pour être un sportif. Il en avait la taille et la puissance. Mais après autant d’années à ne pas avoir participé à un vrai match, restant simplement coincé dans sa petite routine de mannequin qui devait se tenir en forme, elle était sûre qu’il avait perdu une bonne partie de ses connaissances en sport collectif. L’esprit d’équipe, ce n’était pas un mythe. Tsuyu le connaissait bien. Toutes ses partenaires de jeu étaient autour de son âge. Elle était la princesse du groupe, un surnom qu’elle n’aimait pas dans la bouche des gens de sa famille mais appréciait étrangement dans celle moqueuse de ses camarades. Elles avaient toutes un surnom. La blonde, la coureuse, la fainéante, la princesse, la clown. Mais aucun n’était pour discriminer. Tsuyu arrivait à se sentir plus proche de toutes ses filles aux histoires aussi diverses que nombreuses, que de sa propre famille qu’elle voyait pourtant tous les jours. Elles s’entraînaient, mangeaient, gagnaient et perdaient ensembles. Et chacune avait son petit défaut. Celui de Tsuyu étant le tir de balle.

« Ce n’est pas parce que je suis petite que je pourrais pas te faire perdre un œil ! » chantonna-t-elle en réponse.

Évidemment, ce n’était pas dans ses plans d’amocher son grand frère. Il avait un travail qui reposait principalement sur sa santé et les traits de son visage. Elle devait faire attention. Mais d’un autre côté, s'il continuait de dire que, par sa petite taille, elle n’allait pas lui faire mal ; telle une mouche qui effleure et dérange alors qu’elle tente de piquer, Tsuyu allait riposter par un exemple concret. Ah ! Il ne fallait pas la provoquer ! Et Haru était le meilleur pour faire cela ! Il connaissait toutes les petites phrases qui avaient le don de la mettre hors d’elle. Gentiment, bien sûr. Tout ça n’était que rire enfantin et taquineries. Ou pas ? Il y avait encore du chemin jusqu’au stade le plus proche. Peut-être aura-t-elle le temps de perdre un peu de fougue en marchant. Et pour faire passer le temps, ils firent la discussion.

« Mmmm… C’est vrai que je pourrais me rebeller... (Une grimace, pourtant, apparu sur son visage.) Je suis bien obligée parfois d’en faire, des crises, tu sais. Sinon je te dis pas le nombre d’entraînements que maman m’aurait fait rater pour aller m’acheter de nouvelles chaussures ou autre. Heureusement, une fois que je commence à lever la voix, elle s'arrête. »

C’était capricieux de sa part. Mais elle ne pouvait pas faire autrement. Car, même si madame Satou avait absolument tout mémorisé dans son esprit, étrangement, les entraînements de baseball passaient souvent à la trappe dans l’emploi du temps. C’était fait exprès, Tsuyu le savait très bien. Alors, elle savait aussi comment lutter contre chacune de ses petites attaques. Quelque chose qu’elle aurait aimé ne jamais avoir à faire. Mais elle n’avait pas à se plaindre non plus. Contrairement à Haru, elle avait eu une vie paradisiaque. Elle n’osa pas en discuter plus. Leurs parents étaient complexes. Surtout que son père aimait Tsuyu comme sa plus précieuse, alors qu’elle savait très bien qu’il ne supportait sa propre femme. Ainsi, la jeune adulte se retrouvait à devoir croiser plusieurs secrets qui traînaient entre eux, totalement à découvert, mais dans le silence le plus complet. Installée sur le terrain, Tsuyu se permit de choisir une balle en plutôt bonne état, ne souhaitant pas en abîmer une qui venait d’être achetée. En prendre une en mauvais état, par contre, serait contre productif. Il fallait que ce soit un minimum viable. Prévenant tout de même son frère, elle fit rebondir la balle sur le sol, inspectant des yeux les contours blancs reliés de fils rouges. Ce n’était pas si terrible. Ils pourront travailler un peu avec ça. Relevant la tête vers lui, elle leva un sourcil, penchant la tête sur le côté.

« On t’a frappé récemment ? » demanda-t-elle.

