feel like i'm drowning ○ Lim Chul Hei

Cette histoire n'as rien d'un conte de fée, et ne commence pas de manière grandiloquente. Tes deux parents étaient tous les deux des enfants de familles très riches et haut placées, et par conséquent, ils ont été tous les deux "promis" l'un à l'autre, depuis leur plus jeune âge, afin d'unir leurs deux familles, pour augmenter encore un peu plus leur rang social et leurs richesses respectives. Habitués à se côtoyer à cause de leurs parents et leurs meetings fréquents, ils avaient fini par devenir amis, enfin, si on peut appeler ça des amis, mais à aucun moment, ils ne développèrent le moindre sentiment amoureux l'un envers l'autre et cela ne changea jamais, pas même lorsque vint enfin le moment pour eux de s'unir indéfiniment, jusqu'à ce que la mort ne les sépare.

Bien malgré eux, vu l'indifférence flagrante qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre, ils durent rapidement, après s'être mariés, concevoir un enfant. Il fallait un héritier pour cette famille nouvellement unie de société d'import-export fleurissante, un garçon de préférence, comme dans tout bon cliché de famille fortunée. Leur souhait a rapidement été exaucé, enfin, un souhait... Plus une obligation à ce stade. Ta conception n'eut rien d'une partie de plaisir, car les deux étaient à la limite du dégoût mutuel. Par chance pour eux, le premier essai fut le bon et tu pointas finalement le bout de ton né le 16 juin 1991, à seize heures, trente-trois minutes et dix secondes, pour être précise. Tel un rendez-vous sur un agenda, ta mère te donna naissance. Complètement désintéressée et détachée, juste après, elle refusa de te prendre dans ses bras... Au lieu de cela, elle répondit à des appels téléphoniques, malgré les plaintes et le refus des médecins et sages-femmes, et elle demanda à ce qu'on la remette en état de sortir, car elle avait à faire ailleurs... Outrés, le personnel s'exécuta malgré tout, pas disposé a refusé à quoi que ce soit venant de cette femme haut-gradée. C'est alors ainsi qu'à peine né, tu te retrouvais seul, seul, dans la froideur, la noirceur de cette maternité bien trop épurée, bien trop vide... Et ainsi que commença ta vie, ta pauvre vie de petite chose conçue uniquement pour diriger, qui ne serait jamais aimé.

Tel un objet, tu fus placé là où on pourrait le mieux t'admirer. Enfant sage et calme, tu étais tout sauf embêtant et ta mère, enfin non pardon, ta nourrice n'eut que très peu de boulot avec toi. Complètement délaissé, tel un bibelot poussiéreux par tes parents trop occupés, ton éducation fut confiée à Nae Yeon, une femme d'un certain âge, assez stricte, voir méchante. Dès que tu lui demandais quelque chose, elle te le refusait systématiquement et cela allait du truc absolument bateau à simplement aller jouer, quand t'avais fini toutes tes tâches quotidiennes. Enfant complètement restreint, complètement bridé, tu restais sage malgré tout, ayant trop peur des représailles, si tu te rebellais. Le seul truc... C'est que la frustration, la colère accumulée finirait par sortir, et de manière totalement exacerbée.

Plus les années passaient, plus ton caractère s'affirmait. Conscient que tes parents n'en avaient jamais rien eut à faire de toi et du fait que cela ne changerait sûrement pas, tu t'es pourtant mis à faire d'énormes efforts, aussi bien en cours qu'autrement, juste pour espérer, rêver de capter leur attention… Pour espérer qu'un jour, ils te remarquent, ils s'intéressent à toi, qu'ils te félicitent, te disent qu'ils t'aimaient, qu'ils étaient fiers de toi... Mais tu t'es rapidement rendu compte que cela ne servait strictement à rien. Malgré tout tes efforts, rien, absolument rien n'as jamais compté pour eux. Les bonnes notes ramenées, les bonnes appréciations, ... Tout finissait à la poubelle, où simplement ignoré, posé sur un coin de table et les rares fois où tu arrivais à voir tes parents, ils t'ignoraient, simplement. L'absence constante d'amour, d'engouement envers toi et ce que tu faisais, fit qu'au bout d'un moment, tu as simplement abandonné, blasé, triste, en colère... Tous ces sentiments mélangés, furent alors enfuis, ensevelit en toi, pour t'empêcher de sombrer et ainsi te permettre de continuer à avancer, en ignorant totalement le fait que tu n'étais qu'un poids pour eux, et que jamais ils ne seraient en mesure de t'apprécier autant que tu le méritais.

