Living is the best way to feel alive | Yunhee Choi

Sa tête dépassant de la table, laissant ses petits yeux bruns apparaître, elle observait discrètement les feuilles de papiers qui s'envolaient légèrement à chaque mouvements de main de son père. Le grattement du stylo plume sur la feuille, le seul bruit présent dans la grande pièce qu'était ce bureau bien agencé. Des fauteuils en cuir étaient installés autour d'une table de verre. Derrière elle, deux siège bordeaux ornaient le devant du grand meuble qui faisait pratiquement sa taille. Ce meuble lui même impressionnant était tourné de dos aux grandes baies vitrées qui donnaient vu sur les plus grands grattes-ciels de la ville. Ses deux petites mains s'appuyaient sur le rebord de celui-ci, tandis que ses orteils commençait à s'épuiser. En bois d'acajou apparemment. Une belle couleur rouge, finement taillé. Elle n'y connaissait rien en décoration, mais les nombreux diplômes accrochés aux mur et encadrés dans de beaux cadres n'étaient pas là que pour faire beau. Elle redescendit de sa pointe de pied pour faire le tour du grand meuble, arrivant alors au niveau de son père.

"Papa...On rentre bientôt ?" lui demanda-t-elle de sa petite voix.

Pas un regard. Il était concentré sur ses bouts de papiers qui n'avaient aucun sens pour elle. Il était très occupé, et travaillait beaucoup. Il était vingt heure passé. Une heure indécente pour un enfant de cet âge. Elle avait été obligée de rester ici toute la soirée. Un monsieur en noir était venue la chercher avec sa grande voiture. Il était très gentil, toujours souriant. De temps en temps, il la laissait s'asseoir à l'avant, pour lui demander comment s'était passée sa journée. Parfois, il sortait même des bonbons de sa poches, ses préférés. Cet homme faisait toujours tout pour la faire sourire, et il s'occupait même de ses devoirs, dans une pièce un peu plus loin de celle de son père. Alors oui, elle attendait une réponse de sa part. Une petite moue se forma sur son visage, et quand elle ouvrit tout doucement doucement la bouche, elle sentit une large main sur sa tête?

"Pas maintenant Yunnie. Je suis très occupé. Va voir Monsieur Kim, il s'occupera de toi." lui répondit-il sans même daigner la regarder.

Tournant alors les talons, elle sortit du bureau, arrivant alors au secrétariat. C'était souvent comme cela. Depuis le divorce de ses parents, son père ne prenait plus le temps de s'occuper d'elle. Elle traversa alors de ses petites jambes les divers bureaux encore parfois allumés. Ses petits yeux fins larmoyaient, tandis que ses longs cheveux noirs lui tombaient légèrement devant le visage. Toujours la même rengaine. Elle descendit les escaliers, n'aimant pas attendre l'ascenseur beaucoup trop long à son goût. Ses pieds se mirent à courir dehors, dans la noirceur de la nuit déjà bien présente. Les deux vigiles la regardèrent avec un regard désolé. Tout le monde connaissait la fille du président, et tous avaient ce regard triste en la voyant passer. Elle arriva près de la voiture, alors que le chauffeur en sortit en voyant la fillette attristée. La prenant dans ses bras, il essayait de la rassurer. Tout allait bien. Il n'était pas payé pour s'occuper d'elle. Il n'était pas censé l'apprécier autant. Mais son père en avait décidé autrement. Aujourd'hui était le jour de trop. Elle voulait rentrer chez elle, jouer avec ses peluches, manger un dîner normal. Au lieu de cela, elle allait passer sa soirée à parler avec ce Monsieur Kim. Il avait des bonbons à revendre, et cela soulageait la fillette. Jouant un peu avec lui, elle ne mit pas longtemps à s'endormir sur la banquette arrière. Le jeune homme lui mit une couverture sur le dos. Cet employé, malgré son poste à haute responsabilité était assez jeune. Une vingtaine d'années. Rare était les grands patron à engager des chauffeurs si inexpérimenté, et jeune. Mais il avait su se démarqué, et avait parvenu à gagner la confiance de la plus jeune.

