° Tel
narcisse qui se pencha sur cette eau lui ressemblant, tu penches ton nez sur ce miroir qui reflète un bel être. Pas de mensonge. La société vous poussant à un amour propre, avant de vous
lapider lorsque vous l'aviez trouvé. Tel narcisse tu plongeais dans une eau qui te ressemblais, mais tu semblais te perdre dans ce bain qui finalement ne te convenait pas. Les
apparences, elles sont trompeuses, mais si importantes, que tu continues à faire croire que tu sais nager. L'eau trouble cache ton hésitation. Le froid de ton regard leur glace le sang, mais fait bouillonner l'envie de te
gagner. Une terre inconnue, hostile. Comme tous ces conquérants, ils te voulaient en entier. Etre cette personne qui avait tout changé. Excitant. Peut être que ça l'était. Égoïste, sournois, manipulateur, c'était tout ce qu'ils étaient. A quoi bon dompter une personne pour son plaisir personnel? Tu valais pas mieux que ce lion si beau, si majestueux, qu'on
enfermait en cage, qu'on domestiquait pour pouvoir l'admirer encore et encore.
° Les
apparences, c'est tout ce qu'ils veulent. Tout ce qui les intéresse lorsqu'ils viennent te voir, les étoiles dans les yeux, le cœur aux lèvres. Différentes approches : directes, timides, ou faussement désintéressées. Tant de chemins détournés pour t'avoir à leurs bras.
Comprendre celui derrière l'image? Aucune n'a encore tenté, et si toutefois les questions venaient tu restais muet. Un charme pour certains, un vrai " petit con" pour d'autres. Elles défilaient les jolies filles à ton bras, le sourire et le regard droit. Mais elles restaient aux portes d'un cœur qu'on disait
froid. Peut être juste désintéressé?
Piétiné?
° Malheureusement les apparences sont trompeuses. Elles vous mènent en bateau. Manipulation d'autrui ou malentendu. Les apparences n'étaient qu'une couverture immobile. Parfois elle changeait, elle était modifiée par une action, une personne. Parfois elle restait, comme une vieille décoration. La tienne datait, elle avait fait long feu mais jamais elle ne s'éteignait totalement. Sans un but précis, laissant simplement les plus imaginatif d'inventer la vie la plus délinquante possible, la jalousie ira même les pousser à te donner pouvoirs hors de ta portée. Il était drôle de te voir dépeint, sans même qu'une once de doute ne les traverse. La vérité est enfermée chez toi, avec ton chien
Cloud, un Samoyède d'un an. Elle est avec lui et tous ces
dramas que tu regardes, ces plaids qui ornent ton appartement.
Chocolat chaud, plaid piloupilou et
pyjama cute on est loin de la grosse frayeur de l'école. Terreur des bacs à sable tu es plus du genre à regarder des romances pour dire ô combien ils ne savent pas choisir, quand toi même t'es incapable d'aimer. L'hôpital qui se fout de la charité.
° Paraître ou ne pas paraître telle est la question. Impossible de comprendre comment, pourquoi. Tout avait basculé.
° Une
honte. C'était ce qui revenait. Après ce coup de fil à tes parents. Après des faits que personne ne comprenait. Une convocation en bonne et due forme, celle qui t'avait fait baissé la tête, sans même que tu ne comprennes pourquoi.
Innocent, tu l'étais. Pourquoi te regardaient ils avec déception? Pourquoi te sermonnait-on alors que ta lèvre était ouverte? Alors que tu joignais tes mains derrière ton dos, le visage bas. Pourquoi?
Conseil de discipline. C'était tout ce qu'ils arrivaient à te sortir. Tout ce qu'ils allaient faire. Après des années à vivre ta vie, à tenter de te tenir loin des problèmes, évitant les
confrontations avec ceux qui venaient pourtant emmerder le solitaire que t'étais. T'avais rien dit, rien fait, même quand on venait appuyer sur ton crâne faisant basculer ta tête. Pas même lorsqu'on marchait sur ton pied en murmurant des paroles que tu préférais ignorer. Non t'avais rien fait. Jusqu'à ce jour. Le lycée avait dû te changer. Peut être qu'ils avaient raison. Ta
taille, le
sport, t'avais fini par prendre confiance. Cette fois t'avais
répondu. T'avais fait basculé le jeu dans lequel ils jouaient en te prenant comme objet. T'avais renversé la table, et tu t'étais mis à frapper.
Recevant. Donnant. Seul ces différents professeurs avaient réussi à vous séparer. La défense, tu la clamais. Le harcèlement, ils
accusaient.
