Long time no see | Ft. Eun Ae Chase-Lim

Eun Ae ne s’était pas vraiment attendu à recevoir une telle réponse. Les fleurs de cerisiers qui avaient pris place sur ses yeux quelque secondes avant, devinrent coquelicots. Il hocha doucement la tête, murmurant un « oui » discret et léger. Surtout pour la deuxième phrase en réalité. Tout d’abord, il devait se remettre du salto-arrière qu’avait fait son estomac en l’entendant dire cela. Le jeune transgenre attirait donc le Dakho Baek qui jouait au parfait petit prince de leur lycée. Il ne savait pas réellement s’il devait en être fier – parce que, en soit, on s’en moquait un peu non ? des titres – ou s’il devait tout de suite maintenant lui dire tout ce qu’il avait sur le cœur. Du fait qu’il ait hésité à supprimer son nom de sa liste de contact. Du fait qu’il avait senti que s’il partait de la soirée, il perdrait à tout jamais une possibilité de vie nouvelle. Du fait qu’il avait voulu lui faire un vrai bouquet de merde pour son rendez-vous, juste pour que Dakho se casse royalement la gueule avec cette fille. Mais, à chaque fois, Eun avait fait tout l’inverse. Il l’avait supprimé, il était parti de la soirée, il lui avait fait un beau cadeau. Complètement à la ramasse, c’est comme ça qu’il se sentait. Il avait pensé que c’était lui qui menait la danse. Mais à vrai dire, pour le moment, il traînait derrière. Sauf qu’il détestait cette sensation.

Pourtant, il laissa le silence prendre place après cette réponse. Eun se mit à grignoter une frite. L’une des survivantes. Malheureusement, elles n’allaient pas tenir très longtemps celles-ci. Il fallait dire, ils avaient l’air de bien vouloir rester ici pour toujours. Couper du monde, dans une bulle de nature, sans l’extérieur. Eun Ae savait qu’il n’aurait pas vraiment de problème s’il ne rentrait pas ce soir. Tant qu’il était là le lendemain matin pour prendre le petit déjeuner avec son père. Tout ira bien. Certain avait souvent critiqué ses parents par rapport à cela. « Vous lui donnez trop de liberté. » « Elle va finir en boîte de nuit à treize ans si vous continuez. » « Si elle a arrêté l’école, c’est parce que vous ne faisiez pas assez attention. » En réalité, rien de tout cela. Juste une confiance sans borne. Et Eun n’est jamais allé en boite. Il n’a pas du tout quitté l’école à cause d’un mauvais comportement. Il s’agit juste de la terrible vérité pour les adultes qui est : il n’aime pas ça, l’école. Oui, cela fait mal. Surtout lorsqu’on se rend compte que la plupart ne jure que par ce passage obligé de la vie. Tu dois finir tes études, avoir tes examens, pour avoir un bon job, une situation stable, un bon futur. Pour réussir ta vie en quelque sorte. Mais Eun ne voulait pas réussir sa vie. Il voulait juste vivre. Et être heureux dans son corps. Pourquoi vouloir chercher plus loin ?

La première question de Dakho le fit doucement rire. Il secoua la tête, fermant les yeux un court instant. Non, il n’était pas en couple. En avait-il seulement le temps ? Et l’envie ? Au lycée, il y avait bien eu un truc avec l’un de ses camarades de classe. Mais cela l’avait rapidement dégoûté. Et elle – à l’époque – avait rapidement cassé les espoirs trop grands de l’autre. Il ne fallait pas exagérer non plus. Tout le monde l’avait toujours pris pour une princesse, calme, dont le sourire pouvait faire fleurir n’importe quel bourgeon. Mais ils étaient tous bien loin de la réalité. Eun Ae ressemblait beaucoup plus à une plante carnivore qu’autre chose. Pourtant, Dakho n’avait pas besoin de le savoir. Pas encore. Il pouvait encore garder dans la tête qu’Eun était fragile comme individu. Il n’en restait pas moins que, tôt ou tard, le plus vieux allait devoir se plier à ce qu’il désirait. Enfin… Cela bien sûr, s’il se passait quelque chose entre eux. Et, au vu de la soirée qui s’annonçait, tout était possible.