Ce n’était pas nouveau. Mais à chaque fois cela la surprenait. Il aimait s’amuser à se bagarrer, comme s’il n’avait pas déjà assez de choses qui lui donnaient du fil à retordre dans sa vie. Mais Tsuyu ne jugeait pas. Il était adulte, il faisait des trucs de grands. Elle savait pourtant que cela était symptôme de quelque chose. Mais jamais elle n’aurait osé lui en parler, sous peine de se faire appeler petit Kant pour avoir tenté de lui offrir une analyse psychologique sympathique. Elle voulait qu’il soit heureux. Et si cela l’aidait, qui était-elle pour dire le contraire ? Même en temps que petite sœur, sa vie n’avait pas à être parfaitement reliée à la sienne. Même s’il lui manquait. Sans rien ajouter, elle avait fait son tir, plutôt fière d’elle lorsqu’elle remarqua que même son géant de frère ne la rattrapa pas. Avant de déchanter en l’entendant. Claquant la paume de sa main contre son front, elle soupira.

« Tu ne sais pas que dans la quasi-totalité des sports, lorsqu’une balle est lancée, le but est de la rattraper ? (Elle releva ensuite la tête pour le regarder.) Vas-y, lance, tu vas voir mon talent... »

Elle le savait, pourtant, qu’il allait faire en sorte qu’elle ne puisse pas la rattraper sans sauter. Voyant la balle s’envoler dans une trajectoire qui passait bien par-dessus sa tête, elle plia les genoux, soulevant quelques grains de poussière dans le mouvement. Puis elle sauta, levant le bras pour intercepter l’objet avec son gant en cuire marron. Lorsque le point entra dans le creux de sa main, elle sourit intérieurement. Ce ne fut qu’un saut de puce, quelques millièmes de secondes en l’air. Mais il avait suffi pour qu’elle surpasse son frangin. Balançant ses cheveux en arrière une fois de retour sur la terre ferme, elle plissa les yeux en le regardant. Elle était fière.

« Normalement, je n’ai pas le droit de sauter pour récupérer une balle, expliqua-t-elle. Mais tu n’as pas le droit d’en lancer une plus haut que ma taille. Donc, on est hors-jeu ! »

Même si cela signifiait qu’ils n’avaient pas marqué de point, l’un et l’autre, elle paraissait heureuse. De toute façon, rien ne pouvait la rendre triste lorsqu’elle faisait son sport préféré. Se plaçant de profil, elle indiqua à son frère comment il fallait faire pour tirer. Les mains derrière la tête, alors la belle au niveau de l’oreille, la jambe de devant légèrement soulever. Puis, balancement du corps et étirement des bras tout en propulsant l’objet. Elle mimait sans projeter la balle. Avant de se remettre en place, et de le faire de nouveau. Sauf que, comme prévu, elle partie dans une trajectoire tout sauf droite et perpendiculaire à son frère. Mais c’était pour cela qu’elle s’entraînait. Que tout le monde s’entraînait. Pour corriger les erreurs et se surpasser.

Et peut-être était-il du genre à ne jamais craquer si facilement face aux angéliques visages, et sans doute avait-il appris à ne jamais se fier aux apparences, celui qui s'en jouait pourtant publiquement. Jeu insolite auquel il ne viendrait pas tomber, car la plus jeune savait pourtant y faire, pour faire craquer eux de son entourage. Gamine regorgeant d'idée pour en gagner les combats, pour venir offrir de ses airs têtus les meilleures des récompenses à ceux qui s'y opposeraient. Alors elle pouvait bien tenter de l'amadouer, Haru n'était pas fou, à se jeter dans les précipices. Tête se secouant pour lui en montrer qu'il ne tomberait pas, indexes à venir en faire reculer les fronts pour l'embêter, et il ne craquerait jamais - sauf à quelques exceptions - pour sa frimousse délicate. Ô oui, sans doute avait-elle réussi à hériter de quelques gênes les plus sympathiques de ceux qui les avaient mis au monde, pour autant, elle en avait à elle-même son petit caractère qui lui se rapprochait étrangement bien plus du sien. Fier était-il, de la voir grandir comme elle le souhaitait ; grande demoiselle à en devenir, qu'il voulait l'observer dans ses passions, à participer toujours plus tout en veillant sur elle à sa vie. Car après tout, elle en restait là sa demi-sœur : bien plus que sa famille, bien plus que tout ce qu'il n'avait jamais pu avoir. Alors il ne demandait rien, juste à essayer de passer un peu de temps avec elle.

