The drunk duo ((Eddyung))

Et les mots sortaient, sans qu'elle n'y fasse réellement attention, comme pour en afficher les honnêtetés cruelles qu'elle n'avait jamais réellement pu prononcer. Car elle, aux sourires pourtant si expressifs, ne se méfiant que des instants présents : elle rêvait jour et nuit, de ces illusions qu'elle se forgeait elle-même pour en survivre aux journées. Alors elle y croyait elle, bien déterminée à en voir les romances s'installer, car à ses yeux tout était possible. Pourquoi cela ne le serait pas ? Moue au visage tandis que les sourcils se plissèrent tout doucement sous les doutes qu'il pouvait éprouvé, elle fronça légèrement des sourcils pour pratiquement en taper doucement sur la table. "Crois moi ! S'il était aussi gentil que tu le dis, impossible ! Puis qui pourrait résister à tes charmes hmm ? Regarde comme t'es charmant !" qu'elle lui affirma alors sans se réfréner, délicat rire venant en détendre les traits d'une enfant bien trop joyeuse. "Ah la la arrête de t'inquiéter et vis le jour le jour ! Si tu veux le revoir, cours vers lui ! Sûre que lui aussi le veut...Je le sens de là.", tête se hochant violemment sous les dires, comme si elle avait été témoin de toute la scène, comme si elle savait pertinemment que ce n'était là que là seule des options. Et sans doute n'était-elle au final que des plus optimiste, la belle noiraude aux yeux perçant, pour croire aux fantaisies : car personne ne le ferait pour elle.

Alors elle y croyait, quitte à s'émerveiller pour un rien, juste pour ne rien regretter. Car elle même en avait les intentions de ne faire que briller les douces symphonies entre les prunelles de ceux qu'elle voulait revoir : de celui auquel elle pensait. Alors comment ne pas la pousser à aller vers lui ? Alors que tout était à proximité et au bout des doigts. Jeu de téléphone pour en garder les contacts, alors qu'elle ne tarda pas à en entraîner son nouvel ami dehors pour en laisser se libérer les vocales, pour en admirer les nocturnes si entraînantes. Et d'un sentiment de liberté, que personne ne pouvait même leur retirer, elle se retrouva à tournoyer, le faire tournoyer, pour ne plus jamais l'en lâcher. Nuits festives qu'elle n'abandonnait jamais, elle préférait étrangement se retrouver aux côtés du jeune homme plutôt qu'à ceux de ses amis. Sans doute car elle en aurait fini la soirée esseulée : alors qu'elle n'en cherchait que les compagnies sous les toits de verre qui la retenait toujours prisonnière à en attendre de pouvoir s'échapper. Et les pieds sur les bitumes, myocarde battant des jeunesses inépuisables : elle ne put que lui sourire et rire de toutes ces vivacités dont ils faisaient preuve tous les deux.

Et sous les mots, attention captée, elle en releva finalement sa frimousse pour en sourire encore plus. Sans doute que l'évocation de la peluche n'en avait que fait briller un peu plus les prunelles de la douce, alors qu'elle était encore plus heureuse de pouvoir simplement passer du temps avec Eddy/ "Oh ! Je peux vraiment ?" qu'elle articula tout doucement avant d'en rougir un peu. "Tu veux vraiment passer plus de temps avec moi ? Oh la la ! Mais avec plaisir !!", qu'elle sauta presque sur place, souriant comme une enfant alors qu'elle se mit à s'accrocher à son bras sans hésiter. "P-Puis t'as un chien ? Il s'appelle comment ? Il est mignon ? Oh non il est forcément mignon !", car tous les animaux l'étaient à ses yeux. Alors elle sautait partout, joues rosées par les liqueurs tandis qu'elle ne pouvait tout simplement que lui suivre là où il voulait : lui faisant amplement confiance. Pas qu'elle en était pour autant inconsciente, car elle savait se défendre en réalité, celle qui en était capable de mordre et de griffer plus que quiconque pouvait s'en douter sûrement.

