What happens in Vegas, stays in Vegas - Amy

J'aimais beaucoup Amy mais alors mettre un tel costume pour l'aider pendant qu'elle avait son pansement était carrément hors de question. D'ailleurs pour n'importe qui c'était hors de question. Ah tiens revoilà ma capitaine dans l'équation. "En plus je crois qu'elle est célibataire depuis peu." Il me semblait l'avoir entendu en parler mais comme je l'avais dis à Amy elle et moi nous n'étions pas amis, c'était même plutôt le contraire. Je connaissais Amy et pour le coup je ne sais pas si laisser ma capitaine s'occuper d'elle n'était pas en fait un cadeau empoisonné...bah si c'était ça ou le costume de soubrette, le choix était vite fait, je sacrifiais barbie.

Cette idée fait naitre un léger sourire sadique sur mes lèvres et c'est bienvenu pour que pendant quelques secondes je pense à autre chose que cet hôpital. Je sais déjà que cette nuit je n'allais pas dormir. Finalement c'était bien d'être à Vegas lors d'une insomnie, je trouverais bien quelque chose à faire. De retour à l'hôtel je me prends quelques secondes toute seule pour tenter de me calmer et d'avoir une meilleure mine mais c'est peine perdue. J'avais encore toutes ces odeurs dans ma mémoire, les bruits, je me sentais sale, j'avais hésité à prendre une douche. Mais avant je devais parler à Amy et manger, surtout manger, quand j'étais pas bien j'avais faim, en fait j'avais tout le temps faim mais ça c'était un détail. Je me lance, j'explique ce que j'ai sur le coeur, je prends le risque de me montrer fragile devant Amy. Si elle ne supporte pas elle partira mais au moins moi je serais cool dans mes bottes et j'en ai besoin. Mais je ne pense pas qu'elle soit ce genre de personne. Je dis tout d'un coup, presque sans pause, je balance sans ordre tout ce que j'ai à lui dire. Il n'y a rien de méchant contre elle, juste ma peur.

Alors que je garde mon regard fixé sur mes mains tremblantes, je la sens s'approcher de moi et relever mon visage. Je penche ma tête contre sa main, cherchant du réconfort. Ce n'est pas quelque chose qu'elle verra souvent chez moi. Je souris amusée à ses mots...mais qu'est qu'elle a à vouloir que je me marie et sois maman.."Tes médocs sont pas trop forts? mais soit si tu veux me voir maman, tu seras tatie Amy." Rien que d'imaginer ce tableau, ça me donne envie de rire car je n'ai pas du tout envie d'être mère, encore moins de me marier, mais je signe demain pour la médaille olympique. "D'accord , tu me le promets?" Ma voix sonnait tellement comme celle d'une enfant à mes oreilles à ce moment précis.

L'arrivée du room service me sors un peu de cet état, j'entends Amy s'occuper de tout réceptionner, l'employée repart et j'entends le son typique d'une bière décapsulée. Je prends celle qu'elle me tend avec rapidité et la descend tout aussi vite. "Ca fait un bien fou" Je lui fais un clin d'oeil "Tu l'as enfin ta bière." Je pensais que le moment confession était passé, j'avais dis ce que j'avais à lui dire, elle m'avait répondu. On pouvait passer à autre chose, profiter d'être ici, dans cette ville d'amusement, quel que soit l'amusement qu'on voudrait. Sa question fit tomber une nouvelle fois une nuage noir au dessus de ma tête. Je posais les yeux sur ma bière qui avait pris une belle claque et je terminais de l'achever pour me donner du courage pour répondre.

"Je crois t'avoir dis que j'avais été blessé plus jeune. Je devais avoir 14 ans je crois lors d'un match je suis partie en sprint en contre attaque, un contre un contre la gardienne. Pour m'arrêter elle m'a taclé mais les deux pieds levés crampons en avant...elle a tapé dans mon genou et tibia. Comme j'étais lancée en pleine vitesse le choc a été rude et j'ai perdu connaissance, quand je me suis réveillée j'étais dans l'ambulance avec la jambe explosée. Je n'avais pas mal puis la douleur est arrivée à l'hôpital avec les soins, les piqures, les opérations, les pansements, les infections, des nuits à pleurer avant que je shootée par les médocs etc. Je les ai entendus parler que j'allais perdre ma jambe et c'était hors de question" Je me levais pour marcher un peu dans la chambre, revoila la pile électrique. Je ne tenais pas en place. J'allais chercher à manger j'apportais sur le lit pour m'installer."L'histoire se finit bien, elle est pro aussi et cette année je l'ai retrouvé...je lui ai mis 3 buts" Je pris mon air le plus peste et je mangeais un mozza stick "Par contre au premier gros choc sur ma jambe adieu le foot. Du coup bah je me reconvertirait en princesse" Je lui fis un clin d'œil amusée.

J’déteste c’te situation. J’vois bien qu’Bri est dans l’mal. Mais j’en ignore la cause et j’me sens impuissante. Pire, j’commence à penser qu’j’suis la responsable d’son malaise. Si elle a accepté mes excuses, ça veut pas dire qu’j’ai pas fait d’dégâts dans son cœur. Il lui faudra sans doute du temps pour définitiv’ment m’pardonner. J’espère pas d’trop quand même. J’ai envie d’r’trouver notre complicité rapid’ment. A mon avis, on en est pas loin vu sa réplique. Plus elle m’attaque et plus j’me dis qu’elle est en forme. « Tatie Amy seul’ment ? J’accepte pas en d’ssous d’marraine désolée. » J’pouffe. J’suis pas certaine qu’ça soit une bonne idée. Aussi bien pour l’gosse qu’pour moi. J’ai peur d’pas d’être à la hauteur des responsabilités. Les mioches et moi, ça fait pas deux, ça fait facilement huit. Après, j’me f’rai un plaisir d’l’aider à emmerder sa mère. J’lui fil’rai volontiers des alibis lors d’son adolescence. Genre quand il voudra rendre visite à son crush sans l’dire à sa daronne. J’pourrai aussi lui apprendre à conduire une bécane. En fait, y a plein d’trucs sympas envisageables à faire avec un gamin. Attention, avec ceux des autres uniqu’ment. M’parlez même pas en rêve d’maternité. Y a pas moyen. Du moins, y a plus moyen. Plus d’puis la mort d’mon amour. Sinon, j’admets y avoir songé.

« Promis, juré. » Pas craché, j’tiens pas à dégueulasser la chambre. On va pioncer d’dans. Et j’ai pas envie d’rapp’ler l’service d’l’hôtel. Après, en r’pensant à la tête d’l’employée, ça s’discute. J’l’ai r’mercié trop vite. J’ai pas eu l’temps d’mater son cul. D’habitude, quand j’vais à l’hôtel, tous les trente-six du mois, j’reluque discrét’ment par la porte l’postérieur d’la donzelle qui m’amène ma commande au moment où elle s’en va. Là, l’appel d’la soif et la présence d’Bri livide m’ont fait oublié ma routine. J’m’en r’mettrai. D’toute, c’pas impossible qu’j’la r’voie. Au rythme où on descend nos bières, on va avoir b’soin d’munitions sous peu. « Yep, enfin ! M’manque plus qu’une blonde pour la nuit ! T’crois qu’l’établassim’ent peut m’aider ? » J’affiche un rictus malicieux. J’déconne bien sûr. D’un côté, vue l’luxe, j’en s’rai pas vraiment étonnée. A tous les coups, les lieux proposent un service charnel aux client.e.s les plus fortuné.e.s. La miss qu’a apporté nos boissons en en fait p’t-être partie ? J’vais loin là. J’suis fatiguée. Puis bon, j’compte pas m’envoyer en l’air avec Bri dans la pièce. Dans une pièce annexe pourquoi pas mais j’me vois mal d’lui d’mander dormir dans la salle d’bain. Surtout c’qu’elle qui paye ! Même si elle a pas la forme, j’doute qu’elle apprécie. C’plutôt un coup à éveiller son démon l’plus violent.

J’vais éviter. J’ai eu ma dose d’émotions pour c’soir. Enfin, j’dis ça mais en fait non. Car elle s’vide l’cœur. Et j’comprends mieux son souci. Pour une meuf qu’à l’ambition d’régner sur l’football mondial, entendre qu’elle allait perdre une jambe a dû la mettre dans un état. J’pense qu’ça a été un mal pour un bien. Hargneuse, combattante, elle allait pas s’laisser abattre si facil’ment. J’parie qu’elle s’est dém’née bec et ongles pour faire mentir les toubibs. Et elle est à aujourd’hui, debout sur ses deux cannes, prête plus qu’jamais à faire trembler les filets. « Qu’trois buts ? A ta place j’lui en aurai mis dix. Et une claque dans la gueule à la fin du match accompagné d’un sans rancune ». J’pioche dans la bouffe avant qu’elle mange tout. Elle parait pas comme ça mais elle engloutit plus vite que son ombre la donzelle. Heureus’ment qu’elle est moins penchée sur l’alcool. J’enfile une gorgée pour avaler l’onion ring. J’la r’crache aussitôt à son annonce. Quelle idée d’me faire rire aussi ? « T’es conne ! Enfin, tu révis’ras tes classiques avant. Y a pas encre d’unijambiste chez les princesses. Tu peux essayer d’lancer la mode. Et l’fais pas exprès pour qu'j’te porte dans mes escaliers ! J’te vois arriver avec tes gros sabots. » J’lui envoie un clin d’œil.

J’me souviens d’ses mots lors d’sa première v’nue à mon appart. Sportive mais un peu feignasse sur les bords, elle s’est plainte d’mes marches. J’me calme. J’admire mes dégâts. L’drap pue la bière maintenant. Ma foi, on l’enlèv’ra avant d’se coucher. « J’espère bien qu’il arriv’ra jamais rien d’grave à ta jambe. T’sais quoi, j’vais m’en assurer. A partir d’ce jour, j’vais v’nir t’voir toutes les fois où tu joueras à LA. J’vais noter l’nom des joueuses trop virulentes à ton égard et aller leur dire deux mots à la sortie du stade. Par contre, m’faudrait un pass VIP… Tu peux m’fournir ça ? » J’dégaine mon r’gard d’biche. J’ai pas l’budget pour financer un abonn’ment annuel. Ça coûte cher c’te conn’rie. Et avec toute l’amitié qu’j’ai pour elle, ça passe pas sans un coup d’pouce financier. Sinon, j’suis sérieuse. J’suis réell’ment motivée pour aller la mater en direct à chacune d’ses prestations à domicile. Et j’suis même pas motivée par l’buffet. Franch’ment, c’était pas ouf. J’ai juste envie d’vivre un bout d’sa passion. Et d’lui faire plaisir. Car bien qu’elle risque d’pas l’formuler en bon glaçon qu’elle est, j’suis persuadée qu’c’le cas.

