A new beginning ~ Wilfried & Roman ~

Les fêtes étaient passées, entraînant leurs cortèges de galas, soirées et tout un tas de mondanités dont Wilfried s’était acquitté, comme à l’accoutumée. Sauf, que cette année, il avait eu la chance de partager Noël et le Nouvel An avec Roman et sa famille d’amis-musiciens. Il en gardait un souvenir particulier car, il avait dû l’admettre, cela faisait bien longtemps qu’il n’avait plus participé à de vraies fêtes familiales, mises à part celles de Kate. En cette période où il se sentait perdu et seul, cela lui avait procuré un vrai sentiment d’appartenance et il avait apprécié d’être traité comme un membre de la joyeuse troupe. Il avait eu droit, comme à chaque fois, à son lot de vannes. Il avait aussi découvert tout un pan de la vie de Roman qu’il était à mille lieues de soupçonner. Lorsqu’il y repensait encre aujourd’hui, un doute restait tapi dans sa logique.

Depuis quelques semaines, Wilfried s’affairait à peaufiner l’organisation de la soirée qui servirait à récolter des fonds pour le refuge de Roman. La liste des invités avait été vue et revue afin de n’oublier personne. Kate s’était occupée des bristols qu’elle avait fait imprimer. Le service traiteur avait été commandé. Le barnum pour accueillir le groupe mais aussi, le buffet.

Le galeriste avait modifié la décoration intérieure de sa demeure et mis à l’honneur les œuvres qui devaient trouver preneur. Bien entendu, les dons étaient les bienvenus. Il savait que certaines personnes dont la cause animale leur tenait à cœur, devraient être particulièrement généreuses. Des artistes avaient été mis à contribution afin de récupérer des tableaux, dessins, photos mais aussi sculptures. Il en fallait pour tous les goûts. Wilfried n’avait pas oublié les journalistes, invités eux aussi à relater l’évènement.  Il lui semblait que tout été parfait, du moins, sur le papier. Il serait toujours à temps de gérer les imprévus.

Il s’était revu plusieurs fois avec Roman et les musiciens. Wilfried avait tenu à ce que les réunions se déroulent dans sa demeure afin que tout le monde prenne connaissance des lieux. Il leur avait laissé choisir l’emplacement de la scène – ils étaient le mieux placés pour juger ce genre de chose-
des chambres avec salle de bain avaient été mises à leur disposition afin qu’ils puissent se changer. En fait, Wil avait mis l’aile dédiée aux invités à leur disposition afin qu’ils se sentent comme chez eux. Sa maison de plus de 1200 m2 allait enfin servir. Ils disposeraient aussi d’un salon et d’une kitchenette avec bar. Il s’était assuré que le mini bar soit rempli mais qu’il y ait aussi des bouteilles d’eau à disposition. Dans les salles de bain, du linge de toilette ainsi que le nécessaire en savon et shampoing était aussi à disposition. Son majordome ainsi que son personnel de maison ayant été réquisitionnés pour l’occasion.

Tout le monde s’activait. On se serait cru dans une ruche.

Roman et Isabel étaient passés quelques fois à la galerie où une exposition de photos animalière avait la part belle. La petite avait été conquise et en guise de souvenir, Wilfried lui avait offert sa préférée. Comme remerciement, il avait droit, en aparté à un « Tu es l’amoureux de Papa ? » auquel il n’avait pas su quoi répondre. Même pas un « non » tant il était resté éberlué devant tant d’aplomb.  Comme conclusion il avait eu droit au sourire moqueur de Kate.

Confortablement assis dans le canapé du petit salon, la cheminée diffuse une douce chaleur. Avec Roman, ils ont revu encore une fois les détails. Les derniers ajustements avant que le coup d’envoi ne soit donné la semaine prochaine. Les autres sont déjà partis et seul son ami est resté.
Wil doit avouer que voir s’animer cette grande maison le rend moins morose.

« Pas trop stressé ? »
Il se tourne vers le brun et sourit. Il se dit que l'habitude de jouer devant du monde doit contribuer à son calme apparent. Les journées sont longues pour tout le monde car après le travail, ils viennent souvent débriefés de la future soirée. Sur la table basse, des verres vides et des bouteilles de bière témoignent du passage de la joyeuse troupe. Wil tourne toujours à l’eau. Il ne se sent pas tout à fait prêt à avaler de l’alcool. Il craint de vouloir oublier sa blessure, toujours présente, même s’il sourit davantage. Qu’il semble reprendre goût à la vie. Il sait que la façade est fragile et qu’il n’aurait pas besoin de grand-chose pour rechuter dans ses travers.

« Je pense que ça va être super et que tu devrais récolter pas mal d’argent pour ton refuge. Certaines personnes m’ont assuré de devenir des donateurs récurrents. De plus, ça va aussi permettre au groupe de mieux se faire connaitre »
Cela ne lui pose aucun cas de conscience de faire intervenir ses connaissances. Ce n’est qu’un échange de bon procédé. Il sait qu’il devra renvoyer l’ascenseur lorsqu’on le lui demandera.

« Ta chipie pense que je suis ton ... » il fait mine de réfléchir avant de lâcher sur le ton de l’humour « … amoureux » d’un geste de la main, il évoque le fait que cela n’a aucune importance pour lui. Quiconque le connaît, sait qu’il préfère les hommes. Il ne s’en est jamais caché. Les confessions de Roman prouve qu’il est peut-être moins à l’aise avec ça. « Je suis ton conseil, et je te dis tout ou presque » il conclut avec un éclat de rire.

Devise qu’il applique au mieux afin de ne pas réitérer le fiasco qu’il a vécu avec Ruben.

Les membres du groupe ont pris congés après de nombreuses heures passées à discuter des détails de la soirée à venir. Il s’agit d’un projet de grande envergure puisque Wilfried s’est profondément impliqué dans chaque étape de cette soirée de bienfaisance. Tout le monde est reconnaissant de son implication et des diverses perspectives que vont leur apporter cette soirée. C’est une aubaine inconsidérable pour le refuge. Il en a pleinement conscience. Cela renforce le respect qu’il a pour cet homme qui tient sa parole bien au-delà de ce qu’il est attendu de lui. Ce n’est absolument pas le genre de Roman d’avoir des standards élevés. Il aurait tout autant apprécié une petite soirée dans sa galerie, mais il avait senti l’envie du galeriste de s’investir dans cette action et il ne l’aurait freiné pour rien au monde. Sans doute parce qu’il prend énormément de plaisir à observer Wilfried s’enflammer dans ses discours lorsqu’il se lance dans la narration du programme de la soirée et de son organisation. Sa passion enflamme son regard océan et accentue le magnétisme naturel qu’il dégage. Son sourire allège ses traits naturellement austères et lui confère une aura saisissante. Il n’en prend pas réellement conscience, mais il boit ses paroles et ses propres traits se détendent pour lui permettre d’apprécier ces instants en sa compagnie, qu’il recherche sans en prendre conscience. Seul son ami semble le percevoir et cherche à le faire réagir à ce sujet. S’il nie dans un premier temps, il sait que son ami ne se base pas que sur des spéculations. Il y a des faits qui lui permettent d’affirmer même s’il n’en a pas conscience et cela le trouble. Il ne sait pas trop quoi penser de cette attraction qui est si naturelle qu’elle ne lui offre aucun inconfort. Il le considère comme un ami. Un ami proche dont il veille à son bonheur. Une amitié récente qui a pris une place considérable dans son existence au point de chercher constamment une raison de le rejoindre ou de l’inviter, de mêler leur existence. Cela ne le laisse pas indifférent. Pourtant, ça lui semble naturel d’agir de la sorte. Il ne voudrait pas agir autrement à moins que cela dérange son ami et il lui fait confiance pour s’exprimer à ce sujet si jamais sa présence devenait trop importune. Il ne s’inquiète pas à ce sujet, ce qui lui permet d’agir de manière aussi naturelle à ses côtés, sans se questionner sur ses gestes à son égard en leur contraignant un malaise inutile. L’ambiance demeure chaleureuse malgré le départ de sa troupe et ils échangent comme à leur habitude sur certains détails du projet et de leur journée. « Un peu. » Il admet dans un petit rire amusé alors que ses prunelles noisette sont plongées dans celles de son ami. « Tu as mis tellement d’énergie dans ce projet que ça met une petite pression. J’ai envie tout soit impeccable pour être à la hauteur de ton implication que j’apprécie grandement. Tu nous offres une opportunité incroyable pour le refuge. Je n’aurai jamais pu en attendre autant. » Il lui indique de sa voix chatoyante alors qu’il vient doucement lui presser l’épaule. Ces touchers qui lui sont naturels, mais dont il a plus conscience aux côtés de son ami en se rendant compte qu’il s’agit d’un besoin qui s’impose à lui. « C’est une immense chance que tu nous offres. » Il confirme dans un murmure alors que son sourire se fait plus tendre, transmettant la vive affection qu’il a développé pour son ami. La remarque de son ami le prend de court, mais un sourire ourle rapidement ses lippes alors qu’il accompagne son rire du sien. « Elle est complètement sous ton charme, il faut dire. Elle est amoureuse de la photo que tu lui as donnée. Elle a même insisté pour que je l’accroche dans sa chambre le jour même. » Il lui indique dans une voix débordant d’affection. « Je crois que mes tentatives de réduire ta consommation de cigarettes ne l’induisent en erreur. » Il ajoute dans un rire fin alors qu’il vient porter son verre de bière à ses lèvres pour en boire les dernières gorgées. Il ne commente pas plus sur ce sujet, car il ne sait pas quoi dire. Il est confus par cet aplomb qu’à sa fille tout comme par sa difficulté à nier ou affirmer ce qu’on peut lui dire au sujet de sa relation avec Wilfried. Il sait juste qu’il ressent l’envie d’être à ses côtés et de veiller à son bien-être. Est-il nécessaire de mettre des mots sur ce besoin qui s’est naturellement installé en lui. « Je lui en toucherai quelques mots si ça te met mal à l’aise. » Il lui propose en venant reposer son verre sur la table basse avant de lâcher dans un petit sourire. « Je vois que tu as fais quelques modifications de décoration, mais ce n’est pas ce que je sous entendais lors de ma précédente visite. » Il le taquine de son regard malicieux alors qu’un sourire éclatant ourle ses lippes. « Est-ce qu’il existe une pièce dans cette maison qui te correspondent ? » Il conclut résolument intéressé par la réponse. Par le passé, il avait visité cette maison, commentant le fait qu’elle semblait totalement dénoter avec l’image de l’homme qu’il connaissait. Wilfried lui avait fait part que dans son monde, il était préférable de se camoufler, mais Roman lui avait fait part qu’il était dommage que dans cette immense demeure, il n’y ait pas un lieu qui soit à son image. Après tout, Roman a toujours vécu dans des lieux à son image et cela est réconfortant lorsqu’après une dure journée, on retrouve son foyer, cet endroit où on peut baisser sa garde. Il aurait souhaité que son ami le trouve et espère qu’il a fini par le faire.