Les heures passaient, le chauffeur attendait au volant de sa voiture, surveillant la jeune fille à l'arrière de celle-ci. Il fût enfin temps que le président quitte son travail pour rentrer chez lui. S'installant à l'arrière, il décala délicatement la fillette pour ne pas l'écraser, lui caressant légèrement ses fils noirs. Il savait parfaitement que ce n'était pas une vie pour elle, mais il n'avait pas le choix. Le travail était tellement important. Un jour, elle le comprendrait sûrement, elle qui recevra son entreprise, elle qui devra ma gérer. Oui, un jour elle lui reviendrait cette agence de journalisme, et de publication. Le chauffeur ne fit aucune remarque. Pas qu'il n'en avait pas envie, mais il n'en avait surtout pas le droit. Des reproches, il en avait des tas. Cette gamine de dix avait tout quitté pour se retrouver ici, et maintenant, elle devait subir les heures de travail infernales de son père. Ce n'était pas une vie, tout le monde en témoignait, mais personne ne disait rien. Elle était la seule à oser lui en faire la remarque après sa mère. Mais maintenant, elle était seule. Sa mère avait préféré lui confier la garde, pour rester en Corée, et la petite n'avait plus qu'à suivre son père. La noiraude n'avait rien demandé, elle dormait paisiblement, sans se douter du poids qu'on aller lui refiler. Oui, elle ne savait pas encore ce qu'était le monde du travail.

Ses cheveux serrés dans une queue de cheval haute, elle se tenait droite, sortant ensuite de la voiture noire qu'elle avait toujours connue. Elle attirait légèrement les regards pour son élégance, mais pas seulement. En grandissant, Yunhee était devenue froide, et cassante. Plus d'un pouvait attester de son caractère bien trempé, à commencé par son chauffeur, Monsieur Kim, qui l'avait suivi depuis son enfance. Aujourd'hui, elle avait des cours de droit. Connaître la législation était important pour une future présidente d'entreprise. Enfin, c'était ce que son père pensait, parce que pour elle, ces cours était simplement du bourrage de crâne et du par cœur. Malgré ses airs d'ange, les gens avaient du mal à lui adresser la parole. Son regard froid ravisait tout le monde. Mais d'un côté, elle n'était pas la pour s'amuser. En plus de ses cours de droit, elle avait le droit à ceux d'économie et de management. Un vrai parcours du combattant. Sa semaine était rivée d'enseignements en tout genre, et le soir, elle aidait son père au travail.

Paperasse, encore et encore. Elle ne faisait que ça. Les gens la respectait, comme la petite fille qu'ils avaient vu grandir et courir dans les couloirs. Son léger sourire avait laissé place à un visage sans émotion. Pourtant, elle était attentive aux autres, et chaleureuse en un sens. Tous le monde le savait, et c'est bien pour ça qu'on l'appréciait. Vingt ans et déjà si responsable. A chaque fin d'année, elle offrait des chocolats, ou encore des primes qu'elle réclamait à son père. Le vieux ne pouvait pas le lui refuser, avec son air convainquant. Elle apprenait déjà à jouer dans la cours des grands, négociant par fois en tant que représentatrice de la firme. Sa notoriété augmentait tout doucement, jusqu'au passage de main de l'entreprise. C'était l'année de ses vingt-trois ans. Habillée élégamment, Yunhee fit un discours d'annoncement dans l'une des nombreuses salles de conférence. Avec confiance, elle se présenta comme la nouvelle présidente de l'entreprise. Personne ne refusa, personne s'objecta. Tout ce fit dans le calme le plus complet et dans la fureur des applaudissement. Mais pour autant, ce n'était que le début. Le début de son histoire.

Une sortie comme les autres. Enfin, c'était ce qu'elle pensait. La personne qu'elle voyait en ce moment avait décidé de l'inviter au restaurant. Un homme cette fois-ci. Elle ne savait pas trop quoi en penser. D'habitude, elle aurait refusé catégoriquement à cause de son travail. Mais là, non. Elle laissa couler après qu'il ai insisté comme un idiot, et ses efforts avaient payés. Un restaurant plutôt chic, il fallait se le dire. Les lumières étaient parfaitement arrangées, et le parfum délicat qui menait depuis l'extérieur de la devanture attirait pas mal de regard curieux. Sans plus attendre, l'homme qui l'accompagnait posa sa main sur le bas de son dos, qui ne manquait pas de faire semblant de glisser sur ses courbes, bien que discrètement. Ce genre de type, elle en avait horreur. Il était de ceux qui croyait tout acquis, qui, même avec un refus allait continuer à lui faire du rentre dedans. Soupirant discrètement, elle préféra ne rien dire, entrant alors élégamment dans le gouffre des saveurs.

