Ruben & Philippe. mai 2021Pas à pas.
Il avance. Ils avancent.
Il reprend ses marques. Ils en font naître d'autres. Rien n'est précipité. Tout s'apprécie à sa juste valeur. Les blessures, doucement cicatrisent, poussées par ce nouvel élan qui se fait imposant quand ils sont ensemble. Les sourires se redessinent sur leurs visages, jadis marqués par les tourments. Tout est encore fragile mais la confiance se tisse avec en prime ce lien que leurs offre la musique. Cette ligne de conduite qui d'une certaine façon leurs a permis de survivre. Même si les mélodies n'ont plus les mêmes résonances, elles restent prenantes et importantes.
Philippe réalise la chance qu'il a, la vie l'a privé de Marius, mais elle a mis Ruben sur sa route. Jamais il n'aurait cru cette chance possible.
Et pourtant. L'absence de ces quelques jours lui a fait prendre conscience de l'ampleur du ressenti qui se glisse peu à peu en lui. Il a compris à quel point il aimait être en compagnie du pianiste. Combien l'avoir à ses côtés devenait vital. Il ne met pas de mot sur ses ressentis. Il leurs laisse le temps de s'épanouir tout en leurs permettant de l'envelopper de ce nouveau bonheur. Bonheur qui irradie ses traits, illuminant son regard, agrandissant son sourire. Et encore plus à cet instant où il retrouve celui qui lui a manqué sans qu'il n'ose l'avouer. Parce que la pudeur l'étreint et qu'il ne veut pas brusquer le pianiste.
Mais il le taquine.
Avec audace.Pour faire tomber cette tension qui prend vit et s'invite sur sa peau, sous sa peau, quand les contacts se font plus intimes. Ils jouent avec aisance de leurs atouts. De cette facilité qu'ils ont à se charmer sans que ça ne soit pesant. Tout se fait naturellement. Rien n'est forcé. Ce qui donne à l'échange une vérité bien plus vibrante. Une touche de fraîcheur qui donne à Philippe la sensation de retrouver la véritable essence de la vie.
On dit qu'il en faut peu pour être heureux.
Et Ruben et Philippe touchent dans cet instant l'ébauche d'un nouveau bonheur.
Les mots échangés montrent à quel point l'un comme l'autre est friand de cette complicité. Qu'il la cherche même pour rendre encore plus brillant l'éclat des yeux de son partenaire.
« La curiosité est un vilain défaut monsieur Leeroy. » Sourire taquin.
« Ne t'en fais pas je te laisserais l'opportunité de découvrir tous ces avantages au fur et à mesure. Peut être que même si tu es sage tu en auras quelques uns ce soir. » Clin d’œil provocant avant que Philippe ne se concentre sur l'état de Ruben. La semaine à la Nouvelle Orléans a été épuisante et il espère qu'il a pu mettre ces quelques heures chez lui; à profit pour se poser.
« Cette nuit tu seras en bonne compagnie. » Il parle simplement, pour lui ce fait s'écrit comme une évidence, même s'il ne se passe rien de plus que lors de leur première nuit.
Le saxophoniste n'a pas besoin de plus.
La présence de Ruben à ses côtés suffira. Même si le désir sera présent, il l'est déjà. Et il range ce qu'il a porté, découvrant un peu plus l'homme qui donne un nouvel élan à sa vie meurtrie. Vie qu'il pensait à jamais détruite. Et une nouvelle fois la taquinerie prend le dessus entre les deux hommes. Qu'il est bon de passer un moment pareil, ou il y a juste le plaisir du partage et de l'échange qui caresse l'être. Une dose de vitamine qui efface la fatigue cumulée.
Les douleurs du passé. « Encore une fois tu joues les curieux monsieur Leeroy. » Rire qui éclate.
« Déjà je choisirais les menues. Il faut une alimentation saine et équilibrée quand on a une vie aussi trépidante que la tienne. Et je me dois de garder en forme mon boss. » Nouveau clin d’œil taquin.
« Après pour le reste et bien je pense qu'un salaire payé en nature devrait faire l'affaire. Sachant que je rends la monnaie bien entendu. » Pourquoi cacher ce qui s'écrit dans chaque parcelle de leurs êtres et qui transpirent par leurs regards qui s'aimantent alors qu'ils se rapprochent.
Les pensées se dessinent.
Jouant de leurs sens.
Aiguisant leurs envies.
Qu'il serait doux de se laisser couler.
De goutter à ce fruit qu'ils découvrent.
Lentement, doucement.
Ne voulant nullement brûler les étapes. Et les mots renforcent les désirs. Peau à fleur de peau, ils frissonnent. Activant les envies de l'autre en effleurant des points sensibles. En laissant les mots caresser les épidermes envoûtés.
Soupirs et gémissements se mêlent.
Alors que les lèvres s'appellent.
Et que les mains enivrent. « J'ai envie de toi aussi … J'ai eu envie de toi à chaque seconde depuis que tu es parti. » Aveu dévoilé pudiquement alors que les joues se teintent de rose sous les attouchements. Sous les pensées qui vagabondent. Mais la raison remporte et puis la soirée ne fait que commencer. La nuit leurs tendra ses bras plus tard. Ils se laisseront couler et ils le savent. Qu'importe jusqu'où ils iront quand les draps froissés épouseront leurs corps dénudés. C'est ensemble qu'ils marcheront. Et c'est l'essentiel. En tout cas le charme opère et ils en sont l'un comme l'autre acteur et spectateur.