Egayer les rues de leurs joies de vivre, et elle se laissait emporter dans les douces danses en faisant tourbillonner les visions, doigts s'accrochant un peu à lui alors qu'elle s'éclairait toujours plus. Rire discret, alors que la jeune femme vacilla un instant, elle se stabilisa pourtant finalement avant d'en passer les doigts entre ses mèches noires. "Je te suis ! Enfin si je te dérange vraiment pas !" qu'elle insista pourtant toute joyeuse de simplement se dire qu'elle pourrait s'échapper une soirée de plus auprès de celui qui en quelques heures ne faisaient naître que les sourires. Et ô tout résonnait comme mystère entre les doigts, de ceux qui de magie en avait transformé le quotidien banal en fantaisies d'une douceur bien trop appréciable. "Je suis contente d'être tombée sur toi ! Au moins je passerais pas la soirée seule à....me perdre dans la rue !" qu'elle s'amusa alors tout doucement comme pour en éclaircir les rues de leurs présences, tandis que les nuits tombées lui en faisaient perdre le sens du temps. Amour des étoiles pour celle qui en adorait les ambiances urbaines : entre sons et danses qui ne faisaient qu'en faire vibrer un peu plus la belle. Alors ô qu'elle aurait aimé pouvoir l'entraîner un peu partout, pour juste en découvrir les recoins de la ville, alors qu'elle n'y connaissait absolument rien. Mais qui sait ? Pour elle, cela n'était qu'amusement et joies : pour en délivrer tout doucement les myocardes d'une vie bien trop morose. Juste à deux, découverte entre les passions des nuits.

Se faire dire qu’il était charmant par une jeune fille aussi jolie que Myung Hae le faisait rougir. Eddy savait qu’il n’était pas dans les plus imparfaits, ayant un visage plutôt symétrique et des traits réguliers. Mais tout de même, la jeune fille était beaucoup plus rayonnante que lui. Rien que dans la manière d’agir. A son compliment, il secoua de la main, ne voulant et ne pouvant pas l’accepter comme ça. Il espérait, néanmoins, qu’elle est raison, d’un certain côté. Qu’Alan l’apprécie et qu’il n’ait pas vu en lui un personnage excentrique et sauvage. Ses propres espoirs le surprenaient, lui qui ne voulait plus tomber amoureux ou avoir la moindre affection un tant soit peu romantique avec qui que se soit. Seulement, ce lieutenant était différent. Malgré la peur de devoir faire face à des émotions trop longtemps refoulés, il voulait bien voir où cela allait les mener. Même si les chances qu’ils se revoient été aussi minces que celles qu’il avait de s’en sortir dans la vie. Ce n’était pas vivre, c’était survivre ou se laisser mourir. Et Eddy avait une force de volonté qui dépassait de beaucoup son courage.

Plissant des yeux à se remarque, il tenta de visualiser Myung qui reniflait ce que le lieutenant Ueda pouvait ressentir. Ils étaient intoxiqués dans un bar, en pleine nuit, dans un coin peu fréquentable de Los Angeles. Elle devait avoir un flaire de chien de chasse pour arriver à détecter quoi que ce soit. Ou alors était-ce cette fameuse intuition féminine ? Parfois, Eddy se demandait s’il s’agissait d’une vraie chose ou simplement d’une conception montée par les masculinistes qui ne voulaient pas assumer la charge des enfants et leur problème de relation avec le genre opposé. Ce genre de débat ne le concernait pas, n’en étant pas la première victime, mais il avait souvent subis des remarques homophobes et sexistes dans son métier, qui l’avait amené à se poser ses questions existentielles. Le regard soudainement perdus dans le vide, il tenta de formuler une réponse. Même s’il avait complètement oublié ce qu’elle avait dit. Son esprit était une brume dans laquelle il avait dû mal à se déplacer. Tout roulait au ralenti. Elle devait monter une histoire bien romantique dans ses pensées. Alors que lui-même avait dû mal à se voir dans le futur.

« S-Si tu le dis, répondit-il alors, pris au dépourvu. Si ça rate, je mets tout sur ton dos alors. »

