Sleepover | Oxie

"Tu m'as crevé" Elle dépose un baiser sur son épaule nue et resserre sa prise sur sa taille pour ainsi réfugier son menton dans le creux de son cou. Elle apprécie le silence qui s’installe dans la chambre et accepte de se laisser aller aux sensations réconfortantes. Elle n’a besoin de penser à rien, seulement se concentrer sur la respiration qui se palpite sous ses doigts fins, le soleil caresse encore sa peau mais elle sait qu’il ne va pas tarder à disparaître. Elle est venue sur un coup de tête parce que les pensées ont été trop nombreuses dans son crâne et qu’elle a eu cette impression de tout perdre. Puis il a fallu qu’elle annonce la nouvelle, que Célia souhaite les voir, les connaître afin de se faire une idée de tout ceci et enfin tirer une conclusion.

Son coude se plante dans le matelas et elle se redresse pour l’admirer alors qu’elle a les yeux fermés. Elle lui remet une mèche derrière l’oreille et l’embrasse avec une tendresse nouvelle, elle n’a pas l’habitude d’être douce avec sa petite-amie, elles se savent sauvage et passionnées, mais voilà parfois le changement peut raviver les cœurs. « Tu sais Lexie… » Elle lui sourit et pose sa tête sur sa poitrine, caressant doucement son ventre jusqu’à descendre sur sa cuisse pour s’arrêter finalement. « Une des filles veut te rencontrer… »

C’est bien la première fois qu’elle doit avoir ce genre de conversation avec une de ses partenaires, et elle n’est pas très à l’aise à cette idée. Elle a déjà eu affaire à des jalousies, des crises de paranoïa et des ultimatums qui terminent sur des ruptures de sa part, ce genre de conneries la gave et elle préfère chercher ailleurs plutôt que de se prendre la tête. « Du coup je lui ai passé ton numéro de téléphone. »

Lexie sourit. Ohana lui avait manqué, aussi elle dépose un baiser contre son cou pour témoigner son affection encore débordante. Sa petite amie et amante avait beau être crevée, elle accepterait toujours ce petit geste affectif silencieux. La brune n’était après tout pas du genre à gueuler son affection, elle n’en avait pas besoin. Ses gestes les montrait naturellement, sans forcer rien sur personne. Elle savait très bien ce que c’était de voir les sentiments de quelqu’un forcé sur elle-même. Le nombre de petites-amies auxquelles elle avait brisé le cœur parlaient d’elles-mêmes. Là elle voulait y aller doucement, montrer sa passion sans mots, sans oui et non, sans retour forcé. Et ça marchait, puisque O resserrait sa prise autour d’elle. S’en rendait-elle compte dans sa fatigue ou le geste lui venait-il tout seul ? Lexie ne savait pas vraiment, mais elle l’appréciait tout autant.
Pourtant, dans la façon dont elle caressait sa peau de nacre elle semblait bien lointaine. Elle devait avoir quelque chose qui la tracassait dans cette caboche trop pleine de pensées. Lexie prit le temps du silence pour déposer des baisers contre son épaule, la ramener par le doux frisson d’une douceur qu’elles découvraient entre elles et qui pourrait rendre diabétique n’importe qui.
Puis Lexie ferme doucement les yeux et la laisse réfléchir. Enfin, ses lèvres s’ouvrent et la vérité se fait entendre, éclate la bulle. La brune fronce les sourcils et quitte le socle des bras d’Ohana pour se redresser de sa fine stature. Le drap glissa le long de son épiderme comme la pluie s’écoulait sur les feuilles vierges des arbres. Elle l’observe, attend quelques secondes pour savoir si une suite arrive et bientôt des réponses apparaissent. Une des filles ? Laquelle ?
« Est-ce que je dois sortir la vodka ou le barbecue ? »
Lexie ne savait pas grand-chose des autres amours de la sienne. Elle connaissait les blessures, les disputes, les cris, elle connaissait les brisures. Mais du reste… Ohana partageait peu son monde. C’était quelque chose qui la titillait parfois. Le fait qu’elle donne son numéro sans lui demander au préalable la fit toutefois tiquer.
« Par contre est-ce que tu pourras me demander la prochaine fois avant de donner mon numéro ? S’il te plait ? »
Elle dit ça sans méchanceté, même si sa légère crispation se sent. Sa main se pose sur la taille d’Ohana pour la rassurer malgré tout. Si on avait dit à Lexie qu’un jour elle ferait preuve de cette patience et douceur, elle aurait rit au nez de la personne. Mais parfois certains individus faisaient remonter en nous le meilleur.
« Et je veux bien quelques informations complémentaires. Qui ? Comment ? Quand… ? Parce que si c’est aujourd’hui, je me vois mal l’inviter à un apéro dinatoire. »
Elle montra leurs apparences respectives, nues comme des bébés qui venaient de naître.

La silhouette bouge sous elle, elle en est déçue mais ne proteste pas. Son regard s’abîme à la contemplation de ce corps qui lui est offert et ses doigts s’aventurent sur la peau laiteuse si douce qu’elle en frissonne. Parfois Ohana se demande si elle ne partage pas ce lit avec une déesse des temps anciens tant son regard d’un bleu si clair l’électrise à chaque rencontre. Elle sourit à sa proposition et se laisse glisser sur le matelas, ramenant le drap sur son corps nu pour braver le froid qui s’installe doucement.