« Par contre, ajouta-t-il, j’ai bien des vues sur quelqu’un. C’était il y a longtemps maintenant. Mais je pense que c’est toujours d’actualité. »

Ne pas s’étouffer avec sa frite, ne pas s’étouffer avec sa frite. Qui aurait un jour pensé cela ? Hein ? Qui aurait un jour pensé, pouvoir penser cela ? Il y devait y en avoir forcément. Avec plus de sept et demis êtres humains sur Terre, cette idée fugace avait dû traverser l’esprit d’un bon nombre de personne avant lui. Pourtant, à ce moment-là, Eun songea simplement à finir d’avaler correctement son petit morceau de nourriture qui était resté coincé. Okay, vas-y Eun, tu peux le faire. Hop ! Passé ! Après s’être battu pendant quelques secondes tout seul, il se remit enfin de ses émotions. Et lorsqu’il releva les yeux, il tomba sur le regard de Dakho. Heu… Est-ce qu’il venait de le regarder en train de se battre intérieurement avec lui-même pour ingurgiter une frite ou… ? Le fleuriste se mit soudainement à espérer qu’il n’est remarqué. Que ses « love me tender eyes » soient en fait trop aveuglé par la beauté du plus jeune pour avoir remarqué qu’il était en train d’agoniser tout seul à cause d’un féculent.

Dans un petit frottement de vêtement, Eun se resserra dans son manteau. Pas qu’il est froid, mais la chaleur de ses habits avait quelque chose de rassurant. En sachant aussi que la présence de Dakho était tout à fait sympathique. Ses yeux suivirent alors la ligne du cou de son vis-à-vis. Bon… Si Eun avait joué plus avant avec lui en passant la main sur son torse, maintenant, il avait envie de lui caresser la jointure entre sa mâchoire et son épaule. En même temps, tout l’être devant lui était dans une optique de se faire toucher. Les nageurs étaient toujours à moitié à poils devant des foules complètes, exposant tout leur corps. Et Eun était quasiment sûr qu’ils se protégeaient uniquement par pudeur. Car nager sans rien du tout sur le corps était sans doute beaucoup plus ergonomique. Après tout, s’ils devaient s’épiler pour gagner quelques millièmes de secondes, il fallait pousser le vice jusqu’au bout. En plus, on était alors quasiment sûr de faire des piques de cent pour cent de participation de supporters pour les compétitions. Mais bref !

« Ce que je pense de toi ? demanda-t-il alors, surpris aussi. Hé bien… Exactement la même chose qu’au lycée. Sauf peut-être que j’ai un peu plus envie de retirer ton haut... »

Un sourire joueur s’étira sur les lèvres d’Eun. Avant qu’il n’explose de rire. En fait, il s’en fichait pas mal de ce qui se trouvait sous le blouson de Dakho. Il voulait simplement en savoir un peu plus sur le lui actuel. Celui dont il n’avait pas vu la progression. Peut-être que maintenant, il avait un peu plus confiance en ses capacités. Il l’espérait. Son fou rire se calma progressivement, alors qu’il essayait de le regarder. Les yeux brillants d’amusement, le plus jeune savait qu’il avait en quelque sorte reprit la main sur les choses. Celle qu’il avait eu quelques heures plutôt. Il aimait beaucoup plus cela. Son regard s’accrocha au sien. Une lueur joueuse s’alluma alors dans ses pupilles. Et comme pour continuer le jeu, il alla doucement passer une main sur le torse du Dakho, remontant sa paume de son nombril jusqu’à son cou. Puis, il tapota avec force son plexus. Comme pour lui dire que c’était une belle bête. Et de rire de nouveau. Il ne lui en fallait pas beaucoup pour l’amuser. Réellement très peu.

« A mon tour ! s’exclama-t-il. As-tu envie de m’embrasser, là, maintenant, tout de suite ? Répond en moins de dix secondes, sinon, ça ne compte pas ! »

Toutes ses réponses l'intéressaient. Et étrangement, il buvait chacun de ses mots, comme des paroles sacrées. Ce qui l'apprenait lui plaisait beaucoup trop. Son regard brillant pouvait sans doute se voir, tandis que, délicatement il se rapprocha discrètement de lui, un sourire aux lèvres. Comment était-ce même possible de le rendre tout aussi heureux avec si peu de mots ? Aucune idée. Et même en se débattant avec sa fritte, il le trouvait toujours aussi adorable. Ses doigts glissèrent légèrement dans ses cheveux blonds, les dégageant légèrement pour ne plus les avoir dans les yeux, et surtout pour pouvoir mieux l'observer. Oui, il devait être étrange à ne plus le quitter des yeux, mais tout chez lui l'attirait. Depuis toutes ces années, il n'avait cessé de se demander comment aurait pu se passer les choses, si rien de tout cela n'était arrivé, si, ses yeux dans une idée soudaine n'étaient pas venus se poser sur le Eun de l'époque. Il sentait pourtant qu'il n'avait pas changé. Ses sentiments resurgissaient beaucoup trop violemment. Il n'avait rien demandé, lui, et encore moins à faire resurgir le passé.

Ses pupilles se dilatèrent, tandis qu'il essayait de distinguer les traits de celui qu'il avait en face de lui. Le faible éclairage rendait tout cela plus doux, plus délicat, comme l'était déjà Eun. Ses cheveux roses pastels, sa voix colorée, un regard planté dans le sien. Il était si faible pour son humour, son rire diabolique, ses légères joues rosées. Sa réponse, il l'analysa, la décomposa. Comme au lycée. Mais que pensait-il de lui au lycée ? Il avait toujours été cette personne entourée et qui réussissait, mais tellement perdu. Sa remarque le fit rire. Lui retirer son haut ? S'il n'y avait que ça pour lui faire plaisir. Ca ne l'embêtait pas le moins du monde. Il avait l'habitude de finir à moitié nu devant des centaines de gens, de subir ces regards remplis d'avidité. Il s'en fichait, mais pas celui d'Eun. Il avait beaucoup plus d'importance qu'il ne pouvait le croire, et ce n'était pas avec autant de temps et de non-dits que cela allait l'empêcher de vouloir rentrer dans sa vie. Sa tête glissa le long de sa main, qui, d'une manière tentatrice remontait sur son torse. Son petit jeu, il ne le comprenait pas totalement. Mais qu'importe. Tressautant un peu sous son coup, il haussa un sourcil, avant de le regarder, un peu dépassé. Il savait déjà que son corps était d'une beauté certaines, même si, il s'en fichait particulièrement.

Et là, tout dérapa dans sa tête. Embrasser, moins de dix secondes. Il n'avait retenu que l'essentiel de ses mots. Un regard sérieux sur son visage, des paupières qui se mirent à cligner, ses doigts se crispèrent. Devait-il vraiment le lui dire, qu'il en mourrait d'envie ? Ce soir là, en le rattrapant, il aurait dû tout lui balancer. Lui dire qu'il en crèverait de le chercher pendant des mois. Et au lieux de cela, rien ne sortit. Pas une réponse, pas de mot. Son corps s'avança, signant le tombeau de son cœur. Il ne réfléchissait plus. L'engrenage de ses pensées s'était arrêté. Une main vint doucement se poser sur sa joue, et, en se penchant, il vint sceller sa réponse. Ses lèvres délicatement sur les siennes. Sans un mot, le regard clos. Cela lui avait semblé seulement être quelques secondes, il n'en savait trop rien. Ses lippes effleurant les siennes, son pouce caressant doucement sa joue, il avait mis moins de dix secondes, comme demandé. Son corps se détourna du sien, sa main le relâcha. Et comme d'un mouvement timide, il détourna rapidement la tête, les joues rouges, la tête complètement chamboulée. Ce qu'il avait voulu faire depuis un moment déjà. Un rendez-vous il avait dit ? Et bien les voilà qui étaient en pleins milieu.

"La voilà ta réponse. Moins de dix secondes. Elle te va ?" marmonna-t-il.

Sa main passa rapidement sur son visage, comme pour cacher son embarra. Il ne savait pas ce qu'il lui avait pris. Complètement hors d'atteinte de son contrôle. S'il s'en prenait une maintenant, tout de suite, il ne dirait rien. Il le méritait. Mais par rapport à Eun, rentrer dans son jeu ne lui faisait pas rien. Lui, tout cela ne l'amusait plus. Ce petit jeu de drague avait ses limites, et il en était une. Le blond n'était pas drôle, il ne faisait que remplir ce rôle de parfait petit nageur. Avec Eun, il avait l'impression que ce rôle ne lui était pas imposé. Qu'avec lui, il pouvait être réellement lui, et qu'il n'avait plus à se cacher. Ils pouvaient tout arrêter là. Il venait de se montrer le plus sincère possible, et si cela se trouvait, Eun n'en avait rien à faire. Ni chaud ni froid, aucun sentiment. Mais au moins, il avait répondu, et lui avait provoqué une tempête dans son ventre.

"Désolé. J'aurais pas dû. Oublie. J'ai pas réfléchi." articula-t-il.

Le regardant alors légèrement, il le détailla des yeux, avant de pousser un soupir plaintif, de se lever un peu en venant récupérer leurs emballages marqués de leur festin passé. Mettant le tout à la poubelle, il se renferma un peu sur lui, sa veste venant l'entourer comme une protection. Revenant alors ensuite vers le plus jeune, il baissa les yeux, et se rassit. Il ne voulait pas quitter cet endroit. Et puis, si le jeu était encore d'actualité, ils leur restaient encore des questions. Venant doucement jouer avec ses doigts, il n'osa plus trop dire de mots, ni même le regarder dans les yeux. Il devait avoir l'air complètement ridicule à se mettre dans tous ses états pour un simple baiser. Il n'avait fait que poser ses lèvres sur les siennes, dans un geste qui se voulait tendre. Il n'avait pas calculé le coup. Il n'avait pas calculé que lui, ressentirait autant de chose pour une chose aussi simple. Inspirant alors, il laissa enfin sortir sa question idiote.

"Tu m'en veux ? demanda-t-il d'une légère voix, Tu peux toujours me frapper, ou te venger...Mais je regrette pas." murmura-t-il, se fichant de savoir s'il était audible.

Il était sincère. Pour une fois qu'il agissait sur un coup de tête, il n'en avait plus rien à faire. S'il devait se montrer comme le véritable lui, il n'y avait qu'avec celui au cheveux roses pastels qu'il voulait être lui même. Ceux qui l'entourait, il n'y faisait plus autant attention qu'au lycée. Maintenant, même s'il se retenait toujours. Il avait un peu évolué. Il avait un peu changé. Et quoi que puisse en dire les autres, il assumait. Et ce baiser, il l'avait apprécié tout entier. Cette candeur encore présente pour le moment, cette douceur. Qu'importe. Au final, son envie restait la même, de le découvrir un peu plus. De faire partie de sa vie. Et ça, il aurait sûrement tout le temps de le faire. Peut-être était-il le temps de rentrer. Il commençait à faire froid. Et, sans s'en rendre compte, son regard dériva finalement sur le visage du plus jeune, comme une habitude. Oui, c'était décidé, qu'il le veuille ou non, il ne le laisserait plus s'enfuir.

Son cœur s’arrêta à l’instant où Dakho déposa ses lèvres sur les siennes. Retenant sa respiration, les yeux grands ouverts, Eun Ae était vide. Complètement. Aucune émotion, aucune pensée. Sauf peut-être un énorme : « BORDERL DE MERDE ! » en plein milieu de son esprit. Ce fut le léger touché tendre de son pouce sur sa joue qui déclencha le torrent de sensation dans son corps. Mais déjà trop tard, Dakho s’était éloigné, détournant son regard du sien. Il n’y avait plus de jeu, plus de rire. Juste deux garçons en émois qui ne savaient plus comment un cerveau fonctionnait. Clignant des yeux, encore sous le choc de se retournement de situation inattendu, Eun ne put même pas répondre à sa première question. Si elle lui allait cette réponse ? Bien sûr que oui ! Mais il était en incapacité complète de formuler une pensée logique. Donc, il se tut, tentant de comprendre ce qu’il se passait. Surtout que son silence ne devait pas encourager le Baek. Mais Eun était bouleversé. Retourné sur le sol. Ecrasé comme une crêpe mal gérée au plafond. Les métaphores étaient nombreuses. Certaines auraient pu être un peu plus jolies. Mais c’était exactement son niveau de réflexion actuellement.

Ouvrant la bouche pour la refermer immédiatement en l’entendant, il sentit son cœur se briser dans sa poitrine. Ses côtes lui firent mal. Dakho s’excusait de l’avoir embrasser. Pensait-il qu’il avait fait une erreur ? Qu’il n’aurait pas dû parce qu’il était Eun Ae ? Ou parce qu’il était timide face à ses sentiments ? Le Chase-Lim ne connaissait même pas ce qu’il venait de vivre. On aurait dit un premier baiser. Or, il en avait déjà vécu un. Mais celui-là, c’était le premier baiser avec Dakho. Il avait eu plus de goût que tous les autres. Et un afflux de sentiments beaucoup plus grands que le reste. Il n’y avait plus aucune logique dans son esprit. Plus aucune pensée cohérente. Dakho avait cassé Eun avec un baiser. Celui qui n’avait pas peur de le toucher de partout tout le temps. Celui qui n’avait pas peur de l’embêter sur un rien pour le gêner. Celui qui aimait voir le rouge sur les joues du plus vieux. Il était en morceau, répandu sur un sol de cristal. Et alors qu’il observa Dakho se levait avec leur déchet, le souffle lui revint. Il tenta de parler une fois, échouant lamentablement, avant de chuchoter :

« Non, attend… »

Mais déjà, il s’était éloigné. Une légère peur s’empara du fleuriste. Et s’il ne revenait pas ? Mais finalement, il le fit, se rapprochant de lui jusqu’à s’asseoir de nouveau. Eun ne le quittait plus des yeux, alors que lui n’osait plus le regarder. Les rôles s’étaient inversés en un rien de temps. Avalant difficilement sa salive, il entrouvrit les lèvres en le regardant comme s’il était l’homme le plus fascinant du monde. D’un côté, il avait envie de le taper pour l’avoir autant surprit. Il lui avait posé une question. Il avait attendu une réponse orale ! Pas un baiser sortit de nulle part ! Mais de l’autre côté, le plus jeune sentait son cœur battre la chamade, son rythme cardiaque devant frôler celui d’un astronaute au décollage de sa fusée. Qu’est-ce qu’il se passait sérieusement ? D’abord, ils se retrouvèrent. Ensuite, ils se re-retrouvèrent. Ensuite, Eun lui offrit des fleurs. Ensuite, Dakho lui offrit le repas. Ensuite, ils jouèrent. Et maintenant, ils se retrouvèrent avec un jeune garçon totalement éberlué et un autre quasiment totalement emmitouflé dans son manteau. On pouvait vraiment se demander s’ils ne se trouvaient pas dans une télé-novela.

Ce qui réveilla Eun fut la remarque suivante de Dakho. Est-ce qu’il utilisait une question du jeu ? Ou alors, il lui posait réellement la question. Après tout, le nageur avait triché en répondant ainsi. Ce n’était pas vraiment du jeu de l’avoir embrasser. Mais Eun reprit ses esprits en mains. Tout d’abord, oui, il lui en voulait. Mais ensuite, non, il ne lui en voulait pas. Oui, il savait de quoi il parlait. Et non, il ne savait pas ce qu’il allait faire. Sans doute paniquer un bon coup avant de faire une connerie. Mais qui pourrait le blâmer pour cela ? Personne sans doute. Et la dernière partie de la phrase, même si elle avait été murmurée, il l’avait bien compris. Non mais oh ! Encore heureux que tu ne regrettes pas ! Sinon c’est son poing dans le nez que Dakho aurait embrassé. Sans le ménager, Eun lui tapa alors le bras, attirant comme ça son attention. Il le refit deux fois après. Avant de le regarder dans les yeux. Toujours aussi paniquer, mais étrangement serein dans ce qu’il allait faire. Ses doigts se saisirent soudainement du col de la veste de l’autre garçon, l’attirant à lui pour l’embrasser plus franchement que quelques minutes avant. Ses lèvres se mouvaient contre les siennes avec un mélange d’empressement et de douceur. Avant qu’il ne le relâche soudainement et de s’écarter de lui.

« Ne me refait plus jamais ça crétin ! s’exclama-t-il. J’ai failli faire un arrêt cardiaque ! Je déconne pas ! »

Puis il le tapa encore une fois. Juste pour que cela lui serve de leçon. Avant de quitter le banc, posant les mains sur les hanches en lui faisant face, les yeux plantés dans les siens. Il avait été à deux doigts de s’effondrer de peur lorsqu’il l’avait vu se rapprocher, ne pouvant plus bouger. Maintenant, il avait debout, dans toute sa splendeur, il était quasiment prêt à lui faire la morale sur les violes de lèvres dans un espace public. Mais il n’allait pas le faire. Parce que, de un, malgré ses airs de « mommy » Eun était loin d’être la mère de Dakho – et n’en avait aucune envie – et de deux, parce que bon, c’était bizarre tout de même. Croisant alors les bras en le regardant toujours, il avait l’impression de jouer sa vie. Et en même temps, d’être dans un espace entre la réalité et le rêve. Est-ce que Dakho faisait cet effet à tout le monde ? Parce qu’à ce moment-là, Eun comprenait pourquoi tout le monde lui courait après. Ou alors… Il n’y avait qu’avec lui ?

« Qu’est-ce que tu attends à attendre ? Aller debout ! On rentre ! »

Tournant les talons, il quitta d’un pas tranquille l’endroit. Il tenta de retenir le sourire qui naissait sur ses lèvres. Oui, il fuyait sans doute la discussion qu’ils devraient avoir. Qui étaient-ils l’un pour l’autre ? Plus que des amis oui, mais pas totalement ensemble ? Après tout, cela ne voulait rien dire. Ou alors, cela voulait tout dire. Il savait qu’il le suivait, qu’il était proche de lui. Il savait aussi qu’il allait le ramener jusqu’à la boutique. Parce qu’il s’agit d’un minimum de politesse. Et de romantisme. Donc, à moins qu’il soit vraiment aussi idiot, Dakho aura au moins la gentillesse de ramener son « pas tout à fait quelque chose » chez lui, non ? La nuit était bien avancée maintenant, et c’était agréable de traverser un parc en pleine nuit. Même si l’on ne pouvait pas voir les étoiles, on savait qu’elles étaient là. Et l’impossibilité de les voir ne les rendait que plus importantes. Un peu comme les sentiments. Se tournant alors vers le nageur, Eun lui tendit la main, dans l’espoir de récupérer la sienne. Juste parce que voilà. Il en avait la possibilité. Et il voulait l’avoir un peu contre lui. Juste pour savoir que tout cela était bien réel. Et non l’un de ses rêves lorsqu’il laisse son esprit dériver sur sa table de travail.

Il ne s'était pas attendu à une telle réaction. Sans doute qu'au final, il aurait dû s'abstenir. Mais comme il l'avait si bien dit, il ne regrettait en rien. Un contact si doux qu'il pourrait en redemander s'il s'écoutait. Un coup sur son bras, puis un autre, et un troisième, et son regard atterrit de nouveau sur celui aux allures pastels. Ses yeux se clignèrent, détaillant légèrement les traits de son visage. Et sans comprendre, il se retrouva attiré contre ses lèvres, un frisson le traversant de part et d'autre. Étonné, il se laissa rapidement emporté par cette douceur et cette vigueur, répondant alors comme il le put dans ce si court temps. Puis tout s'effaça, laissant juste des regards brillants de sentiments. Surpris, il ne put retenir un léger rire à sa réaction. Il était tout simplement adorable. N'arrivant plus à se retenir à son autre coup, il s'essuya un peu les yeux, avant de le regarder, un grand sourire aux lèvres, ses yeux se plissant légèrement. S'il s'était imaginé qu'il allait se bécoter sur un banc avec Eun pendant leur premier rendez-vous, il n'y aurait jamais cru. Mais maintenant qu'il y était, il ne pouvait plus que s'amuser de ses réactions.

"Désolé ! J'ai juste pas pu résister ! T'aime pas qu'on t'embrasse par surprise hmm ?" s'amusa-t-il en penchant un peu la tête sur le côté.

Continuant de l'observer de haut en bas, il laissa son regard se planter dans le sien, un léger sourire joueur aux lèvres. Il appréciait beaucoup trop la situation. La soirée touchait presque à son terme en y pensant. Puis, il était comblé rien que d'avoir pu le revoir. Si les baisers surprises manquaient de lui faire faire des arrêts cardiaques, alors il le préviendrait à chaque fois qu'il comptait l'embrasser. Cela pouvait être drôle au final. Et d'un autre rire, il finit par se lever sous son ordre, mettant les mains dans ses poches. Il restait près de lui, un peu en retrait, laissant son regard se porter sur lui. Sa silhouette avait-t-elle toujours été aussi belle ? Sans doute. De tout ce qu'il se souvient, il avait toujours apprécié l'observer, de loin ou de proche. Mais maintenant qu'il pouvait vraiment se détacher de ce masque avec lui, il n'hésiterait pas plus longtemps. Ses jambes faisaient de grandes enjambées, lui laissant alors le temps de se concentrer un peu. Un regard pétillant, des envies de l'enlacer, il ne pouvait plus qu'attendre et voir. Il ne savait pas trop ce qu'ils étaient l'un pour l'autre, mais ce qui était sûr, c'est qu'il essaierait de lui rendre le plus souvent visite, surtout s'il voyait que la boutique était ouverte si tard.

La silhouette qu'il appréciait tant observer se retourna au bout d'un moment vers lui, tendant cette précieuse main qu'il voulait serrer. Le rouge lui monta un peu aux joues, tandis qu'il ne mit pas longtemps pour venir attraper sa main et se mettre à côté de lui. La serrant d'abord délicatement, il finit par la caresser de son pouce, juste pour s'assurer que c'était bien la réalité. Au bord de l'explosion, il se retenait de dire quoi que ce soit. Les rues étaient calmes pour une fois, et un léger courant d'air frais gardait son visage à la bonne température. Au moins, il était sûr de ne pas cramer complètement. Son lui qui se dévergondait avait tout de même encore quelques propriétés du vieux Dakho. La confiance en soi n'était pas son point fort, mais cela allait venir un jour. Enfin, il espérait. Plus ils avançaient, et plus il avait l'impression que la soirée touchait à son fin. Il ne voulait pas du tout. Il n'en avait pas envie. Il voulait tout simplement rester avec lui, ni plus ni moins. Ses pieds ralentirent à l'approche du bâtiment. Tout pour passer encore quelques minutes avec lui.

S'arrêtant alors devant le bâtiment, il s'avança en face de lui, souriant doucement. Sa main n'avait pas quittée la sienne, et il continua de doucement lui serrer. C'était assez étrange après tout. En une journée, il avait eu l'impression de rattraper des années toutes entières. Le temps était passé vite, un peu trop. Et tout doucement, il lui sortit son téléphone, bidouillant quelques trucs dessus avant de le lui tendre. Son numéro. Il ne l'avait plus. Enfin, il avait gardé l'ancien dans son répertoire. Il devait même avoir encore leurs échanges de messages et les derniers qu'il lui avait envoyé. Il n'avait pas osé les supprimer. Sans doute avait-il gardé un léger espoir d'avoir une réponse à ces derniers, mais rien du tout. Il n'avait rien reçu. Une attente assez longue. Alors, c'est pour cela qu'il en profitait.

"Tu veux bien me redonner ton numéro ? Ça pourrait être utile, je le sens." sourit-il légèrement avant de le lui donner.

Il lui faisait confiance. Ce n'était pas comme s'il avait quelque chose à cacher sur son téléphone de toute manière. Cela lui faisait tout de même assez bizarre de pouvoir partager encore l'un de ces moments avec lui. Il en était heureux, et si détendu. Le remerciant d'un petit sourire, il ne manquerait pas de lui envoyer un message une fois rentré. Le raccompagner lui avait semblé complètement évident. Et tout doucement, d'un mouvement de main, il posa sa paume sur sa joue, sans hésiter, ses yeux continuant de l'admirer silencieusement. Il savait ce qu'il devait faire à présent. Il le savait parfaitement. S'approchant de son visage, petit à petit, il effleura son nez du sien. Son cœur était proche de sortir de sa cage thoracique. Il ne pouvait tout simplement pu le quitter des yeux. Devait-il vraiment le prévenir de ce qu'il avait l'intention de faire ? Peut-être. Mais en même temps, sa réaction l'avait amusé. Souriant alors distraitement, il soupira légèrement contre lui.

"Fais attention...Je vais t'embrasser." murmura-t-il pour le prévenir.

Et sans plus attendre, il colla tout doucement ses lèvres contre les siennes, comme un baiser d'au revoir en plus doux et plus langoureux. C'est qu'il y avait pris goût le blondinet, de l'embrasser. Ses lèvres se mouvaient contre les siennes, juste un peu, essayant de garder une délicatesse qu'il connaissait bien. Ses yeux se fermèrent, ses mains le retenaient contre lui. Son souffle coupé n'était plus très utile ici. Maître de l'apnée, des sensation étranges dans le corps, il ne pouvait pas dire que cela ne lui faisait rien. Eun était bien plus puissant que n'importe qui sur lui. Il ne pouvait pas le nier, ni même le cacher. Cela avait toujours été ainsi. Et, tandis que d'un léger sourire il se détacha de ses lippes, il fit quelques pas en arrière, penchant légèrement la tête, tout fier. Il pourrait recommencer, encore et encore sans s'arrêter. Des étoiles dans les yeux, il remit ses mains dans ses poches, avant de lui sourire bien plus encore qu'il ne l'avait fait précédemment. S'il ne fallait que cela pour le rendre heureux, alors il serait de la partie. Il n’arrêtait pas. Il ne lui manquait plus qu'à le laisser partir, le laisser rentrer chez lui comme lui l'aurait fait juste après.

"Aller, rentre, je vais finir par attraper froid à t'attendre." rigola-t-il doucement, juste pour se détendre un peu plus.

Il resta à bonne distance, pour éviter de replonger sur ses lèvres. C'était plutôt dangereux de rester près de lui dans ces conditions. Et puis, Eun ne faisait pas vraiment d'effort aussi pour qu'il arrête de vouloir rester coller à lui. Lui souriant encore, il attendait juste de le voir rentrer pour suivre. S'assurer qu'il était bien au chaud. Prêt à recevoir des dizaines de messages.

Sentant sa main rejoindre la sienne, une douce chaleur se répandit dans le ventre d’Eun Ae, dont les yeux ne purent se poser sur Dakho. Ils brillaient un peu trop pour le moment. Il devait tout d’abord calmer ce cœur qui battait un peu trop vite avant de réellement pouvoir se concentrer sur quelque chose. Il avait l’impression d’être revenu aux années lycée. Cette même époque où il ne le regardait pas comme l’un des mecs le plus populaire du bahut, mais comme le simple Dakho Baek qui avait un sourire aux yeux demi-lunes et un air idiot quand on lui parlait français. Celui-là même qui avait sécher ses vêtements au sèche-cheveux dans les vestiaires de garçons après une chute fabuleuse dans la piscine. Celui-là même qui venait vers lui dans les couloirs comme si tout était tout à fait normal. Si seulement il savait que cette simple interaction avait causé une remontée de regard haineux envers la jeune adolescente de l’époque. On ne s’approche pas du nageur le plus convoité du lycée comme cela. Roi du bal de promo en plus, sans doute. Eun l’aurait eu l’année suivante le sien. Et il y serait allé seul. Ou pas du tout. Mais il ne connaîtra plus jamais ça. C’était finit pour lui. Plus de soirée dansante, plus d’élection de monsieur et madame parfait. Plus d’élite distinguée. Plus rien de tout ce qu’il ne voulait pas.

Ils marchèrent doucement, encore perdus dans cette tendre impression sur leurs lèvres. Eun ne se rendait pas encore compte de tout ce qu’il venait de se passer. Pourtant cela c’était bien passé. Il n’était même pas sûr de pouvoir mettre des mots sur toute cette histoire. Il savait simplement que demain matin, au réveil, il allait devoir se faire une double dose de café pour bien se rendre compte de ce qu’il venait de vivre. Avant de se mettre au travail. Il allait devoir s’occuper l’esprit, pour ne pas avoir à penser à tout ça. Pour ne pas avoir à retomber dans ses souvenirs exceptionnels et merveilleux. Oui, Eun aime prendre son temps pour réfléchir à tout un tas de choses. Il aime pouvoir se rendre compte des choses tranquillement. Mais Dakho semble d’être d’un tout autre avis. Arrivé à côté de la porte qui mène au loft au-dessus de la boutique de fleurs, Dakho laissa un petit temps de latence avant de sortir son téléphone. Eun cligna des yeux, se rendant bien compte de ce qui allait se passer. Un discret sourire en coin apparut sur ses lèvres. Il ne le laissera donc jamais vivre hein ? Prenant le téléphone entre ses doigts délicats, il tapota son numéro, avant de regarder le nom du contact. Et de se renommer « Pinky », avant de le lui rendre, innocemment.

Son regard se perdit alors sur le visage de Dakho. Il ne voulait pas le quitter, là, comme ça. Il ne voulait pas que cela se termine. Même s’il avait été celui qui lui avait demandé de le ramener. Nous ne sommes pas une contradiction près. Tout un tas de scénarii se mirent en route dans sa tête. L’emmener à l’intérieur ? Lui voler un baiser ? Lui dire qu’il l’aimait depuis le lycée ? Tout un tas de choses niaises qui ne lui convenaient pas du tout. Mais finalement, ce ne fut pas lui qui fit le premier pas. Comme pour leur premier baiser, ce ne fut pas lui. La douce main de Dakho sur sa joue, son visage qui se rapprochait dangereusement, alors qu’Eun louchait sur son regard de plus en plus proche. Son sourire fut étouffé par ses lèvres. Il l’avait prévenu ça oui. Mais le plus jeune l’avait vu arriver de loin celui-là. Pourtant, ce petit jeu lui allait. S’il le prévenait à chaque fois, il ne dira pas non. Parce que cela signifiait qu’il allait être embrassé pour lui. Et c’était le plus beau message que l’on pouvait lui transmettre. « Tu es sur le point de te faire bécoter par ton crush de lycée. » Faisant doucement mouvoir ses lips contre les siennes, Eun ferma les yeux, se laissant aller dans l’échange tendre. C’était si doux, si agréable, si eux. Juste, eux. Contre le reste du monde.

Le temps était trop court. Tout était trop court. Et pourquoi est-ce que tout devait avoir une fin ? Lorsqu’ils se séparent, un manque s’infiltre contre les lèvres du rosé, qui se sent insatisfait. Il en veut plus. Il veut plus de Dakho. Même s’il faut prendre son temps, ne pas presser les choses. Il aimerait beaucoup les presser. Juste pour savoir jusqu’où ils pourraient aller tous les deux. Juste pour connaître la limite de leur futur à eux. S’il y a une limite bien sûr. S’il y avait quelque chose qui pourrait un jour les stopper. Reprenant alors son sourire, Eun hocha discrètement la tête en l’entendant, l’observant s’éloigner de lui. Oui, il devait rentrer. Comme il n’y avait plus de lumière à l’intérieur, il supposa que son père était parti se coucher. Mais c’était étrangement trop dur de couper ce moment magique. Parce qu’il allait retomber dans la réalité. Et la réalité, c’est beaucoup trop fade face à Dakho. Pourtant, lui souhaitant tendrement une bonne nuit, Eun se dirigea vers la porte, l’ouvrant lentement avant ses clés. Jetant un dernier regard vers son cavalier de la nuit, il lui offrit un sourire, avant de disparaître à l’intérieur, refermant bien vite le battant dans son dos. Le cœur au bord des lèvres, son visage se déforma alors en un vrai sourire, immense et transcendant, qu’un rouge prononcé vint accompagner sur ses joues. Portant les mains à celles-ci, il sentit leur chaleur sur ses phalanges. Des bruits venant de l’escalier le fit lever la tête. Son père, en pyjama turquoise, le regardait, un petit sourire aux lèvres.

« Tu vas rester là toute la nuit ou tu viens me raconter tout ça ? » demanda-t-il, avec une lueur amusée dans les yeux.

Retirant son manteau, pour venir le rejoindre en sautillant presque, Eun sentit son cœur fondre doucement. Il s’était fait avoir. Il était presque sûr qu’il avait tout vu le bougre. Mais cela lui faisait plaisir. Cacher des choses à son père était bien la dernière chose qu’Eun aimait faire. Ils n’étaient plus que deux, et se camoufler ne mènerait qu’à rajouter des problèmes. Il avait presque envie d’allumer le magnétoscope pour passer un vieux vinyle de la collection de sa mère et de se mettre sur l’un des tabourets du bar coupant le salon et la cuisine pour commencer à discuter de tout ça. La journée était finie, l’accord de silence de deuil aussi. Ainsi, il n’y avait plus qu’eux deux. Père et fils, de nouveau dans cette chaleur anodine du monde. Bientôt, ils seront trois. Voir quatre. Ou même cinq. Mais cela ne changeait rien. Une famille reste une famille peut importante le nombre. Alors oui, il parla de Dakho toute la soirée, n’oubliant pas de répondre à son téléphone qui vibrait toutes les minutes. Eun Ae ne s’était jamais senti aussi comblé de toute sa vie. Etre enfin lui-même et surtout, être complètement et éperdument amoureux.