This is not the jedi you are searching for ft. Myung Hae Hennington

Bon. Il avait juste à le faire bien. A juste faire comme d’habitude. Pourquoi est-ce que cela irait mal ? Peut-être parce qu’il voulait tout faire trop bien. Haoyu lui avait dit que c’était une mission tranquille. Il sonne, il rentre, il dépose la marchandise, prend la tune et ressort. Comme d’habitude quoi. Comme toujours. Pourquoi, pourtant, il sentait comme s’il allait se passer quelque chose qui allait bouleverser tout ça ? Il avait un pressentiment. Un de ceux qu’il avait appris à avoir en étant entré dans les rangs de la mafia. Un de ceux qu’il fallait croire. Alors, il était sur ses gardes. Plus que d’ordinaire. Mais pas trop quand même. Parce qu’on lui avait dit que tout était possible. Et tant qu’on ne lui disait pas que ce serait simple, il pouvait être tranquille. Paradoxale non ? Parce qu’il ne faut jamais croire ceux qui disent qu’une mission est facile. Ce sont souvent ceux qui poignardent dans le dos dès que la tension est retombée. Les plus beaux enculés du secteur.

Roulant dans les rues ensoleillées de la ville des anges, Liang écoutait une de ses musiques un peu nulle mais qui fait toujours danser qui passait à la radio. Il fallait avoir l’air normal. Et il l’était complètement. Voiture rutilante, lunettes de soleil, petite veste et jean troué. Il était bien loin de sa tenu de costar qu’il portait aux rendez-vous importants des messieurs lorsqu’il jouait les gardes du corps. Et encore plus loin de celle de ses entraînements, où taper dans un sac de sport le détendait plus que n’importe quoi. Ses doigts tapotaient sur le volant, en rythme. Il songea alors à Tian, son petit frère, qui devait être en train de faire il ne sait quoi. Il espérait qu’il était au lycée à cette l’heure-là. Et pas en train de traîner un peu partout. Plus il grandissait, plus ce dernier ressemblait à son grand frère. A faire la merde un peu partout. La dernière en date étant d’être aller dans un bar sans la permission de personne. Et pas l’un de ses bars sympa entre potes. Liang le savait. Les rumeurs étaient remontées rapidement. Et Haoyu est au courant de tout. Alors dès qu’il l’avait su, cela avait du remue-ménage dans la maison. Nan mais… Des deux garçons, il n’y en avait qu’un qui avait le droit de faire des conneries. Et c’était Liang qui avait récupéré la place en premier.

D’un habile geste de la main, il tourna à un ébranchement, rentrant dans le quartier de Silverlake. Là où il devait livrer le paquet. Même les petits bobos de la ville se mettaient à faire du trafic. Enfin, non. Celui qu’il allait livrer était un ancien dans le travail. Son nom était connu de tous et garder sous bonne surveillance en même temps. Un type honnête dans la mafia. Il y en avait peu. D’ailleurs, ceux qui l’étaient étaient très souvent rapidement liquidés. De ce qu’il avait compris, le dernier désastre de cette ampleur ayant remonté à une vingtaine d’année. Et c’était bien la dernière chose qu’ils voulaient en ce moment. S’engageant dans la rue, il chercha le numéro pour rapidement le trouver. Il avait des ordres à respecter et il comptait bien le faire jusqu’au bout. Se garant gentiment, il sortie de la voiture. Son impression que tout allait tourner au carnage était toujours présente, mais il ne savait toujours pas pourquoi. Tout était calme pourtant. Pas de problème à l’horizon. En plus, il était à l’heure. Non, franchement, il n’y pas de raison pour que cela foire. Liang alla récupérer le colis dans le coffre. Il ressemblait à un simple carton. Mais à l’intérieur, c’était tout sauf de la marchandise ordinaire. Il en avait deux comme ça. Et il les porta l’un après l’autre à la porte. Parce que c’est lourd, ces merdes, quand même. Après avoir bien tout fermé derrière lui, il se rapprocha de la porte pour sonner. Tout allait bien. Tout allait très bien.

Sauf que tout foira lorsque la dite porte s’ouvrit. Ce n’était l’homme qu’on lui avait décrit qui se tenait devant lui. Mais une jeune femme. Une très belle jeune femme. Elle était un peu plus petite que lui. Mais sa beauté le souffla sur le coup. Le laissant légèrement nigaud devant elle.  Etait-ce possible d’être aussi jolie en ouvrant simplement une porte de maison ? Non, sans doute pas. Ce n’était pas possible. Pas humain. Ou alors, c’était juste Liang qui se faisait des films, à voir les couleurs en plus clairs lorsqu’elle était dans son champ de vision. Ou alors, c’était pire que ça. Bien pire. Et il savait ce que ces papillons dans le ventre voulaient dire. Il ne le savait que trop bien. Mais il n’en avait pas le droit. Il avait des ordres. Et elle faisait désordre.

« Excuse-moi de te déranger, dit-il en souriant. Mais j’ai une livraison pour un certain M. Hennington. Il est là ? »

Ne pas dévoiler qu’il connaissait son père. Ne pas dévoiler qu’il savait qu’elle était sa fille. Ne pas dévoiler que la livraison était en faite de la poudre hallucinogène qui devait traverser la frontière de l’état dans trois jours. Il ne fallait pas qu’elle le sache. Il se voulait calme. Mais à l’intérieur, c’était le chaos. Car, de un, il savait désormais pourquoi est-ce qu’il avait si mal senti cette soi-disant mission simple. Et de deux, c’était pire que ce qu’il avait pensé. Car, s’il suivait bien tout le tapage de son cœur, il venait d’avoir un coup de foudre pour elle.

Ses livres étalés au sol, les pages se tournaient au fur et à mesure que la bille de son stylos glissait sur ses feuilles. Sa musique était à fond. Allongée sur son lit, elle balançait ses pieds en rythme, chantonnant en souriant. Il faisait beau, aujourd'hui, dans cette petite ville. Même sans être sortie, elle pouvait sentir les rayons du soleil sur sa peau, qui traversaient les vitres de ses fenêtres. Personne n'était présent dans la maison, si on pouvait dire cela comme ça. Il y avait toujours ces types en costumes qui arpentaient la propriété. Mais aucun d'entre eux n'osaient réellement s'opposer aux demandes de la jeune fille. Elle restait tout de même chez elle, avec son caractère de merde. Son téléphone n'avait pas vibré de toute la journée. C'était si triste. En y pensant, elle se dit que tout le monde devait être occupé à cette heure-ci. Sauf elle, qui s'ennuyait à rédiger ses fiches de langues. Et elle se sentait terriblement seule. Entendant alors l'[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] qu'elle adorait, elle lâcha finalement son stylos pour se redresser et se mettre debout sur son lit. Se dandinant en rythme, elle sautait à moitié sur son matelas en prononçant les paroles qu'elle connaissait par cœur. Myung Hae avait ces périodes de légers délires, qui pouvaient redescendre assez rapidement une fois terminées. Si elle était saine d'esprit ? Et bien personne n'en savait trop rien. Elle était elle-même, et ça dérangeait par moment.

Finissant les cheveux en bataille et complètement débraillée, elle remonta la manche de son haut, et rajusta son short taille haute qui avait fini par se transformer en taille basse. Puis, elle se laissa tomber sur son lit avant de se blottir dans ses draps. Sa motivation pour réviser ? Aucune. Qui en avait vraiment au final ? Le temps libre servait à se détendre, pas réviser en permanence. Il faudrait sans doute que les professeurs se rentrent ça dans la tête. Soupirant un peu, elle observa son plafond avant de se relever d'un coup. Elle s'empara de sa brosse pour brosser ses longs cheveux noirs. Elle n'aimait pas les avoir emmêlés. Et puis les cheveux longs, c'était beau, mais tellement chiant à entretenir. Personne ne pouvait s'imaginer le travail qu'il y avait derrière une coiffure. Mais bon, d'un côté ils n'avaient pas à le savoir. S'observant un peu dans son miroir, elle pencha la tête. Non, franchement, elle s'ennuyait à mourir. Tout doucement, elle sortit de sa chambre en regardant de droite à gauche. Quand elle était là, elle demandait à ne pas croiser ces hommes en costards. Alors ils faisaient tous un effort pour ne pas se trouver sur son passage. Elle ne comprenait toujours pas ce qu'ils fabriquaient ici, mais elle trouvait ça juste flippant. Atterrissant ensuite dans la cuisine, elle piqua quelques cookies pour les grignoter, avant d'entendre la sonnerie de la porte d'entrée raisonner. Elle ne s'y attendait pas. Elle ouvrait rarement la porte, car son père son occupait généralement. Mais aujourd'hui, il n'y avait personne. Une réunion importante soit disant. Bref.

Passant une main dans ses cheveux, elle s'approcha de la porte pour doucement l'ouvrir. Un jeune homme. Avec un colis. C'est ce qu'on appelait un livreur. Entrouvrant un peu les lèvres sous la surprise, elle secoua légèrement la tête à sa question. Son regard se figea sur ce sourire, puis ce visage. Pourtant, elle en avait vu de beaux hommes dans sa vie, mais celui-ci, à chaque fois qu'elle le voyait de loin, elle remarquait toujours de petits détails en plus. Elle ne savait pas quoi dire au final. Il n'était pas là pour elle, mais son père. Ces colis si inconnus à ses yeux finissaient toujours entre ses mains.