Elle réfléchit sérieusement à cette blague et se demande s’il n’est pas plus préférable de les faire se rencontrer dans un bar à l’ambiance bon enfant pour éviter tout débordement. « L’alcool peut aider c’est vrai mais je serai plus pour la bière ou le vin. » Elle n’a pas envie que ça se passe mal, qu’une dispute éclate et qu’elle se retrouve ainsi au sein de la discorde, les pieds et poings liés. Elle ne veut pas choisir Ohana, elle veut les aimer toute d’un amour unique et personnel, les chérir chaque jour et leur faire découvrir son monde. Un peu une utopie en soit mais elle est visionnaire, elle n’en démordra pas.

Ohana glisse une main dans la chevelure d’ébène dans un geste rassurant et hoche doucement la tête, heureuse de la sentir la toucher. Elle aime la chaleur de sa peau, tout comme la saveur exquise de ses lèvres. « Oui promis, je suis désolée j’ai agi sous la pression… » L’histoire du père de Lexie ne lui est plus inconnue désormais et elle se sent gauche d’avoir fait une telle erreur. Mais Célia n’est pas une psychopathe qui prend plaisir à faire souffrir les autres, c’est un agneau empli d’espoir et d’un amour bien trop tendre pour ce monde de brutes.

Elle croise ses bras derrière la tête et se met à fixer le plafond dans un petit sourire. Elle reconnaît bien là l’agent du FBI et hésite même à l’embêter en ne disant rien. Mais la situation est délicate et elle préfère rapidement s’en débarrasser avant qu’elle ne s’envenime. « Célia, mon premier amour et partenaire de danse au Cabaret. Quand j’en sais rien, elle devrait te contacter. » Elle rit et vient la saisir par la taille pour la faire rouler sur le lit, le drap ne cachant plus que la naissance de leurs bassins alors qu’elle se saisit de ses lèvres dans un baiser volé. « Et ce soir de toute manière, tu es à moi. »

Lexie suivit du regard l’étoffe qui vint couvrir la peau chocolatée, un léger regret et manque l’envahissant déjà à cette simple disparition. Si la conversation n’avait pas tenu à cœur à Ohana, elle l’aurait sans doute déjà renversée pour profiter de nouveau de la chaleur brûlante de sa peau. Mais pour le coup elle ne pouvait pas fuir la conversation soudainement si sérieuse. Elle hocha doucement la tête à la proposition du vin ou de la bière. C’était bon à savoir qu’elle préfère ce genre d’alcool, ça éviterait de faire une erreur au cours de la rencontre en choisissant le mauvais breuvage. Un détail plus important qu’il n’y paraissait.
Elle sourit aux caresses et promesses de sa belle.
« Je sais, » affirma-t-elle simplement en réponse à sa promesse.
Quand elle lui disait qu’elle ne recommencerait plus, elle la croyait sur parole. Pour le moment Ohana n’avait failli à aucun de ses mots et la croire était plus facile que ce que Lexie avait souvent connu. Après tout, avec le métier qu’elle exerçait, il était tellement facile de voir le mal partout. Elle dépose un baiser contre sa joue et se rapproche d’elle pour poser sa tête contre son sein.

Célia.
La fameuse. Ce n’était pas la première fois qu’Ohana l’évoquait avec elle, mais bien la première que l’idée même de pouvoir la rencontrer est amenée sur le tapis. Il faut dire, dans les souvenirs de Lexie quand elle en parlait ce n’était pas toujours plaisant. Elle traça un cercle contre son estomac et se demanda quand Célia pourrait bien la contacter. Toutefois elle s’abstint, ne voulant pas accabler Ohana de questions.
Pas qu’elle aurait eut le temps ceci dit puisque Ohana la coinça entre le lit et elle habilement.
« C’est vrai.. Peut-être qu’on devrait en profiter pour pratiquer des activités sportives… Mon petit doigt me dit que tu aurais bien quelques propositions à apporter. » Elle lui offre un sourire goguenard en passant ses bras autour de sa nuque, le regard étincelant d’amusement. « Sauf si tu préf_res quelque chose de plus tranquille. Ceci dit avec toute une soirée on peut tout faire je suis sûre. »
Son sourire s’agrandit et elle profita qu’Ohana doive répondre pour embrasser la ligne si élégante de sa machoire puis son cou palpitant et appétissant. Elle voulait lui faire tellement plus.
Elle bascula Ohana à son tour pour l’embrasser avec ardeur. Il arrivait souvent qu’elles se battent presque pour savoir qui serait en haut ou en bas, et bien souvent cela dépendait de qui l’avait fait la dernière ou du moral des concernées. Ce soir, toutes les deux semblaient d’humeur clémente et elles risquaient de chahuter un peu avant de vraiment se décider à passer à l’action. Tous les coups étaient permis, des baisers aux chatouilles, alors il fallait prendre gare jusqu’à ce que l’une des deux finisse les mains plaquées au matelas.

