so make a wish, i'll be your gift (falloane #12)

L'ambiance est un peu particulière depuis notre retour du Mexique. Je sens Jihane un peu distante, et en même temps je ne peux pas vraiment lui en vouloir. J'essaye malgré tout d'être là pour elle, de faire des efforts et de prendre mon mal en patience. Elle a sans doute besoin de temps. Faut dire que ce n'est jamais facile de se retrouver confrontée à un mur comme elle l'a fait ; son passé. Elle a fait la connaissance de sa grand-mère, mais on ne peut pas dire que ça se soit réellement bien passé. Au contraire. Quand je repense à la scène à laquelle j'ai assisté, j'en ai encore mal au coeur. Sa grand-mère n'a pas été tendre avec elle. Et puis... elle ne sait toujours pas ce qu'il en est de sa mère. Peut-être qu'elle ne saura jamais la vérité. Ça fait quand même beaucoup de choses à encaisser quand on y pense. Je comprends qu'elle puisse être perturbée par ces révélations. Et en même temps je déteste cette sensation de me sentir impuissante. C'est frustrant parce que j'aimerais pouvoir me rendre utile, mais ce n'est pas comme si je pouvais changer le cours des choses. A part lui offrir ma présence et tout mon amour, je ne peux malheureusement pas faire grand chose d'autre. Je ne suis pas une faiseuse de miracle. Mais aujourd'hui, nous sommes le dix novembre et c'est un jour particulier. Son anniversaire. Je vais profiter de l'occasion pour essayer de lui faire plaisir. Wylona n'est pas là ce soir, disons que je me suis arrangée pour qu'elle nous laisse l'appartement pour la soirée. J'ai vraiment envie qu'on puisse se retrouver rien que toutes les deux. Pleinement. Amoureusement. Et j'ai déjà ma petite idée derrière la tête sur ce que je vais lui préparer. Une soirée sous le signe de la détente et du bien-être. Je veux prendre soin d'elle, et tout faire pour qu'elle se sente mieux. C'est ma mission de la journée. Je quitte le travail assez tôt, ramenant volontairement l'une de mes blouses à la maison. Je récupère également la petite table de massage pliante pour les rendez-vous à domicile que nous avons dans la réserve, et quelques produits de beauté en libre service. Mon objectif étant de transformer notre appartement en salon de massage. Je ne peux m'empêcher de repenser au jour où Jihane est venue à l'institut. Mon dieu... il s'en est passé des choses depuis cette époque-là. C'est dingue quand on y repense. Le chemin a été long, les obstacles nombreux, mais c'est ce qui fait que notre histoire est encore plus belle. Enfin je crois. Même si je n'aime pas spécialement me souvenir de tout le mal que j'ai pu lui faire. Je crois que j'ai vraiment évolué de ce côté-là. Grâce à elle, je suis devenue une meilleure personne. Je prépare tout dans le salon, décalant le canapé pour l'occasion. La table de massage est en place, les bougies allumées, et une musique d'ambiance relaxante en fond sonore. Je vais jouer mon propre rôle, comme la personne que je suis tous les jours à l'institut. Même si pour le coup, je n'ai rien sous ma blouse mais chut ! J'entends finalement la porte s'ouvrir, et je la laisse poser ses affaires pendant que je me glisse derrière elle, posant mes mains sur ses hanches. « Bon anniversaire ! » Je lui vole un baiser dans le cou avant de glisser ma main dans la sienne. « La meilleure pour la fin comme promis. » Je ne peux m'empêcher de sourire quand je la vois détailler ma blouse du regard. Je pense qu'elle ne s'attendait pas à me retrouver dans cette tenue. Elle n'est pas au bout de ses surprises...

Doucement j’ouvre les yeux et passe ma main sur le côté droit du lit. Rien. Fallon a déjà dû partir. Mais rien d’étonnant à cela puisqu’elle travaille et bien souvent, sa journée commence avant la mienne. Elle a des choses à préparer au salon avant que celui-ci n’ouvre. Néanmoins, même si elle n’est pas là par la présence, la jeune femme a pris le temps de m’envoyer un message pour me souhaiter mon anniversaire. Et oui, c’est un jour particulier aujourd’hui. Toujours allongée, nous commençons à échanger et autant dire que cela ne me motive pas du tout à me lever. Après plusieurs messages, la blonde me demande de ne pas rentrer trop tard ce soir. Je ne suis pas bête, cela est vraisemblablement synonyme d’un petit quelque chose à deux, ou alors avec Wylona. Au fond de moi, je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée, mais je me garde bien de lui dire. La jeune femme devant aller travailler, je décide à me lever, enfin et à me préparer pour partir à mon tour travailler. En arrivant au bureau ce matin, je précise rapidement à mon patron que je ne pourrais pas rester tard, mais cela ne l’étonne pas. Ça fait maintenant plusieurs années que je travaille avec lui et forcément, il me connaît un minimum et sait qu’aujourd’hui, c’est mon anniversaire. La journée se passe à son rythme, ni trop vite, ni trop doucement. Mais malgré tout, je ne peux pas me retirer de la tête le message de ma petite amie. Il s’est passé des choses au Mexique et je ne m’en suis pas relevée : je n’ai pas été la copine parfaite et pourtant, elle semble vouloir préparer quelque chose. Je crois que ça me rend coupable, coupable de ce que je lui fais voir et de ce que je lui ai fait. Lorsque l’heure arrive, je range les dossiers sur lesquels j’ai travaillé aujourd’hui, rassemble mes affaires et quitte mon lieu de travail pour rentrer à la colocation. Une fois la porte de l’appartement fermée, je ne tarde pas à sentir les mains de la blonde se poser sur ma taille. Enfin.. j’espère que ce sont les siennes. « Bon anniversaire ! » Un sourire se dessine naturellement sur mon visage, alors que je laisse basculer ma tête en arrière pour la poser sur son épaule. « La meilleure pour la fin comme promis. » Très vite, je me retourne pour lui faire face. « Merci. » Je me penche un peu vers elle et dépose un tendre baiser sur ses lèvres avant de la détailler du regard. Fallon ne s’est pas changée et porte toujours la tenue de son travail, ce qui est assez étrange. « Tu viens juste de rentrer ? » Même cette hypothèse n’est pas cohérente. Il est rare, voire même, ça n’arrive jamais, qu’elle rentre habillée de la sorte, elle se change toujours à son boulot. Mon regard se détache alors de la jeune femme et détaille ce qui se trouve derrière elle. « Qu’est-ce que.. » J’allais poser une première question, m’interrogeant sur ce qui pouvait se passer ici. Mais en voyant que le salon a été déplacé, les bougies et la table, je comprends bien vite que ce n’est pas juste comme ça, que ça fait référence à son message de ce matin. « Qu’est-ce que tu as préparé ? » J’ai une bonne partie de la réponse sous mes yeux, mais après tout, il y a peut-être autre chose. « Tu sais, tu n’étais pas obligée. » C’est un jour spécial pour moi, c’est vrai, mais je ne mérite pas tout ça, pas tout le mal qu’elle a dû avoir pour préparer cela. Délicatement, je viens remettre l’une de ses mèches de cheveux derrière son oreille et j’en profite pour venir l’embrasser une nouvelle fois. Par le passer, ça n’a pas toujours été rose entre nous et bien souvent, c’était à cause de la peur de Fallon de s’engager avec une femme, mais aujourd’hui, c’est à cause de moi et je ne suis pas encore prête à gâcher tout ça. Pas tout de suite.