"Hum...Il est absent pour le moment, mais il rentrera sans doute dans la soirée..." répondit-elle alors d'une petite voix troublée.

Lui faisant alors un de ces sourires rayonnants, elle tenta tant bien que mal de dissimuler son esprit divaguant. En restant complètement charmante et solaire. C'était ce qu'elle savait faire de mieux de toute manière. Qu'est-ce qu'elle avait sérieusement ? C'était la première fois qu'elle se retrouvait face à lui. D'habitude, elle ne l'apercevait de loin. Elle devait lui être complètement inconnue, à moins qu'elle ne se soit faite grillée depuis longtemps. Repassant une nouvelle fois sa main dans ses cheveux, elle regarda un peu autour d'elle. Aucun garde, rien du tout. Ses joues étaient légèrement rougies, tandis que ses yeux brillaient légèrement. Elle comprenait très bien ce qu'il se passait dans sa tête. Son pouls s'emballa rapidement. Ce n'était pas normal, ça. Vraiment. Mais son cœur l'emporta beaucoup trop rapidement à sa simple vue. Un fichu coup de foudre pour une simple ouverture de porte. Si elle s'était attendue à cela. Timidement, elle se décala de la porte, l'ouvrant plus en grand.

"Si ce colis est important, tu veux attendre qu'il arrive ? Je peux t'offrir un thé et des biscuits...Si jamais..." proposa-t-elle alors en haussant les épaules.

Elle se doutait parfaitement que ce livreur ne voudrait sûrement pas lui laisser le colis. C'était quelque chose qu'on lui avait toujours empêché de découvrir par des mensonges. L'invitant alors à entrer, elle le laissa décider si oui ou non il acceptait d'attendre avec elle. Qu'avait-il à perdre à part du temps ? Et puis, elle, voulait passer un peu plus de temps avec cette gueule d'ange. Éprouver des sentiments par un simple regard, un simple échange, elle n'y aurait jamais cru. Quelques pas, et le jeune entra, tandis qu'elle referma la porte en sortant la tête dehors pendant quelques secondes, juste pour essayer de se reprendre. Le dirigeant vers la table à manger, elle alla préparer du thé, et installa quelques assiettes de biscuits, dont les fameux cookies. Cela lui donnait une bonne raison d'en manger. Puis, elle s'assit doucement en face de lui, osant à peine le regarder dans les yeux. Oui, ses sentiments l'effrayait. Elle n'était même pas sûre d'avoir le droit de parler à ce jeune homme. Se mordillant un peu la lèvre, elle le regarda finalement avec un léger sourire.

"Je...m'appelle Myung Hae. J'imagine que tu passes souvent par ici non ? Tu dois bien connaître mon père !" qu'elle lui dit alors en rigolant un peu.

Elle même ne savait pratiquement rien de ses parents. A part qu'ils faisaient mine d'en être pour elle. Venant doucement tremper ses lèvres dans sa tasse de thé, elle ne le quitta plus des yeux, comme intriguée. C'est qu'elle l'était vraiment. A chaque fois que son regard croisait le sien, son cœur ratait un bâtiment. Un peu de contenance voyons ! Clignant des yeux, elle pencha ensuite la tête. En vérité, elle ne savait même pas si son père allait rentrer ou non ce soir. Si cela se trouvait, le bel homme en face d'elle attendait strictement pour rien. Elle ne s'attendait tellement pas à recevoir de la visite. Elle aurait pu contrôler un peu son apparence qui était légèrement classique et décontractée au maximum. Se mordillant la lèvre, elle soupira un peu.

"Je suis désolée... En vrai je ne sais pas quand il rentrera...En plus tu dois avoir beaucoup de boulot...Je voudrais pas te déranger..." commença-t-elle à se justifier en rigolant nerveusement.

Au fond d'elle, elle voulait juste la compagnie de ce Liang. Il l'intriguait depuis tellement de temps. Mais s'il ne voulait pas rester, tant pis. Puis elle n'était pas si intéressante, et il devait sûrement avoir mieux à faire que de garder une pauvre fille complètement prise par ses sentiments. Ses cheveux noirs lui tombaient légèrement sur le visage, quelques fils atterrissant devant ses yeux. Et au final, c'était pas plus mal. Cela cachait ses difficultés à se concentrer et sa tronche de merde avec ses joues rouges. Il devrait presque la remercier pour lui éviter cette vision ridicule. Franchement, elle lui sauvait les rétines à cet instant même. Tellement héroïque cette jeune fille.

Il arqua un sourcil. Pas là ? Absent ? Ah bah d’accord. C’était pas le plan ça. Regardant discrètement se montre, pour voir s’il était réellement à l’heure, il se demanda s’il ne devait pas faire demi-tour maintenant. Mais le problème était là. Il était à l’heure. Ce n’était donc pas de sa faute. Et il en train de faire une entorse au règlement en parlant à la fille du mec qu’il est censé livrer. Il espérait sincèrement qu’Haoyu ne lui en tienne pas compte. Même s’il était quasiment sûr que, d’un côté, son meilleur ami et boss ne lui dira rien. S’il fait juste en sorte que tout soit bien livré à la bonne enseigne. Alors bon… Et puis il ne pouvait pas ignorer cet élan étrange que lui inspirait la jeune fille. Elle était belle, même dans d’aussi simples habits. Elle crevait les yeux de son visage de nacre et de ses cheveux corbeaux. Ce sourire qui aurait pu faire fondre n’importe quel type de neige. Non, franchement, Liang était sous le charme le plus complet. Ce devait être un truc de famille, d’avoir un coup de foudre au premier regard.

Sa proposition le fit sourire. Pourquoi pas ? Bon, il était très clairement en train de ne plus rien respecter. Mais cela valait le coup. Il n’avait pas à rien à faire après. Et elle lui proposait des gâteaux. En plus, cela fera une pause, à lui, qui n’en a jamais. Qui court partout, tout le temps, pour tout le monde, pour un oui ou un non. Prendre un café, s’asseoir à une table dans une maison tranquille. Depuis combien de temps ne pouvait-il plus faire cela ? Son propre chez lui n’était pas des plus calmes. Surtout depuis que son petit frère avait décidé de faire des siennes. Liang gardait toujours un œil sur lui. De loin, utilisant toutes les ressources en sa possession pour le protéger de lui-même et surtout des autres. Il n’était pas des plus influents. Mais il savait à quoi s’en tenir.

Acceptant sa proposition, il rentra dans la maison, embarquant ses colis. Oui, parce qu’il en avait deux. Quitte ou double, comme on disait. Bon. Une fois à l’intérieur, il détailla l’habitat dans yeux avant de la suivre. Cosy. Si on oubliait qu’il y avait de l’argent sur la table basse. Ce même argent qu’il devait récupérer. Le plus discrètement possible, il s’empara des billes, de dos à la demoiselle, pour les ranger dans sa veste. Alors… Discrétion, c’était pas son fort. Lui, il tape sur les gens d’ordinaire. Mais il devait se féliciter d’avoir plutôt bien géré. Le Ha alla alors s’installer à la table. Il la regarda faire, demandant un café. Le thé, il en avait ingurgité toute sa vie. Et il commençait un peu à faire une overdose. Elle s’installa, mis les cookies, commença à lui parler. S’il avait eu assez d’imagination, il se serait dit qu’elle était sa chérie et qu’ils passaient un moment de tendresse en tête à tête. Mais il n’avait pas cette imagination.

« Liang, lâcha-t-il alors. Ouais hum… Quand il a besoin d’être livré quoi. »

Ce qui n’était pas faux. On ne lui demandait jamais rien d’autre hors livreur et garde du corps. Sauf quand Hao le réquisitionnait pour aller casser des gueules. Autrement, il ne se salissait jamais les mains. Il n’en était pourtant pas un ange. Tout son être s’était vendu corps et âme à une cause des plus horribles. Si l’on regardait bien, il n’était plus le bon grand frère un peu turbulent qu’on avait cru qu’il serait. Il était devenu l’homme de main d’une organisation mafieuse où il jouait sa vie. Et tout ça pour quoi ? Pour un paquet de clopes de contrebandes et un doigt d’honneur à son père. On avait vu mieux, comme détermination, tout de même. Et maintenant qu’il y était dedans jusqu’au cou, autant y mourir. La voix de Myung le sortie de ses pensées. Bordel… Comment avait-il pu se déconnecter aussi rapidement alors qu’une sublime demoiselle se trouvait devant lui ? Avait-il changé à ce point ? Sacrilège : S’appuyant sur la table de ses coudes, il se frotta légèrement son cou tatoué. Devait-il faire le tafe et tout simplement se casser ? Ou alors, rester encore un peu avec elle ? Etrangement, il n’eut pas besoin de réfléchir.

