Welcome to Burlesque | Lexie

Les taquineries durant le trajet restèrent bon enfant, entre les plaisanteries et les sages découvertes tactiles. Lexie appréciait l’ouverture de sa compagne, son absence de crainte face à la proximité qui prenait forme entre elles. Et ça semblait n’aller qu’en s’améliorant.
À peine sorties de la voiture, Lexie se fit entraîner contre Ohana, provoquant un léger rire chez elle. Elle appréciait les premiers pas, autant littéraux que figuratifs, qu’accomplissait la danseuse. La musique qui retentissait dans la rue fit sourire Lexie « Tant que ça te dérange pas de me sacrifier tes pieds ! » Malgré l’avertissement, elles firent quelques pas ensemble. L’agente laissa Ohana mener la danser, lui faisant entièrement confiance sur ce point après avoir eu la démonstration sur scène.
Malheureusement, leur petite danse prit fin bien vite, au pied de l’immeuble de Lexie.

Elle se redressa et rit un peu à sa question avant de pointer l’immeuble du doigt, ainsi que le dernier étage où on pouvait entrapercevoir un balcon.
« Ici. Allez, viens. »
Elle serra sa main, gardant leurs doigts liés alors qu’elle entrait dans l’immeuble après avoir passé un badge. Elle ne prit pas la peine de vérifier son courrier, avançant tout droit vers l’ascenseur d’un pas léger. Elle profita de l’attendre pour taquiner un peu Ohana, donnant un léger coup d’épaule avant d’essayer d’esquiver des représailles, gloussant un peu comme une adolescente fière de ses bêtises.
« Oh, Lexie, » fit d’une voix chevrotante la vieille dame qui venait d’apparaître avec l’arrivée de l’ascenseur, son panier à roulette derrière elle. « Encore avec une nouvelle amie ? Tu es tellement sociable comme jeune fille, mais tu devrais songer à trouver un mari tu sais ? »
Lexie s’écarta du chemin pour la laisser passer.
« Madame Collins, je suis gay.
- Moi aussi je suis toujours joyeuse quand je suis avec mes amies. On joue au backgamon tous les mardis.
- Bien sûr Madame Collins, » dit Lexie en s’éclaircissant la gorge pour étouffer un rire. « Nous on doit y aller, bonnes courses. »
Lexis attrapa Ohana par-dessous le coude et l’entraîna dans l’ascenseur à sa suite.

Elle attendit que les portes soient fermées avant de commencer à rire, bien qu’elle essaye toujours de l’étouffer, contenant très mal son fou rire en partie à cause de l’alcool.
« Désolée, c’est madame Collins. Elle est un peu vieille école, je crois qu’elle ne se rend pas compte que la moitié de l’immeuble est LBGTQ+. »
Elle se redressa une fois son rire calmé et regarda Ohana dans les yeux. Pour sa part, elle avait l’habitude et savait que la vieille dame ne voulait de mal à personne, mais pour d’autre ce pouvait être plus difficile à vivre. Elle doutait toutefois que ce soit le cas d’Ohana. Son regard dévia sur les traits de son visage, traçant ses pommettes jusqu’à ses lèvres qu’elle aurait volontiers dévorées, si ça n’avait pas été pour l’ascenseur qui sonnait leur arrivée. Et les potentielles questions d’Ohana sur les autres ‘amies’.

Elle aimait tenir sa main dans la sienne, ça instaurait une complicité qu’elle appréciait déjà grandement. Ohana s’attachait vite et il n’était pas rare qu’elle s’accrochât à une personne en une poignée d’heures seulement, elle s’était déjà réfugiée en la présence de Lexie. Elle la suivit dans un sourire et s’introduisit dans le hall de l’immeuble, jetant un rapide coup d’œil à la décoration. C’était beau, beaucoup plus beau que son hall d’immeuble à elle puis elle ne devait pas avoir de voisin chiant qui tentait de l’assassiner à chaque fois qu’elle rejoignit son appartement. Elles attendirent devant l’ascenseur et Ohana glapit de surprise au coup d’épaule, riposta mais échoua dans sa tentative, une moue déçue se dessina sur son visage.