Marraine Amy? mais pourquoi donner tant d'handicaps dans la vie à un enfant qui n'a rien demandé? Déjà si par erreur c'est moi la mère, et oui erreur car je ne veux pas d'enfants, alors je le plains. Le ou la d'ailleurs. Mais s'il faut rajouter Amy dans le beau tableau familial étendu alors là c'est le désastre. La rousse connait quasiment toutes mes failles et la connaissant elle ne serait pas une alliée pour moi. Mais je suis sauvée, je n'ai aucunes envies d'être maman, j'ai beaucoup de choses à faire avant. Je veux bien suivre les traces de mon modèles, mais là voix de vie de famille qu'elle a choisis ne me plais pas. Et puis franchement pour trouver quelqu'un qui ai le courage de m'aimer, je pense que j'allais terminer seule ou à enchainer les conquêtes. Donc ça me coutait rien de donner le rôle de marraine à Amy vu que ça n'allait pas arriver.

On recommençait tout doucement à se vanner ce qui me faisait beaucoup de bien. Tout était bon à prendre pour ne pas repenser aux hôpitaux. D'ailleurs voilà un autre argument pour le fait que je ne serais jamais maman...faut aller à l'hosto pour accoucher et ça le ferait moyen une crise de panique dans ces moments là. Puis un marmot ça se fait mal, ça a besoin de soin, donc ça voit souvent les hôpitaux et ça je me rappelais mon enfance avec mon côté casse coup donc voilà , un ou une mini moi, hors de question. La réplique d'Amy me fit rire. "On est à Vegas tu peux tout demander, mais pense que je dors aussi ici et j'ai pas franchement envie d'assister à tes exploits au lit." J'allais rajouter "surtout que ça sera pas avec moi" mais je me retins juste au dernier moment. Certaines vannes pouvaient aller trop loin et je ne voulais pas créer de malaise entre nous.

Malheureusement le moment détente n'a pas duré longtemps et je balance ce qui m'est arrivée. C'est rien de grave maintenant mais à l'époque j'avais pleuré, pleuré et encore pleuré avant de me reprendre et de remonter la pente. "Si j'avais fais ça, je n'aurais pas mieux valu qu'elle, mais les trois buts que je lui ai mis plus sa réaction après a quasiment cassé sa carrière, là c'est mieux comme vengeance." Heureusement pour moi elle avait eu d'autres antécédents d'actes violents sur un terrain donc ce match contre elle avait juste servi à achever sa carrière. Ma bière est bien descendue mais moins que finger food que j'ai commandé. J'ai vraiment un soucis, j'ai tout le temps faim, sauf quand je dors. Je ne pensais pas que ma phrase fasse cet effet à Amy et j'affiche un sourire fier. "Un jour tu me porteras pour monter chez toi, je sais pas quand ni pourquoi mais j'y arriverais héhé."

Si Amy pensait que je pouvais oublier un truc pareil, elle se mettait le doigt dans l'œil jusqu'au coude. Le drap pue la bière, bon ben un drap en moins, si ça continue l'hôtel va me blacklister, entre le miroir et ça. Le pire? j'y suis pour rien, c'est Amy le boulet, pas sortable la vieille. Je terminais ma bière et picorais encore à manger. "Tu sais si tu veux voir ma capitaine, pas la peine de me prendre pour alibi hein. On dirait une maman qui se sert de sa fille pour voir quelqu'un qu'elle kiffe. Mais je te remercie de te soucier de ma jambe" Je lui souris cette fois assez peste.

Décidément on passait par toutes les associations possibles, soeurs, amies, parentes, amantes pour certains, cette relation n'avait pas de mot pour être définie et c'était bizarre. Mais franchement c'était génial à vivre et je me concentrais que sur ça. "Que veux tu faire? avec ta main ça réduit un peu les possibilités. Tu veux aller jouer au casino? je te suivrais mais je joue pas." Là je me prendrais bien une deuxième bière ou un truc plus fort. Et là d'un coup j'eus une illumination, bon peut être dangereuse l'idée mais financièrement intéressante. "On va aller jouer et tu sais pourquoi? parce que quand on joue on peut boire tant qu'on veut, c'est gratis et j'ai envie de me mettre la tête." On aurait pu rester encore un peu dans la chambre pour parler, mais je pense qu'on avait dit ce qu'on devait se dire et moi sur un lit clairement j'y restais que pour deux choses, les deux à mon avis m'étant pas autorisée. Dormir je doute qu'Amy me laisse faire alors qu'on était à Vegas et pour le sexe, non pas une option non plus pour différentes raisons, donc autant jouer un peu genre 100 dollars et boire à volonté.

"Je vais me changer, mettre un truc plus simple." Je me levais du lit, allais vers ma valise pour prendre une robe et je filais dans la salle de bain pour me changer. Fallait pas habituer le prédateur Amy à me changer devant elle et surtout j'étais pas à l'aise, donc je me déshabillais, mettait cette robe, une paire de converse et je laissais mes cheveux détachés. Je ressortais de la pièce. La robe n'avait rien d'ultra sexy mais elle mettait en valeur ce qui devait être mis en valeur. J'avais pas forcé sur le maquillage, juste les yeux et c'est tout, j'étais en mode décontract. "Prête à aller flamber un peu et boire beaucoup?"

Bri insiste pas sur les gosses. Après, elle est jeune et a l’temps d’y penser. J’comprends qu’elle l’envisage pas pour l’instant. Un mioche est handicapant pour ses projets. Entre la grossesse et la récup, elle perdrait d’son niveau. Elle y tient pas vraiment. Et moi, j’suis pas prête à endosser mon rôle d’marraine dans neuf mois. Rôle qui r’sssembl’rait plus à c’lui d’nounou. Clair’ment, les enfants je gère mal mais les bambins et les pleurs, c’pire. J’suis capable d’lui filer un biberon d’bière pour l’faire pioncer et taire. Ouais, j’suis pas faite pour être mère. Ça tombe bien, c’pas à mon programme. J’me vois plus m’entrainer à les conc’voir plutôt. Enfin, entre femmes c’compliqué, j’l’admets. C’t’impossible qu’une amante m’sorte un truc du style chérie, j’suis enceinte. C’t’un avantage du sexe lesbien. J’ai bien envie d’me trouver une infirmière dès c’soir. Dis comme ça, ça fait morte de faim. J’avoue être un peu en manque en c’moment. J’ai tell’ment pensé à Hazel et c’festival qu’on aurait dû faire ensemble que ma libido a été nulle. Et j’ai dépensé masse influx nerveux dans l’engueulade. M’faudrait m’ressourcer. Et une bonne partie d’jambes en l’air est idéal pour ça. Et si Bri m’confirme qu’c’faisable, elle soulève aussi un problème : sa présence. A deux doigts d’lui dire qu’elle peut participer si elle l’veut, j’prends conscience qu’y a des limites aux blagues. Surtout après mes paroles face à la pouffe blonde sur l’évocation qu’on soit en couple.

J’quitte cette pente glissante pour une autre. C’pas forcément l’idée du siècle d’la questionner sur son passé. C’trop tard pour r‘venir en arrière. Ça a pas l’air d’la déranger vue qu’elle débite son histoire. « T’es rousse, tu vaux mieux qu’elle par défaut. » J’éclate d’rire. Il est connu qu’les rousses dominent l’monde, non ? Si vous en doutez, v’nez donc m’rendre visite et on en r’discut’ra. Sinon vrai qu’elle a raison. Elle est moins impulsive qu’moi sur c’coup-là. En fait, ça montre qu’elle peut être calme et raisonnée. L’choc ! Moi qui croyais qu’elle était en mode pile électrique H24. J’déconne. Moi aussi, j’ai des moments où j’suis adorable. Quand j’y r’garde d’plus près, j’suis même toujours adorable. Faut juste savoir que lorsque j’balance des piques, c’t’affectif. « S’tu gagnes l’championnat j’te port’rai ! » J’affiche un rictus. Pourtant j’suis sérieuse. Bri est une femme d’défi, en v’là un tout beau tout neuf. C’pas la mer à boire en plus. Pour ses ambitions, mon challenge doit être un jeu d’enfant. « Par contre, si tu t’rates, c’toi qui m’port’ras ! » Qui dit défi, dit gage. En cas d’échec, elle peut pas s’en tirer sans rien. J’m’imagine parfait’ment calée dans son dos, ses bras sous mes cuisses, à trimballer ma carcasse dans les marches. Ou mieux encore ! J’me vois bien dans ses bras, portée telle une princesse. J’crois qu’j’rêve un peu trop. La bière déculpe mon imagination. D’ailleurs elle est d’jà vide. C’que ça s’boit vite. Sans compter qu’j’en ai gâché une partie sur les draps.

Pas grave, l’hôtel en a d’autres en stock. « D’la boxe, j’ai d’jà un gant. » J’pouffe dans la s’conde. J’me fatigue toute seule parfois. Bri propose l’casino pour la suite. J’ignore si elle l’veut vraiment ou si elle l’fait pour m’faire plaisir. Dans mes souv’nirs, elle était pas fan du truc. Ça a même été l’point d’départ d’notre dispute. C’p’t-être sa façon d’enterrer définitiv’ment la hache d’guerre. Ou pas. C’juste une putain d’poivraute ! « Molo quand même. J’veux pas t’voir en mode démon à danser d’bout sur la table d’craps. » Dans l’absolu, j’m’en fous. J’s’rai même contente. J’aime la voir danser. Elle a joli déhanché la miss. Elle sait s’servir d’ses courbes. Mais j’suis pas sûre qu’ça passe même à Vegas. On s’f’rai sûr’ment virées. Heureus’ment qu’j’suis là. J’vais la surveiller. « On va faire équipe. J’vais mettre les j’tons et toi, tu tires sur l’manche. » J’adore les machines à sous. Les lumières, les sons, c’magique. Avec ma main droite bandée, j’peux pas gérer seule l’bandit manchot. Sur l’coup, c’moi l’manchot. Oui, j’ai fait l’école du rire. Par contre, si on gagne l’jackpot, j’saurai m’démerder pour ramasser les pièces jusqu’à la dernière. « On ira aussi s’faire d’la roulette. J’me sens en chance c’soir ! » J’suis à Vegas avec une super pote. Si c’pas du bol, j’y comprends rien. Et au diable les accrocs du soir. J’préfère r’tenir l’meilleur.