Si on m'avait dit que j'allais un jour découvrir mon côté romantique, je crois que je n'y aurais jamais cru. Toutes ces niaiseries n'étaient pas faites pour moi. Et pourtant, aujourd'hui c'est le rôle de la petite amie parfaite que j'essaye d'endosser. Je le fais pour elle, pour lui faire plaisir. Pour qu'elle se sente bien avec moi. Pour qu'elle se sente mieux surtout. Parce que son bonheur passe désormais en priorité. C'est ça maintenant, je ne suis plus toute seule. Et je me dois de prendre soin d'elle en toutes circonstances. Pour le meilleur comme pour le pire. Ouais non, on en est pas encore là mais bon. Vous avez compris le principe. Même si ce n'est pas une période facile pour notre couple, ce n'est pas une raison pour que je passe à côté de son anniversaire. Au contraire, je vais essayer d'en profiter pour la retrouver. Quand on sait tout ce que j'ai pu faire par le passé, c'est la moindre des choses pour moi que de me montrer présente pour elle. Et ce n'est pas seulement qu'un devoir, c'est aussi parce que ça me fait plaisir. La voir sourire a toujours été mon plus beau cadeau. Elle se retourne, me faisant face et je ne peux m'empêcher de sourire. Je suis quand même fière de moi et de ce qu'elle s'apprête à découvrir. A croire que j'en suis la première surprise. « Merci. » La soirée s'annonce agréable, et ça, ça fait plaisir. J'ai besoin de la retrouver, comme avant. Sans qu'il n'y ait plus aucune ombre au tableau. « Tu viens juste de rentrer ? » Je hausse un peu les épaules alors qu'elle me détaille des pieds à la tête légèrement interrogative. Je ris un peu, et la laisse découvrir ce qui se cache dans le salon de notre appartement. « Qu’est-ce que tu as préparé ? » Une soirée rien que pour elle. « Tu sais, tu n’étais pas obligée. » Je secoue la tête avant de répliquer. « C'est ta journée, tu mérites de passer une soirée agréable. » Et il n'y a pas de raison qu'elle ne le soit pas, n'est-ce-pas ? « Tu peux te détendre, je m'occupe de tout. » Du massage au repas, commandé chez le traiteur pour l'occasion. Je n'ai pas eu le temps de cuisiner, même si j'aurais préféré pouvoir le faire, pour elle. « Est-ce que tu veux que je te fasse couler un bain pour commencer ? » Pour qu'elle puisse commencer à se détendre avant que nous passions aux choses sérieuses ; le massage. C'était prévu dans le planning mais je ne veux pas lui imposer le programme et préfère lui demander ce qui pourrait lui faire plaisir. « Sauf si t'es trop impatiente de découvrir le massage que je t'ai réservé bien sur... » Celui-là n'aura strictement rien à voir avec celui que j'ai pu lui faire à l'institut il y a de ça un moment, ça, c'est une certitude. A cette époque-là, il n'y avait absolument rien entre nous. Hormis de la haine partagée, beaucoup de gêne aussi, et des sentiments aussi contradictoires les uns que les autres. Maintenant je n'ai plus de doute, et je sais que c'est elle que je veux dans ma vie. Je n'ai jamais été aussi sûre de moi. « Je peux comprendre que ça fasse envie. » Je viens à nouveau m'emparer de ses lèvres, l'air joueuse.