L’ascenseur fit son arrivée et Ohana arqua un sourcil quand elle vit une petite silhouette à l’intérieur. Depuis quand les vieux étaient encore debout à cette heure-ci ? Ca devait être une fantôme ou le concierge, un truc dans ce genre-là. « Bonsoir. » lâcha-t-elle poliment et étouffa un rire dans sa main face à l’échange qui prenait place en face d’elle. Je suis gay, elle espérait bien qu’elle l’était ! Les vieux étaient si mignons à être aussi naïfs, elle n’avait rien contre eux à ce sujet-là, ils avaient vécu dans une période où on faisait l’apologie du modèle patriarcal après tout.

Ohana se laissa emporter à sa suite dans un rire presque innocente « Y’a pas de soucis, c’est une vieille mignonne. » Elle plongea son regard dans le sien et vint se saisir de sa main pour l’attirer à elle-même si leur petit voyage touchait à sa fin. Ses yeux, god ses yeux, elle se noierait volontiers dedans sérieusement. « J’ai cru comprendre que tu étais le genre de filles à aimer les coups d’un soir ? » Il n’y avait aucun jugement sans sa voix, seulement un constat alors qu’elle quittait l’ascenseur, toujours aussi proche d’elle.

Lexie apprécia le fait qu’Ohana ne se vexe pas, elle sourit même, un peu rassurée. Le courant passait bien, elle n’avait pas envie que les choses soient gâchées par une vieille personne qui ne faisait que passer sans savoir. De la même façon, elle apprécia qu’elle reprenne sa main, même si leur nouvelle proximité ne put pas durer puisque l’ascenseur arrivait. Lexie ne fut guère déçue : ce n’était pas la dernière fois qu’elles seraient proches ce soir si tout se passait bien.
La question gênante tomba malgré tout et de sa main libre Lexie se frotta la nuque. Hm. Elle n’avait pas honte d’avoir des relations purement physiques avec des filles, mais elle ne voulait pas non plus qu’Ohana pense qu’elle n’était jamais sérieuse.
« Oui, ça m’arrive. Mais parmi les filles qu’a vu madame Collins il y en avait aussi qui n’étaient vraiment que mes amies. Et toutes n’étaient pas des coups d’un soir. » Elle s’éclaircit la gorge. « Mais je ne suis pas sûre que ce soit des sujets faits pour un premier rendez-vous, » plaisanta-t-elle alors qu’elle insérait sa clef dans la porte de son appartement.
Elle poussa la porte une fois celle-ci déverrouillée et laissa Ohana entrer la première.

L’entrée disposait d’un porte-manteau et d’une petite étagère fixée le long du mur, où elle avait posé un bol où elle jetait ses clefs sans vraiment y penser. On arrivait directement dans la pièce principale : un large salon confortable, avec un canapé, un fauteuil et deux pouf entouraient une table basse et faisaient face à un téléviseur – sans oublier un petit espace salle à manger. Des guitares étaient posées sur un pied pour les tenir debout, une acoustique, une folk et une électrique, un ampli trônant non loin sur lequel était posé des câbles et des feuilles de musique volantes. La cuisine n’était que partiellement séparée du salon, un comptoir seul faisant la séparation. Les meubles étaient d’apparence moderne et la pièce bien éclairée donnait sur un balcon envahi de diverses plantes.
« Bienvenue dans mon humble chez moi. »
Lexie retira sa veste pour la pendre avant d’avancer vers la cuisine, déposant son sac sur le comptoir avant d’aller chercher deux verres à whisky.
« Si jamais tu as besoin de te rafraîchir la salle de bain est au fond à droite et les toilettes juste à côté. » Elle posa les verres sur le comptoir. « Pendant ce temps je peux nous servir le whisky et un peu de quoi grignoter, » offrit-elle.