Bri file s’changer dans la salle d’bain. J’l’imite car mon t’shirt à morfler égal’ment. J’enfile mon favori, c’lui qu’j’lui ai prêtée une fois, l’noir avec l’gros logo d’AD/DC au centre. A son r’tour dans la chambre, j’suis bouche bée deux s’condes. Sa robe moule magnifiqu’ment ses formes. J’garde pour moi une r’marque sur ses intentions. Néanmoins, j’parie qu’elle s’f’ra draguer. « J’préfère flamber beaucoup et boire peu. » J’vais suffisamment picoler au festival. Puis j’suis sous médocs. Alors j’vais être raisonnable. On s’casse des lieux. On r’descend par l’ascenseur. Dans le hall, j’demande à l’accueil l’nom du meilleur casino d’la ville. Étrang’ment, on m’indique c’lui qui est juste en face d’l’établiss’ment. Ma main à couper qu’les deux sont en partenariat. Ma foi, j’m’en fous. J’avais pas envie d’parcourir les rues d’toute. On sort dehors. Y a plus d’monde que tout à l’heure. J’ai l’impression que plus la nuit avance et que plus l’endroit prend vie. Par réflexe, j’attrape les doigts d’Bri pour traverser. On nous ouvre la porte. Galante, j’laisse la jeunette entrer la première. On vérifie nos majorités et on s’prend des j’tons. J’en prends pour cinq-cents dollars en espèce. C’le budget qu’j’me suis allouée. J’me dirige vers les diverses tables. J’repère la roulette. J’choppe Bri par l’bras et la tire, toute excitée. L’croupier annonce « Faites vos jeux. » J’pose une tablette d’cent sur l’sept. C’pourtant pas mon chiffre fétiche. C’le numéro d’Bri dans l’équipe. J’mise sur elle en quelque sorte, convaincue d’gagner. J’peux pas perdre avec elle. C’la chance d’ma vie d’puis la mort d’Hazel.

Je sais pas ce qu'Amy a avec les rousses, mais c'est la première fois que j'entends cette phrase. Ma couleur de cheveux a souvent été un poids plutôt qu'un avantage. Mais sans l'aspect couleur de cheveux n'entrait pas du tout dans le fait que oui j'étais meilleure que cette fille et de loin. Elle avait un passif agressif sur les terrains, on l'appelait la bouchère...et même jeune je l'avais déjà humilié donc son attaque était sûrement prémédité. Bah maintenant je m'en fous parce que j'ai pris du plomb dans la tête mais les jours après à l'hôpital j'aurais été prête à lui couper les jambes. "J'avais jamais entendu cette phrase, je crois que t'es la rousse la plus fière que je connaisse." Ouais bon c'était la seule mais ça chut.

Son défi réveille mon intérêt. Bien sûr je n'ai pas besoin de ça pour avoir une motivation de gagner ce championnat. Pour devenir la meilleure faut déjà gagner des championnats en pro, et première étape gagner celui aux US avant de m'attaquer à l'Europe. C'est la suite du défi qui me plaisait moins d'un coup. "Tu perds pas le nord...mais ok...challenge accepted. Par contre si je gagne, tu devras me porter avec le trophée." Je serais même capable de sortie de la pelouse après le coup de sifflet final, et de lui sauter sur le dos, mais bon je doute qu'elle apprécie me porter encore en tenue de foot trempe de sueur. Je pense que je me prendrais un stop en bonne et dûe forme. Mais je garde l'idée dans un coin de ma tête, rien que pour voir sa tête.

Je lui lance un regard mode blasé, là bon l'humour était pourri de chez pourri. D'ailleurs pour oublier ce que je viens d'entendre je bois une gorgée. Va vite faloir que je passe à plus fort. "On va éviter, je te rappelle que le dernier truc que tu as boxé c'est un miroir et je dirais que c'est lui qui a gagné." J'allais me rappeler de ce séjour à Vegas, par contre pour le moment je ne sais pas si ça serait en bien ou pas, parce que bon j'étais pas allée rouler et ça, ben ça me faisait un peu chier. Ok j'avais fais du tir, j'avais sauté à l'élastique avec une belle rousse, je l'avais faite sortie de ses gonds mais à part ça, j'avais été l'image même d'un ange. Et j'aimais pas, mince j'étais à Vegas ce n'était pas pour rester sage non? puis après y'avait ce festival de musique ou je sens que j'allais me faire manger toute crue. Ce n'était pas mon monde, si c'était comme les vidéos que j'avais vu j'allais pas y survivre longtemps donc fallait que je profite avant.

"Deal pour faire équipe, par contre oui j'ai envie d'être un démon, je me trouverais une boite pour aller danser." La danse était un bon défouloir de toutes les tensions. Alors même si je n'en voulais plus du tout à Amy, je ressentais encore le fait d'avoir été dans un hôpital. Sans parler du fait que je n'ai pas bien fêter la victoire. Par contre si on gagnait c'était pour qui? la personne qui a mit la pièce ou celle qui a tiré le manche? D'ailleurs cette expression me faisait sourire intérieurement car en général je faisais ça avec mes voitures et je gagnais rarement des douleurs, mais je bouffais de la gomme des pneus. Bref c'était un coup à se disputer ça. Ou moit moit. Je sais pas moi y'avait des règles dans ce genre de cas? bon c'est pas comme si on allait gagner mais on sait jamais.

A voir sa réaction quand je sors de la salle de bain, je me demande si j'en ai pas trop fait alors que non c'est naturel. "Attention ferme la bouche, tu vas gober une mouche." Je lui tire la langue pour m'amuser. Mais dans un petit coin intérieur, je suis contente de voir sa réaction. Brianna 1 Amy 0 et hop ça c'est fait. Nous voici donc les couloirs du casino, et c'est vrai que j'ai du mal à passer inaperçu pourtant sérieux ma robe est pas provoquante, j'ai pas une coiffure de ouf et pas de maquillage. Les gens sont space. On arrive au casino, le lieu est très bruyant, ça clignote de partout et je mets quelques secondes à m'habituer à l'endroit. L'agent de sécu tique un peu à mon âge, ça va quoi j'ai passé les 21 ans, on se calme le gorille, mais il finit par nous laisser entrer.

Je suis Amy car je suis perdue, elle change 500 en jetons, ah ben quand même...500 c'est pas rien. Je fais pareil. J'aurais pu miser plus mais non j'y arrive pas, je préfère le dépenser ailleurs. On va à la roulette. J'y connais rien moi à tout ça alors je laisse Amy jouer, je remarque qu'elle joue le 7 et ça me fait sourire. Une serveuse arrive pour nous demander ce qu'on veut boire. Ahhh la voila qui me plais, je commande un sex on the bar et je laisse commander Amy. La petite bille tourne, tourne, tourne et tombe sur le 7, je pousse un petit cri tout content, je lui souris, contente pour elle. "héhé best number ever vu que c'est le mien, tu vois je suis ton porte bonheur." Je regarde même pas combien elle a gagné car mon verre arrive et je décoche un sourire ravageur à la serveuse qui je vois être un peu déstabilisée. J'ai décidé de jouer ce soir, de beaucoup jouer. Le cocktail est un délice et je reporte mon attention sur la table de jeu, cette roue qui tourne c'est assez hypnotique. J'aide Amy quand je sens qu'elle galère avec sa main mais je ne joue pas. Je pense plutot que je vais aller parier aux trucs de sport, j'ai vu que les paris étaient ouvert pour la prochaine course de F1 et ça c'est mon domaine. On était là depuis quelques temps et je m'ennuyais déjà. Je posais ma tête sur l'épaule d'Amy et je pris un air de chiot implorant. "Bon on va jouer du manche?" Oui ma phrase était un sous entendu débile mais il me faisait rire...moi aussi j'avais le droit à un humour nul.

En y réfléchissant, j’trouve ça complét’ment ouf d’savoir qu’j’fous plus les pieds au casino qu’Bri. D’nous deux, elle est clair’ment la plus friquée. Perso, j’ai des fins d’mois compliqués. C’pas la faute à un manque d’moyen, mon salon tourne bien et ma caisse est régulièr’ment pleine. C’plus à cause d’ma gestion. J’dépense c’que j’gagne sans m’soucier du lend’main. J’prévois quand même d’quoi régler mes factures avant. Mais j’anticipe pas une crasse éventuelle. Quand la vie est cool, ça s’passe bien et quand elle fait sa pute, moins bien. J’mange pas souvent des pâtes car j’adore ça. Parfois, j’ai juste pas l’choix. Dans l’absolu j’l’ai. Sauf qu’entre entret’nir ma bécane ou bouffer, mon bébé à la prio. Et d’la même pour c’festival et c’te virée à Vegas. J’sais qu’vais m’taper des coquillettes tous l’mois prochain. Hormis les jours où Bri va m’inviter à m’empiffrer d’un brownie chez elle. Elle cuisine pas mal la miss. Du moins en c’qui concerne les gâteaux. Elle m’a jamais fait un r’pas complet total’ment d’ses dix doigts. On s’commande toujours un truc. J’compte pas squatter sa baraque non plus. J’suis pas une profiteuse. J’paye une fois sur deux, comme l’exige les bonnes manières. Par contre, j’avoue qu’j’lui paye pas un resto étoilé d’mon côté. J’fais en fonction d’mes moyens. Elle m’en tient pas rigueur. Surtout qu’elle kiffe les pizzas d’Pablo. Heureus’ment qu’j’lui ai fait découvert. Sinon, elle continuerait d’s’empifrer des merdes vendues à Domino’s.

Elle m’fait rire avec son attitude d’princesse. C’t’à s’demander si elle est d’jà entrée dans un casino. Oui vu qu’elle connait l’coup des boissons gratuites. D’ailleurs, elle met pas longtemps à exploiter l’truc. « Elle t’a d’mandé c’que tu voulais boire, pas c’que tu voulais faire. Un sex on the beach pour moi. » J’ris d’ma conn’rie. J’r’marque quand même qu’les joues d’la serveuse rosissent. C’pas impossible qu’l’idée lui plaise. Faut dire qu’Bri est terribl’ment sexy dans sa robe. J’vois bien qu’elle attire les r’gards des personnes autour d’la table. Et y a pas d’doute, ils sont pas braqués sur moi. C’sa bouille, son décolleté, son cul qu’on mate. Au point qu’un gus a oublié d’miser lorsque l’croupier annonce « Rien n’va plus. » L’employée s’sauve. J’ai les yeux fixés sur la bille. C’t’hypnotique c’truc. Limite presque autant qu’une blonde qui s’déhanc’rait d’vant moi. P’t-être pas quand même. La bille ralentit. Elle commence à r’descendre. Elle percute des cases et r’part pour un tour. Elle finit par s’arrêter. L’vingt-deux, c’raté. Enfin, jusqu’à c’qu’elle feinte et s’barre une nouvelle fois. Cette fois elle pose ses fesses sur l’sept. J’y crois pas. J’y crois seul’ment quand l’croupier pousse un tas d’pognon vers moi. En fin d’compte, j’vais p’t-être pas bouffer qu’pâtes l’mois prochain. Sous réserve qu’j’dépense pas l’entier’té d’mon gain avant d’sortir d’ici. « On dirait bien ouais. J’sortirai plus au cas' sans toi désormais ! » Et tant pis si c’pas son délire. J’me tape bien l’stade.