Lexie est une joueuse tout comme elle et jamais elles n’ont réussi à se laisser faire, il faut toujours un peu de combat pour parvenir à une trêve. Ca l’amuse Ohana, ça la ravit de pouvoir ainsi tenter le diable. Elle répond passionnément au baiser, les mains au creux de ses reins dans un ronronnement comblé, une bonne inspiration et c’est parti. Sans prévenir, elle roule sur le côté pour se saisir de ses poignets dans une tentative de prendre le pouvoir, mais tellement prise dans son élan, elle ne voit pas le bord du matelas. Elle pousse un cri de surprise pour ensuite s’écrouler lourdement sur le sol. Elle grogne puis rit en se recroquevillant sur elle-même, Lexie ayant survécu à la chute en se retenant de justesse aux draps. « C’est pas mon jour aujourd’hui… Dommage que t’es pas un chat pour amortir la chute. » plaisante-t-elle. Elles ont déjà parlé du fait que Lexie souhaite peut-être adopter un animal et Ohana lui fait encore pression pour avoir un félin à chouchouter lorsqu’elle viendrait lui rendre visite.

Elle se redresse en tailleur et s’étire, laissant la chance à Lexie d’admirer les œuvres sur son corps. Et notamment le [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] qu’elle s’est fait à New York avant de partir en trombe, elle en est fière de celui-là parce qu’il est mignon et symbolique à la fois. Dessinée sur son bras gauche à l’intérieur, c’est presque un petit secret qu’elle aime garder. D’un regard malicieux, elle bande ses muscles puis bondit sur le lit pour attaquer Lexie avec des chatouilles. « Tu ne vas pas gagner si facilement ! » Elle n’a pas vraiment envie de se battre pour connaître et apprécier son toucher, mais c’est pour la forme et aussi parce qu’elle en a pris l’habitude.  

La chute d’Ohana inquiète d’abord Lexie qui éclate de rire quand elle voit qu’elle n’a rien. Pour sa part, elle se tient encore aux draps qui lui ont sauvé la vie et la simple secousse de son rire manque de provoquer sa chute, mais elle tient bon. À sa remarque Lexie rit de nouveau et secoue la tête.
« Je ne pense vraiment pas que le chat aurait apprécié, et je n’aurais pas aimé que mon animal de compagnie te saute dessus toute griffe dehors. Du coup je devrais plutôt prendre quelque chose de résistant et inoffensif. Genre une tortue. »
C’était vrai que ces derniers temps Lexie songeait beaucoup à prendre un animal de compagnie. C’était quelque chose qu’elle avait toujours voulu, mais avec ses tendance à la colère et à la violence, elle avait toujours refusé. Elle craignait trop de faire du mal à la pauvre bête, elle craignait trop la part de son père qu’elle avait en elle. Mais depuis quelques temps, les choses se calmaient en elle, et quelque part elle savait que c’était en partie grâce à Ohana. Ce qui l’inquiétait, parce que plus le temps passait plus elle réalisait qu’elle ne savait presque rien de la beauté des îles à l’emprise si forte sur elle.
Lexie se remet comme il faut sur le lit dans tous les cas et en profite pour admirer ce cadeau des Dieux qu’est sa petite amie. Elle observe le tatouage sur sa peau, sublime, surtout quand on savait la difficulté que ça pouvait représenter pour certains tatoueurs de s’attaquer à une peau plus sombre que celle qu’ils connaissaient. Dans son admiration, elle en oublie leur début de lutte de pouvoir et Ohana en profite pour lui sauter dessus.
Lexie ne tarde pas à rire sous les chatouille d’O’ et tente de se défendre tant bien que mal. Malheureusement elle n’est pas en position de force. Il lui faut beaucoup de volonté pour se défaire de son emprise et parvenir à la retourner sur le matelas et à attraper ses mains par surprise. Elle bénissait son entraînement du FBI pour le coup.
« Non, je gagnerais ! »
Et elle en profite pour déposer des baisers contre sa peau et son visage, sur son nouveau tatouage, celui qu’elle aime, avant de prendre le risque de libérer ses mains pour lui offrir la possibilité de participer aux festivités buccales. Et peut-être en apprécier des plus intimes après. If you know what I mean, wink wink nudge nudge. En tout cas c’était en bonne voie puisque Lexie déposait maintenant ses baisers entre la si tendre poitrine de son amante. Et après elle pourrait lui faire le petit déjeuner au lit.
Elle voulait vraiment profiter de sa journée avec Ohana.

Elle n’a aucune chance de gagner contre elle, elle le sait mais elle continue de jouer le jeu pour savourer son rire et ses traits joyeux. Elle sait qu’elle va bientôt partir et elle veut forger de puissants souvenirs à garder dans un coin de sa caboche. D’ailleurs, il faut qu’elle l’annonce à sa belle avant qu’il ne soit trop tard. Les baisers qu’on dépose sur sa peau l’empêchent de réfléchir correctement mais elle fait de son mieux pour contrôler son envie, parce que c’est important, parce qu’elle n’a pas envie de se la mettre à dos et qu’elle a assez de courage pour ouvrir sa gueule. Lui faire l’amour par la suite lui permettra de l’apaiser, enfin elle l’espère.