Il sembla qu’il s’agît de l’instant des révélations, une petite peur qui pinça le cœur de l’hawaïenne qui se demandait si elle ne devait pas sauter sur l’occasion pour lui avouer qu’elle était ce genre de personne à en aimer plusieurs en même temps ? Elle ferait mieux d’écouter d’abord ce qu’elle avait à dire avant de se jeter ainsi dans la gueule du loup.  Ses dents attaquèrent sa lèvre inférieure quand elle la vit se confondre dans des explications un peu brouillon, Ohana se fichait bien de savoir à quelle fréquence elle effectuait sa cardio dans la semaine, elles étaient tout deux des femmes libres, elles n’avaient pas besoin de se justifier. Il avait seulement s’agit d’une question de pure curiosité et non de jugement. « Tous les sujets sont bons pour un premier rendez-vous. » répliqua-t-elle dans un sourire en se glissant dans l’appartement.

Et alors qu’elle retirait doucement sa veste, son regard se jeta dans le nouveau décor pour en connaître les moindres détails, appréciant ce côté Ikea parfait, elle pourrait s’y… Mais qu’est-ce qu’elle racontait. Elle profita que Lexie posa sa veste pour faire de même et là, le détail majestueux la frappa en plein cœur. Des guitares ! Elle adorait la musique et Lexie partageait visiblement cette passion, peut-être devrait-elle l’épouser sur le champ avant de la laisser filer ! « J’aime beaucoup ! » Mais elle détourna son envie d’en jouer pour rejoindre l’écossaise dans la cuisine en sautillant presque. « Non ça ira merci. »

« Je veux bien de quoi grignoter, je meurs de faim. » Elle n’avait pas pris le temps de manger avant le rendez-vous. Elle profita que Lexie s’exécutait à la tâche pour se perdre dans ses pensées. Le courant passait bien, les rires et les sourires étaient au rendez-vous, un baiser allait sûrement être échangé si ce n’était pas plus, devait-elle lui dire ? Un souvenir d’une porte qui claque et de larmes sur ses joues lui fit le coup d’un électrochoc. Elle ne pouvait comparer tout ceci avec Célia, hors de question.

« Hm. Je me disais… » Elle joua avec une tresse en la regardant. « T’as rien contre les polyamoureux ? » On aurait dit une enfant qui annonçait une bêtise. « Parce que je suis déjà en couple et que… Que je suis polyamoureuse ? Que tu me plais et que j’ai pas envie que tu me prennes pour une coureuse de jupons ? »

Lexie était contente d’entendre que les lieux plaisaient à Ohana et elle en sourit, brièvement et avec une certaine douceur. Elle appréciait beaucoup l’énergie d’Ohana, et la voir sautiller ainsi la fit conserver son sourire. Une fois les verres posées Lexie sortit d’un placard un paquet de chips dont elle versa la moitié dans un saladier. Elle le rangea de nouveau.
« Voilà pour la faim de mademoiselle, et maintenant la soif… »
Elle alla récupérer la bouteille de whisky qu’elles avaient volé – enfin, O’ l’avait volé mais en ne faisant rien contre et en fuyant avec elle, elle devenait une complice, donc bon – et commença à servir tranquillement les verres, écoutant ce que disait Ohana en même temps. Ca, c’était une révélation à laquelle elle ne s’était pas attendue. Elle avait relevé les yeux vers elle, les sourcils relevés par la surprise. Ses mots l’avaient tellement perturbée qu’elle en oublia ce qu’elle faisait et que le deuxième verre commençait à déborder.
« Merde, » jura-t-elle en s’en rendant compte, relevant soudainement la bouteille. Elle attrapa rapidement du sopalin pour éponger l’alcool qui avait coulé et pointa vers son évier. « Il y a une éponge, tu peux me la passer s’il te plaît ? »
Elle jeta le sopalin une fois l’éponge en main  et termina de nettoyer ses bêtises.
« Bon, j’espère que tu as soif parce que c’est ton verre, » plaisanta Lexie pour essayer de détendre l’atmosphère. Elle n’était pas certaine qu’Ohana interprète de façon très positive sa réaction, ce qui pouvait largement se comprendre.
Elle jeta l’éponge dans l’évier et prit la main d’O pour l’amener à elle qui s’appuyait contre le comptoir, levant les yeux vers elle.
« Alors non, ce n’est pas un problème pour moi. À condition que tu le sois vraiment et que ça soit pas une excuse pour tromper ton mec et qu’après il vienne essayer de m’encastrer la tête dans une ampli. » Oui, cet exemple était spécifique pour une raison. Elle caressa sa main du pouce, sa deuxième venant se poser dessus. « Et à condition que ça ne soit pas juste pour un coup d’un soir, parce que j’aime bien la vibe qu’il y a entre nous, et je voudrais pas que ce soit du gâchis. »
Ce serait d’ailleurs peut-être aussi le moment de lui dire que son père était un dangereux psychopathe qui la cherchait activement. Hm. Peut-être pas tout de suite, non.

