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Réminiscence. ft Marius

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Philippe Neville
Philippe Neville
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Réminiscence. ft Marius 6afd003440ce7f1e6e938bb83a819cfa58a38cca

• âge : 47
• pronom : Il
• côté ♥ : Veuf depuis le 14/02/2020. Son coeur semble vouloir se reconstruire doucement au prés d'un musicien.
• orientation : Gay il ne s'est jamais posé de questions au niveau de ses attirances. Ses yeux se sont posés rapidement sur les courbes masculines et il n'en n'a jamais éprouvé de honte ou de dégoût.
• occupation : Saxophoniste de jazz. Il est resté un temps sans jouer, Ruben a su lui redonner l'envie de laisser parler la musique au travers des notes.
• quartier : Silverlake. Un loft sobre et épuré, ou juste l'essentiel est présent. Très peu d'objets personnels qui pourraient témoigner de son passé..
• avatar : Alexander Skarsgård
• crédits : medusa (avatar) / vmicorum. (signature)
• messages : 565
• date de naissance : 15/11/1976
Philippe Neville
Réminiscence. ft Marius
Jeu 25 Fév - 13:56


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Marius & Philippe. fin mars 2020.
Réminiscence : Retour à l'esprit d'un souvenir non identifié comme tel. Souvenir imprécis, où domine la tonalité affective.
Qu'importait la date, le jour et le mois, seule l'année importe.
Les jours et les nuits s'enchaînaient
.
Sans saveur, sans odeur, sans couleur. Et enchaînaient un peu plus Philippe au vide. Partir de France était pour lui la meilleure des solutions pour arriver à survivre. Mais ici il ne vivait pas plus. Il passait de l'ombre à la lumière sans même bouger, sans respirer. L.A était d'une dimension différente par rapport à la ville où il vivait avec Marius.
Il avait choisi le bruit et le monde, au calme du coin de paradis que les deux artistes avaient créé. Un écrin de vie ou les rires et les soupirs ont si souvent raisonnés par le passé. Et à présent ne régnait que le silence. Un silence qui tuait doucement mais sûrement le musicien.
Il regardait cet espace où il n'avait pas encore laissé sa trace. Ce loft qu'il avait fait peindre en blanc et ou la décoration était sombre, passant du noir et du gris, et du gris au noir, triste reflet de son âme tourmentée par l'absence de l'essence même de son existence. Il ne cherchait pas à faire paraître autre chose dans ce lieu où il avait prévu de vivre. Il ne voulait pas prendre le risque d'éprouver une once de bien être alors qu'on lui avait arraché son cœur avec violence.
Marius lui manquait.
Terriblement. Horriblement.
Chaque jour n'était fait que de bribes, de gestes forcés. Il se levait car il devait avancer. Mangeait et encore il enfilait plus facilement le liquide brûlant de l'alcool que la nourriture solide. Il s'habillait, sans y prendre le plaisir d'antan.
Plus rien n'était si simple.
Sa vie rayonnait à chaque seconde sous l'impulsion de son homme. Même un petit rien avec le peintre devenait le symbole d'un firmament éternel. Comment vivre maintenant ? Alors que son cœur ne souhaitait qu'arrêter de battre. Alors que ses poumons ne voulaient plus se gorger d'air réparateur. Il voudrait que son sang gèle dans ses veines et que tout se termine.
Vite.
Mais la vie lui réservait un autre sort que celui de retrouver l'homme de sa vie. Il hurlait en silence dans ce nouveau chez lui, qui ne serait jamais chez eux. Son chez eux lui manquait mais il ne pouvait rester dans cet endroit où partout où ses yeux se posaient Marius se dessinait plus vivant que jamais. Et pourtant quand sa main s'avançait pour le frôler tout s'évaporait, disparaissait.
C'était juste son esprit qui divaguait.

Mais ici au final c'était pire. Philippe avait essayé de ne pas emporter ce qui pourrait le lier à l'homme qu'il aimera à jamais. Parce que l'amour qu'ils ressentaient même la mort ne pouvait y mettre un terme. Il se sentait comme une âme damnée à errer pour retrouver celui qui lui avait été donné et si rapidement enlevé.
De quel droit leur infligeait-on cette souffrance ?
Et les questions s'entassaient dans sa tête comme les cartons dans les coins de son loft. Trouver le courage de ranger sa vie. Sa moitié de vie. Était complexe et compliqué, La seule chose qui avait trouvé sa place c'était le saxo offert par Marius ce soir là. Le soir ou tout avait basculé pour lever à son présent toute saveur exquise. Il ne souvenait même plus du goût de la vie. Enfin il ne voulait pas s'en souvenir, cela lui faisait trop mal.
Ce matin était un matin de plus.
Son regard allant d'une pièce à l'autre. De cette nouvelle chambre trop grande, trop vide ou aucun soupir de plaisir ne naîtra. A l'immense pièce à vivre qui jamais ne se gorgera de murmures, de rires, de vie. Même la cuisine semblait plus là pour faire jolie que pour être utile. Eux qui aimaient cuisiner ensemble. Et qui prenaient plaisir à déguster ce qu'ils avaient préparé. La plus rien.
Il y avait cette autre pièce prévu pour finir en pièce à musique. Même cet univers, le sien, ne lui faisait plus envie, ne le faisait plus vibrer. Il peinait même à poser ses yeux sur l'étui du saxo, les larmes venaient trop vite quand il essayait.
Mais il devait s'occuper, sinon il allait finir sur le balcon et puis en bas du balcon. Le corps inerte dans la rue. Étalé sans vie. Il y pensait souvent. C'était pour cette raison qu'il avait choisi cet endroit, le dernier étage. Au moins pas de risque d'espoir de survie, en se jetant dans le vide. Mais à chaque fois qu'il avait poussé sa carcasse brisée sur la terrasse, il n'était pas allé au bout de son acte. Ayant la sensation d'entendre une voix, de sentir un souffle.
Sa voix. Son souffle.
Il était en train de devenir fou.

Désespéré, perdu, abîmé, il se rendait dans la chambre ouvrant ses valises. Cherchant des vêtements qui ne sentiraient pas l'odeur de son homme. Car même lavé, cette odeur délicieuse semblait encore traîné autour de lui. Elle revenait par vagues.
C'était grisant et perturbant.
Envoûtant comme par le passé. « Marius. Tout n'est qu'une immense torture sans toi.» Et les larmes coulaient, elles creusaient des rivières sur ses joues meurtries et amaigries. « Je suis si perdu mon amour. Que dois je faire ? » Parce que même si Philippe avait laissé beaucoup de leurs souvenirs en France, bien rangé dans une cage dorée. Il n'en restait pas moins les souvenirs du cœur et l'esprit et cela ils n'étaient pas prêt de partir. Même en ne marquant pas ce nouvel endroit de la présence du peintre. Il était à jamais dans le cœur du musicien. Il était sur chaque parcelle de sa peau. Ses baisers et ses caresses étaient tatoués profondément dans sa chair.
Rien n'effacerait ces faits là.
Même s'il partait sur la lune, Marius le suivrait, car au fond même mort et Dieu que Philippe détestait ce mot.
Marius restait en vie en lui.
Lui qui mourrait un peu plus chaque jour par manque. Bouffé par l'absence. Détruit par la vide. Rongé par le silence. « Ma vie n'a plus de sens sans toi. » Il avait perdu sa raison d'être.
Et encore une fois il renonçait à ranger ses affaires. Ce pull qui lui rappelait leurs vacances à la montagne. Cette chemise que les doigts de son mari avaient déboutonné avec désir avant de la lui retirer. Ce pantalon ou sa main c'était glissé sur la courbe de ses fesses. Cette veste portée alors qu'ils arpentaient les rues d'une ville en amoureux. Et tout le reste.
Tout le liait à Marius.
Tout le ramenait à son amour perdu.
Comment oublier ? Comment lutter ?
Philippe l'ignore. Mais veut-il le savoir vraiment ?

 
vmicorum.
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Zacharia Foster
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Réminiscence. ft Marius G5Be

• âge : 45
• pronom : Il
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• occupation : Oenologue
• quartier : Bel Air. Il vit à l'hôtel pour le moment.
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• date de naissance : 25/05/1978
Zacharia Foster
Réminiscence. ft Marius
Sam 27 Fév - 18:16

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Il y a cet appartement. Trop blanc. Trop vide. Je le déteste.
Cette ville qui n’est pas la mienne.
Trop lointaine de ma Provence natale.
Il y a beaucoup trop de ‘trop’ dans la vie de mon mari.
Trop de chagrin. Trop de larmes. De douleur. De désespoir.
Je n’ai pas eu mon mot à dire lorsqu’il a décidé de tout vendre pour venir s’exiler ici. Forcément, je n’aurai jamais été d’accord. Je n’étais pas non plus d’accord pour mourir si jeune et si vite.
Même la mer est différente. À croire que l’eau salée n’a plus la même saveur depuis que mes cendres s’y sont dispersées.
J’ai perdu mes repères. J’ai tout perdu.