La table qui les attendait était élégamment décorée d'une nappe beige, des couverts en argent, et des verres en cristaux. On ne mettait pas les pieds ici sans réservation. Les plats servis, la discussions reprit doucement. Elle l'écoutait par politesse, mais elle n'en avait rien à faire de savoir ce qu'il avait fait dans la journée. Peu intéressant à son goût. Égocentrique sur les bords. Elle ne parlait jamais de son travail, pour ne pas ennuyer les autres, alors elle en attendait autant du partenaire qu'elle avait en face d'elle. Ne pas mélanger travail et privé. Mais bon. Doucement, elle tendit son poignet pour attraper son verre de vin avant de regarder dans le vide en entendant ses  paroles.

"De toute manière, si on venait à vivre ensemble, tu devrais arrêter de travailler autant pour rester à la maison. Ce n'est pas que je veux que tu arrêtes totalement, mais mon salaire suffira amplement. Et puis, tu auras sûrement plus de choses à faire, comme m'accueillir le soi-"

C'était la phrase de trop. Son verre s'était levé d'un coup, laissant le liquide jaune lui atterrir en plein visage. Pour qui la prenait-il ? Encore l'un de ceux qui comptait ne faire d'elle qu'une simple poupée, un jouet pour leur désir. Oh que non. Malgré les apparences, Yunhee était bien plus qu'une simple jeune fille dotée de politesse et de bienséance. Elle savait aussi l'ouvrir quand il le fallait, et même plutôt souvent. Se levant d'un coup, elle reposa son verre en le toisant du regard. Toute la salle observait la scène, qu'elle prenait un malin plaisir à mener devant eux.

"C'est fini. Si tu comptes ne serait-ce que prononcer un mot de plus je t'en fiche une. Jamais tu ne feras de moi ce que tu veux. Tu peux toujours rêver. Alors maintenant si tu veux bien m'excuser." dit-elle sur un ton sec.

Et sans se retourner, elle partit, payant au passage sa parti du repas. Le vent frais lui passa entre ses mèches qui virevoltaient légèrement au gré de ses pas. Ses talons lui détruisaient les pieds. Quand est-ce qu'elle ne s'était pas posée, pieds nus sur son parquet, devant un bon film ? Plus de deux bons mois sûrement. S'arrêtant dans un coin de rue, elle prit la peine de se déchausser, les cloques ayant déjà fait son apparition. Quel objet de torture ce machin. Et pourtant, si elle voulait se faire bien voir, c'était un passage obligé. Personne ne savait réellement ce qu'elle faisait derrière son bureau. En tout cas, ses chaussures ne restaient pas très longtemps à ses pieds. Sans prendre la peine d'écouter les remarques déplacées de certains hommes sur son passage, ou bien quelques sifflements, elle retourna à son travail comme si de rien était, épuisée par cette sortie. Son chauffeur n'avait pas bougé. Il lui servait aussi de garde du corps. Un homme à tout faire en quelques sorte. Il était là depuis quelques années déjà. Depuis son enfance à vrai dire. Il était plus vieux qu'elle d'une bonne dizaines d'années. C'était peut-être pour cela qu'elle se sentait si proche de lui au final. S'avançant alors vers sa voiture noire aux vitres teintées, elle lui fit un léger sourire avant de s'installer sur la banquette arrière. Son regard resta perdu sur l'extérieur de la vitre, avant de se faire interrompre par la voix de son chauffeur.

"Mademoiselle, tout s'est bien passé ?" lui demanda-t-il en regardant dans le rétroviseur central.

Un simple hochement de tête accompagné d'un petit Moui. C'était en général les seules réponses qu'elle lui donnait à ce genre de question. Une catastrophe. Vraiment. Ses pieds la brûlaient, ses yeux étaient épuisés de cernes camouflées sous son maquillage, ses cheveux attachés la tiraient de partout, et elle se sentait compressée par ces vêtements qu'elle adorait pourtant. Sans dire un mot de plus, ses yeux se fermèrent de fatigue. Elle se retrouverait sans doute dans son lit en rentrant, comme d'habitude. Elle ne comprenait pas trop comment elle faisait pour rentrer. On ne lui avait jamais dit que son garde du corps s'occupait lui même de porter son corps épuisé jusqu'à dans son lit, sans faire le moindre bruit. Il en avait pris l'habitude, ne voulant surtout pas la réveiller. Depuis tout ce temps, il la considérait pratiquement comme l'une de ses sœurs. Et puis, il savait aussi le fait que, bien que toute ces rencontres foiraient la plupart du temps, qu'elle trouverait une personne qui saurait prendre soin d'elle. Une qui arriverait à lui faire prendre conscience qu'elle ne tiendrait pas longtemps le rythme. Une de celle qui la ferait penser à autre chose. Lui faire sortir la tête de toutes ces emmerdes du travail et de la société. Oui. il attendait patiemment le jour où elle pourrait enfin vivre comme elle le désirait.

