Conseil sur le 7ème Art

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Pas loin des 23 heures déjà. T'as fini super tard au bureau. T'as terminé tes dossiers avec un verre de whisky. Quelques uns à vrai dire. T’as la tête comme une passoire. Tes premières affaires. Cette nouvelle brigade. Cette nouvelle équipe. Ça te bouffe une énergie de dingue. Tu te donnes mais les stup te manquent. Alors, des fois, comme ce soir, tu fais des trucs que tu n’aurais normalement jamais fait d’habitude. Juste pour te “divertir” ou du moins essayer. Aller dormir l’esprit plus “léger”.

Pourquoi pas un film ? Un DVD. T’en as pas. Tu sais que tout le monde télécharge mais pas toi. Pas le temps. T’as l’option Netflix qui pourrait être simple et normale mais - pour une sombre et étrange raison - t’es poussée vers la boutique de location. Comme un élan de nostalgie de cette époque où choisir une VHS entre potes était l’activité de la semaine !

Ce soir c’est pas pareil. T’es seule. Le charme des lieux est beaucoup plus austère que dans ton souvenirs et les néons du plafond bien trop aveuglants. Les rayons qui s’étalent sous tes yeux semblent ne jamais en finir. Pleins à craquer. Des centaines et des centaines de films s’offrent à toi. Beaucoup trop ! L’espace d’une seconde, tu penses ressortir. Mais dans l’élan de ton demi-tour, tu es bousculée par un ado en effervescence. Il n’en t’en faut pas plus pour finalement rester et te mettre à déambuler dans la boutique. Tu flânes, tu regardes sans regarder. Tu laisses les doigts de ta mains gauche venir caresser les pochettes qu’ils rencontrent au rythme de ton avancée. Juste comme ça. Tu sembles presque plus amusée par les clients présents et leurs débats cinématographiques que par l’idée de réellement repartir avec un film à regarder ce soir.

Finalement, tu t’arrêtes au milieu d’une rangée. Tes yeux balayent les pochettes. Il y en a pour tous les goûts, pour tous les styles. Tant de motifs. Tant de titres. Tu ne sais pas s’il s’agit du whisky dans tes veines ou de l’effet que te procure cet endroit, mais tu pourrais jurer voir danser les mots et se mélanger les couleurs … Tu secoues la tête et optes finalement pour un long métrage, un peu au hasard. Rangée basse. Tu te penches légèrement, tends le bras vers le boitier convoité et sursautes lorsqu’une main entre en collision avec la tienne, te retenant clairement d’achever ton geste. Mine interloquée, tu tournes le visage vers l’intrus et tombe nez à nez avec une jeune femme en fauteuil roulant. Alors qu’il aurait probablement été plutôt judicieux de te demander comment tu n’avais pas remarqué sa présence jusqu’à cet instant, tu laisses tes iris plantées dans les siennes un court moment avant, d’à nouveau, observer sa main et enfin revenir sur son visage. Charmante ! Tu aurais pu le laisser s’échapper de tes lèvres mais tu t’abstiens. L’unique son venant faire vibrer tes cordes vocales est d’une simplicité à toute épreuve : “Oui … ??”

il y a des jours où tout ne se passe pas comme prévu. la sono qui lâche, pas de musique pour répéter, le téléphone qui n'a plus de batterie, une ex qui réapparaît, un compagnon étrange, bref, j'ai besoin de temps pour moi. ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti ce besoin. non pas que tout allait bien, au contraire. trop mal pour justement prendre soin de moins, je me suis engluée dans une sorte de morosité constante. ayant déménagé un peu à l'arrache, il me manque énormément d'objets, de choses qui sont importantes pour moi. notamment mes films et séries. faut pas se mentir, je pourrai trouver ce que je souhaite sur netflix ou en streaming. mais j'aime devoir lancer un dvd, me poser face à la télévision, avoir l'impression d'être en harmonie totale avec ce qu'il se passe dans la pièce. j'ai une collection assez impressionnante d'ailleurs de films et autres, mais c'est resté là bas. alors pour ce soir, pour me plonger dans cet autre univers, pour me changer les idées, j'ai besoin d'aller me ravitailler. et quoi de mieux que le video club pour ça. j'y suis déjà allée une fois, non loin de chez moi c'est assez pratique. et puis surtout les rayons sont suffisamment larges pour que je puisse y circuler sans encombres.

je ne sais pas vraiment ce que je recherche. aucune idée en tête alors j'ère sans but précis. de préférence une comédie. enfin pas de comédie romantique, je crois que ce n'est pas trop mon mood actuel. ou alors une comédie musicale. j'aime les comédies musicales. de la musique, de la danse, de la chanson, que demander de plus. mais pourquoi pas un thriller tout compte fait. je verrai si les titres me parlent. je m'approche tout de même des films musicaux et vois l'une des plus grosses inepties du cinéma. "casse-noisette en 3D". ce film a fait un flop phénoménal. l'adaptation la plus nulle que j'ai jamais vu. parce que oui, je l'ai regardé. étant une grande fan de l'histoire originale, j'ai voulu voir ce que ça donnait. et bien rien de bon, vraiment pas. alors que je pense à regarder l'une des représentations de broadway s'ils en ont, je vois une main s'approcher du boiter de malheur. ni une ni deux et surtout comme je peux depuis mon fauteuil, j'empêche cette personne de ce saisir du film. je relève enfin les yeux pour voir à qui appartient cette poigne aventureuse et tombe sur un visage très agréable. " oui … ?? je lâche enfin sa main me rendant compte qu'elle était toujours dans la mienne. " je ne vous le conseille pas. sauf si vous tenez à passer une mauvaise soirée. " je n'ai pas l'air d'être la meilleure critique du monde, qu'on soit d'accord. mais j'ai l’aplomb suffisant pour lui montrer que je sais de quoi je parle. " si vous souhaitez tant voir ce conte, il y a d'autres adaptations bien meilleures que celle-ci. je crois que même celle de barbie est meilleure. " je souris et indique l'étagère du haut. " je ne peux pas l'attraper mais vous voyez le boitier noir avec des touches de doré ? daté de 1993, d'émile ardolino. bien meilleur même si pas très récent. il est plus fidèle à l'histoire de base. sinon il y a celle sortie l'année dernière, plus hollywoodienne comme version mais plutôt sympa de ce qu'on m'en a dit. je ne l'ai jamais vu alors je ne sais pas s'ils l'ont ici. " je marque un temps de pause et souffle avant de reprendre. " enfin voilà. celui ci vraiment, vous ne devriez pas le voir. " je pense qu'elle l'aura compris, je ne le lui conseille pas. mais bon je pense qu'elle est assez grande pour faire ses propres choix.