Rire qu'il aimait pouvoir provoquer, de ses paroles pourtant raisonnables, il aurait aimé pouvoir les faire fleurir plus souvent : ces vocales si douces. Mais ô sans doute ne faisait-il que de se rendre compte qu'il n'en passait pas assez de temps avec elle malgré ce qu'il essayait de faire. Se libérer plus, pour profiter de ces temps où elle ne serait pas le petit monstre qu'il voyait devant elle. Alors oui, le sport n'était pas l'une de ses activités de prédilection. Il était loin d'être nul, loin d'être bon, banalité à laquelle il ne mettait jamais réellement d'effort. Mais aujourd'hui, juste là, il essaierait de lui montrer qu'il pouvait se montrer utile en tant que grand frère, Haru. A essayer toujours plus de la rendre heureuse sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte, sans vouloir obtenir quoi que ce soi en retour. "Evite quand même !" , qu'il en rigolait, lui, à ne vouloir perdre aucun bout de peau de ses propres doigts. C'est qu'elle était violente quand elle le voulait, de sa petite taille et de ses talons si dangereux. Et si elle le faisait réellement, peut-être lui viendrait-ce à l'esprit de la soulever des asphaltes pour la faire regretter ( la faire rire ) ses actes de rebellions.

Rire qu'il laissait pourtant transparaître entre ses lippes, il n'avait pas besoin de s'imaginer la plus jeune hurler de ses vocales, piquant des crises à sa manière pour en obtenir tout ce qu'elle désirait. Ô oui, il l'en savait si bien capable, la plus jeune. "J'imagine assez comme ça. Pas besoin de me faire un dessin, je sais bien comment ils sont. Mais qui sait, peut-être qu'un jour je te ferais sortir de là. Après tout ils sont assez emmerdants comme ça.", à presque l'inviter de venir vivre auprès de lui pour en quitter les tours de cristal. Après tout, ce n'était pas comme s'il serait une catastrophe pour venir la nourrir, sans doute serait-il même des plus adaptés pour faire cela, mais qu'importe. Un jour peut-être, mais pour le moment, les journées en étaient à tout autre sujet : s'amuser et découvrir les passions pour lesquelles il était si nul. Et il la suivait, la laissait choisir ce qu'elle voulait, car après tout il n'y connaissait rien du tout lui, presque admiratif de la voir ainsi aussi épanouie. A n'y voir aucune différence entre les différentes balles qu'elle testait, à simplement l'observer là, presque bien trop précise pour un simple jeu.

Question qui le surprenait presque, il cligna légèrement des yeux vers elle avant de pencher la tête. "Hmm ? Pourquoi ?", qu'il s'en amusait presque de la voir s'interroger. "Ca t'inquiète ?", à croire qu'elle pouvait s'en faire pour lui, alors que tout n'était que funeste divertissement. "On peut dire ça. Un type qui lançait des canettes de bière. Pas très intelligent mais assez mignon à voir.", à lui expliquer sans aucune honte, car il n'avait rien à cacher Haru, presque à vouloir en entendre ses avis si légers sur les affaires. Pourtant il se concentrait, à se jouer de cette balle avec elle, à en hausser les épaules en ayant l'impression de passer pour un idiot. "Si si, bien sûr que je sais, j'aime juste particulièrement t'embêter et voir si tu me prends pour un idiot.", et il venait se venger de ses lancers si horribles, celui qui savait pourtant viser. Un peu plus haut pour la faire sauter, à rire tout doucement en la voyant faire pour ensuite se faire passer pour un innocent. Car ce n'était pas du jeu, mais lui n'y voyait aucun problème. "Le principal c'est qu'on s'amuse non ? Pff. Mauvaise joueuse.", qu'il la taquinait, à vouloir pourtant l'aider sans s'en montrer trop ignorant.