Chips, manger, miam. Ses doigts s’étaient déjà jetés sur ce délice de gras, mais sa bouche ne put profiter de cette action, son regard était focalisé sur le verre qui se remplissait sans interruption et elle n’eut pas le réflexe de la prévenir, parce que peut-être qu’au fond la voir aussi surprise lui faisait mal. Ca n’annonçait rien de bon, clairement personne ne réagissait comme ça quand il s’agissait d’une bonne nouvelle, à la limite on souriait ou sortait un ridicule félicitations, mais on ne gâchait pas du whisky comme ça. Elle pinça les lèvres et fourra cette fameuse poignée de chips au fond de son gosier pour calmer sa peur, elle devait sûrement se faire des idées non ? Ohana se leva sans prononcer le moindre mot et se saisit de l’éponge pour la poser à côté de la brune, reprenant sa place par la suite. Elle attendait, attendait qu’on vînt lui démentir ses affirmations, attendait qu’on la rassurât d’un sourire, d’une quelconque parole.

Elle glissa un regard presque dédaigneux à son verre et ne le toucha pas, prête à en asperger la jolie figure de Lexie avec s’il le fallait. Elle n’était pas du genre impulsive, mais la déception pouvait changer une personne. Leurs mains furent ensemble et elle dressa ses yeux vide de toute émotion dans les siens, prête à assumer la sentence. Elle acceptait, l’angoisse retira ses mains du coup de l’espoir et ce dernier avala goulûment une gorgée d’air. Sans rien dire, elle la coinça contre le comptoir de façon douce et prit ses mains dans les siennes pour la regarder. Pas un mot ne fut prononcé et Ohana se saisit de ses lèvres pour un premier baiser au goût délicieux d’alcool. « Je te promets qu’il n’y aura aucun gâchis. » Un baiser fut déposé sur le bout de son nez puis la brunette fit main basse sur son verre pour en boire une bonne gorgée. « J’ai merdé une fois, c’est comme ça que je me suis rendue compte que je l’étais, alors maintenant je préfère prévenir. »

Ohana semblait soulagée, et Lexie sourit en coin, presque timidement. Elle appréciait la jeune femme et espérait vraiment qu’elle était honnête avec elle. Elle aurait probablement pu le deviner – elle était profileuse – mais elle préférait ne pas mettre à profit ses compétences dans ses relations, sauf exceptions. Quand elle sentait que la personne essayait de la manipuler par exemple. Heureusement, ce n’était pas le cas ici. Elle préférait donc se concentrer sur la soudaine proximité supplémentaire avec Ohana.
Lexie ne s’inquiéta pas de se retrouver ainsi coincée entre le comptoir et elle, au contraire. En la voyant se rapprocher ainsi, elle devina ses intentions et ferma les yeux pour lui rendre son baiser. Le goût de l’alcool était toujours présent, mais chez elle aussi, alors elle ne s’en formalisa pas vraiment, plus intéressée par la sensation de douceur qui l’envahissait. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle caressa du pouce les mains d’Ohana, le regard pétillant.
« Je suis heureuse d’entendre ça, murmura-t-elle.
Elle se décala ensuite pour laisser Ohana récupérer le verre. Elle récupéra le sien et s’échappa du piège de la belle pour prendre le saladier de chips et se diriger vers le salon. Elle pinça les lèvres à la révélation.
« Ca n’a pas dû être facile. »
Elle posa le saladier sur la table basse et invita Ohana à la rejoindre, non sans boire une longue gorgée de whisky.
« Après… tant qu’on en est à parler des choses qui pourraient faire obstacle à une potentielle relation… » Elle hésita une seconde avant de continuer. « J’exerce un travail exigeant qui ne laisse pas toujours la place aux relations, et qui en plus peut potentiellement te mettre en danger. Dnc… je pense que c’est mieux si tu en as conscience dès maintenant. »
Elle se rapprocha d’Ohana et attrapa de nouveau sa main libre. Au moins, les choses étaient dites dès le début, et l’une comme l’autre savait exactement dans quoi elles s’engageaient en terme de relation.

