what's up doc

PAST

(( one : 18 décembre 1993 )) Décembre... Le mois de l'hiver, de la douce saison de Noël. Le décor était idéal. Il était planté tel un conte de fées. Tes deux parents étaient si heureux, si comblés, quand ils ont pu te prendre dans leurs bras pour la première fois. Après des années sans réussir à concevoir, tu t'étais pointé comme ça, tel un petit miracle de Noël, un cadeau, le plus beau cadeau qu'ils auraient pu espérer recevoir. Cette année la, leur étoile, ce fut toi. Tu brillais de mille feux, on ne voyait que toi... (( two : 15 avril 1996 )) " Seo Jun !!! Reviens ici espèce de petite crapule ! " ça, c'est la voix de ta mère, qui résonne dans toute la maison, telle une douce mélodie. Elle te court après, enjouée, souriante, heureuse comme jamais. Et toi, tu t'enfuis en riant, ton rire résonnant à l'unisson avec celui de ta mère telle une douce mélodie. T'as seulement 3 ans. Tu cavales avec tes petites jambes, qui te soutiennent à peine. Déjà à ce moment-là, tu avais un sourire en or. Ce genre de sourire pour lequel on remuerait ciel et terre, pour lequel on sacrifierait tout... Mais si tu avais déjà ce sourire, tu avais également ce coté complètement espiègle, caractéristique chez toi. C'est pour cela même que ta mère te cours après, en fait. T'enchaînes les bêtises... Mais malgré tout, l'atmosphère transpire le bonheur par tous les pores. Ta vie est d'une douceur incroyable. Tes parents sont si formidables avec toi. Ils te comblent d'amour, te gâtent. Tu es leur trésor. Mais, malgré ce bonheur, malgré cette joie paraissant infaillible... Tout ne tarderait pas à s'effondrer, tel un château de cartes. Le bonheur du petit enfant ne pourra durer éternellement.. (( Three : 08 Juillet 1999 ))   " Regardes mon cœur... C'est ta petite sœur. Dis lui bonjour. " La douce voix de ta maman résonne encore une foi. Elle a l'air épuisée, ses traits sont tirés, mais elle sourit. Elle semble si heureuse, si comblée. Toi, tu te redresses, te mettant sur la pointe des pieds pour arriver à voir ce qu'elle regarde, ce qu'elle te désigne avec tant de bonheur et d'admiration. Et alors, tu la vois... Cette petite chose fragile, ce petit être rose, bizarre, fripé. Immédiatement, tu souris. T'étais si heureux d'avoir une petite sœur. Bon, en vrai, quand tes parents t'on parler pour la première fois du bébé, t'avais été déçu, car tu voulais un petit frère pour jouer avec toi. Mais à l'instant même ou tu la vois... Tu sais que tu vas l'aimer de tout ton cœur. Tu sais que tu seras un grand frère modèle. Tu feras tout pour la protégée, toujours. Et le sourire de ta mère redouble en voyant le tien. Son bonheur était presque trop parfait. Son bonheur irréel était surfait. Il était temps qu'elle paie...  (( Four : 19 Juin 2003 )) " Mais... Vous êtes sûrs de cela ? Ce n'est pas une erreur ? Elle ne peut pas être si mal, nous l'aurions vu... " Les mots de ton père résonnent dans ces couloirs blancs. Ces couloirs froids, si froids, qui te semblent si effrayant. Un peu plus à chaque fois que tu dois y mettre les pieds. Voilà déjà un an que tu étais obligé de suivre régulièrement ta maman dans cet endroit horrible. Tu ne comprenais pas pourquoi tu devais faire ça, ce qu'elle pouvait bien faire là. Tout ce que tu savais, c'est que tu détestais cet endroit. Que tu voulais rentrer chez toi. Tu voulais retrouver ta maman, ta petite sœur, ta famille... Vivre une vie normale, pour un garçon d'à peine 10 ans, en somme. Mais c'était impossible. Pas cette fois. Cette fois, ta mère ne rentrerait pas avec toi. Cette fois, elle devrait rester là-bas. Tu n'as pas compris pourquoi tu n'as pas aimé cela. Devoir la laisser seule dans cet endroit... Mais qu'allais-tu devenir si elle n'étais pas auprès de toi ? Qu'allais-tu devenir si elle n'était plus là ? (( Five : 05 Mars 2004 )) " Maman... Maman réveille toi! Maman!" Ta voix s'élève dans la maison, elle s'envole, affolée. Ça fait plus d'une demi-heure que tu tentes de