Court interlude, pour se retrouver dehors, à rire et s’amuser. Ils ne devaient pas être dans un état politiquement correct. Sûr que si Alan passait maintenant, il les coffrerait tous les deux pour ivresse. Eddy cligna des yeux en se disant qu’il pensait un peu trop à lui. Tout était tourné vers lui. Il n’arrivait pas à s’en détacher. Etait-ce ton état d’ébriété qui déclenchait cela ? Il n’avait pas l’habitude de boire, que ce soit avec quelqu’un ou seul. Ce n’était pas nouveau, mais ses moments étaient assez espacés pour qu’il ne puisse pas connaître toutes ses réactions par cœur. Petite théorie : dans la journée, il ne pensait pas au flic, parce qu’il était occupé et parce qu’il bloquait lui-même l’accès à l’image intrus, qui pouvait le détruire de l’intérieur. Sauf que, lorsqu’il était dans cette phase d’avant « verre de trop », il ne gérait plus ce qui se déroulait dans ses neurones. Nous pouvions donc alors supposer que le lieutenant Ueda traînait toujours dans sa vie, même après une rencontre. Elle l’avait marqué, étant le seul qui l’avait regardé comme un être humain, et non comme un bout de viande.

Myung Hae perdit ses dernières contenances en entendant parler de son chien. Eddy comprenait, il vivait la même chose. Rain était un adorable gros chien, peluche sur pattes, qui adorait rencontrer des gens. Il savait mordre aussi, mais l’aura de la jeune fille était tellement lumineuse, que le toutou ne retiendra aucun défaut de sa part. Le sourire qu’elle montrait en créa un sur le visage du jeune homme, qui s’amusait gentiment de son excitation. Il savait que les chiens avaient ce pouvoir de faire apparaître toutes sortes de bonnes ondes pour les gens. Sauf ceux qui ne les aimaient pas. Pour le moment, il n’en avait pas rencontré. En tant qu’amoureux des chiens, il serait de ceux qui défendraient son animal. Mais il respectait aussi l’avis des autres. C’est pour cela qu’il ne prenait jamais les transports en commun avec Rain. En plus, il prenait beaucoup de place, ce n’était pas raisonnable.

« Oh heu, il s’appelle Rain ! C’est un bouvier-bernois, donc, je ne suis pas sûr qu’il soit réellement mignon, mais il est adorable ! »

C’était un synonyme. Oui, et alors ? Ainsi donc, Myung et Eddy se décidèrent à arpenter les rues gaiement, rejoignant l’immeuble du quartier de Willowbrook, qui abritait le studio miteux du violoniste. L’air autour d’eux était empreint de paillettes, alors qu’ils continuaient de discuter. La jeune fille semblait toute heureuse de terminer sa soirée avec lui. C’était mignon, et apprécié. Ils n’étaient plus très loin de son habitation – si on pouvait appeler cela une habitation. Elle se remit à parler, lui coupant l’herbe sous le pied, alors que lui-même aurait voulu démarrer une nouvelle conversation pour passer le temps. Mais il accepta son départ.

« Moi aussi je suis content ! Tu illumines ma soirée ! En plus, on a pu parler et tout ! Vraiment, je ne pensais pas que les choses allaient terminer comme ça aujourd’hui ! »

S’il pouvait se plaindre, il dirait que ses quelques heures soleil avaient été compliquées. Mais pas plus que d’ordinaire. Sa vie n’était pas simple. Et Myung Hae lui offrait comme un moment de répit dans ce monde fourmillant de ténèbres pour lui. Comme Alan avait pu l’être à un moment. (Alan, sort de sa tête…) Sans même s’en rendre compte, ils arrivèrent à son adresse. Il dit à Myung de l’attendre dans le hall du bâtiment, pour ne pas avoir de problèmes, vu que ce n’était pas un endroit où les jeunes filles seules le soir sont en toute sécurité. Il monta les escaliers quatre à quatre, délivrant Rain, qui l’attendait, avant de redescendre pour rejoindre sa compagne de la nuit. Avec un nouveau sourire, il s’exclama « en avant ! » ce à quoi Rain répondait par un aboiement heureux qui le força à lui dire de se taire, pouffant comme un enfant qui venait de faire une bêtise. Le trio sorti, retrouvant l’air nocturne un peu plus respirable de Los Angeles. Eddy lâcha la laisse de Rain, mais le gros chien resta prêt de sa jambe, demandant des caresses à la nouvelle venue. Il l’avait déjà adopté. Adorable. Les parcs devaient être fermés. Ils allaient devoir se balader sur le bitume. Heureusement, la nuit était claire.  