Whisky. Soulagement. Parfait. Ohana glissa un regard en direction de la belle et la gratifia d’un sourire alors qu’elle l’invitait à rejoindre le canapé pour plus de confort. « Rien n’est facile dans la vie. » Elle le prendrait à la légère pour cette fois, elle n’était pas le genre de personnes à pleurer son malheur à la face des gens, ça pouvait rapidement gonfler et elle ne voulait pas la réputation de Caliméro sur le front. L’Hawaïenne se laissa tomber dans le canapé et se nourrit d’une nouvelle de chips, chassant une survivante du coin de sa lèvre pour la dévorer par la suite, on ne gaspillait pas ce genre de choses, c’était sacré. Elle arqua un sourcil et s’enfonça un peu plus dans le divan, prête à écouter ce qu’elle avait à lui dire, soudainement curieuse quoique inquiète. Allait-elle lui dire qu’elle était déjà en couple ? Qu’elle était une fétichiste des pieds, du BDSM ? Ou encore qu’elle était une tueuse en série et qu’elle était sa prochaine victime ?  Calme Ohana, Calme, respire et écoute.

Ah non ce n’était que le boulot, alerte rouge annulée. Elle prit sa main et se mit à jouer avec en la regardant. « Si ce n’est que ça. » Elle haussa les épaules « Je doute qu’un quelconque psychopathe arrive à me capturer, j’cours vite. » plaisanta-t-elle avant de porter les doigts de Lexie à ses lèvres pour un bref baiser. « Et je m’en fous que ton emploi du temps soit chargé, ça me permettra de mieux te surprendre avec des bouquets de rose ou un repas déjà prêts quand tu rentreras. » Wait n’avait-elle pas dit qu’elle était contre le romantisme dans son profil The Chart ? Merde elle se contredisait déjà. « Au pire des cas on voit où ça nous mène, on est au first date on va éviter de parler de mariage et de gosses hm ? »

Courir vite ne suffisait pas, mais ça Lexie n’allait pas le dire, elle se contenterait de rire doucement à la remarque avant de boire une grande gorgée de whisky. Le geste d’Ohana la fit sourire plus tendrement, appréciant le côté gentleman du baiser contre sa main. Elle attrapa ensuite une poignée de chips et manqua de s’étouffer quand la belle femme fit remarquer que même avec un emploi du temps chargé, ça ne l’empêcherait pas de lui apporter des fleurs ou de lui préparer le repas.
Wow. Pour quelqu’un qui avait dit plus tôt être contre le mariage, elle aimait en tout cas le romantisme. Peut-être un peu trop : Lexie n’aimait pas trop s’engager trop vite dans une relation sérieuse, quand bien même le courant passait comme dans un câble avec elle. Heureusement elle se rattrapa et Lex termina ses chips, rassurée.
« Oui, on a le temps et un premier rendez-vous à passer avant d’aller plus loin. » Elle lâcha un bref rire avant de reprendre une bonne gorgée de whisky, le liquide ambré lui brûlant agréablement la gorge. « Surtout que tu m’as dit ne pas vouloir te marier, donc je n’aurai même pas à poser cette question, » plaisanta-t-elle avant de finir son verre.
Oui, elle avait une bonne descente.