« Nan, t’inquiète, la rassura-t-il en souriant. Je n’avais que ton père à livrer. J’attend juste pour savoir si c’est bien ça et… pour avoir sa signature ? »

Quoi ? C’est pas ça que demandent les vrais livreurs ? Il s’était fourvoyé ? Penchant la tête sur le côté, il prit un des cookies qui s’offraient à lui dans toute sa gloire. Des démons, ces trucs-là. Il le fourra quand même dans sa bouche, sans lâcher la jeune fille des yeux. Elle semblait intelligente et cultivée, en plus d’être drôle. C’est l’impression qu’il avait. Mais peut-être que son coup de foudre lui faisait voir des étoiles. Dans tous les cas, il se questionna. Cela n’était pas la première fois qu’il venait. Parfois accompagné, même. Alors, pourquoi était-ce la première fois qu’il la voyait ? Il connaissait les règles. Cette Myung en faisant – malheureusement – partie en tant que fille de dealer non déclaré. Mais, pour une fois, Liang avait bien envie de passer outre ces règles. On ne tombe pas amoureux au premier regard de n’importe qui. Et pourtant, c’est bien ce qui lui est arrivé. Peut-être qu’il aurait dû dire non à cette mission finalement. Cela l’aurait empêché de faire du grand n’importe quoi.

Écartant légèrement ses longues mèches de son visage, elle le regarda de nouveau, hochant doucement la tête à ses mots. Logique. Il avait besoin de sa signature. Quoi que, elle aurait sans doute pu signer, non ? Mais bon, elle n'allait pas en faire tout un fromage, parce que pour le moment, elle était incapable d'aligner deux mots censés en ouvrant la bouche. Quelle idiote. Ce Liang, elle ne le connaissait à peine, alors pourquoi réagissait-elle autant pour un quasi inconnu dont seul le visage lui revenait ? Aucune idée. Elle ne comprenait pas. Jouant alors avec un cookie, elle se mordilla un peu la lèvre, venant le croquer doucement. Mauvaise idée sans doute. Mais que pouvait-elle y faire ? Elle l'appréciait. Elle en était étrangement tombée sous le charme. Elle ne pouvait le nier. Renier ses sentiments n'était pas dans ses cordes et ne l'avait jamais été. Hors de question de le faire, tout simplement parce qu'elle n'avait qu'une vie, et que trouver l'amour sous un coup de foudre, était certes cliché, mais si romantique. Et puis, ce qu'elle ressentait n'était pas du vent. Elle n'en savait rien pour le jeune homme en face d'elle, mais elle, aurait sans doute du mal à passer outre cette rencontre.

Son thé refroidissait dans la cuisine, tandis que la boisson caféinée de Liang se faisait tranquillement de son côté. Pas très rapide. Ou peut-être que le temps avait décidé de lui jouer des tours. Le regardant une nouvelle fois, elle détailla légèrement son visage des yeux. Un visage assez tentateur. Des yeux perçants et dont les iris reflétaient plus qu'une simple histoire de livreur pour riches. Il ne disait rien. Et pourtant au fond d'elle, elle savait pertinemment que tout ce qui se tramait dans cet maison n'avait rien de normal. Elle voulait pourtant y croire, à ce que Liang ne soit qu'un livreur. Elle se laisserait séduire par cette vision des choses. La vérité, elle ne voulait peut-être pas la savoir tout de suite au final. Peut-être était-elle trop prétentieuse et haut perchée avec ses théories du complot. On la prendrait pour une folle, si elle venait à parler de ces gens étranges qui la suivaient dans les rues. Oui, sûrement. Folle. C'était ce qu'elle était pour vouloir croire qu'elle n'était pas la seule à ressentir ce que son cerveau lui envoyait comme signaux. Grignotant son cookie, elle lui fit un léger sourire, avant repasser nerveusement une main dans ses cheveux en arrière. Entendant alors que la cafetière avait fini de préparer le café de son invité, elle se leva tout doucement, tirant légèrement et discrètement sur les pans de son short.

"Du sucre ou du lait avec ton café ?" demanda-t-elle toute souriante.

Elle s'excusa alors poliment, avant de trottiner vers la cuisine ouverte. Dans cette demeure, c'était sans doute l'un des endroits où elle passait le moins de temps. Toujours cloîtrée dans sa chambre, elle ne descendait pratiquement jamais dans la salle à vivre. La noiraude ne s'y sentait pas à l'aise. Comme observée en permanence. De ses mains tremblantes, elle s'empara des deux tasses fin prêtes, avant de revenir vers la table, pas très rassurée de ses gestes. Elle n'avait jamais été très adroite quand son cœur s'emballait pour un oui ou un non. Et là, la raison de cette panique interne était la présence de Liang. Et en effet, il fallait bien que tout tourne à la catastrophe. C'était peut-être pour cela que finalement elle ne préférait rien toucher dans cette maison qui était censée être la sienne. Se penchant légèrement auprès du livreur, elle se brûla la paume avec la tasse de café, venant renverser son thé tiède sur les jambes de ce dernier tandis que son café éclata en morceau sur le sol blanc, se teintant rapidement du liquide brun. Un léger couinement sorti de sa gorge, tandis qu'elle commença complètement à paniquer.

"Oh merde ! Je suis tellement désolée ! J-Je...! Je suis tellement conne ! A-Attend bouge pas je te ramène..d-de quoi t-t'essuyer !" bégaya-t-elle avant de passer rapidement sa main sous l'eau froide histoire de dire.

Encore heureux que cela n'avait été que son thé qui avait atterrit sur les jambes du livreur. Enfin, plutôt son entrejambe - un petit détail du moins -. Cela aurait pu être pire qu'une simple boisson froide. Dans un mouvement de recul, elle avait également réussi à s'en éclabousser sur son haut blanc. Mais qu'est-ce qu'elle était douée. Comment était-ce même physiquement possible de se retrouver dans un état pareil. S'activant alors, elle humidifia une serviette qu'elle vint apporter à Liang, la lui posant sans gêne sur les jambes. Dans ses mouvements irréfléchis, elle ne se rendait pas compte de ce qu'elle fabriquait, voulant juste rattraper sa connerie. Mais trop tard. Son regard gêné croisa celui du plus vieux, et elle se rendit compte de ses gestes, retirant ses mains rapidement en clignant des yeux, se reculant rapidement sans glisser. Posant ses mains sur son visage écarlate, elle se retourna d'un coup en soupirant, essayant de se reprendre.

"J-Je...Je suis désolée....Je peux...Passer ton pantalon à la machine à l-laver...P-Pour pas que tu ressortes d'ici avec c-ce que je viens de faire..., articula-t-elle, Vraiment désolée..." murmura-t-elle les yeux un peu larmoyant.

Elle voulait se cacher sous sa couette pour ce qu'il venait de se produire. Préférant fuir pour aller chercher une serpillière, elle revint alors, le regard baissé et le visage écarlate, essuyant tout correctement et ramassant les bouts de verre, avant de ranger le tout. Bon et bien il allait se souvenir de sa visite ici. La prochaine fois, il la fuirait sans doute en la voyant dans les parages. Tu parles d'une première rencontre. Tout s'était si bien passé, alors pourquoi cela avait dû virer au drame ? Maudit organe débile qui ne savait pas quand battre. Le regardant ensuite un peu gênée, elle rigola un peu nerveusement, en oubliant sa main et ses vêtements. D'un léger geste de la main, elle pointa la porte de la salle de bain.

"T-Tu peux..Aller là-bas si jamais...E-Et...Et je vais essayer de te trouver un truc à mettre le temps que ça se lave..." qu'elle lui dit alors un peu plus calmement qu'avant.

Pendant ce temps là, elle lui referait un café en faisant attention. Parce qu'il l'avait bien mérité son café. Enfin. S'il en voulait toujours un et s'il voulait encore rester ici jusqu'à attendre son père. Elle ne savait pas ce qu'elle allait lui inventer d'autre au final. Toujours se méfier avec un cas comme elle. Et pourtant elle excellait en tant que pierceuse. On pouvait se poser des questions. Mais là, tout était différent. Elle était en face de celui qui lui avait provoqué une décharge dans le corps. Celui qu'elle aurait voulu ne pas décevoir dès la première rencontre.

Comme un aimant, les yeux de Liang furent attirés par les cuisses blanches de Myung. Oh shit… Avalant sa salive en essayant de détourner le regard, il s’étouffa à moitié, toussotant alors légèrement en la laissant aller chercher leur petit moment thé. Mais merde, il devait se calmer. Déjà qu’il n’avait pas le droit d’être là, c’était pas pour mater les jolies jambes fuselées de la jeune fille sur lequel il avait malheureusement jeter son dévolu. Non mais franchement, il était mal barré. Il ne lui en voulait pas de porter ce short. Surtout qu’elle était chez elle, elle faisait ce qu’elle voulait. Mais c’était lui qui devrait garder ses yeux sur lui au lieu de les laisser se balader un peu trop. Quoi ? Il était respectueux ? Il faudrait grandir un peu, sérieux. Il n’était pas comme ça et c’était tout. Si Myung aimait être ainsi, alors soit, il n’avait rien à dire. Il fallait juste qu’il calme ses hormones d’adolescent.