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Ton regard dans le sien. Le sien dans le tien. Quelques secondes, peut-être plus. Ça te semble à la fois long et pourtant étrangement confortable. Peut-être juste l’effet du whiskey. Mais lorsque la main étrangère fini par lâcher la tienne, tu en regretterais presque la douce chaleur en émanant. "Je ne vous le conseille pas. Sauf si vous tenez à passer une mauvaise soirée." Tes neurones prennent quelques souffles avant de s’aligner et retrouver la réalité dans laquelle vous étiez plongée. Tu comprends alors qu’elle te parle du film. Celui-là même sur lequel tu avais jeté ton dévolu, un peu au hasard, il fallait l’avouer. Tu entre-ouvres les lèvres afin de répondre, mais la charmante blonde reprend : “Si vous souhaitez tant voir ce conte, il y a d'autres adaptations bien meilleures que celle-ci. je crois que même celle de barbie est meilleure.” Elle sourit. C’est contagieux. Elle finit par - enfin  - t’extirper un rictus amusé. Tu n’as toujours pas pu en placer une que la voilà qui ne s’arrête plus : “Je ne peux pas l'attraper mais vous voyez le boitier noir avec des touches de doré ? […] ” Ton regard se tourne vers l’étagère te faisant face. Tu observes le boitier indiqué et continues d’écouter dans ton oreille, les conseils avisés d’une connaisseuse, qui ne sait probablement pas que - techniquement - ce film ou un autre, tu n’en as strictement rien à foutre.



D’ailleurs, d’habitude, les filles qui parlent autant et aussi vite, ça t’agace. Tu n’es pas du genre extrêmement volubile. Mais pour une étrange et inconnue raison, cet échange t’amuse. Te divertit. Certainement bien plus que n’importe quel film. Alors tu restes là, regard baissé vers la blonde, et tu écoutes. Simplement. Enfin … Tu observes surtout. La manière dont ses lèvres bougent lorsqu’elle parle, ses petits tics de langage, sa gestuelle, un ensemble agréable et bien au-delà des mots. Tu n’es pas certaine à 100% d’avoir tout entendu, compris ni même retenu. Peu importe. On s’en fout un peu. "Enfin voilà. celui ci vraiment, vous ne devriez pas le voir.” Ca y est. Elle a fini. Dommage. Tu te plaisais bien à te laisser bercer par le son de sa voix.

Ton sourire s’élargit quelque peu. Tu inspires avant de cette fois t’exprimer : “Vous avez un avis aussi tranché et détaillé sur tout dans la vie ? Ou c’est juste une spécialité “Casse-noisette” ? … Je suis curieuse.” Touche d’humour teintée de réelle interrogation. Tu ponctues d’un clin d’oeil complice avant d’entièrement détourner ton attention du rayon. “En fait, je ne sais pas du tout quoi choisir. Et très franchement, ni même ce que je fais là. Alors dites-moi : vous venez louer quoi, vous ? Cela m’aidera peut-être à trouver l’inspiration …”  Tu inspires, te passes une main dans les cheveux lâchés et légèrement en bataille, et viens ensuite les fourrer dans les poches de ta veste en cuir. “Et puis si je peux aider à vous passer des boitiers non-accessibles, n’hésitez pas. Autant en profiter.” Tu hausses les épaules. Pas de gêne, car c’est pas ton genre, mais par manie corporelle. Qui sait, cela te permettrait peut-être de prolonger cette absence de solitude nocturne. “A mon avis, j’ai passé l’âge de Casse-Noisette” …

Note:

une fois mon laïus terminé, j'attends de voir ce qu'elle fait. j'aurai pu simplement partir mais je crois que la curiosité prend le pas sur le reste. " vous avez un avis aussi tranché et détaillé sur tout dans la vie ? ou c’est juste une spécialité “casse-noisette” ? … je suis curieuse. " ce qui est bien c'est que la curiosité semble être un de ses traits aussi. au moins on peut se comprendre sur le sujet. enfin je crois. " généralement j'ai un avis sur tout. " je hausse les épaules simplement. " mais je ne le dis peut être pas toujours aussi clairement. disons que casse-noisette c'est vraiment une histoire qui me plait. " ou juste que j'avais envie de parler à quelqu'un et que ça semblait être la meilleure manière de le faire sur le moment. " en fait, je ne sais pas du tout quoi choisir. et très franchement, ni même ce que je fais là. alors dites-moi : vous venez louer quoi, vous ? cela m’aidera peut-être à trouver l’inspiration … et puis si je peux aider à vous passer des boitiers non-accessibles, n’hésitez pas. autant en profiter. " ce n'est pas comme si j'avais besoin d'aide. je n'aime pas demander de l'aide. je n'aime pas être dépendante de quelqu'un pour quoique ce soit. mais j'ai conscience que je ne peux pas juste tendre le bras pour attraper chaque boitier désiré. " à mon avis, j’ai passé l’âge de casse-noisette. " je laisse échapper un léger rire face à sa dernière remarque. " je pense qu'il n'y a pas d'âge pour casse-noisette. " je pense qu'il n'y a pas d'âge, peu importe le type de film choisi d'ailleurs. j'ai bien regardé la petite sirène y'a dix jours environs alors... " et je n'en sais rien. je partais sur une comédie, ou un thriller. j'étais pas bien décidée. juste éviter les trucs trop gnangnans ou ça dégouline d'amour là brrr... " dis-je comme si j'étais pas en couple. c'est vrai que c'est difficile de penser ça. mais rafael est bien là. enfin façon de parler, parce qu'il est à l'autre bout du pays. mais l'engagement est... réel. je crois. " vous n'avez rien d'autre à faire de votre soirée que de suivre une femme à roulettes dans un video-club ? " faut dire que y'a plus passionnant dans la vie.