Avec une main j’galère à réunir l’fric. C’pas grave. J’le laisse en tas d’vant ma place. Généreuse, et surtout enjouée, j’file cent biftons au croupier qui m’a fait gagner et à la serveuse qui r’vient avec nos boissons. Elle capte pas pourquoi vu sa tête mais prend sans poser d’question. Naïve, plutôt flambeuse, j’envisage pouvoir piller la banque deux fois d’affilée. J’balance la moitié d’ma fortune sur l’dix-huit, jour d’naissance d’Hazel. L’résultat est pas c’lui escompté. J’ai paumé. J’suis déçue. Un pinc’ment au cœur s’pointe. C’pas l’moment d’être nostalgique. J’en ai pas l’temps. Bri s’la joue biche et pose son menton sur mon épaule. J’la savais pas aussi tactile. Ses propos m’font sourire. J’pivote ma tête et vient murmurer à son oreille. Enfin murmurer à ma façon. Disons qu’j’gueule pas et qu’on m’entends pas à cent mètres à la ronde. « S’tu tiens tant à jouer du manche. J’te parie qu’le gars au bout d’la table est volontaire. Il t’mate d’puis notre arrivée. » J’évoque l’mec qu’à pas misé. En fait, il joue sans jouer. Il s’enfile des rasades d’son cocktail pendant qu’il dévore d’ses billes bleutées ma pote. Il est beau gosse dans son costard gris, sa chemise blanche sans cravate et avec sa barbe d’trois jours. Un vrai fils à papa ! D’où j’suis, j’discerne pas les noms sur ses fringues. J’mets à main à couper, la valide, qu’ils sont d’marques. Comme Bri aime en porter.

J’la laisse juger s’il est à son goût. En attendant, j’récupère c’qui reste d’mon butin. Et c’pas facile d’une seule main. « J’ai b’soin d’ton aide, princesse. » Mes j’tons réunis on c’casse d’la roulette et on s’dirige vers les machines à sous. Y a pas foule dans l’coin. C’pas plus mal en soi. Pas faites pour y être à deux, y a qu’un siège. Handicapée et la plus vieille et la plus peste d’notre duo, j’y pose mon postérieur. Bri a qu’à s’assoir à côté, elle dérang’ra personne. J’sais pas combien dépenser dans c’jeu. D’jà, j’peux pas y mettre les tablettes. J’vais commencer par claquer ma monnaie. J’avis’rai ensuite. J’fous une pièce et indique à Bri d’tirer sur la manette. L’premier essai est un échec. Au bout d’quatre, on tient notre première réussite. Rien d’fou, c’l’plus p’tit gain possible. C’t’assez pour trinquer et terminer d’vider nos verres. Prête à enchainer, une ombre s’présente à proximité. J’jette un œil à la silhouette. C’mister beau gosse d’la table d’roulette. Il a sorti l’sourire charmeur, d’loveur même. J’aime pas sa façon d’r’luquer Bri. Non, j’suis pas jalouse. « S’tu cherches les toilettes, c’par-là ! » J’montre la direction diamétral’ment opposée à la nôtre du doigt sans savoir si j'ai juste. Il est pas l’bienv’nue. J’suis pas jalouse mais j’tiens pas à c’qu’on vienne nous emmerder. Il a l’droit d’draguer la footeuse mais il attend qu’j’sois pas les parages quoi. Sauf s’il veut s’faire mordre. « Euh non… Je voulais juste un autographe. Je suis fan des LA Strikers… » Il a dégainé ses yeux d'biches. J’soupire. Putain même à Vegas, on peut pas avoir la paix. La joie d’être amie avec une star. J’vous jure.

"Et pourquoi pas faire une pierre deux coups? et puis à mon avis il sera plus simple de trouver un bar à Vegas qu'une plage, copieuse d'idée de cocktail." J'adorais ce cocktail mais ouais le nom n'était pas super selon où on le commandait, et erreur de ma part je n'avais pas pensé qu'Amy allait trouver un truc à dire, et au vue de la tête de la serveuse, à croire que l'idée lui plaisait. Maintenant quelle idée? le bar ou la plage? Je pense que je ne saurais jamais la réponse et puis en fait je m'en fous car j'ai vraiment pas dans l'idée de partir en chasse ce soir. Je découvre le monde des casinos et comme prévu j'ai un peu de mal avec le fait de miser de l'argent comme ça, Amy gagna un bon paquet mais au final ce n'était que de la chance. Elle on sait tous que la chance était changeante. Bon j'étais quand même contente de la voir gagner et je me la pétais un peu en disant que c'était grâce à moi. Parait que les joueurs avaient des portes bonheur pour attirer madame la chance. J'avais bien entendu là? oh là calmos le délire du porte bonheur c'était pas sérieux, j'allais pas la suivre toute la nuit pour jouer. Franchement question porte bonheur, elle faisait pas dans le discret à se trimballer une rousse de presque 1m75. "Humm faudra mettre le prix pour que j'accepte d'être ton grigri."

Je rêve où Amy vient de filer comme ça 100 dollars au croupier et à la serveuse? Pour quelqu'un qui me disait respecter l'argent, là elle se comportait bizarrement. Ok elle avait bien gagné mais pas des centaines de milliers de dollars non plus, fallait qu'elle se calme. Je pris mon verre assez distraitement me disant que j'avais intérêt à rester le plus sobre possible pour éviter à mon amie de perdre bêtement ce qu'elle venait de gagner. Pour une fois c'était à moi d'être la voix de la raison. Encore un truc complètement inattendu de ce voyage. Demain je vous dis qu'il va y avoir déluge dans le désert. Ce devait arriver arriva elle perdit une bonne parti des gains, c'était donc le moment d'aller ailleurs. Alors même si j'avais pris la bonne résolution de rester sobre, j'avais sifflé mon cocktail un peu rapidement et il me montait à la tête. Je voulais bouger et j'avais aussi envie d'embêter Amy, ceci dit difficile de dire quelle envie était la plus forte à cet instant, mais m'amuser à jouer la tactile était un début. Sauf que bon moi qui pensait recevoir une répartie cinglante, je restais con à la réponse. De quel gars elle parlait? Je suivis donc ses indications en cherchant du regard un mec au bout de la table et ahhh ouiii beau spécimen. "J'aime pas les mecs en costard."

Mon père portait que des costards donc me taper un mec en costard non merci, pas envie de faire certains rapprochements qui foutraient en l'air ma santé mentale. Miss roulette accepta quand même de bouger et se trouva une machine pour jouer. Je l'aidais à porter son butin. C'est plutôt addictif ce truc, tu mets une pièce, tu appuies sur le manche, tu vois les trucs tourner priant pour tomber sur le jackpot. On fait choux blanc quelques fois et quand on gagne...pas de quoi aller manger dans un palace. Mon verre est vide...j'aime pas les verres vides, c'est triste un verre vide. Mal barré mon envie d'être sérieuse. J'allais dire à Amy que j'allais commander une autre tournée quand je l'entends rembarrer quelqu'un et ça me fait rire. Je reconnais le mec de la roulette, vu de plus proche, il est vraiment pas mal mais le costard c'est nooo way. Un fan de l'équipe? " Vous avez quelque chose que je peux signer, je n'ai rien sur moi."

Je sais que ça gave Amy, mais je ne peux pas dire non donc je m'écarte un peu avec le gars. On parle du match auquel il a assisté. Je me tiens à distance mais il se rapproche à chaque fois ce qui commence doucement à me gaver. Je crois qu'il me parle mais je n'écoute plus rien, je garde un oeil sur Amy pour voir qu'elle ne perde pas tout. AU bout d'un moment j'en ai ma claque. "Excusez moi je vais retourner jouer, je vois que mon amie galère avec sa blessure. Je serais ravie de vous revoir à un match à L.A." Je le laisse sur place, va chercher deux cocktails, puis je rejoinds Amy. "Cette fois à toi le bar, à moi la plage, on choisira celui qu'on préfère." Et là je me rendais compte que ça pouvait porter à confusion et je rougissais "Enfin ce qu'on préfère comme cocktail hein pas comme endroit pour..." Bravo Bri continue de t'enfoncer, donc pour arrêter le massacre je bus une grande gorgée du cocktail et je tentais de détourner la conversation. "Alors ça donne quoi? tu fais cracher le casino ou on va devoir partir en urgence?"

Houlà, elle commence à se lâcher la miss ! La bière lui fait d’l’effet. Ou elle m’côtoie d’trop et s’débride. J’l’ai jamais entendu évoquer une idée sexuelle. Elle s’montre pudique à c’sujet. J’la juge pas. Elle a pas forcément eu des parents ouverts pour en discuter. Avec les miens, y avait pas d’tabou. Ma mère a répondu à toutes mes questions. Enfin, à celles qu’elle pouvait. Car quand j’ai compris être lesbienne, elle a pas vraiment pu m’aider. J’me suis démerdée sur l’tas. Au sens propre comme au figuré. « J’t’offre un tatouage à chaque sortie. Et deux si j’sors positif des lieux ! Deal ?! » J’lui tends ma main. Mon accord est honnête à mes yeux. Y a peu d’chance qu’lui en fasse deux d’un coup. J’en ai conscience. Mais j’m’en fous. J’vais pas au casino pour gagner. C’t’un loisir c’tout. Et j’en suis pas addict. J’y vais quoi, quatre fois par an, j’dirai. Entre quatre et huit tatoos pour Bri pour ach’ter la chance à l‘année, j’prends. Reste à savoir si elle s’engage. J’suis pas sûre qu’elle soit prête à s’faire autant tatouer. Elle est loin d’ma folie encrée. Si elle aime ça, c’pas sa passion première. « J’précise, un tatouage pour toi ou la personne d’ton choix, gratis. » Comme ça, elle a plus d’argument pour r’fuser. Surtout qu’j’ai dégainé l’sourire charmeur pour la faire céder.

Accord scellé ou pas, j’rabats ma main. C’que j’fatigue et qu’j’ai envie d’jouer. J’perds et décide d’suivre ma pote. Avant j’lui indique qu’elle a une touche. Elle semble pas emballée. « T’auras qu’à lui enl’ver ! » J’me marre. Qu’est-ce qu’on en a à foutre des fringues ? Pour s’envoyer en l’air, ça sert à rien. Perso j’apprécie quand ça s’retire vite. J’ai pas envie d’mettre dix minutes à mettre à poil ma part’naire. Et faire l’amour habillée, c’mort ! Ça m’coupe net. Sauf si elle porte une ling’rie sexy. Là, ça m’enflamme. Mais j’la laisse pas longtemps sur son corps non plus. J’ai trop b’soin d’frotter ma peau à la sienne, d’ressentir les frissons. Bref, j’suis pas là pour étaler mes délires lubriques. On s’sauve d’la roulette pour les machines à sous. C’plus calme. Enfin, jusqu’à c’que l’gus s’pointe. Lui, il semble apprécier la t’nue d’Bri vu comment il la r’luque. J’sais pas pourquoi, j’lui cal’rai bien ma main bandée sur l’pif. C’pas d’la jalousie. On est pas jaloux d’ses ami.e.s. Et Bri est une amie, rien d’plus. Hormis ma meilleure amie. Et une sœur d’cœur. Y a rien pas d’amour entre nous. Dans mon agacement, j’arrive à sourire. T’as pas rien sur toi, ma belle. T’as une robe du tonnerre et un cul d’enfer. Cul qu’j’mate pendant qu’elle s’éloigne.