La fatigue qui s’accumule tout au long de la journée finit peser sur ses épaules, et les moments de détente qu’il s’octroie en soirée avec Roman, l’aident vraiment à décompresser. Il se laisse agréablement avaler par les coussins moelleux du canapé. Happer par la présence apaisante de Roman. Cet homme a le don de le détendre. De le faire positiver, et ce n’est pas chose toujours facile. Le galeriste garde parfois une attitude raide et empesée. Il ne le fait pas exprès. Cela fait partie de sa nature. De son éducation. Il a du mal à se laisser complètement aller en public. Hors de son intimité.

« Non, cela ne me dérange pas … je pensais plus à toi … Ta gamine est juste une fille … » Il accompagne ses paroles d’un haussement d’épaules qui sous-entend, qu’Isabel est comme toutes les filles qui veulent tout diriger. Un rire s’échappe soudain lorsqu’il rajoute « J’avoue que je préfère ça à sa vocation de me faire arrêter de fumer » ce qui semble impossible pour le moment. Wil n’en a aucune envie. Il a besoin du tabac et de ces moments où son esprit peut s’envoler avec la fumée de ses cigarettes. Cela l’aide. Il ne pourrait pas dire à quoi, mais, il en a besoin et cela lui suffit pour continuer, sans se poser de questions, sur l’impact sur sa santé.

Wil fixe l’hispanique à l’évocation des changements de décor, un sourire étire ses lèvres, et s’agrandit.

« Il faut bien que je mette les œuvres qui doivent être vendues sous le nez des acheteurs. » il donne un coup d’épaule amical à Roman avant de rajouter « Tu veux de l’argent pour ton refuge, oui ou non ? » sans attendre la réponse, il enchaîne « d’où la nouvelle déco, qui est, ma foi, plutôt réussie » et il éclate de rire car, ils ont réfléchi à chaque emplacement avec Kate afin que l’œil soit attiré par ce qui est exposé. On dirait qu’ils ont réussi.

La suite le laisse pensif. Il est vrai que Wil nomme sa maison « le showroom » parce que cette demeure lui sert plus pour les réceptions et à afficher son statut social qu’à l’accueillir le soir. Elle n’a rien à voir avec celle de Roman où il peut sentir l’âme de ceux qui y vivent. Chez lui, seule l’esthétique compte. Le reste n’existe pas.

« Non »
Il tente d’adoucir sa réponse catégorique par un sourire.
« Rien d’autre n’a changé depuis ta dernière visite. Ce n’était pas le but »
Son regard azur reste collé au visage de Roman. Indécis. Une tonne de questions tournent dans sa tête. Il se redresse légèrement, se demandant si cette simple remarque est une proposition détournée à se rendre dans une partie plus privée de sa demeure.
« Tu veux peut-être vérifier que je n’ai pas accroché de nouveaux tableaux dans ma partie privée ... »
Wil a opté pour un ton amusé afin de ne pas paraître ridicule. Il a aussi parlé de ‘partie privée’ afin de ne pas dire sa chambre. Ses appartements. Le lieu où il dort. En un mot, éviter de mentionner son lit. Il a l’impression de marcher sur des œufs. Il craint que le moindre geste de travers ne brise leur amitié. Wilfried tient à cette relation. Il tient à Roman. À sa présence. Il évite de trop penser à chaque fois que son ami le touche, car, Roman est très tactile. Il se dit que la situation est comme avant. Ou presque.
Soudain, il murmure comme si une foule était autour d’eux, comme si on pouvait entendre ses propos
« J’ai des chambres d’amis, si tu veux. Comme tu le sais, la maison est immense. Il commence à se faire tard. Je t’accueille avec plaisir si tu veux accepter mon hospitalité. » puis avec un rire « j’ai des affaires pour que tu puisses te changer mais, je ne sais pas si elles t’iront. Tu es beaucoup plus musclé que moi » Il fait semblant de tâter les muscles de son ami puis de comparer avec les siens « C’est sûr. Tu gagnes » puis, il rajoute en riant « Je dois avoir un vêtement rose qui traîne quelque part... »

Après tout, lui-même a déjà dormi chez Roman, les circonstances étaient différentes, mais, pourquoi ne pourrait-il pas l’inviter à rester chez lui, en toute amitié ? …

La remarque de Wilfried le laisse songeur. Est-ce que ça le dérange que sa fille les imagine amoureux ? Il ne saurait le dire. Par le passé cette pensée l’aurait quelque peu inquiété. Aujourd’hui, il semble moins anxieux. Sans doute parce que sa précédente relation lui a fait prendre conscience des conséquences que le déni pouvait avoir sur une relation. Il n’a pas envie de réitérer les mêmes erreurs même si ça lui semble encore complexe de cloisonner ses sentiments et encore plus sa sexualité. « Cela n’a pas d’importance. Nous savons ce qu’il en est réellement. C’est le plus important. » Il lui indique dans un sourire amical en haussant les épaules. Il ne répond pas réellement à la question de son ami, mais il ne sait pas comment bien y répondre. Il n’a pas encore de réponse claire à lui apporter à ce sujet. « Pourtant, je trouve sa vocation très importante. » Il indique dans un sourire en coin avant de lâcher un rire sincère mais léger. Il rebondit sur la décoration de son ami par rapport à un souvenir qu’il conserve d’un de leur précédent échange. Il cherche à la taquiner juste pour le plaisir de détendre l’atmosphère. Il se rend compte qu’il est réellement intéressé par la réponse et un sourire amusé ourle ses lippes à la réponse de son ami. « Tu sais très bien ce que je voulais dire. » Il le taquine à son tour en lui lançant un regard en coin. « On sait très bien que cette demeure est un peu la vitrine de ta galerie lors de tes soirées privées. » Il lui indique dans un ton plus sérieux sans que son ton ne perde de sa douceur pour qu’il comprenne qu’il est très attentif aux informations qui lui communiquent lorsqu’ils échangent. Il voudrait juste savoir si Wilfried a réfléchi à cette notion de « foyer » qu’il lui avait indiqué comme importante pour se sentir quelque part à sa place. La réponse négative le chagrine et on peut voir sa réaction dans le léger tressaillement de son sourire. A son tour, Wilfried le taquine et Roman se sent quelque peu idiot face à sa curiosité. Il se pince la lèvre alors qu’un léger rougissement vient teinter ses joues. « Ce n’est pas ce que je voulais dire… » Il indique dans un sourire gêné alors qu’une moue enfantine vient habiter ses traits. « Mais je crois que ça me rassurerait que tu ais un endroit dans cette immense maison où tu te sens pleinement chez toi, à l’écart de ton monde qui s’est invité chez toi, froid et superficiel. » Il lui indique dans un ton sincère en venant plonger ses iris noisette dans les siennes. « C’est juste important pour moi. » Il ajoute dans un sourire tendre. « Si je te surprotège trop, dis-le-moi. J’ai cette sale manie quand je tiens à quelqu’un. » Il lui indique avec sincérité, car il considère qu’il n’y a aucun secret dans l’énonce de cette réalité. Il le considère comme un ami précieux et il voudrait s’assurer de son bien-être au quotidien. La proposition de son ami est bienvenue et il ne voit aucune raison de la refuser. Ses taquineries lui arrachent un rire. « On n’a pas la même ossature de base, mais tu n’as rien à m’envier. Je me souviens que tu es musclé de partout. Tu n’as plus de secret pour moi. » Il lui indique au souvenir de cette première nuit et matin en sa compagnie. Un rire vient s’épancher hors de ses lippes alors qu’il vient lui taper la cuisse, le regard plein de malice. « Promis, je garderai au moins mon boxer. Je ne voudrai pas te traumatiser. A moins que tu ne possèdes encore mon fameux pull rose préféré ? » Il le taquine à son tour en haussant un sourcil avant de murmurer. « J’accepte ton offre. Cela m’évitera de reprendre la route à cette heure tardive. Cela ne pose pas de soucis puisqu’Isabel est chez sa mère cette semaine. Tant que tu acceptes que je prépare notre petit déjeuner demain matin. » Il rend sa condition indiscutable bien qu’il acceptera de rester sans qu’elle soit respectée, mais ça, le galeriste n’a pas besoin de le savoir.

La bonne humeur naturelle de Roman a toujours raison des craintes ou doutes du galeriste. Il finit souvent par se laisser gagner par cette nonchalance qui ne lui est pas coutumière et c’est dans un éclat de rire qu’il conclut, tout en se levant du canapé
« Je vais te décevoir, mais le pull rose et le pantalon mauve ont été lâchement donné à des œuvres de charité. Je voulais être certain que plus jamais Kate ne les trouverait, et pire, oserait me les refaire porter » son rire s’accentue « Tu as pu constater que depuis, je suis sobre. Cela m’a ôté l’envie de me saouler » Wilfried en profite pour se moquer un peu de lui et de cette triste période. « Si tu insistes, je devrais dénicher un t-shirt rose quelque part » une tape amicale s’abat sur l’épaule de Roman tandis que Wilfried le guide vers la partie des invités.
« Je te laisse choisir la chambre qui te plaît, elles sont toutes à peu près identiques. Tu trouveras tout ce dont tu as besoin dans la salle de bain » un sourire taquin étire ses lèvres lorsqu’il rajoute « Si tu as besoin de quoi que ce soit, ma chambre est dans l’autre aile… je te laisserai les coordonnées GPS si tu as peur de te perdre » un autre rire éclate dans cette maison peu habituée à ce genre de son. « Par contre, je ne sais pas si mon majordome va te laisser toucher à la cuisine demain matin. Je te laisse négocier avec lui »
Une pression sur l’épaule de son ami, tandis qu’il murmure « C’est gentil de t’inquiéter de mon bien-être. Je ne suis pas habité à ça. Je pense vendre et déménager même si je sais que je ne retrouverais jamais un bien aussi exceptionnel. Je suis encore indécis comme tu peux le constater. J’attends de voir comment va évoluer ma vie. Cela m’aidera sûrement à prendre une décision » Wilfried laisse Roman profiter de sa suite tandis qu’il rejoint ses appartements dans une autre aile. Il se fait tard, et demain, il aura encore beaucoup de travail. Roman aussi.

Il n’aurait jamais cru s’endormir si vite mais, après une douche délassante, la tête à peine posée sur l’oreiller qu’il avait sombré dans les bras de Morphée. C’est la sonnerie de son portable qui l’avait tiré du sommeil, le faisait râler parla même occasion.

Le lendemain

Il avait prié pour ne pas voir du thé vert sur la table du petit déjeuner. Un café et une clope lui convenaient parfaitement. Il avait malgré tout fait honneur à Roman qui avait réussi l’exploit de prendre possession des lieux et c’est le ventre plein qu’il avait retrouvé la galerie.

Kate lui avait trouvé un air songeur mais, il était resté vague, ne voulant pas avoué qu’il avait apprécié de ne plus être seul. D’avoir une vraie vie, même pour quelques heures.