Gamine imaginative : encore plus quand les effluves des liqueurs en circulaient dans les veines. Mais ô elle ne disait que ce qu'elle pensait, face à celui qui semblait si perdu, et elle espérait réellement avoir raison : car les histoires d'amour pouvaient s'en montrer si dures. Elle voulait y croire, pour celui qu'elle venait de rencontrer. Utopiste était-elle d'en penser connaître ce qu'il pouvait se passer dans la vie des autres. Ô pourtant elle n'en faisait pas de règle générale, loin de là ; simples envies de le voir rayonner dans ces relations qui pouvaient en être des plus agréables : et qu'il fallait poursuivre sans restriction. Car si les sentiments y étaient, suivre ces derniers en étaient sans doute les meilleures possibilités, au lieu de se renfermer sur soi-même. Ne pas en gâcher les temps, pour le regretter plus tard. Pourtant elle ne voulait pas l'imposer aux autres, c'était ainsi qu'elle en voyait le monde, et les caractères en sortaient encore plus, de ces euphories partagées ; et qu'elle trouvait tellement amicales. Alors elle voulait les partager, pour profiter de ces présences et lui redonner le sourire : car au final, c'en était là son but en plus de s'amuser si délicatement.

Rire qu'elle ne put tout simplement pas retenir, sous les mots prononcés, et elle en lèverait presque les mains dans les airs, pour s'innocenter, même si au final, elle se fichait bien de tout se prendre sur la figure si cela ratait : car elle n'avait que l'encourager à aller de l'avant. "Très bien très bien ! J'en prends la responsabilité !" qu'elle s'extasiait presque, sourire aux lippes jusqu'à s'en étirer les joues. Peut-être que sortir dans les extérieurs, viendrait lui en rafraîchir un peu plus les idées : car elle se sentait si heureuse de simplement pouvoir partager les nocturnes avec lui. Changer ses pensées du quotidien bien trop moroses pour s'amuser avec tout ceux qui l'entouraient. Car le myocarde en était si frêle, car elle ne voulait tout simplement pas rentrer : du moins pas encore, même si elle savait que le temps viendrait, et qu'elle ne pourrait pas toujours fuir la réalité par les liqueurs poisons. Prunelles rayonnant à ses quelques explications : chien au rendez-vous, et elle s'esclaffait sur place ; celle en adoration devant les animaux. "Oh si c'est trop mignon comme chien ! En plus son prénom est tellement doux ! Hâte de pouvoir le rencontrer !", lippes étirées ; et elle le suivrait partout sans se poser de question, bien trop naïve, bien trop confiante. Confiance qu'elle accordait si facilement sans se méfier : car elle n'y voyait là que gentillesse dans son partenaire de jeu.

Pieds effleurant les rues comme souvenirs d'une soirée bien trop agréable, et si ce n'était qu'elle, elle continuerait à marcher encore et encore, sans ne jamais tenter de rentrer, ni même regarder en arrière. Pourtant elle savait que le temps lui était compté, et que tout ne serait que fatalité à cette légère et fine soirée. Après tout, si elle ne rentrait pas, elle se ferait sans doute crier dessus pour être aussi négligente et dévergondée. Caractère pourtant existant qu'elle ne pouvait pas changer ; et surtout qu'elle ne voulait pas perdre. "Je suis contente alors si c'est partagé ! Surtout que c'est pas tous les jours qu'on peut parler à des gens si facilement !", et s'il n'avait pas compris qu'elle était sincèrement heureuse de pouvoir simplement passer quelques minutes avec lui, elle ne pourrait que le lui répéter toujours plus sans aucune retenue. Finissant par sagement attendre dans le bâtiment le jeune homme, elle se retourna presque émerveillée en entendant le son d'un aboiement. Parcourir les nocturnes, pour finalement en garder les doigts tout proche du pelage de l'animal qui les accompagnait. "Je suis triste....Je risque de devoir rentrer...", qu'elle murmura tout doucement d'une moue au visage. "C'est pour ça que je me dis...Qu'on devrait pas trop s'éloigner de ton quartier ! Après tout il est tard, non ? Tu rentreras plus vite comme ça !", idée qui lui paraissait formidable dites ainsi, alors qu'elle n'aurait qu'à prendre un taxi pour rentrer à son tour.