Elle posa son verre sur la table basse et se laissa aller contre le canapé, se tournant vers Ohana à ce moment là en posant une jambe sur le canapé, la main sur son propre genou.
« Alors… j’ai déjà pu découvrir tes nombreux talents, entre autre, mais je suis sûr que tu me caches d’autres choses, et même si j’ai le pouvoir du FBI derrière moi j’ai envie d’en apprendre plus de ta bouche, donc dis-moi tout. »
Enfin, peut-être pas tout, mais au moins de quoi discuter, parce que sinon Lexie risquait de vouloir lui sauter dessus avant la fin de la soirée. Bon, c’était déjà le cas, mais si le silence s’installait les chances que ça se fasse augmentait pour s’occuper. Et puis Lexie voulait retrouver leur complicité précédente, avant que des vérités ne soient prononcées et acceptées.

Elle devait sûrement l’avoir effrayé en annonçant tout ça alors qu’il n’était même pas encore question de se mettre ensemble, tant pis il était trop tard pour faire machine arrière. Elle sirota alors son verre dans un sourire nonchalant. Puis oui, elle n’était pas romantique au point de nouer le lien d’une relation par deux anneaux en or qui entravaient plus la liberté qu’autre chose. Ohana paniquait déjà à l’idée d’avoir plusieurs aimé(e)s et devoir choisir qui serait son mari ou femme. « Parfait alors. » Elle la regarda vider son verre d’une traite et se demanda si elle avait affaire à un puits sans fond ou une profonde alcoolique qui confirmerait alors les clichés qu’elle avait sur les écossais.

Ohana jouait toujours avec son verre, laissant Lexie s’installer plus confortablement sur le canapé, elle ne la quitta pas du regard, buvant presque ses paroles alors que l’alcool faisait déjà quelque peu effet. Ce n’était pas deux misérables poignées de chips qui allaient éponger les nombreux verres qu’elle avait déjà dans le bide. Elle rejeta la tête en arrière pour lâcher un rire sonore puis posa son verre pour se redresser légèrement mieux sur le divan. « Tu veux tout savoir de moi hm ? » Elle s’approcha d’elle et la bloqua contre l’accoudoir, ses deux mains sur ce dernier alors qu’elle affichait un sourire carnassier. « Je suis la déesse Aphrodite réincarnée dans le corps de la plus belle femme de la terre. » Elle esquissa un mouvement de hair flip parfait avant de rapprocher son visage du sien. « Et tu es la prochaine victime de mon charme dévastateur. »

Ohana n'aimait pas parler d'elle et faisait toujours tout pour éviter le sujet le plus longuement possible. Et puis Lexie l'attirait comme le feu dangereux d'une convoitise. Elle préférait savourer sa présence et l'instant plutôt que de partir dans une auto-biographie qui l'emmerderait sûrement.

Le whisky réchauffait ses entrailles et déliait ses craintes aussi sûrement que dix ans de thérapie, donc pourquoi changer de méthode ? Elle attrapa des chips qu’elle mangea délicatement, essayant de ne pas s’en mettre partout. Graisseuse et alcoolisée n’étaient pas les meilleures aspects à présenter quand on voulait draguer quelqu’un. Après ce pouvait faire un repas sympa.
Sa question fit en tout cas rire son interlocutrice qui la lui retourna comme un miroir qui ne savait pas répondre. Elle se rapprocha et Lexie se retrouva coincée contre l’accoudoir, une position enviable pour l’instant car c’était bel et bien une Aphrodite qu’elle avait face à elle. Sa tactique d’évitement marchait en tout cas, car la brune en oubliait qu’elle avait même posé une question, et serait plus qu’heureuse d’être la victime de son date. En tout cas, cette dernière semblait bien se ficher si Lexie lui sautait dessus ou pas.
« Je dirais plutôt participante active, mais j’imagine que c’est moins vendeur. » Quoi de mieux que d’être une femme à la beauté fatal qui semait les graines du désir sur son chemin après tout ? Lexie avait bien quelques idées. « Ceci dit… » Elle avança son visage, juste assez pour frôler ses lèvres, juste assez pour provoquer les réminiscences de quelques instant plus tôt, avant de les glisser à son oreille, un sourire joueur flottant contre les tentatrices carmines. « Dévaste-moi si tu peux, » murmura-t-elle.
Elle déposa un baiser juste derrière son oreille, goûtant sa peau légèrement salée après avoir couru pour s’échapper du cabaret où elle avait dansé pour impressionner l’agente. Son souffle ne s’attarda pas toutefois et elle reprit ses distances, affichant un sourire mutin quand elle vint mettre sa main entre elles pour empêcher tout baiser immédiat, attendant de voir si elle relèverait le défi et détruirait cette barrière.