Comme je pouvais m’y attendre, en rentrant, je retrouve Fallon qui a pris de ton temps pour me préparer quelque chose. Malgré l’atmosphère pesante qui plane à l’appartement en ce moment, à cause de moi, elle a tenu à me faire cette surprise. Je ne peux être que touchée de cette attention, mais je ne suis pas certaine de le mériter. « C'est ta journée, tu mérites de passer une soirée agréable. » C’est assez ironique quand on y pense bien. Il y a plusieurs semaines, j’ai appris que mon arrivée sur Terre a complètement ruiné ma famille et aujourd’hui, je me retrouve à célébrer ce jour. Je ne dois surtout pas y penser, je risque de gâcher la "fête" qu’a prévu la jeune femme. « Tu peux te détendre, je m'occupe de tout. » Je ne vais pas mentir, c’est quelque chose qui sonne toujours bien à l’oreille. « Est-ce que tu veux que je te fasse couler un bain pour commencer ? » Visiblement, la jeune femme a bien étudié toutes les possibilités pour me faire plaisir et surtout, pour me détendre. Je pense que finalement, mon anniversaire n’est qu’un prétexte. Fallon n’est pas aveugle, elle voit bien que depuis notre retour du Mexique, ce n’est pas vraiment ça. Que ce soit aujourd’hui ou les autres jours, elle est parfaite avec moi et je ne pourrais jamais la remercier assez pour ça. « Sauf si t'es trop impatiente de découvrir le massage que je t'ai réservé bien sur... » Je ne peux m’empêcher de regarder la blonde et de lui sourire. Il n’y a eu qu’un massage à proprement parlé et celui-ci ne s’est pas vraiment terminé de la meilleure des manières. En effet, lorsque les mains de la masseuse se sont aventurées sur mon corps, elle y a découvert certaines de mes cicatrices et je me suis rapidement enfuie. Après ça, il y a bien eu quelques massages, obtenus grâce à mes doux yeux. Mais rien d’officiel, rien avec le matériel de l’institut où elle travaille. « Je peux comprendre que ça fasse envie. » « Je pense que je vais choisir le massage. » Ça permettra peut-être à mon corps de se détendre un peu plus et un peu plus vite. Sans parler de toute cette histoire avec mes origines, il y a autre chose. Je ne suis pas honnête avec Fallon et doucement, ça commence à me détruire de l’intérieur. Ce n’est pas dans mes habitudes, ça ne me ressemble pas, mais je crois que je suis totalement à côté de mes baskets en ce moment. « Mais je vais aller rapidement me mettre un peu plus à l’aise. » Même si je vais devoir retirer une partie de mes vêtements pour que ma petite amie puisse librement faire son massage, j’ai envie de me changer et de mettre des vêtements un peu plus confortables que ceux que je porte depuis plusieurs heures maintenant. « Je peux ? Ou quelque chose se cache dans ma chambre ? » J’arque un sourcil, amusée. À savoir qu’elle se trouve là, face à moi et non nue dans ma chambre pour simple vêtement un ruban pour cadeau, la surprise ne sera dans tous les cas pas à la hauteur. Je laisse la jeune femme quelques minutes et m’éclipse dans l’autre pièce. Automatiquement, je viens m’asseoir sur le lit, histoire de souffler un peu. Deux semaines de mensonges, ça commence à faire beaucoup. Chaque jour qui passe, j’essaye de lui dire, mais en vain. À la voir faire ça pour moi, faire en sorte de me faire plaisir, ça ne me rend que plus coupable. Je ne peux plus faire durer cela, je vais devoir lui dire. Mais aujourd’hui n’est peut-être pas le moment idéal. Après ce petit moment et mes nouveaux vêtements enfilés, je reviens dans la pièce de vie. « Je suis prête. » Je me rapproche de la table de massage et viens retirer mon haut. « J’ai hâte de sentir tes doigts de fée sur mon dos. » Je ne peux m’empêcher de sourire. J’ai bien fait de préciser une partie du corps, cela aurait rapidement pu être tendancieux. « Cela a dû te prendre du temps de tout prévoir. »

Je lui laisse le choix du programme. Si elle veut prendre un bain avant le massage, c'est possible. C'est elle qui a les cartes en main ce soir. Elle peut décider de tout, je ne suis là que pour exaucer ses moindres désirs. J'espère secrètement que cette soirée lui fera du bien - nous fera du bien même. Parce que la situation de ces dernières semaines commence à me peser un peu quand même. J'ai l'impression de sentir Jihane m'échapper, et je me sens complètement impuissante. Je crois que c'est ça le pire finalement. Me sentir inutile, comme si ma présence à ses côtés n'était malheureusement pas suffisante. J'arrive à me mettre à sa place, à imaginer le mal être qu'elle peut vivre suite à ce voyage au Mexique et aux découvertes mais je ne peux rien faire pour atténuer sa douleur. « Je pense que je vais choisir le massage. » Un petit sourire se dessine au coin de mes lèvres. « Excellent choix. » Mais je ne suis sans doute pas totalement objective sur le sujet. Si tous mes massages à l'institut sont purement mécaniques, professionnellement parlant, pour celui-là, je vais généreusement donner de ma personne. Et surtout y prendre beaucoup de plaisir. « Mais je vais aller rapidement me mettre un peu plus à l’aise. Je peux ? Ou quelque chose se cache dans ma chambre ? » Je hoche un peu la tête pour acquiescer, non sans laisser un rire s'échapper d'entre mes lèvres. « C'est bon, tu peux y aller. » Le cadeau dans sa chambre, c'est prévu pour le bouquet final. Enfin j'espère, parce que je dois bien avouer qu'elle me manque aussi intimement parlant. C'est de sa faute aussi, à m'avoir rendu aussi dépendante d'elle et de son corps. Jihane s'éclipse pendant quelques minutes et j'en profite pour finaliser les derniers détails du massage. L'une des bougies installées près de la table est en réalité une bougie qui se transforme en huile de massage chauffante. Et ça tombe bien, la cire est déjà bien fondue. Odeur noix de coco. Jihane revient dans le salon, et je l'invite à se rapprocher de la table. « J’ai hâte de sentir tes doigts de fée sur mon dos. » Elle retire son haut et vient alors s'allonger sur le ventre. Tenue confortable, elle n'a pas eu besoin de mettre de soutien-gorge, et de toute façon il n'aurait pas fait long feu. « Cela a dû te prendre du temps de tout prévoir. » Pas tant que ça finalement. « Ça va, ça me fait plaisir. » Je suis peut-être presque aussi impatiente qu'elle à l'idée de commencer ce massage. « Je t'ai pas prévenu par contre, mais c'est massage intégral ou rien. » Des pieds à la tête pour détendre l'intégralité de son corps. Côté face, et côté pile aussi après. Le genre de massage que je ne fais à personne d'autre évidemment. D'un geste de la main, je l'invite à faire tomber le bas aussi. « Me regarde pas comme ça, je sais me tenir. » Que j'ajoute en riant. « Je fais juste mon boulot, des jolis corps comme le tien j'en vois tous les jours. » Bon ça, c'est juste pour la taquiner. Ce n'est évidemment pas à prendre au premier degré. Je récupère la cire de la bougie en guise d'huile de massage, et commence à l'étaler dans le dos de ma petite-amie. L'huile est chaude mais pas brûlante non plus. C'est fait exprès, et la sensation de chaleur ne peut être qu'agréable. Le contraste avec mes mains légèrement froides devrait faire un bon mélange. Je débute déjà quelques mouvements de va-et-vient, sentant déjà quelques noeux dans son dos. « Je crois que tu en avais vraiment besoin... t'es nouée de tous les côtés, c'est dingue ! » Ça confirme la période difficile que la jeune femme traverse, parce que notre corps est étroitement lié à ce qu'endure notre esprit. Ce sont deux choses qui vont toujours de pair. « Il faut vraiment que tu arrives à te détendre... » Et je suis là pour ça. Ce n'est que le début des hostilités.