Ses doigts se perdent dans sa crinière d’ébène, sa tête se rejette en arrière pour lâcher un soupir d’appréciation, ses jambes s’arquant presque pour lutter contre la raison, mais Ohana est forte aujourd’hui, elle résiste à la créature délicieuse et tentatrice. « Lexie… Lex attends s’il te plaît. » Sans lui faire mal, elle tire légèrement sur les mèches entre ses doigts pour lui faire redresser la tête. Rapidement, elle sourit pour lui faire comprendre qu’il ne s’agit en rien de ses baisers ou autres touchers. « J’aimerais te dire quelque chose avant le sport. » L’humour toujours au rendez-vous avec elle, enfin quoi Ohana et l’humour c’est bien connu, ça ne fait qu’un. Elle se recule pour poser son dos nu contre le bord du lit et attrape les draps pour vêtir ses jambes.

Doucement, elle tend les mains dans sa direction, l’incitant à la rejoindre pour lui offrir un baiser et la capturer dans une étreinte tendre, ses lèvres contre son épaule. « Je vais devoir encore partir. Et ça sera bien plus long que New York. »

Attendre ? Pourquoi attendre ? Lexie fit une moue mais se plia à la demande de sa belle à la peau chocolaté pour se redresser sur ses deux bras, ses muscles finement taillés se dessinant sous la peau diaphane. Son regard traduit son interrogation et une légère inquiétude de lui avoir fait mal ou autre chose. Heureusement, Ohana lui sourit et elle le lui rend, posant sa tête contre son ventre pour l’écouter. Ses yeux bleus étaient relevés vers le beau visage qui la surplombait et elle l’admira longuement avant de hocher la tête en riant légèrement.
« Bien sûr, tout ce que tu veux. Je t’écoute. »
Lexie doit se redresser quand Ohana va s’appuyer contre le dossier du lit. À son signe des bras elle la rejoignit et lui rendit son baiser tendrement avant de se laisser à moitié tomber sur elle, sa tête au creux de son épaule. Elle sourit en sentant ses lèvres contre son épaule et l’écouta enfin annoncer la nouvelle. À la nouvelle, Lexie fronça les sourcils et se redressa pour la regarder dans les yeux.

Elle allait encore partir ? Et plus longtemps que pour New York ? Lexie savait que Ohana était – à défaut d’un meilleur terme – un esprit libre, mais ça commençait à fait beaucoup comme ça. Toutefois Lexie se contenta de soupirer brièvement avant de se laisser glisser sur le côté, s’appuyant à son tour contre la tête de lit. Devoir ? C’était donc une obligation. Lexie se retint de demander ce qui l’y obligeait. Elle préférait la laisser offrir les informations qu’elle voulait, même si ça la démangeait.
« D’accord. Je peux avoir plus de précision cette fois-ci ou ce sera encore un voyage mystère ? »
Il n’y avait pas vraiment de reproche dans sa voix, juste un désir de savoir, de comprendre pourquoi Ohana partait encore loin, et surtout plus longtemps. Déjà qu’elle n’avait pas été mise au courant des dates plus précises du départ d’Ohana, elle aurait bien aimé en savoir un peu plus pour l’occasion. Au moins si elle partait toute seule, où elle allait, ce genre de chose. Bon point ceci dit, elle la prévenait plus d’une semaine avant son départ. Mais ça n’empêchait pas qu’il y avait un léger manque d’information pour le moment. Elle lui offrit un petit sourire penaud en attendant sa réponse.

Elle se perd dans ce regard, celui qui la fait fondre et qui la rassure avant de s’endormir, elle s’y perd si profondément qu’elle sent presque sa langue se délier d’elle-même, mais sa raison la retient de justesse et l’enchaîne au silence, son passé n’est pas quelque chose qu’elle peut balancer comme ça sans le regretter par la suite. Et alors que la vie semble ne pas les avoir épargner toutes les deux, Ohana est dans l’incapacité d’embrasser cette peur qui les effraie, elle ne peut pas parce que ça fait bien des années qu’elle ne se confie qu’à son miroir et à son journal, elle a essayé avec Célia mais cette dernière l’a trahi et seule Dakota reste dans sa confiance de part leur tatouage et leur profonde amitié. Mais Lexie. Elle ne cesse de se questionner à son sujet et son histoire est encore fraîche dans son esprit. Pourquoi a-t-elle donc peur de parler de la maladie qui emporte lentement sa grand-mère ? Pourquoi a-t-elle peur de lui dire son inquiétude d’être seule sans elle ? Sa colère de la voir partir sans lutter ? Parce que c’est vrai ça, Ohana n’a pas de famille seule Moana s’occupe d’elle depuis sa naissance. Elle a besoin d’une base solide Ohana pour ne pas sombrer, elle a besoin de paroles réconfortantes, d’une personne qui connaît ses inquiétudes, ses peurs, ses problèmes. Mais si Moana vient à s’envoler de ce monde, tout ceci sera oublié et l’hawaïenne se retrouvera les mains vides.