Le jour J

Wilfried n’avait pas passé les pieds à la galerie, trop occupé à gérer, avec son majordome, mais aussi une armada de personnes venues en renfort pour les aider à peaufiner la soirée qui s’annonçait. Il avait l’impression de courir partout. Ne donner que des ordres, déguisés en conseils afin de ne froisser aucune sensibilité. Il savait que les musiciens arriveraient tôt afin de se placer. De vérifier le son. Les projecteurs. Tout ce qui leur incombait et qu’ils connaissaient mieux que lui.
Il avait à cœur que tout se déroule parfaitement et que les donateurs soient extrêmement généreux.
Ce regain d’activité l’empêchait aussi de penser à Ruben. De retourner vers lui et de replonger dans une relation stérile. Il essayait de se convaincre d’aller de l’avant lui aussi. Il devait rencontrer d’autres personnes et reprendre en main sa vie amoureuse, ou du moins, sa vie sexuelle.

Dans le parc, les lampions diffusent leurs lumières douces et colorées. Des ballons lumineux complètent l’effet en se laissant porter par l’eau, dans la piscine. Des braseros apportent leurs touches conviviales. Tout semble parfait. Comme avant chaque manifestation, l’allemand est toujours nerveux. Repassant sans fin dans sa tête la liste des tâches à faire jusqu’à s’en coller la migraine. D’un geste sec, il avale une aspirine qu’il fait descendre avec un grand verre d’eau. Même la joyeuse troupe de Roman semble plus tendue que d’habitude. Wilfried tente de les détendre en envoyant quelques vannes avant que les invités arrivent. Il sait qu’ensuite, cela ne sera plus possible.

Il s’approche de Roman, sourire aux lèvres et demande

« Ça va ? Prêt pour le show ? Tout va bien se passer. Tu es superbe. Je ne doute pas que tu fasses encore tourner des têtes ce soir »

Wilfried a déjà vu les regards langoureux que Roman récoltent lorsqu’il chante dans les bars. Il ne doute pas que ce soit la même chose, ici.

Le rire du galeriste est un son plaisant à entendre. Ses traits se détendent naturellement et lui confère une candeur qu’il n’a pas à l’accoutumé. Il apprécie l’entendre rire tout comme d’observer ses traits être dépourvus de leur rigueur habituelle. Il ne s’en formalise pas, préférant embraser les émotions sans chercher à en comprendre le sens. Le faire compliquerait assurément les choses et il n’a pas la capacité d’être clairvoyant envers ses propres émotions alors qu’il lui est si aisé d’absorber les émotions des autres. Sans doute parce qu’il a l’habitude de s’effacer, de laisser les émotions couler sur lui sans réellement l’atteindre. Une manière pour lui de se protéger, de rester d’une humeur égale pour ne pas essuyer le rejet. Ce rejet de sa mère qui a marqué son cœur et son esprit et a bercé toute son existence dans sa construction. A cet instant, tout ça n’a que peu d’importance. Le rire de Wilfried est communicatif et il y répond avec joie. « Me voila profondément déçu, je vais devoir m’atteler à retrouver tout cela dans un magasin. » Il le taquine de bonne grâce de son sourire éclatant et plein de malice. « Très sage décision. Cela t’évitera de t’exhiber devant un inconnu même si aujourd’hui, nous sommes amis. » Il lance dans un sourire carnassier alors que la main de son ami s’abat sur son épaule dans une tape amicale. « Je devrais pouvoir survivre, mais je note que tu es un hôte très soucieux de satisfaire les désirs de tes invités. » Il lance avec amusement alors qu’il se lève à son tour pour le suivre dans les dédales de cette résidence bien trop grande et impersonnelle pour un homme. « N’importe laquelle me conviendra. Tant qu’il y a un lit, un oreiller et une couette et je serai un homme heureux. » Il répond avec humour avant de lâcher un rire bref, mais puisant à la remarque de son ami. « Bonne idée ! Cela pourrait m’être fort utile. Avoue que tu as déjà des invités qui ont disparu sans laisser de trace dans ton labyrinthe ! » Il lui indique en haussant un sourcil alors que ses prunelles se froncent avec suspicion. Son expression trahit son sérieux. « Oh je saurai me montrer convaincant alors. » Il conclut dans un sourire énigmatique alors qu’ils rejoignent l’entrée d’une suite. Elle sera parfaite pour lui. Il n’est pas très difficile. « Rien ne t’empêche de garder cette maison et d’en prendre une qui soit plus à ton image, une où tu te sentiras réellement chez toi et dans laquelle tu prendras plaisir de te refugier. » Il lui indique avec bienveillance en venant doucement presser son avant-bras. « Mais tu as raison de ne pas précipiter ta décision. Tu agiras quand tu te sentiras prêt. Bonne nuit, Wil. » Il lui indique dans un sourire chaleureux alors qu’il le laisse retrouver ses quartiers. Roman pénètre dans la suite qui lui a été allouée. Elle déborde de ce luxe auquel il n’est pas familier. Il prend rapidement ses aises, tronquant ses vêtements pour un simple boxer avant de s’immiscer dans les draps pour profiter d’une nuit bien méritée.


A son réveil, il met quelques secondes pour se resituer. Il n’est pas chez lui, mais chez Wilfried et Roman reprend rapidement ses habitudes matinales. Après une douche agréable, il s’habille pour retrouver la cuisine qu’il a découvert l’un de ses passages dans la demeure. Il y surprend le majordome, le salut avec un sourire chaleureux et échange naturellement avec ce dernier pour lui demander de lui laisser les rennes pour le petit déjeuner. Il lui indique qu’il s’agit du marché qu’ils ont passé avec le maître des lieux en espérant que ce dernier n’a pas déjoué ses plans. Le majordome demeure dubitatif, mais lui concède la place sans opposer de résistance et il l’en remercie avant de prendre ses marques dans cette cuisine gigantesque à mille lieux de celle qu’il côtoie au quotidien. A l’arrivée de Wilfried, il perçoit la surprise dans son regard et les deux amis plaisantent assurément de son pouvoir de persuasion avant d’engager la discussion tout en profitant du petit déjeuner qu’il a soigneusement préparé. Ils se quittent sur la promesse de se revoir rapidement tandis que chacun se dirige vers leur travail respectif, satisfaits de ce début de matinée plaisant.


Ce soir est le grand jour. Tout le monde est sur les startingblocks. La demeure habituellement silencieuse de Wilfried est devenue une fourmilière. Chacun a une tâche définie et semble s’assurer de la réaliser. Roman est son groupe se prépare dans l’aile qui leur a été allouée. Les gars se détendent, rarement inquiet de leur prestation. Ils ont suffisamment répété les précédents jours. Roman est relativement serein, quelque peu excité également de monter sur scène comme à ses habitudes. Roman est amoureux de la scène, de ces instants où il se donne pour sa musique dans l’espoir de toucher des âmes. C’est le moteur de son existence contrairement à ses amis qui par amitié l’accompagne dans sa passion depuis leur adolescence. Roman participe à cet interlude de détende tout en étant en retrait, car il ressent le besoin de se concentrer. Il se refait le fil du programme des chansons qu’ils ont établis, les différents tempos optés selon les morceaux. La voix chatoyante de Wilfried l’arrache à ses réflexions et un sourire amusé ourle naturellement ses lèvres. Son compliment lui arrache un rire. « Dois-je comprendre que je suis un tombeur, M. Hoffman ? » Il le questionne avec un regard suspicieux, mais brillant de malice. « Je vois que vous avez également sorti le grand jeu pour être à la hauteur de votre réputation. » Il le taquine en venant lui donner un coup de coude dans les côtes. « Tu es séduisant. Ce costume met en valeur ton regard. » Il lui indique sans prendre en conscience de la signification de ses propos, car il n’en a même pas conscience. « Toujours prêt à monter sur scène. L’attente est toujours insupportable, mais je ne doute pas qu’on va remplir notre part du marché. On s’est bien préparé. » Il lui indique dans un sourire charmeur avant de conclure ses propos par un clin d’œil. « Et toi, comment ça va ? » Il le questionne en se tournant vers lui pour se plonger dans son regard océan. « Pas trop stressé par tout ce qui va se passer ce soir ? »

Le galeriste n’est pas stressé, néanmoins, il espère que tout se déroulera pour le mieux et qu’ils réussiront à réunir assez d’argent et impliquer des mécènes à cette cause afin que Roman puisse disposer de ressources suffisantes pour ses protégés. Wilfried a tout de même un sacré poids sur les épaules et il ne peut envisager de décevoir son ami. Il a déjà eu des retours favorables pour la vente de certaines œuvres, reste plus à convaincre des personnes de s’engager financièrement. Il sait qu’il a ciblé les bonnes personnes et que le charme de Roman devrait faire le reste.
S’entendre complimenter par le brun lui arrache un sourire et il décide de répondre par l’humour, en lâchant, d’un ton faussement obséquieux « Mais je suis toujours séduisant » avant qu’un rire bas clôture sa tirade.
Il redevient sérieux lorsque les premiers invités arrivent. Il sait que le flot ne va plus s’arrêter et qu’il est temps pour eux, d’entrer dans l’arène.
Un grand sourire aux lèvres, Wilfried accueille les premières personnes, qui ont déjà été filtrées aux grilles de la propriété. Carton d’invitation obligatoire ainsi que nom inscrit sur la liste d’invités. La prudence est toujours de mise lorsqu’il y a de l’argent en jeu. Un service de sécurité, celui dont il loue les prestations à la galerie, assure le bien-être et le bon déroulement de la soirée.
Wilfried présente Roman aux futurs mécènes. Il explique rapidement la démarche, qu’ils connaissent déjà puis laissent ses invités poser des questions s’ils le souhaitent. Questions pour Roman. À chaque nouvelle arrivée, Wilfried recommence le même cérémonial. Invitant aux questions afin que tous se souviennent de Roman et du refuge, ainsi que du pourquoi de leur présence ce soir. Être généreux.

Lorsque vient le moment pour Roman et son groupe de monter sur scène, un silence s’installe, accompagné par les premières notes de musique. Suivent ensuite les paroles. Le public a l’air conquis et le galeriste ne peut qu’être ravi. Il se déplace d’un groupe à l’autre. S’enquiert de leurs besoins. De leurs envies. Tâte le terrain. En profite aussi pour placer ses protégés dont les œuvres sont, pour certains, exposés et à la vente. Wilfried leur a expliqué que parfois, il fallait savoir donner pour recevoir et dans leur cas, réussir à avoir la reconnaissance de leur art. Il ne leur garantit pas la postérité comme un Picasso ou un autre grand maître, lui-même risquerait de ne plus être là pour affirmer ou infirmer s’il avait raison de voir en eux de vrais talents.

