Hard Feelings | Zelana

Je crois que c’est la première fois que je sens mes sentiments aussi confus. Faire l’amour après une dispute, ça m’est déjà arrivé, faut dire qu’avec Zora, on s’engueulait souvent et ça finissait parfois de cette manière, lorsqu’aucune de nous deux n’avait de moyen d’échappatoire. Mais là, c’est encore autre chose, que je suis incapable de qualifier. Ce qui me lie à Ohana n’a pas d’équivalence, rien de ce que j’ai pu vivre ne ressemble à ce que je peux partager avec elle. C’est un amour différent, plus mature, peut-être plus profond en un sens, et il me consume de jour en jour, au point de me montrer jalouse pour la première fois de mon existence. Ce sentiment dont je me pensais exemptée. Tu parles.

Une nouvelle énergie gronde en moi, et je montre à Ohana une nouvelle facette de moi, une partie plus sauvage. Je ne sais pas si ça lui plaira, après tout, je n’y réfléchis pas, je me contente d’être moi même, de me laisser aller à mes pulsions les plus intimes. La brune semblait vouloir dire quelque chose mais je la coupe immédiatement en m’emparant de ses lèvres comme pour ne surtout pas rompre ce moment par un quelconque mot. Les dents de ma belle se referment sur ma lèvre et je peux sentir mon coeur tambouriner à cet endroit précis. Je n’ai envie que d’une chose présentement, ne faire qu’un avec elle, lui faire oublier tout le monde autour, qu’elle ne soit plus concentrée que sur moi, moi et moi seule.

Chacune notre tour, nos dos épousent les murs du couloir menant à ma chambre, nos épaules se cognent contre ces derniers, nos bouches fusionnent et nos mains deviennent plus aventureuses. Je connais son corps par coeur et pourtant j’ai cette envie de le découvrir à nouveau comme s’il s’agissait de la première fois. Notre course s’immobilise pour le moment contre la porte de ma chambre et je viens mordre la peau de son cou, actionnant la poignée pour nous guider à l’intérieur. Je la pousse jusqu’à mon lit - heureusement que Blue avait choisi de dormir sur la mezzanine - et m’empare de ses mains que je viens bloquer dans son dos. Je sais qu’elle a plus de forces que moi malgré ma taille qui la surplombe de quelques bons centimètres. Pourtant je tiens fermement ses poignets dans son dos, nos corps l’un contre l’autre et nos regards imbriqués. Est-ce qu’elle laisse les autres filles faire de genre ce chose alors qu’elle me laisse aisément comprendre que personne ne la mettra jamais en cage ? Loin de moi l’idée ni même l’envie de lui couper les ailes, mais j’ai ce besoin inavouable de me sentir unique à ses yeux, bien qu’elle m’ait fait comprendre le contraire tout à l’heure.

La porte céda sous elles et Ohana se laissa guider par Zelda. Elle était venue peu de fois dans sa chambre, juste le temps de venir l’embêter quand elle se sentait seule ou qu’elle venait lui dire que le repas était prêt. Mais cette fois-ci il n’était pas question de simple visite innocente, bien au contraire, elle marquerait les lieux de sa présence fougueuse, au diable Blue elle ne le saurait sûrement jamais. Ses mains étaient ainsi liées dans son dos et elle regrettait l’absence de talons à ses pieds, elle aimait la surplomber de sa présence, hélas mère nature n’avait pas été agréable avec elle.

Mais elle ne tenta pas de s’échapper sur le coup, l’affronta d’un regard provocateur puis l’embrassa une nouvelle fois, se libéra pour la jeter sur le lit dans un sourire carnassier. Elle lui grimpa dessus, ses doigts s’enroulèrent autour de ses poignets pour les plaquer contre le matelas, ses lèvres dévorèrent son cou dans un grognement bestial impatient. Elle découvrait quelque chose de nouveau, de fougueux qu’elle n’avait jamais pensé possible en sa personne et pourtant la voilà qui souhaitait la clamer sienne sans la moindre vergogne. « Tu veux me dominer hm ? » sa voix vibrait d’un désir brûlant. « Try me. » susurra-t-elle dans le creux de son oreille avant de mordre son lobe.