Dans l’appartement, je déambule. Tantôt vite. Tantôt au ralenti. Je passe le temps comme je peux. Je surveille aussi Philippe. Ses sombres idées me font peur. Je crains pour sa vie. Je ne veux pas qu’il me rejoigne. Pas encore. Il a tellement de choses à vivre. Pour lui. Pour moi. Pour tout ce que jamais je ne ferai. Il doit le faire à ma place. En souvenir de nous. Mais sans le poids du regret. Il n’en est pas encore là.
La blessure est trop fraîche.
On dirait que moi aussi, je me mets à coller des ‘trop’ partout.
J’éclate de rire avant de redevenir sérieux. Soucieux.
Mon homme m’inquiète.

Je fais courir mes doigts sur la surface des meubles mais je ne laisse aucune trace dans la poussière. Impossible de lui prouver ma présence. De lui dire que je suis là, toujours à ses côtés. J’ai bien essayer les messages subliminaux, mais, je n’ai obtenu aucun résultat. J’ai mis cela sur le compte que ma cervelle avait été grillée. C’est plus flatteur que de me dire que je suis nul.
J’ai aussi essayé les coups de pieds dans les cartons, j’y ai passé des heures à tenter de les fracasser. En vain.
Enfin, ce que je considère comme des heures parce que, sans une horloge, je suis perdu. Lorsqu’on est mort, le temps n’a plus d’importance. Ce n’est pas pour rien qu’on parle d’éternité.

Lippe aussi semble avoir perdu le goût de vivre. Il n’a plus touché à un instrument depuis que je ne suis plus. Il faut qu’il se remette à vivre sans moi, même si cela me fait mal de le dire.

Aujourd’hui, je suis en tshirt noir et jean usé jusqu’à la trame. Au pied, des mocassins noirs. Je souris en voyant ma tenue. Elle me rappelle tout en tas de souvenirs. Un soupir puis, je rejoins mon homme.

« Lippe »
Je murmure tout contre son oreille. Je crois qu’ainsi, les mots toucheront directement son cœur. Qu’il les entendra enfin.
« Qu’est-ce que tu fais dans cette ville ? Il y en avait d’autres où on aurait pu aller »
Des endroits plus authentiques car, Los Angeles manque cruellement d’authenticité. Il a arpenté les rues sales où une foule d’apprentis comédiens déclament et jouent sans que quiconque ne fasse attention à eux. Lamentable.
« Je pense qu’on devrait repartir. Se trouver un coin qui ressemble à ... »
Je me tais soudainement car je comprends qu’il n’ait pas envie de se retrouver dans un endroit qui lui rappellerait trop notre ancienne vie.
« En plus, les cartons ne sont même pas défaits, ça irait vite »
Un rire d’encouragement ponctue des paroles que je suis seul à entendre.

Souvent je le frôle. Je l’embrasse. Je l’enserre dans mes bras. J’ai besoin de ce contact pour ne pas hurler. J’attends une réaction qui ne vient pas. Et ne viendra sûrement jamais. Je le rejoins sous la douche. Ma peau contre la sienne, je souffle
« Tu te souviens... »
Le bruit de l’eau doit brouiller mes paroles. Étouffer les sons. Même mes pieds mouillés ne laissent pas de flaque sur le sol.

Ce n’est plus une vie mais des fragments de mort. Un puzzle épars que chaque jour j’essaie de rassembler. Des situations que je mets bout à bout sans qu’il y ait de logique.

Le néant me tue avec la même efficacité que ce chauffard, quelques mois plus tôt. Est-ce bien des mois ? Les années auraient la même saveur amère.

J’aimerais que cela change, alors je me mets à hurler
« M’ENTENDS TU ??? RESSENS-TU MA PRÉSENCE ? MON DÉSESPOIR ?  Je ressens le tien mais je ne peux pas y remédier. Je ne peux pas alléger ta peine. Je suis spectateur impuissant de ta descente aux enfers et c’est insupportable »

Je le rejoins sur le canapé, comme je le faisais autrefois. Je replis mes jambes sous moi avec une souplesse que j’ignorais. Ma tête vient se poser sur son épaule et je lui parle. Du bout des doigts j’ai redécoré les murs. Les couleurs dansent en une farandole mouvante. Le jaune se mêle au bleu et devient vert un peu plus loin. Je souris et les murs s’animent. La végétation s’invite. Les plantes envahissent l’espace. La vie est de retour. Éphémère mais nécessaire.
« Lippe »
Même les cigales stridulent et accompagnent mes paroles.
On est de retour à la maison.
Les odeurs familières nous enveloppent.
« Lippe »
Ma main se pose sur la sienne. Je sens une légère vibration, sans pouvoir dire à qui elle appartient. La logique voudrait qu’elle émane de lui.
Pourtant, la logique n’a plus de place ici.  Ni moi, d’ailleurs.

Je pourrais scander son nom à l’infini. Comme un mantra. Avec l’espoir qu’il l’entende enfin.

Je fais apparaître un chemin que j’illumine de bougies qui scintillent comme des lucioles. Pour le guider dans sa nuit de désespoir.

« Tant que je serai là, tu ne seras pas perdu car, toujours je te montrerai le chemin »

Les lumières s’agitent, comme bercées par une brise légère, avant de s’éteindre, comme soufflées. Les couleurs disparaissent et tout redevient vide et froid. Seul le corps de mon homme reste chaud et vivant. Je me concentre sur les battements de son cœur et je tente de faire battre le mien au même rythme. Sans résultat.

La réalité est revenue recouvrir les espoirs qu’il me reste et auxquels je m’accroche, comme je m’accroche à cet homme.

Fantôme pathétique qui ne veut pas mourir.


code by EXORDIUM.


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Philippe Neville
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• âge : 47
• pronom : Il
• côté ♥ : Veuf depuis le 14/02/2020. Son coeur semble vouloir se reconstruire doucement au prés d'un musicien.
• orientation : Gay il ne s'est jamais posé de questions au niveau de ses attirances. Ses yeux se sont posés rapidement sur les courbes masculines et il n'en n'a jamais éprouvé de honte ou de dégoût.
• occupation : Saxophoniste de jazz. Il est resté un temps sans jouer, Ruben a su lui redonner l'envie de laisser parler la musique au travers des notes.
• quartier : Silverlake. Un loft sobre et épuré, ou juste l'essentiel est présent. Très peu d'objets personnels qui pourraient témoigner de son passé..
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• date de naissance : 15/11/1976
Philippe Neville
Réminiscence. ft Marius
Dim 28 Fév - 9:49


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Marius & Philippe. fin mars 2020.
Réminiscence : Retour à l'esprit d'un souvenir non identifié comme tel. Souvenir imprécis, où domine la tonalité affective.
Le vide et le silence. C'était tout ce qu'il y avait dans cet appartement. Dans la vie de Philippe. Dans son cœur et son âme. Tout était devenu froid, inerte, même quand il bougeait et passait d'une pièce à l'autre tout semblait figé dans un espace temps où il ne trouvait pas sa place. Où il n'avait pas sa place.
Partir et tout quitter avait semblé la meilleure solution pour le musicien, mais il avait oublié l'option souvenirs durables. Que même loin tout pouvait le retenir à son homme. Son cœur et son esprit eux n'allaient pas effacer la vie qu'ils avaient jadis partagé. Qu'il n'y avait aucun rembobinage possible. Aucune réécriture de scénario. Que sa vie d'avant était finie et qu'ici et bien il n'y aurait jamais de vie.
Alors il jouait à être vivant. Mais il jouait mal, car sans Marius il n'était plus vivant.
Marius c'était sa force, sa raison de vivre, le but de ses journées, celui qui lui donnait envie de se lever, envie d'avancer. Celui qui inspirait ses notes de musiques. Celui qui faisait éclater ses rires. Celui qui donnait à son regard cet éclat particulier. Marius c'était son oxygène, les battements de son cœur, le sang qui coulait dans ses veines.
Et Marius n'était plus là.
Alors comment Philippe pouvait exister ?
Ici ou ailleurs, car quand il regardait ses cartons encore fait il se disait qu'il pourrait partir ailleurs. Mais ce serait toujours pareil. Son homme ne serait pas à ses côtés qu'importe l'endroit ou il se poserait. Il fallait qu'il se fasse à cette idée. Et c'était impossible.
Marius mettait des arcs en ciel partout, il donnait des couleurs à tout, même un ciel gris devenait radieux quand il était là. Et à présent ne restait que du noir. Du noir plus clair, plus sombre, du noir brillant et terne, du noir si noir que même la lumière en disparaissait. Même si ce noir Philippe l'avait diluer dans un peu de blanc pour donner des myriades de gris. Comme les meubles sur lesquels il laissait glisser ses doigts comme si …
Comme s'ils pouvaient frôler ceux de son homme.
Idiotie
.