La soirée s’annonce bonne, elle ne peut que l’être non ? Nous sommes seules à l’appartement et ce qu’elle a préparé semble coller parfaitement à l’idée de la soirée parfaite. « Excellent choix. » Finalement, je trouve que je ne profite pas assez de son métier de masseuse, je le note pour plus tard. Surtout qu’au final, c’est bénéfique pour nous deux : elle s’exerce et j’en profite. Néanmoins, avant de commencer, j’ai envie de me changer un peu, même si pour le massage, je devrais forcément faire tomber des vêtements. Un tour express dans ma chambre et me revoilà aux côtés de ma petite amie. Je retire mon haut et m’installe sur la table, essayant déjà par ce simple geste de me détendre un peu. « Ça va, ça me fait plaisir. Je t'ai pas prévenu par contre, mais c'est massage intégral ou rien. » Je ne peux m’empêcher de rire un peu, surprise peut-être. Mais c’est elle qui décide, alors je viens retirer le reste de mes vêtements. « Me regarde pas comme ça, je sais me tenir. Je fais juste mon boulot, des jolis corps comme le tien j'en vois tous les jours. » Sur mon visage, on peut facilement voir que ce n’est pas ce à quoi je m’attendais. Elle me cherche un peu, j’ai l’impression. Mais c’est de bonne guerre, je lui avais bien fait quelque chose du genre au Mexique. Sentant néanmoins qu’elle rigole, je décide de ne rien ajouter et je reprends place sur la table de massage. Maintenant, c’est à elle de jouer. « Je crois que tu en avais vraiment besoin... t'es nouée de tous les côtés, c'est dingue ! » Je n’avais pas vraiment besoin de son expertise pour savoir cela, je le sens. Même en terme de sommeil, ça commence à me peser et ça épuise. « Il faut vraiment que tu arrives à te détendre... » « Ce n’est pas vraiment facile en ce moment. Et ça te retombe dessus tout ça, je suis désolée.. » Ce n’est pas volontaire et je suis sûre qu’elle le sait, mais même moi je ne sais pas quoi faire pour arranger ça, alors comment est-ce que je pourrais lui demander de l’aide ? Au loin, j’entends que mon téléphone vibre. Aujourd’hui, ça n’a pas été de tout repos pour lui. « Est-ce que tu peux regarder s’il te plaît ? C’est peut-être l’un de mes pères. » Ou bien même quelqu’un de ma famille. À ce moment précis, c’est bien les seules personnes pour qui j’interromprais ce moment. Fallon attrape le téléphone et reste silencieuse. Je finis par me redresser, prenant au passage une serviette pour la mettre contre moi. « Qu’est-ce qu’il y a ? » En récupérant mon téléphone, je remarque que le prénom affiché dessus n’est pas celui d’un membre de ma famille, mais de Rain. Il s’agit d’une amie avec qui il s’est déjà passé des choses dans le passé, mais rien de sérieux, c’était simplement pour passer du bon temps ensemble. Nous ne nous donnions plus de nouvelles dernièrement, cependant, nous nous sommes croisées dans un bar dernièrement et il faut croire que cela lui a permis de se souvenir de mon anniversaire. « C’est juste un message comme ça. Elle me souhaite simplement de profiter de ma journée. » Ce message ne semble pas plaire à la blonde et c’est compréhensif, je ne suis pas certaine que je réagirais bien si quelqu’un ayant été intime avec ma petite amie chercherait à la contacter de la sorte. Alors j’essaye de la rassurer un peu, de faire de mon mieux pour que cette soirée ne tourne pas au cauchemar alors qu’elle vient à peine de commencer. Mais.. Oui, il y a un mais. J’ai menti à Fallon et lui dire ça, c’est comme rajouter une nouvelle couche. Je dois arrêter tout cela et être enfin honnête avec elle, quitte à perdre tout ce que nous avons construit jusque là. Faire comme si tout allait bien indéfiniment risque de faire plus de dommages. Mon regard dans le sien, je cherche le courage de lui parler. Ce n’est pas facile, j’ai l’impression de lui faire ce qu’elle m’a fait quand nous n’étions pas encore ensemble. « Fallon.. » Finis-je par dire, avant de baisser légèrement la tête.