Elle jouait sur les mots ce qui avait don de faire sourire l’hawaïenne qui se complaisait de ce petit jeu qu’elles s’étaient inventées, s’enfermant dans une bulle qui les coupait du reste du monde pour encore quelques heures encore elle espérait. Elle manqua de se perdre dans l’océan de ses yeux et dut se faire violence pour ne pas s’y abandonner complètement alors que ses lèvres semblaient être prêtes à clamer les siennes mais il n’ait que subterfuge pour atteindre plus aisément son oreille pour y glisser quelques délicieux mots qui manquèrent de la faire rugir de désir.  

Ohana était prête à se ruer sur sa bouche quand une main s’instaura comme murailles entre elle et sa convoitise. Elle grogna, clairement et fit une moue boudeuse. Elle s’était attendue à un jeu plus dangereux, plus profond où leurs âmes se rencontreraient pour forger des souvenirs qui deviendraient immortels dans leurs esprits enflammés, mais il n’en était rien, cette main était le plus grand obstacle qu’elle avait rencontré à ce jour et il fallait trouver un moyen pour l’éradiquer à tout jamais de son chemin. Mais Ohana n’était en rien connue pour sa maturité ou sa sauvage luxure, oh que non, madame était réputée pour être une boule d’énergie et parfois enfantine.

Sa langue s’échappa d’entre ses lèvres pour lécher sa main de tout son long. Et sans hésiter la moindre seconde alors que toute personne sensée aurait fui, Ohana profita de la surprise pour venir l’embrasser une nouvelle fois, sa main s’était déjà déclarée conquérante de sa joue qu’elle caressa du bout de ses doigts brûlants de découvrir cette terre nouvelle, d’en connaître le moindre de ses secrets. Mais elle savoura sa découverte, ne bâclant pas le travail comme beaucoup de conquérants et rompit le baiser dans un sourire fier. « Aucune muraille, aucune frontière ne peut faire rempart à mon appétit gargantuesque. »

La main eut l’effet escompté, intruse indésirée pour elles deux au final, mais Lexie aimait prendre son temps et jouer parfois. Toutefois elle ne joua pas plus longtemps, notamment parce qu’une langue vint happer sa main. Ce fut la surprise qui domina l’esprit de Lexie : une léchouille ne la dégoûterait certainement pas, surtout pas si elle voulait en avoir ailleurs plus tard. Et encore plus si elle voulait profiter de l’instant présent.
La surprise n’eut pas vraiment le temps de passer que déjà les lèvres d’Ohana venaient se briser contre les siennes dans le tumulte d’une passion nouvelle. Ses yeux se fermèrent au contact de sa main contre sa joue et elle rendit son baiser à la femme, ses doigts se perdant contre sa taille. Elle sentait une chaleur se former au creux de son ventre et l’appeler, la tirailler. Ca faisait trop longtemps qu’elle n’avait pas ressentit ça à un premier rendez-vous.
Malheureusement, cet instant ne dura pas assez longtemps à son goût. Elle aurait aimé pouvoir savourer plus longtemps le goût de ses lèvre, mélange d’alcool et de chips. À sa remarque elle eut un sourire.
« Madame est une conquérante je vois, » fit-elle avec humour, une lueur au fond de ses yeux bleus.
Son bras s’enroula autour de sa taille qu’elle serra pour inverser leurs positions avec souplesse.
« Mais je ne suis pas une pauvre princesse qui attend dans son château qu’on la conquiert. »
Et sur ces belles paroles elle l’embrassa de nouveau, poussant son corps contre le sien et ses lèvres des siennes, s’engageant dans une lutte harmonieuse où les deux adversaires virevoltaient comme deux amants qui se connaissaient depuis toujours. Et peut-être que c’était le cas, peut-être que dans une autre vie cette bataille ancestrale avait déjà eu lieu. Aucune des deux ne savait, aucune des deux n’y pensait en cet instant.
La main de Lexie libéra la taille d’Ohana pour la laisser reposer son dos et lui permettre de se redresser au-dessus d’elle, ramenant ses cheveux en arrière d’un mouvement de la tête.
« Alors, comment se passe votre conquête mon général ? »