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Rien n’avait vraiment de sens ce soir. Tu n’aurais jamais du te retrouver là. Dans ce video club. A chercher un film que tu ne regarderais probablement jamais. Tu aurais surement du te rendre au Planet, comme à ton habitude. Rencontrer ou revoir les éternelles et même filles. Celles qui n’attendent souvent que ton aveu de faiblesse pour passer une nuit de plus dans tes draps avant d’être gentiment remerciées. Mais contre toute attente tu étais là. A errer dans les rayons. Tu étais là, à converser avec un visage inconnu et nouveau. Il y avait quelque chose de frais dans cette irrégularité du quotidien. Comme quoi, de temps en temps le whisky ne te faisait pas faire que des conneries. " Généralement j'ai un avis sur tout. " Elle hausse les épaules. Comme une évidence. " Mais je ne le dis peut être pas toujours aussi clairement. Disons que casse-noisette c'est vraiment une histoire qui me plait.” Ton sourire en coin s’élargit quelques peu. Ta rencontre nocturne possède quelque chose de léger et d’innocent plutôt agréable. Tu hoches sobrement la tête en signe d’acquiescement.

Elle avance un peu, tu lui emboites le pas. Enfin, façon de parler dans ce cas précis. Tu lui poses une bête question. Juste pour la retenir un peu. Qu’elle ne file pas directement. “je n'en sais rien. je partais sur une comédie, ou un thriller. j'étais pas bien décidée. juste éviter les trucs trop gnangnans ou ça dégouline d'amour là brrr…" Cette fois tu lâches un petit pouffement de rire. “Ça a le mérite d’être clair !” En soi, tu ne pouvais nullement la juger de son choix. La grande majorité du temps, tu aurais été pareille. Il y avait juste ces quelques fois, seule où tu te prenais à rêver d’être plus normale, plus stable. Rêver d’une relation. Une vraie. D’aimer sans tout foutre en l’air. Enfin bref … !

"Vous n'avez rien d'autre à faire de votre soirée que de suivre une femme à roulettes dans un video-club ?” La voix de la jeune femme te sort de tes pensées. Tu inclines aussitôt le visage vers elle à nouveau. Ton habituel sourire en coin est de retour. Tu lâches alors le plus normalement du monde : “Perso, c’est pas vraiment les roulettes que je vois mais bon …” Pause, petit regard charmeur. Tu ne peux jamais t’en empêcher. C'était vrai. T'en avais strictement rien à faire de son fauteuil ! Par contre, son regard profond et la finesse de ses traits ne te laissaient pas indifférente. “Et puis … non. Enfin si, j’aurais surement mieux à faire … comme dormir ! J’ai eu une semaine horrible mais …” Tu fais une pause, hausses les épaules, te passes une main dans les cheveux. “J’avais juste besoin d’autre chose. Rassure-toi, je ne vais pas t’assommer et me mettre à te raconter ma life” Ton ton est devenu plus familier. Tu n'as jamais été très formelle comme fille.Tu continues de déambuler au hasard, laissant à nouveau tes doigts pianoter sur les coffrets, au hasard. “J’peux te laisser aussi, si tu préfères. J’suis peut-être chiante” Et puis surtout tu doutais que la jeune femme soit - comme toi - sans plan et sans rien d’autre à faire que de trainer avec des inconnues à maintenant 23h00 passées. Mais bon, qui sait ?

elle rigole quand je lui parle de mon envie du moment, de mon choix de film. ou plutôt, de ce que je ne veux pas. ” ça a le mérite d’être clair ! “ ça c’est certain, aucune envie de regarder une comédie romantique à la con. et puis j’ai une occupation plutôt intéressante là. discuter avec elle, en savoir un peu plus sur ses motivations à rester posée à côté de moi. bah oui ça m'intrigue. les gens ont tendance à me fuir, à m’ignorer ou alors à me dévisager avant de faire des messes basses avec des gens à côté. mais elle, elle est là. elle me parle, elle s’intéresse du moins elle s’intéresse à ce que je regarde. même si après ma question je découvre que son intérêt est également ailleurs. ” perso, c’est pas vraiment les roulettes que je vois mais bon … ” elle est charmeuse et ça me surprend un peu. je n’ai plus l’habitude de ce genre d’égard. bien sur y’a rafael mais ce n’est pas pareil. parce que ça fait un moment qu’on est ensemble, parce qu’il ne m’a connu que dans ce fauteuil. bon elle aussi, elle dont je ne connais toujours pas le prénom d’ailleurs. faudra que je lui demande quand même. ” et puis … non. enfin si, j’aurais surement mieux à faire … comme dormir ! j’ai eu une semaine horrible mais … j’avais juste besoin d’autre chose. rassure-toi, je ne vais pas t’assommer et me mettre à te raconter ma life. “ je lui souris et m’adosse dans mon fauteuil, plus détendue et à l’aise. la discussion commence et c’est plus intéressant. ” j’peux te laisser aussi, si tu préfères. j’suis peut-être chiante. “ je secoue vivement la tête en signe de négation. ” tu n’es pas chiante et tu ne me déranges pas du tout. au contraire. “ un sourire et je passe ma main dans mes cheveux pour replacer l’une des mèches derrière mon oreille. ” ta vie m’intéresse bien plus actuellement que n’importe lequel de ces films. surtout que je risque de me rabattre sur une valeur sure que j’ai déjà vu cent cinquante fois. alors c’est moins palpitant. “ et je dois bien avouer que passer un peu plus de temps avec elle m’intéresse plutôt pas mal là. ” tu crois que y’a encore des trucs d’ouvert à cette heure là ? “ je ne vais peut être pas l’inviter directement chez moi si elle n’est pas disposée à continuer cette conversation. mais l’idée est belle finalement.