réveiller ta mère, endormie sur le canapé, sans succès. Elle avait fini par revenir à la maison, après tout. T'en étais vraiment heureux, mais en même temps, t'étais triste. Elle n'était plus du tout la même personne... Plus du tout la maman enjouée, souriante, et enthousiaste que tu aimais tant. Elle portait toujours cette espèce de chapeau sur la tête, en tissu... Ses jolis cheveux avaient disparu. Mais que pouvait-il bien lui arrivé... Tu te l'es tellement souvent demandé. Mais personne ne voulait t'en parler, comme si tu étais trop jeune, trop stupide pour l'accepter... Tes mains frêles secouent ta maman, mais elle ne réagit pas. Et au bout d'un moment, tu stop tout, tu t'arrêtes net. Et tu te mets à pleurer. Tu pleures sans pouvoir contenir tes larmes, tu pleures comme un bébé. Tu en as assez, assez. Tu voudrais juste la voir ce réveillée... Mais cela ne va jamais arriver. Ton père finit par rentrer, et il te trouve, recroquevillé sur le fauteuil à côté du canapé, où ta mère est allongée. Tu pleures tant que ton corps en est secoué. Ton père se précipite vers ta mère. Il l'appelle, comme toi. La secoue. Comme toi. Mais c'est peine perdue... Son corps est déjà froid. (( six : 14 Août 2008 )) " Sua... Fait attention ! Tu vas tomber ! ". Tu venais de te précipiter vers ta petite sœur presque en courant, cette dernière venant de manquer de se faire bien mal en tombant de son lit, sans crier gare. " Sua... Sua ? Qu'est-ce que tu as ? Réponds ! Sua! " Ta voit s'élève une nouvelle fois, plus affolée encore que précédemment. Ta petite sœur était dans tes bras, mais elle ne bougeait pas. Elle ne réagissait absolument pas. Et là... T'as un flash-back. Un flash-back horrible. Tu te revois secouer le corps sans vie de ta mère en priant pour qu’elle se réveille. Tu te revois pleurer toutes les larmes de ton corps quand on t'a dit qu'elle était partie... Et tu deviens fou. T'appelles ton père, tu lui hurles dessus presque. Tu lui dis qu'il y a un problème avec Sua, qu'elle est tombée d'un coup et qu'elle ne se réveille pas. C'est comme cela que tu t'es de nouveau retrouvé dans cet horrible endroit, l'endroit maudit qui t'avais déjà volé ta mère. Rien que de penser qu'il pourrait maintenant de volé ta sœur faisait couler des larmes, inlassablement, de tes yeux desséchés. Et puis après une batterie de tests, le verdict est tombé... Et tu ne l'a pas accepté. Oh non, tu ne l'as pas accepté... (( seven : 18 mai 2009 )) " Seo Jun... Est-ce que je vais rejoindre maman... ? Je vais la revoir bientôt ? " Bip.... Bip.... Bip.... Les bruits de cette machine résonnent dans la pièce. Une foule de tuyaux branchés sur son corps... Ta main est fermement ancrée dans la sienne, tes yeux posés dans les siens. Son petit corps fragile, si frêle, ne pouvait même plus la soutenir. À l'image de ta mère, ses jolis cheveux ébène avaient tous disparus. Sa respiration est si faible qu'elle semble pouvoir disparaître à tout moment. Et toi... Toi, tu essayes de rester fort. Tu ne montres pas ta tristesse. Tu ne montres pas ta souffrance. Car tu ne veux pas qu'elle soit triste. Elle, elle est dans cet état déplorable, et pourtant, elle garde le sourire. Elle est forte, plus forte que tu ne le serais jamais. Alors pour elle, pour ne pas voir ce si beau sourire disparaître... Tu retenais les larmes. Tu les retenais de toutes tes forces. " Ne dis pas de bêtises mon cœur... Maman pourra t'attendre encore. Tu es trop jeune, tu restes avec moi et papa... On a besoin de toi. " Tes propres mots t'arrachent littéralement le cœur. Mais tu souris. Pour elle. Tu sais pertinemment que tu lui mens... Qu'elle retrouverait votre maman trop tôt... Beaucoup trop tôt. Mais tu veux qu'elle garde espoir, même si c'était vain. Qu'elle n'est pas peur... Qu'elle ferme ses yeux... Juste un instant... Juste un instant... (( eight : 04 juin 2010 )) " C'est vraiment ce que tu veux Seo Jun ?... Tu sais que les études sont extrêmement longues. Et qu'elles coûtent très