Et pourtant, alors qu’elle revenait, il la regarda de nouveau. Elle était si belle qu’il ne pouvait la lâcher des yeux. Il s’agissait de la vraie couleur de ses lèvres ? Fascinant ? Et ses yeux en amandes. Il n’en avait jamais vu de pareil. Est-ce qu’elle pourrait juste rester devant lui comme ça pendant des heures pour qu’il l’admire, prenant la part de beauté dont il avait besoin ? Bon après, il n’était pas entouré de mochetés non plus. Son meilleur pote était une tuerie, tant au niveau de la gueule que du physique. Son petit frère commençait sérieusement à prendre en confiance et ses traits se marquaient de plus en plus. Mais ce n’était pas ce genre de truc qui l’intéressait beaucoup. Elle, au contraire, elle était tout ce qu’il voulait. Il voulait savoir comment elle bougeait sur un dancefloor. Il voulait savoir comment elle sirotait un verre. Il voulait savoir comment elle embrassait. Et c’était sans doute trop pour lui, tout simplement. Sa présence elle-même le rendait dingue. Alors qu’ils venaient de se rencontrer. Il y avait un problème dans la matrice, là.

Ses ardeurs furent vite calmées lorsque la tasse de thé tomba pile sur son entrejambe. Ah bah ça, c’était pas prévu. Son regard s’arrêta sur la tâche d’eau qui s’étalait sur son jean noir, clignant des yeux bêtement. Ce n’était pas vraiment chaud, mais ce n’était pas bien placé quoi. Génial. Il allait devoir repasser par chez lui pour se changer avant de rejoindre Haoyu pour la réunion de minuit. Et la voix paniquée de Myung le fit relever les yeux. Nan mais c’était rien hein. Tant qu’il ne finissait pas ébouillanté, il n’y avait pas de problème. Et puis, ce n’était pas vraiment voulu. Il la fixa partir pour revenir avec un torchon mouillé. Ça n’allait pas arranger l’affaire Myung ! Mais trop tard. Et là, le calme plat. Elle avait sa main sur sa partie intime. Un sourire espiègle apparut sur son visage au début hébété. Et lorsque son regard croisa celui de sa camarade, il perdit immédiatement le sérieux qui lui restait. Surtout que sa remarque suivante le fit rire.

« Tu vas un peu vite, ma chère ! Je ne me déshabille jamais pour le premier rendez-vous, la taquina-t-il avant de se relever. Mais okay… Je veux bien. »

S’il pouvait éviter de passer devant son petit frère avec une tâche sur son jean au niveau le plus significatif, ça l’arrangerait quelque peu. Son regard atterrit alors sur le haut mouillé de Myung et il détourna aussi les yeux. Okay, on se calme. Ce n’est pas parce qu’il est devenu transparent que Liang doit se permettre de baisser les yeux au-dessous de la gorge de la jeune fille. Même si, bizarrement, il en mourrait d’envie. Pourtant, il se laissa porter et alla dans la salle de bain pour se déshabiller. Ah oui mais… heu… Comment il allait faire ? Passer dans le salon en caleçon quand même ? Il voulait bien mais bon. Il n’était pas sûr qu’elle survive. Penchant un peu la tête face à son reflet dans le miroir, il regarda aussi l’étendu des dégâts. Bah, c’était pas beau, mais ce n’était pas non plus si horrible. Retirant sa ceinture, il se déssapa tranquillement. Il était dans la maison de l’un de ses boss et lui, il retire ses fringues comme si tout allait bien alors qu’il y avait sa fille dans la pièce d’à côté. Franchement, quelle scène…

Ressortant alors de la salle d’eau, ses chaussures dans une main, son pantalon dans l’autre, il rejoignit la jeune fille qui lui faisait un  autre café. Adorable, vraiment ! Mais il n’en avait pas vraiment, vraiment besoin. Quoi que, ça le ferait tenir jusqu’à sa réunion. Et une question conne lui vint alors qu’il se raclait pour attirer son attention. Un sourire espiègle apparut sur son visage et il se retint d’une main au comptoir de la cuisine. Il était à moitié à poil dans la cuisine de Monsieur Hennington. Haoyu allait bien se foutre de sa gueule, c’était sûr. Mais qu’est-ce que cela valait par rapport au si joli regard de Myung Hae qui l’électrisait ? Un léger rire lui échappa et, sans aucune pression, il lui demanda :

« J’peux au moins avoir ton numéro pour avoir fini à moitié ébouillanté par toi et à moitié à poil dans ta cuisine ? »

La débilité de ce garçon sera sans doute sa perte. Mais il devait saisir sa chance. Elle ne pouvait pas refuser. Il était en caleçon, son jean tournant dans le lave-linge, en mode rapide et séchage, sans avoir rien bu. Bon, de l’autre, il n’avait pas à avoir à accepter sa proposition. Mais au bout d’un moment voilà ! Qu’est-ce que serait la vie sans un peu d’action ? Enfin, c’est lui qui dit ça ? C’était un peu gros quand même. Liang He qui cherchait de l’action, n’avait-on jamais rien vu d’aussi débile ? Si : lui-même en train de demander son numéro à la future femme de sa vie en sous-vêtement dans la cuisine du père de cette dernière. La grande classe.

Rougissant alors d'un coup, elle préféra le laisser se débrouiller comme un grand, avant de se diriger dans la cuisine pour lui préparer sa boisson caféinée. Si ce n'était pas la meilleure...  Essayant de contrôler ses gestes, elle ne s'était pas vraiment rendue compte que Liang allait finir en sous-vêtements dans son salon. Qu'importe, le plus important pour le moment était de nettoyer le massacre qu'elle avait engendré. Si seulement elle savait ce qu'elle avait engendré, elle n'avait pas pensé une minute que cela allait sans doute la marquer pour un moment, mais qu'importe. Sursautant alors en entendant son rire, elle se retourna d'un coup, avant de fixer Liang en clignant des yeux. Le dévisageant un peu, elle ne s'était pas plantée, il était bien en caleçon devant elle. Remontant alors ses yeux à une hauteur appropriée, elle le regarda avec un léger sourire, venant glisser son café en face de lui. Et sa question la fit légèrement rire, suffisamment pour qu'elle passe sa main sur son visage, rigolant toute seule. Il venait vraiment de lui demander son numéro ? En pleins milieu de la cuisine et en caleçon ? On ne lui avait jamais fait encore, et heureusement. Le regardant alors en haussant les sourcils, elle mis rapidement son pantalon à la machine avant de tenter de reprendre son calme.

"Quel moyen de drague~ ,rigola-t-elle alors en lui souriant, passant quelques mèches derrière son oreille, Passe moi ton téléphone, je vais te le donner mon numéro. Si c'est pour me faire pardonner je peux bien faire ça." articula-t-elle alors en s'approchant un peu de lui.

Récupérant alors son téléphone, elle entra rapidement son numéro avant de relever sa frimousse vers lui, en un sourire rayonnant. Elle trouvait la situation assez amusante au final. Son numéro, elle n'aurait jamais osé le lui demander. Sans doute qu'elle n'imaginait même pas que ce dernier souhaite garder contact avec elle. Elle ne pouvait pas le nier, elle était heureuse de savoir qu'elle pouvait le contacter après, elle qui en était complètement tombée sous le charme. Regardant ensuite vers le bas, elle cligna des yeux en voyant son haut tâché, se frottant un peu la nuque. Bon, en plus d'être ridicule, on voyait magnifiquement tout. C'était une caméra cachée ou ? Sa tête se releva de nouveau, tandis que ses joues s'empourprèrent un peu plus. Ils étaient proches, très proches. Suffisamment pour la faire perdre tout sens moral. Le fixant alors dans les yeux, des paillettes dans les siens, elle se recula un peu pour se détendre et changer ses idées anormales, avant de nettoyer pour s'occuper un peu le plan de travail, et de tirer de nouveau sur son short qui avait aussi décidé de faire des siennes.

"T-Tu veux...que je te trouve un pantalon...en attendant ? J-Je suis sûre que mon père doit en avoir des neufs qu'il met pas...Même s'ils sont peut-être un peu grand..., marmonna-t-elle en fixant la taille du jeune homme, Ou alors tu préfères te balader en caleçon devant moi, comme si de rien était ?" rigola-t-elle doucement.

Pour être assez bien bâti, il l'était. Ses yeux dérivèrent machinalement sur ses muscles, sans même s'en rendre compte, avant de littéralement essayer d'esquiver tout ça et de changer de contourner le bar de la cuisine pour se retrouver dans le salon. Non mais quelle idée, sérieusement. S'installant sur le canapé, elle invita celui qui la rendait si faible à la rejoindre, juste histoire qu'il ne reste pas comme un idiot dans la cuisine. Plus rien ne lui paraissait logique. Son pouls s'accélérait, et il en fallait vraiment peu. Quelle mauvaise idée elle avait eu, sérieusement. Soupirant un bon coup, elle pencha un peu la tête en arrière sur le dossier, avant de la tourner pour l'observer un peu. C'était la première fois qu'elle accueillait quelqu'un pendant autant de temps. En temps normal, elle se serait méfier de l'heure à laquelle son père rentrait, mais pour le coup, ses pensées étaient parties bien à l'ouest, sans même qu'elle ne s'en rende compte. Cet homme, elle le trouvait beaucoup trop charmant qu'elle ne devait. Peut-être pourrait-elle essayer de rattraper le coup, sans que cela ne paraisse trop étrange. Croisant alors ses longues jambes l'une sur l'autre, elle se redressa, sans le quitter des yeux. Avec curiosité, elle se rapprocha de lui, avant de repérer ce qu'elle avait vu un peu plus tôt, son tatouage. Les mauvaises habitudes reprenaient en général le dessus, et c'en était bien la preuve. L'admirant un peu, elle ne put s'empêcher de l'effleurer du bout des doigts, silencieusement, avant de ranger ses mains maladroites et de tout simplement sourire.