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Ta petite insinuation fait mouche. La jeune femme semble légèrement surprise que tu t’oses à une certaine drague. Pourtant, rien de plus normal pour toi. T’étais du genre plutôt cash, à ne pas tourner autour du pot, ni même à feindre l’inexistant. Par contre, ce n’était pas toujours apprécié. Ainsi, tu te risquais peut-être ce soir, à voir la belle rouler à l’opposé de ta carcasse de louve esseulée. Bonne nouvelle, ce n’est pas le cas ! “Tu n’es pas chiante et tu ne me déranges pas du tout. Au contraire.” Elle te décroche un sourire franc assez craquant et replace nonchalamment une mèche de cheveux derrière son oreille. Un peu de timidité peut-être ? Cela te fait aussi penser à cette espèce d’étude du non-verbal qui dit qu’une fille qui chipote à ses cheveux est en mode séduction … ? Enfin, t’en sais trop rien. Les théories, en vrai, t’en a pas grand chose à foutre. Par contre, plutôt experte dans ton domaine, tu comprends maintenant que ton interlocutrice de la soirée, n’est pas sur le point de te planter là et serait peut-être même prête à prolonger un peu votre échange. “Ta vie m’intéresse bien plus actuellement que n’importe lequel de ces films. surtout que je risque de me rabattre sur une valeur sure que j’ai déjà vu cent cinquante fois. alors c’est moins palpitant.” Bingo. Bien vu Sana ! Fallait dire qu’en terme de “palpitant” t’en connaissais un rayon. Tu souris, toi aussi, plutôt satisfaite d’avoir mis les pieds dans cet endroit incongru. Comme quoi : une rencontre peut se cacher à chaque coin de rue … Ok là ça devient cliché. La ferme Sana.

Tu inspires et viens flanquer tes mains dans les poches arrières de ton jeans. Pas tant pour te donner de la contenance mais par simple réflexe. Tu entre-ouvre les lèvres prête à reprendre la parole, lorsque la jeune femme te faisant face, embraye à nouveau : “tu crois que y’a encore des trucs d’ouvert à cette heure là ?” Ton sourire s’élargit. Tu ne t’y attendais pas vraiment. En général, ce genre de proposition venait de ta part. Bon point. Tu aimais qu’on te surprenne de temps à autre. Mettant tes neurones en action, tu laisse ton regard flotter en hauteur avant de répondre : “Hmm, à part le casino du complexe … dans le coin, pas des masses.” Tu penses au Planet, mais ce n’est peut-être pas l’endroit idéal pour se poser et, surtout, bien que techniquement toujours dans le Westside, ce n’était pas franchement la porte à côté. “Ou alors “Joey’s” est peut-être encore ouvert. Sur Riversroad. Mais bon, faut aimer le café à l’eau et les burger trop cuit …” Tu hausses les épaules, les mains toujours dans les poches, te flanquant d’un petit rire moqueur. “Mais très honnêtement, on va où tu veux ! Cette soirée sera effectivement bien plus agréable aussi pour moi en ta compagnie que celle d’un potentiel navet” Pourtant partie pour la faire calme ce soir, cette rencontre inattendue, venait réveiller la soif d’aventure et de nouveauté en toi. Tu n’étais clairement pas prête à lâcher ce scénario pour jouer les filles sages et posées.

ce soir j’ai envie de me laisser porter. j’ai envie de laisser mon esprit divaguer, de ne pas réfléchir. alors c’est ce que je fais. ce que je fais avec elle, avec cette nana que je ne connais pas et pourtant avec qui je prévois visiblement de passer la soirée. j’ai l’air vulnérable dans ce fauteuil alors ça pourrait être dangereux que de se laisser driver par une inconnue. mais je n’ai pas envie de penser au fait qu’elle puisse être une terrible psychopathe qui va me dépouiller ou bien me tuer avant de balancer mon corps à la mer. je lui demande donc si elle connait un endroit, si elle a une idée en tête. ” hmm, à part le casino du complexe … dans le coin, pas des masses. “ un casino c’est un peu bruyant et puis il y a beaucoup de passage alors moi avec mes roulettes ce n’est pas très pratique. ” ou alors “joey’s” est peut-être encore ouvert. sur riversroad. mais bon, faut aimer le café à l’eau et les burger trop cuit …” j’éclate de rire et acquiesce de la tête. ” ouais j’y ai été une fois et ça m’a vacciné. bon c’était pas si mauvais que ça, mais faut dire qu’ils ne sont pas équipé pour les fauteuils et tout ça semble être insurmontable pour eux. alors que je demandais simplement une table en terrasse histoire de ne gêner le moins de personnes possible. “ ouais je commence à raconter ma vie en fait. ” mais très honnêtement, on va où tu veux ! cette soirée sera effectivement bien plus agréable aussi pour moi en ta compagnie que celle d’un potentiel navet “ tête penchée sur le côté, je ne suitte pas mon sourire. ” flatteuse. “ je dépose le boitier qu’il me restait dans la main et je fais demi tour pour me diriger vers la sortie. ” sinon on peut aller chez moi après avoir commandé une pizza ou japonais ? “ je ne sais pas quoi de quoi j’ai envie réellement. mais ça ne me dérange pas qu’elle soit là. au contraire. rafe est à l’autre bout du pays et j’avoue que certains soirs la solitude se fait ressentir.