Ma petite-amie est vraiment tendue, et ça se ressent évidemment dans son corps tout entier. Sans me vanter, je crois que ce massage était plutôt une bonne idée. Si ça peut lui permettre de se détendre un peu, c'est tout ce que je demande. Je suis consciente que Jihane traverse une période difficile en ce moment, et je veux être là pour elle. Faire de mon mieux pour qu'elle se sente bien. Aujourd'hui c'est sa soirée, et j'ai envie de la chouchouter. Autant que mes talents de masseuse puisse servir à quelque chose. Si je ne peux pas en faire profiter ma moitié, ça serait dommage quand même. Mes mains expertes s'attèlent déjà à la tâche, et je prends mon rôle à coeur pour essayer de dénouer les nœuds dans le dos de ma petite-amie. « Ce n’est pas vraiment facile en ce moment. Et ça te retombe dessus tout ça, je suis désolée.. » Je ne peux pas la blâmer pour ça. « C'est normal que tu sois bouleversée en ce moment, je comprends et je ne peux pas t'en vouloir. » Et au contraire, je la trouve quand même vachement courageuse. Parce qu'à sa place, je ne sais pas vraiment comment j'aurais pu réagir. Elle est forte, depuis toujours, et je l'ai toujours admiré pour ça. Et si un jour elle ne l'est plus, je ferai tout pour l'aider à le redevenir. Le téléphone de Jihane se met à vibrer, sans doute un énième message d'anniversaire. « Est-ce que tu peux regarder s’il te plaît ? C’est peut-être l’un de mes pères. » Je hoche un peu la tête avant de m'essuyer les mains pour récupérer son téléphone portable. Mon visage se décompose lorsque je vois le prénom qui s'est affiché sur l'écran. Rain. « Non c'est pas vraiment eux. » Lâchais-je peut-être un peu trop amèrement, la mâchoire crispée. C'est plus fort que moi, cette fille je l'ai jamais aimé. Pire que ça, elle ne m'inspire clairement pas confiance. Si j'ai confiance en Jihane, je n'ai pas confiance en elle. Et de savoir qu'elles ont eu un truc toutes les deux dans le passé... ouais ça me rend dingue. « Qu’est-ce qu’il y a ? » Je lui donne son téléphone en soupirant. « Tiens. » Ça m'énerve de ressentir cette pointe de jalousie à laquelle je n'arrive toujours pas à m'habituer. Avec elle, j'ai l'impression d'être devenue possessive et je ne supporte pas ce que ça fait de moi. « C’est juste un message comme ça. Elle me souhaite simplement de profiter de ma journée. » Je lève un peu les yeux au ciel dans un réflexe. « Ouais super. » Bon ok, je devrais peut-être pas être aussi sèche avec elle mais c'est une réaction que je ne contrôle pas. Je ne veux pas gâcher la soirée pour une connerie de jalousie mal placée alors je tente de prendre sur moi pour faire en sorte d'oublier ce message. « Fallon.. » Je sens la jeune femme fuir mon regard, et je ne comprends pas vraiment ce qui se passe. Elle est un peu bizarre d'un coup, et je n'aime pas trop ça. « Je suis désolée, je voulais pas réagir comme ça... tu sais bien que je suis impulsive, mais c'est pas contre toi. » C'est surement là mon plus gros défaut - parmi tant d'autres, mais on ne se refait pas. Je veux pas qu'elle le prenne contre elle, parce que ce n'est pas du tout ça. C'est Rain qui me met dans tous mes états. Quand je repense à cette unique fois où je l'ai croisé, à son comportement beaucoup trop tactile qu'elle avait eu avec Jihane... ouais ok, je suis encore en train de m'énerver là. Stop. Mais ma petite-amie est encore plus bizarre au fil des secondes, et je suis loin d'imaginer ce qu'elle s'apprête à me dire.

Mon corps est mis à rude épreuve avec tout ce qui m’arrive en ce moment, mais je n’en suis pas vraiment surprise. J’ai longtemps intériorisé beaucoup de choses et forcément, la pression s’est accumulée. Aux rejets de Fallon, à la perte du bébé et maintenant à ça. « C'est normal que tu sois bouleversée en ce moment, je comprends et je ne peux pas t'en vouloir. » Il a les vérités sur mon passé et il y a autre chose, quelque chose qui lui plairait beaucoup moins et qui ne rentrerait sûrement pas dans ce qu’elle pense justifié. Mais pour l’instant, je préfère profiter du moment présent, de ses mains sur mon corps qui tentent de faire de leur mieux pour me détendre. Cependant, tout ceci est interrompu par mon téléphone qui vibre. N’ayant rien à me reprocher dessus, je demande à ma petite amie de regarder de qui vient le message pour moi. « Non c'est pas vraiment eux. » Au son de sa voix, je sais que ça ne sent pas très bon. « Tiens. » Mes sentiments sont confirmés lorsque je vois le prénom affiché sur l’écran. Si je voulais profiter du moment et ne penser à rien, c’est raté. Rain me revient en pleine face, elle et ce qu’il s’est passé dans le bar l’autre jour. « Ouais super. » Heureusement, ce message ne fait pas allusion à cela et je peux donc choisir mes propres mots pour l’annoncer à Fallon. N’arrivant plus à la regarder dans les yeux, je baisse légèrement la tête. C’est vraiment une bonne journée d’anniversaire, ça va finir que je ne vais plus les fêter. « Je suis désolée, je voulais pas réagir comme ça... tu sais bien que je suis impulsive, mais c'est pas contre toi. » Je sais bien qu’elle ne voulait pas être méchante, mais qui suis-je pour la juger ? Alors que nous n’étions pas ensemble, j’ai fait tout un cirque à Fallon lorsque je l’ai surprise au lit avec un homme. Bon d’accord.. la scène était à vomir, mais elle était dans son droit. « Je.. » Ce qui me fait peur, c’est son impulsivité. Ce que j’ai à lui dire n’est pas facile et j’ignore comment elle va réagir. Mal certainement et ce serait justifié, mais je ne veux pas que mon geste brise tout ce qu’on a réussi à construire ensemble. « Tu devrais pourtant. » C’est lâché. Il est maintenant impossible pour moi de faire marche arrière. « J’ai vu Rain il y a deux semaines. » Je commence doucement, apportant les faits les uns après les autres. « Le soir où j’ai dormi chez mes parents, je suis allée dans un bar et je l’ai croisée là-bas. » Finalement, ce n’est pas qu’une révélation que je dois lui faire, mais plusieurs. Cette soirée-là, Fallon n’en a pas connaissance, puisque je lui ai menti sur ce que je faisais. Pour elle, j’étais simplement avec ma famille, pour me ressourcer un peu après ce que j’avais vécu. « Je l’ai embrassée. » Mon regard planté dans le sien, je suis à la recherche de la moindre réaction de sa part. « Mais ce n’était rien, ça ne voulait rien dire. Je n’étais pas bien, j’avais bu.. je suis rentrée directement après. » Je ne sais même plus si je suis en train d’essayer de me défendre ou de m’enfoncer. Un peu des deux sûrement, l’un ne va pas sans l’autre.