« Ce soir je découvrirais peut être un peu plus de ton talent dans ce domaine. » Philippe en a eu un aperçu et il est curieux de voir la suite. Il est curieux et impatient d'être entièrement à Ruben. Mais l'un comme l'autre ont besoin de temps et ce temps ils se le donneront pour ne pas finir blesser. Car l'histoire qu'ils sont en train d'écrire se doit d'être belle et forte pour ne pas sombrer sous le poids de leur passé.
Mais avant il y a la musique. Et une en particulier, celle écrite par Philippe et amélioré par Ruben, ces notes liées comme leur destin est en train de se lier. La meilleure part d'eux, griffonner sur du papier et qui ne demande qu'à prendre vie.
« Il est vrai que ta demeure sera parfaite pour écouter cette mélodie. » Et la taquinerie revient alors que le trouble s'est imposé sur leurs être, les marquant de désirs qu'ils ne peuvent cacher. Difficile de contenir cette envie incendiaire alors que leurs souffles se sont entremêlés dans des baisers qui ont eu du mal à rester sages. Tout comme leurs doigts qui ont ébauchés des chemins délicieux vers un abîme exquis.
« Tu aimes constater que tu me fais de l'effet. Et c'est plaisant de sentir que c'est réciproque. » Car Ruben n'est pas mieux que lui.
L'eau fraîche aidera à faire descendre.
Cette fièvre qui ne demande qu'à s'étendre. Et l'instrument est sorti de son étui, et les doigts trouvent leurs places, alors que la bouche se saisit du bec. Le souffle se stabilise. Les yeux se ferment. Et la mélodie résonne délivrant ses notes, cette complicité, cette alliance parfaite entre les deux hommes. Le cœur ajoute sa touche et augmente les ressentis déjà présent. Et les émotions s'envolent, s'écrivent dans le temps leurs offrant une nouvelle éternité. L'instant ne se mesure plus en secondes. Il est juste à eux et ils en font leur monde. Et le silence répond en écho aux dernières notes qui s'envolent comme des oiseaux en liberté.
Avant que la vie ne reprenne.
Avant que les mots ne reviennent. Et les compliments tombent émouvant Philippe qui en a les larmes aux yeux. Il y a longtemps qu'il n'avait pas éprouvé ce genre d'émotions en jouant. Les derniers temps sa musique était marquée de tristesse, de regret. D'envie de mourir pour retrouver son âme sœur. Là elle est criante de vie, de complicité, d'espoir, d'avenir.
« C'est grâce à toi Ruben. Sans toi jamais je n'aurais retrouvé cette envie de jouer. De créer. » Il vient à la demande du pianiste s'installer à ses cotés, son saxo encore entre les mains. Bien précieux qu'il chérit et qui vient de réellement naître après avoir frôlé la mort la nuit de leur rencontre. Parce que cette nuit là Philippe pensait vraiment jouer pour la dernière fois.
C'était son adieu.
A tout espérance.
A toute existence. Et il répond au baiser donné, frissonnant sous le contact doux et lent. Son cœur s'emballe encore sous le coup des émotions délivrées par la musique jouée.
« J'essaierais. » La pudeur vient caresser sa voix.
« Tu seras là car ta présence joue aussi beaucoup sur mes émotions. Tu me mets à fleur de peau et tu fais sortir le meilleur de l'artiste que je suis. » Demande presque timide. Le morceau joué, il l'a répété dans le studio et il n'a pas eu la même résonance.
La même force.
La même puissance. Qu'à cet instant.
« En tout cas je suis content que ça te plaise. J'avoue que j'étais un peu intimité de le jouer devant toi. Je ne voulais pas te décevoir. » Il sourit au baiser qui se pose sur sa joue.
« Je vois que monsieur se fait gourmand .. et je parle de ma musique bien sur. » Vu que Ruben vient de lui demander un nouveau morceau. A son tour il prend le verre d'eau pour savourer la fraîcheur qui tranche avec la chaleur qu'il éprouve. Puis c'est lui qui vient chercher un baiser.
« Pour me donner du courage. » Même s'il n'en manque pas.
« J'ai un truc un peu plus jazzy. Cela nous remettra de nos émotions et tu replongeras un peu dans l'univers de la Nouvelle Orléans. » Philippe sourit avant de se lever et de reporter son saxo à ses lèvres. Le morceau est plus entraînant, moins émouvant, mais il permet de voir l'étendue du talent du français, qui ne se cantonne pas dans un style de musique. Cela le fait aussi revenir à ses premières amours.
Et une nouvelle fois.
Les notes s'envolent.
Et imprègnent l'atmosphère de musique et de magie. Avant que le silence ne revienne.
« Rien à voir je sais. Mais je pense qu'on avait besoin tous les deux d'une musique plus entraînante. » Revenir dans un morceau trop émotif les auraient encore bien secoués. Il reprend place aux côtés de son amant laissant sa main se poser sur sa cuisse. Les doigts caressant doucement le tissu du pantalon cherchant à faire frissonner la peau.
« Tu en dis quoi ? Tu aimes ? » Parce que l'avis de Ruben compte. Puis il regarde l'heure.
« Si on ne veut pas manger à toutes les heures faut que je mette les légumes farcis au four pour qu'ils finissent de cuire. Et pendant ce temps je préparerais l'entrée. Tu dois commencer à avoir faim. » Puis il se concentrera sur autre chose car s'il reste là à côté de Ruben il se pourrait que sa main ne reste pas sage longtemps.
« Et puis pour être franc si je reste là c'est toi que je vais dévorer. Sauf si tu veux une gâterie avant le repas. » Philippe est prêt à la lui offrir. A le faire vibrer encore plus fort en le goûtant plus intimement. D'ailleurs sa main remonte vers l'entre jambe de Ruben, prête à s'occuper de l'objet désiré.