Jeunesse de vie impétueuse, gamine qui en trottinait presque sur les trottoirs quitte à en perdre les équilibres, elle se retourna vers le duo avant de sauter un peu sur place. "Je peux lui faire un câlin tu penses ? Câlin à trois !", qu'elle rigolait comme une enfant, sans pour autant le forcer à quoi que ce soit. Car elle ne voulait que mettre tout le monde un peu plus à l'aise autour d'elle. "J'espère qu'on pourra se revoir en tout cas...! Pour des sorties plus officielles ? D'autres soirées ? Qu'importe ! Je t'aime bien !", honnêteté frappante qu'elle laissait encore se déverser sur lui, car elle s'attachait si vite, car elle oubliait si peu, et elle savait qu'elle ne pourrait que lui envoyer des messages en permanence sans ne pouvoir s'arrêter. Amitié qu'elle voyait là, et peut-être était-elle la seule à le penser ainsi. Ce qu'elle n'espérait évidemment pas, car si elle pouvait, elle s'accrocherait à tous ceux qu'elle appréciait sans en cacher ce qu'elle en avait sur le cœur, en se passant des politesses et des manières. Mais pouvait-elle réellement le faire au final, alors que tout était ainsi dans sa famille bien trop codifiée ? Liberté qu'elle se créait elle-même sans vouloir compter sur les autres. Se débrouiller toujours plus, pour simplement ne plus avoir à compter sur les autres. Car elle voulait être grande, la belle, se montrer forte : alors qu'elle en était des plus sensibles, et qu'elle savait à peine se débrouiller toute seule.

Alors elle voulait profiter de ces quelques instants ensemble ; même s'ils n'étaient pas aussi important pour tout le monde que pour elle. Du moins elle espérait y voir là, les douceurs d'un futur plus radieux autant pour elle que pour lui. "C'est la première fois que je m'amuse autant en soirée ! D'habitude les gens s'en vont...! Je dois les saouler à partir d'un moment alors hésite pas à me le dire surtout !", car ce n'était pas son but. Elle qu'on abandonnait dans les bars quand les verres en étaient de trop, et même si elle savait très bien se débrouiller et rentrer par elle-même, elle n'en restait pas moins une espèce rare à la voix bien trop portante pour ceux qui l'accompagnaient, pour ceux devant subir ses rires et sourires. Et elle l'appréciait, Eddy, alors si elle devait se calmer un peu pour pouvoir enfin profiter des nocturnes dans le calme, elle n'hésiterait pas : juste pour être un peu plus longtemps en ses compagnies si délicates. Si réconfortantes.

C’était comme ça que la vie étudiante était censée être. Sortir, un soir, avec une amie, pour boire et faire n’importe quoi, en discutant amour et galère, avant qu’Eddy, dans la confusion, aille chercher Rain pour le sortir dehors. Oui, c’était chaotique, et ça faisait du bien de se sentir comme un jeune homme normal dans un monde où on le prenait pour un marginal. Elle avait réussi l’exploit de ne pas le repousser avec la preuve de son travail des ombres. Il avait été naïf, à prendre de l’alcool ainsi, sans réfléchir aux conséquences. Mais qu’est-ce que cela pouvait faire du bien ! Simplement se laisser aller, pour une fois. C’était incroyable, surtout pour lui. Et son sourire devait montrer son état, alors qu’il rigolait, presque ricanant, des réponses un peu trop optimistes de sa partenaire de bar. Elle semblait tellement prendre à cœur sa relation, qu’elle était même prête à en porter les déboires si cela ne marchait pas. C’était adorable et courageux. Même si le Snow n’était pas sûr qu’il lui dise réellement si cela tournait mal. Contrairement à elle, il ne voyait pas cette situation comme un futur. S’il se laissait aller à y croire, il en souffrira à la fin si Alan le rejetait. Et pourtant, l’idée faisait son chemin dans sa tête. Peut-être que… Peut-être qu’ils n’étaient pas totalement dans le négatif après tout.

Dire comme ça, c’était bizarre, mais il était fier de son chien. Rain et lui étaient presque fusionnels dans leur manière de vivre. Ils s’étaient apprivoisés l’un l’autre au cours du temps, avec des hauts et des bas. Mais jamais Eddy n’avait voulu le remettre dehors et jamais Rain ne l’avait attaqué. Ils avaient confiance l’un en l’autre. Mais rapidement, il déchanta en l’entendant dire qu’elle allait sûrement devoir rentrer. Sa mine fit une petite moue triste. Il ne voulait pas que la soirée se termine, il voulait encore parler avec elle, profiter de cette liberté insouciante nouvelle. Pourtant, il le garda pour lui, acceptant la fatalité de son départ. Il ne voulait pas la retenir, sans doute avait-elle tout autre chose à faire. Quelque chose, tout de même, le dérangeait. Il commença à mâchonner sa lèvre inférieure, essayant de bien formuler ce qu’il voulait dire. Elle avait l’air tellement douce et gentille ; il ne voulait pas la laisser rentrer seule, dans la nuit de la ville des anges, surtout dans ce coin-là.