Se complaisait-elle de situation ? Elle avait envie de dire que oui, la Zelda qu’elle découvrait au fil des minutes lui laissait explorer un autre pan de leur relation. Ce n’était pas pour autant qu’elle aimait se faire dominer, elle aimait la bataille pour la dominance, mais jamais elle ne s’avouerait perdante.

Mon regard la défie, et elle ne cherche pour le moment pas à se défiler sous mon emprise. Emprise que je sais fugace. Et alors qu’elle me prend par surprise en venant s’emparer de mes lèvres, je n’ai pas le temps de prendre une nouvelle inspiration que déjà les rôles sont inversés, je me retrouve à tomber sur le lit et bloquée par le corps de la brune. Un souffle s’échappe de ma bouche, presque mêlé à un gémissement venant droit de mes entrailles. Poignets bloqués au dessus de ma tête à même le matelas, je me retrouve prise à mon propre piège. Je grogne un peu et plisse les yeux, menaçante. Dans un moment différent, j’aurai sans doute ri, je lui aurai fait les yeux doux ou l’aurai supplié de ma voix charmeuse pour qu’elle me libère sur le champs. Mais ce soir, je ne suis pas cette Zelda là, je ne suis pas cette fille mielleuse qui glousse aux blagues de sa belle et se laisse faire peu importe les envies de cette dernière.

« Tu veux me dominer hm ? » Mon visage est fermé, presque menaçant malgré la boule de chaleur qui gronde dans mon bas ventre au contact de son bassin si proche du mien. « Try me. » me dit-elle au creux de l’oreille avant de mordre le lobe de cette dernière, me faisant frissonner sans ménagement. Je gémis en sentant cette vague de désir s’emparer de moi, mais je ne la laisserai pas faire. « Possède-moi… » Deux mots et j’ai le droit à son regard brûlant, juste assez pour la désarçonner et reprendre l’avantage. D’un geste habile je retourne la position et remonte mes genoux sous ses cuisses tout en gardant cette proximité de nos corps qui pourrait bien avoir ma peau incessamment sous peu. Mes doigts se lient aux siens et avec un peu plus de force je parviens à l’immobiliser. « Est-ce que tu la laisses te maîtriser elle ? » C’est plus fort que moi, j’ai besoin de savoir, de sentir que personne d’autre que moi sera plus important à ses yeux ni même dans son coeur. Qu’elle ressente le besoin d’aller voir ailleurs, peu importe. Mais que personne ne prenne une place plus importante que celle que j’ai pour elle.

Je lâche finalement ses mains pour glisser les miennes entre nos corps et déboutonner à la hâte son pantalon, faisant pression de mon corps pour ne pas qu’elle m’échappe. « Est-ce qu’elle te donne autant de plaisir que moi ? » Ma main s’insinue dans son sous-vêtement pour partir à la rencontre de son intimité et je sens immédiatement à quel point ce petit jeu de rapport de force la rend aussi folle que moi. « Oh gosh… »

Possède-moi. Ohana fut surprise de ces quelques mots et eut la bêtise de se redresser pour la fixer intensément, pensant que la blonde n’allait pas céder si souplement et pourtant… Elle ravala ses pensées aussitôt et grogna de frustration en se sentant ainsi piégée, elle ne niait cependant pas le fait que son bassin ronronnait de plaisir en la sachant collée de cette façon contre elle. Une envie de trêve fleurit dans son esprit mais se fana sans le moindre soupçon d’avenir, elle attaquait de nouveau sur le sujet de la seconde blonde, Ohana sentit son sang s’échauffer davantage dans ses veines, il fallait qu’elle se contrôlât, on ne pouvait pas la dominer de la sorte, elle ne se laissait dominer par personne, même les dieux ne pouvaient dompter sa personne. Contrôle, le mot fit écho au reste de ses pensées.