cher... Je ne serais pas en mesure de les payer. Tu en es conscient, j'espère..." . Tu acquiesces, le visage vide de toute expression. Oui, c'est ce que tu veux. C'est ce que tu as toujours voulu. Voilà déjà un an que ta petite sœur est décédée de cette foutue maladie. Cette saloperie de cancer, qui avait déjà ravagé ta mère avant elle. Un an que tu ne cesses de réfléchir, de rager, de pleurer... De te demander pourquoi. Pourquoi est-ce que la vie s'acharnait sur toi. Pourquoi t'avait-elle arraché les deux femmes qui comptaient le plus pour toi. Et surtout, à te demander ce que tu pourrais bien faire pour elles... Pour honorer leur mémoire. Et puis un jour, tu as trouvé. Tu t'étais dit que le meilleur moyen de les honorées... C'était de devenir l'instrument de leurs vengeances. De devenir un acteur du combat contre cette maladie de merde, cette foutue maladie qui les avait prises. Mettre de côté ta rancœur. Tout donner dans cette voie.. Oui... Tout donné. Absolument tout. Car telle était ta destinée... Et tant pis s'il te fallait tout sacrifié. (( nine : 15 octobre 2013 )) Le service militaire étant derrière toi, car tu avais voulu t'en débarrasser le plus vite possible, pour ne pas perdre de temps avec ça, tu t'es lancé le plus rapidement possible dans tes études de médecine. Aujourd'hui, cela fait un an que tu les suis. Élève assidu et motivé, tu as tout de même un peu de mal à tenir la cadence, car ayant peu de ressources, il te faut travailler à côté pour payer ta vie étudiante. Heureusement pour toi, tu as pu obtenir une bourse de par tes excellentes notes et appréciations, ce qui mine de rien, t'avais enlever un sacré poids sur les épaules, car tu ne sais pas ce que tu aurais fait sans cette dernière. Ton salaire de petit employé d'épicerie à mi-temps te permettant à peine de vivre, tu dois souvent sauter des repas pour acheter diverses fournitures. Mais tu ne te plains jamais vraiment. Tu fais ce qu'il faut, tu ne lâches rien. C'est la voix que tu as choisie et pour rien au monde, tu ne la laisseras t'échapper. Et ça a payé. (( ten : 19 novembre 2021 )) " Seo Jun... Oh, Seo Jun, tu m'écoutes ? Chéri ? " Une voix de femme s'affère à t'appeler depuis plusieurs minutes, pour te sortir de tes rêveries. Mais rien à faire. T'es dans la lune, ton boulot t'épuise. Enfin, pas que... Mais tu te tais. Quand enfin, tu daignes la regarder, tu fais la moue, un léger sourire au bout des lèvres. " Pardon ma puce, je suis ailleurs. Je ne compte plus les heures ces derniers temps, je suis crevé. Qu'est-ce que tu disais ?Quand enfin, tu daignes la regarder, tu fais la moue, un léger sourire au bout des lèvres. Cette femme, c'est ta fiancée. Ça fait huit ans que vous êtes ensemble, et ce soir, vous fêtez votre anniversaire de couple au restaurant. Rencontrée à l'école de médecine, vous vous êtes rapprochés très rapidement, et une idylle a fini par naître entre vous. Cette relation t'a énormément aidé pendant tes longues études, car vous vous êtes soutenus mutuellement, la demoiselle suivant des études assez difficile pour devenir dermatologue. Hye Jin. C'est son prénom. C'est celle qui partage ta vie, celle que tu as demandée en mariage six mois auparavant. Cette femme, c'est celle que tu aimes, celle qui fait battre ton cœur, et pourtant... Tu lui mens. Oui, tu lui mens comme un arracheur de dents. Certes, tu es fatigué, car être un médecin qui débute, c'est usant. Certes, tu es ailleurs, car tu aimerais être ailleurs... Mais la vérité, c'est que tu ne peux absolument pas lui dire ce qui te ronge. Tu ne peux pas lui dire que tu penses juste à quelqu'un d'autre, en cet instant, alors que tu ne devrais avoir d'yeux que pour elle. Tu ne peux juste pas lui dire que ce qui obnubile autant ton esprit, c'est tout simplement... Un de tes patients. Certes, les excuses de la fatigue avec le travaille marchent toujours, mais pour combien de temps au juste ? Cela fait des mois que ça dure. Des mois que tu es ailleurs, et