Elle resserre doucement sa prise autour de Lexie et cache définitivement son visage dans son cou, sa respiration est quelque peu tremblante mais elle continue de contrôler, c’est déjà ça. Ses doigts caressent, dessinent, parcourent sa peau à la recherche d’une solution, d’une ancre à laquelle s’accrocher pour ne pas se noyer dans ce torrent de pensées diverses et variées. Et puis là dans cette tempête, quelques mots s’en sortent et s’échappent de sa bouche pourtant scellée. « Les docteurs lui ont donné à peu près quatre mois à vivre avant que son second poumon ne cesse de fonctionner. » Ca fait mal de l’admettre, tout comme ça a fait mal de lire le rapport du médecin. Elle se souvient des larmes de sa grand-mère, de ses excuses et de l’étreinte qui a conclu l’accord. Ohana ne peut pas l’abandonner à son triste sort et Moana souhaite accomplir sa promesse. Ainsi elle découvrira Hawaï et permettra à sa grand-mère de reposer aux côtés de son tendre mari.« Je pars… Je pars à Hawaï pour l’enterrer. » La réalité la frappe comme un poing en pleine figure et elle se mord l’intérieur de la joue pour ne pas pleurer. Elle se redresse et colle son front contre celui de Lexie. Ses mains sur ses joues, ses doigts tremblants s’y cramponnent presque. "Dis-moi que ça va aller, dit moi que je vais me débrouiller sans elle… »

Lexie ne se fige pas comme elle aurait pu faire par le passé au contact de la peau d’Ohana contre celle de son cou. Mais elle a appris, elle s’y est faite à l’approche d’Ohana, à son contact partout sur son corps et maintenant elle n’a plus peur, elle n’a plus cette prise froide qui se resserre autour de son cou et de sa nuque lorsque c’est elle qui la touche. À la place de se reculer, elle passe un bras autour de son épaule et l’approche un peu plus d’elle, embrasse la respiration qu’elle peut sentir contre sa peau sensible et se concentre entièrement sur Ohana.
Elle lui laisse le temps, écoute sa respiration et sent son cœur qui bat contre elle difficilement. Elle sent sa peine et veut la comprendre pour l’aider, alors elle dépose un baiser contre sa tempe. Et elle attend.
Enfin des réponses viennent.
Lexie ne sait pas si Ohana en a déjà parlé à quelqu’un d’autre, mais elle sait ce que ça fait de parler tout haut de ce qu’on voudrait garder tout bas, elle sait à quel point verbaliser ses douleurs les empire parfois, les rend tellement réelles, tellement difficile à porter. C’était admettre une réalité dont on ne voulait pas et qui nous faisait souffrir. Il n’y avait plus de retour en arrière après ça. C’était un mal nécessaire. Un des seuls mal nécessaire acceptable.

La brune dépose un nouveau baiser en haut du crâne de sa petite-amie pour lui apporter un soutien qui lui semble futile sur l’instant. Elle suit son mouvement du regard quand elle se redresse et lui laisse la place de le faire. Puis son regard trouve le sien, elle voit les yeux humides mais dont les larmes ne coulent pas, elle voit la douleur, celle de la réalité qui frappe sans répit, cruelle. Celle qu’Ohana parviendra à surmonter – peut-être pas toute seule, mais Lexie sait qu’elle y arrivera parce qu’elle la sait forte et persévérante.
Le front qui se presse contre le sien lui semble froid, tout comme ses mains. Les yeux bleus rencontrent ceux rougis par la douleur face à elle, et elle voudrait pleurer, pleurer pour Ohana qui se retient, qui démontre encore une fois sa force, mais elle se retient parce qu’elle n’est pas celle qui doit verser des larmes aujourd’hui. À la place elle prend ses mains dans les siennes et les embrasse, puis elle parle. Elle lui offre les murmures rassurants qui sont des cris de compassion et de soutien.
« Ca va aller. Tu es forte, tu es persévérante, et je sais que tu vas t’en tirer. Tu sauras trouver ta voie. Je sais que tu le sais. Et je veux que tu saches que des fois quand tu oublieras je serais là pour te le dire et te le rappeler et que je ferais tout pour ça. Que je serais là. Tu ne seras pas seule. » Personne ne devrait traverser ça seul. Surtout pas Ohana. « Pas tant que je… pas tant que je t’aimerais. »
Lexie lâche ses mains pour passer ses doigts dans les débuts de repousse des cheveux d’Ohana. Elle descend jusqu’à sa nuque et s’y tient, sans quitter son regard une seule seconde malgré les faiblesses de sa propre voix. Elle qui avait passé des années à s’isoler des sentiments des autres, à se protéger, elle avait laissé entrer O’ sans réfléchir, sans y penser et acceptait aujourd’hui de partager sa douleur pour l’alléger. Elle la soutiendrait coûte que coûte. Même si elle ne savait et ne comprenait pas tout - comme par exemple de qui Ohana parlait exactement.

C’est tellement bête de sa part d’avoir pu imaginer un seul instant vivre toute sa petite vie aux côtés de sa grand-mère. Parfois, elle oublie la loi difficile de la nature et se voit rappeler à l’ordre lors de violentes occasions. Ce n’est pas une naïve pourtant, elle connaît bon nombre de choses, est au courant des dangers qu’elle court dans son existence, mais la famille reste toujours ce coin de paradis qu’elle a forgé de ses idées et de ses rêves. Elle ne peut tout simplement pas accepter le fait qu’on la lui arrache comme ça, d’une manière aussi douloureuse et soudaine. Elle n’en revient toujours pas que Moana ait gardé ce secret pendant deux ans, gardant toujours le sourire lors de leurs rares retrouvailles. Elle lui en veut en un certain point mais en même temps elle a envie d’être là pour elle, ne pas la laisser seule.