La seconde question donna le coup de grâce et la mit hors d’elle en un claquement de doigts. Un gémissement traître s’échappa de sa gorge quand elle la sentit se glisser dans le plus mystérieux de ses secrets et se mordit la lèvre pour faire taire son désir affamé, elle ne céderait pas. Et même si une aprtie d’elle était prête à s’offrir pleinement à la blonde, une autre hurlait à la vengeance. Il n’était plus question de la jouer loyale, la raison du plus fort était toujours la meilleure. Elle lutta contre la faiblesse de son plaisir et se redressa sur un coude pour se saisir furieusement de ses lèvres, sa seconde main se libéra dans la foulée et les voilà qui revenaient toutes deux sur un même pied d’égalité.

Dans un grognement impatient, Ohana se fit nouvelle impératrice des lieux et retira le foulard qui lui servait de ceinture pour lier les mains de Zelda entre elles. Elle n’avait jamais fait ça à personne, mais la voilà poussée dans des extrêmes qu’elle rencontrait à peine, ses dents mordaient son cou allant même jusqu’à la marquer à la naissance de sa nuque et de ses doigts habiles, elle noua le peu de tissu qui lui restait au lit. Méfait accompli. Ses lèvres voyagèrent de son cou jusqu’à sa bouche qu’elle dévora avec le même appétit. « Personne ne me maîtrise Zelda Kennedy. »

Je sais bien qu’Ohana ne me laissera pas gagner, elle a ce besoin perpétuel de contrôler, de ne jamais se laisser écraser ou dominer. J’avais juste le besoin enfoui de savoir si elle laissait d’autres que moi la dominer, hommes ou femmes d’ailleurs, alors qu’elle fait de moi sa chose, sans ménagement. Je ne m’en suis jamais plainte, j’aime être cette petite chose fragile entre ses bras, qu’elle me protège, qu’elle me chouchoute. Mais une partie de moi avait seulement besoin de vérifier qu’elle ne laissait pas quelqu’un d’autre prendre cette place plus importante que la mienne. C’est peut-être juste une bataille d’ego, ou peut-être simplement que mon amour pour elle est si fort que j’ai juste peur de la perdre alors qu’elle ira se consoler dans d’autres bras plus intenses que les miens.

Je me rassure en glissant ma main dans son sous-vêtement et le fait qu’elle se morde la lèvre en retenant un gémissement. Mais avant que je n’ai le temps d’aller plus loin, elle vient furieusement s’emparer de mes lèvres et je la laisse faire sans plus me battre. Je ne vois pas venir la suite et me retrouve déjà poignets liés accrochée au lit. C’est la première fois qu’on joue à ce jeu aussi différent qu’excitant. Je souffle en sentant les dents de la brune mordre mon cou et me cambre sous le désir qui fait rage en moi. « Personne ne me maîtrise Zelda Kennedy. » me confirme-t-elle entre deux baisers. C’est la première fois que nous avons ce rapport de force plus bestial. Jusqu’à aujourd’hui, nos échanges étaient plutôt doux, bien que passionnés. Je ne saurai dire si j’aime ça ou non, parce que tout mon être est aveuglé par le désir qui gronde en moi. « Ton coeur non plus ? » que je lui demande presque innocemment en plongeant mon regard intense dans le sien. Personne ne la maîtrise, d’accord. Mais est-ce que son coeur est d’accord ? Est-ce que lui ne saura pas reconnaître le vrai du faux. Loin de moi l’idée de la dominer, je sais que j’en suis incapable et qu’elle ne se laissera jamais faire. Mais son coeur lui, ne peut-il pas être assailli, dominé, pendant que son corps lui cherche à se défendre d’une quelconque attaque extérieur. « Je t’aime. » Je n’avais pas besoin de le dire, mon regard s’en chargeait pour moi, mais j’en ai eu envie. Et sans attendre, je viens chercher ses lèvres en soulevant ma tête, et je viens entourer mes jambes autour d’elle pour ne surtout pas qu’elle s’échappe en me laissant là attachée au lit.