Philippe ne faisait au final que les choses par reflex, pour survivre. Même sous le jet brûlant d'une douche chaude il avait froid. C'était peut être pour cette raison qu'il resserrait ses bras autour de sa taille. C'était peut être aussi pour avoir la sensation de retenir un être qui n'était plus là. Pourtant en fermant les yeux il sentait encore l'écho de sa peau sur la sienne. Il entendait la douce mélodie de sa voix. Lointaine. L'odeur de son parfum qui se mêlait au sien.
Des souvenirs ancrés profondément dans son être tout entier. Des souvenirs qu'il aurait voulu rendre vivant, ou éternel. Il avait beau fermer ses yeux plus forts, rien ne ramenait Marius. Il se sentait bête mais il était si perdu, qu'il était prêt à tout pour le retrouver, même qu'une fraction de seconde. Juste pour vraiment lui dire au revoir.
Ou un dernier je t'aime.
Un baiser encore. Une main posée sur sa joue. Il serait prêt à tout et n'importe quoi pour qu'on lui donne cette chance.
Et tout cela le détruisait petit à petit, il s'étiolait. Il était rongé de l'intérieur par le feu que l'amour pour Marius avait fait naître. Et ce feu là il ne voulait pas se calmer, il voulait encore brûler. Mais il brûlait dans le vide et il consumait Philippe comme une simple bûche de bois.
Et quand il se serrait lui même la taille comme pour retenir les dernières effluves d'une vie brisée, il se sentait fou allié. Il devenait fou, à croire qu'il pouvait retenir Marius dans cette vie. Mais quand on aime comme il aimait une seconde de plus avec l'être cher pouvait se transformer en ...
Éternité.
C'était pour cette raison que le musicien cherchait même inconsciemment son homme. Il guettait des mouvements, des bruits, même au niveau de la porte. Comme s'il allait débarquer et qu'il allait se jeter dans ses bras, l'enlacer et l'embrasser. Il savait toutes ces choses impossibles. Mais il ne pouvait s'empêcher d'y penser.
La nuit le jour. Le jour la nuit.
Espérer pour pouvoir avancer
.
Même si le chemin ne le menait nulle part. Même s'l repoussait chaque étape comme celle de ranger les cartons. Comme celle de mettre un peu de vie dans cet espace qui ne lui ressemblait pas. Qui ne leur ressemblait pas. Il n'avait la force pour rien et souvent il finissait sur le canapé. Le regard dans le vague perdu au delà de la baie vitrée qui lui offrait une vue sur la ville de L.A.
Cette ville si loin de leur paradis.

Il fermait alors les yeux Philippe et il se laissait porter. Il voyait les couleurs que Marius créait. Ses jaunes, ses bleus, ses rouges, ses verts, les mélanges que ses pinceaux posaient sur la toile blanche. Il se souvenait de tous leurs moments magiques. Il se retrouvait au milieu de l'atelier ou les odeurs se mariaient. Ou les rires résonnaient. Ou ils étaient heureux. Si heureux. Comme des enfants innocents à qui les promesses d'un avenir sans tâches et sans douleur était offert à l'infini.
Il pouvait même voir au loin la lumière du soleil. Comme un guide dans le noir absolu qui se répandait ici dans sa vie. Il aurait aimé l'attraper ce soleil. L'emprisonner et le ramener dans sa réalité. Mais cette lumière là elle n'appartenait qu'à Marius, il irradiait de son être tout entier.
Comme une aura.
Elle avait caressé et enveloppé Philippe durant 20 années. Et à présent il n'y avait que le froid et le sombre.
Alors il avait ouvert les yeux et secoué sa tête. « Bon sang comment réapprendre à vivre sans toi ? J'ai la sensation d'être un enfant qui ne sait plus rien. Tu as tout emporté avec toi mon amour. Tout. Tu ne m'as laissé que mes larmes qui semblent ne pas vouloir se tarir. Marius. Comment y arriver ? Comment trouver l'envie de mettre un pied devant l'autre ? Est ce que j'en ai envie ? »
Que des questions sans réponse. Même si les réponses au fond était en lui. Il n'avait juste pas encore les codes pour les trouver.
Les aurait-il un jour ?
Il avait soupiré las de toute cette souffrance bloqué dans son cœur. Las de n'avoir que des souvenirs pour avancer. Avec la peur au ventre de les voir doucement s'évaporer. Rejoindre les cendres qu'il avait laissé se mêler à la mer. Il avait peur que Marius meure une seconde fois. En oubliant tout ce qui les liait.
Et c'était intolérable comme idée.
Comme pensée
.
Il s'était levé et avait rejoint la chambre. Les cartons, les valises étaient là à attendre son bon vouloir. « Okay je vais essayer. » Il avait ressorti les vêtements. Ceux qu'il avait pris tout à l'heure. L'image de son homme était dans chacun. Et il avait commencé à les déposer avec douceur et dévotion sur les étagères de l'armoire, dans la penderie. Ses doigts marquaient le tissu de chacun de leur présence, comme si à travers eux c'était un peu de Marius qu'il retrouvait.
Espoir vain d'une vie passée et perdue trop vite. Mais au fond cela lui faisait du bien. C'était éphémère il le savait, mais il le devait. Sa vie en dépendait, même si sa vie n'était plus une vie. Mais un semblant de vie. « Tu vois Marius j'essaie. » Et de ses mots naissaient des larmes qui ne trouveraient jamais la paix. Mais qui traçaient sur sa peau, une caresse que les mains de son homme souvent lui avaient octroyé.
Maigre consolation.
Mais à ce stade il ne restait que ça
.

 
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Zacharia Foster
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Zacharia Foster
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Mar 2 Mar - 9:19

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Il y a d’abord eu l’impuissance. Cette fatalité à connaître son état, mais à ne pas pouvoir le changer. Figé dans l’immortalité. Recroquevillé sur moi, ne sachant pas comment me tourner vers lui. Communiquer. Les soliloques sans fin. Puis, un jour, le déclic. Une impression que mes mots résonnent en lui. Un espoir fou, mais un espoir quand même. La sensation de renaître. De revivre.

J’ai l’impression qu’il m’entend.
C’est ténu comme sensation, mais, on dirait qu’il répond à mes questions et à chaque fois que cela arrive, je sens mon cœur battre à nouveau. C’est sûrement pour cette raison que je lui parle souvent. Que j’entretiens le dialogue. Je ne veux pas laisser mourir notre relation. Je ne veux pas devenir silence. Néant. J’ai besoin de ces échanges. Ils m’insufflent la vie.
Alors, je parle. Je lui parle et j’attends ses réponses ou ses questions.

« Tu ne dois pas pleurer, je suis là. Chaque pleur me fait mal. Autant qu’à toi. Tu as assez souffert. Il est temps que cela s’arrête »
Je soupire et du bout des doigts, je tente d’essuyer cette eau intarissable qui s’écoule des yeux de mon mari. En vain.
Je m’en veux d’être la cause de toute cette douleur. Je m’en veux de ne pas pouvoir arrêter ce torrent de douleur.
« Philippe »
J’ai toujours aimé son prénom. La façon dont il roule sur ma langue. Sa sonorité au fond de ma gorge. Son goût aussi. J’aime tout de cet homme et soudain, je me demande si je le lui ai assez dit de mon vivant. Si je n’ai pas perdu des occasions de le lui répéter. Encore et encore. J’aurai dû insister.
On ne dit jamais assez « je t’aime »

Debout à ses côtés, je regarde la pile de vêtements se former. Prendre forme. Un sourire satisfait sur les lèvres.
« C’est bien. Tu vois que tu peux y arriver … » Je me tais juste avant de dire « sans moi » parce que c’est le genre de réalité qui me fait fuir et errer loin de l’appartement. Cela m’arrive de courir, avant j’aurai dit « à en perdre haleine », aujourd’hui, je dirai « courir comme un fou » dans les rues. Sans m’arrêter. Même la fatigue ne peut plus me stopper. C’est plutôt le néant qui finit par m’absorber. Le manque de pensée. La mort.
Je passe une main sur la pile de linge et chasse un pli imaginaire. Réajuste un alignement. Je laisse mon empreinte. Je touche ce qu’il touche et je me souviens.
Réminiscence.
La lumière décline et s’éteint. Des rires fusent. Puis, apparaissent, les rais de lumière qui filtrent à travers les vieux volets en bois. Striant les corps et le décor. Le bruit du tissu que l’on froisse. Des mots que l’on murmure dans la pénombre. Les chuchotements résonnent entre les murs. Les paroles éclaboussent le silence. Soudain, naît une nouvelle vibration. Un rire étouffé par un baiser. Des boutons que l’on maltraite afin de les faire céder plus rapidement pour qu’ils dévoilent un bout de peau. Des doigts fébriles qui s’égarent. Des soupirs. Des mots d’amour. Des preuves d’amour. Les corps nus. Collés. Unis. Le plaisir qui déferle et me laisse haletant. Puis, tout s’éclaire lentement. La lumière revient. Je suis à côté de mon mari. Il défait les cartons.