La présence de Lexie l’aide à digérer tout ça mais parfois elle aimerait pouvoir être protégée par les trois femmes qu’elle aime profondément. Malheureusement, la nature humaine ne permet pas une parfaite harmonie, n’accepte qu’un amour partagé en se voilant la face en se laissant le bénéfice du doute. Elle sent les larmes se perdre sur ses joues, elle sent les murailles s’abattre les unes après les autres sans aucune chance de les retenir de ses bras frêles, faiblards. Elle n’a pas envie de partir, elle n’a pas envie de les abandonner, d’abandonner cette vie difficile ces derniers temps mais qu’elle aime de tout son cœur. Parce que quatre mois c’est long mine de rien, tant de choses peuvent se passer pendant ce temps. On peut oublier une personne, en rencontrer une autre. Elle a peur Ohana, peur que ses aimées en aiment d’autres en sont absence.

Elle se presse contre elle, elle perd son visage contre le sien, elle l’écoute, elle boit même ses paroles comme une fontaine de jouvence. Elle a besoin de réconfort, de se voiler la face elle-aussi. Les mots agissent comme un baume sur ses plaies béantes, ils soignent doucement les maux mais ne sont pas miraculeux pour autant. Mais il suffit d’une dernière phrase pour stopper l’hémorragie et lui faire redresser la tête, pour arracher le voile qui masque sa vue et enfin lui permettre de contempler le feu ardent qui brûle dans le regard de son aimée. Il est beau, vivant, flamboyant, une flamme nouvelle qui lui donne envie d’y brûler ses doigts. « Tu… » Sa voix se brise et elle doit reprendre son souffle, venant l’embrasser pour abreuver sa gorge sèche. « Tu m’aimes ? » C’est la première fois qu’elle l’entend de sa bouche et elle ne peut s’empêcher de frissonner.

Ce n’est pas une sentimentale Ohana, c’est vrai mais sa relation avec Lexie est parcourue de secrets, de non-dits alors l’entendre prononcer ces trois mois si précieux lui donnent l’envie de croire, d’espérer. Elle l’embrasse comme si sa vie en dépend, ses mains glissent le long de ses hanches et sa langue goûte au plaisir de la sienne mêlé à la saveur salée de quelques larmes qui se sont perdues là. « Merci Lexie… Merci Lexie de croire en nous, en moi… » Elle lui remet une mèche de cheveux derrière l’oreille et lui offre un sourire quelque peu maladroit. « Je t’aime et je te promets de revenir. » Elle l’entoure de ses bras et se laisse basculer dans le lit. Peut-être que c’est ça la solution, se fonder une nouvelle famille, connaître le bonheur de sa grand-mère. Même si sa mère est la pire des garces, sa grand-mère a connu un mari aimant et des enfants charmants. Peut-être qu’Ohana doit prendre le relais au lieu de regarder les années défiler comme si de rien n’était ?

La voix qui se brise n’a pas le temps d’inquiéter Lexie, déjà les lèvres d’Ohana viennent éteindre les flammes dangereuses pour ne laisser que l’amour flamboyant. Lorsqu’elle lui demande de confirmer, Lexie hoche simplement la tête, lentement, avec un sourire rassurant. Ses doigts caressent la naissance de sa nuque avec toute la douceur du monde pour glisser jusqu’à son dos et remonter de la même façon. Son regard se perd sur son visage juste avant que leurs lèvres s’unissent de nouveau comme si le sel qui s’y est glissé n’est déjà plus qu’un mauvais souvenir. Lexie la serre plus fort encore dans ses bras presque comme si elle voulait qu’elles se fondent l’une en l’autre pour que leurs corps imitent leurs cœurs liés par de puissants sentiments – au-delà des paroles et des non-dits, au-delà de ce qu’elles ont pu connaître jusqu’à ce jour.
Ses remerciements lui réchauffent le cœur et elle appuie sa joue contre sa main lorsque celle-ci passe pour remettre une mèche de cheveux à sa place. Elle sent la chaleur de sa paume et s’en délecte pour faire gonfler sa poitrine de ce qu’elle ressent. Elle en oublie presque la tristesse qui a provoqué ça, elle sent qu’Ohana est rassurée quelque part – pas guérie, certainement pas, mais au moins plus stable maintenant qu’elle a trouver un appui en sa personne.
Ce qui réellement fait battre son cœur c’est lorsqu’Ohana avoue à son tour ses sentiments. Ce qui était jusque là voilé apparaissait enfin au grand jour : elle l’aimait. Et à ce moment là ça ne comptait plus qu’il y ait d’autres personnes à qui elle puisse dire ces mots car Lexie savait qu’elle était sincère avec elle Et c’était tout ce qui comptait en cet instant, cette sincérité et ces sentiments partagés. Elle bascula avec Ohana dans le lit, regagnant avec elle les draps qui les cachent au monde.
« Oh, je sais que tu reviendras. Surtout après le super petit dej’ au lit que je vais te faire. Et s’il faut je viendrais jusqu’à Hawaï pour te le faire. »
Elle offre un sourire à son amante pour les déposer sur sa peau à l’aide de ses lèvres, petites marques d’amour et de bonheur, petites marques qui viennent effacer les douleurs. Ces baisers ne sont rapidement plus les seuls à offrir sur un plateau d’argent un moment de bien-être à Ohana : Lexie se laisse emporter par leurs flots pour graver en son être qu’elle n’est plus seule et le chant qui en résulte est la seule réponse dont elle a besoin. Le reste n’est que superflu, des marques dans son dos aux morsures contre son épaule. Le monde n’est plus que noir et blanc, vagues ondulantes de couleurs qui se rencontrent et s’écrasent sans qu’aucune force jamais ne puisse les séparer. Durant un long moment elles s’oublient l’une dans l’autre avant de se souvenir – leur existence d’une clarté soudaine.
Après avoir reprit leur souffle, Lexie se redressa et déposa quelques baisers contre son épaule.
« Reste là, je vais nous préparer des pancakes. »
Bien sûr ce n’était pas un ordre, et si elle le désirait elle pouvait tout à fait la suivre, mais pour le coup Lexie voulait vraiment lui faire plaisir en ramenant le petit déjeuner au lit. Elle n’était pas une experte quand il s’agissait de faire des pancakes, mais elle se débrouillait assez pour aimer s’en faire de temps en temps. Une fois dans la cuisine, elle commença à rassembler les ingrédients rapidement. Œuf, farine, lait, beurre et un peu de levure. Elle se mit aux fourneaux rapidement après avoir passé un tablier pour préparer la pâte, non sans jeter par moment des coups d’œil en direction de la chambre.
Lexie restait pensive concernant ce qu’elle venait d’apprendre, et un peu inquiète pour Ohana. Elle était une grande fille mais elle craignait de voir son moral sombrer, que ce soit dans les jours qui viennent ou lorsqu’elle sera loin. Elle aurait aimé pouvoir l’accompagner, mais ne se voyait pas l’envahir comme ça. Sa plaisanterie avait donc été autant une proposition sérieuse qu’une blague lancée au gré du vent. Elle verrait bien si la graine prendrait ou non, pour le moment elle avait un petit déjeuner à préparer.