Alors il suivait son mini cours, tentant de l'imiter dans ses moindres positions, à presque en calculer les angles de ses bras pour les mémoriser. Ô oui, Haru pouvait parfois s'en montrer bien trop précis quand il le voulait, à y mettre du sien et à tenter de comprendre ce qu'il fallait faire. Apprendre à faire de beaux lancers ; théorie bien présente : mais semblant plus complexe à réaliser. La regardant se remettre en place pour se positionner, il la laissa tirer, d'un lancer pas du tout droit. A se plier pour tenter de rattraper la balle ; à sauter pour l'attraper, et d'une moue, il en comprenait sans doute d'un coup beaucoup mieux ce qu'elle voulait dire par pas très bonne pour les tirs de balle. "Tu leur fais ça à tes coéquipières ? Ou alors c'est juste à moi...", qu'il préférait s'en amuser, étirant légèrement son cou. "Ca te stresse ? Les lancers.", qu'il essayait presque de l'aider, car il n'avait fait qu'en analyser tout doucement la situation.

A force de l'observer, de l'admirer, de ses étoiles dans les yeux, il en avait repéré quelques détails, comme s'il pouvait s'en permettre de lui donner le moindre conseil. "Hmm...C'est juste que tes épaules avaient l'air tendues...Ca vient peut-être de là...", qu'il haussa tout doucement les épaules tout en se repositionnant en essayant de se rappeler ce qu'elle avait bien pu lui dire. Hauteur des bras, angle, pieds et rotation des épaules. "Enfin je dis ça j'y connais rien...Alors m'écoute pas trop.", qu'il laissa tout doucement sortir pour finalement s'élancer de ses concentrations et venir y lancer la balle bien mieux qu'auparavant. Car il n'avait pas fait exprès de la lancer plus haut qu'elle, car il avait tenté de la mettre à sa portée en s'y appliquant, en l'écoutant malgré qu'il ne fasse que trop souvent l'idiot. Il ne savait pas trop ce que cela avait donné, ni même si de ses imperfections elle réussirait à en attraper la balle à pleine vitesse, mais au moins avait-il fait de son mieux : juste pour pouvoir essayer d'en partager les instants avec elle.

« Tu sais… C’est pas une si mauvaise idée, dit-elle après réflexion. J’aimerais bien vivre avec toi, partager un appart’ à deux. Ce serait sympa, non ? »

Après tout, ils s’entendaient bien tous les deux - en dehors de leurs querelles amusantes, qui, même si elles pouvaient déborder, finissaient toujours par se résoudre - et Tusyu avait prévu de se trouver un travail à la sortie du lycée. Elle allait sans aucun doute se faire accepter dans la fac de son choix, avec les notes et les activités scolaires qu’elle pratiquait qui démontraient toutes ses capacités. Son dossier était en béton, sur les commandes de son père. Il avait toujours voulu que sa fille soit parfaite à l’école, sur tous les points, car c’était autant une fierté qu’une bonne vitrine. Oh, ce qu’elle allait faire après, il s’en moquait bien. Elle était tellement brillante, elle réussirait forcément. Mais elle voulait absolument partir de chez ses parents. Seulement, elle savait aussi que sa mère ne la laissera jamais faire aussi facilement. Si Haru lui offrait une place dans un futur appartement à deux, elle s’y jettera à corps perdu. Ils comprenaient les problèmes de leur famille. La génération précédente n’était qu’un bordel de liens entre eux. Haru et Tsuyu étaient demi-frère et demi-sœur. Pourtant, ils avaient une relation mille fois plus saine que les adultes.

Arrivés sur le terrain, ils prirent leur temps. Enfin, surtout Tsuyu, qui choisissait méticuleusement des accessoires pour jouer dans un bon état. Elle n’avait pas pu s’empêcher de poser une question à Haru sur les blessures qui transparaissaient derrière son maquillage. Elle haussa simplement les épaules lorsqu’il lui répondit par une autre question. Non, cela ne l’inquiétait pas, mais l'intéressait. Elle voulait connaître un peu de la vie de son frère. Elle était celle qui n’arrêtait pas de parler, de déblatérer de sa vie en long, en large, et en travers. Cela éclipsait le reste. C’était une mauvaise habitude. Mais elle n’aimait pas ses moments de silence gênant où aucun des deux protagonistes ne savait quoi dire. Cela la mettait très mal à l’aise. Et elle détestait cela. Son explication lui fit papillonner des yeux.