° Dans la
surprise et le toupet le plus grand tu fus alors
accusé d'harcèlement. Un groupe se tenant à t'accuser, pour éviter d'être découvert. Un retournement imprévisible. Malgré la vérité, malgré toutes les explications qui sortaient de ta bouche rien y changeait. Renvoyé pour mauvaise conduite tu changeras d'école, la rage au ventre. Était ce si compliqué d'être juste? De faire gagner la
vérité? Si même tes parents ne te croyaient plus... Fort heureusement ton père n'a jamais cessé de te soutenir, contraint de voir son fils souffrir de cette impuissance. Tout recommencer, c'est ce qu'ils voulaient, tout oublier, tu aurais préféré. Cependant tu gardais tout en mémoire, portant ce poids jusqu'à aujourd'hui, changeant alors de comportement.
Ignorer, lancer un regard noir, t'isoler. Ne plus chercher à changer les choses, ils pouvaient croire tout ce qu'ils voulaient, tu les laissais faire leur fantaisie, cherchant simplement à finir ta scolarité.
° C'est ainsi que
Theo the God naquit. C'était sûrement
prétentieux, ce regard glaçant, désintéressé. Peut être qu'oublier les noms, enchaîner les conquêtes était ce qui te fallait. Peut être que tu n'étais qu'un imbécile qui profitait d'une notoriété qui ne lui appartenait pas. Cependant tout s'était retourné. Tout avait fini par changé et c'était mieux ainsi. Personne n'osait te confronter, et tu te concentrais simplement sur tes études, sans trop en faire, du moins pas devant eux. Non ils ne te verraient pas réviser avec tes stabilos , faire de belles fiches pour tout retenir. Non ils ne verraient pas les efforts fournis, t'imaginant en boîte à boire tous les soirs, tout ça parce qu'ils t'y avaient croisé une ou deux fois. Ils ne verraient pas l'homme qui encourageait son chien à faire caca dehors plutôt que chez lui. Mais ça t'allait, c'était ton petit secret.
°
Fils unique on t'a sûrement trop donné. Petit
prince, tu étais celui qu'on attendait, depuis trop longtemps. Gâté, ce n'est pourtant pas les pires défauts qui t'ont emporté. L'
argent ne coule pas à flot, les repas sont simples, l'envie de faire plaisir plus grande encore que de refaire l'appartement, ils ne verront que par toi. Ton
père en particulier, qui t'a tout appris. Du vélo, au roller, au piano, il t'a ainsi éduqué, à respecter les autres. A trouver ce petit
bonheur un peu partout. Une
mère plus caractérielle, on écoute au doigt et à l'oeil à la maison. Une vie que personne ne voulait te concéder. Alors ils ont inventé le reste, pauvreté ou richesse. Despotisme ou pourri gâté, tu voyais ta vie comme dans une bande dessinée. Le Martin Matin de l'école, ce fut épuisant d'essuyer leurs accusations infondées. Et pourtant tu restais
silencieux.
° C'est avec ton grand-père que tu tisseras le plus de lien. Courir chez lui, t'enfuir lorsque les cris de la maison devenaient trop forts, lorsque la pression de l'école était trop forte tu trouvais toujours du réconfort. Chocolat chaud, plaide et histoires croustillantes. Ton rire finissait toujours par résonner quand il parlait de ta grand-mère, l'émotion revenant souvent lorsqu'il repensait à son absence, avant de balayer cette humidité du regard par une blague.
"Elle ne me crie plus dessus". Les femmes étaient sûrement les êtres les plus durs à comprendre. C'est ainsi que tu grandissais, admiratif et reconnaissant. Très bon chirurgien, il te montrait comment opérer tes peluches, avec précision et minutie. Le jour de son hospitalisation, il t'avait donné cette consigne étrange d'observer les médecins. La conclusion était là.
" Je veux devenir chirurgien comme toi..."Son rire n'avait jamais été aussi pur, la confiance au bout des doigts, le sourire réconfortant.
" A demain. " Avais tu lancé dans un regard entendu. Tu avais compris la raison de cette observation. Ils avaient cette manière d'agir les médecins. Et tu savais, que demain, il serait parti.
° Malgré le cursus
compliqué que tu as choisi, et les notes que tu récoltes tu es une vraie bille en réalité. Ce n'est pas que tu es
idiot, juste que tu dois travailler plus dur que les autres pour tout retenir. Mais ça bien sûr personne ne le sait. Au contraire on pense que tu es une sorte de génie. S'ils savaient le nombre de Doliprane, patch, et infusion tu t'étais tapé pour tes examens.
° Papa et maman sont gentils, alors ils continuent de
t'héberger contre une grande attente. Se concentrer sur les études et réussir, voilà ton objectif, et le leur. Pas intérêt de rater, ou d'aller travailler pour ne pas savoir te
concentrer. C'est pas tous les jours facile de dépendre de ses parents, mais tu peux te vanter de toucher un peu
d'argent avec des missions ici et là.