i would give it up for you, i would do anything for you (kezai #7)

Je suis enceinte de Wyatt. Cette fois c'est sûr à 100%, la prise de sang l'a confirmé. Il n'y a plus aucun doute possible, plus aucune marge d'erreur. Et putain c'est la merde. Ça fait des jours que je reste cloîtrée à la maison, que je ne sors pas de ma chambre. Kai n'est pas officiellement de retour, elle fait des allées et venues entre chez sa mère et ici, mais elle fait de son mieux pour couvrir mes arrières. On prétexte à notre famille que je suis malade, quelque chose du genre. Mais je suis consciente que je ne pourrais pas éternellement me cacher derrière cette fausse excuse. Et il va bien falloir que je fasse un choix surtout. Je suis incapable de prendre une décision aussi importante dans ma vie. Pas maintenant, pas tout de suite. Comment pourrais-je bien savoir quoi faire au juste ? Je ne suis pas encore prête. Mais ai-je suffisamment de temps devant moi pour réussir à l'être ? Telle est la question justement. Mais ce matin, je ne veux pas penser à ça. Surtout pas. Je veux me changer les esprits, me vider la tête. Je veux profiter d'une journée, une seule petite journée sans penser à toute cette histoire. Une après-midi entière avec Kai, juste elle et moi. Comme nous avions pu le faire à Bali en toute intimité... comme avant. Je sais que c'est loin d'être facile pour elle tout ça, et je ne peux m'empêcher de lui en être reconnaissante. Malgré tout, elle reste là pour moi. Et ça, ça vaut tout l'or du monde à mes yeux. J'ai besoin de lui faire savoir. Même si aucun mot ne sera assez fort pour la remercier de tout ce qu'elle fait pour moi. Les actes, c'est mieux. Et rien de mieux pour ça que de lui organiser une surprise. Je m'arrange pour qu'elle soit à la maison en début d'après-midi, lui envoyant un message. J'ai juste pris soin de fourrer quelques affaires à elle et à moi dans un sac, notamment nos maillots de bain. « J'ai organisé un p'tit quelque chose pour toi. » Un large sourire s'installe au coin de mes lèvres. « Enfin... pour nous. » Oui, pour nous. C'est important, et ça fait toute la différence. « Je me suis dit que ça pourrait nous faire du bien. » Vu de l'extérieur, ça ressemblerait presque à un rendez-vous officiel. Et si c'était le cas finalement ? Nous ne sommes pas un couple à proprement parlé, certes - je ne sais d'ailleurs pas comment nous pourrions nous décrire, mais pourquoi pas. Après tout, a part à Bali, nous n'avons pas réellement eu de moment rien qu'à nous. « Et puis j'avais surtout envie de te faire plaisir. C'est une raison suffisante non ? » Je tente un peu de me justifier avant de lui sourire. « Allez, je t'emmène. Je te kidnappe juste quelques heures. » Ouais je garde la surprise jusqu'au dernier moment. Elle comprendra bien quand nous arriverons devant le spa.

J’ai encore du mal à me rendre compte de ce que tout ça signifie. Kezia est enceinte, et elle est surtout très indécise quant à l’avenir de cette grossesse. Je ne peux pas l’aider sur ce point là, je ne serai pas légitime, et il n’est pas question qu’elle m’en veuille un jour, d’un sens comme dans l’autre. Alors pour le moment, je me contente de l’épauler, d’être là pour elle comme je lui ai promis. C’est pas facile pour elle, mais ça ne l’est pas non plus pour moi. C’est évident que j’espère qu’elle ne le gardera pas, comment je pourrai réussir à aimer un gamin qui est né d’une nuit avec mon ex, franchement ? C’est même plus compliqué que ça encore, parce que même si je ne me l’avoue pas, la jalousie est bel et bien présente.

Je jongle encore entre chez ma mère et chez ma grand mère, un peu plus sereine quant à l’avenir de mon père et sa rémission en cours. Ça me donne plus de libertés, je ne me sens pas écrasée par le temps qui passe et le besoin de profiter de tous les instants avec lui. Ça me permet surtout de prendre plus de temps pour Kezia. Je me sens utile à ses côtés, et je crois que malgré tout, j’ai besoin de ça. Ce matin, j’avais un shooting de prévu pour une campagne assez grosse, qui me rapporte un bon contrat. Les choses sont en train de bouger et je ne vais pas m’en plaindre. Je reçois un sms de Kezia me demandant de venir chez ma grand-mère cet après-midi. Curieuse et malgré tout impatiente de la retrouver, je ne tarde pas et la rejoins comme elle me l’a demandé. « J'ai organisé un p'tit quelque chose pour toi. Enfin... pour nous. » J’arque un sourcil, étonnée qu’elle ait pris l’initiative de quoi que ce soit nous concernant. « Je me suis dit que ça pourrait nous faire du bien. » Je ne peux m’empêcher de sourire. Juste en voyant sa petite bouille, j’ai juste envie de la prendre dans mes bras et la serrer contre moi. « Et puis j'avais surtout envie de te faire plaisir. C'est une raison suffisante non ? Allez, je t'emmène. Je te kidnappe juste quelques heures. » Je laisse échapper un petit rire en hochant la tête. « Ok, laisse-moi juste deux minutes le temps de me démaquiller et je suis toute à toi. » Cela dit, j’ai pas besoin de me démaquiller pour ça. Enfin bref. Une fois prête, je la suis et me laisse guider. Elle a même préparé un sac pour moi, elle est adorable. C’est une fois devant le spa que je commence à me dandiner. Nous filons aux vestiaires et je me change pour enfiler le maillot de bain qu’elle a choisi pour moi. « T’as fait exprès de prendre le plus petit de ma collection ? » Faut dire qu’il est franchement échancré celui là, je l’ai porté qu’une fois pour un shooting. Je relève les yeux vers Kezia et je vois bien qu’elle est toute gênée, c’est adorable. Je m’approche d’elle et dépose un baiser sur sa tempe. « C’est parfait, toute manière une fois dans l’eau on verra plus rien ! »