« Des canettes de bières ? Quoi ? C’est du gaspillage ça. Vraiment, les hommes, j’vous jure… »

On lui avait appris très jeune qu’il ne fallait pas gaspiller, alors que sa propre mère dépensait l’argent sans compter dans des marques que Tsuyu se forçait à porter par moment. Elle avait ses propres vêtements qui lui allaient très bien. Mais il y avait des robes qu’elle était obligée de porter pour les repas de familles avec des invités. Ou alors les soirées organisées par son père. Cela la fatiguait. Entendre qu’un mec random balançait des canettes de bières sur son frère, cela la dérangeait et l’amusait en même temps. Un paradoxe étrange. Alors elle ria doucement, secouant la tête face à la petite précision de son frère. Mignon, hein. Elle nota l’information dans sa tête. Même si elle savait les conquêtes de son frère, elle aimait bien connaître les évolutions de ses crush. Seulement, cela ne la déconcentra pas du jeu. Quand Haru lui répondit, elle lui tira la langue, comme la gamine qu’elle était et qu’elle déniait totalement devant lui.

« Le principal, c’est de jouer et de gagner ! » s’exclama-t-elle en réponse.

Et oui, elle était une mauvaise joueuse. Fair-play, certes, mais lorsqu’elle perdait, c’était piquage de crise dans les vestiaires et ses coéquipières qui la calmaient en la mettant sous la douche. En sortant, il n’était pas rare de la voir avec les cheveux humides, sa casquette sur la tête, les yeux baissés, et le nez rougie par ses larmes. Elle avait un rapport compliqué à l’erreur et la défaite. Elle était triste pendant à peu près deux heures, avant de reprendre soudainement une confiance en elle qui n’existe pas d’ordinaire, et elle se jurait de réussir le prochain match. Pour le moment, elle n’avait jamais encaissé deux défaites d'affilées. Ce qui était plutôt rare pour une équipe de joueuse junior. Il fallait dire : elle n’était pas la seule dans la même position. Sa capitaine d’équipe avait exactement la même attitude. Tomber, pour toujours mieux se relever.

Un échange, et déjà, il y avait des erreurs. Tsuyu gardait la balle dans la main, la faisant tourner avec une petite moue sur le visage. Elle se souvenait de toutes les fois où elle s’était entraînée, et où le stress de ne pas savoir viser lui faisait dévier la balle. Pourtant, ce n’était pas faute d’avoir essayé. Mais ce n’était pas son rôle dans l’équipe. Elle était une coureuse, une sprinteuse. Lorsqu’elle était dans l’équipe en défense, elle faisait très souvent sortir les joueuses adverses avec la rapidité qu’elle mettait en œuvre pour ramener la balle sur la plateforme. Toujours là pour la rattraper et la renvoyer avec force. Lorsqu’elle était en attaque, sa petite taille lui permettait de rejoindre les plateformes en sprint, terminant souvent le cercle avant d’être éliminée. Pourtant, elle en restait mauvaise au tir et cela faisait totalement partie du sport. Une case qu’elle n’arrivait pas encore à remplir.

« En fait je… Ouais, ça me stresse. Je me dis que si je rate, je fais foirer tout le match et ça me m’empêche de bien viser. »

Même si son frère n’était pas le plus calé en sport, elle l’écouta quand même. Avec lenteur, elle se détendit les épaules, les remuant en faisant jouer sa nuque aussi. Puis elle secoua ses jambes, inspirant doucement. Elle gardait tout de même une boule de la taille de la balle dans sa gorge. Puis elle lança la balle à la verticale, la rattrapant sans bouger. Après deux inspirations, elle se remit en place. Aussitôt, ses épaules se relevèrent et elle tenta de les faire descendre, calmant le stress qui montait. Il n’y avait aucune raison qu’elle soit en stress. Mais trop tard. Elle jeta la balle, mais pas vers Haru. Elle la fit rebondir à ses pieds avant de donner un coup de pied inutile dans la poussière, soulevant des petites particules tout autour de ses chevilles. Un grognement lui échappa. Elle s’accroupit alors, les bras autour de ses genoux, observant la pauvre balle rouler. Elle resta silencieuse, retenant simplement ses larmes de rages. Elle n’arrivait pas à faire quelque chose de simple. Et ça la strssait. L’empêchant deux fois plus de le faire.

« J’y arriverais pas. Je… Je comprend pas ! Pourquoi j’y arrive pas ?! »

Ce n’était pas la première fois qu’elle se retrouvait devant un mur. Mais c’était la première fois qu’elle n’arrivait pas à l’escalader.