Le regarde se visse au plafond alors que la respiration se régule peu à peu et que la peau se soigne de ces contacts sauvages. Les yeux fouillent, retournent la peinture si lisse comme si elle referme chaque réponse à toutes les questions qui tournent en boucle dans son esprit. Elle est fatiguée et se fait bercer par ce sentiment de béatitude que lui procure l’amour révélé de Lexie, elle a envie de sourire bêtement et danser jusqu’à en perdre son souffle, mais son cœur est lourd de la réalité qui l’attend, il faut qu’elle s’y prépare, elle le sait mais tente de l’oublier. Dans un grognement agacé, Ohana s’enroule dans les draps pour se saisir de l’oreiller de la brune et y plonger son visage. Son parfum devient son cocon et elle s’y prélasse avec délice, heureuse de posséder cette sensation de protection au creux de sa poitrine. Une envie idiote lui brûle le bout des lèvres, elle a réussi à la faire fuir des centaines de fois mais elle se demande si elle tient vraiment à la refreiner cette fois-ci.

Mais elle le sait, on ne peut convier une unique personne à rejoindre ce secret familial si précieusement gardé. Elle a songé mainte et mainte fois à un moyen de les emmener avec elle, mais elle ne le peut pas parce qu’elles ne peuvent comprendre, ne peuvent savoir ce qui tracasse ainsi l’Hawaïenne. Parce que par peur de se faire juger ou de perdre cette merveilleuse image de femme indépendante et souriante, Ohana a refusé de s’ouvrir aux autres concernant son passé, seule Dakota possède une poignée de pièces de puzzle mais elle la connait suffisamment pour savoir qu’elle ne dirait rien à personne, que père Castor sait garder les secrets. Son visage quitte l’oreiller et elle vient s’asseoir en tailleur sur le lit pour observer les alentours avec une attention toutefois distraite.

Ohana finit par se lever pour rejoindre la salle de bain, s’asperge le visage d’eau froide pour chasser ses idées noires et attrape son t-shirt pour le glisser sur elle, rejoignant la belle agente pour entourer sa taille de ses bras, son menton vient se poser sur son épaule. Ses yeux se ferment avec douceur et elle inspire profondément cette délicieuse odeur qui fait gronder son estomac. « Tu crois que tu peux me les emballer ? J’ai envie de me balader en ville avec toi avant de devoir filer à mes répétitions. » Parce que tête en l’air qu’elle est, Ohana a bien sûr oublié ses obligations professionnelles qui l’empêchent de tenir sa promesse de passer toute la journée en son agréable compagnie. Ses doigts dessinent des arabesques sur son ventre plat et parfait pour ensuite le griffer légèrement dans l’espoir de la chatouiller. « En tout cas ça sent vachement bon. »