"Il est vraiment beau...Enfin, je veux dire...Il te va bien." se rattrapa-t-elle avant de lui sourire et de s'écarter un peu en gardant ses jambes collées à sa poitrine.

Elle, avait l'habitude de traîner dans des salons de tatouage à cause de son boulot de pierceuse, et elle restait toujours autant en admiration devant cet art. Ou plutôt devant cet homme. C'était en quelques sortes un moyen d'en apprendre un peu plus sur ce livreur de colis, si toute fois c'était bien ce qu'il était. Il n'en avait pas l'allure, et encore moins l'aura. Il était beaucoup plus intéressant que ce qu'elle aurait pu croire par le simple énoncé de son métier. Elle ne jugeait jamais par les apparence, Myung. Elle était ouverte d'esprit, sans doute un peu trop, toujours à essayer de faire sourire les autres. Mais étrangement, elle arrivait bien à faire rire le jeune homme à côté d'elle, ce qui avait pour don de la déconcerter un minimum. Ses cheveux lui tombait amoureusement sur les épaules, effleurant ses joues de ses longues mèches noires. Fermant un peu les yeux pour se remettre de ses émotions, elle enlaça doucement ses jambes, avant de revenir regarder Liang. Ses yeux revenaient toujours sur lui, qu'importe ce qu'elle pouvait dire. Si elle avait pu, elle serait restée en sa compagnie le plus de temps possible, car elle n'avait jamais ressenti cela avant, du moins, aussi fortement. Les règles, elle pouvait bien les envoyer balader ne serai-ce que pour cette fois, juste pour ces beaux yeux et sa voix. Oui, elle n'en ferait qu'à sa tête, et ne passerait sûrement pas à côté de ses sentiments encore une fois.

On ne pouvait certainement pas dire que cette rencontre soit à tout fait dans les règles de l’art. Dans le sens où, après à peine quelques minutes de discussion autour d’une tasse de thé, Liang finissait en caleçon et Myung avait une jolie marque saillante qui dessinait son corps. Même si les yeux du jeune homme tentaient désespérément de ne pas faire l’indécent et de passer par-dessus cette zone dangereuse. Lui tendant alors son téléphone en souriant, il se perdit un instant à observer son visage. En réalité, il n’avait pas besoin de plus pour être secouer par sa beauté. Elle était belle et le naturel qui lui sciait au teint la rendait quelque peu irréelle. Etait-ce vraiment autorisé d’avoir un aussi beau sourire, même dans ce genre de situation particulière ? Elle était merveilleuse à sa façon. Et cela le fascinait. Même s’il se reprit vite en l’écoutant une nouvelle fois. Il ne s’était même pas rendu compte qu’elle lui avait rendu son téléphone. Bien, cool, génial ! Par contre, piquer le pantalon de l’un de ses boss, ça n’allait pas le faire. Mais, réellement pas. Un sourire un peu gêné, il essaya de se convaincre de ce qu’il allait dire. Lui mentir, il s’en voulait un peu. Mais en même temps, il ne pouvait pas non plus tout lui dire d’une traite. Il n’en avait pas le droit. Et ce n’était pas vraiment un mensonge. Plutôt, une déformation de la vérité.

« Non, ne t’inquiète pas. (Un sourire s’échappa de ses lèvres.) Et avoue-le ! Cela ne te dérange pas tant que ça... »

Oui, il ne se prenait pas pour de la camelote. Mais il fallait l’avouer, l’armée et la guerre des rues avaient forgé son corps bien mieux que n’importe quelle salle de sport. Et puis, cela le servait plus qu’on ne pourrait le croire. Même si le travail de « livreur » pouvait être une bonne excuse, il n’y avait pas que ça. Et il n’y aurait jamais que « ça ». Même si, comme tout le monde dans son milieu, il doit se camoufler sous une couverture simple qui ne tape pas à l’œil, il n’en était pas un espion. Alors que, de temps à autre, Haoyu s’absentait pour aller remplir des missions de rafistolage rapides pour les patrons. Un jour, Liang s’était même demandé s’il dormait. Est-ce Haoyu Xiāo avait un jour fermé l’œil en paix avec lui-même et avec le monde ? Telle était la question. Peut-être qu’un jour, il s’endormira serré contre un corps qui le rassura. Peut-être. Liang l’espérait en quelque sorte. Pour qu’il comprenne que la vie des autres ne se résumait pas qu’à une liste avec des noms et des visages barrés d’une croix.

Sans même s’en rendre compte, Liang la suivit des yeux alors qu’elle s’esquiva de lui, pour rejoindre le salon. Okay, avec elle, il se sentait idiot. Pas dans le mauvais sens du terme. Elle ne le faisait pas passer pour le dernier des abrutis. Mais elle le perturbait tellement qu’il finissait à moitié à poil dans la maison d’un homme qui pourrait le tuer avec un coup d’œil. Il devenait vraiment fou en réalité. Il passait son temps à surveiller son frère, il succombait au regard transcendant d’une fille qu’il rencontrait à peine, il fumait des joints dans le dos d’Hao durant son service pour ne pas avoir à penser lorsqu’il travaillait. Pourtant, il savait que ses pupilles étaient un peu trop souvent dilatées. Mais il ne pouvait s’en empêcher. Supporter certaine des horreurs qu’il voyait commencer à déteindre sur lui. Et se sentait de moins en moins humains en quelque sorte. Et son empathie avait disparu depuis un moment maintenant. Il n’état plus qu’un morceau de chair sans grand attrait pour le reste. Et, aussi étrangement que cela puisse paraître, il se détestait pour être ainsi. Il ne voulait pas être d’une telle nature. Il voulait aimer éperdument. Myung ne devait pas s’en rendre compte. Mais Liang avait l’impression que, elle, il pouvait l’aimer comme il l’entendait. Elle arrivait à faire quelque chose, par un simple regard, que beaucoup ont tenté de faire avec tout leur corps.

Toujours perturbé, il alla la rejoindre sur le canapé. S’enfonçant dans les coussins, il porta sa tasse à ses lèvres. Un bon café, bien chaud comme ça, fait par Myung. Il avait l’étrange impression qu’il en avait toujours eue besoin. Il ne savait pas pourquoi, mais lorsqu’il quittera cette maison, il retombera en enfer. Toujours menacer par les feus du diable. Même s’il passait une heure au paradis, il ne pourra jamais être un ange. Contrairement à elle. Qui en avait en tout cas l’éclat. Lui, il était un simple humain un peu trop fourbe, que les châtiments éternelles allaient rendre incapable à la vie normale. Si seulement, elle pouvait le rendre un peu plus proche d’elle. Lui laissait une part de sa divinité. Pour le sauver. Mais pourquoi demanderait-il cela ? Il n’en avait aucun droit. Et retirait quelque chose de Myung Hae reviendrait à la changer. Or, il n’en avait absolument aucune envie. Elle devait rester qui elle était. Pour que lui s’en rapproche un peu plus à chaque fois. S’il y avait une prochaine fois. Et il l’espérait bien. S’il ne survivait pas à sa semaine, il pourrait au moins dire qu’il avait connu Myung Hae Hennigton pendant quelques instants. La sensation de ses doigts sur sa peau le sortit de ses pensées, lui faisant tourner la tête vers elle. Et un nouveau sourire se dessina sur ses lèvres.