Le tour de chant est agréable, et Wilfried constate que des personnes écoutent tout en se balançant doucement. D’autres dansent. Le galeriste est aux anges, il ne pouvait pas espérer mieux. Tout à ses pensées, il sursaute lorsqu’une main vient se poser sur son avant-bras et qu’une voix murmure
« Ein Tanz, mein Freund* »
« Immer füt dich* »
Wilfried entraîne son amie vers la piste improvisée tandis qu’il murmure à son tour
« Presque pas d’accent »
« Tu  me flattes »
Wilfried sourit tout en la faisant tournoyer. Cela fait des années qu’il connaît Becca. On peut dire qu’il la compte parmi ses amis. Une femme au grand cœur et qui répond toujours présente lorsque Wil la sollicite.
« Il a du talent et il est agréable à regarder. Tu as toujours su bien t’entourer »
« Il a surtout du talent et son refuge a besoin d’argent »
Becca n’aime pas la langue de bois. Elle est plutôt cash dans son genre mais Wil l’aime pour ça.
« Il aurait besoin d’un généreux donateur, ou plutôt d’un mécène qui l’aide. Je sais que la cause animale te tient à cœur… tu serais la partenaire idéale. Il va sans dire, que si tu connais des personnes susceptibles d’aider, elles sont les bienvenues »
Ses prunelles claires sont ancrées dans celles noisette de Rebecca.
« C’est un ami. Rien de plus. Pourquoi, serais-tu déjà lasse de ton cinquième ou sixième mari... » un petit rire ponctue sa tirade. Wilfried connaît l’appétit de Becca pour convoler en justes noces avec le dernier homme qui a le malheur de croiser son chemin. « Je lui fais rencontrer des donateurs, ce qu’il peut se passer entre vous,  ne me regarde pas » il l’a fait tournoyer une dernière fois tandis que la musique s’arrête. Il s’incline et fait une petite révérence tandis que Roman se dirige vers eux.
Il sait que Rebecca peut être pire qu’une mante religieuse, tout comme il sait que Roman peut se défendre des prédatrices comme elle.
Dans un envol de soie, son amie s’évapore, jugeant sûrement que le moment n’est pas encore venu de faire des avances trop poussées à l’hispanique, préférant les laissant seuls.
Wilfried, le sourire aux lèvres, se penche vers Roman et murmure
« Je crois que tu as une fan. Fais juste attention qu’elle ne te dévore pas tout cru »
son rire fait écho à ses paroles tandis qu’il les félicite. Les musiciens étant venus les rejoindre
« Vous avez conquis les personnes présentes. La preuve, les gens ont même dansés. Bravo. »
Wilfried distribue des tapes amicales  tandis que les musiciens vont s’hydrater et se restaurer, ne pouvant s’empêcher de lancer quelques sous-entendus, comme ils en ont pris l’habitude et que Wilfried comprend mieux maintenant, mais auxquels il préfère toujours ne pas répondre.
Il profite d’un moment seul avec son ami pour demander
« Content ? Tout se déroule comme tu le souhaites ? Sache qu’avec la vente des œuvres, tu devrais être tranquille pour un moment au refuge »
Il n’ose pas dire « un long moment » ne sachant pas vraiment comment fonctionne l’endroit.
Tout en parlant, il entraîne Roman vers le buffet afin qu’il puisse boire et manger. Il pourra ensuite aller se changer s’il le désire.
Un verre d’eau pétillante en main, un sourire sur les lèvres, Wil lève légèrement sa boisson et porte un toast « à cette soirée et à notre collaboration »
Sans tout ce monde autour d'eux, il lui aurait sûrement posé la main sur l'épaule ou l'avant-bras, mais là, il reste un peu statique, sa main libre glissée au fond de sa poche afin d'être sûr de maitriser la situation. À fréquenter Roman, il devient aussi tactile que lui.



Une danse mon ami *
Toujours pour toi *

Mais je suis toujours séduisant. Une parole lâchée avec humour mais terriblement véridique. Il ne pourrait nullement le contredire à ce sujet. Wilfried est un homme séduisant même quand l’ivresse l’a dévoré, il a conservé ce charisme qui lui colle à la peau. Il en prend conscience alors que Roman répond à sa vanité par un sourire en roulant des yeux juste pour la forme. Leur intermède amical est conclu par l’arrivée des premiers invités et en parfait hôte, Wilfried s’applique à les accueillir et à le présenter, ainsi que la démarche du refuge pour lequel ils recueillent des fonds. Wilfried est dans son élément. Un parfait poisson dans l’eau qui nage avec une aisance qu’il pourrait lui jalouser. Ce projet lui tient à cœur et Roman lui en est fortement reconnaissant. Il lui prouve l’intérêt qu’il porte à leur amitié et cela lui va droit au cœur tant sa passion semble sincère et profonde lorsqu’il en parle. Rapidement, Roman doit s’éclipser pour rejoindre son groupe, réaliser les derniers ajustements avant de monter sur scène et son esprit se déconnecte pour être en osmose avec les sonorités et les paroles que le groupe a tant travaillé pour toucher le cœur et l’âme des convives de cette soirée. Comme toujours, Roman fait corps avec sa musique, l’intensité des paroles de ses chansons. Il vit les émotions du plus profonds de ses tripes pour toucher la corde sensible de son auditoire qui semble suspendus à ses lèvres même si de nombreux échanges viennent parfois recouvrir le son de sa voix et des instruments. Un sourire ourle ses lippes à l’instant où il voit son ami s’élancer sur la piste de danse en compagnie d’une femme à la beauté évidente. Il les observe avec curiosité lorsque le rythme de son morceau le permet. Il y a une complicité évidente entre les deux protagonistes et il ressent un léger trouble l’envahir sans en comprendre la cause. Il ne s’y attarde pas plus que cela. Les notes du dernier morceau sonnent la fin de ce concert privé. Une nuée d’applaudissements accueille le silence laissé par le groupe alors que le groupe salut obligeamment son auditoire avec chaleur. La descente de scène lui assure de nombreux compliments qu’il accueille avec humilité comme à ses habitudes. L’amie de Wilfried en fait partie et ils échangent de nombreuses paroles. Elle dégage le même charme que son ami. Il est ancré dans sa gestuelle et dans sa manière de discourir ou de sourire. Elle doit faire tomber les hommes aisément sous son charme, mais il n’envisage absolument pas que son attention s’attarde sur lui. Il ne peut s’empêché de penser à ses sourires échangés avec Wilfried et à la question que ce rapprochement a provoqué en lui mais qu’il ne mentionnera sans doute pas, car elle serait considérée comme trop intrusive. Wilfried se rapproche de lui naturellement à l’instant où la belle s’envole. Ses paroles lui arrachent un rire. « Je n’ai pas l’impression qu’elle en avait après moi, quant à toi… » Il lâche dans un sourire amusé sans prendre conscience que par ces propos, il dévoile l’intérêt qui est né en lui à se rapprochement entre les deux amis. « Merci. » Il lâche dans un sourire éclatant et fier à son compliment qui lui réchauffe le cœur. Il accueille sa tape amicale avec plaisir alors que les membres de son groupe s’éclipsent sous leur taquinerie habituelle qui le fait sourire. Il est tellement habitué, qu’il ne lui accorde plus aucune importance. Ce qui semble également être le cas du galeriste. Les nouvelles qu’il lui annonce renforce l’éclat de son sourire. « C’est une très bonne nouvelle, Wilfried ! » Il lâche en venant serrer son avant-bras avec affection. « J’en suis très heureux. » Il ajoute avec tendresse alors qu’il ressent une bouffée d’affection pour cet homme qui s’intensifie jour après jour sans même qu’il n’en a conscience. Il attrape une coupelle de champagne, la seule qu’il boira assurément, pour trinquer à son ami. « A nous et surtout à cette chance que nos chemins se soient rencontrés. » Il indique dans un clin d’œil avant de tremper les lèvres dans la boisson après avoir serré une dernière fois son avant-bras. Ces contacts lui viennent naturellement. Il n’y réfléchit pas tant ils sont une évidence pour lui. Il savoure le goût fruité et alcoolisé du breuvage avant de se pincer les lèvres. « Il est délicieux. » Il lui indique simplement avant d’ajouter. « Je vais sans doute me répéter, mais je te suis sincèrement reconnaissant pour tout ce que tu as fais pour que ce soir soit une réussite. C’est un tel bel geste d’amitié de ta part et j’ai pris énormément de plaisir à travailler avec toi, tout comme d’apprendre à te connaitre. » Il lui indique avec douceur, bien que son ton soit empreint de tendresse. Il lui dévoile la profondeur de l’amitié qu’il lui porte alors que l’amie de son ami semble les rejoindre. « Bonsoir Messieurs. Aurais-je l’honneur de pouvoir danser avec la star de ce soir ? » Elle questionne de sa voix chatoyante en plongeant ses iris dans les siennes. Décontenancé par cette invitation alors qu’il s’attendait à ce que ce soit son ami qui en soit le destinataire, un sourire amusé vient naturellement ourler ses lippes. « Bien sûr, avec plaisir, Madame. Je ne voudrai pas vous décevoir. Il en va de ma réputation de danseur. » Il indique aussi charmeur que la dame alors qu’il lui offre sa menotte pour qu’elle s’en saisisse. Ce qu’elle ne manque pas de faire alors qu’il offre un sourire espiègle à son ami pour rejoindre la piste de danse où leur corps se rejoignent pour s’adapter au rythme de la danse. La main sur sa hanche, l’autre logée dans la sienne, il savoure la sensualité de ses formes tout en échangeant avec elle sur le refuge. Elle semble très curieuse et intéressée à ce sujet. Il s’applique à répondre à ses attentes, un sourire charmeur sur les lèvres. « Cela fait longtemps que vous connaissez Wilfried ? » Il finit par questionner alors qu’il sent le regard de son ami sur eux à l’instant où elle s’est rapprochée de lui. « De nombreuses années. J’ai souvent participé à ses projets et il savait parfaitement que je tomberai sous votre charme, Roman. Vous êtes plein de bons sentiments et vous aimez profondément ce que vous faites. Je n’ai aucun doute sur le fait que mon argent sera entre de bonnes mains. Dommage que je ne puisse pas mêler affaires et plaisir. Vous êtes totalement mon genre. » Elle lance dans un sourire charmeur et espiègle qui lui arrache un rire. « On peut dire que vous êtes directe. » Il lâche avec bonhommie en venant la faire tournoyer avant de l’avoir de nouveau contre son corps. « Ce qui n’est pas déplaisant. J’accepte avec plaisir vos compliments et l’aide que vous pourrez apporter au refuge par une possible collaboration. » Il lui indique dans un sourire sincère. « Mais j’aurais pensé que votre dévolu était jeté sur Wilfried. » Il conclut avec curiosité alors que la dame rit sincèrement à sa remarque. « Je l’aurais bien fait si j’avais été le type de Wilfried, mais je crains qu’il préfère les hommes de votre carrure : charmeur et passionné. » elle lui indique en glissant sa main sur son torse. « Et surtout bien fait. » Elle lance avec espièglerie alors qu’un rire sincère et rauque vient s’extirper de sa gorge tant la franchise de la jeune femme l’amuse. « Je ne peux pas vous en vouloir, c’est effectivement un bel homme. » Il concède de bonne grâce alors que la chanson termine. « Eh bien, qu’entendez-vous pour le mettre dans vos filets ? » Elle le taquine avec une moue amusée. Qu’est-ce que j’attends ? Il ne saurait le dire. La question le prend de court et aucun mot ne s’extirpe de ses lèvres alors qu’il sent un baiser être déposé sur sa joue. « Je vous laisse y réfléchir, bel homme. Merci pour la danse et je ne manquerai pas de revenir vers vous rapidement. Vous êtes un excellent partenaire de danse. » Elle lance dans un rire franc avant de l’abandonner alors qu’il est encore perturbé par sa remarque. C’est dans un état un peu second qu’il vient retrouver son ami et la coupe de champagne qu’il avait abandonné pour la boire d’une traite. Il finit par offrir un sourire à son ami. « Eh bien, c’est effectivement un grand personnage. Elle n’a pas sa langue dans sa poche. » Il lâche dans un rire légèrement tremblant alors que son regard s’attarde sur son ami. Il ne peut pas s’empêcher de songer aux propos de Rebecca. A cette idée saugrenue qu’elle a inspiré à son esprit. La beauté de Wilfried est une évidence. La convoiter. Il ne l’avait pas envisagé. En ressent-il le désir ? Il ne saurait le dire. C’est rarement lui qui initie ses histoires d’amour. Sans doute parce qu’il y a ses paramètres du passé qui l’empêchent de chercher une intimité trop profonde avec quelqu’un. Pourtant, il prend plaisir à ses contacts amicaux qu’ils partagent comme ceux qu’il a avec Zain. S’il se l’avouait, il devrait admettre qu’il en ressent le besoin, car cette complicité qu’ils ont liée lui est précieuse et va bien au-delà d’une attraction sexuelle. En si peu de temps, il a appris à apprécier cet homme intimement et il considère cette amitié comme précieuse, au même titre que celle qui le lie aux membres de son groupe. Qu’est-ce que cela signifie ? Il se le demande bien.

