the ring bear | izzy & cassian

J’arrive à me livrer à mon meilleur ami sans trop de détails, sans qu’il ne comprenne de qui il s’agit. Je n’ai aucune envie de briser la vie de qui que ce soit, ni même le couple, d’ailleurs. Je me suis fait prendre à mon propre piège en tombant amoureuse de la jolie brune de qui il est amoureux aussi. On ne voit ça que dans les films, et pourtant c’est que ça existe aussi dans la réalité. Alors au lieu de briser leur vie à tous les deux, j’ai choisi de m’effacer, même si c’est difficile, même si j’en souffre. Vaut mieux une que deux non ? C’est que je tente de me faire entrer dans le crâne en tout cas. « Oh tu sais, tu peux pas deviner ce qu'une personne ressentira ou non. » Pitié non, qu’il n’essaie pas de me rassurer sur les potentiels sentiments de cette fille en question… « Combien de fois j'ai vu Billie sortir avec des types ? Combien des fois j'ai jalousé ses types ? » Je serre les dents, repense à ce baiser que nous avons échangé après avoir sauvé le petit lionceau qui s’était échappé. Jamais je n’aurai dû faire une chose pareille, jamais je n’aurai pensé non plus qu’elle me laisse faire, avant de finalement laisser son cerveau se reconnecter à la réalité. J’intrigue Billie autant que je l’effraie, et ce n’est pas une vie ça. « J'ai persévéré et ça a marché. » Pitié, qu’il arrête ça. Et vite. Il finit par me dire qu’il n’est sans doute pas le meilleur en la matière pour donner des conseils sur l’amour. Je souris, un peu amèrement. « Peut-être, mais tu t’en es bien sorti. Tu as mis le temps mais regarde, tu es en couple avec la fille dont tu rêves depuis un quart de siècle, et sur le point de la demander en mariage ! C’est merveilleux ! » Non, ça ne l’est pas, et même si je fais très bien semblant, la lueur ternie de mon regard et cette amertume dans ma voix ne trompe pas vraiment. Je fais pourtant tout pour qu’il ne s’aperçoive de rien. « Oh, tu pourrais en parler avec Billie ! Elle donne toujours de bons conseils, j'suis sûr qu'elle pourrait t'aider sur ce coup-là, tu sais ? » Jusqu’où il compte enfoncer le clou exactement ? Je sais bien qu’il ne le fait pas exprès, mais ça commence à être pesant. Je secoue la tête. « Non tu sais, j’crois que Billie elle m’aime bien mais faut pas trop pousser non plus, elle en a eu marre que je la drague tout le temps pour plaisanter j’crois. J’vais me débrouiller t’en fais pas. Tu sais bien, j’ai besoin de personne ! » Je plie mon bras de manière caricaturale pour montrer mes muscles et laisse échapper un petit rire pour tenter de me détendre, et détendre l’atmosphère. « C’est pas grave va. L’amour ça va ça vient, si c’est pas elle ce sera quelqu’un d’autre, j’ai pas prévu de mourir demain. » C’est comme ça que je devrais le prendre oui, mais c’est tellement difficile, tellement douloureux…

Il s'en faisait pour Izzy, mais au final en avait-elle vraiment besoin ? Il la connaissait assez pour savoir qu'elle était forte, qu'elle ne laissait personne lui marcher sur les pieds. Izzy était une force de la nature, et puis de toute façon elle était assez grande pour savoir et ce qu'elle faisait et ce qu'elle devait faire. Si elle lui disait que ça allait ou que ça irait, pourquoi douterait-il d'elle ? « Billie t'adore ! Si elle était pas hétéro, j'aurais de quoi m'inquiéter ! » lâcha Cassian en riant. Il connaissait ce petit jeu entre Billie et Izzy, il s'amusait aussi de ces taquineries. Tous les trois avaient une amitié forte, il le savait, et il était heureux d'avoir un entourage aussi soudé, qui non seulement s'appréciait et s'entendait bien, mais qui en plus partageait des valeurs similaires et riaient ensemble. C'était le principal. Pas d'animosité dans son entourage. C'était presque trop beau pour être vrai. Mais peut-être que c'était simplement la vie qui tentait de se racheter pour tous les malheurs qu'il avait connu, qu'ils avaient tous connus. Après tout, chacun avait ses propres traumatismes non ? « C'est ce qu'il faut se dire. Ça viendra quand ça viendra. Tant que tu te mets pas à déprimer ou quoi que ce soit c'est l'essentiel. Et si c'est le cas tu m'appelles, promis on ira vider les bouteilles de tequilas dans tous les bars de la ville !» s'exclama t-il alors, avant de se lever. « Va falloir que j'y aille. Je dois réfléchir à comment je vais faire ma demande après tout ! Bon et puis surtout j'ai du boulot aussi... » répliqua t-il avec un clin d'oeil. Après avoir pris sa veste et son paquet il se redresse et s'approche d'Izzy pour l'embrasser sur la joue. « Merci d'avoir été là pour moi. Je ne sais pas si sans toi j'en aurais été capable. Merci Izzy. Et je compte sur toi pour garder le secret ! » s'exclama t-il avant de finalement partir, son paquet sous le bras.

« Billie t'adore ! Si elle était pas hétéro, j'aurais de quoi m'inquiéter ! » Bordel ce que ça fait mal. Il fait même pas exprès d’être maladroit, je peux pas lui en vouloir, mais putain c’est dur de faire semblant. Je tente un sourire, même s’il est pas forcément de circonstance, mais je fais du mieux que je peux. « Ouais, mais elle est hétéro, et amoureuse de toi. » Je sais pas pourquoi je dis ça, il n’est pas question qu’il se rende compte de quoi que ce soit, je ne le permettrai pas. C’est moi qui suis en trop dans l’histoire, moi qui ai foutu le bordel, et c’est à moi de m’effacer. Ce sera mieux pour tout le monde. Cass essaie d’être bienveillant, attentionné, il essaie de me rassurer mais plus il parle et plus c’est pire. Il me propose d’aller écumer les bars si jamais je déprime. Je tente de lâcher un petit rire, même si au fond ça me fait pas vraiment rire. Je comprends maintenant quand il me disait qu’il était amoureux depuis si longtemps d’une fille qu’il avait vu se maquer avec plusieurs mecs. C’est dur putain. Heureusement, il met fin à la torture de cette discussion en disant qu’il doit filer. Parfait. Je me contente d’un hochement de tête. « Merci d'avoir été là pour moi. Je ne sais pas si sans toi j'en aurais été capable. Merci Izzy. Et je compte sur toi pour garder le secret ! » Je lui offre un sourire, parce que même si ça fait mal, je dois être heureuse pour lui. C’est ce que ferait une vraie amie. « Promis. Elle n’en saura rien ! A bientôt papa ours ! » Je plaque à mon tour un baiser sur sa joue et nous partons tous les deux dans des directions opposées. Je sais pas comment je vais me remettre de cette nouvelle moi…