Elle était à sa merci, bon nombre de personne se délecterait de cette situation et en profiterait un maximum pour assouvir leurs envies les plus enflammées, mais ce n’était pas Ohana, ce n’était pas sa façon d’aimer les autres malgré ce torrent de rage qui éclaboussait chaque pensée présente dans son esprit. Elle regrettait déjà cette idée de l’avoir ainsi attaché pour connaître un bref instant de paix. Mais elle n’était pas égoïste et elle ressentait cette nouvelle envie qui s’était échappée de son être pour ainsi la frapper et ainsi nouer des fils pour la faire devenir le pantin des ses désirs. Elle ne s’en plaignait pas, toujours exaltée à l’idée de pouvoir répondre au moindre de ses souhaits, d’être celle qu’elle désirait le plus au monde.

Son cœur. Ce dernier battait follement dans sa poitrine, jamais personne n’avait su s’en saisir, Célia l’avait frôlé du bout de ses doigts, Lexie commençait à en trouver le chemin. Zelda ? Zelda le possédait entièrement au creux de ses mains et pouvait ainsi le détruire d’un simple claquement, mais jamais elle ne lui avait dit, par peur de lui donner trop de pouvoir sur sa personne, ce besoin de contrôle était omniprésent. Les mots d’amour la frappèrent la cavalerie d’un seigneur et affaiblirent les rangs fantassins de la colère qui battirent en retraire dans des cris effrayés. Ohana en eut le souffle coupé et sentit une unique larme rouler le long de sa joue pour s’écraser sur la silhouette de son amante et aimée.

Le baiser banda les plaies ouvertes et elle s’y abandonna à cet élixir enivrant, à cette drogue dont elle ne pouvait plus se passer. Ses lèvres étaient le démon de l’envie, celui qui la guettait à chaque fois qu’elle la croisait, celui qui lui faisait prendre des risques alors qu’elles n’étaient pas seules dans cet appartement. Jamais personne ne lui avait donné envie de tenter ainsi le diable. Ses mains arrachèrent sans la moindre compassion le t-shirt de Zelda pour couvrir sa peau de baiser, une de ses mains griffant tendrement son ventre alors qu’elle se perdait dans son cou. Puis le fantôme de sa bouche flotta au-dessus de la sienne, sa main s’était aventurée plus bas encore, se glissa sous le tissu de sa culotte. « Tu le possèdes déjà. » Un murmure qui brisa le silence.

Sept lettres, suffisante pour calmer toutes les ardeurs, panser les plaies, adoucir les meurs. Trois petits mots sortis du coeur pour simplement lui dire ce qui peut se passer en moi. Mes jambes s’accrochent à elle pour la maintenir au plus proche de moi, dans la peur sans doute qu’elle s’échappe et qu’elle me laisse là sans demander son reste. J’en mourrai de colère et de chagrin je crois, surtout avec mes derniers aveux. Les mains de la brune se débarrassent de mon t-shirt et je soupire en sentant un vent de fraicheur balayer mon ventre avant que ma belle ne vienne le réchauffer de ses mains brûlantes et ses baisers ardents. Comme si chaque parcelle de mon anatomie avait droit à sa part de caresse, sans compter sa descente vers le sud pendant que ses lèvres s’attardent sur mon cou, mes lèvres. Ses doigts cherchent la chaleur de mon entre-jambes et je soulève mon bassin pour appuyer la pression de ce contact. « Tu le possèdes déjà. » Je ferme les yeux un instant, le souffle plus court, et me sens frissonner sous les mots de la brune. Je possède son coeur. Je crois que ces mots sont plus puissants encore qu’un simple ‘je t’aime’, même prononcé avec la plus belle des forces qui nous est donnée.

Je réouvre les yeux pour la regarder, mes pupilles dilatées, et je la couvre d’un regard plus amoureux que jamais. Je reviens alors chercher ses lèvres pour sceller nos âmes l’une à l’autre dans un nouvel élan d’amour indescriptible. « Détache-moi » que je lui demande dans un souffle entre deux baisers. « J’ai envie de te toucher… » De la caresser, de la posséder un peu plus encore, sans rien dire, comme un baiser volé, comme dérober quelque chose qui ne nous appartient pas mais qu’on voudrait à nous pour l’éternité. Je ne parviens pas à me séparer de ses lèvres, je voudrais pouvoir en profiter jusqu’à la fin de mes jours. Je ne sais pas ce qu’il adviendra de nous, mais je me dois d’en profiter un maximum. Parce que je suis raide dingue de cette fille, sans aucun doute.