Lexie peut l’entendre se lever et aller dans la salle de bain : l’appartement est grand mais elle est habituée à écouter les aller et venus. C’était une vieille, très vieille habitude qu’elle avait prise quand elle était encore jeune et presque innocente, quand elle était une victime. L’hypervigilance était quelque chose dont il était difficile de se débarrasser malgré les années.
Finalement Ohana la rejoint dans la cuisine et Lexie ne peut que sourire en sentant ses bras l’entourer et son menton se poser comme un oiseau sur son épaule. Elle tourne un peu la tête vers elle, le sourire toujours aux lèvres, et caresse brièvement son bras en se laissant à peine pencher en arrière. Elle ne voulait pas mettre trop de poids sur elle et risquer de les faire tomber toutes les deux.
Elle dépose un baiser contre sa tempe quand elle dit devoir couper court à leur journée ensemble au final et fait une petite moue. Elle retourne le pancake dans sa poêle et écoute la pâte grésiller en même temps qu’Ohana dessine sur sa peau. Finalement c’est le compliment qui fait pencher la balance, et la chaleur d’Ohana contre elle qui transperce encore sa peau jusqu’à son cœur.
« Le lit aurait été plus confortable, » plaisanta-t-elle, « mais oui, je peux faire ça. On peut même tous les prendre pour aller manger dans un parc pas loin de ton travail, comme ça tu n’auras pas à te presser. »
Et puis elles pourraient s’asseoir dans l’herbe et discuter tranquillement, ou juste profiter de passer du temps l’une avec l’autre.
Ohana partait bientôt pour quatre longs mois, et aussi vite ceux-ci passeraient-ils, Lexie voulait se gorger de la présence de sa belle jusqu’à la dernière goutte, jusqu’à n’en plus pouvoir.

Elle plaça le pancake dans l’assiette à côté d’elle et mit de la pâte pour en faire un nouveau, se tournant ensuite dans les bras d’O pour la regarder, ses bras venant entourer sa nuque.  Son regard trouva celui sombre, plein des mystères et des secrets de son aimée. « Pendant que je finis de les préparer tu veux bien me sortir de quoi les ranger ? Et j’ai une couverture en feutre dans un placard, si tu veux. » Pour ne pas risquer de salir leurs vêtements, même si honnêtement Lexie s’en fichait bien de ça.
Elle lui vola un baiser rapide et retourna ensuite à sa préparation ; elle ne voulait pas brûler leur petit déjeuner. Elle termina sa préparation rapidement et mit tout dans un tupperware, puis elle prit de quoi tartiner les pancakes avant de jeter tout ça dans un sac. Ohana pourrait le prendre puisqu’elle aurait besoin de s’accrocher à Lexie sur la moto.
Et elle irait vite, sur sa moto, pour aller jusqu’au parc où elle passerait chaque précieuse seconde à admirer et aimer Ohana.

Les bras s’enroulent autour de son cou et répandent une délicieuse chaleur dans son corps, un contact rassurant dont elle ne se lassera jamais, enfin elle l’espère, ce n’est pas une fille très sérieuse Ohana, elle a tendance à se laisser porter par le vent et à ne pas faire de promesses. Mais elle vieillit, elle le sait et ne veut pas se retrouver toute seule à force de trahir, quitter de droite à gauche sans prise de têtes. Elle en perd des bonnes personnes à faire ça mais c’est toujours plus fort qu’elle, ce sentiment de liberté est vital, fait battre sa poitrine et lui permet de maintenir un équilibre suffisant pour lui apporter une vie riche en émotions. Mais Lexie est différente, elle ne ressemble à aucune de ses conquêtes et ne semble pas se laisser faire, à ne pas jeter l’éponge en un claquement de doigts. Elle est une saveur nouvelle sur le bout de sa langue, presque une drogue certes moins enivrante que celle de la blonde mais qui peut facilement la rendre dépendante, elle le sait.

Le baiser la fait frissonner et elle s’en abreuve dans un sourire, ses mains jouant un peu avec sa peau douce pour la taquiner. Quatre mois ce n’est pas une petite période et elle a peur de regretter sa vie ici, de regretter la présence de ses amantes dans ses draps, des baisers et des éclats de rires. Elle n’aime pas être seule Ohana, elle déteste ça, c’est presque une phobie et le départ de sa grand-mère pour un nouveau monde risque de la chambouler plus que de raison. « Je te fais ça. » Elle se détache pour se mettre à fouiller les placards sans de trop grands repères. C’est avec un succès miraculeux qu’elle met la main sur une boîte en plastique qu’elle pose à côté du plan de travail. Dans un sourire tranquille mais quelque peu triste, elle la regarde cuisiner, admirant sa silhouette pour en retenir les moindres contours, détails.

Elle sait que ce repas dans le parc sera le dernier avant qu’elle ne parte, elle sait qu’elle va en profiter jusqu’à la dernière seconde. Elle n’aura pas peur de venir chercher sa présence, de venir rire et jouer avec elle sous les regards curieux des passants et des gens qui se seront installés dans les alentours. Elle ne s’est jamais cachée Ohana, elle assume sa sexualité et ses différences au n’importe quel prix. Après un rapide baiser sur la tempe de Lexie, elle s’en va se préparer pour de bon. Elle veut se dépêcher parce que le temps leur est compté et mine de rien c’est assez effrayant. Elle sait qu’elle va rentrer un jour, elle ne sait pas exactement quand mais elle refuse de rester sur cette île. Sa vie, son cœur, sa famille est ici, elle ne les abandonnera jamais pour rien au monde.