Je me presse un peu contre lui et dépose un baiser dans son cou. Plus besoin de me hisser sur la pointe des pieds. À croire que la mort m’a fait grandir. J’adore embrasser cet endroit. Sentir la vie couler dans ses veines. Sa peau chaude réchauffer ma peau froide.

Les vêtements continuent à s’empiler régulièrement. Je souris en voyant le contenu de son dressing.
« Tu as gardé ce pull... »
Un rire s’échappe de ma gorge en voyant le vêtement.
« Je ne sais pas si tu as bien fait. Tu devrais peut-être renouveler tout ça »
Mes doigts s’agitent pour désigner les vêtements bien rangés.
Cela équivaut à m’effacer. Ce qui arrivera forcément un jour. Je le sais. Il le sait. Mais, nous avons décidé de faire semblant pour le moment. Moi, je fais comme si tout était comme avant. Ou presque.
« Même sans eux, je serai toujours présent en toi. »
Je l’espère et le crains aussi. Je ne veux pas l’enchaîner à un souvenir, aussi beau soit-il.

Il a mes toiles. Dans un coin. Elles ne sont pas toutes là. Je regarde rapidement celles qu’il a gardé et je souris. Mon mari arrive à me faire sourire. Même mort. Il a toujours su trouver ce qu’il y a de meilleur en moi pour le sublimer. Sans lui, mes œuvres n’auraient pas le même éclat. La même beauté.

Je fixe le portrait de Philippe que j’ai fait il y a quelques années. Un sourire bleu s’étale sur la toile.
Réminiscence.
J’ai sur la bouche le goût du sel et le soleil m’aveugle. D’une main, je protège mes yeux de l’éclat cuisant du soleil d’été. Les gouttes d’eau salée ont laissé de petits impacts blancs sur ma peau cuivrée. Je pourrais les chasser d’un geste de la main, mais, je ne le fais pas. Je suis occupé. Paupières presque closes, je regarde Philippe. Mes cils filtrent les contours de son corps. Mon esprit travaille sous cette apparente immobilité. Il crayonne et dessine. Estompe. Appuie un trait.
Je bondis soudain et cours vers la maison. Sans un mot. Cartonné par le sel qui parsème ma peau. Pas le temps de passer à la douche. L’idée est là, au bout des doigts. Elle veut sortir. Prendre vie.
Dans mon atelier, je sens la fraîcheur des tomettes sous mes pieds nus. Le tissu de ma blouse me semble froid et des frissons recouvrent ma peau. Puis, tout s’efface et je suis devant une toile blanche. La couleur arrive vite. Éclatante. Mon esprit se rappelle de l’image qu’il a vu et qu’il veut retranscrire. Je peins avec frénésie. Oubliant le lieu et l’heure. Oubliant tout sauf ce visage qui se dessine. L’odeur de la térébenthine ne m’agresse plus. Elle aussi, fait partie de moi. La nuit est tombée, puis, le jour s’est levé.
C’était il y a longtemps maintenant…
Aujourd’hui, le tableau est là, parmi d’autres. Pas vraiment oublié, mais plutôt craint. Craint qu’il ne rappelle la vie d’avant.

Je déteste cet appartement.
Je fixe Lippe et demande
« On commence par accrocher lequel ? »
Pas question que je vive dans un endroit aseptisé.
Les murs blancs me rappellent toutes ces toiles que j’ai colorées. Que j’ai transformé. Toute cette vie que j’ai insufflée. Les contours de mon âme que l’on peut découvrir dans un paysage. Dans une texture.

Réminiscence.
Je me souviens d’être né, un jour.
Il y a longtemps maintenant.
L’air qui gonfle mes poumons. Les cris. Les pleurs. Ma mère penchée sur mon visage fripé, un sourire sur les lèvres. La mine fatiguée mais radieuse.
Je me souviens d’être mort, ce jour.
Il y a longtemps maintenant.
L’air qui quitte mes poumons. Les cris. Philippe penché sur mon visage ensanglanté, les lèvres crispées. La mine anxieuse, terrifiée et moi, incapable de le rassurer.

Il est temps de remettre de la couleur dans sa vie.


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Philippe Neville
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• âge : 47
• pronom : Il
• côté ♥ : Veuf depuis le 14/02/2020. Son coeur semble vouloir se reconstruire doucement au prés d'un musicien.
• orientation : Gay il ne s'est jamais posé de questions au niveau de ses attirances. Ses yeux se sont posés rapidement sur les courbes masculines et il n'en n'a jamais éprouvé de honte ou de dégoût.
• occupation : Saxophoniste de jazz. Il est resté un temps sans jouer, Ruben a su lui redonner l'envie de laisser parler la musique au travers des notes.
• quartier : Silverlake. Un loft sobre et épuré, ou juste l'essentiel est présent. Très peu d'objets personnels qui pourraient témoigner de son passé..
• avatar : Alexander Skarsgård
• crédits : medusa (avatar) / vmicorum. (signature)
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• date de naissance : 15/11/1976
Philippe Neville
Réminiscence. ft Marius
Mer 3 Mar - 19:50


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Marius & Philippe. fin mars 2020.
Réminiscence : Retour à l'esprit d'un souvenir non identifié comme tel. Souvenir imprécis, où domine la tonalité affective.
Ballotté. Remué. Secoué.
Philippe était comme des grains de sable sur une plage. Il était effleuré par une vague qui venait et repartait, passant sur lui tantôt avec douceur et tantôt avec rage. Des mouvements perpétuels contre lesquels il ne pouvait rien. Contre lesquels il ne luttaient pas.
Se laissant bercer par la pause et la dépause de ses souvenirs, des bribes de sa vie, des odeurs suaves, des couleurs sauvages, des frissons ravageurs. De vague sensation emplissait son cœur de caresses brûlantes et bien trop éphémères. Et bouffait son âme de baisers frivoles et légers.
Une main qui se perd. Une bouche qui s'accroche.
Tout était flou et en même temps si ancré dans sa mémoire.
Philippe parfois s'abandonnait à ses souvenirs, à cette tranche de vie ou Marius n'était plus qu'une ombre abstraite, discrète. Une illusion secrète. Mais une ombre qui restait un besoin viscéral. Philippe se perdait dans son passé, s'enivrant de ses instants délavés par l'absence.
Par le manque.
Par la mort.
Il s'accrochait au vide.
Car s'accrocher à l'existence était impossible
.  
Alors en quittant la France le musicien avait dit qu'il y laissait tout. Tout mais surtout son seul amour. Mais comment laisser 15 ans de vie commune, de passion dévorante, 20 ans de complicité. Il avait su dés qu'il avait posé le pied à L.A que même si le berceau de leur vie était resté en France...
Le cœur et l'âme du peintre, eux l'avaient suivi.
Il aurait fallu qu'il se tranche le palpitant le jour fatal pour couper le lien trop vital. Mais comment trancher dans le vif d'un amour aussi beau ? Comment s'amputer d'une part de sa propre vie alors que chaque nerf, chaque veine sont liés avec puissance et profondeur ?
Philippe était lié à Marius.
Marius était lié à Philippe
.
C'était écrit dans le livre de la vie, celui que l'on ouvrait avec impatience et qu'on lisait avec insolence. Livre que là le musicien ne pouvait pas refermer. Pas encore. C'était bien trop tôt. La mort avait été trop rapide. Il n'y avait pas eu d'adieu. De vrais adieux. De ceux que l'on préparait. Tout avait été si vite. Trop vite.
Alors il retardait le moment, le moment fatal ou il devrait laisser partir Marius, Son âme sœur.
Le moment ou il devrait vraiment lui dire adieux.