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Le rire de ta rencontre du soir te décroche un franc sourire. Il résonne comme une énorme bouffée d’air frais. Il est clair et innocent. Elle te partage son humble avis sur l’endroit et alors que vous partagez un moment complice et amusant sur ce pauvre et vieux Diner, elle t’expose également un problème plus terre à terre. L’un de ceux auquel, toi, tu ne devais jamais te confronter. T’avais cette chance de posséder deux gambettes fonctionnelles, cette chance de ne pas avoir à te soucier de comment te déplacer, ni même si tout pouvait t’être accessible ou non. Franchement, ça ne devait pas être une partie de plaisir tous les jours. Mais t’étais pas du genre à tomber dans la pitié. Alors tu continues comme si de rien était, te laissant aller à ton petit jeu de charme. “Flatteuse” dit-elle, le visage illuminé de son superbe sourire. Tu pouvais voir que cela lui faisait plaisir. T’avais aucune idée de ce que ça pouvait ou non déclencher chez elle, mais tu n’avais pas une femme qui faisait semblant face à toi.

Loin de vouloir te fuir, elle te surprend même par sa proposition “Sinon on peut aller chez moi après avoir commandé une pizza ou japonais ?” Voilà le genre d’offre et de mots auxquels tu avais toujours un mal fou à dire non. C’était l’appel de la nouveauté, de l’intriguant, du mystère, … En général, c’était parfaitement l’opposé de ce que toute personne normalement constituée serait sensée faire. Parce que c’était plutôt dangereux comme situation. Et que si la jeune femme n’était pas en fauteuil, Dieu sait sur quelle tarée t’aurais pu tomber. Sauf que cette règle, tu ne te l’appliquais jamais à toi-même. Tu te sentais toujours assez forte pour échapper à tout. Un leurre surement … Enfin bref ! Pour cette fois, c’était plutôt à elle d’évaluer son risque. Ce qu’elle ne fit clairement pas. Par chance, loin de toi l’idée de la finir à la hache. Au contraire, disons qu’elle était même plutôt bien tombée. Sourire en coin ravageur, tu acquiesces en la suivant : “Avec plaisir ! Et une pizza serait la bienvenue effectivement” Le japonais, c’était un peu trop sophistiqué pour toi. Tu ne comprenais pas cette folie du sushi. Pour toi c’était juste fade, pâteux et bien trop cher !

Une fois les lieux quittés, l’air frais vient caresser ton visage, se faufile dans tes cheveux lâchés et cela te fait du bien. Tu inspires une grande bouffée d’air. Un peu trop d’un coup. Tu sens ta tête se remettre à tourner légèrement. La pizza te ferait vraiment du bien. “Au fait, moi c’est Sana” Nouveau petit sourire avant de flanquer la main dans ta poche et d’en ressortir un élastique à cheveux. Tu les attaches à la hâte en un chignon chiffonné duquel quelques mèches rebelles ont su échapper. Vous continuez votre avancée. Tu adaptes ton rythme au sien. Juste à ses côtés. Assez rapidement, vous passez devant ta moto. Tu t’arrêtes une seconde. “C’est ma bécane. Je t’aurais bien proposé de t’emmener mais … Enfin, je suis pas certaine que …” T’as du mal à terminer. Car en fait t’en sais rien ! Peut-être qu’elle pourrait très bien s’accrocher. Ou pas du tout. Tu ne voulais pas faire d’impaire mais t’étais surement et clairement maladroite. Puis de toute façon, même replié, son fauteuil restait un problème de taille pour le transport. Sur le coup tu te sens un peu conne.

Tu t’approches alors de l’engin et le déverrouilles. Tu soulèves l’assise du deux roues pour aller y rechercher un paquet de clope. Tu en attrapes une pour toi et le tends ensuite à ton interlocutrice. “T’en veux une ?” Une fois que la jeune femme eu fait son choix, tu allumes la tienne et ranges ton matos là où tu venais de le trouver. Tu refermes tout. T’assures de sécuriser l’engin et fourres tes clés dans ta poche. “Je te suis !” Vous reprenez votre marche. Tu tires lentement sur ta clope. T’en profites. Et puis tu te permets deux trois regards de côté, vers elle. Elle était vraiment canon … "Au fait, tu vis seule ?" Histoire de savoir directement et plus ou moins vers quoi tu t'embarquais.

ça ne me dérange pas de lui proposer de venir chez moi. c'est bizarre mais c'est comme ça. je ne sais pas pourquoi, je ne la connais pas vraiment. ce ne sont pas ces dernières minutes à parler cinéma qui vont pouvoir me dire si elle est digne de confiance ou non. " avec plaisir ! et une pizza serait la bienvenue effectivement. " elle aurait pu refuser mais ce n'est pas le cas. heureusement. ça aurait été con de se prendre un vent quand même. " va pour une pizza ! " ça me va ! pendant des années j'ai du contrôler mon alimentation, faire attention à ce que je mangeais pour ne pas grossir. il faut ce qu'il faut pour être acrobate au cirque du soleil. je ne mange pas à outrance maintenant non plus mais je m'accorde plus de libertés qu'avant. je sais que c'est un peu stupide vu que je ne me dépense plus autant mais je tente de faire le plus d'exercice possible. de tout type. " au fait, moi c’est sana. " c'est original, je ne suis pas certaine d'avoir déjà entendu ce prénom ailleurs. " joli prénom. moi c'est gabriella mais tu peux m'appeler gaby. " pas besoin de s'encombrer de trop de chichi. on est sorties du magasin et nous voilà en route. enfin elle s'arrête bien vite devant une moto. " c’est ma bécane. je t’aurais bien proposé de t’emmener mais … enfin, je suis pas certaine que … " je ne peux m'empêcher de rire face à sa gêne. " je pourrai mais t'as rien pour attacher le fauteuil alors ça va être compliqué. " avec un peu d'aide je n'aurai pas de mal à grimper, j'ai un peu de force dans les jambes, c'est juste encore difficile de rester debout. mon kiné dit que je me braque et me bloque et que je devrai déjà pouvoir marcher. mais bon... j'y crois pas trop. elle sort un paquet de clopes qu'elle me tend. " t’en veux une ? " je réponds par la négative en un mouvement de tête. " non merci. " je ne fume que très rarement mais là dans la rue en avançant avec mon fauteuil ça ne va pas être évident. " je te suis ! " je la devance donc et avance avec elle sur mes talons. ou mes roues plutôt. " c'est pas très loin t'en fais pas. " je ne sais pas trop pourquoi je la rassure à ce sujet, c'est pas comme si je pouvais habiter à 10 bornes non plus. " au fait, tu vis seule ? " je souris sans savoir si elle peut me voir et jette un coup d'oeil vers elle. " yep, je vis seule. " c'est pas faux. je suis en couple oui, mais rafe est à des milliers de kilomètres. donc je vis seule. puis c'est bien trop compliqué avec lui en ce moment... " et toi alors ? quelqu'un de ta vie ? " j'ai le droit d'être curieuse aussi. elle est vraiment très jolie sana. quelques dizaines de mètres plus tard nous voilà devant la porte d'entrée. je vis dans un loft, évidemment de plein pied mais l'avantage c'est qu'il y a peu de cloisons alors pour rouler je suis bien plus à mon aise. " vas y entre je t'en pries. " après avoir ouvert je la laisse passer et referme derrière elle. " tu veux boire quelque chose ? " j'ai du vin, du soda, de quoi faire des jus de fruits puis la base, du rhum uruguayen, un fond de vodka et je crois du whisky qu'on m'a offert.