Le silence est revenu sans qu’il s’en soit vraiment rendu compte. Petit à petit, les conversations se sont atténuées puis elles se sont tues. S’étiolant lentement jusqu’à disparaître. Le froufrou des robes haute couture et le bruissement du tissu des costumes aussi. On n’entend plus le bruit des semelles qui claquent sur les grandes dalles en marbre. L’immense demeure semble s’être rendormie. Même les murs sont nus. Les œuvres ont été décrochées et emballées. Certaines seront livrées demain. Le galeriste est satisfait. L’argent récolté devrait permettre à Roman de subvenir aux besoins de  ses pensionnaires pendant un moment. Il sait aussi que certains continueront à donner. Rebecca la première. Un sourire étire ses lèvres au souvenir de son amie. Peu importe ses motivations tant qu’elle aide Roman. Becca aime les belles causes, et le refuge en est une. Quant à Roman, il est aussi une belle cause...Wil retient un rire tandis qu’il écrase le mégot de sa dernière cigarette dans une cendrier. Il frissonne puis se dépêche de rentrer et de venir se mettre devant l’une des immenses ouvertes.
Son regard ne s’arrête pas sur son reflet dans la baie vitrée, ni sur celui de Roman qui se tient à ses côtés. Il se perd sur l’extérieur où l’on peut encore voir quelques braises rougeoyantes dans le brasero. Autour, la nuit. Le calme.
Le traiteur à remballé les longues tables et pliés les belles nappes blanches damassées. Les musiciens ont rangé leur matos. Wilfried a proposé de tout stocker dans la maison mais, ils n’ont rien voulu savoir. Ils ont préféré tout emporté. Wilfried les a remercié chaleureusement. Il a encore eu droit à quelques quolibets mais la fatigue a eu raison de leur verve.
Demain, ses employés finiront de tout ranger tandis que son majordome râlera comme il sait si bien le faire.
Il se dirige vers l’arrière cuisine où se trouve les réfrigérateurs, en sort deux petites bouteilles d’eau et revient dans le salon où il se met silencieusement à côté de Roman tout en lui tendant une bouteille tandis qu’il s’empresse de boire une partie de la sienne. Il sent l’eau fraîche couler dans sa gorge. Inonder son corps fatigué.
Cette soirée va au-delà de ses attentes car les jeunes artistes dont il tente de promouvoir les œuvres ont eux aussi eut un beau succès. Il sait que certains ont déjà du travail en commande et Wilfried ne peut que se réjouir de voir ses protégés mis à l’honneur et leur talent reconnu et apprécié.
Ses iris clairs toujours accrochés au paysage extérieur, il demande, sans regarder son interlocuteur
« Satisfait de la soirée ? »
Un sourire sur les lèvres, il pivote légèrement la tête pour enfin regarder son ami.
« Kate a mis les chèques dans mon coffre. Le reste sera versé sur le compte ouvert pour l’occasion. Demain, je te donnerai tout ça, sauf, si tu veux le récupérer ce soir... après tout, c’est pour ton refuge »
Kate s’était occupée de faire ouvrir un compte pour l’occasion afin que les donateurs sachent où verser leurs contributions. De plus, la banque avec qui ils collaboraient avait bon nombre de ses invités comme clients. Cela renvoyait une image plus sûre à toutes ces personnes constamment sollicitées. L’exercice était bien rôdé et Kate faisait des merveilles de ce côté de la gestion.
Lui même a fait le premier virement sur le compte ouvert pour le refuge, sous couvert d’anonymat. Pas question de le claironner haut et fort. Sa façon de participer et d’aider, en plus de son implication pour organiser la soirée, mais cela, c’est presque naturel pour l’allemand. Il a tellement l’habitude de le faire. Il dit toujours en riant que le jour où l’art ne paiera plus, il deviendra organisateur dans l’événementiel. Entre son carnet d’adresses bien fourni et le nombre de fois où il gère des soirées, il pourrait en faire son métier.
« Je peux affirmer que tu vas avoir de quoi aider tes petits protégés »
Un demi sourire tire sa commissure tandis qu’il enchaîne
« Becca m’a dit qu’elle aimerait organiser une journée adoption. Elle a sûrement dû t’en parler. Je trouve l’idée absolument géniale. Surtout qu’elle va demander à ses amis … elle connaît du beau monde et je suis certain qu’elle rameutera la presse pour l’occasion. Elle se déplace rarement sans les cameras de télévision… »
Wilfried ne peut s’empêcher de se demander si elle n’a pas une idée derrière la tête mais, si cela peu aider Roman, toutes les initiatives sont les bienvenues. Une main lasse vient ébouriffer sa chevelure tandis qu’il réfléchit tout haut et poursuit le cours de ses pensées
« En parlant de presse, j’espère que les journalistes présents auront fait leur travail en parlant du refuge et de ton groupe mais aussi des artistes exposés. J’ai passé du temps avec eux, mais j’ai aussi remarqué qu’ils parlaient avec toutes les personnes présentes, reste plus qu’à croiser les doigts pour qu’il y ait des retours positifs. Tu devrais t’en rendre compte rapidement au refuge »
Sa main libre vient se poser sur l’avant-bras de Roman
« Il se fait tard »
Il hésite une fraction de seconde avant de proposer
« Tu peux rester si tu le désires, comme tu le sais, la maison dispose de quelques chambres »
Wil n’a pu s’empêcher de rire en disant ces derniers mots. Pour se moquer Kate lui dit souvent qu’il pourrait ouvrir des chambres d’hôtes ou recycler sa ‘baraque’ en hôtel.
Sa main est retombée le long de son corps car Wil ne veut pas paraître insistant. Son ami est libre d’agir comme il l’entend. Il se recule même légèrement afin de ne pas sembler envahissant.
Sa main revient torturer sa chevelure.
« J’aimerai bien que tu restes dormir avec moi. »
Soudain, ses mains s’agitent comme s’il venait de prendre conscience de ses paroles.
« En tout bien tout honneur »
Il ne veut pas que le silence s’installe. Il y a trop de silence entre ses murs. Puis, Roman lui a dit qu’il pouvait tout lui dire, alors, il dit ce qu’il a sur le cœur.
« Je n’ai pas envie de me retrouver seul. C’est au-dessus de mes forces ce soir. Toute cette vie, cette animation et maintenant, ce calme et sans toi, sans ta présence, ce serait encore une fois la solitude. C’est insupportable. »
Wil sait que ce n’est pas la solution idéale, qu’il va devoir réagir. Agir. Demain, il s’occupera de sa vie. Ce soir, il est trop fatigué pour prendre de vraies initiatives. Il trouve que sa demande est extrêmement osée et tente d’atténuer ses paroles.
« Ne te sens pas obligé. Tu peux rester et prendre la chambre que tu occupais la dernière fois. La fatigue me fait dire n’importe quoi. Désolé, je ne voulais pas te mettre dans une position délicate. »
Il regrette déjà cette demande idiote et craint la réaction de Roman. Jamais il n’aurait dû parler. Il a l’horrible impression d’avoir tout gâché.