Même dans son nouvel appartement ou tout était froid, ou tout se voulait à mille lieux de leur villa, sans couleur, sans odeur. Une chose subsistait : l'essence de leur amour passionné et passionnel. Cette essence elle entourait le musicien de douceur, même si lui ne sentait que le vide, l'absence, la douleur. Elle était là invisible, le protégeant du pire. Il n'en prenait pas réellement conscience.
Ou peut être que si.
C'était sûrement pour cette raison qu'il parlait à voix haute, qu'il parlait à son homme comme s'il était encore à ses côtés. Comme s'il pouvait l'entendre de là où il était à présent.
Philippe faisait part à Marius, de ses progrès, infimes et minimes. Une façon de se rassurer et de se dire qu'il y avait encore une vie possible. Une vie sans lui, même s'il n'y croyait pas. Il était loin d'être dupe et il savait le musicien que sans son peintre il n'était qu'une toile blanche.
Voir transparente.
La palette de couleur c'était Marius.
C'est lui qui donnait naissance aux harmonies, le musicien était juste là pour les accords finals. Et si tout était compliqué, il essayait. Un dur labeur. Mais avait-il un autre choix ?
Alors dans cette chambre qui ne serait jamais à eux. Il rangeait, empilait, pliait. Même si avant de partir il avait trié, certains vêtements avaient été épargnés.
Souvenirs. Souvenirs.
Accrochés comme une moule à son rocher.
Il devait se concentrer sur ses gestes pour ne pas se laisser gagner par ses pensées. Sur cette chemise que Marius adorait lui ôter. Il était si délicat quand il en défaisait les boutons, étirant l'instant du contact de sa peau contre la sienne. Étirant le moment ou le corps se dévoilait.  
Il en frissonnerait presque le musicien. Happer par ces douces sensations de peau à peau. Comme celle de Marius était douce, affriolante, appétissante. Comme il l'aimait la marquer de la sienne. Mélangeant leurs odeurs. Affamant leurs bouches. Rendant impatient le peintre, sauf quand celui ci se faisait désirer d'avantage en jouant de ses atouts.
Et la chaleur prenait place alors que le froid rongeait son corps quelque instant plus tôt. Il secouait la tête. « Non je ne dois pas penser à toi de cette façon là. Mais tu me manques tellement qu'il n'y a pas que mon cœur et mon âme qui meurent. Mon corps aussi s'éteint de ne pas être touché, caressé, embrassé. Personne ne devrait avoir à vivre pareille torture. »
Et sans s'en rendre compte, il y était arrivé, l'armoire était pleine, la penderie rangée. Même si beaucoup de couleurs avaient été effacées par le noir, le gris bien trop présent maintenant. « Voilà c'est fait. » Il n'y avait pas de sonorité de victoire ou le plaisir d'avoir accompli une tâche. Il avait juste des mots, mis côte à côte.
Rien de plus.

Puis Philippe s'était décidé à sortir de la chambre. « Il y a tant de choses à faire et je suis fatigué Marius. Fatigué de vivre. » Et il restait les cartons de livres, les cartons de disques, ceux de la vaisselles. « Pourquoi tant de cartons ? Jamais je ne me servirais de tout ça. »
Et il restait les tableaux, les cadeaux précieux de Marius. Les portraits de musicien. Le paradis où ils vivaient. Le jardin avait aussi servi de modèle. Ces tableaux qui étaient là à attendre de trouver leurs places sur ces murs vides et blancs. « Jamais je ne pourrais . » Les voir tous les jours se seraient comme un supplice.
Une supplique.
Il avait peur. Peur de ce qu'il éprouverait s'il les voyait accroché aux murs. Peur de ressentir la vie en lui alors qu'il ne voulait que la mort. « Jamais je ne pourrais .. » Les accrocher c'était prendre le risque de plonger dans cette vie qui n'était plus. De réaliser qu'il ne pouvait que l'imaginer là devant lui un pinceau à la main, pieds nus, sa blouse tâchée de peintures jaunes et bleues.
Les voir pendus c'était  l'acceptation de la disparition.
Et ça il ne le pouvait pas. « Ne me demande pas de les accrocher Marius. Ne me le demande pas. » Comme si son mari allait lui demander quoi que se soit.
Comment le pourrait-il ? Et pourtant en frôlant les tissus qui les protégeaient de la poussière c'était la sensation qui avait glissé dans ses veines. La sensation que Marius pourrait lui demander de les mettre aux murs.
Alors il était tombé à genoux sur le sol, le corps abattu, les jambes molles. Son visage s'était caché dans ses mains et encore une fois les larmes avaient trouvé le chemin de ses joues. Il était là secoué de spasmes, et ils le déchiraient de part en part.
Le ballottant, le remuant.
Il devenait ces grains de sable et il se laissait malmené par les vagues déchaînées. Celles qui annonçaient la tempête. Celles qui le brisaient comme un objet fragile. Il avait envie de crier, de hurler. « Je ne peux pas .. je ne peux pas .. je ne peux pas vivre sans toi .. comment peux tu me demander ça .. »
Et il se laissait emporter par cette tempête, par ces vagues. Il coulait comme du plomb. Oubliant de respirer.
Qu'allait-il devenir sans LUI ?

Ballotté. Remué. Secoué.
Philippe était comme des grains de sable sur une plage.
Il était perdu.


 
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Zacharia Foster
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Lun 8 Mar - 13:43

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Debout à côté de mon homme, je fixe le mur blanc, tout comme lui. Je me demande si nous voyons la même chose. Si le vide a la même signification pour lui que celle qu’il a pour moi. J’erre dans un monde altéré où je calque d’anciennes perceptions pour un faire quelque chose qui colle à ma mémoire.

J’arrive même à soupirer. Ma poitrine se soulève dramatiquement tandis que j’expulse… rien. Ce n’est qu’un vieux réflexe. Une vieille habitude que je n’ai pas encore perdu.

Le mur blanc me nargue et je me dis que je vais le dompter, cet insolent.

Je pivote vers Philippe et déclare
« On va colorer tout ça. On se croirait dans un hôpital ici »

La pensée saugrenue que finalement l’hôpital ce n’est pas si mal que ça, me traverse. Un rire amer s’échappe, sans que je puisse le retenir. Jamais de mon vivant, je n’aurais eu de telles pensées. La mort me rend vraiment désespéré, même si la réalité est plus prosaïque et que la mort me rend tout simplement … mort.

« Hummm »

Mes sourcils se froncent sous la concentration tandis qu’un air sérieux se peint sur mon visage, accentuant mes rides d’expression et faisant ressortir les fines ridules qui strient le contour de mes yeux. Je pourrais les gommer mais, je n’y pense pas. Je m’accroche à ces imperfections qui me rendent humain.

« Alors, que dis-tu de mettre ce tableau » de l’index, je désigne un grand tableau coloré avant de tracer un arc de cercle et de pointer un endroit en lâchant « ici »

Je penche la tête à droite, puis, à gauche. Pivote. Imagine les différentes luminosités de la pièce et le rendu final avant de murmurer

« Lorsque la  lumière caressera la toile, on aura l’impression que le paysage s’anime. Tu verras les pins parasols se balancer mollement sous la brise. Les vagues se parer de crêtes minuscules. Tu verras la vie s’animer. Ce sera magnifique... »

Sous mes yeux, le mur se réveille. Le tableau prend racine et s’infiltre dans la blancheur. Le monde devient support. La couleur devient folle. S’emballe. Cavale. Coule sur le plafond avant de retomber en vagues gigantesques puis disparaît. Sans un bruit. Sans une tache. Il ne reste rien hormis le blanc et mon mari qui suinte la souffrance.

« Lippe »

Un appel au secours. Une injonction silencieuse.

Je suis revenu me coller contre son corps. Je recrée autour de moi un univers olfactif dans lequel je mets, l’odeur de la peinture, celles des cartons, un peu de poussières et de pollution, le parfum de mon homme. De moi il n’y a rien, à peine une odeur de cendre.

« Je sais que ce n’est pas facile… Finalement, l’idée n’est peut-être pas si bonne que ça d’accrocher ces tableaux. Tu devrais les brûler. Tu aurais dû les faire cramer avec moi et tout balancer à la mer. Qui se souciera de moi, une fois que tu auras disparu ?? QUI ??? »

Je resserre mon étreinte et souffle
« Toi aussi, tu finiras par m’oublier. C’est comme ça. Pour ton bien, il va falloir que tu me ranges quelque part, dans une partie de ta mémoire. Pas trop présent . Juste garder le meilleur et il faudra que tu continues à avancer. Sans moi. »

Les mots sont simples à dire mais difficile à accepter.
Je veux le garder pour moi. Je n’ai aucune envie de le partager. Mon homme.
Les soupirs s’enchaînent. Témoins muets de ma condition.

Mon attention revient sur les toiles. Je n’ai pas envie de finir au rang d’œuvre d’art, accroché dans les galeries, et pourtant, c'est ce que tout artiste rêve de son vivant. La consécration. Faire partie du panthéon des peintres illustres. De ceux qu’on n’oublie pas. Ce qui ne sera pas le cas pour moi.

La mort dans la mort. L’oubli éternel.

Mon humeur se teinte de noir et le monde autour de moi vibre de cette couleur. La vie est absorbée. Seul le chagrin demeure. D’un geste de la main, j’essuie tout et remet la toile vierge. Prête à recevoir une nouvelle tranche de vie. Pour lui.

Je dépose un baiser au coin de ses lèvres. Puis, je m’aventure sur sa bouche. Avide de plus. De contact que je n’aurai pas. Auxquels je n’ai plus droit.