Je réagis toujours un peu violemment, mais c'est plus fort que moi. J'essaye pourtant de faire des efforts pour ne pas toujours partir au quart de tour pour des conneries. Mais faut croire que j'ai encore un peu de travail à faire sur moi-même de ce côté-là. Je m'excuse, parce que je n'ai pas envie que cette conn*sse de Rain vienne pourrir notre soirée en tête à tête. Elle serait limite trop contente que ça arrive, et je ne lui ferais surtout pas ce plaisir. Enfin... « Je.. Tu devrais pourtant. » Quelque chose me dit que je ne vais pas du tout aimer ce que je vais entendre. Mon corps se raidit inconsciemment alors que j'essaye de la toiser du regard. « J’ai vu Rain il y a deux semaines. » J'avale difficilement ma salive, essayant de ne pas imaginer le pire. Et pourtant, c'est plus fort que moi. Comme si j'avais senti un putain de mauvais pressentiment au moment même où j'ai vu le prénom de Rain s'afficher sur l'écran de son téléphone. Un genre de sixième sens. Comme si c'était là juste sous mes yeux. Si Jihane ne m'a rien dit avant à ce sujet, il n'y a pas besoin d'être particulièrement intelligente pour comprendre qu'il y a un problème. Ouais c'est mauvais signe. Et dans ma tête, je commence déjà à me faire tous les scénarios possibles. Je ne bronche pas pour autant, prête à lui laisser le bénéfice du doute un peu naïvement. « Le soir où j’ai dormi chez mes parents, je suis allée dans un bar et je l’ai croisée là-bas. » Plus les mots se délient de ses lèvres, plus mon coeur se serre dans ma poitrine. Je suis à deux doigts ou presque du couperet final, je le sens, je le sais. Je peux le lire dans son regard. « Je l’ai embrassée. » Et là, c'est le drame. Mon sang ne fait qu'un tour, et mon regard devient assassin. « Attends, quoi ? » J'ai pas dû bien comprendre là, c'est pas possible autrement. Est-ce qu'elle est en train de se foutre de ma gueule ou quoi ? Apparemment non, JIhane a l'air malheureusement très sérieuse. « Mais ce n’était rien, ça ne voulait rien dire. Je n’étais pas bien, j’avais bu.. je suis rentrée directement après. » Pas besoin d'en dire plus, je m'en fous. « Bah voyons ! » Je suis en train de vriller là. Et dire que je lui ai préparé une soirée de rêve pour son anniversaire... non c'est trop. « Comment ai-je pu être aussi conne franchement ? » Moi qui pensais bêtement qu'elle était distante avec moi à cause de ce qu'elle avait vécu au Mexique. Je comprends mieux maintenant. « C'est bien, super, je te félicite. » Je viens l'applaudir de mes deux mains pour lier le geste à mes paroles. Non mais je rêve. L'alcool n'est pas une excuse valable. Et je suis bien placée pour en parler. J'étais bourrée comme pas possible la dernière fois, si bien même que j'ai fini en cellule de dégrisement, c'est pas pour autant que je lui ai été infidèle. Au contraire même. Malgré toutes mes peurs, elle était toujours là dans un coin de ma tête. J'ai beau avoir tous les défauts du monde, même moi je n'aurais pas été capable de lui faire une chose pareille. Depuis que je me suis engagée avec elle, j'ai été droite dans mes bottes. Comme je ne l'ai jamais été auparavant. Mais ce n'est pas le cas de tout le monde. « Tu sais quoi ? » Je plante mon regard rempli de haine dans le sien. « Vas-y, appelle la. Cours te réfugier dans ses bras, j'en ai rien à foutre. » C'est fini de changer pour elle. Fini toutes ces conneries.