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Gabriella. C’était joli. Très, même. Il y avait un côté angélique et respectable à ce prénom. Etait-ce là un signe ? Un signe que tu faisais bien de la suivre ? Que cette rencontre devait se faire ? Tu pouffes intérieurement. Tu n’étais pas le genre de meuf à croire à ce genre de trucs. Tu assumais tes actes et prenais pleine responsabilité. Enfin, en général.

Arrivées à hauteur de ta moto, un léger malaise se fait ressentir. La situation est un peu inhabituelle et tu n’as pas envie d’être insensible. Par contre, la pitié ce n’est pas ton truc non plus. Heureusement, la jeune femme t’aide clairement à te détendre en riant. "je pourrai mais t'as rien pour attacher le fauteuil alors ça va être compliqué.” C’est bien effectivement ce qui t’avait traversé l’esprit : le fauteuil ! Tu souris à ton tour et ponctues simplement : “Bon à savoir ! Tout le monde devrait pouvoir profiter d’une bonne balade à moto à l’occasion. Si jamais un jour ça te tente … Tu sais vers qui te tourner” Petit haussement de sourcils complices avant de venir te griller une cigarette. Gaby refuse ton offre et vous vous mettez aussitôt en route. "C'est pas très loin t'en fais pas.” T’avances à son rythme, te laissant même de temps à autre dépasser. Tu profites tout autant de l’air frais que celui souillé de ta cigarette. Etrange mélange, parfaitement contradictoire, qui pourtant te procure le plus grand bien. “Tracasse, j’m’en fais pas du tout. J’ai toute la nuit.” Tes yeux viennent balayer le ciel. Il est plutôt dégagé et quelques étoiles sont à peine visibles. Les lumières artificielles du centre ville viennent gâcher le tableau. Tu redescends ainsi tes pupilles venant les fixer sur ta rencontre du soir. "yep, je vis seule.” A cette réponse, tu ne peux empêcher un petit sourire de venir fendre le coin de tes lèvres. Par contre, lorsque la question t’es plus que clairement retournée, c’est moins marrant : "et toi alors ? quelqu'un dans ta vie ? “. Ta mine est soudainement plus sérieuse et le visage de Al’ vient faire irruption dans ton esprit. Il n’y a pas si longtemps encore, tu aurais simplement répondu que non. Qu’il n’y avait personne. Parce que tu n’avais rien signé ni rien promis à personne, même pas à Al’. Mais depuis un moment maintenant, la culpabilité venait te ronger si tu osais seulement faire comme si elle n’existait pas. Car bien sûr qu’elle était là. Dans ta vie et dans ta tête. Seulement voilà, à côté de l’envie et des promesses, il y avait le vice. Et lui et toi, vous aviez une relation - certes toxique - mais bien plus profonde encore. Tu te racles la gore avant d’opter pour le classique non-dit : “C’est … compliqué” Super. Merci Sana. Ça ne veut strictement rien dire ! Tu es au courant ??

Gabriella s’arrête. Et l’espace d’un instant, tu te demandes si c’est parce qu’elle a décidé de se raviser. Faut dire que ta réponse aurait pu en rebuter plus d’une. Mais alors que tu restes dans l’interrogation, la jeune femme te fait signe que vous êtes arrivées. Tu poses le regard sur l’endroit ainsi que les alentours. Tu connais le coin et ses lofts luxueux, mais tu n’aurais pas imaginé t’y retrouver ce soir ! "vas y entre je t'en pries.” Tu pénètres lentement dans l’habituation, admirant l’endroit avec une certaine surprise. “Waw ! C’est canon chez toi !” En réalité, si tu n’étais pas le genre de fille à plutôt être à l’aise partout, tu aurais presque pu te sentir gênée d’être là. Toi, pauvre petite flic au salaire à peine convenable, avec ta petite maisons défraichie de Willowbrook …
Gabriella te rejoint rapidement. "tu veux boire quelque chose ?” Tu hésites. Tu as déjà bu deux trois verres en terminant le taf’. N’ayant pas envie de te prendre la tête avec ça, tu réponds simplement “Je prendrais comme toi. Ou en tout cas, je te fais confiance. Je ne suis pas difficile” “Pas difficile” … En général ? Faux. Mais sur ce point ? Vrai. Et puis ça te donnait l’occasion de passer au soft si la belle venait à vous servir un jus quelconque.
Tu te laisses aller à quelques pas de ci de là, observant les lieux, la déco. “Ça fait longtemps que tu vis ici ?”