L’interlude avec Rebecca a eu le mérite de lui enlever des œillères qu’il s’est naturellement mis sans en prendre conscience. Le trouble qui l’assaille, à peine perceptive à l’œil nu est bel et bien présent. Zain le perçoit et l’a incité à mettre des mots sur ses émotions sans qu’il n’y parvienne. Il ne sait absolument pas quoi penser de tout cela et l’alcool n’a fait qu’accentuer ses questionnements même s’il les a effritées au fil de la soirée. Il lui est particulièrement difficile d'être clairvoyant envers ses propres émotions. Il lui semble tellement difficile d'être sûr de ce qu'il ressent vis-à-vis d'une autre personne. Comment être sûr à 100 % qu'on ne se fourvoie pas sur la teneur d'un sentiment développer à l'égard d'un proche ? Fort heureusement il peut compter sur son groupe d'amis qui l'accompagne pour lui éviter de ressasser ces éternels questionnements sans réponses. Ainsi, la soirée se passe sans incident particulier et le musicien prend plaisir à converser avec les convives de Wilfrid, qui se montrent particulièrement attentifs au travail qu'il mène au quotidien auprès de ses protégés au refuge. Lorsque la soirée touche à sa fin, Roman accompagne naturellement son ami dans les salutations qui sont de mises avec ce sourire chaleureux qui en fait sa marque de fabrique. Il voit même ses amis rejoindre leur campagne ou conquête sans envisager d'en faire de même. Il ne peut s'empêcher de ressentir l'envie de passer un moment en compagnie de son cher ami, qui lui a offert une opportunité incroyable de se faire connaître auprès de potentiels donateurs fortunés, qui lui permettront assurément de financer son action au quotidien pour un petit moment, sans craindre les fins de mois difficiles. Lorsque la grande demeure retrouve son calme habituel, Roman accompagne son ami dans les couloirs désormais vides et dénudés de leurs couleurs chatoyantes pour rejoindre le salon où ils ont l'habitude de se retrouver depuis que roman en à fouler le sol. Il retrouve naturellement le canapé avec satisfaction après une soirée passée à arpenter la demeure de son ami de groupe en groupe. L'idée de retrouver un peu de sérénité est plaisante d'autant plus en compagnie de Wilfrid qui s'absente pour leur récupérer de quoi se désaltérer. Lorsque son ami le rejoint il lui offre un sourire éclatant et chaleureux comme à ses habitudes en le remerciant une nouvelle fois avant de récupérer la bouteille d'eau qui lui est tendue. A son tour il s'abreuve de ce liquide qui lui apporte un peu de fraîcheur. La question de Wilfried lui arracha un sourire. « Le contraire serait surprenant. Tu m'as offert la possibilité de m'entourer de généreux donateurs sans parler de la collecte… » il lui indique dans une voix légèrement frêle tant il a encore du mal à croire que tout cela soit réel. Pourtant il lui semble difficile d'oublier ce qu'il vient de se passer au cours de cette soirée. « Cela peut attendre demain. Je te fais totalement confiance, les yeux fermés. » Il lui indique dans une voix pleine de tendresse tandis que sa menotte vient doucement presser le genou de son ami dans un geste empreint de l'affection qu'il lui porte. le contact ne dure que quelques secondes mais il ne peut s'empêcher d'avoir envie de la laisser à cet endroit sans même en comprendre la raison. Wilfried revient sur la soirée et lui indique en détail l'idée que son amie Rebecca lui a transmis. Il l'écoute religieusement trouvant la passion qui l'anime particulièrement captivante. Wilfried est un passionné par ce qu'il fait et est résolument un maître dans son domaine comme il vient de lui prouver au cours de cette soirée. Roman l'observe avec attention, ses prunelles se concentrent sur ces traits qui accentuent son charisme. Un sourire ourle ses lippes en réponse aux propos de son ami. Le frôlement de sa menotte contre son avant-bras attire naturellement son attention. le contact c'est tout aussi furtif que le sien mais étrangement aujourd’hui il en a plus conscience qu’en accoutumé. Il serait bien difficile pour lui de l'expliquer. La boutade de son ami lui arrache un rire profond et rauque. « Oh oui, je le sais fort bien. Je vais finir par songer à dessiner le plan pour me repérer. » Il le taquine avec son petit sourire en coin malicieux alors que ses prunelles luisantes s’ancrent aux siennes. Malgré l'ambiance bon enfant il sent Wilfried devenir légèrement plus distant tandis qui l'invite à dormir avec lui. si dans un premier abord l'invitation semble totalement dénuée de tout spéculation, Roman prend peu à peu conscience la solitude dans laquelle est plongé son ami et son ardent désir de s'en extraire, car elle le ronge de l'Intérieur. cet état de fait ébranle le musicien qui l’observe avec attention et une émotion dans le regard conséquente. Il se rend compte que son ami souhaite sa présence à ses côtés et il est tout disposé à se soumettre à sa volonté. Il perçoit même le fait qu'il ressent également ce besoin d’être intime avec son ami même s'il n'a absolument pas conscience de la signification de cette réalité. Il désire juste le défaire de l'emprise de ce monstre sans visage qui par le passé avait manqué de l’engloutir lorsque enfant, sa mère l’avait abandonné derrière elle. Lorsqu'ils sont son ami en insécurité sa menotte vient naturellement insérer son avant-bras pour éviter sa fuite alors que d’une voix plus passionnée qu’en accoutumée, il lui murmure : « Tu ne dis pas n’importe quoi, Wil ! Bien au contraire ! Tu ne dois absolument pas te brimer. Pas avec moi. Je ne le désire pas ! » Le timbre de sa voix est devenu rauque sur le coup de l'émotion qui le gagne. Une forme de cri du cœur qui s'impose à sa propre raison. « Tu n’es pas seul. Je serai toujours là si tu as besoin de moi. » Il lui indique alors que sa menotte glisse jusqu’à sa paume pour se mêler à elle et l’enserrer. Ses phalanges caressent naturellement cette chair sans que le spectre de son déni ne vienne assombrir ce moment de tendresse. Son cœur s’emballe dans sa poitrine alors qu’il prend conscience que ce geste qui dépasse la simple amitié peut avoir de lourde incidence. « Je ne peux pas m’empêcher de vouloir être présent à tes côtés. En fait, je… je me sens à ma place à tes côtés, alors ça me touche si tu ressens la même chose. Tu n’es plus seul. Je suis là. » Il conclut en venant accentuer la prise de ses phalanges contre les siennes. « Je veux être là. » Un constat lourd de sens dont il prend conscience qu’après que les propos se soient échappés de ses lèvres. Il ne les regrette pas même si elles le chamboulent, car il a conscience que son attachement n’est finalement pas qu’amical et qu’il y a surement une étincelle de ce sentiment, qui l’effraie, mais qui se loge dans sa poitrine, jour après jour.

La demeure est trop calme. Les battements de son cœur trop forts. Ses sentiments trop confus. Malgré tout, la réponse de Roman le soulage tout en l’angoissant. Il a l’impression de perdre pied. Autant il est concis dans le cadre de son travail, autant dans sa vie privée c’est totalement différent depuis sa rupture avec Ruben. Il ne sait plus comment agir et a sans cesse la crainte de tout foutre en l’air. Amitié y compris.
Plusieurs fois il s’est dirigé vers Zain. Il l’a abordé, des questions plein la tête, mais à chaque fois, il s’est contenté de lui demander si tout se passait bien, et s’il ne manquait de rien. Il a reçu en échange des réponses polies et des regards interrogatifs quant à sa vraie motivation, mais  le galeriste est resté muet sur les sujets qui le tracassent. Il ne sent pas légitime pour aller interroger Zain sur Roman et se sentirait vraiment bête de lui des conseils sur la façon d’agir avec son meilleur ami. Wilfried craint de traîner une image négative auprès du tatoueur et il ne peut que se blâmer de son irresponsabilité. Pourtant, les paroles de Roman lui arrachent un sourire et une réponse simple mais sincère
« Merci d’être toujours là pour moi »
Ses prunelles claires viennent se poser sur la main de son ami qui enserre la sienne. Ce contact réconfortant qui le fait se sentir vivant. Il a besoin de savoir qu’il compte à nouveau pour quelqu’un. Il ne veut plus se sentir aussi seul que ces derniers mois.
Ce soir, si Roman était parti, il sait qu’il aurait pris sa voiture et aurait erré de bar en bar jusqu’à trouver un compagnon pour finir la nuit. De l’éphémère réconfortant. Un pansement pour refermer le vide qui l’habite.
« Je ne dois pas être le compagnon idéal en ce moment même si je suis ravi que tu restes avec moi... » Il marque une pause car, il ne sait pas vraiment ce qu’il veut dire, ni dans quelle direction il veut ou doit aller « J’ai juste peur de tout gâcher. Notre amitié. J’y tiens énormément. »
Sa main libre est venue emprisonnée celle de Roman. Ses doigts se sont glissés entre les siens mais avec une certaine raideur. Une certaine crainte de tout foutre en l’air. Cette idée ne le quitte pas et revient à chacun de ses actes, à chacune de ses paroles. Finalement, il décide de chasser touts ses questionnements de sa tête. Il est tard. Ils sont fatigués. La semaine ainsi que la soirée ont été riches en émotions. Ils ont besoin de se poser, surtout lui. Il a besoin de mettre un peu d’ordre dans son chaos intérieur, aussi, il tente un rire pour se détendre.
« Il est temps d’aller dormir. On a bien mérité de se reposer »
Tout en parlant, il a lâché une des mains de Roman, et l’entraîne vers ses appartements. Au passage, il appuie sur des boutons et les volets roulants descendent et occultent les grandes baies vitrées, les coupant momentanément du monde qui les entoure tandis que les lumières s’éteignent les unes après les autres, laissant un sillage obscur derrière eux.
Sur le seuil de la chambre, il hésite une fraction de seconde avant de s’engager. La situation est loin d’être simple et encore moins naturelle. Il libère Roman de son emprise et jette avec un grand sourire
« Honneur aux invités. Je te laisse la salle de douche, sauf si tu veux prendre un bain. Tu trouveras tout ce dont tu as besoin, et pioche dans le dressing. Il doit y avoir un t-shirt rose quelque part »
Il se met à rire, ce qui a le don de l’apaiser et de chasser ses craintes infondées. La douche à l’italienne peut accueillir deux personnes, mais il ne lui vient même pas à l’idée de proposer de partager ce moment.
« N’hésite pas à ouvrir les placards, il doit y avoir tout le nécessaire… pendant ce temps, je dois m’assurer que la maison est sécurisée »
Le galeriste pourrait aller dans une autre salle de bain, mais, il craint que cela soit malpoli de sa part.  Tandis qu’il attend, il verrouille toutes les issues à l’aide de son smartphone et enclenche les différentes alarmes. Certaines sont reliées directement au poste de police. Œuvres d’art obligent.
Il fait tourner son téléphone entre ses doigts, hésite. Revient sur l’application. Fait défiler le menu. Hésite encore puis se décide. Il valide sa commande et soudain, une rangée de flammes apparaît dans la cheminée. La lueur dansante l’hypnotise ou alors c’est la fatigue qui s’abat sur lui.
Dans la salle de bain, il entend l’eau couler. Chasse de son esprit les images de Roman torse nu. Ce ne sont pas des pensées à avoir.
La [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] est divisée en deux parties séparées par une cloison semi-ouverte mais qui garantit l’intimité à chaque partie. La partie douche, occupée par Roman, et la partie bain, libre. Il se dit qu’en se dépêchant, il pourrait se laver sans que Roman se sente obligé de lui laisser la place.
Avec des gestes rapides, il se déshabille et enjambe la baignoire. À bien y réfléchir, c’est la première fois qu’il y entre. Toujours trop pressé pour se prélasser dans un bain. Il s’assoit et ouvre l’eau. Le jet tiède le réchauffe tout en délassant ses muscles crispés. Il ferme les yeux et oublie le temps une fraction de seconde avant de s’emparer du flacon de gel douche qui trône sur l’étagère en marbre gris. La mousse odorante embaume la salle de bain. Wil se frotte rapidement avant de se rincer et d’aller dénicher une serviette de bain dans l’un des placards, ne voulant pas être surpris encore une fois les fesses à l’air. Simplement vêtu du tissu autour de la taille, il ébouriffe ses fins cheveux avec une autre serviette.
De l’autre côté, il entend l’eau s’arrêter et s’immobilise avant de reprendre ce qu’il faisait. Il secoue la tête et passe une main dans sa chevelure, tentant de discipliner ses pauvres cheveux maltraités. Il se redresse et évite de regarder du côté de la salle de douche.