Ohana lui accorda un coup de sourcils digne de Jim Carrey à la désignation de conquérante mais glapit aussitôt de surprise quand elle sentit la matière froide du canapé lui mordre la chair alors qu’elle se complaisait de la chaleur de la peau de Lexie. Elle s’était fait avoir comme une débutante mais ne regretta pas ce soudain inversement des pouvoirs, elle avait toujours la possibilité de profiter d’un instant de faiblesse pour reprendre le contrôle de la bataille et se déclarer vainqueur. « Ah bon ? Merde moi qui me considérait comme l’incroyable prince qui terrasserait le dangereux dragon pour tes beaux yeux. » ricana-t-elle de plus belle, son bras s’enroula aussi sournoisement autour de sa nuque et Ohana ronronna de plaisir quand elle vint l’embrasser. Le goût salé de ses lèvres lui donnait envie de rire parce que malgré le côté séducteur de la situation, il y avait toujours le côté ridicule de l’alcool et des chips.

Une fois le baiser rompu, Ohana se redressa sur les coudes pour la défier du regard. « Plutôt bien. » Elle fit mine de réfléchir en profitant pour se mettre en position assise. « Je tâte le terrain. » Et pour appuyer son argument, ses deux mains vinrent se poser sur sa poitrine dans un rire complètement idiot, l’alcool n’aidait pas la jeune femme à garder un comportement adulte malheureusement, mais elle retira rapidement ses doigts de là. « Mais j’y vais en douceur, histoire de pas me faire bouffer par les natifs. »Elle déposa un délicat baiser sur ses lèvres avant de se pencher vers la table basse, se saisissant ainsi de son verre pour le terminer.

Dommage pour Ohana, mais Lexie ne faisait pas dans le Prince, seulement dans la Princesse. Après si elle voulait venir la sauver, elle avait le droit, mais il y avait des chances que Lexie se soit déjà sauvée elle-même. Elle leva donc légèrement les yeux au ciel et en profita pour se décaler à peine, assez pour que le bras autour de sa nuque ne la gêne pas. Enfin, l’heure n’était plus au combat mais aux baisers, alors Lexie en profitait, savourait sans raison pour la retenir.
Une fois le baiser rompu, Lexie sourit à la réponse de la jeune femme. Seulement plutôt ? Elle se serait attendue à mieux que ça. C’était comme si elle lui donnait une note moyenne pour son baiser. Lexie posa ses mains sur le ventre d’Ohana quand celle-ci se redressa sur les coudes, prête à l’empêcher de fuir si nécessaire.
À sa blague, Lexie éclata de rire avant de poser sa main sur l’une des siennes quand elle libéra ses seins tout aussi vite qu’elle s’en était emparée. Le baiser contre ses lèvres, délicat et court, la fit revenir à un sourire plus tendre.
« Oh, ne t’en fais pas, les natifs prendront le temps de te manger plus tard. »
Oh, l’humour bien gras, tellement gras que ça en ferait cuir un kilo de frites d’un coup. Elle ricana toute seule – probablement – et laissa Ohana finir son verre.
« Tu en veux encore ? » Ce ne serait pas bien raisonnable, surtout si Ohana décidait de rentrer chez elle plus tard. « Si tu veux tu peux rester ici ce soir. J’ai le canapé qui est confortable et une chambre d’amis. » Et elle avait son lit bien sûr, mais elle restait assez sobre pour savoir que le proposer ne serait pas très élégant pour un premier rendez-vous, même si elle n’avait aucune intention de se montrer plus entreprenante que ce qu’elles avaient déjà fait. Bon, si, peut-être qu’elle aussi voudrait un peu ‘tâter le terrain’.