une fois la porte du loft ouverte, j’invite sana à pénétrer à l’intérieur. une sorte d’émerveillement se lit dans son regard alors qu’elle passe l’entrée. elle avance lentement, comme si elle avait peur de louper quelque chose. je l’observe en silence, amusée par son attitude. j’aime mon appartement, mais ce n’est pas pour autant que j’ai l’habitude qu’on s’extasie devant. " waw ! c’est canon chez toi ! ” un sourire toujours accroché aux lèvres, j’entre moi aussi, afin de pouvoir fermer la porte derrière nous. " merci, j’avoue que je me sens plutôt bien ici. " en même temps, la décoration est à mon goût et j’ai de la place pour vaquer librement à mes occupations. ici, je ne rencontre pas autant d’obstacles qu’à l’extérieur. c’est plaisant, ça me permet de me sentir comme tout le monde. j’avance en direction de la cuisine et demande à sana si elle veut boire quelque chose. la réponse ne vient pas tout de suite, mais j’attends patiemment qu’elle reprenne la parole. hors de question de la laisser sans rien. quand j’invite des gens à passer chez moi, je fais de mon mieux pour les recevoir correctement. “ je prendrais comme toi. ou en tout cas, je te fais confiance. je ne suis pas difficile. ” pas de souci. je prends deux verres dans un placard et attrape une bouteille de jus de fruit dans le frigidaire. hors de question de lui servir de l’alcool si elle n’en a pas réellement envie. alors je m’adapte à sa réponse. une fois la bouteille remise au frais, je reviens vers elle, en faisant attention à ne rien renverser. “ ça fait longtemps que tu vis ici ? ” sana n’a toujours pas pris place dans l’appartement. au contraire, elle fait quelques pas au milieu du loft et semble laisser son regard vagabonder ci et là. je lui tends son verre de jus avant de répondre à sa question. " je vis ici depuis que je suis rentrée à los angeles. ça doit bien faire un an et demi maintenant. " je n’avais jamais remarqué à quel point le temps s’était passé vite. " et je ne compte pas réellement bouger pour l’instant. " il faut dire qu’il est plaisant de vivre dans ce loft. je n’ai aucune raison de me précipiter vers la sortie. je porte mon verre à mes lèvres pour boire une première gorgée de jus avant de tourner la tête plus directement vers sana. mon regard trahit mon interrogation. " tu entendais quoi par ‘c’est compliqué’ ? tu as quelqu’un ou non alors ? " je me doute que si elle est restée évasive, c’est qu’elle ne voulait pas forcément s’étendre. mais c’est plus fort que moi, je suis curieuse. j’ai besoin de savoir ce qu’il en est.

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Tu reste là, debout, un moment. Tu observes. De la curiosité. C’est agréable à voir. T’as l’impression d’évoluer dans le décors d’un foutu magazine de déco art moderne. Ça t’amuse. Car en soi, tu n’es pas vraiment mal à l’aise. Tu as toujours eu cet art de te sentir à ta place un peu partout. Qu’il s’agisse de ton univers ou non, tu avais un sacré don d’adaptation. Tu étais qui tu étais et les jeux de comparaisons ne t’atteignaient pas.

Gabriella fini par te rejoindre, prenant soin de ne rien renverser. Sur le coup tu te sens un peu conne. Tu n’avais pas pensé que la tâche puisse être un peu plus compliquée pour elle. Mais la voyant te tendre son verre avec un petit sourire, tu te dit qu’au final, tu as surement bien fait de la laisser faire. Elle savait ce dont elle était capable et la jeune femme était une “grande fille”, fauteuil ou non. Tu attrapes le verre en l’écoutant te répondre. " Je vis ici depuis que je suis rentrée à los angeles. ça doit bien faire un an et demi maintenant. " Tu trempes tes lèves dans la boisson et découvres le gout du jus servis. Tu tentes une seconde de deviner s’il y a de l’alcool mais très vite la négative s’impose. C’est peut-être pas plus mal. " Et je ne compte pas réellement bouger pour l’instant. " Tu hoches la tête en signe de compréhension. “Tu vivais ailleurs avant ?” Tu demandes intéressée, sans réelle surprise. Beaucoup de citoyens de la ville venaient des 4 coins du continent, voire du monde. L.A., c’était le rêve des artistes et des idéalistes. Le penchant ouest de New York.

Venant t’installer dans un canapé non loin de ton hôte de la soirée, celle-ci reprent alors que tu attrapes une nouvelles gorgée de jus. "Tu entendais quoi par ‘c’est compliqué’ ? tu as quelqu’un ou non alors ?" Merde. C’était pourtant bien passé tout à l’heure. Fallait croire que non. Tu restes figée un instant le nez dans ton verre avant de te forcer à déglutir et le reposer sur la table basse. Tu croises le regard interrogateur de la brune. Tu inspires avant de répondre en laissant ton corps s’appuyer sur le dossier de ton assise. “Disons qu’il a bien quelqu’un, oui. Quelqu’un qui aimerait surement que je sois plus … “sérieuse” ou engagée” Tu hausses les épaules. Pas de gène mais car tu ne sais réellement pas vraiment quoi ajouter. Pourtant tu continues brièvement “Je suis un oiseau un peu sauvage. La captivité m’effraie” Ton ponctues d’un rictus en coin. C’était effectivement une manière poétique d’énoncer les choses. Une manière subtile d’oublier que cette autre, elle, souffrait encore et encore de ton comportement …

Tu scrutes la réaction de Gabriella. Tu ne t’étais pas véritablement attendue à parler de Al’ ce soir. En vérité, si la question n’avait pas été reposée, tu aurais probablement déjà entamé ta petite parade de séduction. Mais pour le coup, tu n’avais pas envie de te prendre un énorme vent. Mieux valait continuer de tâter le terrain et essayer de - peut-être - changer de sujet. En tout cas, les choses étaient posées clairement et si Gab’ était du genre à idéaliser chaque rencontre ou se mettre à rêver de mariage au premier regard, tu venais surement de refroidir ses attentes et - en un sens - si tel était le cas : c'était tant mieux. Sinon …. Seul le reste de la soirée vous le dirait.