La tristesse m’envahit, comme souvent, mais je la chasse. Je ne veux pas qu’elle me prenne dans ses filets. Je veux garder cette étincelle qui me maintient. Un sourire étire mes lèvres. Mes yeux brillent et mes pieds nus s’ancrent au sol, tels des racines. Je mue sans cesse. Je change de peau. D’oripeaux. Je me transforme. Forme mouvante et pourtant figée.

Paradoxe.

Je laisse le silence m’envahir. Le vide revenir. Si j’oubliais tout, cela serait plus facile. Je le crois mais, j’ai peur aussi.

Je souris toujours. Figé dans mon immobilité.

« J’aimerai croire que tout est encore possible. Que le futur peut encore être vécu. J’aimerai tellement y croire. Faire de mes mensonges des vérités »

Mon sourire est triste. Mes yeux aussi.

« Je t’aime »

Je devrais partir. Ne plus revenir, mais ses pensées me ramènent toujours vers lui. M’enchaînent.

« On va faire quoi maintenant ? »

Je secoue lentement la tête.  
Toi & Moi.
Nous.
Nous ne sommes plus qu’un souvenir.
Moi, je sais ce que je vais faire. Rien. Plus rien. Je n’en ai plus l’occasion. Je squatte simplement la mémoire de mon mari, le temps qu’il m’héberge dans ses souvenirs. Ensuite, je partirai. Je redeviendrai poussière.



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• orientation : Gay il ne s'est jamais posé de questions au niveau de ses attirances. Ses yeux se sont posés rapidement sur les courbes masculines et il n'en n'a jamais éprouvé de honte ou de dégoût.
• occupation : Saxophoniste de jazz. Il est resté un temps sans jouer, Ruben a su lui redonner l'envie de laisser parler la musique au travers des notes.
• quartier : Silverlake. Un loft sobre et épuré, ou juste l'essentiel est présent. Très peu d'objets personnels qui pourraient témoigner de son passé..
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Dim 14 Mar - 10:16


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Marius & Philippe. fin mars 2020.
Réminiscence : Retour à l'esprit d'un souvenir non identifié comme tel. Souvenir imprécis, où domine la tonalité affective.
Avancer. Pas à pas.
Ce fait semblait impossible. La vie sans Marius n'était qu'un tunnel sans couleurs, sans saveurs. Et Philippe ne le supportait pas. Alors oui il avait rangé ses affaires dans l'armoire. Apprivoisant peu à peu cet environnement qui lui était si étranger. Ou rien n'était vivant. Ou oublier n'était que cris de souffrance et soupirs de douleur. Le deuil avait happé son cœur et jamais il n'en partirait. Ni aujourd'hui. Ni demain. Il resterait toujours ce voile sombre, ce voile noir.
Et rien n'y personne ne pourrait l'ôter.
Et face au mur blanc et insipide, alors que les tableaux de son homme étaient à quelques pas, recouverts de cette protection pour ne pas être abîmer par la lumière. Non pour ne pas être vu, pas par ses yeux, car le regard du musicien en connaissait chaque trait. Mais par son cœur et son âme qui ne supporteraient pas de retrouver la vie juste en voyant les couleurs de l'artiste. Face à ce mur blanc Philippe s'écroulait.
Que devait-il faire ?
Les tableaux de son homme avait été faits pour être regarder. Et juste cette idée brûlait son être tout entier. « Pourrais tu me pardonner si jamais je ne les accrochais pas ? Pourrais tu me pardonner si de les regarder me donne juste un peu plus envie de tout abandonner ? De te retrouver ? » Il y avait dans sa voix cette quête irréelle d'entendre la voix de Marius. Et au travers des mots imaginaires sentir son souffle encore une fois sur sa peau.
Juste une dernière fois.
Une caresse ultime. La preuve de leur amour passionné. Celui qui liait leurs âmes à tout jamais. Celui qui emportait leurs cœurs vers des horizons sans fin. Oui une caresse ultime signe que tout avait été vrai. Qu'il n'avait pas rêvé. Qu'ils s'étaient aimés. Et que le rêve il le vivait à présent. Même s'il reste un cauchemar ou chaque pas sans Marius est une torture.

Et il y avait toujours ce ressenti étrange à la fois bienfaisant et malfaisant. Ce ressenti de chaleur qui éveillait ses sens en émoi. Qui le faisait plonger dans leur passé, dans leur histoire d'amour. Dans ces moments qui n'étaient qu'à eux ou l'amour rayonnait. Irradiait de vie, de cris, de larmes. Mais où la paix régnait. Douce et agréable, comme une brise d'été bercée de parfums de lavande et de peinture.
Philippe frissonnait pris dans ce ressenti qu'il essatait de retenir de toutes ses forces. Comme s'il restait encore un peu de Marius dans ce monde. Alors qu'il savait que ce n'était que dans sa tête. Sa tête qui devenait malade à cause du manque. En mourant son homme avait tout emporté de lui. Le bon comme le mauvais. Et surtout l'envie de respirer et de vivre.
A quoi bon lutter ?
Désespéré, il serrait ses bras autour de son corps. Avec cette envie de s'étouffer lui même. De couper le peu de lien qui lui restait avec l'existence humaine. « Marius aide moi. » Un appel au secours sorti du plus profond de ses tripes. Jamais il n'y arrivera. Ici ou ailleurs. Tout sera pareil. Il n'y aura que le vide et le froid. Plus de couleurs chaleureuses. Plus de goûts savoureux. Plus d'émotions puissantes. Plus d'éclats dans ses yeux.
Alors dans un mouvement de folie serrant le peu de force qu'il avait encore, il se levait. Les poings serrés, regardant les tableaux. Il était prêt à tout sacrifier, même ces trésors précieux.
Avec violence le papier c'était retrouvé déchiré, volant dans la pièce poussé par une force destructrice. Il évitait de regarder les tableaux qui sous ses gestes se découvraient. Il ne pouvait pas accrocher ses yeux aux couleurs posées avec cette passion sublime. A cet instant il était prêt à faire le plus odieux des actes, celui de détruire les tableaux de Marius. D'anéantir le peu d'âme qui encore respirait dans cet appartement devenu juste son chez lui. Car plus jamais il n'y aurait pour lui de chez eux.
Et ses poings serrés porteurs de rage se levaient. Mais ils avaient fini sur le mur et non sur les toiles.
Violence d'un geste incontrôlé.
Violence d'une douleur pesante.

« Je ne peux pas. Je ne peux pas te faire ça. Nous faire ça. Tu étais tout pour moi. Tu es tout pour moi. Et tu le seras toujours. Je ne peux pas. Y avoir pensé est même un affront à notre amour .. Marius pourras tu me pardonner de trop t'aimer ? Cela fait si mal et je me sens si vide .. Pourquoi ? »
Voix désespérée.
Mots sans réponse.

Les yeux de Philippe doucement se posaient sur les traits de peinture découvert. Sur cet espace de vie qui par le passé emplissait son cœur de tant de tendresse et de paix. Là c'était comme si le paradis, leurs paradis s'était transformé en enfer, son enfer. Le tableaux avait été vite retourné pour ne pas peiner d'avantage le cœur meurtri et l'âme blessée. Puis il était allé se servir un verre qu"il avait vite avalé pour se servir un second. Le regard fixé sur la baie vitrée et le vide qui s'y dessinait.
Derrière ..
Au delà du balcon ..

L'appel était grand. L'envie vorace. Le besoin presque indécent. « Oui cela semble la meilleure des solutions. Je pourrais trouver le repos rester fait trop mal. Partir est plus sage. »
Alors il avait pris une feuille et un stylo et avait juste noté : "Désolé je ne peux plus vivre sans Marius, j'ai essayé je vous le jure. Mais c'est tout simplement impossible. Veuillez pardonner mon geste.
Philippe
".
Et d'un pas lent et déterminé il s'était dirigé vers la baie vitrée. Prêt à sauter dans le vide, dans la mort.
Prêt à rejoindre son seul et unique amour.
Son âme sœur.
Marius.

 
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Zacharia Foster
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Zacharia Foster
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Jeu 18 Mar - 17:26

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Je peux tout pardonner maintenant. Le bon comme le mauvais. Je m’octroie des droits que l’on me donne. Je deviens tout-puissant. Je m’enivre de mes nouveaux pouvoirs avant de les vomir. De revenir sur terre.

« Évidement que je te pardonne et je comprends que tu ne veuilles pas avoir quotidiennement sous les yeux mes tableaux. Ils te rappellent que je ne suis plus à tes côtés. Qu’ils sont tout ce qu’il reste de moi … »

Je parle comme un livre. Empli de sagesse que je n’ai jamais eu. D’où sortent ces mots ? Je passe mes doigts sur mes lèvres pour voir si quelque chose y est accroché. Un intrus qui me fait dire ces belles paroles que je ne pense pas vraiment.