Lui mentir, c’est devenu impossible. Ça ne me ressemble pas d’agir comme cela avec elle, alors même si avec tout ça, je risque de la perdre, je prends le risque. Plus ce secret restera entre nous, plus ce sera difficile ensuite. « Attends, quoi ? » Instinctivement, je baisse la tête, comme pour fuir le problème. Pourtant, je suis la seule responsable ici, alors je vais devoir faire face à tout ça. J’essaye de me justifier comme je peux, comme si cela allait suffire. J’avais bu ce soir-là, c’est vrai, mais face à Fallon, cette excuse complètement futile. « Bah voyons ! » La réaction de ma petite amie est exactement celle à laquelle je m’attendais. Celle que j’aurais eu aussi si c’était elle qui avait fait quelque chose. « Comment ai-je pu être aussi conne franchement ? » Elle n’a rien à se reprocher. Depuis notre retour du Mexique, la blonde a été parfaite. C’est moi, j’ai tout fait foirer, parce que j’ai l’impression que ma vie m’échappe, que je n’ai plus de contrôle sur rien. Sur ma famille, sur mon couple. Je n’ai pas réussi à lui dire ce qui n’allait pas, car j’avais peur de la perdre. Ce n’est quand même pas l’idée pour une relation. « C'est bien, super, je te félicite. » Je soupire légèrement. Je ne suis pas dans sa tête, je ne sais pas vraiment ce qu’il s’y passe. Elle doit sûrement me détester et c’est justifié, mais je ne veux pas qu’elle pense que c’était prémédité, que j’ai cherché à voir Rain pour que quelque chose se passe. Elle était là et j’ai déconné. C’est tout. Malheureusement, je sais que ce ne sera pas aussi simple. « Tu sais quoi ? Vas-y, appelle la. Cours te réfugier dans ses bras, j'en ai rien à foutre. » Ce n’est clairement pas ce que je veux et j’espère qu’au fond d’elle, Fallon le sait. Je descends de la table de massage, récupère mes vêtements et les enfile de nouveau. Nue, les choses passeraient peut-être mieux, mais ce n’est pas la tenue idéale pour gérer le genre de problèmes qui vient d’être déclenché. « Fallon.. » Je capte son regard et vois toute la haine qu’elle éprouve pour moi à ce moment-là, ce n’est pas facile. « Je n’irai nulle part. » Même si là, c’est sûrement ce qu’elle veut : ne plus m’avoir face à elle. Malgré ce qu’elle peut ressentir pour moi là, je n’ai envie d’être nulle part qu’ici, avec elle. « Je suis vraiment désolée. » Je souhaiterais que l’on oublie ce qu’il s’est passé, qu’on passe au-dessus de tout ça, mais je sens au fond de moi que ça ne va pas être aussi facile que ça. « Ça n’a aucun sens, je le sais. C’était débile, de sortir sans te le dire et de.. de faire ça. » Inutile de remettre des mots dessus : le dire une fois a fait suffisamment de mal comme ça. « Je ne ressens rien pour elle. » C’est risqué, mais je le fais quand même : je me rapproche doucement d’elle. Elle va sûrement me repousser, tant pis. Je dois tenter le tout pour le tout, sinon je vais le regretter. Je pose mes mains sur ses joues, l’obligeant ainsi à me regarder. « C’est toi que j’aime Fallon. » Après une telle révélation, ça sonne un peu faux, je m’en rends compte et pourtant, je suis honnête avec elle. Ce baiser n’était rien, il ne voulait rien dire et ça ne changera pas, que ce soit aujourd’hui ou demain.

La soirée romantique parfaite qui se transforme en l'espace d'une seconde en véritable cauchemar. Quelques mots ont suffit à ruiner l'ambiance devenue maintenant glaciale. Jihane a embrassé Rain à une soirée dans un bar, alors que je la pensais chez ses pères pour se ressourcer. Je tombe des nues, ou presque. Je sentais bien qu'elle était distante avec moi ces derniers temps... mais de là à imaginer un tel scénario, non impossible. J'ai toujours eu confiance en elle depuis le début. C'est plutôt en moi que je n'avais pas confiance d'ailleurs. Et pourtant, voilà où nous en sommes. Non mais je rêve ! Et elle trouve le moyen d'attendre deux semaines pour me dire la vérité. Je me sens trahie, humiliée, et la colère qui s'empare de moi est juste incontrôlable. Je vois rouge, parce que je me sens blessée. Je me sens même complètement débile d'avoir voulu changer pour elle. Je me suis ouverte à elle, à coeur ouvert, en faisant tous les efforts du monde pour que notre relation fonctionne, et voilà comment elle me remercie. Non, c'est trop. « Fallon.. » A cet instant, mon regard est rempli de haine. Et j'ai juste envie de la détester du plus profond de mon être. « Je n’irai nulle part. » Ça avait des avantages de vivre sous le même toit, beaucoup d'avantages depuis que nous sommes en couple, mais là, c'est juste un putain d'enfer. J'ai juste envie de me barrer et de ne plus la voir. « Je suis vraiment désolée. Ça n’a aucun sens, je le sais. C’était débile, de sortir sans te le dire et de.. de faire ça. » Je ne l'écoute même pas. C'est comme si ses excuses rentraient par une oreille et ressortaient directement par l'autre oreille. Si c'était aussi débile, elle n'aurait pas dû le faire. Point. « Je ne ressens rien pour elle. » La jeune femme se rapproche, et vient poser mes mains sur mes joues. « C’est toi que j’aime Fallon. » J'ai le coeur qui se serre dans ma poitrine, et ça fait un mal de chien. Si elle m'aimait vraiment, elle n'aurait pas été embrasser une autre dans mon dos. Si tant est qu'elle n'ait fait que ça... parce que j'en sais rien en fait. Qui me dit qu'il n'y a pas pu avoir plus ? « ARRÊTE ! » Je recule d'un pas, me séparant violemment de son emprise. Et puis quoi maintenant ? C'est elle qui va jouer les victimes en essayant de retourner la situation ? Non, pas avec moi. « Ne perds pas ton temps à me raconter des conneries. » J'y crois pas, j'y crois plus. Elle aura beau dire n'importe quoi, ça ne passera pas. « C'est de la merde tout ça. » Elle ne peut pas continuer à me dire qu'elle m'aime comme si de rien n'était. Je passe nerveusement mes mains sur mon visage, en espérant peut-être que ça ne puisse être qu'un foutu cauchemar. Mais non. Elle m'a dit qu'elle était rentrée directement après ce baiser, mais peut-être que les deux jeunes femmes se sont revues quelques jours après. Rain aurait pu chercher à reprendre contact avec elle. Ou même pire encore, c'est peut-être Jihane qui l'a fait d'elle-même. Ce message d'anniversaire n'était pas si anodin que ça finalement. « Est-ce que tu l'as revu après ? » J'ai besoin de savoir. Quitte à me faire encore plus de mal, au moins les choses seront claires. Même si de toute façon le mal est déjà fait. Je secoue rapidement la tête avant d'enchainer. « Non en fait tu sais quoi ? Je m'en fous complètement. Tu fais ce que tu veux maintenant, c'est fini. » F.I.N.I.T.O. Avec moi, c'est tout ou rien. Noir ou blanc. Elle est bien placée pour le savoir.