” tu vivais ailleurs avant ? “ je pouvais m’attendre à cette question en fait. dire que je ne vis ici que depuis un an et demi laisse présager que je viens d’ailleurs. même si ça pourrait être d’un autre coin de la ville. ça aurait pu. ” ouaip’ ! en floride depuis mes 21 ans mais je suis née à los angeles. je suis revenue chez moi en quelque sorte. “ la corps meurtri mais la tête remplie de souvenirs. certains bons, d’autres un peu moins. ça dépend de comment je me place. dans tous les cas, maintenant c’est ici chez moi. et même si tampa est une jolie ville, je n’ai pas vraiment envie d’y retourner. pas pour le moment. je ne pense pas plus tard non plus. on verra. même si quelqu’un m’attend là bas. c’est d’ailleurs de ça qu’on parle maintenant avec sana. des personnes dans nos vies, dans la sienne principalement. parce que c’est de ça dont il s’agit. ” disons qu’il a bien quelqu’un, oui. quelqu’un qui aimerait surement que je sois plus … “sérieuse” ou engagée” . je suis un oiseau un peu sauvage. la captivité m’effraie. “ je la regarde quelques instants et finit par sourire, voir même lâcher un léger rire. pas pour me foutre d’elle mais au final nos situations ne sont pas bien différentes. ” je comprends bien ça. j’ai une personne de ce style à tampa. un an et demi à attendre et toujours là. les gens sont parfois persévérants. je ne peux pas dire que je ne l’aime pas mais… “ mais y’a ce mais. ce foutu mais qui forcément foire tout. sans lui je saurai que c’est le bon. mais non, il y a un mais. ” je crois que j’ai besoin aussi de liberté. même si j’ai du mal à voler avec… ça. “ j’indique mon fauteuil sans perdre mon sourire. je ne suis pas triste ou en colère, juste résignée à ce stade. ” c’est marrant, on se ressemble sur bien des points. “ je lève mon verre de jus vers elle comme pour trinquer à cette nouvelle inattendue. je ne pensais pas parler de ça avec elle le premier soir. je ne pensais pas parler avec elle de ça du tout. ni qu’elle m’en parle. mais cette franchise me fait du bien. j’avais déjà pu l’apercevoir au vidéo club et ne suis pas déçue qu’elle reste sur cette même ligne de conduite.

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Tu l’écoutes attentivement t’expliquer son départ de Floride pour la Californie. Tu as envie de la questionner davantage mais tu ne désires pas non plus passer pour le genre de fille qui creuse à tout va. Qui pousse le bouchon. Tu sais que ta déformation professionnelle peut avoir tendance à repousser les autres. Ainsi tu ponctues par un simple sourire et un hochement de tête. “Je n’ai jamais vu la Floride … Parait qu’il y fait bon vivre.” A vrai dire, tu n’avais pas souvent mis les pieds hors de la Californie. Voir jamais … C’était triste pour certains, d’autres y voyaient là un réel amour de ta terre. Pour toi c’était juste … comme ça. Tu ne te posais pas tant de question. Tu aimais ta ville, ton état et ton job en dépendait alors … voilà ! C’était aussi simple que ça.

Tu te laisses aller dans le divan et joues la carte de l’honnêteté avec Gabriella. Tu ne rentres pas dans les détails mais, au fond, il n’y a pas vraiment besoin. Tes mots sont assez clairs et à en croire par sa réaction, elle comprend parfaitement ce que tu veux dire. Soulagement ! La petite angoisse t’ayant envahie plus tôt quant à savoir si tu allais avoir le temps de terminer ton verre ou si tu allais te retrouver dehors en deux deux, venait de s’évaporer. La jeune femme s’approche et reste à tes côtés dans son fauteuil. Son rire détend l’atmosphère. Bon sang qu’il est charmant. Tu ne devrais pas le penser mais … tu ne devrais même pas être là, donc bon. Un peu plus un peu moins … Tu laisses un sourire sincère naitre aux coin de te lèvres, juste en la regardant. "Je comprends bien ça. j’ai une personne de ce style à tampa. un an et demi à attendre et toujours là. les gens sont parfois persévérants. je ne peux pas dire que je ne l’aime pas mais …” Ah ce ‘mais’ tu ne le connais que très bien. Tu pourrais même en trouver plusieurs des ‘mais’ … Tu aimes à prétendre qu’il te rend la vie plus légère et qu’il fait de toi l’unique femme que tu es. Mais il est tout aussi vicieux et douloureux. Sans ‘mais’, tout serait plus facile. Tu ne chercherais pas à constamment remplir un vide dont tu ne connais pas l’origine, tu aurais les ovaires d’assumer un couple, tu te donnerais une vraie chance d’être heureuse. A la place, tu ramais dans la boue. Encore et toujours.

Ton visage est désormais emprunt de sérieux car animé par un flot de pensées diverses. La jolie brune continue : “Je crois que j’ai besoin aussi de liberté. même si j’ai du mal à voler avec… ça.” Elle te montre son fauteuil, sans pour autant plonger dans le drame. Elle garde le sourire, la mine joviale. Et c’est communicatif. Une fois encore, la tienne l’imite. “On s’en fout de ça ! Tes ailes elles sont dans ta tête.” Tu ajoutes un clin d’oeil complice en venant poser une main juste au dessus de son genoux.
Gabriella lève son verre et tu romps le contact en l’imitant après avoir repris ton verre. “C’est marrant, on se ressemble sur bien des points.” Tu viens le faire teinter contre le sien et bois une nouvelle gorgée de jus, scellant par là-même l’accord que - effectivement - vous sembliez sur une même longueur d’onde.

Re-déposant ton verre sur la table basse, tu demandes : “Tu ne serais pas plus à l’aise ici ?” Tu indiques la place libre à tes côtés. Super subtile Sana … “Je peux t’aider si tu veux. Je me doute que tu saches te débrouiller mais … autant profiter d’un peu de répit, non ?” Tu hausses les épaules en riant légèrement. Savoir faire les choses n’était pas forcément pareil que d’adorer les faire à répétition … Exemple à la con : tu savais parfaitement faire la vaisselle ou te servir d’un aspirateur. Ce n’était pas pour autant que tu refuserais que quelqu’un s’en charge à ta place de temps en temps. Enfin … on ne peut pas vraiment dire que tu fasses l’un ou l’autre mais l’image était parlante !