Bien sûr que je veux voir de la couleur sur ces horribles murs blancs. Je veux voir mes tableaux. Mais je veux, par-dessus tout, voir mon mari heureux. C’est ce qui m’importe le plus. Et si cela doit passer par laisser mes tableaux dans un coin, oubliés, cachés, alors oui, je l’accepte. J’accepte tout. Je me résigne.
Je me tiens immobile. Un peu en retrait. Je crois que je réfléchis mais je suis tout simplement vide.

Je n’arrive plus à imprimer de la couleur dans cet endroit. Il se passe quelque chose de sombre. Ça arrive doucement. Tout se teinte d’obscurité. À mes pieds, un magma gris. En y regardant de plus près, je devine un mélange d’eau de mer qui pue le varech et de cendre. Je me recule, affolé. Un long cri silencieux s’échappe de ma gorge.

C’est ce qu’il reste de moi cet amas grisâtre.

Les idées de mon homme viennent se mélanger à l’obscurité ambiante. Trop de tristesse. De désespoir. Et soudain, apparaît l’abandon qui prend forme sur une feuille. Des mots qui me transpercent. Je refuse. Les sourires ont disparu. Plus rien n’existe.

« NOOON »

Je secoue la tête tout en revenant vers lui.

« Non, non, non et nooon ... QU’EST-CE QUE TU FAIS ??? »

Je le fixe, incrédule.

« ES-TU DEVENU FOU ?? »

Le cauchemar continue. Pire, il s’intensifie. Les mots dansent devant mes yeux et ricanent tout en me narguant.

« Ne fais pas ça je t’en conjure. Tu ne peux pas faire ça... »

Ma voix s’éteint. Si Philippe part, je pars aussi et plus jamais je ne le reverrai. Pensées égoïstes. Réflexes humains qui me collent encore à la peau. Je me rue sur lui. J’essaie de lui arracher le stylo, mais en vain. Je ne peux même pas jeter cette saleté d’adieu au sol, le réduire en morceau. Je ne peux que constater une fois de plus, mon impuissance.

Je l’encercle de mes bras et serre de toutes mes forces en essayant de stopper cette course mortelle. Je prie quiconque veut bien m’entendre, là-haut ou en bas et accéder à ma demande. M’aider à sauver mon homme. Je suis prêt à disparaître sur le champ s’il le faut.

On m’a déjà tout pris, il ne me reste que les quelques souvenirs qui s’accrochent encore à ma mémoire et si c’est le prix à payer pour le sauver, je veux bien tout oublier. Retourner au fond de la mer.

« Lippe… tu ne peux pas faire ça. Tu dois vivre. Pas pour moi, mais pour toi. Vivre ta vie. Ne la gâche pas. Je t’en supplie... »

Soudain  m'apparaît toute l’horreur de la situation. Je resserre mon étreinte fantomatique. Ne pas le laisser partir. Faire qu’il s’accroche à la vie, aussi difficile qu’elle soit.

Je n’ai pas envie de me considérer comme une parenthèse dans la vie cet homme. Je veux rester la personne la plus importante à ses yeux. Je le veux, mais pas au point de le tuer.

« Lippe… je suis désolé de t’avoir infligé ça... »

Je me rends compte ce qu’a dû éprouver mon mari face à l’incapacité à me sauver, tout comme moi, en ce moment. Je comprends que cette séparation définitive lui pèse et je sais qu’elle me pèserait à moi aussi. Est-ce que j’aurai les mêmes idées suicidaires… peut-être. Je n’ai jamais été plus fort que lui.

« … mais crois-moi, mourir ne nous rassemblera pas... »

Je devrais lui dire qu’il va rencontrer quelqu’un. Que la solitude et le manque vont s’atténuer avec le temps. Que mon souvenir va se flouter et qu’il sera plus facile à vivre. Les mots ne sortent pas. C’est trop difficile. Je n’ai pas le courage d’envisager un remplaçant, et pourtant, l’espoir fait vivre et je veux qu’il vive.

« Éloigne-toi de cette baie vitrée. Détourne le regard du balcon et du vide, un peu plus loin. Reviens dans le salon. Peu importe que tu accroches ou non mes peintures. On s’en fout. »

Je pourrai lui dire que, s’il saute, je saute aussi. Humour de merde, je le sais. Je n’aurai pas cru que même mort, je pourrai être désespéré. Je tente de dresser un mur devant lui. Une muraille qui le protégera d’accomplir cet acte insensé mais, je n’arrive qu’à faire des remparts de sable qui s’effritent et se désagrègent lentement. Je recommence mais, ils s’écroulent, inexorablement, emporté par mes torrents de larmes qui s’échappent de mes yeux secs.

« Je suis désolé de te faire souffrir alors que je ne suis plus là. »

Mon corps s’affaisse comme s’il voulait disparaître.  Comme si un poids invisible mais bien présent me faisait plier l’échine. Courber la tête. La défaite.

Je murmure dans un souffle qui s’écrase contre sa peau

« Pardonne-moi d’être mort comme ça. Pardonne-moi de t’avoir abandonné. Je m’en veux déjà tellement, alors, par pitié, ne rajoute pas ta mort à cette longue liste »

J’entrelace mes doigts aux siens, dans un ultime geste pour le retenir

« Je t’aime Philippe mais, je t’interdis de venir me rejoindre »

J’ai mis toute ma conviction et mon pouvoir de persuasion dans ces paroles. Je sais que je ne pourrai pas faire grand-chose de plus, si ce n’est, reprendre mes suppliques et prier pour qu’elles soient entendues.


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• côté ♥ : Veuf depuis le 14/02/2020. Son coeur semble vouloir se reconstruire doucement au prés d'un musicien.
• orientation : Gay il ne s'est jamais posé de questions au niveau de ses attirances. Ses yeux se sont posés rapidement sur les courbes masculines et il n'en n'a jamais éprouvé de honte ou de dégoût.
• occupation : Saxophoniste de jazz. Il est resté un temps sans jouer, Ruben a su lui redonner l'envie de laisser parler la musique au travers des notes.
• quartier : Silverlake. Un loft sobre et épuré, ou juste l'essentiel est présent. Très peu d'objets personnels qui pourraient témoigner de son passé..
• avatar : Alexander Skarsgård
• crédits : medusa (avatar) / vmicorum. (signature)
• messages : 565
• date de naissance : 15/11/1976
Philippe Neville
Réminiscence. ft Marius
Sam 20 Mar - 9:09


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Marius & Philippe. fin mars 2020.
Réminiscence : Retour à l'esprit d'un souvenir non identifié comme tel. Souvenir imprécis, où domine la tonalité affective.
Ne voir que le noir.
Oublier les couleurs. En oublier la vie même.
N'entendre que le silence.
Oublier tous les bruits. Ceux qui ramenaient à la vie.
Même les battements de son cœur semblaient éteint. Philippe mourrait, intérieurement.
Doucement mais sûrement.
Il faisait un pas mais reculait de deux. Et là face aux tableaux cachés de Marius, il se décomposait. Perdu et affolé par tout ce que représentait ses œuvres. Pour lui l'idée de les voir accrochés aux murs de cet appartement aseptisé était trop dure à supporter.
Marius c'était l'essence même de la vie. De sa vie.
Et sans lui la vie n'était plus. Alors comment accepter de voir les couleurs éclabousser ce qui à présent avait pris la couleur de la mort.
Et il y avait ce froid piquant et intense qui venait se glisser sous la peau du musicien. Un froid imperceptible pour les autres, mais tellement présent pour lui. Il ne pouvait lutter contre, ni trouvait une façon pour se réchauffer. Et cette sensation atroce ne faisait que l'envelopper d'avantage.
Comment lutter quand le combat était inégal ?
Comment lutter quand l'enjeu de la bataille était déjà perdu ?
Détruire était peut être la solution.
Détruite le peu qui lui restait. Ce qu'il avait osé emporter avec lui, alors qu'il avait minutieusement choisi de tout laisser en France. Mais le courage lui manquait. Faire ce geste fatal était impossible, impensable. Il ne pouvait faire un tel affront à Marius. Son homme ne méritait pas que sa douleur, aussi grande soit-elle, détruise ses œuvres. Et il s'en voulait d'y avoir pensé. Il se détestait pour celui qu'il devenait. Pour cette loque que la vie ballottait et que la mort attendait.
Impatiente de lui sucer la moelle.
De lui vider l'âme
.