Elle ne pouvait plus reprendre ses mots et prétendre qu’ils n’avaient jamais existé, elle s’était jetée à l’eau et devait s’y résoudre. Mais elle ne regrettait rien, au contraire là voilà détachée d’un poids qu’elle avait jugé si lourd, maintenant elle savait et c’était tout ce qui comptait. Sa main se fit plus caressante contre elle au fur et à mesure qu’elle se perdait dans ce baiser, il n’était plus question de sauvagerie, elle savait cette armée anéantie au fond d’elle-même. Un sourire se leva sur ses lèvres comme le plus beau des aurores et la jeune femme se redressa pour glisser ses doigts sur le tissu qu’elle défit sans le moindre mal, il fut jeté plus loin comme le mauvais souvenir d’une dispute.

Son regard revint immédiatement chercher celui de Zelda alors qu’elle était ainsi assise en califourchon au-dessus d’elle. « Tu es accro chérie… » plaisanta-t-elle en retirant son propre haut pour le jeter plus loin, laissant ainsi sa peau être dévorée par les yeux de sa belle. Dans un souffle heureux, elle se pencha au-dessus d’elle, une main agrippée à sa crinière de parfaite lionne qu’elle avait domptée de par ses douces paroles. « … Et tu es la meilleure des drogues. » Elle embrassa son front et se glissa parfaitement contre elle, emboîtant leurs corps malheureusement encore habillés. Ses doigts dessinèrent des mots contre sa peau dans des caresses lentes emplies d’une énergie douce, amoureuse.

Absorbée par cet amour qui les avait enfermés dans un monde qui n’appartenaient qu’à elles, Ohana ne fit pas attention aux petits bruits de la vie quotidienne. Et pourtant alors qu’elle couvrait ce corps de baisers voluptueux, on vint frapper à la porte pour l’ouvrir dans la volée. Là, seulement à cet instant, elle reconnut la voix enjouée d’Avalon et poussa un glapissement de surprise, ayant le réflexe de s’étaler de tout son long sur sa petite-amie dans une tentative de la cacher. Puis la porte se referma et elles furent de nouveau seules. Ohana fut prise d’un fou rire alors qu’elle serra Zelda contre elle. "Merde c'était pas prévu ça."

J’ai besoin de pouvoir la caresser, la toucher, je me sens étriquée et affaiblie face à elle dans cette position de totale soumission. Elle me domine, ça a toujours été, mais je n’aime pas être comme ça dans une totale impasse et ne rien pouvoir tenter face à elle. « Tu es accro chérie… » Voilà qu’elle s’amuse davantage en retirant son haut pour s’offrir à mon regard. Je grogne de frustration et ma respiration s’accélère encore davantage. « … Et tu es la meilleure des drogues. » Le corps de la brune vient épouser le mien, nos poitrines se rencontrant dans une danse lascive et enivrante. Je souffle toute la frustration qui m’anime et me laisse dévorer par ses baisers et ses caresses.

Mon esprit n’est plus que capturé par cet instant de partage, je cherche à tout prix le contact de sa peau, de ses baisers, et n’entends pas les quelques coups frappés à la porte de ma chambre. C’est en voyant la lumière entrer d’un seul coup et en entendant la voix de notre colocataire que je prends conscience de ce qui arrive. Ohana se jette sur moi pour une raison qui m’échappe et la porte se referme avant que mon rire ne trouve écho dans celui de la brune encore étendue contre moi. « Merde c'était pas prévu ça. » Amusée, je secoue la tête et plonge mon regard dans le sien. « Je crois que ça sert plus à rien de se cacher maintenant… » Je lui souris et étire mon cou pour venir l’embrasser langoureusement, jouant de ma langue sur ses lèvres pulpeuses. « Fais-moi l’amour maintenant avant que je hurle au scandale… » Un murmure contre ses lèvres, et mon regard chargé de désir s’ancre au sien. Je n’ai plus envie de réfléchir, plus envie de me battre, plus envie d’avoir peur de la perdre. Tout est éphémère et je fais le choix de profiter de chaque instant qu’elle voudra bien m’offrir. Parce que chaque chance est unique.