J’la laisse gérer et joue toute seule. J’garde quand même un œil sur l’duo, prête à sauter à la gorge du mec au moindre geste suspect. J’le trouve très collant pour un timide. Déconcentrée, j’en fais tomber un pot rempli d’j’tons. « Princesse ! J’ai b’soin d’toi ! Tu dragu’ras plus tard ! » J’l’appelle à ma rescousse. A sa tête, j’vois qu’elle est ravie. J’avais compris qu’le gars commençait à l’énerver. J’la connais bien la donzelle ! Elle r’vient pas tout d’suite. Elle prend la direction du bar. C’plus une poivraute à c’niveau, c’t’une alcoolo ! Mister costard s’barre en grom’lant. Il est pas content. J’ramasse mon bordel d’mon côté. J’fais gaffe d’pas oublier la moindre pièce. Et tant pis et j’me r’trouve à quatre pattes, la croupe en l’air, la poitrine au sol, quand Bri s’r’vient. Un sou est un sou ! J’lutte. J’récupère l’dernier j’ton qu’à rouler sous une machine. J’me r’dresse. J’aperçois la rouquine, deux verres en main. j’me fais pas prier pour prendre c’lui qu’elle m’tend. Surtout qu’elle m’l’offre. Et c’meilleur quand c’gratuit. Prête à goûter l’cocktail, elle m’fait rire. Décidemment, elle est sacrément coquine c’soir. Vegas la dévergonde. « Un endroit pour quoi ? J’ai pas entendu la fin d’ta phrase. » Et pour cause, elle l’a pas fini. J’le fais exprès. J’suis tout sourire, amusée d’sa gêne.

J’trinque et enfile une gorgée d’ma boisson. C’pas mauvais. Mais ça vaut pas l’précédent. Et ça vaut encore moins une bonne bière ! « Ni l’un ni l’autre ! Vu la dose d’médocs, j’crois qu’j’ai la main endormie pour trois jours ! Et l’casino crache rien d’plus qu’les gling gling gling des rouleaux qui tournent ! » J’pouffe. J’rirai sans doute moins d’main matin au réveil. J’sens qu’ça va piquer sévère et qu’j’vais douiller. J’ai l’temps d’y penser. J’ai un verre à boire déjà. J’m’en renfile une gorgée. Ça vaut pas une mousse mais c’pas mauvais c’truc. « Alors, t’préfères quoi ? L’bar ou la plage ? » J’marque une pause en attendant sa réponse. J’lui laisse pas l’temps répondre qu’j’reprends d’jà la parole. « Moi, j’préfère la plage par défaut. J’ai jamais couché dans un bar. » Sous-entendu, j’l’ai déjà fait sur la plage. J’ai aucun souci à l’dire. J’suis à l’aise avec ma sexualité. Puis, c’t’elle qui s’est lancée sur c’terrain. Certes par erreur mais voilà. La perche était trop grande pour pas la saisir. Surtout si ça la met dans l’embarras. C’que j’adore la faire chier la rouquine. Et rire est bon pour la santé.

Non mais là moi j'avais dis en rigolant, je ne pensais pas vraiment qu'Amy aimait tant le casino pour me faire des tattoos gratis. Je ne savais vraiment pas quoi répondre parce qu'ok j'aimais les tatouages mais je pensais que ceux que j'avais me suffisait. Je n'avais vraiment des idées pour en faire d'autres, quoi que sur les mollets j'y pense de plus en plus, bref non là c'est pas le sujet. Puis j'aimais pas les casinos moi, c'était relativement malsain comme lieu. Et dire qu'Amy m'envoyait des vannes quand je m'achetais une fringue d'un certain prix..deux poids deux mesures. Moi je le jetais par par la fenêtre l'argent. En plus elle était bonne négociatrice, bon loupé pour elle car les deux seuls à qui je pensais, l'un avait le corps recouvert de tatoos et l'autre je crois qu'elle n'en avait pas. Et puis elle dégainait le sourire...c'était pas réglo ça..."Deal mais moi aussi je mets une condition, quand je dis on s'en va, on s'en va." J'allais pas la regarder se faire plumer si ça arrivait.

Maintenant que notre petit arrangement était scellé, je devais gérer Monsieur le fan. Poowwww c'est du boulot d'aller au casino. "Merci captain obvious...mais non, mon père se fringue tout le temps en costard donc pour moi c'est juste horrible j'aurais l'impression de dessaper mon père, beurk." Je sais pas pourquoi mais je sens qu'Amy va grandement s'amuser de cette information. Enfin quoi qu'il en soit c'était mort pour lui, ou alors il faudrait qu'il revienne m'aborder avec une autre tenue. Mais je me méfiais énormément de qui je mettais dans mon lit depuis que j'étais de plus en plus connu. J'avais vraiment pas envie d'avoir à gérer un scandale sexuel. Bref le mec arrive à gérer la déception mais il croyait quoi? que parce qu'il était beau gosse j'allais lui sauter dessus? euh j'étais pas la version féminine de Neymar moi. Me fallait un peu plus qu'une belle carrosserie.

Quand je reviens avec les boissons j'assiste à un spectacle qui me fait éclater de rire, un bon fou rire. Amy par terre à chercher la moindre pièce. J'étais tentée de soit lui filer un gentil coup de pied au cul, soit une claque sur les fesses, mais là j'arrivais à me retenir. "Alors tata picsou ça va? tu veux de l'aide?" Je sens que cette image va rester graver dans ma tête pendant très longtemps. Bon j'aurais pu poser mes verres et l'aider...mais déjà de un je pense que je l'avais déjà pas mal aidé et de deux j'étais une peste, il ne fallait pas trop lui faire oublier ça. Sauf qu'il faut que je la ramène en faisant ma maligne et j'en dis trop avant de me raviser. Amy ne loupe pas l'occasion de me titiller pour savoir la fin de ma phrase. Cette fille, c'est la fille à Satan non? Bref comme réponse ultra mature, je lui tire la langue.

Mon détournement de conversation semble passer comme une lettre à la poste et Amy est donc dans la situation de beaucoup de gens. Elle n'est pas devenue millionnaire, mais n'a pas mit en gage ce qu'elle possédait. Il y avait encore de l'espoir de sortir d'ici sans perdre trop de plumes. Je buvais mon verre et moi j'aimais les deux, façon pour les cocktails je n'étais pas difficile, tout passait super bien. Je préférais ça à la bière et à tout autre alcool. Par contre en entendant la question d'Amy j'avalais de travers et me mis à tousser, mince elle n'avait pas lâché le morceau, fallait vraiment que j'apprenne à me la fermer avec elle en face. C'était comme vouloir dire à un pitbull de lâcher son bâton...ça faisait partie du domaine du rêve. "Ni l'un ni l'autre, jamais eu l'occas" Je rougissais un peu mais pour me donner du courage je bus une grande gorgée. "Y'a pas de plage chez moi, par contre y'a des lacs, le soir c'est hyper agréable." Je décidais de la provoquer un peu "Décidément il t'arrive des trucs de fous à la plage, s'envoyer en l'air, se prendre un ballon dans la tête, même si je me doute lequel des deux à été le plus agréable."

Je ne me risquais pas dans un concours du lieu le plus insolite pour le sexe contre Amy car j'étais sûre de perdre et si elle savait que j'étais plutôt sage, je me ferais chambrer encore et encore. Par contre le lac restait un super souvenir. Ca me fait penser que j'avais eu des news de cette fille, j'avais oublié de lui répondre. "Alors quel jeu tu veux faire maintenant? j'ai 500 dollars sur moi mais bon, je préfère faire monter un super champagne dans la chambre que les claquer à jouer. Donc là c'est toi qui décides ce qu'on fait." C'est pas que mais je n'avais toujours pas eu mon bain moussant avec des bougies et ma coupe de champagne et je comptais bien remédier à ça, c'était mon moment princesse. J'en profiterais qu'Amy compte ses billets ou soit ko des médocs pour me faire mon moment détente. J'hésitais à lui proposer mais c'était un peu tendancieux non? Fallait que j'arrête l'alcool car la limite entre amitié et autre chose commençait à devenir flou. Pas sûre que ce soit juste à cause de l'alcool mais dans le doute autant finir le verre? ah c'était pas ça qu'il fallait faire? tannnnttt pisss car je venais de siffler le verre comme si c'était du jus de fruit.

J'avais pensé aller dans un club pour danser mais avec sa main et le festival demain , valait peut être mieux éviter les lieux de risque de se faire encore plus mal. Pfff même en pseudo petit séjour j'arrivais pas à me laisser aller à juste m'amuser sans penser ce qui pourrait arriver. Mister costard revint et cette fois ci il avait l'air plus entamée que moi avec une magnifique blonde à son bras. Barbie en vraie en fait..tout pareil que la vraie, plastique compris. Il s'approche de nous "Tu vois ce que tu rates, il parait que t'aime aussi les femmes , on est à Vegas faut s'amuser, un beau mec et une belle blonde tu peux pas dire non." Normalement j'avais du répondant mais là je restais sans rien dire, déjà de où il savait que j'aimais les femmes? je m'étais jamais montrée en public avec personne et il pensait quoi? "Allez fais pas ta prude, t'es une footeuse, on le sait que vous aimez ça dans les vestiaires etc." Je commençais à me dire que lui mettre une droite me semblait une bonne idée. "Ta copine peut venir aussi, j'ai toujours voulu savoir ce que ça faisait de baiser deux rousses." Là c'était le mot de trop, mon poing partit dans sa figure avec force. Et de la force j'en avais. La sécurité arriva assez vite car Barbie fit des cris stridents et j'étais prête à la sécher elle aussi si elle la fermait pas.

Bri a beaucoup d’répartie. Elle m’égale presque à c’niveau. Presque seul’ment. Il lui manque un truc pour : être à l’aise sur l’sexe. Quand on en vient à causer d’ce sujet, elle fait moins la maligne. J’pourrai croire qu’elle est vierge. Elle aurait l’droit d’l’être. Si elle a ni trouvé la personne ni l'moment pour s’lancer, vaut mieux attendre. On a qu’une première fois. Et même si c’pas l’meilleur ébat d’notre vie, faut s’l’avouer, on l’oublie jamais. J’me rappelle parfait’ment du mien bien qu’il commence à dater un peu. J’avais seize piges. J’étais jeune et innocente ! Si j’suis toujours jeune, no comment sur mon innocence. En fait, elle doit pas être vierge vue sa réponse. Vicieuse, j’interprète ses propos en mode : j’l’ai fait au bord d’un lac. P’t-être que j’ai faux. Mais pourquoi elle m’précise ça dans c’cas ? J’suis tentée d’lui d’mander des détails histoire d’la faire chier. M’raconter une de ses aventures m’parait d’jà compliqué en privé alors en public, j’ose pas imaginer sa tête d’décomposée. C’t’un coup à c’qu’elle d’vienne toute blanche et fasse un malaise. J’tiens pas à r’tourner à l’hosto c’soir. Mais j’note l’idée dans un coin d’mon cerveau une fois d’retour à l’hôtel. En attendant, parlons d’moi. « L’ballon dans la tête sans hésiter. L’sable c’nul, tu sais. Ça rentre partout et ça gratte. J’te déconseille d’le faire sur la plage. » C’était pas ouf. Probabl’ment qu’mon état a pas aidé à apprécier la chose. Éméchées, on rentrait du Planet avec Hazel à pied. Il f’sait chaud et l’ciel était clair. Elle a lancé l’idée d’un bain d’minuit. J’ai foncé. Puis forcément, ça a dérapé. L’acte II réalisé chez moi sous la douche pour s’laver a été bien meilleur.