C'est compliqué dans ma tête, dans mon coeur aussi. Mais la seule certitude que je peux avoir en ce moment dans ma vie, c'est bien Kai. Je crois que j'aimerais secrètement voir les choses évoluer entre nous. Enfin je sais pas... j'ai un peu peur que ça ne soit pas le bon timing. Disons qu'il y a quand même cette grosse ombre au tableau ; ma grossesse. Et puis je sais même pas ce qu'elle ressent exactement. Certes il s'est passé ce qu'il s'est passé à Bali mais après ça tout s'est un peu enchaîné. On a pas vraiment eu l'occasion d'en reparler. C'est bizarre, j'ai comme l'impression que c'est un sujet tabou. Comme si le fait d'en parler nous confronterait réellement à la situation. A l'accepter surtout. Et si je me sens de plus en plus prête à le faire de mon côté, j'émets quelques doutes en ce qui concerne ma demi-soeur. Rien n'est jamais évident avec elle. Peut-être que nous avons justement besoin de nous retrouver rien que toutes les deux. Sans penser à tout ça, à Wyatt, au bébé. Cette surprise ne peut que nous faire du bien. Je laisse Kai se démaquiller, et nous filons jusqu'au spa. Arrivées devant, un large sourire se dessine sur mes lèvres. Je crois que je suis toute excitée. « T’as fait exprès de prendre le plus petit de ma collection ? » Je secoue la tête par réflexe, un peu gênée. Pour le coup, c'était pas voulu. C'est le premier que j'ai pris dans son tiroir sans y faire attention. Comme quoi le hasard fait parfois bien les choses. « C’est parfait, toute manière une fois dans l’eau on verra plus rien ! » Mon regard glisse inconsciemment sur son corps, alors qu'un petit sourire s'installe au coin de mes lèvres. Là, bizarrement, je suis incapable de regretter ce "non-choix". Kai est tout simplement divine dans son maillot de bain. « Promis je regarde pas. » Ajoutais-je dans un petit haussement d'épaules avant de rire. Oups c'est déjà fait, sorry not sorry. « Mais il te va merveilleusement bien. » Je me vends un peu là non ? Grillée. Enfin c'est pas comme si j'avais envie de me cacher non plus. Pas aujourd'hui, c'est fini tout ça. Une fois changées, nous sortons des vestiaires sans perdre plus de temps. « Alors on commence par quoi ? » Entre les différents soins et massages de l'institut, la piscine extérieure, le circuit à contre-courant et les nombreux bains à remous, je crois qu'il y a largement de quoi faire. « On peut se réserver un massage si tu veux. » Je lui montre les cabines de soin d'un geste de la main avant d'ajouter. « Ou directement aller se baigner dehors. » Je lui souris, impatiente de savoir ce qui peut lui faire plaisir. « Tout ce qui te fera envie. » C'est elle qui a les cartes en main aujourd'hui. « Ou sinon y'a le jacuzzi... » Je repense forcément à notre premier baiser...

Notre complicité revient peu à peu, j’essaie de faire taire tous les questionnements que je peux avoir la concernant, nous concernant, concernant sa relation avec Wyatt et ce ‘truc’ entre eux, tant qu’elle n’a pas pris de décision définitive. C’est compliqué tout ça, mais je vois qu’elle fait des efforts pour qu’on passe du temps ensemble sans penser à ce qui nous tracasse. Alors je fais en sorte de ne pas y penser, et profite de ces instants avec elle. Petite réflexion quant au maillot de bain qu’elle a choisit, parce que même si c’est pas méchant, j’adore voir ses joues rosir un peu. « Promis je regarde pas. » Dit-elle avec malice alors qu’elle vient déjà de glisser son regard sur l’intégralité de mon corps. Si elle croit que je ne l’ai pas vue faire. « Mais il te va merveilleusement bien. » Je ne peux retenir un rire amusé, elle est trop mignonne. « Merci, t’es pas mal non plus… » En même temps, Kezia a toujours été magnifique, je l’ai souvent jalousée de son corps parfait, de sa peau bronzée et ses yeux pétillants. Et puis l’espace d’un instant je repense à Bali. Mauvaise idée. Je frissonne mais fais mine de rien, la suivant hors des vestiaires. « Alors on commence par quoi ? On peut se réserver un massage si tu veux. » Je tourne la tête dans la direction qu’elle me montre. C’est tentant mais à vrai dire, je préfèrerai que ce soit elle qui me masse. Aucun commentaire. Elle me propose d’aller nous baigner dehors, ou… y’a le jacuzzi. Mon regard se met à pétiller bizarrement en repensant à notre premier bain ensemble dans un jacuzzi, et notre premier baiser, qui m’a fait fuir d’ailleurs. Ça remonte à loin, on en a fait du chemin, il s’en est passé des choses. Merde. Bouffée de chaleur. Merde merde merde merde. Je souffle un peu pour évacuer toute cette tension. Tu parles, si seulement. « Euh, j’sais pas trop, ouais, on peut réserver un massage, et puis aller à la piscine en attendant ? » Pour le jacuzzi, on verra plus tard, là faut juste que je me calme. Une fois l’heure du massage réservée, on file à la piscine chauffée en extérieur, c’est super joli, ils ont pas lésiné sur les moyens. Comme une gamine, je joue dans la piscine éclabousse Kezia, lui tourne autour, la chatouille et j’ai l’impression de nous retrouver quand on était à Bali. Seules au monde, même si le paysage est franchement moins exotique. Chaque fois que mes doigts frôlent son corps, mon esprit vagabonde, me renvoie dans cette chambre à Bali. Et je m’efforce de redescendre sur Terre en pensant à notre retour, sa nuit avec Wyatt et ce foetus qui en résulte. Ça a le don de me calmer direct. Ou pas. « Bon c’est bien beau mais il manque des bulles quand même. On s’exile ? » Je sors de l’eau et m’enroule dans ma serviette, attendant que Kez me suivre pour rejoindre le jacuzzi. Y’a personne, je devrais m’en réjouir, mais je crois que je me fais peur moi-même. « Je suis jamais re rentrée dans un jacuzzi depuis le soir où.. enfin ce soir là quoi. » Elle sait très bien de quoi je parle…