Et une nouvelle fois le vide, le froid l'appelaient, l'attiraient. Filet jeté à même son corps impuissant. Il se laissait emporter par le courant. Un courant violent qui faisait de lui ce qu'il voulait.
Philippe coulait.
Les idées noires prenaient le dessus, elles n'avaient pas grand chose à faire pour ça. Le vide étirait ses bras accueillants, et le froid s'intensifiait.
Philippe succombait.
Mots griffonnés sur un papier. Vagues remords. Vagues regrets. Témoins brûlants de sa souffrance profonde. Les yeux vidaient de vie, le musicien ne voyait que le balcon et ne pensait qu'au cadeau qu'il lui offrait. Une mort rapide, un choc qui éclaterait tout ce qui restait de lui. Et c'était peu. Il le savait. Un corps. Il était juste un corps. Tout le reste s'était envolé ce jour là. Mort en même temps que Marius. C'était comme ça qu'il se sentait.
Mort vivant.
Plus mort que vivant
.
Les yeux accrochés à la baie vitrée, tout devenait évident. Pourtant au fond de lui, dans un coin de son esprit planait comme un espoir.
Une voix. Un battement de cœur. Un reste d'âme. Une couleur. Un parfum. Une présence. Un regard. Une bague portée avec amour. Marius.
Cette alliance échangée avec des serments, des promesses. « Jusqu'au bout de la vie. Dans le bonheur comme dans le malheur. J'ai juré de t'aimer même après la vie. Mais je ne pensais pas qu'elle t'arracherait si vite à moi. » Et les larmes amères coulaient sur ses joues creusées. Son alliance brillant dans le reflet de la lumière. Une étincelle dorée, porteuse de leurs mots échangés dans cette belle fin de matinée devant ceux qui les avaient accompagné.  

Philippe avait ouvert la baie vitrée. Et un souffle avait caressé sa peau. Un souffle qui l'avait fait trembler jusque dans ses entrailles. « Marius. Je t'aime aussi. Tu ne peux m'interdire de te rejoindre. Tu ne peux me demander ça. Je ne peux pas vivre sans toi. » Et le souffle s'était de nouveau étirer sur sa joue, dans son cou, sur ses lèvres. Une saveur douce et chaude. Et le froid doucement s'effaçait. Emporté par une main venue de son passé. Comme si à cet instant son homme était là présent dans cette pièce.
Philippe chavirait, il le savait.
Il était tellement rongé par sa peine qu'il s'imaginait n'importe quoi. Marius n'était que cendre et les vagues de la mer l'avaient emporté dans les profondeurs. Il savait que c'était ce qu'il désirait, mais à cet instant il se disait. « J'aurais du te garder prêt de moi. » Et sa main poussée par une force qu'il n'arrivait à contenir, à retenir, refermait la baie vitrée. « Je vais essayer de vivre, pour toi, pour nous. Mais je ne te promets rien. Il faudra que m'aide, je sais que je vais tomber souvent. Marius pourquoi on nous inflige ça ? Qu'avons nous faits pour mériter un sort pareil ? » Il se sentait maudit, damné. Il était même prêt à livrer son âme au diable juste pour le revoir quelques secondes.
Mais même ça il n'y avait pas le droit. Qu'importe les dieux ou les démons qu'il irait prier, personne ne lui ramènerait son homme.
Lui seul pouvait le faire vivre en lui. A travers lui.
Vivre c'était faire vivre Marius un peu plus.
Même si c'était extrêmement douloureux.
Même si cela restait extrêmement difficile.

C'était la seule solution et Philippe le savait. Rester en vie c'était garder Marius en vie. Il n'avait pas d'autre choix. Alors il s'était dirigé vers le morceau de papier et il l'avait déchiré. « Voilà tu es content. Je vais vivre même si cette vie sera fade. Et pardonne moi pour ma faiblesse, tu étais ma force tu comprends. Je me sens si  .. je ne sais pas c'est comme si plus rien était en moi. » Les bouts de papier avaient fini à la poubelle puis il avait pris un carton, un de ceux qui contenaient de la vaisselle et il avait commencé à ranger les placards de la cuisine. Occuper son esprit pour ne pas réfléchir et revenir dans cette idée du pire. Les gestes étaient machinaux, automatiques, robotiques.
Mais pour aujourd'hui l'idée de mourir c'était envolée.
A voir ce que lui réservait demain et après demain, les semaines et les mois à venir. A voir ce que lui réservait la vie.
La vie sans Marius.

 
vmicorum.
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Zacharia Foster
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Réminiscence. ft Marius G5Be

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• pronom : Il
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• orientation : Pansexuel
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• quartier : Bel Air. Il vit à l'hôtel pour le moment.
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• crédits : Frimelda
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• date de naissance : 25/05/1978
Zacharia Foster
Réminiscence. ft Marius
Mar 23 Mar - 11:14

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Le noir s’éloigne enfin. Se dissipe lentement. Il semble avoir tout délavé, comme s’il avait emporté avec lui toutes les couleurs que j’avais créées. Salissant tout autour de lui. Laissant d’horribles coulées qui s’accrochent sur les surfaces et les êtres. J’aimerais que le blanc revienne mais, tout est gris. Grisâtre. Dénaturé. Je ne peux rien y changer. Je n’ai aucune prise sur les évènements. Je m’agite tentant de colorer la vie de mon mari mais, rien ne vient. Je ne suis plus qu’un fantôme fantoche qui s’anime en vain.

Si mon cœur battait toujours, je pense que ses pulsations m’étourdiraient et raisonneraient dans tout mon corps après cette frayeur. Je me sens vidé. Plus que d’habitude.

Je me dis que je l’ai sauvé pour cette fois et cette pensée me rassure bêtement même si la peur m’étreint parce que je sais que je ne serai peut-être pas toujours là pour l’empêcher de commettre l’irréparable.

J’ai l’impression d’être une marionnette et je déteste ça.

Immobile, je regarde la vie reprendre ses droits, tout en retenant mon souffle. Espérant que rien ne va venir entraver ce happy end.

Il me semble voir un film que l’on rembobinerait. Des images qui remontent le temps. Une marche arrière des évènements. Cela semble si étrange. Irréel. Je vois Philippe rentrer. J’observe la scène sans oser émettre le moindre son de peur d’enrayer cette belle mécanique de survie.

L’adieu est détruit. La feuille au message funeste mise en miettes et les bouts de papier blancs s’envolent et voltigent dans la poubelle tels de petits papillons indolents. Emportant avec eux le geste malheureux. L’effaçant des mémoires.

Les gestes reviennent aussi. La valse des cartons se succède et mon mari les vide, les uns après les autres.
Je suis resté silencieux et triste durant les heures qui ont suivis. Trop chamboulé pour me manifester. Trop impuissant pour tenter le moindre geste. Je suis resté figé à regarder mon mari déballer sa vie de veuf. D’homme seul.

J’ai oublié les couleurs et les projets d’avenir. La jungle luxuriante que j’avais fait apparaître plus tôt. Tout cela me semble remonter à une éternité. Le poids qui pèse sur mes épaules me fait ployer sous la douleur. Je songe qu’il serait plus facile de disparaître pour de bon plutôt que de flotter entre deux mondes. Plus présent chez les uns et  ne voulant pas aller chez les autres. Les morts. Ceux qui ont trouvé la paix éternelle, d’après les vivants. Ce  n’est pas encore mon cas, ni celui de Philippe. On erre comme deux âmes en peine, dans deux royaumes différents.

J’entends le cliquetis de la porcelaine qui s’empile avec une régularité effarante dans les placards. La musique du cristal qui parfois s’entrechoque tandis que mon homme lâche un juron sur sa maladresse.

Je m’approche enfin de lui. Ses mains tremblent. Son regard est lointain, tout comme son être.

Je revois les tables dressées pour les amis et la famille. J’entends les rires qui fusent. Les regards qui s’échangent. La complicité. Je revois notre vie telle qu’elle ne sera plus jamais. Je m’accroche à une image qui naît dans sa tête et me laisse entraîner chez nous. En France. Dans une scène de son esprit. Happé par le passé. Je profite de me revoir à travers ses yeux, car bientôt, son regard se floutera et les souvenirs s’effaceront doucement sans qu’il s’en rende compte. Processus naturel. Sa vie reprendra. Je pourrais dire que je ne veux pas mais, n’existant que dans sa mémoire, je m’effacerai sans pouvoir protester. Sans pouvoir m’accrocher à lui. Sans pouvoir le supplier.

Dans ma tête, les notes de musique s’égrènent. Les reflets de l’instrument luisent sous les lumières artificielles et éclairent le visage de mon homme. Je souris.

À la musique du saxo se mêle le bruit de l’eau. Mon nouveau berceau.

Plus tard je reviendrai, lorsque les rêves hanteront sa tête et qu'un calme apparent sera revenu. Je me poserai à ses côtés et ensemble nous referont le monde, lui rêvant de moi et de notre vie, moi rêvant de vivre à ses côtés, murmurant des « je t’aime » éternels. Je couvrirai sa bouche de baisers au goût de regret. Je serai sans être.


code by EXORDIUM.


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