Un grand jour. L’un de ceux où elle devait absolument se faire présente. Aujourd’hui était les 25 ans de son journal. Un numéros spécial devait être publié dans les heures à venir. Les rendez-vous se multipliaient, tandis que les piles de papiers continuaient de s’amasser sur son bureau pourtant si bien rangé. Qui aurait cru qu’elle comptait rester aussi tard en ce jour si spécial. D’habitude, une fête était organisée pour fêter les anniversaires du journal. Et c’était le cas. Elle aurait lieu le soir même. Elle avait même accordé un jour de repos à ses employés le lendemain, voir deux. Yunhee était du genre à prendre soin de ceux qui travaillait avec elle. Plus qu’être leur patronne, elle essayait d’apparaître conviviale et pas toujours sur le dos. C’était comme cela qu’elle se voyait gérer cette entreprise. Elle passait en revue les sujets de la maquette finie du journal. Passant de sujet polémique à la vie de certaines personnalités, elle soupira un bon coup avant de basculer sa tête en arrière et de regarder par delà la baie vitrée. Tout le monde devait s’amuser, en ce moment même. Elle ne ferait que descendre boire un verre de champagne, saluer tout le monde, et remonter dans son bureau.

Les lettres continuaient de s’accumuler dans sa corbeille. Des lettres pas comme les autres. Celles de lecteurs, à plus sombres. Des lettres de menaces. Elle avait toujours refusé de porter plainte. Pas que cela ne l’effrayait pas mais à quoi cela servirait de toute manière ? Qui n’en avait jamais reçu ? Et c’était bien pour cela qu’elle avait un garde du corps, son plus vieil ami d’enfance. Les coups de pression elle en avait eu, que ce soit d’inconnu ou alors d’anciennes conquêtes qui voulaient se venger d’elle pour avoir rompu. Non. Elle était en permanence vigilante. Quelqu’un toqua, pour lui signaler que tout était en ordre et que toutes les impressions avaient été faites. En plus de le poster en ligne, les transporteurs étaient venus chercher les exemplaires pour les commercialiser à leurs partenaires. Tout avait été fait dans les temps, comme d’habitude. Souriant légèrement, elle remercia chaleureusement son employé avant de se retrouver de nouveau seule. Seule sur cette chaise que son père avait autrefois. Maintenant qu’il n’y avait plus personne, elle se sentait bien seule. Son reflet dans la vitre en témoignait. Seule. Elle l’avait toujours été. Des blessures encore présentes. Une fatigue qui s’accumulait. Aujourd’hui encore elle rentrerait tard, et ne parviendrait qu’à trouver le sommeil après avoir pris quelques somnifères. Il lui arrivait d’en prendre. Le repos ne venait plus, mais elle en ressentait le besoin. Alors oui, ces cachets ne quittaient pas le rebord de sa table de chevet. Et plus le temps passait, plus la petite quantité qu’elle prenait ne parvenait plus à lui suffire pour s’endormir. Sans doute l’effet des antidépresseurs qu’elle prenait à côté, quelques fois. Elle ne pouvait pas se permettre d’échouer et de ne pas être en pleine forme le lendemain. Alors pour arrêter de vivre et fermer enfin les yeux, elle avait besoin de ces petites pilules blanches, qui lui permettaient si facilement de trouver le sommeil. Mais pour cela, elle devrait rentrer. Et ce ne serait qu’après avoir éteint les lumières de son bureau.

• Une belle fleur a épines.
  
• Cassante, froide, toujours élégante dans ses actions et sa manière de parler, ce qui représente son charme
  
• Peut se montrer très sèche
  
• Complètement innocente, même si elle sait se montrer salace pour arriver à ses fins.
  
• Ambitieuse, finement séductrice en cachant son jeu
  
• Femme d'affaire assez reconnue et célèbre, PDG d'une grande entreprise de publication (journal, magazine, critique...). Connaît de la misogynie et discrimination dans le milieu. A déjà été menacée, ou harcelée, mais n’y a jamais fait attention.
  
• Son journal est un journal people, aimant bien exposer certaines personnalités. Il aide aussi les créateurs, influenceurs, mais aussi quelques photographes à se faire connaître.
  
• A déjà eu des relations avec des hommes qui ont mal tournée. Son caractère de femme forte fonctionnait pas avec ceux des types qui voulaient la dominer. Femme au foyer ? Pas pour elle. Se la fermer ? Sans façon.