L'après-midi nous tend les bras, et nous perdons pas une seule seconde avant de profiter pleinement des infrastructures proposées par l'institut. Après avoir réservé l'heure de notre massage en duo, c'est la piscine extérieure que nous rejoignons. Je crois que c'était vraiment la meilleure idée qui soit de venir se ressourcer ici. C'est le meilleur moyen de nous retrouver, comme avant. Seules au monde, dans cette bulle qui n'appartient qu'à nous. Comme cette parenthèse que nous avons eu la chance de vivre à l'autre bout du monde. Et je crois que c'est en train d'avoir l'effet escompté. Dans l'eau avec elle, je me sens de nouveau complètement vivante. Il n'y a rien plus rien d'autre qui compte à mes yeux. Juste elle et moi contre le reste du monde. « Bon c’est bien beau mais il manque des bulles quand même. On s’exile ? » Je ne peux m'empêcher de sourire un peu bêtement m'enroulant à mon tour dans ma serviette pour la suivre. « Bonne idée. » En réalité je mourrais d'envie d'y aller depuis déjà un moment. Et je suis contente que ça soit Kai qui en prenne l'initiative. « Je suis jamais re rentrée dans un jacuzzi depuis le soir où.. enfin ce soir là quoi. » Mon coeur manque un battement alors que les souvenirs de notre premier baiser remontent à la surface. Ce jour-là où tout a basculé. Pour elle je sais pas, mais pour moi c'est désormais plus qu'une évidence. Même si après ce baiser, tout a été plus compliqué. « Ça te fait peur ? » Peur, je ne sais pas si c'est exactement le bon terme à employer mais je pense qu'elle comprend ce que je veux dire. Et de toute évidence ça me fait peur aussi. Dans le sens où je ne suis pas certaine d'être capable de résister. « Je vais pas te sauter dessus pour t'embrasser, si ça peut te rassurer. » Je sais me tenir quand même... ou pas. On a déjà vu ce que ça a pu donner à Bali. Je rentre à mon tour dans le jacuzzi, et m'installe à une distance suffisamment raisonnable pour le moment. « A moins que tu en aies vraiment envie cette fois... » Ma voix est devenue inconsciemment plus charmeuse, plus chaude aussi alors que mon pied vient chercher le contact de sa jambe. C'est moi ou les bulles ont un effet un peu trop prononcé sur moi ? A croire que ça me fait perdre la tête à chaque fois. Ou alors c'est Kai qui me rend complètement dingue, c'est possible aussi. Dans un sens comme dans l'autre, il est évident que c'est pas l'envie qui me manque de venir l'embrasser. Je crois même que j'en ai envie depuis le moment même où nos lèvres se sont quittées la dernière fois à Bali. Comme si j'étais incapable de pouvoir m'en passer.

Je propose d’aller dans un jacuzzi, je sais que c’est dangereux, en tout cas ça l’est pour moi. Parce que ça fera remonter tous les souvenirs, mais en même temps, rien que d’y penser ils remontent déjà, alors pourquoi me priver des bulles ? C’est déjà trop tard pour le reste. Kezia a l’air heureuse que je propose une migration vers les bains à remous, et je me risque à être sincère en lui disant que je n’ai pas remis les pieds dans un jacuzzi depuis le bal de promo où elle était venue avec moi. « Ça te fait peur ? » demande-t-elle alors que mon coeur se met à battre plus fort. Peur ? Je ne suis pas sûre d’en être là. Mais je ne suis pas tranquille, ça c’est une certitude. Parce que je ne suis pas sûre de me faire confiance, parce que même si je me retiens, toujours, il y a quand même cette envie sous-jacente que je peine parfois à contrôler. Et reviennent les peurs, les angoisses, le regard des autres, et ça me calme pour un moment, avant que mes désirs ne refassent surface. « Je vais pas te sauter dessus pour t'embrasser, si ça peut te rassurer. » Je laisse échapper un rire cette fois, alors que je suis bien consciente de ne pas avoir répondu à sa précédente question. « Je me doute… » Même si je n’en suis pas si sûre. Parce que de nous deux, si y’en a une qui est plus prête que l’autre à assumer quelque chose, c’est bien elle. Elle n’a pas besoin de le dire pour que je le sache. Nous rentrons dans le jacuzzi tour à tour et Kezia ajoute avec une voix plus suave. « A moins que tu en aies vraiment envie cette fois... » Je pose mon regard sur elle, le coeur battant, et sens déjà son pied frôler ma jambe à l’intérieur du bassin. Je souffle un peu pour évacuer une certaine tension, et ferme même les yeux un instant, comme pour me concentrer et ne pas flancher. « C’est pas loyal ça… » je me mords la lèvre inférieure et continue d’essayer d’extérioriser mes envies en soufflant un peu plus fort que je ne le devrais. Je réouvre les yeux et croise le regard électrique de Kezia qui fait battre mon coeur un peu plus fort encore. « Me regarde pas comme ça… » Je laisse échapper un rire un peu nerveux et détourne les yeux un instant, je crois que ce n’est pas d’elle que j’ai peur, mais de moi. « De toute évidence, les jacuzzi, c’est dangereux pour nous. Comme les chambres d’hôtel à Bali… » Merde pourquoi je pense à ça moi ? Fait chier… Là c’est tout mon corps qui se met en ébullition et je suis sûre que rien qu’à moi seule je réchauffe le bassin de quelques degrés. Et puis merde. Je réduis finalement la distance entre nous, ma main se saisit de la joue de la jeune femme et mes lèvres se pressent sur les siennes. C’est un peu comme si on était seules, après tout, les gens sont assez loin pour que je ne prenne pas en compte leurs potentiels regards.