Et les années continuèrent de passer, encore et encore, à une vitesse folle. Passionné par l'idée de devenir professeur d'anglais depuis tes 17 ans et conscient que tu ne voudrais jamais reprendre la place de ton paternel, t'as finis par carrément te lancer dans des études là-dedans, études à distance bien sûr, afin d'en faire ton métier plus tard. Tu savais que tes parents y étaient opposés, car après tout, tu n'as été conçus que pour être un héritier, mais ça, tu t'en contre-fichais état donné qu'ils ne t'accordaient aucune attention. Bien que particulièrement doué, étudier ne fut pas facile, parce qu'en parallèle de ça, ton père continuait de te conditionner " à distance " à l'aide de ses associés pour que tu sois apte à lui succéder, mais ta détermination aidant, tu as réussi à aller aux bouts des choses. Bien des années plus tard, tes diplômes en poche, tu peux enfin mettre en place le plan que tu prévoyais depuis plus de dix ans : disparaître. Simplement partir d'ici, partir de cette immense maison vide et sans intérêt, pour t'envoler vers la toute nouvelle vie qui t'attendait. Et c'est ce que tu as fait. Tu es parti, tu t'es enfui, sans que personne ne le remarque, et sans te retourner, envolé bien loin de ton pays grâce à la somme astronomique fournie par ton père malgré lui, accumulée au fil des années. Ta destination ? Los Angeles. La Cité des Anges, ville emplie de nouvelles promesses, où un visa t'attendais déjà. À peine débarqué là-bas, tu avais juste jeté ton téléphone portable, disparaissant ainsi des radars de ta famille pour toujours, sans le moindre remords, prêt à commencé un nouveau chapitre de ta vie.

Et cela fait trois ans maintenant que tu es ici. Tu n'as jamais eu de nouvelles de ta famille, ils t'ont probablement chercher, ça, c'est sur, mais jamais retrouvé. Ta vie est parfaitement rangée, agréable, tu exerces le métier dont tu as toujours rêvé, et tu es plus heureux que jamais. Enfin, oui, pas tout à fait. Ça, ce sont les fins d'histoires bien clichées. Il y a bien une ombre au tableau, dans ta jolie petite vie de prof en fac ; tes relations amoureuses. Jusque-là et depuis que tu es ici, toutes se sont soldés par des échecs. Sans exception. Et celle que tu entretiens avec une Américaine depuis deux mois ne fait pas exception à la règle. Tu sens bien que le courant ne passe pas autant qu'il le devrait et la plupart du temps, vos rendez-vous sont mornes et sans intérêts. Bien sûr, tu as déjà envisagé de la quitter, mais elle semble, contrairement à toi, réellement attaché à toi, alors tu n'as pas pu t'y résoudre jusqu'à maintenant. Alors tu restes, tu stagnes, et tu n'es pas heureux. Enfin, à force, tu as perdu un peu foi en l'amour. Alors tu te concentres sur ton métier.

Et tant qu'on parle de métier et d'amour, autant parler d'une personne en particulier et qui peut-être, justifie à elle toute seule ton désintérêt total pour ta copine actuelle. C'est l'une de tes élèves. Oui, ce n'est pas bien, mais bref. Une Coréenne, comme toi. Iseul. Particulièrement jolie et charmante, on ne va pas se mentir. Et pour jouer cartes sur table t'as un coup de cœur pour elle . Et elle semble en avoir un pour toi aussi. Pour preuve, elle passe son temps à te faire du charme dès qu'elle en a l'occasion, jouant avec ta patience constamment. Oui, tu es au courant, elle est bien plus jeune que toi, et c'est une élève, donc, tu n'as pas le droit de céder à ses avances ou de lui en faire. Ce n'est pas correct. Ni éthique. Mais sentir ton petit cœur d'artichaut s'accélérer dès qu'elle te sourit te donne un peu plus, chaque jour, envie d'enfreindre les règles... À voir si tu te décides à craquer.