« Merci… Il date un peu maintenant… Je l’ai fait en arrivant ici… Dans un vieux salon de tatouage… »

Il ne savait pas pourquoi il parlait de sa vie comme ça. Mais se souvenir de tout ça le rendait nostalgique. Il l’avait fait lorsque son père avait été officiellement porté disparu par l’état chinois et américain. Il l’avait fait pour lui dire à quel point il pouvait maintenant s’émanciper. A l’armée, on ne l’aurait jamais accepté comme cela. Maintenant, il avait une autre armée. Beaucoup moins stable, mais tout aussi efficace. Ce tatouage lui avait pris plusieurs mois. Il courait sur son cou, jusqu’à son épaule. Les fleurs se répandant gracieusement sur sa peau. Son regard croisa celui de Myung. Et un court instant, il se dit que cela devait être le bon moment pour lui dire à quel point elle, elle était belle. Il avait aussi l’envie fugace de lui voler un baiser. Comme s’il en avait simplement le droit. Mais il ne devait pas se tenir prêt d’elle normalement. Alors, pourquoi hésiter ? Hé bien, peut-être car elle n’en avait pas envie. Et qu’il était le seul à vouloir désespérément de son attention. Tout ce qui s’échappa alors de ses lèvres fut, dans un ricanement :

« Franchement, après autant d’histoires, je m’attendais à un meilleur café. »

Ses yeux rivés dans les siens, se fondaient parfaitement dans cette aura mystérieuse qu'abordait le jeune homme. Un tatouage mémoriel, l'un de ceux que l'on faisait par l'expérience, par envie de graver sur sa peau, des souvenirs passés importants. Et elle, avait sûrement mis son pied dans le plat. Cela l'intéressait tellement. Peut-être que, si elle lui demandait de lui de lui, il accepterait. Elle était assez curieuse en y pensant, et, poser son regard sur lui ne faisait que lui donner encore plus envie de lui parler, de lui sourire. Des yeux brillants, elle regardait toujours son cou avec admiration,le corps en boule sur le canapé. Ses mots, elle les avaient bien entendus. Se redressant alors en le fiant, un peu blasée, elle fit une légère moue avant d'essayer de venir lui prendre sa tasse des mains. Non mais, il osait critiquer son café ? Il était excellent. Aucune raison de plaindre. Si ce dernier pensait qu'il avait atterri dans un café spécialisé, il se trompait. Une petite lueur de jeu se répandit sur son visage. Elle était sensible à l'humour, et apparemment celui du jeune homme était à son goût. Rigolant alors encore, elle se pencha un peu vers lui, d'une fausse moue boudeuse.

"Et bien mon café il t'emmerde, et si ça te plait pas, t'es pas obligé de le boire !" lui dit-elle en rigolant.

Une main sur son épaule, elle attrapa finalement la tasse en souriant, toute fière, ses bras un peu en hauteur, comme si elle venait de remporter un trophée. Un trophée de l'idiotie sûrement. Mais dans tout cela, elle s'amusait bien. Un peu trop. Le regardant alors fièrement, la tasse en main, elle se situait un peu plus en hauteur, sur ses genoux, lui faisant alors face. Clignant un peu des yeux, elle n'arriva plus à bouger, beaucoup trop captivée. D'une attraction infime qui l'empêchait de bouger, qui l'empêchait de faire ce qu'elle voulait. Peut-être aurait-elle dû lui dire tout ce qu'elle avait ressenti depuis qu'elle avait ouverte cette fichue porte. Le souffle un peu coupé, elle détourna alors le regard, beaucoup trop perdue. Son corps retomba sur ses pieds, avant de lui tendre la tasse une nouvelle fois, les joues un peu rouges. Déstabilisée par tout ce qu'il se passait, elle se mordit un peu la lèvre, ne voulant pour autant pas s'éloigner de lui. Elle voulait rester là, comme ça, dans cet esprit d'euphorie qui la prenait rarement chez elle. Elle ne voulait plus faire comme si de rien était. Un sourire franc sur le visage, elle rigola encore un peu, avant de relever le visage vers lui.

"En tout cas, je pense que si tu attends toujours mon père, tu vas vraiment finir en retard !" articula-t-elle en souriant.

En vérité, elle voulait qu'il reste ici, qu'il perde son temps avec elle. A parler, se regarder. Elle ne voulait pas plus, juste profiter de sa présence, juste confirmer que ce qu'elle ressentait n'était pas inutile, ni ridicule. Le regardant alors encore sans trop s'en rendre compte, elle le détaillait involontairement des yeux, son regard naviguait de ses yeux, à ses lèvres, sur ses pommettes, sur un peu tout ce qu'elle pouvait finalement. Elle avait peur que cette journée se termine sans suite, que plus rien ne les pousse à se recontacter ensuite. Elle avait l'impression que personne n'essayait de vraiment s'attacher à elle. Ses amis n'étaient là que pour intérêt, sa famille lui mentait, et elle se sentait observer quotidiennement, autant chez elle qu'à l’extérieur.  Alors, voir qu'elle pouvait encore passer un moment de complicité avec une personne aussi charmante que Liang la faisait sans doute partir loin. Mais elle avait toujours été hyperactive, toujours à vouloir rigoler, bouge, s'amuser. Elle ne rentrait pas dans le cliché de la jeune fille polie et sage qui n'exprimait pas son avis. Elle était elle même. Elle était qui elle voulait être. Se rapprochant encore un peu, juste un peu, elle espérait que, si les mots ne sortaient pas, qu'ils n'hésiteraient pas à communiquer par téléphone. Et puis, si cela se trouvait, elle se faisait des films. Elle était sans doute la seule à être intéressée. La seule qui avait ressentir cette décharge la traversée au contact de leurs yeux. La seule à avoir ressenti ce coup de foudre. Il n'y avait pas moins doué qu'elle. Et le pire dans tout ça, c'est qu'elle se disait pro dans son métier. C'était assez flippant de se dire cela. Mais qu'importe.

Se réinstallant alors correctement à côté de lui, elle laissa sa tête retomber sur le dossier. Avec lui, elle n'osait pas. Elle n'osait pas faire le premier pas comme elle l'aurait d'habitude fait. Peut-être parce qu'elle était trop peureuse de faire tout foirer avec lui. Sa tête se pencha finalement légèrement, se retenant de tomber sur son épaule. Elle ne voulait pas paraître trop étrange. Alors doucement, juste un peu, comme pour envoyer des signaux alarmants, elle restait proche. Il ne lui fallait pas plus. Elle était tactile avec tout le monde, mais là, ses gestes étaient doux, délicats, fébriles. Ils n'avaient rien de la jeune fille complètement en extase devant un bel homme. Enfin, pas qu'elle ne ressentait rien, plutôt qu'elle essayait de se modérer. C'était assez complexe. Elle ne métrisait plus rien du tout, même ses gestes. Alors, d'une inspiration maladroite, elle pris enfin un peu son courage à deux mains, même si elle se sentait déjà assez téméraire.

"Je...Je me demandais si...Si tu...Enfin...T-T'as l'air de passer souvent dans le coin...On se reverra ?" cligna-t-elle des yeux.

Actuellement, elle voulait s''étouffer dans un oreiller et ne plus en sortir. Mais c'était quoi cette question ridicule ? Elle n'avait pas l'air déjà assez bête avec ce qu'elle faisait, il fallait en plus qu'elle lui demande ce genre de débilité. Pour elle, cela avait du sens, mais peut-être que Liang n'en avait aucune envie lui. Rageant intérieurement contre elle même, elle se mit à fixer le plafond, vaguement, le regard blasé, fermant un peu les yeux pour éviter de croiser le regard de celui qui était juste à côté d'elle. Elle n'avait pas besoin de se ridiculiser plus. Non, vraiment. Se murant légèrement dans le silence, elle appréhendait sa réponse. Le moindre de ses mots la faisait paniquer. Quelle étrange maladie.

S’il s’était attendu à ce que cette petite bagarre anodine pour le café finisse en longue œillade captivante, Liang l’aurait fait plutôt. Observant alors la jeune fille reprendre un peu contenance, il lui fit un sourire charmant, avant de doucement se redresser et de reprendre la tasse. Il voulait tout de même finir son café non mais oh ! Elle n’avait pas réellement bougé en réalité. Mais il essayait de se convaincre qu’elle l’avait fait, comme ça, il pouvait calmer son cœur qui faisait du tamtam dans sa poitrine. Il était redevenu lycée ou quoi ? Ah non, il n’était pas comme ça au lycée. Collégien alors ?! Depuis quand une fille lui faisait autant d’effet et le rendait aussi faible pour ses beaux yeux en ne faisant strictement rien. Ou alors en se tenant tout simplement proche de lui. Bordel, il manquerait plus qu’il rougisse bêtement si elle lui faisait un bisou sur la joue et il allait s’enterrer six pieds sous terre. Heureusement pour, lui, elle était plutôt du genre à parler. Et cela allait clairement lui sauver la mise. Enfin… pour le moment.

« Je n’ai rien d’autres à faire après de toute façon, répondit-il en haussant les épaules. Et j’attends plus mon jean que ton père là. »

Il ne fallait pas l’oublier lui aussi. Ce pantalon qui traînait dans la machine à laver. D’ailleurs, il espérait qu’elle avait mis le mode séchage aussi. Il pourra l’avoir plus vite comme ça. Ou alors, elle avait fait exprès de ne pas le mettre, comme ça, il pourra rester plus longtemps. Mais Liang en voulait pas vraiment partir. Il y avait, bien sûr, la pression de l’épée de Damoclès sur sa tête – si le boss rentre, il est foutue – mais il l’envoyait un peu bouler quand même. Il voulait en apprendre un peu plus que Myung. Juste pour bien se rendre compte qu’il a eu le béguin pour elle, que c’est encore plus vrai que ce qu’il s’était imaginé. Si ça se trouve, dans trois minutes, son téléphone va sonner, et c’est l’alarme de son réveil qui va lui vriller les tempes, lui faisant alors comprendre qu’il doit se lever. Et le pire, que Myung n’était qu’une imagination de son esprit.

Pourtant, la regardant alors se réinstaller tranquillement, Liang comprit que c’était loin d’être un rêve. Déjà, parce qu’il était complètement incapable d’imaginer une personne aussi belle qu’elle. Et en plus, il pouvait sentir sa chaleur, même d’ici. Le corps humain est vraiment merveilleux lorsque l’on y pensait. Son regard dériva un instant sur ses courbes. Pas comme s’il allait la manger – même si cela serait loin de le déranger – mais plutôt pour la découvrir. Bon, déjà, ses cuisses étaient à tomber et des pensées pas franchement saines lui traversèrent l’esprit. Par exemple, glisser doucement sa main le long de sa jambe, pour arriver jusqu’à ce short si court et passer sous le tissus, allant alors toucher innocemment la forme rebondie de sa fesse. Clignant des yeux rapidement, il reprit une gorgée de son café, le terminant même d’une traite pour s’éviter à penser à ce genre de choses. Bordel, Liang, tu viens de la rencontrer, connard ! Pense pas déjà à la sauter ! Surtout qu’il voulait faire les choses bien. Ou, en tout cas, essayer de bien les faire.

A sa question, il hocha doucement la tête. Tout un univers de question lui retomba alors dessus. Est-ce qu’ils pourront réellement le faire ? Est-ce qu’il devrait tout lui dire maintenant ? Que se passera-t-il s’ils sont découverts ? Comment pourront-ils même vivre si toute la mafia asiatique de Los Angeles les a dans le viseur ? Liang est sûr qu’Haoyu ne les laissera pas sans défense. Déjà que son meilleur ami commence à avoir des doutes quand à la logique ses actions passées et nouvelles, il ne laissera pas tomber le He aussi facilement. Enfin, Liang l’espérait. Dans le cas inverse, le chinois sera prêt à couvrir Hao pour n’importe quoi. Même jusqu’à trahir leur organisation. Liang y tenait beaucoup, à cette institution qui lui permettait d’être libre et de se détacher de l’image de grand frère model qu’on avait de lui. Mais il serait prêt à tout brûler pour sauver Haoyu. Après tout, sans lui, il n’en serait pas là aujourd’hui. Un cadeau empoisonné oui. Mais le venin est le goût le plus exquis qui excite.

« Je sais pas… avoua-t-il, posant la tasse devant lui. Mais j’espère… »

La revoir, il le voulait beaucoup. Vraiment beaucoup. Tendrement, il alla effleurer sa jambe de ses doigts. Pour finalement pose toute sa paume dessus. Si elle voulait le repousser, elle pouvait le faire. Il savait qu’il dépassait un peu les bornes. Mais il ne pouvait s’en empêcher. Elle avait la peau si douce, si pâle, si belle. De la vraie porcelaine. Une vraie poupée. Une poupée de caractère qui pouvait l’asperger de café oui. Mais une poupée tout de même. Relevant les yeux vers elle, Liang lui offrit un sourire tendre, comme pour lui dire qu’il aimerait réellement beaucoup la revoir et pouvoir partager une moment comme celui-ci avec elle. Rien ne lui en donner la permission bien sûr. Il le savait. Il était idiot. Mais il tenait beaucoup à elle. Au moins, jusqu’à ce qu’il récupère son jean, ils pourront continuer de parler. Et il sait qu’il devra partir, à coups de pied aux fesses par le père. Mais Liang oubliait tout dans les yeux de sa belle. Car oui, elle était sa belle à lui. La plus belle d’entre toutes.

Son Jean ? Ah oui, effectivement, c'était une bonne raison d'attendre aussi. Bon. Mais elle espérait simplement que ce vêtement qu'elle avait mis sur séchage rapide n'était pas forcément la seule chose qu'il voulait vraiment. Quelle déception sinon. Se recroquevillant un peu, elle finit par regarder un peu son profil, un léger sourire triste apparut sur son visage. Une légère douleur à la poitrine, et tout partait facilement en flambeau. Elle espérait peut-être trop justement. Trop d’envies, trop de rêves. Elle savait très bien qu'elle n'en avait pas le droit. Son père lui avait toujours interdit de sortir avec quelqu'un sans son préavis sur la marchandise. Elle ne savait pas pourquoi il devait toujours se mêler de ses affaires. Au final, elle n'en faisait qu'à sa tête et n'était absolument pas la petite fille modèle qu'il avait tant chercher à avoir. Elle était tout le contraire. Myung était une petite rebelle dans l'âme qui n'aimait tout simplement pas qu'on lui dicte ce qu'elle devait faire. Elle n'aimait tout simplement pas cela. Et en discrétion elle le faisait bien savoir. Dans tous les cas, on la surveillait suffisamment pour s'en rendre compte. Avec tous ces types qui la pistaient et la suivaient, elle n'avait plus qu'à se faufiler pour pouvoir traîner avec des types sans l'accord de papa.

Un frisson la traversa rapidement. Un douce chaleur la pris sur sa peau, l'enveloppant alors délicatement. Des doigts d'abord, puis une main entière qui s'enroula sur sa cuisse. Ses joues s'empourprèrent peu à peu, montrant encore plus ses faiblesses face à cet homme. Elle n'était pas comme ça d'habitude, alors elle apprenait à gérer sur le champ de bataille. Lui rendant son beau sourire, elle vint caler sa tête sur son épaule, définitivement, sans hésiter. Fini de tout remettre en doute. Elle devait agir, et lui faire comprendre que, elle aussi, aimerait le revoir. Calant son corps plus petit contre le sien, elle ne bougea aucunement sa main posée volontairement sur elle, envahissant sans doute elle aussi son espace personnel. Mais il avait commencé, et plus aucun retour en arrière était possible. Et elle comptait bien signer ce début d'histoire. Sa main vint doucement se poser sur la sienne, observant un peu cette différence de taille si présente. Puis, elle ferma un peu les yeux, juste pour profiter un peu de cette présence qui disparaîtrait sans doute pour toujours. Une peur qui lui tordait le ventre. C'était vraiment de l'amour ce qu'elle ressentait pour lui ? Elle n'en savait trop rien. Elle espérait, et en même temps, elle savait pertinemment qu'elle se livrait à un jeu dangereux avec lui.

"On devrait...Pas ici c'est sûr...Mais un jour alors...Peut-être...Si jamais tu en as l'occasion..." dit-elle vaguement en haussant les épaules.

Elle était complètement perdue. Débordée avec ses cours de langues ? Pas vraiment, elle arrivait encore à gérer. Son boulot ? Ça aussi elle maîtrisait. Les relations sociales, un peu moins. Extravertie, toujours aux soirées tout en étant l'élève modèle, elle se démarquait souvent des autres. Et pour autant, c'était peut-être un peu pour ça qu'on la fuyait un peu. Elle avait toujours été cette gamine que l'on surveillait de trop près, que l'on laissait par intérêt. Il ne fallait que regarder le nombre de ses connaissances qui déguerpissaient au moindre problème rencontré. Profitant encore de ce petit moment de repos, elle vint effleurer délicatement les phalanges du plus vieux, les détaillants légèrement en entrouvrant les yeux. Sculptées, comme sans doute le reste de son corps, saillantes, rouges par endroit. Elle ne cherchait pas à comprendre. Elle s'en fichait pas mal. De simples touchers la rendaient déjà si faible. Il faut dire qu'il n'avait pas mis sa main n'importe où. Sa cuisse, partie de ses jambes qu'elle appréciait dévoiler aux yeux de tous, surtout aux siens. Souriant doucement, elle resta calée contre lui pendant une dizaine de minutes, profitant de la chaleur qui se répandait depuis sa paume, et de son odeur de cigarette imprégnée sur ses vêtements. Il était fumeur alors. Elle n'avait même pas besoin de demander pour savoir cela.

Si elle avait pu rester contre lui pendant encore des heures, elle l'aurait sans doute fait. Mais une sonnerie résonna depuis l'une des pièces plus tôt que prévu, signant la fin de leur petit moment cosy et confortable. Soupirant alors un peu de devoir se séparer de lui, elle se redressa, venant doucement le détailler. L'une de ses main se posa sur la nuque du plus vieux, avant de rapidement venir déposer ses lèvres rouges sur l'une de ses joues, venant y laisser une petite trace sans rien dire. Et sans plus attendre, elle trottina vers la buanderie, comme pour fuir, préférant essayer de s'occuper l'esprit sans voir la réaction de l'autre. Le visage en ébullition, elle tentait de se calmer en venant récupérer le fameux jean, restant plusieurs minutes à réfléchir. Ce qu'elle venait de faire, était sans doute la pire idiotie encore jamais commise. Mais qui embrassait sur la joue non mais sérieusement ? Elle aurait pu faire croire qu'elle avait mal visé, elle était sûre que ça serait passé crème. Mais là, c'était volontaire, et en plus de ça, complètement improvisé.

Si cela se trouvait, Liang avait même fui entre temps sans récupérer son pantalon. Ce qu'elle ne pensait pas car elle entendait tout de même du bruit de l'autre côté. Lui donner ses vêtements, signait sans doute la fin de leur rencontre. Si seulement cela pouvait durer encore quelques minutes, juste encore un peu. Elle ne demandait jamais rien alors on pouvait bien le lui accorder non ? Ce fichu séchage avait à peine pris le temps de leur laisser discuter. Le temps, c'est qu'il était passé vite celui-ci. Et elle n'en avait eu aucune envie. Aucune. Retourner là-bas si c'était pour voir celui à qui elle tenait disparaître non plus. Autant continuer à se morfondre ici en silence, juste le temps de se calmer un peu.

« J’ai ton numéro et tu as le mien, non ? dit-il alors. On pourra se voir quand tu veux… »

Et quand son emploi du temps le lui permettra. Quand il ne sera pas en train de transporter des choses inavouables ou de faire des choses inavouables. Liang a, en réalité, un emploi du temps aléatoire. Ce qui fait qu’il a soit énormément de temps libre, soit on ne le voit pas pendant une semaine. Voir deux. Ce sera à voir avec Myung elle-même. Et puis, il y avait le papa aussi. Qu’il ne fallait pas oublié non plus. L’aîné des frères He n’était pas sûr de pouvoir être libre de ses mouvements si jamais ils avaient un rendez-vous. Parce qu’il le savait, comme tout le monde, que la jeune fille était surveillée de très prêt. Il y avait des règles, que chacun devait plus ou moins suivre pour survivre. Même si parfois, la règle était de se sacrifier pour son boss. A savoir qu’Haoyu ne le laissera jamais risquer sa peau, frôlant la mort d’un peu trop prêt. Tout ce qu’ils faisaient était d’une chance de succès supérieur à la défaite. Dans tous les cas, ils pourront discuter d’un futur rendez-vous. Qui, évidemment, ne sera pas à la maison des Hennington. Liang avait un grain, mais pas à ce point-là tout de même.

Le bisou le pétrifia sur place. Elle disparu, le laissant là, tout con, à regarder devant lui comme un adolescent victime de la vision merveilleuse d’un premier corps. Puis, un sourire en coin s’étira sur ses lèvres alors qu’il s’enfonçait un peu plus dans le canapé. Il se sentait bien là. Genre, vraiment bien. Intérieurement parlant. Parce qu’en vrai, il devrait être en train de paniquer sévère par rapport au danger qu’il vivait à l’instant même. Une trace de rouge à lèvres sur la joue, dans la maison de l’un de ses patrons, en l’absence de celui-ci, sans pantalon et avec une tache de café sur le t-shirt. Bien, tout allait mal. Il n’y avait pas à paniquer. Rien n’allait. Mais ! Il allait tout de même s’en sortir par vrai ? Et puis, ce n’est pas comme s’il allait fuir là, sans fringue. D’ailleurs, Myung prenait son temps. Quoi ? Son jean avait rétréci et était maintenant à taille nain ? Ou alors, il y avait une chaussette rouge oubliée dans la machine qui avait teint son bleu en violet ? Tout était possible, après tout. Qui aurait pensé, de base, qu’il finirait dans cette situation un jour ? Mais bref. Il décida pourtant de ne pas bouger, faisant confiance à la jeune fille. S’il y avait un problème, elle viendra le lui dire. Et même si cela doit prendre toute la soirée, il l’attendra.

Finalement, elle se décida enfin. Son jean dans la main, n’ayant même pas retiré le rouge à lèvres de sur sa joue, Liang se met tranquillement à se rhabiller. Après l’avoir remercier bien sûr. Le vêtement était tout à fait normal. Juste plus propre que les quelques minutes précédentes. Ce qui était le but de la manœuvre initiale. Il était passé par la case machine pour quelque chose quand même. Mais bien sûr, il fallait toujours, toujours, que quelque chose tourne, un peu, à la catastrophe monumentale. Liang le savait très bien : tout cela aurait pu arriver à n’importe quel moment. Et bien sûr, il fallait que ce soit à ce moment précis, alors qu’il était en train de reboutonner tranquillement son bas, que la porte de la maison s’ouvrit sur (attention au suspens) le père de Myung, bien sûr ! Le cerveau du chinois eu dû mal à comprendre ce qu’il se passait. Mais bien sûr, il ne fallait pas longtemps pour se rencontre compte de la situation. Myung et un jeune homme dans le salon, ce dernier ayant une trace de rouge à lèvres sur la joue et en train de remettre son pantalon. Génial. Bien sûr, il y avait une mince chance que l’homme ne le reconnaisse pas. Mais, bien sûr, c’était un espoir vain. Car les yeux de l’homme transpercèrent Liang comme des balles. D’ailleurs, ne saignait-il pas réellement là ? Aussitôt, il se dépêcha de finir de se rhabiller avant de saluer l’homme rapidement.

« Bonsoir, Monsieur, arriva-t-il à prononcer distinctement, en reprenant ses esprits. La livraison est arrivée dans l’après-midi. Je vais vous laisser. »

Il était sur le point de partir. Il était sur le point de s’éclipser et de disparaître de cet endroit le plus rapidement possible. Que Myung Hae n’entende plus jamais parler de lui, oui. Mais voilà, il voulait la revoir aussi, l’idiot. Et s’il était complètement débile, il savait très bien qu’il avait eu le coup de foudre pour elle. Ce qui signifiait beaucoup, tout de même. Dans la famille He, les coups de foudre sont souvent indicateurs de beaucoup de choses. Parfois merveilleuses. Et souvent désastreuses. Jetant un coup d’œil à Myung, Liang lui effleura doucement la main alors qu’il se dirigea vers la porte, tentant de tout faire pour paraître un minimum décent. Et alors qu’il referma la porte derrière lui, son regard croisa celui de Myung. Un sourire discret apparut sur ses lèvres. Lui indiquant qu’il n’en avait décidément pas fini avec elle.

on jean entre les mains, elle se décida enfin à sortir de sa cachette, un poids attaché à la jambe. Le lui tendant doucement, elle le regarda un peu faire, sa joue colorée du passage de ses lèvres sur sa peau. Elle en était assez fière, de cette trace qui le marquait légèrement, comme une obligation à revenir vers elle quand l'envie la lui prendrait. Elle pouvait encore admirer les muscles de ses cuisses quelque peu discrètement. Enfin, si l'on pouvait dire cela ainsi, parce que, aussitôt fait, la porte de sa maison s'ouvrit, laissant apparaître l'homme qui l'avait élevée depuis son plus jeune âge. Son père. Non mais elle pensait qu'ils s'étaient donnés le mot aujourd'hui. Entre sa tasse renversée et l'arrivée de son père à un moment le plus passionnant de sa vie. Il fallait toujours qu'il gâche tout celui là. Vraiment. La situation devait lui paraître bien étrange. Se faisant alors toute petite, elle observa les deux hommes qui se dévisageaient. Le regard de son père, elle le reconnaissait bien. C'était celui qui disait qu'en aucun cas ce qui semblait s'être passé aurait dû se produire.  Regardant alors Liang se dépêcher de s'habiller, elle savait qu'elle devrait sans doute expliquer tout ceci plus tard à son père. Mais pas maintenant.

Honteuse, les joues rouges, elle regarda un peu le plus grand. Elle ne voulait pas qu'il parte, même si son père en avait décidé autrement. Alors, soupirant un peu, elle ne put que se faire une raison. Lui aussi allait fuir cet endroit, et elle ne le reverrait sans doute jamais pour sa plus grande tristesse. Mais un frisson lui traversa le corps. Son regard se posa discrètement sur sa main qui avait effleurée par pur hasard apparent celle de celui dont elle était tombée amoureuse. Volontaire. Ce contact doux et rapide qui semblait pour elle avoir duré une éternité, il l'avait fait exprès. Et ça, il n'y avait sans doute qu'eux qui le savait. Une sorte de secret qui les liait comme une promesse d'un futur regard, d'un futur toucher. Son regard se planta encore dans le sien, avant de ne le voir disparaître pour de bon derrière la porte.

Encore un peu sonnée par tout ce qu'elle ressentait, elle se mit à sourire, ignorant comme toujours les paroles de son père avant de fuir dans sa chambre comme une enfant et de s'y enfermer. Elle lui en parlerait demain, ou alors si elle s'en sentait d'humeur. Et puis de toute manière, il devait se douter que rien ne s'était passé. Elle s'en prendrait une pour être autant effrontée envers lui, puis on lui rappellerait les règles, encore et encore. Malgré tout, elle rayonnait dans son petit monde, comme si tout avait déjà été planifié. L'assurance, elle en avait eu beaucoup moins à ses côtés. C'était étrange à quel point elle avait pu se montrer faible. Heureuse, une envie de le revoir plein la tête, elle se voyait déjà pouvoir le rencontrer de nouveau. Après tout, il avait son numéro. Elle n'avait plus qu'à attendre que le moment ne vienne. Plus qu'à attendre de pouvoir de nouveau enfreindre ce qu'on lui imposait depuis toujours. Juste pour son beau regard, ce tatouage dans le cou, et cette odeur de cigarette qui le composait à plus de quatre-vingt-dix pourcent. Et s'étouffant dans son oreiller à cause d'un simple sourire et toucher, elle se remit à rêver d'une nouvelle rencontre.