Sa place semble être aux côtés de cet homme. Un constat plutôt troublant pour le musicien qui fait face à cette révélation sans s’y être préparé. Pourtant, il ne compte pas revenir sur ses paroles. Ce besoin d’être à ses côtés s’est immiscé dans sa vie et ses tripes et il ne voit aucune raison d’y résister. En tout cas, pas à cet instant alors que son ami lui ouvre son cœur. Ces confidences lui sont précieuses et il n’est nullement disposé à le brimer dans leur relation. Il désire simplement qu’il aille mieux et sans doute égoïstement, il veut tout mettre en œuvre pour y parvenir, être celui qui parvient à réparer cette âme fragilisée par l’amour et qui s’est égarée. C’est inconscient de sa part, mais bel et bien présent. Le sourire de Wilfried, celui qui ne sont pas de façade est précieux et il apprécie le voir ourler ses lippes bien trop souvent sérieuses lorsqu’il n’agit pas de ses charmes. Wilfried n’a pas besoin de le remercier, mais Roman a conscient de l’importance que cela a pour lui. Son regard suit le sien, vient se poser sur leurs menottes solidement jointes. « Au contraire, tu es toujours de charmante compagnie à mes côtés. » Il lui indique avec chaleur et une once humour pour tenter de lui arracher un sourire avant de poursuivre. « Il n’y a pas de raison que notre amitié se gâche. J’y tiens autant que toi. » Il lui indique alors que la paume de Wilfried vient enserrer leurs mains jointes. Un contact empreint de tendresse et de rigidité comme s’il avait peur de mal agir. Ce contact est agréable, intime et résolument déroutant. Tout son être se focalise sur cette partie de leur anatomie jointe et qui lui procure à la fois sérénité et confusion. Sans doute parce qu’il a conscience que ces gestes sont naturellement intimes et vont au-delà d’une simple amitié, qu’il n’est pas insensible au toucher de sa peau contre la sienne et qu’ils enflamment une partie de son être qu’il a encore du mal à apprivoiser, notamment dans ses relations avec les hommes. C’est déroutant et plaisant à la fois et Roman s’efforce de masquer son trouble autant que possible pour juste embraser l’instant présent sans se poser de questions. « Bonne idée. Une bonne nuit de sommeil est plus que bénéfique ! » Il lui indique alors qu’il le laisse le diriger vers sa chambre, main dans la main alors qu’il les coupe du monde au fil de leur part. Roman découvre une nouvelle partie de l’immense demeure de son ami. Elle est bien trop grande pour un seul homme et son ami a besoin de se construire un foyer, où il a toute sa place et qui sera son refuge. Il espère tellement que son ami puisse enfin trouver cette sérénité qu’il se rend compte qu’elle l’obsède bien plus qu’il ne pouvait l’imaginer. « Merci, Monseigneur. » Il le taquine alors que ses prunelles s’égarent sur sa chambre qui a tout d’une grande suite dans un hôtel cinq étoiles. Un sourire mutin ourle ses lippes alors qu’il passe le pas de la porte et s’immisce dans cette pièce consacrée à son hôte. Il y retrouve enfin sa patte, semble le frôler du bout des doigts même si l’ensemble demeure impersonnel, comme s’il avait du mal à pleinement son environnement dénuder son âme. « Peut-être même un boxer, qui sait ? » Il le taquine en venant lui donner un coup de coude contre son bras. « Je finis par croire que tu as des gouts très extravagants en couleur et que tu utilises Kate pour les camoufler. » Il ajoute dans un rire fin alors qu’il vient retrouver la salle de bain de son ami, qui pourrait en accueillir au moins cinq dite conventionnelle. Un sourire amusé ourle ses lippes face à cette grandeur qui lui est si étrangère. Il en profite pour retirer sa chemise, dévoilant sa peau halée sous tous les angles au travers des différents miroirs. Impossible de fuir son reflet alors que le tissu empreint de sueur vient rouler sur sa peau. Il s’applique à en faire de même avec son pantalon et son boxer, pour se retrouver aussi nu qu’Adam lors de ses premières heures. Il trouve rapidement une longue serviette blanche qu’il embarque avec lui, après avoir soigneusement plié ses affaires sur le rebord du meuble avant de rejoindre la douche italienne. Il passe rapidement sous le jet brulant qu’il rend tiède pour permettre à ses muscles de se détendre. Il profite de cet interlude durant de longues minutes, son corps satisfait de pouvoir se détendre après une soirée aussi mouvementée et riche en émotion. Le temps défile et lui échappe avant qu’il ne se saisisse du gel douche de son ami dont la note musquée emplisse la douche et son odorat. Le parfum qu’il dégage est appréciable et une nouvelle fois, il se rend compte de l’importance que ces détails ont sur lui. Cela le perturbe et le pousse à retarder sa sortie de la douche le temps d’encaisser ses informations avant de s’extirper de la cabine pour attraper sa serviette et commencer à s’essuyer. Se sentant seul dans la salle de bain, il ne fait nullement attention à sa tenue alors que ses pas le rapprochent de l’autre côté de la paroi. C’est le reflet des miroirs qui l’empêchent de se présenter nu face à son ami. La pudeur l’intime à nouer sa serviette autour de sa taille dans un geste précipité et à l’aveuglette alors que ses prunelles s’attardent une nouvelle fois sur le corps de son ami, qui ne lui est pas inconnu, mais auquel il est résolument plus sensible. Il est de profil face au miroir et se contemple. Sa beauté naturelle le frappe de nouveau et l’émeut. Son souffle se coupe légèrement avant qu’il ne s’intime à s’extirper de sa torpeur pour aller le rejoindre. La lueur des flammes dans la cheminée attire son regard. « Eh bien avec un tel feu de cheminée, je pense que je vais pouvoir camper dans ta salle de bain. » Il lui indique dans un ton taquin alors qu’il vient le rejoindre au niveau des vasques en attrapant une serviette. Il lui offre son sourire joueur avant de lâcher un rire rauque et profond. Il vient glisser ses phalanges dans ses fines bouclettes qu’il s’efforce de discipliner avant de glisser ses menottes sur le déodorant vaporisateur de son ami pour lui emprunter. Il demande l’autorisation par un regard avant de s’en pulvériser quelques trainés. Les gestes sont naturels, empreints d’une intimité qui ne l’indispose absolument pas. Il se sent serein à ses côtés et un rire légèrement tremblant vient s’extirper hors de ses lippes. Il se retrouve dépasser par ses émotions et sa sensibilité à son odeur, à la vision de son corps qui active un désir qu’il prend conscience tandis qu’il s’invite à lui. Ses prunelles se plongent dans ses azurs à travers le miroir. Est-ce qu’il ressent le même trouble et sérénité dans cet instant bien intimes, comme deux amis, mais pas réellement. Cette tension, il ne l’a jamais expérimenté avec Zain. Il se retrouve submergé par les effluves de son gel douche, de son déodorant, de ces odeurs mêlées à la sienne, emplissant la pièce et la vision de son corps finement musclé et son regard magnétique. A-t-il conscient de l’érotisme qu’il dégage. « Il va falloir te montrer persuasif si tu veux que je dorme dans ton lit. » Il lâche dans un rire qu’il veut rendre détendu en lui montrant le feu qui crépite dans l’antre de la cheminée artificielle. Inconscient de l’ambiguïté de ses propos ou peut être pas totalement. Ce soir, il vit pleinement ses émotions. Il aura tout le luxe de réfléchir à tout cela lorsqu’il sera seul à nouveau.

Ce n’est qu’une fois dans la salle de bain qu’il se rend compte de la proximité que cela crée. Une vraie promiscuité avec cette intimité qui souvent en découle naturellement. Il n’a pu s’empêcher de voir le corps nu de son ami et même s’il a immédiatement détourné le regard, l’image semble gravée dans sa tête. Il n’arrive pas à l’effacer. Roman est un bel homme mais c’est surtout son ami. Le seul qui l’ait en ce moment. Le seul sur qui il peut compter. Il ne l’a jamais jugé. Toujours encouragé à voir ce qu’il a de meilleur en lui, et Dieu sait, combien le galeriste se sent toujours minable.
Pour cacher son trouble, il adresse un sourire à l’hispanique, évitant de s’attarder sur son torse à la musculature impressionnante. Il se regarde dans le miroir et se trouve trop fin. Pas assez musclé. Insignifiant face à cet apollon. Il bande discrètement les muscles de ses bras et secoue la tête, dépité.  Voit bien le muscle se dessiner mais rien d’extraordinaire. Il trouve son attitude puérile et débile. Il n’a jamais été épais, ni hyper musclé. Autant s’accepter comme il est car il ne compte pas se mettre au sport intensif, ni aux anabolisants. Ses prunelles reviennent sur son corps svelte avant qu’un imperceptible haussement d’épaules vienne clôturer ses pensées.
« J’ai trouvé [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] pour toi »
Il se retourne pour attraper un boxer aux couleurs très gaies. Encore une lubie de son personnal shopper. Combien de fois il lui a répété qu’il ne voulait pas d’excentricité, même pas pour les chaussettes. Rien à faire, Ricardo est têtu comme une mule. La preuve, ce boxer orné de licornes roses et de petits cœurs. Son premier réflexe avait été de le mettre à la poubelle, mais Ricardo avait tempêté avant de le remettre dans son tiroir à sous-vêtements, avec les autres monstruosités qu’il achète parfois. Heureusement, il a plutôt tendance à suivre les directives de Wilfried. Sa place en dépend. Malgré tout, bon joueur, le galeriste a aussi opté pour un [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] du même acabit. Normalement, il dort nu, mais là, la moindre des choses est de se couvrir. Il ne peut retenir un sourire en exhibant son vêtement pour la nuit.
« Comme ça, pas de jaloux »
Il se retourne et dénoue sa serviette qu’il rattrape in-extremis, la dépose sur le rebord du plan de toilette avant d’enfiler le boxer tandis qu’il lance
« Tu as déjà vu mes fesses il me semble, ça ne sera que la deuxième fois »
Son rire se déploie mais ses prunelles restent focalisées sur ses pieds pendant qu’il remonte, rapidement, le bout de tissu sur son postérieur. Il évite de tourner la tête car les miroirs qui ornent la pièce semblent refléter les corps à l’infini et Wil préfère ne pas songer à ce qu’ils ont renvoyé comme image de lui.
Une fois couvert, il fait semblant d’admirer le boxer sombre où des licornes roses gambadent sous des arcs-en-ciel. Il se demande qui peut bien acheter et porter ce genre de choses avant de penser « lui » en ce moment même.
L’avantage d’avoir ce truc ridicule sur les fesses, c’est que cela rend la situation comique et non plus érotique, et rien que pour ça, Wilfried remercie mentalement Ricardo et son mauvais goût.
En riant, le galeriste s’adresse à son ami
« Tu peux dormir dans la baignoire, mais sache que la cheminée est munie d’une double paroi en verre et que si tu prends la peine de passer dans la chambre, tu verras que le même feu brûle de l’autre côté. »
Il n’ose pas le toucher pour l’entraîner dans l’autre pièce. Roman à moitié nu est très appétissant et Wilfried craint que le caleçon ne soit pas assez couvrant si le corps de son ami lui fait de l’effet. Rien que d’y songer, il sent qu’il s’empourpre comme un gamin. Il espère que la pénombre cachera son trouble car dans la chambre, seule la lueur des flammes éclaire la pièce. Cela ne fait que renforcer la note intime qu’il tente d’éloigner d’eux. D’un autre côté, c’est lui qui a proposé à Roman de dormir dans son lit. Il s’attendait à quoi ? Rester de marbre… oui, il devait sûrement y croire avant de se retrouver confronter à la réalité.
Il se dit que l’humour pourrait le détendre encore une fois et il lance à son ami
« Je suis certain que ta fille va adorer ton nouveau boxer. Ces licornes roses sont du plus bel effet sur toi. D’ailleurs, je te l’offre. Cela te fera un souvenir de cette soirée »
Il exécute une petite révérence tout en souriant avant de se laisser tomber à la renverse sur le lit. Son  rire résonne dans la pièce tandis qu’il tapote, du plat de la main, le matelas à ses côtés, invitant Roman à le rejoindre.
« D’ici aussi tu verras la cheminée »
Puis, redevenant sérieux, il rajoute plus bas, d’une voix légèrement rauque et chargée de trop d’émotions à son goût
« J’aimerai éviter de me montrer persuasif pour que tu dormes à mes côtés » un silence avant qu’il n’enchaîne « j’aurai peur que mes intentions nuisent à notre amitié »
Wil est toujours allongé sur le lit, le regard rivé sur le plafond où dansent la lueur des flammes.
« Tu es un très bel homme »
Nouveau silence. Il hésite entre se taire et continuer. Il y a toujours ce doute de la parole de trop.
« Je le savais déjà mais, ce soir, ça me trouble encore plus et en tant qu’ami, je trouve cela… je trouve que ce n’est pas bien de ma part d’avoir de telles pensées … »
Il aurait dû dire ‘moche’, ‘minable’. Employer des termes plus forts, qui reflètent mieux ce qu’il ressent. Parler est déjà un progrès pour lui, encore plus dans ces circonstances.
« J’espère que tu ne m’en veux pas d’être un aussi piètre ami » puis, pour atténuer ses paroles, il rajoute, un petit sourire sur les lèvres « Ni pour t’avoir offert ce joli boxer avec ces adorables bestioles »
Wil essaye vainement d’évacuer cette pression qu’il ressent mais celle-ci ne veut pas le lâcher. Chaque tentative est un échec et le corps de Roman un appel.