Le fou rire nerveux s’estompa une fois le sentiment mis sur des mots, ou les mots mis sur les sentiments – gêne et confusion d’avoir été interrompue de cette manière, pas par pudeur mais par ennuie de voir leur relation révélée ainsi. Ohana aimait dire les choses elle-même avant qu’elles n’explosent au grand jour, c’était toujours la meilleure façon de gérer les relations même amicales, la base de la survie quand on était polyamoureux.Elle rendit son regard à Zelda une fois redressée sur une main, un coude encore posé contre le matelas douillet. C’est vrai que ça ne servait plus à rien de se cacher maintenant, mais il fallait tout de même mettre les choses au clair avec Avalon à ses yeux.

Ohana essaya malgré tout de revenir à l’état précédent, une décharge descendant dans son bas ventre aux paroles de la blonde en-dessous d’elle. Faire l’amour. C’était encore nouveau sans l’être, et ça avait un goût qu’Ohana avait envie de redécouvrir éternellement, passionnément«Madame est exigeante,» répondit-elle dans un sourire. Elle cueillit ses lèvres comme un fruit frais – une fraise gourmande qui lui donnait envie depuis trop longtemps – et écarta ses lèvres pour effleurer sa langue de la sienne dans un jeu qui n’amusaient que les participantes. Mais elle avait envie de goûter autre chose, son cou, ses clavicules, ou du moins la chaleur de la chair sous ses dents gourmandes.

Mais pas assez gourmandes. La volonté n’y était pas, quelque chose allait à l’encontre de ses instincts. C’était comme plonger dans l’eau glacé un soir d’été. On ne s’en relevait pas comme ça. Ohana appuya ses mains sur les épaules de sa belle pour prendre ses distances contre tous les cris de son corps. « Désolée, je peux pas, c’est passé. » Elle se glissa sur le côté, tournant le dos à Zelda. Elle était trop divisée par ce que son corps, son cœur et son esprit lui disait pour être en mesure de n’écouter que son corps, et lorsque celui-ci n’était pas au premier plan, prendre son pied devenait difficile.

Je ne m’attendais pas à ce que nous soyons dérangées par la visite d’une des filles de la coloc, et j’avoue que ce fou rire partagé avec Ohana me fait du bien, malgré tout, comme s’il était une éponge sur une ardoise. «Madame est exigeante» me dit-elle souriante, et je viens chercher ses lèvres pour partager avec elle un baiser langoureux, et je cherche à faire revenir l’envie qui nous animait un peu plus tôt. Je sais mieux que personne à quel point l’envie peut-être fugace, et qu’elle peut s’évaporer d’un moment à l’autre, en une fraction de seconde.

Je sens bien que le désir de ma belle n’est plus ce qu’il était il y a quelques minutes et malgré ses baisers langoureux, l’envie n’est plus. « Désolée, je peux pas, c’est passé. » Elle s’éloigne et me tourne même le dos. Je soupire un peu, pas pour montrer mon désespoir mais surtout pour moi-même. « Tu veux bien me libérer quand même ? » Je tente un petit rire mignon et la laisse défaire les liens qui retenaient mes poignets aux barreaux du lit. « Tu restes avec moi ? » Je viens me lover dans son dos, mon corps épousant le sien, et je glisse ma main au niveau de sa taille pour la laisser reposer sur son ventre. En silence, je dépose un simple baiser sur son épaule nue et dessine du bout de mon nez quelques petites arabesques invisibles sur son épiderme, avant de reposer quelques baisers. Mon visage finalement enfoui dans son cou, je ferme les yeux, tentant au maximum de faire taire mon esprit qui cherche encore à me rendre folle.