On continue d’jouer. Mon pot d’monnaie fond comme neige au soleil. La machine est pas décidée à nous faire gagner. J’rage contre elle. J’lui envoie un coup d’pied discret. Elle lâche pas plus d’j’tons la sal’té ! Elle m’agace. Il est temps d’se barrer avant qu'j’la casse en deux. Plutôt qu’j'essaye et qu’on s’fasse virer du casino. Et Bri en a marre vue ses propos. « Ça fait cher la bouteille ! A c’prix-là, tu préfères pas nous faire monter une meuf ?! » J’prends l’air l’plus sérieux possible. C’juste pour la faire chier. J’ignore si elle d’jà payé pour coucher. Perso, ça m’ait d’jà arrivé. J’en ai pas honte et j’l’assume total’ment. Un moment d’solitude à combler. Puis elle était mignonne la donzelle dans sa jupe noire en cuir. J’en connais pas des masses qu’auraient résistées. « Laisse tomber, j’ai assez gagné c’soir pour m’la payer toute seule. » J’lui tire la langue. J’mets à rire pour montrer qu’j’déconne. C’jamais simple d’savoir où est la frontière avec moi. J’suis quand même plus adepte d’jouer d’mes charmes que d’mon fric pour ramener des femmes dans mes draps. Et avec ma rousseur, c’d’une facilité déconcertante. C’fou comme l’roux fascine encore d’nos jours. Suffit d’voir son fan r’venir vers nous alors qu’j’quitte mon siège. Il s’est déniché une jolie pouffe. Une blonde à la poitrine opulente et aux lèvres botoxées. Même en manque, j’en voudrai pas. V’là qu’il s’vante. J’m’étais doutée qu’il l’avait pas abordée juste pour avoir un autographe. J’avais lu dans son r’gard son envie d’se taper ma pote. Il en fait des caisses. Bri restent anormal’ment silencieuse. C’pas bon signe. Clair’ment pas même. Elle s’rue sur lui et lui fait fermer sa gueule d’un crochet droit fulgurant sur l’pif.

« Jackpot ! », qu’j’hurle en éclatant d’rire en l’voyant saigner du nez. Elle l’a pas ratée. La blondasse joue des vocalises. En moins d’deux minutes, les gros bras débarquent et c’l’attroup’ment autour d’nous. J’attrape Bri par la hanche et la sépare du gus avant qu’elle lui colle une nouvelle beigne. Elle en mode vénère. Notre altercation d’vant l’bar d’glace c’rien à côté. J’pense qu’elle s’rait capable d’la décapiter sur place. Une main sur sa blessure, l’gars raconte sa version des faits. J’pouffe en entendant sa voix d’enrhumé. C’de notre faute bien sûr. Il s’est fait agresser par une furie qu’il annonce. Il manque pas d’culot ! C’t’à mon tour d’interv’nir. J’approche d’lui. J'attrape la ceinture d’son futal et tire d'un coup sec dessus. J’verse dans un même mouv’ment l’renstant d’mon cocktail pour lui rafraîchir les parties. J’lâche la ceinture et ça claque. Pour couronner l’tout, j’lui balance un violent coup d’genoux dans les testicules. Il s’les tient et est plié en deux. « Ça sonne creux, t’es sûr qu’elles sont assez pleines pour assurer avec deux bombes comme nous ?! » J’le nargue d’un rictus. C’pas aujourd’hui qu’il réalis’ra son fantasme. Du moins, pas avec nous. « Essaye d’jà s’satisfaire ta Barbie avec ta p’tite bite ! Et dégage ! » J’affiche ma tête d’enragée. Il dit un mot, un seul et j’le défonce. Main bandée ou pas, j’lui éclate les dents jusqu’à la dernière. S’il brille pas par son intelligence, il comprend à mon r’gard lui lançant des éclairs qu’il veut mieux qu’il la ferme. Les rousses ont pas qu’le feu dans les ch’veux. Surtout m’concernant. J’suis un volcan sur pattes. Et j’suis prête à entrer en éruption pour défendre c’te meuf. C’t’elle ma raison d’vivre à présent.

J'éclate d'un rire franc, parce que préférer se prendre un ballon dans la tronche plutôt que de s'envoyer en l'air quand on connait un peu Amy c'est que vraiment ça n'avait pas dû être génial. Surtout que si je me souviens bien, elle avait pris un ballon à une vitesse raisonnable. "Je veux bien te croire et en plus ça brûle parfois le sable." Je n'avais jamais fais l'amour dans le sable par contre j'avais eu droit à pas mal d'entrainements à la course et si à force le sable me faisait très mal donc j'imaginais mal en avoir à certains endroits.  Je sais que je me refermais comme une huitre dès que les conversations devenaient trop intimes. Mais j'étais comme ça, tout ce qui se passait dans ma vie privée, le restait. Lyan devenait dingue avec ce côté là de moi, que je devais plus partager etc mais moi c'était niet. Puis bon je pense que j'étais franchement loin d'être un bon coup, je m'ennuyais hyper vite alors j'en parlais peu.

C'est pas que je commence à m'ennuyer là aussi, mais en fait si. Le jeu est répétitif alors oui on a le petit frisson de la gagne mais bon ...trop court et trop peu souvent ressenti. Puis j'aime pas rester au même endroit sans bouger. Hyperactive moi? duuu tout, enfin ça expliquerait pas mal de trucs en fait. Je propose une idée utile de crâmer des dollars et je reste très con avec la réponse, d'ailleurs la surprise doit se voir sur mon visage. Rassurez moi, Amy rigole là hein? J'ai jamais payé pour me taper une meuf et puis sincèrement je sais d'avance que je vais préférer le champagne. "Non mais non en fait...puis vraiment je préfère le champagne, j'ai pas envie d'une meuf inconnue que j'aurais payé pour faire ce que je veux, c'est malsain." Sur la papier la prostitution je m'en foutais, mais le sexe me passant souvent largement au dessus de la tête, j'allais pas payer. Elle semble déconner mais avec elle allez savoir où est la vérité parfois. Puis merde...une bouteille de Dom Pérignon ça valait plus qu'une meuf, c'était un délice.

Je suis encore sous le choc de trouver que payer ce prix pour du champagne est cher que l'autre abruti fait son numéro. J'ai passé mon niveau de tolérance à ce qu'on me fasse chier ce soir donc ma réaction ne se fait pas attendre. Il prend mon poing direct dans son nez que je sens craquer. Sa pouffe se met à hurler et sans l'intervention d'un agent de sécurité elle aura reçu le même sort. Je ne suis pas un cauchemar sur les terrains pour rien. J'ai déjà un passif de plusieurs bagarres dans les vestiaires ou en dehors du stade. Tout ça Amy ne le sait pas. Je sens qu'on m'éloigne un peu des deux troubles fêtes et je me débats un peu, le boulot n'est pas terminé. Je me calme en voyant que c'est Amy qui m'a éloigné.

Un agent de sécurité vient me demander ce qu'il s'est passé et je lui raconte que cet homme m'a importuné et qu'il a tenu des propos déplacés malgré mon précédent recadrage et comme j'étais pas d'humeur diplomate je lui avais fais comprendre autrement. Nos versions s'affrontent et là il prononce un mot de trop, Amy réagit et lui rafraichit les idées avant de lui donner un coup au cerveau. Cette fois c'est moi qui intervient en l'éloignant doucement de lui. "Va pas te péter ta deuxième main, je t'ai dis que je ne ferais pas l'infirmière sexy pour toi." Je préfère en rire. Les agents de sécurité éloigne le gars et j'ai la chance qu'une femme d'un certain âge qui était à une machine à côté, atteste mon témoignage.  Seulement l'homme se retourne et insulte Amy, ça aurait été moi je n'aurais pas réagis, mais Amy on touche pas. J'attrape le verre vide et lui lance à la tête avec une précision étonnante. Il l'esquive au dernier moment mais mon mon regard meurtrier lui fais gentiment suivre les agents de sécurité dont un qui tente de me calmer. Cette fois je fais ma star et exige qu'il soit viré de l'hotel, ce que le personnel accepte à cause de mon statut.

Le moment jeu est passé et là je fatigue de toutes ces émotions, j'ai besoin de me poser, j'ai besoin de calme, je dois faire redescendre la pression. Je vais au bar et cette fois paye deux bouteilles de champagne, je demande qu'on me les ouvre et je rejoins Amy, avec une bouteille dans chaque main. "Alors moi avant que la soirée dégénère trop  là je monte prendre mon bain dont je rêve avec plein de mousse, des bougies et mon champagne." Je prends une bouteille et bois direct à la bouteille. "Tu es bien évidement invitée..." A elle de décider, ce n'était qu'un bain mais surtout j'avais vraiment besoin de ce moment de calme. Ce gars avait été la goutte d'eau et demain dès la première heure je serais sur le circuit pour me défouler. Ou alors j'irais jouer au foot quelque part, façon je doute franchement de trouver un dérivatif suffisant d'ici là pour arriver à me calmer totalement.

Je rebus une autre gorgée et j'appréciais sentir l'alcool couler dans ma gorge et ses premiers effets. Je n'étais même pas sûre que la bouteille allait arriver dans ma chambre sans être totalement vidée surtout qu'il fallait sortir du casino, marcher dans la rue, rentrer dans l'hôtel et remonter à la chambre...ouais bon la bouteille serait morte et sa jumelle surement mal en point, tant pis je recommanderais une fois arrivée à l'hôtel. Tous les warnings étaient au rouge pour mon caractère, la violence, l'alcool. Avant de prendre la direction de la sortie pour remonter dans la suite tout en buvant la bouteille, je m'arrêtais au niveau de la dame, la remerciait et lui filais 100 dollars pour continuer à jouer.  Je m'en foutais royalement des gens autour de moi, ce qui là aussi était bizarre quand on me connaissait, je me montrais rarement autant en spectacle.  L'alcool calmait le démon en moi et c'était pas bon les mauvais souvenirs remontaient tout en sentant le démon se calmer.