De l'eau a coulé sous les ponts depuis notre premier baiser dans le jacuzzi. Ça fait un moment maintenant, et il s'en est passé des choses entre temps. Notre relation est toujours aussi ambiguë, c'est même encore pire d'ailleurs. Avec ce qu'il s'est passé à Bali, les limites de l’ambiguïté ont clairement été dépassées. C'est à un autre niveau encore. Mais c'est pas pour autant que les choses sont devenues plus simples. A croire qu'elles ne pourront jamais l'être totalement. C'est peut-être pour ça que c'est aussi intense entre nous d'ailleurs ? En tout cas y'a un truc, quelque chose que je suis moi-même incapable d'expliquer. Une tension qui se vit, qui se ressent avec les tripes. A chaque fois que mon regard se pose sur ses lèvres. A chaque fois que nos mains se frôlent, ou que mes doigts glissent sur sa peau. Comme là dans ce jacuzzi à cet instant même. Mon coeur tambourine dans ma poitrine alors que j'essaye de ne pas succomber à mes envies. Je ne veux pas prendre le risque de tout gâcher entre nous, pas encore. Mais quelque chose me dit que je ne suis pas la seule à ressentir cette foutue évidence... Kai aussi, j'en suis intimement convaincue, mais encore faut-il qu'elle s'autorise à se laisser aller. « C’est pas loyal ça… » Oui je joue peut-être un peu avec elle, mais je crois de toute évidence que je n'ai plus envie de me mentir à moi-même. J'assume de plus en plus mes sentiments et ce que je ressens pour elle. Mon regard vient accrocher le sien alors que mon pied remonte le long de sa jambe. « Me regarde pas comme ça… » Je ne peux m'empêcher d'afficher un large sourire sur mes lèvres. « Pourquoi ? » Que je demande d'un air innocent en penchant légèrement la tête sur le côté. « De toute évidence, les jacuzzi, c’est dangereux pour nous. Comme les chambres d’hôtel à Bali… » C'est dangereux, oui, mais c'est agréable... et ça serait quand même dommage de s'en priver. Une vague de chaleur vient s'emparer de mon corps tout entier, alors que Kai réduit la distance qui nous sépare. C'est une certitude maintenant, je peux le lire dans son regard ; elle en a (presque) autant envie que moi - à vrai dire je ne suis pas sûre que ça possible d'en avoir encore plus envie. Ses lèvres s'emparent des miennes, et mon coeur commence sa course folle. Je crois que je ne pourrais jamais être capable de me passer de cette sensation. C'est juste pas humain putain. Je mets rapidement plus d'entrain dans notre baiser, invitant ma langue à la danse. L'une de mes mains vient se glisser dans sa nuque alors que l'autre s'aventure sous l'eau sur son ventre. Pendant l'espace de quelques secondes, je ne pense à rien d'autre qu'à nous. J'oublie même tout ce qui nous autour, où nous sommes, et les gens qui ne sont quand même pas si loin. Mais je mets finalement un terme au baiser, à contre coeur, pour reprendre un peu de souffle. « Cette fois c'est pas de ma faute. » Parce que, cette fois, c'est elle qui s'est jetée sur mes lèvres. Pas moi. Je souris un peu bêtement, fière d'avoir réussi à la faire craquer.

Elle me demande pourquoi elle ne doit pas me regarder comme ça. Elle se moque de moi en plus ! Mais je suis heureuse de retrouver enfin ce joli sourire. C’est vrai que depuis que nous sommes rentrées de Bali, tout s’est enchaîné, et pas vraiment de jolies choses je dois dire. Alors la voir à nouveau sourire de cette manière, ça me fait du bien, et ça me fait craquer aussi. J’ai beau tout faire pour lui résister, y’a un moment où ma patience atteint ses limites. Alors j’oublie ce qui nous entoure, je ne me concentre que sur elle, et ça me suffit à me sentir attirée par ses lèvres que je viens capturer sans tarder. Elle m’a cherchée, et elle me trouve. Il y a encore quelques semaines j’aurai été incapable d’une chose pareille, surtout comme ça, à découvert, avec des personnes qui pourraient nous voir. Mais qu’importe, à l’instant où mes lèvres se lient au siennes, il n’y a plus rien qui existe. Elle pousse le vice en venant chercher ma langue de la sienne et je me laisse aller, sentant mon coeur qui s’accélère, et le désir qui grimpe en flèche. Non. Pas là. Heureusement elle met un terme à notre baiser et je mets un certain temps à sortir de cet état particulier. « Cette fois c'est pas de ma faute. » Je ne peux réprimer un rire. « T’es fière de toi?? Tu me manipules ! C’est tout ce que je constate. » Je ris encore et viens déposer un baiser au coin de ses lèvres, plus pour la faire rager qu’autre chose. Je lui souris et ne la lâche pas des yeux. « C’est pour ça que tu m’as amenée ici en fait. C’est un guet-apens. Tu t’es dit que presque nues dans un jaccuzzi, ça allait faire remonter les souvenirs… » Je hausse les épaules et détourne le regarde, jouant avec les bulles. « Tu m’as eu une fois, pas deux. » Tu parles. Je laisse un léger moment de latence avant de la regarder, puis regarder le haut de son buste avant d’ajouter tout en détournant le regard, jouant les innocentes. « En plus, tu fais pas d’efforts. Dans ma mémoire, t’avais rien en haut. » J’essaie de me retenir de sourire mais c’est difficile…