indubitablement... Des mois que tu ne la touche plus. Car ton désir est ailleurs. Désir complètement nouveau, désir de plus... Bien plus. Désir jamais exploré jusqu'alors. Désir que tu ne comprends pas, tant il est inconvenant et troublant. Désir qui prend de plus en plus de place dans ton cœur. Un homme... C'est un homme qui te met dans un tel état de trouble, et qui te donne presque envie de lâcher tous tes plans. Et oui, un homme. Pour la première fois de ta vie, tu te sens troublé, attiré par un homme. Cela ne s'est pas fait du jour au lendemain, bien sur, mais c'est un fait... Il y a quelque chose. Il t'attire comme un aimant. Tout gâcher pour cela ? Non, hors de question. Tu n'étais pas homme de changement, tu aimais ta vie telle qu'elle était, pourquoi tout gâcher maintenant... ? Tout ceci était absurde. Absurde. En attendant, les séances sont de plus en plus compliquées, car tu ne sais pas si tu te fais des films, mais tu as l'impression qu'il y a quelque chose entre vous. Une attraction mutuelle. Ceci étant dit, tu restes professionnel, jusqu'au bout, tu ne te laisses pas avoir, ni abattre... Car tu ne veux pas céder à ce que tu considères comme une crise précoce de la trentaine. Enfin, c'est ce dont tu te persuades évidemment. La vérité est bien cachée en toi pour le moment.


PRESENT :

(( Eleven : 09 février 2022 )) La porte de chez toi vient de claquer, lourdement. Autour de toi, se trouvent une ribambelle de valises et affaires en tout genre. En arrière-plan, on peut entendre des pleurs. Des pleurs de femme. Ils sont si fort qu'ils parviennent à traverser les cloisons. Ton cœur bat si vite, qu'il pourrait sortir de ta poitrine à tout moment. L'eau inonde tes joues, mais toi, tu pleures en silence. Parce que ce que tu viens de faire, t'a brisé le cœur. Tu avais redouté ce moment, pendant des mois. Sans cesse, tu l'avais repoussé, ne pouvant te résoudre à l'affronter... Mais là, ce n'était plus possible. C'était devenu bien trop difficile à supporter, aussi bien pour toi, que pour elle... Et pire encore, depuis que ton amant s'était envolé, à des milliers de kilomètres de toi. Cette absence au quotidien t'avais déchiré le cœur, un peu plus chaque jour,  t'avais fait réalisé à quel point tu tenais à lui... Et à quel point sa présence t'étais nécessaire. Car il est ton oxygène. L'amour de ta vie. Celui avec qui tu veux tout entreprendre et tout surmonté. Tu en étais si sur maintenant, que tu n'avais pas réfléchis deux secondes, avant de faire ce que tu avais fait. Certes, ce fut difficile et surtout déchirant, mais ta relation, morte depuis des mois maintenant, ne pouvait plus durer ainsi. Alors, tu lui as tout raconté. Et tu l'as quittée . Définitivement. Tu lui as fait tes adieux, tu as fermé cette page de ton existence, non sans émotions... Mais tu t'es senti si léger et libre, que ta douleur s'était ensuite atténuée presque instantanément. Tu es libre désormais. Elle aussi. Et il est plus que temps de commencer ta nouvelle vie. (( Twelve : 12 février 2022 )) Ton pied foule le sol américain, pour la toute première fois. Ton cœur bat la chamade et tu es presque ému aux larmes. Mais tu te contiens. Tu chiales beaucoup trop ces derniers temps. Une vraie fillette. M'enfin, ça doit être l'amour qui veut ça. Tes pas t'amènent à l'intérieur de l'aéroport, où tu récupères tes valises et tu t'empresses de t'engouffrer dans un taxi pour aller rejoindre ton hôtel à Bel-air. Ce que tu fou en Amérique et plus précisément à L.A ? C'est simple, pourtant. Tu l'as rejoint. T'as plaqué ta vie et ton boulot à Séoul, tout quitté, tout abandonné, pour venir ici et vivre ta vie comme elle aurait toujours dû l'être. Pour être avec celui que tu aimes. Et en parlant de lui, tu lui envoies des messages, comme si de rien était, t'arrangeant par un moyen détourné pour obtenir son adresse précise, à L.A. Tu ne lui a strictement rien dit, tu lui réserves ça comme une surprise... En espérant qu'il l'apprécie.