J’crois pas au destin. A mes yeux, y a rien écrit d’avance. L’av’nir est pas un truc tout tracé. J’peux pas croire une seule s’conde qu’y écrit quelque part tout c’qui s’passe à Vegas. Autant l’engueulade, pourquoi pas, avec nos caractères, ça d’vait arriver un jour. Mais alors c’blaireau. S’il fait partie du scénario d’nos vies, faut clair’ment virer l’scénariste. Sauf si c’prévu pour m’montrer les talents d’boxeuse Bri. Là, ok. Ou c’fait pour qu’j'les sépare et qu’j’me la joue protectrice. Dans c’cas, ce s’rait vicieux. Et ce l’s’rait encore plus si l’but c’qu’elle rendre dans c’mode. J’peux pas nier qu’ça marche. Dès qu’elle m’touche, j’baisse en pression. Et c’t’assez étrange quand j’y réfléchis. Bien qu’tactile, faut pas m’toucher énervée. C’t’un coup à s’faire r’pousser violement et r’cevoir du feu au visage. Y a qu’deux personnes qu’ont la capacité à m’apaiser d’la sorte : mon r’gretté amour Hazel et mon daron. J’étais prête à incendier l’interv’nant.e. J’me suis ravisée en découvrant la bouille d’ma pote. Elle a un pouvoir particulier c’te meuf. Et un sacré caractère ! Elle laisse rien passer. Une insulte, même pas à son égard, et elle dégaine l’lancer d’verre. Elle s’rate uniqu’ment à cause des réflexes du branleur. Mais j’vais pas la féliciter pour autant. Peste un jour, peste toujours. Surtout avec elle. « T’aurais dû am’ner ton ballon. T’es plus douée avec pour viser les têtes. » J’lui envoie un clin d’œil. Ouais, j’fais référence pour la mille deux cent trente-deuxième fois (au moins) à c’t’anecdote. J’arrêt’rai d’lui rabâcher qu’à ma mort. Et encore. J’continuerai à l’emmerder dans l’au-d’là. Enfin, si ça existe. « J’vais t’montrer comment on fait. » Mon verre en main, j’le balance sur l’gus qui s’fait virer par deux armoires à glace. Il atterrit à ses pieds. J’l’ai raté. J’ai trop fait ma maligne. Elle va sûr’ment s’foutre d’moi. C’même quasi une obligation. « J’suis droitière c’pour ça. » J’tente d’me défendre avant une éventuelle pique. Puis j’me marre. Parce qu’j’me sens bien. Et qu’j’en fous si elle m’attaque. J’aime ça. C’t’ailleurs la base d’notre r’lation.

Voilà qu’elle s’barre. Elle tient vraiment pas en place. J’vais finir par l’attacher à moi. Enl’vez l’image d’une paire d’menottes autour d’nos poignets, les pervers.es. Elle r’vient avec non pas une mais deux bouteille d’champ ! C’plus une poivraute à c’niveau. Sa proposition m’mets sur l’cul. Elle m’invite à partager un bain avec elle, wtf ?! C’tendancieux à mort. Perso, quand j’fais ça, j’ai des idées derrière la tête. La dernière fois en date, c’était pour la saint valentin au spa. Une brune, quelques verres, des sourires et on a fini dans l’spa. Et ça tourner en partie d’jambes en l’air dans l’eau et en dehors. Super souv’nir. J’sais pas quoi faire. J’peux pas croire qu’elle est dans son état normal. Les émotions lui montent à la tête, j’vois qu’ça. J’pose ma main sur son front. Non, il est pas bouillant. Elle a pas l’air d’avoir d’la fièvre. « Houlà c’brûlant ! J’crois qu’t’es malade ! J’préfère pas partager ton bain. T’es p’t-être contagieuse… » J’lui mens. En vrai, ça m’fait flipper. J’sais pas si c’une invitation innocente ou un message subtil. Dans tous les cas, j’ai b’soin d’y réfléchir. Puis j’aime pas les bains. J’trouve ça naze. Baigner dans sa propre crasse, non merci. C’plus cool d’ressentir l’jet d’eau sur la peau. Et d’bout, c’plus facile pour bouger et avoir accès aux fesses d’celle qui partage la cabine. Oui, ça sent l’vécu. A peine j’pronce mes mots qu’elle s’rebarre. Na mais elle a des vers au cul ou quoi ?! J’la suis. J’offre la bouteille d’campagne à la témoin au passage. J’sais pas si elle a gagné au bandit manchot mais elle a pas perdu sa soirée. J’fonce au change. J’convertis mes j’tons et tablettes en cash. Y a un joli p’tit paquet. J’vais pouvoir m’éclater au festival. J’y pens’rai plus tard. La rousse est plus dans mon camp d’vision. J’glisse le fric dans la poche d’mon jean et file à l’extérieur. Bri est là. Ouf.

Elle bouge pas. J’approche douc’ment d’elle. J’tapote son épaule. Quand elle pivote sa tête, j’lui souris. D’instinct, inconsciemment ou pas, j’glisse mes doigts dans les siens pour lui signaler qu’on peut y aller. Dans la s’conde, hasard ou coïncidence, elle s’met à tituber. J’dois la chopper par la taille pour l’empêcher d’tomber. L’ivrogne a pas lâché sa bibine dans l’coup. J’tiens l’responsable d’son coup d’mou. « J’crois qu’t’as assez bu pour c’soir. » J’lui r’tire sa bouteille d’sa main. Tant pis si elle grogne. C’pour son bien. J’la laiss’rai pas c’foutre une mine d’enfer qui risque d’la faire finir à l’hosto. Elle m’remerciera plus tard. « Tout ça pour j’te porte. T’es vraiment fourbe. » Et moi faible. C’pas voulu mais j’fais comme si. Blessée, j’garde mes bras valides. J’coulisse l’droit sous ses genoux et son corps sur mon gauche. Et j’commence à traverser la rue. Ça va qu’elle est pas lourde. Les passants nous calculent à peine. L’groom nous ouvre sans commenter. Il a dû tellement en voir dans c’te ville d’tous les péchés. La réception est bouche bée. Elle a pas l’air d’comprendre. Elle nous a vues nous enguirlander et là, j’la porte comme une princesse. J’faiblis pas. J’tiens du hall à l’ascenseur jusqu’à notre chambre. Là, j’la pose, l’temps d’déverrouiller la porte. Et j’la r’pporte. J’l’allonge dans l’lit. J’reprends mon souffle. J’suis pas sportive, moi, c’t’effort m’a cassé les pattes. « J’vais t’faire couler ton bain. Reste sage en attendant. Et interdiction d’aller fouiller dans l’minibar ! » J’prends un air méchant. L’plus sérieux qu’j’peux. Pas sûre qu’ça suffise à m’faire obéir. Surtout v’nant d’sa part. En plus j’suis pas sa mère. Mais c’suis sa meilleure amie et j’lui son ainée. D’toute, elle m’parait pas apte à s’déplacer. J’la quitte et vais dans la salle d’bain. J’m’assois sur l’rebord d’l’énorme baignoire. J’actionne les robinets d’eau. J’fous la bonde une fois la température jugée adéquate. Et j’regarde l’niveau monté, perdue dans mes pensées.

Je rage d'avoir loupé cet abruti il s'en est fallu juste de quelques centimètres et il le prenait en pleine tête. J'aurais sûrement regretté après parce que le verre sur le visage c'était jamais sans danger mais sur l'instant je n'avais pas réfléchis à ça. D'ailleurs quand je pétais une pile je ne réfléchissais jamais. C'était comme ça j'explosais et qu'importe les conséquences. Amy m'envoya une pique, enfin elle m'envoya LA pique, celle que j'entendrais toute ma vie même quand on serait deux vieilles elle me chambrerait encore que je lui avais envoyé un ballon en pleine tête. "Clair là il serait déjà KO si j'avais eu un ballon." Mes tirs étaient puissants donc à mon avis si à la place du verre j'avais eu un ballon, le résultat aurai pu être encore pire surtout quasiment à bout portant comme ça. Amy voulu aussi jouer et lança son verre qui loupa lamentablement sa cible et j'explosais de rire. Droitière ou pas elle s'était foirée en bonne et dûe forme.

En tout cas toute cette situation m'a fait exploser, alors quel autre moyen j'ai à Vegas pour me calmer que d'enchainer les verres? Bon y'a le sexe mais là franchement non, armes à feu déjà fait et les voitures ça ne serait que demain. Il ne restait que l'alcool et la bouffe , oh oui la bouffe ça se serait pour quand je serais à l'hôtel, je me commanderais un super truc. En tout cas si être célèbre c'est voir ses moments off gâchés par des cons pareil j'allais surement dire à Lyan qu'on annulait tout. Quoi que elle qui me disait que je devais parfois me montrer ben là elle allait être servie question com à gérer. La proposition du bain était réelle, je sais pas pour Amy mais moi je savais me tenir et puis j'avais vraiment besoin d'un moment de détente. Toute la tension accumulée depuis des mois et des semaines devait bien sortir à un moment donné. "Bah tant pis, je le prendrais quand même." Je lui tirais la langue et filais vers la sortie. J'avais beaucoup de mal à tenir en place, et quand j'étais comme ça je devenais un bulldozer qui fonçait seulement pour avoir ce que je voulais. L'air frais de l'extérieur du casino me fit du bien et je bus encore une gorgée. Je sentais que le sol ne devenait plus trop palpable, d'ailleurs je me pris les pieds dans un truc et manqua de me gaufrer, mais j'arrivais in extremis à retrouver mon équilibre. "Yeahhh j'ai sauvé la bouteille." Fallait pas jouer avec ma peur comme ça, j'aurais fais comment sans ma bouteille moi?

C'est là que je sentis une main sur mon épaule, et limite mon premier réflexe fut de me retourner pas gentiment, j'vous jure que si c'était l'autre con, j'allais l'achever là dans la rue. Je vis que c'était Amy et ma tension tomba de suite. "T'as vu c'est génial Vegas...je peux boire ma bouteille de champ dans la rue, je me croirais presque en Europe." Souvenirs de vacances arrosées à Dublin et Edimbourg. Mais ma douce bouteille me fut enlevée, j'allais protester mais sa remarque me fis rire. "J'y serais arrivée, t'as vu ça ce talent?" Ce n'était que maintenant que je réalisais qu'elle avait sa main dans la mienne, je le serrais légèrement mais est ce que c'était pour rester debout ou en geste tendre, à ce moment là impossible de savoir car l'alcool tapait fort. Pourtant d'habitude je le tenais mieux que ça. Je sais que je peux marcher mais faudrait que les voitures s'arrêtent et les gens aussi d'ailleurs tiens mais je n'ai pas le temps de répondre qu'Amy me soulève pour me porter.

Je savais qu'elle avait de la force mais de là à me porter autant de temps je suis super étonnée. Je pèse pas lourd mais mon poids quand même. Je passe mes bras autour de son cou et pose ma tête sur son épaule. Je laisse rarement quelqu'un prendre soin de moi voir même jamais. Blessée sur un terrain je vais boiter mais sortir par mes propres moyens, malade je me soignais seule. Je ne calcule personne sur notre trajet, je commencerais presque à m'endormir dans ses bras. On arrive à la chambre et d'un coup le lit devient vraiment l'endroit le plus tentant de la terre. "Oui maman" Je lui tire à nouveau la langue et me calme en étant allongée mais j'ai toujours la bougeotte et je me relève pour enlever mes chaussures. Je vois Amy assise sur le rebord de la baignoire, j'entre doucement dans la salle de bain. "Tu as l'air bien pensive, tu penses à quoi?"

