crazy in love | Zelana #5

La moto traçait sa route et se faufilait vivement entre les véhicules mécontents de se faire ainsi avoir. Le vent quant à lui les encourageait dans leur périple, son souffle fouettait les cheveux qui s’emmêlait dans une danse maladroite. Le bras d’Ohana était solidement enroulé autour de la taille de Zelda qui avait eu l’autorisation de prendre les commandes de la merveilleuse bête qui rugissait de plaisir à être ainsi conduite ce qui n’était pas pour autant au goût de la passagère. Il était vrai qu’il était foutrement agréable de rouler comme une furie mais subir la course folle n’était pas si agréable que cela au final, mais elle était si impatiente d’arriver à destination qu’elle ne pipait mot, se contentant d’admirer le paysage et les 4x4 familiaux avec les gosses qui agitaient leurs petites mains dans leur direction.

Ce week-end était une trêve dans tout ce qu’elle subissait ces derniers temps, une bouffée d’oxygène dans cet incendie qui refusait de s’essouffler ses flammes la dévorant un peu plus chaque jour. Sans Zelda, elle se serait sûrement déjà fait consommer et elle était surtout heureuse d’avoir mettre la main sur les places que convoitaient sa patronne, il fallait être amie des employés pour être ainsi privilégiée, mais madame s’était contentée d’être odieuse et Ohana avait donc remporté la bataille, offrant une peluche à cette assistance qui lui avait beaucoup donné.

Elles finirent par ralentie l’allure et l’hawaïenne se permit enfin de desserrer sa prise pour bondir la première sur le parking. Longuement, elle s’étira comme un chat puis retira son casque dans un soupir de soulagement, on étouffait là-dedans et l’air ne lui avait jamais paru aussi frais aujourd’hui. « Bravo t’as réussi à nous amener en un seul morceau. » plaisanta-t-elle, retirant une bretelle du sac d’une de ses épaules fatiguées. Son regard balaya les lieux d'un coup vif puis se posa sur sa petite-amie avec un feu éclatant. Toujours aussi époustouflante et sexy à ses yeux, elle était sûre de ne jamais s'en lasser. Ce week-end allait être inoubliable, c'était la première fois pour elles qu'elles assistaient ensemble à ce genre d’événements, Ohana était impatiente.

Elle ajusta son t-shirt trop grand qui laissait apparaître ses flancs et son bandeau noir et vérifia qu’on voyait bien son short en jean, une tenue légère qui contrastait avec ses godasses délacées. « En tout cas, bienvenue au paradis darling ! » Elle écarta les bras et se dit qu’elle aurait pu attendre d’être dans un meilleur endroit pour faire son petit numéro parce qu’à part une armée de voiture et une fourmilière humaine, il n’y avait rien d’époustouflant.

Mon premier coachella, j’avais 20 ans, et j’essaie d’y aller tous les ans, parce que c’est une ambiance qui me met en transe. J’adore cet esprit de cohésion, cette manière qu’ont les gens de ne pas se pendre la tête, c’est un truc qui me correspond franchement bien. En déposant Shadow chez Zach, on s’est dit qu’on irait tous les deux le week end suivant, sa famille sera là, ce sera l’occasion de mettre à exécution le service que je lui rends à savoir jouer sa fausse petite amie devant ses parents. Ça ne devrait pas durer trop longtemps, et j’ai fait la connerie une fois de lui tomber dans les bras, ça ne se reproduira plus, je m’en fais la promesse. Toujours est-il que là présentement, au volant de cette bécane, je ne pense plus à rien d’autre que ce week end accompagnée de ma petite amie. En ce moment, je ne vois personne d’autre qu’elle, c’est un peu bizarre d’ailleurs, c’est la première fois que ça m’arrive, je préfère pourtant ne pas me poser de questions.

La moto roule à vive allure et j’aime sentir le corps de ma petite amie dans mon dos, ses bras enroulés autour de ma taille. Finalement, j’immobilise le bolide après 200km de routes dans le désert, je suis assoiffée et courbaturée. Ça promet pour la suite. « Bravo t’as réussi à nous amener en un seul morceau. » « Qu’est-ce tu crois ? J’suis une pilote moi madame ! » Je ris un peu et retire mon casque avec quelques difficultés, le pose sur la moto et quitte la selle de cette dernière. « Haaaaa j’ai des fourmis dans la chatte ! » 200km en moto sur un truc pas confortable, fallait s’attendre à ce que l’arrivée soit difficile. Je piétine un peu pour faire passer l’endormissement de mes parties intimes et soupire en regardant la vue, alors qu’Ohana semble se prendre pour Christophe Colomb, ce qui me fait d’autant plus rire. « En tout cas, bienvenue au paradis darling ! » « Je sais pas si c’est le paradis, mais ça y ressemble. » Etre avec elle, peu importe où, c’est une sorte de petit paradis. Alors ici… Je m’approche d’elle et entoure son cou de mes bras avant de l’embrasser. « Je meurs de soif, il faut qu’on se trouve une bière avant que je ne me dessèche ! » Glissant les clés de la moto dans le sac d’Ohana, je me saisis finalement de sa main pour que nous allions faire un petit tour de repérage. « Au fait on dort où ? »

Ohana était prête à lui suggérer de se désaltérer de ses lèvres, mais l’appel de la bière était bien plus forte et elle lui offrit un sourire avant de se retourner pour qu’elle puisse ranger les clés. Alors qu’elle était prête à faire marche vers le bar pour se prendre une bonne pinte, la question de dormir fut évoquée et Ohana se figea sur place. Elle revoyait précisément la tente posée soigneusement à côté du sac malheureusement il manquait bien quelque chose sur son dos. Elle se retourna lentement vers elle dans un air parfaitement innocent. « On dort à la belle étoile ? » Ce qui était clairement impossible et elle le savait mais elle n’était pas prête à faire le chemin retour pour récupérer ce stupide bout de toile et louper la majorité du show. Mais elles ne pouvaient pas non plus ne pas dormir. Bon elle était clairement face à un gros dilemme et une sûrement Zelda agacée d’avoir une petite-amie aussi tête en l’air. « Ou sinon on dort pas, ça marche aussi. »  Elle tira quelque peu sur les bretelles de son sac, un peu stressée de son oubli tout de même. « Sinon on se fait des potes et on squatte leur tente, j’en sais rien. » Elle se tapota le menton « On va réfléchir à ça avec une bonne bière ? » Belle tentative de détendre l’atmosphère.

Une fois posée, une question me taraude. Et notre nuit, on va la passer où ? Connaissant Ohana, elle aura forcément une solution, et c’est avec innocence que je pose la question à la demoiselle sans même imaginer qu’elle puisse avoir fait une boulette. « On dort à la belle étoile ? » Je croise son regard et comprends immédiatement que quelque chose cloche. Je fronce un peu les sourcils, cherchant à comprendre. Oh. Je vois. Elle a oublié la tente. Je lève les yeux au ciel en secouant la tête d’un air dépité. Petit boulet. Ça me rassure d’un côté, elle n’est pas inhumaine, elle aussi oublie des choses et fait des conneries, même si elle aime se considérer comme une déesse. « Ou sinon on dort pas, ça marche aussi. » Je me retiens de sourire, j’attends de voir quelle autre solution elle va pouvoir nous trouver. Je vois bien qu’elle ne sait plus où se mettre et je la trouve d’autant plus adorable. On dirait une enfant qui vient de se faire prendre en flagrant délit de connerie. « Sinon on se fait des potes et on squatte leur tente, j’en sais rien. » Cette fois je ne peux retenir un rire un peu abruti. « On va réfléchir à ça avec une bonne bière ? » Je secoue la tête et viens glisser ma main dans la sienne, entremêlant nos doigts. « Y’a des gars qui vendent des tentes pour se faire du blé, elles coûtent 3 fois le prix de celles qu’on trouve dans les magasins mais c’est pas grave. J’ai vendu une photo hier. » Je m’approche pour déposer un baiser sur sa joue. « Alors c’est toi qui paye les bières, et moi je paye la tente ! » Nous partons main dans la main en direction des baraques pour nous trouver de quoi nous désaltérer, il fait une chaleur à crever, je récupère ma casquette qu’Ohana n’a pas oubliée, elle, accrochée sur le côté du sac qu’elle porte sur son dos. Vissée sur le crâne, je peux enfin profiter pleinement, et la bière que ma petite amie me tend semble être comme le graal, si bien que j’en bois quasiment la moitié d’un coup. Oui bon, j’avais soif. « J’ai même pas regardé le programme de cette année, on va baver devant qui ? »

Bon Zelda semblait plutôt bien prendre la chose et Ohana était soulagée, même si elle était prête à protester sur l’achat de la tente, c’était sa faute après tout, c’était donc à elle de rattraper son erreur et non à sa petite-amie, mais elle ne voulait pas partir dans un débat interminable et fut heureuse de prendre sa main pour rejoindre les nombreuses baraques qui proposaient de quoi manger et de quoi boire aux personnes présentes. Elle s’arrêta devant un gars qui vendait des bières et glissa un coup d’œil par-dessus son épaule pour voir Zelda mettre sa casquette, elle était mignonne avec. « Deux bières s’il vous plaît et gardez la monnaie. » un billet fut glissé sur le comptoir et les deux verres furent gobelets puis séparaient. Ohana se contenta d’une gorgée alors que la blonde semblait prête à la finir de traite sous le regard ahuri de l’hawaïenne qui finit par rire en voyant son air heureux.

Le programme restait encore flou pour elle, son regard l’avait à peine survolé, seuls quelques noms avaient retenu son nom, notamment celui d’Hayley Kiyoko, elle avait plus hâte de l’entendre elle que Beyonce ce qui avait le don de tuer certaines personnes sur le coup. « Aucune idée, attends je vais regarder. » Elle se décala sur le côté pour laisser les gens commander et attrapa son téléphone pour se plonger dans la lecture du programme. La concentration était telle qu’un jeune homme plutôt bien foutu se présenta aux côtés de Zelda pour faire connaissance, non sans oublier de la complimenter avec un large sourire.

« Alors… » Ohana redressa la tête et arqua un sourcil en voyant l’inconnu, rangeant lentement son téléphone dans sa poche pour revenir auprès de Zelda pour poser son coude sur son épaule, abaissant ses lunettes de soleil pour le dévisager. « Tu me présentes Zelda ? » Elle pouvait sentir la jalousie pointer le bout de son nez et ce n’était pas la première fois. Elle ne se montrait jamais possessive d’ordinaire avec ses partenaires, mais la blonde n’était pas comme tous ses amants et amantes, elle était celle qui savait la rendre dingue en un claquement de doigts alors quand chaque nouvelle approche avait le don de lui faire sortir les griffes, surtout qu’il était loin d’être moche le con.

Je m’amuse de voir à quel point Ohana est tête en l’air, et je l’écoute me donner toutes ses alternatives rocambolesques. N’importe quoi ! Au moins, elle a le mérite de me faire rire. Mais je n’ai pas envie de m’énerver, ça ne servirait à rien, et puis j’ai du mal à m’énerver contre elle, il m’a suffit d’une fois. Nous nous dirigeons vers les baraques pour acheter des bières, parce que je meurs de soif, ce trajet a eu raison de moi. Ohana nous paye les bières en question et j’avale la mienne presque d’une traite. Pas une bonne idée, ça risque de me monter à la tête plus vite qu’il ne le faudrait, mais tant pis. Je laisse la brune regarder le planning, alors que je pianote sur mon téléphone, demandant des nouvelles de Shadow à Zach.

Mais un jeune homme torse nu et foutrement bien foutu s’approche pour commander un truc et me bouscule un peu sans le vouloir, avant de se confondre en excuses. J’ai bien failli me dire que c’était un abruti qui se la pétait, mais il prend même le temps de remettre son débardeur, par politesse j’imagine. La discussion est lancée, et il me propose de me payer un verre. Un large sourire étire mes lèvres et je sens la présence et le parfum d’Ohana attirer à nouveau mon attention, alors qu’elle dépose son coude sur mon épaule. Pas le temps de répondre au beau gosse. « Tu me présentes Zelda ? » Je sens l’amertume dans chacune de ses syllabes. Ohana n’a jamais été jalouse, ou du moins pas que je sache, alors la situation m’amuse plus qu’elle ne me rebute. « Oui, enfin… Ohana j’te présente… » Je fais un signe de main d’elle à lui, mon regard plongé dans le sien, pour qu’il réponde à mon interrogation « Johan. » « …Johan. Qui comptait m’offrir une bière si gentiment. Et Johan j’te présente Ohana ! » Volontairement, je n’ajoute pas qu’elle est ma petite amie, j’ai juste un peu envie de jouer avec le feu, et voir de quoi la jolie brunette est capable. S’il s’agit bien de jalousie, comme je l’ai décelé.

Jalousie, le premier et dernier sujet de dispute du jeune couple et pourtant le problème était loin d’être réglé, il était certes planqué dans un coin mais restait sagement tapis dans l’ombre, prêt à bondir à la moindre occasion. Et cette fois-ci, il frappait Ohana de plein fouet, dessinant un masque des plus neutres sur ses traits de déesse des îles. Elle but une nouvelle gorgée de bière pour faire passer le goût âcre de la jalousie mais rie n’y fit, ce fameux Johan était dans son viseur et son doigt attendait d’appuyer sur la gâchette.

Un regard fut jeté en direction de la blonde quand cette dernière ne mentionna pas son statut de petite-amie mais se retint de faire le moindre commentaire, resserrant seulement sa prise sur son gobelet pour ensuite mouler un sourire rayonnant sur ses lèvres. « Enchantée Johan. Attention avec la bière Zelda ne tient pas l’alcool. » Ce qui était faux quand elle avait l’estomac plein, or ici elle n’était pas sûre que sa petite-amie avait mangé récemment. Bah elle n’était pas sa mère, elle n’allait pas la surveiller tout le temps, seulement l’aider si elle terminait HS sur le sol.

Nouvelle gorgée pour sa part et nouveau regard assassin en direction du jeune homme qui ne semblait se douter de rien. Il ne perdait rien pour attendre le bougre. Ses yeux marrons voyagèrent de la blonde au Apollon détesté. « Vous voulez peut-être que je vous laisse discuter ? J’m’occuperai de la tente pendant ce temps là. » Elle contrôlait sa jalousie, la transformant en indifférence pour ne pas satisfaire l’envie incendiaire de sa petite-amie, enfin pas tout de suite, elle s’en occuperait plus tard quand la marée jalouse aura atteint sa limite et inondera la digue de sa patience.  

Lorsqu’Ohana me demande de lui présenter mon nouvel ami qui n’en est pas un, je sens pointer un sentiment que je connais bien, et ce depuis que je la connais elle. La jalousie. C’est un sentiment très désagréable à ressentir, mais l’espace d’un instant, je me sens envahir au contraire par un sentiment très agréable. Celui de compter pour quelqu’un, qu’on se ‘batte’ un tant soit peu pour moi. Alors sans vraiment contrôler ma semi-manipulation, je ne présente pas Ohana comme étant ma petite amie, même si je sais que je devrais. « Enchantée Johan. Attention avec la bière Zelda ne tient pas l’alcool. » Je regarde la brune en arquant un sourcil, je sens l’amertume dans le son de sa voix, j’en connais chaque note avec exactitude. C’est la première fois qu’elle semble jalouse et j’ai bien peur que ça me plaise. « Alors, hum, c’est pas tout à fait vrai. » Non, pas tant que j’ai mangé, mais là, j’ai pas mangé. Un point pour Ohana.

Je sens un petit malaise apparaître du côté de la brune alors que le jeune homme - plutôt sexy - ne semble voir que du feu à ce qui me lie à l’hawaïenne. « Vous voulez peut-être que je vous laisse discuter ? J’m’occuperai de la tente pendant ce temps là. » Si ma jalousie me fait devenir une vraie furie, Ohana elle, semble vouloir me faire culpabiliser en s’effaçant, jouant celle que ça ne touche pas. De mon côté, je suis partagée entre l’envie de jouer, et celle de mettre un terme à ce début de faux flirt avec le jeune homme au risque de pourrir mon week end avec la brune. Tiraillée et dans mes pensées, je ne sens pas Ohana rompre le contact. J’allais pour répondre mais l’Apollon se donne le droit de le faire à ma place. « C’est gentil de ta part, je te la rends un peu plus tard, ça te dérange pas ? » Je n’ose même pas regarder les yeux d’Ohana qui doit certainement être en train de fusiller le jeune homme. « Une bière alors, ça te va ? » Je hoche la tête en souriant un peu amèrement, parce que je crois que je culpabilise de le laisser flirter avec moi… Tout ça pour quoi ? Attiser une flamme déjà vive ? Je suis définitivement trop conne….

Bon ces fichues tentes, où se trouvaient-elles ? Oui clairement elle n’écoutait pas du tout ce qui se disait et fichait déjà le camp, complètement ignorante du dilemme qui sévissait dans le crâne de sa belle. Ohana savait déjà qu’elle la récupérerait rapidement de toute manière, ce n’était que de la comédie le temps de donner de l’espoir à l’autre idiot pour mieux lui faire mordre la poussière par la suite. Lunettes sur le nez elle promena son regard sur les tentes des festivaliers en buvant des gorgées de bière rafraîchissantes. Peu timide, elle questionna directement les passants pour savoir s’ils savaient où acheter des tentes. Deux minutes plus tard, elle se trouva devant deux canadiens qui possédaient un stock des plus impressionnants mais c’était visiblement des produits de piètres qualités qui tiendraient le temps d’une nuit. Autant dire que ses sourcils s’envolèrent sur son front quand elle vit le prix. « Vous vous foutez de ma gueule ? Quarante dollars pour une merde pareille ? Vous êtes des étudiants en commerce ou ça se passe comment ? » Ils la dévisagèrent alors qu’elle sortait son portefeuille de son sac, manquant de faire tomber les sous-vêtements de Zelda, oops.

Elle balança les billets au sol et en attrapa une. « Allez-vous acheter une humanité avec ça et bon festival. » Elle glissa la tente sous son bras et reprit la direction des stands, bien décidée à faire cesser le petit jeu. Sa bière fut terminée d’une traite et le gobelet termina dans une poubelle puis elle s’arrêta pour sonder la foule. Où se trouvait donc sa princesse ? Enfin princesse, plutôt son koala. Elle prit sa main en visière, dévoilant le nouveau tatouage que personne n’avait encore vu mais une fois le bras retombé, il disparut aussitôt. Elle l’avait trouvé et Johan était un peu trop prêt à son goût. Ce fut donc avec efficacité qu’elle cala la tente derrière le sac et prit une profonde inspiration.

La voilà qui courait comme une tarée à travers la foule et sans pression, madame prit un élan de dingue avant de s’élancer dans le vide pour s’accrocher littéralement au cou du Johan. Ce dernier perdit ‘l’équilibre et s’écrasa au sol alors qu’elle s’installait confortablement en tailleur sur son dos. « Alors Johan, on apprécie la compagnie ? » Elle se pencha légèrement en avant. « Touche encore à ma copine et je te bouffe. » Elle lui tapota gentiment le crâne avant de lui ébouriffer les cheveux comme s’il s’agissait d’un chien « Bon festival Jojo. » Puis elle se leva en s’étirant. La délicatesse d’Ohana était légendaire.

Je regarde Ohana s’éclipser et je sens comme une vague de culpabilité me saisir. Merde, j’aurai sûrement pas dû faire un truc pareil, je suis trop conne. Je lâche un soupir et l’abruti en face de moi ne semble rien voir, un mec quoi. Il est focalisé sur moi, dans l’espoir peut-être de me foutre dans son lit, et moi je pense juste au fait que je viens de faire un bel affront à ma petite amie. Bon. Tant pis, je me rattraperai autrement, je ne devrais pas trop avoir de mal à le faire avec Ohana. Après tout, je fais rien de mal, et puis j’ai le droit de faire ce que je veux non ? Bref, fini de me trouver des excuses, je récupère la bière que le jeune homme me tend et nous commençons à discuter. Il est charmeur, je me prends au jeu, avec plus d’amusement que je ne l’aurai pensé. Après tout, si je dois la rendre jalouse, autant y aller à fond. Je réponds à ses avances, il ne comprends pas que je me fous de sa gueule et que j’en ai rien à foutre de lui. Mais c’est pas grave, je continue mon petit jeu d’actrice, ris à ses blagues de merde, pauvre gars, il est beau mais c’est tout.

Et je ne le vois pas venir d’un seul coup un boulet de canon arrive et je vois le jeune homme mordre la poussière, littéralement, il est allongé à plat ventre dans le sable et je crache la gorgée de bière que je venais de prendre dans ma bouche, ce qui me fait tousser en même temps que je ris comme une conne. Ohana s’installe sur le dos du jeune homme comme s’il s’agissait d’un canapé, en moins confortable j’imagine. « Alors Johan, on apprécie la compagnie ? Touche encore à ma copine et je te bouffe. » Je mords la lèvre inférieure en souriant, les yeux carrément amoureux, faut bien l’avouer. Ohana tapote sur la tête du garçon qui commence à s’énerver et lorsqu’elle se lève, je m’approche pour récupérer sa main et la tirer vers moi avant qu’il s’énerve sur elle, j’ai aucune envie de les voir se battre, surtout que c’est probablement Ohana qui gagnerait, faut pas l’énerver celle là. Je fais un petit signe de main désolé-pas désolé au Johan en question et je lève la bière vers lui. « Merci pour la bière Jojo, à plus ! » Et je m’éloigne avec Ohana tout en déposant un baiser dans son cou en riant. « T’es complètement tarée ! » C’est dingue comme je l’aime…

Ohana se fit enlever par la princesse qu’elle venait sauver et sourit à la dernière pique de Zelda en direction de celui qui les fixait avec rage. L’Hawaïenne retourna le couteau dans la plaie en lui soufflant un baiser pour ensuite ronronner en sentant les lèvres de Zelda se poser là. « Tu le découvres que maintenant ? » ricana-t-elle dans un éclat de regard malicieux. « Je pensais que t’avais flashé sur moi pour ça ! » Elle aurait dû ponctuer le tout d’une moue boudeuse mais ne joua pas trop la comédie, après tout il avait été question d’une réelle jalousie qu’elle avait tant bien que mal contenu pour ne pas rendre ce week-end imbuvable.

Tranquillement, elle les amena à l’emplacement de leur tente et retira son sac pour poser par la suite la tente qui lui avait coûté un bras. Une fois libérée de ce poids plume, elle s’approcha de sa belle pour l’embrasser longuement. « La prochaine fois qu’un loup ou une louve s’approche de trop près, je sors le fusil. T’es rien qu’à moi ce week-end compris ? » Elle déposa un baiser sur son nez puis mordilla son cou, ses mains dans le creux de son dos.

Il lui était rare d’être aussi possessive mais voilà c’était son premier week-end amoureux dans toute sa vie de polyamoureuse alors elle comptait bien en profiter puis c’était surtout la première fois qu’elle sortait avec une polyamoureuse, elle n’avait pas l’habitude de connaître un reflet. « On installe tout, on se prépare et on rejoint les autres tarés ? » Elle lui offrit un sourire rayonnant et se détacha d’elle pour commencer à tenter de comprendre comment marcher cette chose. Vu son talent pour faire n’importe quoi en assemblant un jouet Happy Meel, elles étaient pas dans la merde.

Ohana est complètement folle, c’est clair, mais c’est aussi une des raisons pour lesquelles je suis tombée raide dingue d’elle. Ça et sa beauté unique, sa manière de se mouvoir, l’odeur de sa peau, la puissance de ses sourires, les étincelles dans ses regards… Je crois que je suis vraiment vraiment amoureuse… « Tu le découvres que maintenant ? Je pensais que t’avais flashé sur moi pour ça ! » Je ris tout en restant près d’elle, finalement bien heureuse qu’elle ait fini par me sortir de cette situation avec ce trou du cul. « Oui pour ça, entre tout autre chose. » Je la regarde et lui souris amoureusement alors que nous nous dirigeons vers la plaine où sont entreposées toutes les tentes. C’est super bien surveillé, et c’est tant mieux. « La prochaine fois qu’un loup ou une louve s’approche de trop près, je sors le fusil. T’es rien qu’à moi ce week-end compris ? » Je frissonne à ses baisers, toujours souriante, parce que c’est la première fois qu’elle se montre jalouse et j’ai bien peur d’aimer ça. Je ronronne et lui réponds finalement « J’aime bien quand t’es jalouse en fait, t’es sexy quand tu te bats pour moi ! » Je glousse un peu et viens l’embrasser amoureusement. « Promis, je suis rien qu’à toi ce week end. » Je lui souris à nouveau et nous nous mettons à l’oeuvre pour installer la tente qu’elle vient d’acheter. « On installe tout, on se prépare et on rejoint les autres tarés ? » Je hoche fièrement la tête. « Vendu ! » Mais alors avant ça, il va falloir monter cette fichue tente. Moi je suis plutôt habituée aux trucs simples genre bam, tente 2 secondes, tu ouvres tu balances. Là c’est une autre histoire. En plus, bien sûr, y’a pas de plan, sinon ce serait beaucoup trop drôle.

On s’y met à deux, j’essaie d’être méthodique même si c’est pas vraiment dans mes habitudes, et un gars passe par là en nous demandant si on veut de l’aide. Il nous reluque de haut en bas et j’aime pas du tout cette attitude. Je fronce les sourcils et me redresse, mains sur les hanches, pour m’adresser à lui. « Et puis quoi, une fois qu’elle est montée on fait un plan à trois pour te remercier ? » Il se met à sourire et je ris pour me foutre de sa gueule. « Dans tes rêves Mr Propre ! » Oui parce qu’il est beaucoup trop musclé, et son crâne beaucoup trop rasé. « Passe ton chemin, on a pas besoin de toi, ni pour monter une tente, ni pour nous envoyer en l’air ! » Je lui fais signe de déguerpir. On a dit week end en amoureuses. Pas d’intrus. Voilà.

Elle se battait complètement avec la tente et priait pour ne pas se planter une sardine dans le pied ou encore pire, détruire la toile dans un mouvement brusque. Malheureusement Zelda était dans le même cas qu’elle et l’idée de dormir à la belle étoile lui revint à la mémoire, ça ne pouvait pas être si terrible au final ? Elle la réchaufferait de son corps si besoin était. Elle se redressa en soufflant sur une tresse rebelle et glissa un regard vers sa blonde qui pestait silencieusement, de quoi la faire sourire mais le sourire mourut rapidement quand un gars louche fit son apparition dans son champ de vision. Etaient-elles des aimants à boulets ? Elle allait finir par croire que oui. Ce ne fut pas pour autant que son corps bougea, non toujours accroupie, ses yeux se contentaient de surveiller. Il proposait son aide. Ah ! Quelqu’un a exploité puis a jeté comme un vieux mouchoir dégueulasse mais ce n’était pas au goût de Zelda qui l’envoya valser dans les orties, de quoi faire naître un rire.

Elle se saisit de la toile d’un vert citron à péter les yeux et s’approcha silencieusement de Zelda avec un sourire goguenard. Sans prévenir, elle les recouvrit de la toile et se colla dans le dos de la belle pour mieux lui murmurer à l’oreille. « T’es sexy quand t’es énervée. » Elle vint mordiller son oreille puis reprit « D’ailleurs le plan à trois on le fait quand ? » Quoi ? Elle était complètement sérieuse ! Elles en avaient déjà parlé par messages et ça lui trottait dans la tête depuis, il était toujours gourmand de pimenter la vie de couple dans un accord commun. Oh pas qu’elle détestait faire l’amour à sa petite-amie ! Bien au contraire ! Mais elle avait envie de satisfaire le moindre de ses désirs. « Tu veux que j’appelle Jojo ? » ricana-t-elle.  

Non mais il s’est pris pour qui lui ? Sérieusement ? Je commence à en avoir sérieusement marre des mecs qui se croient invités dans notre lit, et son petit regard pervers là, erk, il me donne la gerbe. Je préfère encore me démerder toute seule, quitte à dormir sous une tente à moitié montée, plutôt que de demander l’aide d’un pervers pareil. Et je m’énerve, je peux pas me contrôler. Mais Ohana s’approche pour essayer de me calmer, visiblement elle, ça l’amuse beaucoup. La brune vient nous mettre la toile de tente au dessus de la tête, sans doute pour que j’arrête de regarder ce gros dégueulasse. C’est là que je me rends compte de l’influence qu’elle peut avoir sur moi, le simple contact de son corps dans mon dos me fait relâcher la pression. « T’es sexy quand t’es énervée. » Je ne peux réfréner un petit rire , frissonnant en sentant ses dents se refermer sur mon oreille. J’ai l’impression qu’elle vient de nous plonger dans une bulle, et plus rien n’existe autour de nous. « D’ailleurs le plan à trois on le fait quand ? »

Je me retourne pour lui faire face, elle est toute verte à cause des reflets de la toile de tente au dessus de notre tête et je me mets à rire. « Tu ressembles à Gamora ! » Je viens l’embrasser furtivement et hausse légèrement les épaules. « Quand on aura trouvé quelqu’un qui nous plaise à toutes les deux ? » Ce genre de question ne s’est pas encore posée de manière évidente, même si on en a vaguement parlé. J’ignore si je serai capable de ‘partager’ ma petite amie, je sais déjà que je la partage avec d’autres, mais dans le même lit c’est encore autre chose. Quand je vois comment j’ai réagi juste en voyant Alex porter son t-shirt, ça promet. Mais je fais en sorte de calmer mes peurs, mes angoisses. J’ai juste une peur bleue de la perdre, qu’elle trouve son compte ailleurs, sans moi, avec d’autres personnes et qu’elle finisse par m’évincer de l’équation. C’est la première fois que je sors avec une polyamoureuse, et maintenant je comprends que certains et certaines m’aient plaquée en sachant ça. C’est pas simple à vivre. « Tu veux que j’appelle Jojo ? » Je ris avec elle et secoue la tête avant de l’embrasser amoureusement. « J’crois qu’il était beau mais y’avait que ça. On trouvera mieux. » Quoi qu’à bien y réfléchir, faudrait pas que le ou la 3ème soit trop bien, je voudrais pas qu’elle en tombe amoureuse, ou moi d’ailleurs. « Mais ce week end c’est juste nous deux on a dit! » Je l’embrasse à nouveau et retire la tente d’au dessus de nos têtes, je commençais à étouffer. « Bon on la monte cette tente ? »

Son corps contre le sien, la caresse de ses cheveux contre son nez, son parfum qui faisait son monde, elle était clairement trop amoureuse Ohana. Pour l’instant elle s’en foutait, avec elle il était possible d’être elle-même et d’être heureuse sans se prendre la tête, quoi de mieux ? Elle la laissa se retourner et fronça les sourcils face à sa remarque déconcertante. Attends quoi Gamora ? Qu’est-ce que c’était que ça ? Un truc qui se mangeait genre un brocolis génétiquement modifié qui faisait deux-mètres de haut ? Ohana n’avait jamais eu la chance d’être touchée par l’amour du cinéma et encore moins par les dessins des comics Marvel, pour elle c’était pour les gamins qui étaient à la recherche d’idéaux vieillots. Elle avait des idées très arrêtées sur le sujet.

Quelqu’un qui pouvait plaire aux deux jeunes femmes, ça rentrait parfaitement dans ses cordes que de rechercher une personne pareille, mais elle ferait en sorte de ne pas trouver l’être parfait de peur de voir s’en aller sa chérie après leur partie de jambes en l’air. Elle avait déjà expérimenté ce genre de choses et il était vrai qu’elle avait ressenti une connexion plus forte avec un des deux hommes, de quoi briser leur ménage à trois quelques jours plus tard. Elle ne voulait pas voir cette catastrophe se réitérait, surtout pas avec Zelda qu’elle aimait plus que de raison. Non il suffirait d’un joli minois et de doigts compétents pour faire l’affaire. Elle plaisanta alors pour écarter le sujet et fut heureuse de l’entendre rire, grognant de plaisir quand ses lèvres se plaquèrent contre les siennes. Elle ne s’en lasserait jamais, clairement jamais. « Oui je sais Zee, rien que nous deux. » Elle lui fit un clin d’œil puis se détacha pour commencer sérieusement la construction de la tente.

Elle attrapa les bâtons de métal et les emboîta avec le tissu, l’ossature principale était prête en vingt minutes, il fallait maintenant gérer les sardines et la toile sur le sol pour ne pas se coltiner l’herbe. Enfin l’herbe, le machin qui servait de sol. Une heure plus tard, leur horrible besogne fut terminée et Ohana s’étala de tout son long sur le plastique vert qui lui explosait les yeux. « Enfin terminé ! » Elle se redressa aussitôt sur ses coudes et balança les affaires peu importantes dans la tente pour alléger le sac, histoire de pouvoir sauter partout plus librement lors des concerts. Ainsi disparurent les culottes et autres soutien-gorge. « Allez on part à l’aventure ! » Elle embrassa sa belle et l’emmena à sa suite vers la première scène où une foule se regroupait déjà.