L’apparition du boxer au motif de licorne rose dans son champ de vision lui arrache un rire franc et chaleureux. Son expression se fait plus espiègle alors que ses phalanges viennent retrouver le tissu. « Elle va l’adorer ! Si elle le voit, elle va absolument vouloir que je le porte quand elle est à la maison. » Il lance dans une voix empreinte de son amusement alors qu’il le regarde sous toutes les coutures. La malice brille dans ses rétines avant que ses prunelles s’égarent sur le boxer montré par son ami. « Je confirme, tu as des gouts extravagants, mais qui iront parfaitement avec les miens. J’ai une panoplie de sous-vêtements au couleur des superhéros de Marvel. Mais chut, c’est un secret. Je compte sur ta discrétion, sinon je crains que ma popularité soit en baisse. » Il indique dans le ton de la confidence alors que ses prunelles brillent de cette hilarité qui le gagne. Il ponctue ses propos par un clin d’œil complice alors qu’il observe la silhouette de son ami se retourner pour revêtir le boxer. Roman suit le mouvement de son corps avec attention, inconscient du regard qu’il porte à cette silhouette et ce dos qu’il redécouvre des mois après la première fois. Le grain de sa peau clair, mais attirant. Cette naissance de rein et de ses fesses dont il connait la forme et qui se dévoile à son regard. La remarque de Wilfried lui arrache un nouveau rire, mais cette fois-ci empreint de tendresse. « La troisième fois pour être plus exacte. Tu as tendance à être exhibitionniste à mes côtés. » Il le taquine dans une voix chaleureuse alors qu’il se détourne pour s’occuper de son habillement à son tour. Il détache la serviette à son tour pour enfiler le boxer au motif de licorne rose. La taille lui va même s’il doit faire une taille au-dessus de son ami. Il ne s’attarde pas plus sur ce détail et vient rire à l’argumentaire de son ami. « Tu sais comment attiser ma curiosité, mon ami. » Il lance dans un ton complice tandis qu’il suit naturellement son ami dans la chambre de son ami où la pénombre est seulement troublée par la couleur chatoyante des flammes du foyer. L’intimité que dégage la pièce est troublante et pourtant, il se sent plutôt serein. Sans doute parce qu’il se sent bien auprès de Wilfried et que leur amitié ne rend pas cette proximité si curieuse. Pourtant, les paroles de Rebecca sont encore bien ancrées dans son esprit. Elles le perturbent, le questionnent et pourtant, il ne peut s’empêcher de se sentir serein. Que ressent-il exactement pour Wilfried ? Assurément une profonde affection qui s’est imposée à lui et qui l’intime à être là, pour lui, autant de fois qu’il en aura le besoin. « Merci, Monseigneur. » Il lui indique dans une révérence à son tour dans un rire complice alors qu’il voit son ami se jeter sur son matelas avec peu d’élégance, mais qui dévoile une attitude plus naturelle de sa personnalité. Il l’invite à le rejoindre, ce qu’il ne manque pas d’amorcer comme mouvement avant d’être pris de court par ses confidences. Il perçoit rapidement la confusion dans le timbre de sa voix, une certaine tension contre laquelle son ami ne peut pas lutter et qu’il prend en plein visage avec émotion. Il l’écoute silencieusement, attentivement alors que son myocarde semble prendre une cadence plus rapide. Il est troublé, car il ne sait pas comment interpréter tout cela, car trop y réfléchir pourrait résolument le faire douter. En conséquence, il préfère agir au lieu de réfléchir. « Tu veux rire, je l’adore. » Il indique dans un sourire chaleureux alors qu’il vient se poser à ses côtés sur le matelas. « Tout comme mon ami qui porte ce boxer avec ses arcs en ciel et licornes si édulcorées. » Il enchaine dans un rire amical en venant doucement lui presser sa menotte de la sienne. « Tu n’es pas le seul à être troublé, Wil… » Il lui indique dans un ton plus sérieux en venant presser sa main. « Cela fait un petit moment que je suis perdu en ce qui nous concerne. Ce que je sais, c’est que je me sens à l’aise avec toi, que cette intimité m’est naturelle et plaisante et que tu es un très bel homme. Un très bel homme pour qui j’ai développé une profonde affection et que je déteste le voir museler ses pensées ou ses actions. Je veux que tu te sentes libre à mes côtés. » Il lui indique en venant plonger ses iris sombres dans les siennes. « J’ai besoin que tu le sois. » Il conclut dans un murmure alors que la portée de ses propos le prend de court et le déroute. Pourtant, il ne compte pas revenir en arrière. Sa main renforce son emprise contre la sienne alors que son cœur semble plus tremblant dans sa poitrine, suspendu aux lèvres de son ami, à ses prochaines paroles pour pouvoir reprendre son souffle.

La pression de cette main dans la sienne l’émeut et le trouble. Il y a la chaleur qui l’irradie lentement et les paroles simples mais si déstabilisantes aussi. Il a y ce corps à ses côtés. Son ami. Cet homme avec qui il se sent bien. Roman semble toujours trouver les paroles qui lui vont droit au cœur. Celles qu’il a envie d’entendre. Celles qu’il attend. Celles qui lui font peur aussi car elles promettent de jolies choses et Wil a peur des promesses. Il ne veut plus décevoir, ni faillir. Malgré tout, son étreinte se resserre sur les doigts de Roman. Il exerce une pression pour lui montrer qu’il entend ses paroles. Que ces mots le touchent mais qu’il lui faut un peu de temps pour répondre. Il a besoin de ces quelques minutes pour réfléchir. Rapidement mais, il lui faut ce temps de réflexion.
Comme souvent, son premier réflexe est de penser à Ruben. À leur relation et sa fin tragique. Cela l’exhorte à ne rien entreprendre avec Roman afin de ne rien gâcher. Puis, il a l’autre voix, celle qui lui dit qu’il peut essayer. Qu’il a changé. Que forcément, il n’agira plus de la même façon, même s’il en doute. Sa vie sentimentale n’est plus qu’un immense doute car il craint de reproduire inlassablement les mêmes erreurs. Wil a peur et son étreinte se desserre légèrement. Il n’est pas prêt  à lâcher la main pour autant. Il n’y arrive pas.
Bouger. Parler. Agir ou pas.
Agir.
Il bouge. Roule sur le côté mais sans s’éloigner. Au contraire. Se rapproche tout en conservant cette frontière de pudeur. Sa tête est venue se nicher au creux de sa main, le bras replié, ce qui lui procure une position surélevée. Il observe le visage de Roman qui semble détendue malgré la conversation. Il lui envie cette décontraction qu’il semble afficher en toutes circonstances.
« Tout semble si facile avec toi »
Ce n’est pas un reproche, juste une constatation. Comme s'il suffisait de dire pour que les actions s'enchaînent naturellement.
Ses épaules s’affaissent un peu et cette action rapproche son visage de celui de son ami. Il se retient de se relever. De s’éloigner. Sa main libre remonte et se pose sur l’avant-bras musclé de l’hispanique. Sous ses doigts, le grain de peau le fait frissonner malgré lui.
«Je ne sais pas si tout dire est bien »
Wil se rapproche un peu plus jusqu’à sentir le souffle du brun sur son visage. Il aimerait être serein.
« Je ne sais pas si faire ce que je veux est bien, même avec ta bénédiction » 
Le galeriste soupire. Il ne pensait pas qu’une simple demande à rester avec lui cette nuit donnerait lieu à de tels échanges, et pourtant, il trouve cela salvateur d’un côté. Libérateur.
Roman lui donne la possibilité de s’exprimer. De dire ce qu’il ressent et malgré la nouveauté de l’exercice, Wilfried compte bien s’y plier, malgré la boule qui est nichée dans le creux de son ventre. Cette angoisse qui le taraude depuis bien trop longtemps. Qui lui ôte ce côté insouciant et désinvolte qu’il avait jadis.
Sans s’en apercevoir, ses doigts ont continué leur parcours et sont remontés sur l’épaule avant de revenir se perdre sur le torse. Wil rougit lorsqu’il se rend compte qu’il caresse les pectoraux de son ami et retire vivement sa main avant de s’obliger à la remettre au même endroit, immobile cette fois. Juste posée. Il sent le torse se soulever au rythme de la respiration et cela l’apaise.  
« Je sais juste que j’ai très envie de t’embrasser mais que ma raison se refuse à le faire. »
Malgré cet aveu qui trahit toujours sa crainte de briser leur relation, leur amitié, Wilfried s’est rapproché. Après tout, Roman lui a demandé d’être libre. D’agir librement.
Sa raison n’est qu’une excuse. Il doit recommencer à vivre mais il ne veut pas que cela soit au détriment de sa relation avec Roman. Il secoue à peine la tête avant que ses lèvres ne viennent se poser sur celles de son ami. Il y a cette alarme dans sa tête qui lui file la migraine avec toutes les recommandations qu’elle lui balance. Tous les regrets qu’elle fait défiler, avant que quoi que ce soit ait commencé. Il y a toutes les bonnes raisons qui font que son geste n’est pas une bonne chose.
Et il y a le baiser. Cet océan d’oubli et de bien-être. Il y a ce corps contre lequel il est collé maintenant. Que ses mains explorent sans qu’il ne puisse les brider. Sans qu’il ne puisse s’arrêter. Il y a ce soupir qui s’échappe de sa gorge. Autant satisfait que fébrile quant à un retour en arrière possible. Si retour il y a.
Les battements de son cœur tambourinent dans sa poitrine mais aussi dans ses oreilles. Il a l’impression d’être ivre.
« Je crois que j’ai fini par mettre ma raison de côté, j’espère que tu ne m’en veux pas »
Sa voix paraît assourdie et lointaine. L’émotion la recouvre. Lui donne un timbre plus feutré. Wilfried a soudain peur d’avoir encore une fois tout foutu en l’air.