À en voir sa réaction, je me demande si parler était une si bonne idée : je viens de réduire à néant la confiance qu’elle avait pour moi. Mais est-ce que continuer à lui mentir était mieux ? Je ne pense pas. Plus ce secret serait resté entre nous, plus il aurait fait mal au moment de la révélation. « ARRÊTE ! » Malgré le rapprochement que j’ai opéré, Fallon se détache de moi et s’éloigne. Je sens mon coeur se briser et cette fois-ci, j’en suis la seule responsable. Pourquoi est-ce que j’ai tout gâché ? On était plutôt bien ensemble dernièrement. « Ne perds pas ton temps à me raconter des conneries. » Elle m’en veut et pour le coup, je ne peux pas vraiment lui reprocher. Avant tout cela, avant qu’on ne soit officiellement un couple, c’était elle qui avait tendance à faire les mauvais choix. Mais les choses ont changé et je suis devenue la méchante. « C'est de la merde tout ça. » Non. Elle ne peut pas penser ça. J’ai merdé, c’est vrai, mais mes sentiments pour elle sont réels, ils l’ont toujours été. « Est-ce que tu l'as revu après ? » Mon regard planté dans le sien, je bascule légèrement ma tête sur le côté. Elle me pose vraiment cette question ? Ça veut dire qu’elle pense que cela est possible et ça fait assez mal. « Non en fait tu sais quoi ? Je m'en fous complètement. Tu fais ce que tu veux maintenant, c'est fini. » Ce dernier mot était prévisible et pourtant, son effet est dévastateur chez moi. Je crois qu’au fond de moi, je ne pensais pas que cela irait jusque là. Il n’est peut-être pas trop tard, je ne peux pas baisser les bras comme ça. « Non, je ne l’ai pas revu après. Bien sûr que non. » Il est important pour moi de répondre à sa précédente question, peut-être pour éviter qu’elle ne se fasse des films supplémentaires. À sa place, même en précisant clairement que je ne veux pas savoir, ma tête ne se mettrait pas en pause et s’imaginerait le pire. « C’était complètement débile. Quand j’ai compris ce qu’il venait de se passer, j’ai paniqué et je suis rentrée chez mes parents, seule. » Oui, ça aussi, c’est important de le préciser. Si je ne l’ai pas revu plus tard, je n’ai pas non plus passé la soirée avec elle. « C’est vraiment ce que tu veux ? Pour nous ? » Je suis obligée de lui demander. Sinon quoi ? Je prends mes affaires et je pars, ça s’arrête là ? « S’il te plaît Fallon.. » Je ne vois plus que cela comme option, la supplier. Son regard est noir, elle ne va pas oublier aussi vite que ça, c’est impossible. « J’ai fait une connerie, mais ça ne peut pas tout gâcher entre nous. » Je m’en veux aujourd’hui, mais je pense que ce sentiment ne sera rien à côté de ce que je vais ressentir demain. Quand je me réveillerai seule, quand la blonde m’ignorera. Ça a été la guerre entre nous, durant de nombreuses années, je ne suis pas prête pour que cela recommence.

J'ai toujours été impulsive, réagissant à vif sous le coup de mes émotions. Et là encore, je n'essaye même pas de me raisonner, c'est impossible. Mon cerveau est à l'arrêt, je suis incapable d'analyser la situation calmement. Les faits sont là, et quand je l'imagine embrasser une autre, j'ai juste le coeur qui se déchire à l'intérieur. Avec moi, il n'y a pas de demi-mesure. C'est comme ça, le juste milieu, je ne sais pas ce que c'est. Les gens ont le choix de me prendre comme je suis, ou de ne pas me prendre du tout. Jihane est sans aucun doute la personne qui me connait le mieux sur cette Terre, il n'y a même pas débat là-dessus. Elle aurait dû savoir que ses actes auraient des conséquences... elle aurait dû se douter que je ne pourrais pas lui pardonner. C'est peut-être excessif de ma part, mais en réalité, j'en ai strictement rien à faire de ce qu'elle peut bien penser. Elle et n'importe qui d'autre d'ailleurs. Je suis blessée, et ça, c'est pire que tout. On sait très bien ce que la douleur m'a déjà fait faire par le passé ; tout et n'importe quoi. Mode replay on. « Non, je ne l’ai pas revu après. Bien sûr que non. » Finalement, une infime partie de moi est soulagée de l'entendre. Mais plutôt crever que de le montrer. Question de fierté. De toute évidence ça n'a plus vraiment d'importance à présent. « C’était complètement débile. Quand j’ai compris ce qu’il venait de se passer, j’ai paniqué et je suis rentrée chez mes parents, seule. » Est-ce que ça change quelque chose à mes yeux ? Absolument pas. « Tu n'aurais surtout pas dû te gêner pour moi. » Mon ton est sarcastique, piquant. Mais si elle a été capable de faire ressortir le meilleur de moi jusqu'à maintenant, c'est maintenant tout le contraire. L'ancienne Fallon, celle qui était détestable, méchante, sans coeur. Bon retour parmi nous. « C’est vraiment ce que tu veux ? Pour nous ? » C'est la première fois que je suis amoureuse, et j'ai vraiment cru en notre histoire. Naïvement. Pendant sept mois, essayant de jouer les petites amies parfaites, maladroitement peut-être. « S’il te plaît Fallon.. » La colère n'arrive pas à redescendre. Je suis incapable de la regarder dans les yeux sans sentir ce putain de poignard dans le coeur. « J’ai fait une connerie, mais ça ne peut pas tout gâcher entre nous. » Pourtant si, ça peut. Elle a tout gâché au moment même où ses lèvres se sont posées sur celles d'une autre. « Tu t'attendais à quoi franchement ? » Je continue de la fusiller du regard, parce que ça fait un mal de chien putain. « Il fallait réfléchir avant, c'est trop tard maintenant. » C'est fini. Sur le moment, je suis catégorique et rien ne pourra réussir à me faire changer d'avis. J'ai besoin d'être seule, de me barrer d'ici le plus vite possible. Je ne sais même pas où je vais aller, mais ce n'est pas le plus important. Tant que je peux ne plus la voir. Je file rapidement dans ma chambre me changer, avant de repartir comme un éclair en claquant la porte. Bonne fin de soirée d'anniversaire à elle mais ça sera sans moi.