« Oui mais, et toi ? Il est tard, et j’ai pas envie que tu rentres toute seule, dit-il doucement. Ce n’est pas normal, mais c’est dangereux d’être une jeune fille, seule, la nuit. »

Il avait peur pour elle, ne voulant pas qu'il lui arrive quelque chose de mal par sa faute, car il l’avait retenue un peu trop longtemps pour des histoires qui ne la concernaient pas forcément. Il se sentirait si mal de savoir qu’elle avait eu un accident ou qu’elle avait subi une agression, à cause de lui. Il lui fit les gros yeux, lui demandant une réponse, quel qu’elle soit. Elle pouvait très bien prendre un taxi, ou appeler quelqu’un pour qu’il la ramène. Le bus n’était pas non plus hyper sécurisant. Paradoxalement, il la laissa seule pour aller chercher Rain dans son appartement. La logique ? Non. Lorsqu’il revint, elle était toujours là, flamboyante dans la nuit. Le trio semblait tout droit sortie d’un film pour adolescents, mais il s’y plaisait, dans cette image. Avec une bonne bande-son, un titre qui claque et une affiche bien agencé, ce film aurait un grand succès ! Rain sauta presque de joie en comprenant qu’il allait recevoir un câlin, et Eddy se laissa aussi entraîné dedans.

« Je l’espère aussi… Des soirées en tête-à-tête, ça me va moi ! Au moins, on est sûr de passer un bon moment ! »

Joviale était son expression, heureuse l’atmosphère, et il se sentait comme un enfant lui aussi, accompagnant celle qui se voyait en gamine. Ils auraient pu revenir à leur douze ans, cela n’aurait pas fait de différence. Ou peut-être que oui, vu qu’ils ne seraient sans doute pas balader dans Willowbrook tout seul à cet âge. Leur balade aurait pu être accompagnée de musique, avec une pointe de fond sonore, qui résonnait pour donner à l’espace une tendresse et une vivacité connue ; leur réalité à eux. Il en fut donc très surpris en apprenant que les gens la fuyaient. Comment était-ce possible ? En plus d’être adorable, elle animait l’espace de sa simple présence, mettant des paillettes autour d’elle, jusque sur les habits de ses compagnons et compagnes. Eddy secoua la tête, désabusé.

« Je ne pourrais jamais te le dire voyons ! Tu ne te rends pas compte à quel point tu as sauvé ma soirée, je pense… »

Mais ils étaient dans le même cas. Malgré les beaux yeux d’Eddy, il n’avait que peu d’amis. Il n’était pas agressif, ni injurieux. Son visage n’était pas si méchant. Shinji était l’un des rares à avoir dépassé la noirceur qui entourait son image pour se rapprocher de lui. Myung aussi, alors qu’elle l’avait pris en flagrant délit presque de prostitution, elle continuait de lui parler, elle l’aidait même à promener son chien, alors qu’ils étaient tous les deux pompette. Ils restèrent un moment ainsi, à discuter, sans pour autant en apprendre beaucoup l’un de l’autre, juste des banalités. Rain finit par montrer des signes de fatigue, et ses pattes étaient sales. Sans doute que son maître allait devoir le laver avant qu’il ne se déplace partout dans l’appartement et décide de s’installer sur son lit pour dormir. Eddy demanda de nouveau à Myung si elle avait un moyen de rentrer en sécurité. Une fois qu’elle fut partie, Eddy quasiment sûr qu’elle allait rentrer et se poser tranquillement chez elle, sans aucun problème, il fit demi-tour et rebroussa chemin, Rain devant lui, qui vagabondait, heureux d’avoir rencontré une personne qui faisait des câlins. Le chien était aussi plutôt content d’avoir Eddy plus tôt que prévu et de le voir heureux, presque épanoui. Il n’était pas ordinaire pour lui de rencontrer des gens. Et aujourd’hui, il venait d’en faire l’une des plus belles.