Il y a tellement de hauts et de bas dans notre relation que je ne peux m'empêcher de profiter au maximum des bons moments comme celui que nous sommes en train de vivre. En réalité, j'ai toujours un peu peur que ça soit le dernier... comme si une épée de Damoclès trônait au dessus de ma tête. Que Kai finisse par fuir à nouveau - comme elle l'a déjà fait, n'assumant pas ses sentiments. Je crois que c'est là ma plus grosse crainte en fait. Mais j'essaye de ne surtout pas y penser. Nous avons déjà fait pas mal de chemin depuis San Francisco, et c'est positif. Le fait que ça soit elle qui vienne s'emparer de mes lèvres en est un signe. C'est quelque chose qu'elle n'aurait jamais osé faire avant. Surtout là, comme ça, en public. Alors je me laisse aller à mon tour, et en profite pour mettre un peu plus de passion dans ce baiser. « T’es fière de toi?? Tu me manipules ! C’est tout ce que je constate. » Elle vient alors me déposer un baiser juste au coin des lèvres et un large sourire illumine mon visage. En vrai, non, ce n'est pas de la manipulation. C'est pas de ma faute si elle en a envie aussi non ? On a toujours été deux dans l'histoire. « C’est pour ça que tu m’as amenée ici en fait. C’est un guet-apens. Tu t’es dit que presque nues dans un jaccuzzi, ça allait faire remonter les souvenirs… » Je plaide non coupable. Ou alors rien qu'un tout petit peu... « Parce que c'était pas un guet-apens à Bali peut-être ? » Que je réplique en rigolant légèrement. Bah oui, la surprise du voyage, ma journée d'anniversaire... tout ça quoi. On est quitte maintenant. Mais rien que de repenser à notre première fois, j'en ai des frissons. Ça me donne bizarrement très chaud. « Tu m’as eu une fois, pas deux. » Ça, c'est ce qu'on va voir. Si elle veut me mettre au défi, y'a pas de problème. Je prendrais un malin plaisir à tenter de la refaire craquer... encore et encore. « En plus, tu fais pas d’efforts. Dans ma mémoire, t’avais rien en haut. » Je vois que je suis pas la seule à vouloir jouer. Ok, très bien. Mes doigts viennent alors jouer avec les bretelles de mon haut, faisant mine d'être prête à l'enlever. Je simule le mouvement en rigolant. « Non, je ne voudrais pas non plus affoler les foules en l'enlevant. » Je rigole un peu avant de plonger mon regard dans le sien. « Et puis... c'est réservé pour toi ça. » Je me rapproche, viens agripper sa main pour la poser sur le haut de mon buste. « Propriété privée. » Je souris alors que mes lèvres se rapprochent à nouveau de son visage, mon souffle butant contre les siennes. Quelques centimètres nous séparent seulement... mais un raclement de gorge se fait entendre. Merde, nous ne sommes plus seuls. « Pardon, j'espère que je ne dérange pas. » Bah, un peu quand même.

Je craque, j’ai bien essayé de retenir mes envies, principalement parce que nous sommes dans un lieu public, mais en me rendant compte qu’il n’y a personne autour, je ne peux m’empêcher de fondre sur ses lèvres. Elle m’a cherchée. Et j’y prends plaisir, c’est sans doute ça le pire dans l’histoire. Ou le mieux ? Je me sens perdue dans mes émotions et dans mes ressentis. Heureusement, Kezia met un terme à notre baiser avant que ça ne dégénère. « Parce que c'était pas un guet-apens à Bali peut-être ? » J’arque un sourcil, arborant une mine absolument innocente. « Je vois pas de quoi tu veux parler. C’était juste un moyen de me faire pardonner, c’est tout. » Je hausse un peu les épaules, réprimant difficilement un sourire. Parce que c’est vrai en plus, quand je lui ai proposé de venir avec moi à Bali, j’avais aucune idée derrière la tête concernant un potentiel rapprochement entre nous. Mais je continue de jouer, parce que j’en ai envie, et que je me sens simplement bien avec elle, ici. Je ne réfléchis pas à ce qu’il y a autour, sa grossesse, Wyatt, ma difficulté à assumer qui je suis au fond de moi… D’un ton détaché je lui dis qu’en plus de ça, elle ne fait aucun effort puisque dans mes souvenirs elle n’avait même pas de haut de maillot de bain. Mais la maligne joue avec mes nerfs, glissant la bretelle de son maillot de bain pour faire mine de la retirer. « Non, je ne voudrais pas non plus affoler les foules en l'enlevant. Et puis... c'est réservé pour toi ça. » Je secoue alors la tête à la négative, toujours en souriant. « T’as raison, je préfère que tu gardes ça juste pour moi. C’est vrai. » Je suis en train de totalement me dévergonder, ça va pas du tout. Ou alors j’assume petit à petit celle que je suis, j’en ai aucune idée. Elle s’approche et attrape ma main pour la poser sur le haut de son buste, juste au-dessus de sa poitrine. Mon coeur s’emballe… « Propriété privée. » Je plonge mon regard dans le sien avec intensité. Elle s’approche à nouveau, prête à capturer mes lèvres, et, les yeux clos, je n’attends plus que ça. Mais un raclement de gorge me fait sursauter. Un homme nous demande s’il ne dérange pas. Ok alors déjà c’est super malaisant que ce soit un mec, j’ai peur qu’il soit lubrique. Et puis je sais plus où me mettre. Je m’éloigne de Kezia, le coeur battant à mille à l’heure. J’ai du mal à retrouver un souffle normal, et je cherche une solution pour m’échapper. « Faut que j’aille aux toilettes. » Je sors du jaccuzi et fais quelques pas pour m’éloigner mais je me stoppe en ayant l’image de ce gars qui s’approche un peu trop près de Kezia. Pas question. Je fais demi-tour et tends la main en direction de ma demi-soeur. « On a notre massage qui va pas tarder. » C’est pas vrai, mais c’est une forme de protection. Je l’aide à sortir du jaccuzi et lâche finalement sa main, restant silencieuse, et un peu à l’écart aussi. Je souffle légèrement pour évacuer ce que je ressens et sans la regarder je lui dis tout bas. « Faut qu’on arrête ça, c’est dangereux. » et par ‘ça’, je parle du fait de se donner en spectacle. Parce que ça ne regarde que nous. Mais je ne pense pas immédiatement à ce que Kezia pourrait comprendre de mes mots.

Il n'y a plus de doute possible, je suis vraiment heureuse avec elle. Et si je n'en avais pas encore réellement conscience il y a peu de temps, maintenant c'est différent. Tout est très clair dans ma tête, et dans mon coeur aussi. Et je suis prête à tout pour qu'il en soit de même de son côté. C'est sans doute là la partie la plus difficile. Parce qu'il y a cette histoire de grossesse avec Wyatt... mais surtout parce qu'il y a ses propres craintes aussi. Je sais très bien qu'elle a peur. Et qu'elle n'est peut-être pas totalement prête à assumer complètement. Même si de toute évidence, là, tout de suite, Kai arrive quand même à lâcher prise. Pourvu que ça dure. « T’as raison, je préfère que tu gardes ça juste pour moi. C’est vrai. » Ça me fait un bien fou qu'elle le dise. Et j'ai l'impression que notre relation est vraiment en train de franchir un cap. Je rêve secrètement que ça se puisse toujours aussi bien se passer. Si seulement. Mais le bonheur n'est que de courte durée... c'est un sentiment aussi intense qu'éphémère avec nous. C'est bien ça le problème. Un homme vient nous interrompre, et je sens immédiatement le malaise de ma demi-soeur. Fais chier, il est en train de tout foutre en l'air. Elle se raidit, s'éloigne inconsciemment, le regard fuyant. « Faut que j’aille aux toilettes. » Je laisse échapper un soupir d'entre mes lèvres, déçue. Mais c'était prévisible. Je crois que j'aurais vraiment été étonnée du contraire... malheureusement. J’acquiesce d'un hochement de tête sans sortir du jacuzzi pour autant. Pour ma part, je me fous bien de ce mec et de ce qu'il peut penser. Enfin ça, c'était avant qu'il se rapproche un peu trop près de moi. Le jacuzzi est grand, pourquoi il vient se coller à côté de moi ? Son regard est insistant, et c'est en train de me foutre mal à l'aise. Kai a fait demi-tour, m'attrapant la main pour m'aider à sortir. « On a notre massage qui va pas tarder. » Elle lâche ma main aussitôt, et reste à l'écart. « Faut qu’on arrête ça, c’est dangereux. » Mon coeur se serre dans ma poitrine, accusant le coup de ce que je comprends sous la tournure de ses mots. « Ça ? » Ma voix s'enraille, et ça fait mal. Je ne veux pas que cette scène change quoi que ce soit entre nous... mais faut croire que ce n'est pas son cas. « Tu peux pas me dire ça... » Ouais elle peut pas m'embrasser comme elle vient juste de le faire, pour que deux minutes après elle me dise qu'on doit tout arrêter. C'est pas humain, mon coeur ne va pas tenir. Je secoue la tête, complètement perdue. Qu'est-ce qu'elle veut à la fin ? « Qu'est-ce que tu veux vraiment Kai ? » Mon ton est étrangement calme... trop calme même. Je crois que je suis en train de me résigner. C'était trop beau pour être vrai.

Il fallait que ça arrive de toute manière, c’était trop beau pour être vrai. Je suis pas encore prête à assumer ce que je ressens pour Kezia au grand jour, encore moins maintenant, qu’elle ne sait toujours pas ce qu’elle compte faire de l’enfant qu’elle porte. Je lui ai promis d’être là quoi qu’elle choisisse de faire, de la soutenir, l’épauler, mais je ne veux pas avoir de rôle à jouer dans la vie de cet enfant si elle décide de le garder. J’ai déjà du mal à gérer mes sentiments, je ne vais pas me rajouter des angoisses à propos d’un gosse. Pas question. Je choisis mal mes mots, prise sous le feu de l’émotion, de l’angoisse. Pourtant mon instinct protecteur est resté là, sortant Kezia du bain à remous pour éviter qu’elle ne se fasse tripoter par ce pervers. « Ça ? » demande-t-elle d’une voix éraillée. « Tu peux pas me dire ça... » Je m’arrête pour la regarder, elle est déjà presque en train de pleurer. Et moi, je ne comprends pas pourquoi elle se met dans des états pareils. Elle ne peut pas juste comprendre que je ne suis pas prête encore à assumer au grand jour ce que nous vivons ? C’est trop tôt, trop dur. « Qu'est-ce que tu veux vraiment Kai ? » Je fronce les sourcils et lui réponds du tac au tac « Et toi qu’est-ce que tu veux ? » Je sais, répondre à une question par une autre question, c’est pas bien. Mais je m’en fous. J’aimerai qu’elle prenne une décision concernant ce bébé, que je sache moi aussi où je vais. Parce que tout ça, ça me rend dingue au fond, même si je dis rien. Je soupire et passe une main dans mes cheveux, et reprends sa main pour l’emmener quelque part où tout le monde ne sera pas là à nous regarder. Il y a une cabine de sauna qui est libre, personne dedans. Je sais même pas si c’est recommandé dans son état, je n’y pense même pas. Je m’assieds et passe mes mains sur mon visage, essayant de trouver mes mots. « Je sais pas ce que t’attends de moi Kezia, je fais ce que je peux, mais je peux pas assumer tout ça du jour au lendemain ! » Je la regarde cette fois, espérant qu’elle comprendra ce que je veux dire. Avant qu’elle me demande ce que ‘ça’ signifie, comme un peu plus tôt, je prends les devants et réponds à la question. « Quand je dis ça je veux dire… ce qui se passe, enfin entre nous j’veux dire… » Nouveau soupire. « Faut déjà que ça fasse son chemin dans ma tête, que je prenne conscience, que j’arrête de me mentir. Mais au yeux du monde c’est encore plus dur, je suis pas prête pour ça. » Je sais pas si je le serai un jour, mais une chose est sûre, aujourd’hui je ne suis pas prête. « C’est pas contre toi, je suis sûre que tu le sais en plus. » Mis à part le fait que j’aimerai bien qu’elle prenne cette putain de décision une bonne fois pour toutes.

Je suis à fleur de peau, et je crois que sur le moment je ne me rends pas bien compte de ma réaction. Depuis que je sais que je suis enceinte, j'ai l'impression que toutes mes émotions sont décuplées. Je sais pas si c'est que moi, ou si c'est normal dans ce genre de processus. Mais en tout cas je prends les choses un peu trop à cœur, c'est une évidence. J'ai tellement peur de la perdre que ça me retourne complètement le cerveau. Et je ne peux m'empêcher de penser immédiatement au pire. C'est peut-être excessif comme réaction, mais c'est plus fort que moi. C'est pas quelque chose que j'arrive à contrôler. Je suis une nouvelle fois en train de tout gâcher. « Et toi qu’est-ce que tu veux ? » Elle fronce les sourcils, et je comprends très vite de quoi elle veut parler ; du bébé. C'est vrai que depuis l'annonce, je n'ai toujours pas pris de décision quant à l'avenir de ma grossesse. J'ai encore un peu de temps devant moi en soit... mais pour elle, c'est compliqué. Et j'essaye de me mettre à sa place une seconde. Ouais d'accord, ma réaction n'est peut-être pas légitime finalement. Je lui adresse une petite moue désolée, un peu gênée, alors qu'elle me prend par la main pour m'emmener à l'écart. La cabine de sauna est libre, et nous prenons place l'une à côté de l'autre sur le banc. « Je sais pas ce que t’attends de moi Kezia, je fais ce que je peux, mais je peux pas assumer tout ça du jour au lendemain ! » Ça a mis un peu de temps aussi pour moi, pour que je puisse assumer complètement. Et je peux comprendre. Même si j'ai toujours peur de la voir me filer entre les doigts. « Quand je dis ça je veux dire… ce qui se passe, enfin entre nous j’veux dire… » Déjà, elle est capable de mettre des mots sur ce "nous" justement, et ça c'est déjà une bonne chose. « Faut déjà que ça fasse son chemin dans ma tête, que je prenne conscience, que j’arrête de me mentir. Mais au yeux du monde c’est encore plus dur, je suis pas prête pour ça. » Il y a elle, mais il y a aussi le regard des gens. Comme le regard du mec de tout à l'heure. Et c'est ça qui est encore plus dur pour elle. « C’est pas contre toi, je suis sûre que tu le sais en plus. » Je hoche un peu la tête, glissant mes doigts entre les siens. « Oui, je suis désolée... » Mon autre main vient caresser son avant-bras alors que mon regard se plonge dans le sien. « Je crois que je prends les choses un peu trop à coeur. C'est... enfin je... j'ai juste tellement peur de te perdre. » Et ça me bouffe de l'intérieur. « Je ne te demande rien Kai, je sais que tu fais déjà beaucoup pour moi. Pour nous aussi. » Par rapport au bébé, mais par rapport aussi à ce que nous sommes. Et à ce qui se passe entre nous. « Et je sais aussi que c'est pas facile pour toi... » Je lâche sa main pour venir toucher mon ventre, ce à quoi je suis justement en train de faire référence. Il va bien falloir que je prenne une décision à un moment ou à un autre. Et même si Kai m'a promis qu'elle serait toujours là pour moi, et ce malgré mon choix, je ne peux m'empêcher d'avoir peur. A sa place, je ne sais pas si je serai capable de l'accepter.

J’essaie d’être le plus claire possible dans mes propos, mais comme déjà mes pensées et mes sentiments sont pas très clairs, forcément, mon discours ne peut l’être vraiment. Je fais du mieux que je peux, parce que je lui dois bien ça, je sais que je l’ai beaucoup blessée, j’essaie de faire l’impasse sur le fait qu’elle m’a blessée aussi. On est ‘quittes’ même si j’aime pas ce terme. C’est déjà bien assez dur comme ça. « Oui, je suis désolée... » finit-elle par dire à demi-mots en venant entrelacer ses doigts avec les miens. « Je crois que je prends les choses un peu trop à coeur. C'est... enfin je... j'ai juste tellement peur de te perdre. » Je la regarde cette fois, plongeant mon regard dans le sien avec une certaine profondeur. « Si je suis encore là, y’a pas de raison que je m’en aille tu sais… » Et c’est vrai, quand on voit ce qu’on a déjà enduré, le fait même d’être encore là toutes les deux, main dans la main, ça veut bien dire ce que ça veut dire. On est liées, soudées, malgré tout. « Je ne te demande rien Kai, je sais que tu fais déjà beaucoup pour moi. Pour nous aussi. Et je sais aussi que c'est pas facile pour toi… » finit-elle par avouer en lâchant ma main pour venir poser la sienne sur son ventre qui est encore tout plat comme s’il ne se passait rien. Je pose mon regard sur ses doigts qui caressent sa peau nue. Elle abrite la vie, une autre vie que la sienne, c’est dingue à imaginer. Je soupire un peu et détourne les yeux pour regarder mes mains que je triture un peu nerveusement. « C’est juste que… je sais pas trop où j’vais, j’ai du mal à imaginer ce que pourrait être ma vie si tu décidais de garder ce bébé… Et en même temps jamais je te pousserai à prendre une décision, peu importe laquelle. » Je hausse un peu les épaules et décide d’arrêter de me regarder le nombril un instant. « Finalement, c’est pas pour moi que c’est le plus dur. Moi je me plierai à ta décision, et je t’ai promis que je t’aiderai, que je serai là, peu importe ce que tu choisiras de faire. » Cette fois je la regarde et prends son menton entre mes doigts pour la faire me regarder à son tour. « Je serai là, quoi qu’il arrive. Ok ? » J’ai besoin qu’elle le comprenne, qu’elle arrête d’avoir peur, de m’en vouloir quand je fais un pas en avant et deux en arrière. Parce que pour le moment, j’accepte tout juste ce que je ressens pour elle, mais m’afficher avec elle c’est encore autre chose, il me faut du temps.

J'ai peur, peur que ma future décision puisse changer quoi que ce soit entre nous. Et si je décidais de le garder ? Je suis encore jeune, et ça changerait beaucoup de choses pour moi. Il y a mes études, ma relation avec Wyatt, et il y a elle aussi. Concrètement c'est compliqué et même si je peux essayer d'imaginer les choses, c'est difficile de savoir exactement comment ça peut tourner. C'est pas le genre de trucs prévisibles qu'on peut anticiper. « Si je suis encore là, y’a pas de raison que je m’en aille tu sais… » Je ne peux m'empêcher de sourire. Ça me fait chaud au coeur et me rassure en même temps. Après tout ce qu'on a vécu depuis San Francisco, les hauts, les bas, on est toujours là. Unies ensemble. C'est bon signe non ? J'essaye de me focaliser sur ça, sur ce qu'elle me dit aussi, pour ne pas trop penser au pire. C'est déjà bien compliqué comme ça, inutile d'en rajouter. « C’est juste que… je sais pas trop où j’vais, j’ai du mal à imaginer ce que pourrait être ma vie si tu décidais de garder ce bébé… Et en même temps jamais je te pousserai à prendre une décision, peu importe laquelle. » J'ai du mal à l'imaginer aussi, pour le moment. Mais en parallèle l'avortement est une option que j'ai du mal à envisager aussi. Dans ma tête, c'est horrible de me dire que je peux mettre un terme prématurément à ce bébé. Même si à ce stade là de la grossesse ce n'est qu'un petit embryon... mais ça reste un être humain avant tout. Je secoue un peu la tête machinalement, consciente de la complexité de la situation. Je crois qu'on est toutes les deux un peu perdues. « Finalement, c’est pas pour moi que c’est le plus dur. Moi je me plierai à ta décision, et je t’ai promis que je t’aiderai, que je serai là, peu importe ce que tu choisiras de faire. » Elle plonge son regard dans le mien en agrippant mon menton du bout des doigts. « Je serai là, quoi qu’il arrive. Ok ? » Je hoche un peu la tête, un petit sourire au coin des lèvres. « T'es parfaite tu le sais ça ? » Encore une fois, Kai vient de dire exactement ce dont j'avais besoin pour être rassurée. A croire qu'elle est parfaitement faite pour moi. Comme si ça avait toujours été elle, et uniquement elle à mes yeux, et dans mon coeur. Elle est ma moitié, mon tout. « Comment tu veux que je n'ai pas envie de t'embrasser avec ça... » J'essaye de rebondir sur notre petit débat de tout à l'heure, pour apaiser un peu les choses, détendre l'atmosphère. Je laisse échapper un petit rire amusé d'entre mes lèvres tout en la bouffant littéralement du regard. « Toi aussi tu le fais exprès, avoue. » Bon ok, je me grille toute seule en disant ça mais on s'en fout. C'est peut-être même le but recherché. Je viens déposer un baiser sur sa joue, juste au coin de ses lèvres, avant de sourire un peu bêtement. Elle avait dit qu'elle ne se ferait pas avoir deux fois, c'est bien ça ? Alors c'est ce qu'on va voir...