J'avais été tenté de dire à qui. Je sais qu'à la base elle aurait dû être ici avec Hazel, et dans ce cas elle ne serait surement pas dans cette chambre à faire couler un bain à une footeuse qui avait les nerfs en pelotte. Elle serait avec sa chérie à s'amuser quelque part en ville avant la grande éclate du festival. J'étais un lot de consolation ou compensation au choix mais je n'avais rien à voir avec Hazel, j'étais moins libérée, moins sauvage. On avait quand même deux points communs, on aimait aller vite, moi en voiture elle en moto et surtout on tenait toutes les deux à Amy.

Elle manque pas d’talents c’vrai. Elle ira loin c‘te meuf. Et j’parle pas uniqu’ment au niveau d’ses ambitions pro. Elle a l’don pour r’tourner des cerveaux. Ou du moins l’mien. C’pas donné à tout l’monde. A vrai dire, y a qu’Hazel qu’avait réussi c’t’exploit. Elle est la seule qu’j’ai portée comme une princesse. Bri fait partie d’ce cercle très fermé. D’un d’ces cercles très fermés qui m’entourent. Y a pas des masses d’monde capable d’me supporter. Caractère d’merde, grande gueule, j’fais plus fuir qu’j’attire. J’attire avec ma rousseur. Ça marche pour une nuit. Parfois quelques nuits, jamais plus. Sans ma couleur d’cheveux, j’aurai pas grand-chose pour moi. Mes compétences d’tatoueuses p’t-être ? C’pas les salons qui manquent à LA. Puis c’pas idéal pour draguer. Même si j’admets qu’j’ai d’jà été abordée à cause d’mes dessins encrés sur mon corps. Pourtant Bri m’aime bien. J’suis pas sûre d’mériter son attention. J’suis pas persuadée d’être lucide avec elle. C’bizarre tout ça. J’me pose des tas d’questions en route. L’air frais m’aide pas à éclaircir mes idées. C’troublant. Trop. Qu’est-ce qu’elle m’a fait ? Il était temps qu’on arrive à la chambre. Non pas qu’j’faiblissais des bras mais ça commençait être l’bordel dans mon esprit. J’réponds même pas à son tirage d’langue. J’suis là sans l’être. Et j’suis pas bourrée. C’ça l’pire, j’suis total’ment lucide. Lucide et silencieuse.

J’tente d’mettre d’l’ordre dans ma caboche. Assise au bord d’la baignoire, j’pense à notre duo. J’revois notre rencontre, nos moments d’complicité, j’rentends ses rires, j’revois ses sourires, son cul moulé dans ses t’nues, son mode démon sur la table au Planet, son crochet du droit, sa façon d’me défendre. Et j’souris conn’ment. J’joue d’mon index à la surface d’l’eau. J’suis comme un gosse. Sa voix m’sort d’mes rêv’ries. Elle est pas restée sur lit. Incorrigible rebelle. C’pour ça qu’j’l’apprécie. J’lui lance un r’gard d’biche involontaire. J’ai toujours c’sourire niais sur l’visage. « A rien. » façon d’noyer l’poisson. J’suis pas prête. J’assume pas. J’pouvais pas lui dire à nous. Ça rim’rait à quoi ? Elle m’prendrai pour une folle et s’foutrait d’ma gueule. Elle aurait raison. Entre nous y a rien qu’une belle amitié. J’sais même pas pourquoi j’en cause. L’eau a bien monté. J’la coupe avant qu’elle déborde. J’me r’lève. J’approche d’Bri. « L’bain d’la princesse est servie. Fais gaffe à pas t’noyer d’dans. » J’pouffe. J’ai pas encore perdu tous mes moyens. J’suis encore apte à lui balancer une pique. J’glisse une main dans sa nuque. L’autre s’pose sur ses hanches. J’casse un peu plus la distance qui nous sépare. J’souffle sur ses lèvres. Mon cœur s’emballe. « Prends soin d’toi. », qu’j’finis par dire avant d’embrasser son front.

J’quitte la salle d’bain. J’suppose qu’elle est capable d’se déshabiller toute seule. J’m’allonge sur lit. L’dos contre les draps, les paumes croisées derrière ma tête, j’mate l’plafond. J’cogite sur mon action. J’étais à deux doigts d’l’embrasser sur la bouche. J’crois qu’j’en ai eu envie l’espace d’un instant. J’dois vraiment être crevée. J’ai vécu trop d’émotions c’soir. J’arrive plus à réfléchir. J’en suis d’jà pas beaucoup capable en temps normal. J’ai plus tendance à frapper d’abord. Merci impulsivité. Faut qu’j’arrête d’penser. Faut qu’j’passe en mode off. Faut qu’j’dorme. J’attrape un oreiller. J’tape dessus pour l’gonfler. J’me positionne sur l’côté. Ma joue collé sur l’moelleux, j’ferme mes yeux. Dans mon état, j’vais pas mettre longtemps à pioncer. J’entends Bri s’laver. Elle s’est même mise à r’chanter. C’cool, j’ai une berceuse bonus. C’t’efficace. J’me sens partir au pays des rêves. J’vois les bras d’Morphée pas loin. J’avance pour les r’joindre. Proche d’la divinité, j’découvre qu’elle a changé. D’puis quand elle est rousse avec un visage d’ange ? Et pourquoi elle m’nargue d’un rictus en coin ? Et c’quoi c’ballon à ses pieds ? Putain, même dans mes songes, elle est là. Qu’est-ce qu’elle m’a fait bordel ? Y avait quoi dans nos cocktails ? J’rouvre mes paupières. J’me r’dresse en tailleur sur l’mat’las. Mon palpitant bat vite. Aussi vite que lorsque j’étais avec Hazel. Que lorsque j’étais amoureuse.

En temps normal je ne cherche pas à savoir ce que les gens pensent, bien souvent ça ne me regarde pas et encore plus souvent j'en avais rien à faire. On peut dire que je vis dans mon monde et j'assume totalement, sauf que pour les gens qui font partie de mon monde je sais être présente pour eux. Certes à ma manière mais je suis là. La réponse d'Amy ne me satisfait pas mais je n'ai pas la force de creuser plus. Je sais que si elle atteint un point où vraiment ça ne va pas elle me le dira. C'est très con à reconnaitre et bien sûr que je ne lui dirais jamais mais je jalouse un peu Hazel, pas pour avoir eu Amy car c'était leur histoire. Mais pour voir qu'elle manque autant à quelqu'un alors qu'elle n'est plus là, si demain je me crashais en voiture je doute manquer à beaucoup de monde. Bon bon ok aussi pour ce qu'elle a vécu avec Amy mais ça je sais que c'est pas possible, car on est amies. Mes yeux se posent sur le bain, je sais que je vais pouvoir me détendre. "T'as mis mes jouets? j'adore avoir un bateau qui flotte." Ouais bon ça fait plus prince que princesse mais jouer à la poupée ça n'avait jamais été mon délire.

Je la vois se lever et s'approcher de moi, aussi bizarre que ça puisse paraitre je ne bouge pas, je reste parfaitement immobile. Je ne suis pas habituée à cette proximité avec Amy..ouais bon ok y'a 10 minutes elle me portait mais c'était pas pareil. Je ne comprends rien, et je la laisse déposer un baiser sur mon front. En cet instant je ressens de la déception et à la fois du soulagement. D'ailleurs elle sort d'où la déception? j'avais envie qu'elle m'embrasse? Amy? non , on était amies. Et son pote soulagement il foutait quoi lui aussi dans ma tête? peut être parce que je sais que je n'aurais pas été sage. Je ne répondis rien car j'étais perdue. Grrrr je détestais être comme ça, quand j'entendis la porte se refermer, je me déshabillais vite pour entrer dans l'eau et chercher cet apaisement qui me manquait.  

Une fois dans l'eau je ferme les yeux un long moment appréciant cette sensation d'être immergée, je finis même par aller sous l'eau et rester là tant que je le peux avant de me redresser et de reprendre mon souffle. Je ne sais pas ce qu'il se passe, j'ai peur de ce que j'ai envie. D'un coup je me rend compte du silence et ça m'angoisse. J'allume mon téléphone. La chanson qui passait se prêtait bien et j'augmentais le son pour chanter , ok je couvrais la voix de MGK mais pas grave je l'adorais donc je me faisais un peu concert dans la salle de bain. Je ne sais pas si Amy allait m'entendre mais là je m'en foutais, je m'amusais, me lâchais et surtout je me détendais c'était ce que je voulais.  

Je sortis du bain assez vite parce que j'allais mieux. Ouais je passais vite d'un état à un autre. J'étais instable ok c'était pas une découverte. La playlist de MGK continuait et moi je continuais mon concert perso. Je sais déjà que si Amy m'entendait elle me dirait que j'écoutais de la merde que c'était pas du vrai rock etc mais bon moi MGK et Halsey ensemble je signais à fond. D'ailleurs je gérais sa partie super bien je trouvais. Ma playlist était aussi space que moi parce qu'elle enchaina sur un morceau calme d'evanescence. Je chantais doucement suivant la voix d'Amy Lee...merde encore une Amy...Je terminais de me sécher et j'enfilais un super grand tshirt de ma fac, genre trois fois ma taille , je mis un peu d'ordre dans mes cheveux mouillés.

Pendant tout ce moment je ne réfléchissais pas, j'avais bloqué toutes mes pensées, j'y étais obligée. Normalement j'adorais jouer avec le feu mais pas avec Amy, pas après ce qu'elle avait vécu et puis je devais certainement me faire des idées. Pourquoi elle serait attirée par une gamine comme moi? j'étais presque tout ce qu'elle aimait pas, sportive, je dépensais pas mal d'argent dans des conneries. Je me regardais dans le miroir, habillée comme ça je faisais encore plus gamine, le sexy c'était vraiment pas moi. Ouais je m'étais faite des idées, elle avait agit en amie et voilà. Je posais ma brosse à cheveux, maintenant je devais sortir de cette salle de bain, je suis en mode off. Dans le sens où la reprise de la découverte de Vegas ne se fera que demain là c'est repos. J'ouvre la porte de la salle de bain et je vis Amy assise en tailleur sur le lit. "Tu tentes d'imiter Rafiki? Désolée de te dire ça mais t'es pas crédible, c'est le côté sagesse qui fait défaut." La vanne c'était cadeau, maintenant que je savais ce qu'il s'était passé, j'avais retrouvé l'usage des mots pour la vanner.

Je sautais sur le lit. "Bon on fait quoi? je t'avoue que là le bain m'a achevé, limite je me calerais une bonne série, et demain levées tôt pour profiter. Pis j'ai vu que l'hôtel avec une salle de gym j'irais bruler des calories très tôt...et en parlant de calories, devine quoi? j'ai faim." Je lui fis un grand sourire, toute fière de moi car ouais j'assumais d'être un estomac sur pattes. "Faut que j'éponge l'alcool, j'ai déconné avec le champagne." Ceci dit là je dirais pas non à en avoir une autre dans les mains.

Playlist de Bri ^^: