Behind the screen ~Milton & Damian~

Devant son ordi, un demi sourire aux lèvres, il relit les échanges qu’il a eus avec Sexwolf. Dans la pénombre de son bureau, seul l’écran diffuse une lumière crue. Aussi crue que les mots qui s’affichent devant lui. Il s'est installé dans son bureau de réception. Celui où il travaille est encombré de plans, de croquis et il y a surtout un tabouret et non un énorme fauteuil en cuir comme ici. Milton n’est pas un adepte des sites de rencontres mais, le nom a été évoqué devant lui par une collaboratrice qui n’a pas le temps de chercher l’amour. Elle semble ravie de son expérience et Milton a noté dans un coin de sa tête d’aller y faire un tour. Ce qu’il a fait et sa surprise a été grande lorsqu’il a vu rapidement arriver une réponse sur son profil. Le pseudo plus qu’aguicheur et la photo de profil extrêmement parlante et sexy ont fait le reste en abattant les dernières barrières qui auraient pu le retenir de répondre. Son sourire s’agrandit. Il est loin d’être déçu par cette rencontre, reste à savoir maintenant, jusqu’où il veut aller. Sexwolf a l’air d’être plutôt aguerri côté fantasmes et délires sexuels. Au début, il a dû faire un effort pour s’ouvrir puis, il s’est laissé prendre au jeu et le voilà maintenant à accepter un échange via cam interposée. Une première pour lui. Soit il baise, soit il ne baise pas mais, il n’a rarement le temps de jouer à ce genre de choses. De plus, il trouve cela frustrant mais cela semble être l’essence même du jeu. Peut-être que son partenaire va le faire changer d’avis. Il n’est pas à l’abri d’une bonne surprise. Le dernier message envoyé est une invitation à allumer les cams afin qu’ils puissent ‘vivre’ le fantasme évoqué. Il est toujours vêtu. Un jean et une chemise de couleur sombre. Il a fait en sorte que seul son torse et son bas-ventre apparaissent aux yeux de Sexwolf. L’anonymat étant requis. Une bosse sur son entrejambe vient affirmer les allégations faites un moment plus tôt sur l’effet des écrits de son partenaire. Il n’a pas menti. L’excitation et la découverte d’autre chose l’emportent sur la sagesse et cette petite voix qui lui dit qu’il ne connaît pas la personne derrière l’écran et qu’il ne sait pas où il met les pieds. Ce à quoi, il oppose le fait d’être incognito. Il doit surtout avouer qu’il est intrigué et qu’il a très envie de poursuivre l’expérience. Après tout, il est majeur et assume ses actes. S’il trouve que la situation dérape ou devient incontrôlable, il y a toujours le bouton « off ».
Milton a tout de même une légère appréhension qu’il n’arrive pas à dompter. Sauter dans l’inconnu est toujours excitant et effrayant, même à son âge. Son métier est tellement carré. Il y a certes une place à l’imagination pour donner vie à des structures aériennes et inédites mais, le reste n’est que calculs. Mathématiques. Il n’y a pas de place pour l’improvisation. Aussi, se retrouver bientôt face à un inconnu dans une situation inédite n’est pas une habitude. Pas ainsi du moins.
Lorsque la proposition est acceptée et que l’écran dévoile enfin son partenaire de jeu, Milton lance un simple « Content de te voir. Que le jeu commence. ». Ses prunelles claires examinent l’image à l’écran. Son fantasme peut enfin prendre corps.

Confortablement installé dans son fauteuil, un sourire aux lèvres, Milton écoute les paroles de Harry. C’est le prénom mentionné dans la fiche de présentation. Est-ce la vérité? Il doit avouer que peu lui importe. Il se contentera de ce prénom, Harry. Il s’enfonce un peu plus dans le cuir de son assise et se surprend à rêver que l’homme en face de lui, cette image sur l’écran, soit là. Mil constate que son partenaire est à peu près dans le même état que lui avec une érection qui ne pourra pas rester confiner encore bien longtemps. Pour le moment, il décide de jouer le jeu. Il est là pour ça. Il est vrai que son regard s’est immédiatement focalisé sur le torse splendide. Il a caressé du regard les muscles bien dessinés et il continue encore à se repaître de cette vue. Lui, est musclé, certes, mais ses muscles sont plus fins. Moins saillants. Son corps semble plus menu alors qu’il n’en est rien. Juste une constitution différente. Il ne peut s’empêcher de se demander ce que l’autre va penser de son corps. Il devra repasser s’il cherche un ‘Monsieur Muscles’. Milton est du genre grand, fin et longiligne. Il y a aussi cette cicatrice qui lui barre tout le haut de la pommette gauche. Lui n’y pense jamais mais le regard des autres le lui rappelle parfois sans que cela le dérange outre mesure. Par contre, il déteste la curiosité et les questions que cette marque sur sa peau suscite.
Suivant les instructions de Harry, il entreprend de commencer par défaire les boutons qui ferment les manches autour de ses poignets. Puis, ses mains s’approchent du col de sa chemise qui n’est pas complètement fermé. Lorsqu’il est chez lui, il défait systématiquement les deux premiers boutons pour se sentir plus libre. Moins emprisonné. Il s’attelle à la tâche en dégrafant un par un les les minuscules boutons. Le tissu cache toujours son torse et il n’a rien fait pour laisser entrevoir le moindre millimètre de peau. Il tire doucement sur le tissu emprisonné dans son pantalon et continue de libérer les boutons. Une fois son travail achevé, il demande « ça te convient ? » tout en sachant que son partenaire ne voit toujours pas son torse avant de rajouter d’un ton faussement excusé « Hmm... tu ne dois toujours pas apercevoir ce que tu veux... » Il secoue légèrement la tête et glisse une de ses mains entre les pans de la chemise. Sa main caresse son omoplate, soulevant le tissu, puis, elle descend sur son pectoral, ouvrant un peu plus le vêtement au fur et à mesure qu’elle semble explorer le torse de Milton. Elle finit son trajet sur ses abdos avant que l’autre main ne refasse le même trajet sous le tissu, ouvrant enfin la chemise et dévoilant un corps alangui. Son érection est encore plus apparente mais, ne sont-ils pas là pour ça… Un frisson s’empare de son épiderme et il se demande si Harry peut voir l’effet de ses pensées sur sa peau. D’un geste désinvolte, il entrouvre un peu plus les pans de son vêtement avant de conclure  « Tu aurais sûrement fait comme ça, si tu avais été là, avec moi » il ne va pas plus loin dans son effeuillage. Non que cela le gène de se mettre torse nu, c’est juste qu’il ne fait que ce que Harry demande. Non par soumission mais pour voir ce qu’il veut, et comment il le veut. Autour de son cou, une fine chaîne en or brille à la lueur de l’écran. Une médaille de naissance est posée sur son torse. Ronde et mordillée à certains endroits, vestiges de la période où il faisait ses dents – d’après sa mère -. L’angelot dodu semble regarder Harry de ses yeux interrogateurs, attendant la suite des événements.  La voix de Milton s’élève après un moment de silence « et que ferais-tu ensuite ? »
Il est assez curieux de connaître ce que Harry a dans la tête.

Jouer. À ce niveau, c’est un véritable défi pour Milton qui n’est pas habitué à ce genre d’exercice. Curieux de voir l’issue de cet échange, il  a décidé de se couler dans le rôle que Harry dessine pour lui. Il s’impressionne d’avoir osé proposer d’aller plus loin dans ce qui ne devait être au départ que de simples écrits. Entre adultes consentants, tout est permis, après tout. L’une de ses mains a repris le ballet des caresses. Elle suit la voix qui lui sert de guide, se perd sur la peau comme si elle la découvrait pour la première fois. Comme si ce n’est pas le corps auquel elle appartient qu’elle touche. Dans la tête de Milton, les repères bien établis commencent à s’effriter. Se dissoudre. À devenir différents. C’est comme si, baigné dans la pénombre de son bureau, il s’opérait une mue. Un imperceptible changement. Ni tout à fait le même. Ni tout à fait un autre. Juste un subtil mélange de connu et d’inconnu. De peur et de plaisir. Il sent sous ses doigts sa peau qui réagit en frissonnant. Ingrate qu’elle est de céder au premier inconnu qui la charme. Les paupières à peine entrouverte, il imagine. Se laisse porter. Transporter dans un autre univers. En ligne de mire, ce buste qui l’attire mais qu’il sait inaccessible. Aujourd’hui, tout au moins. Lorsque sa main échoue sur la bosse du pantalon, un son rauque franchit ses lèvres, marquant le retour à la réalité. Une réalité douloureuse. Les limites reviennent et le frustrent mais comme tout bon joueur, il encaisse sans rien dire. En évitant de montrer cette impatience qui le gagne mais qu’il craint aussi. L’issue sera-t-elle plaisante… Il déglutit. Reprend contenance et répond d’une voix rauque où perce l’excitation « Ce qui me plaît, c’est ta voix. Ces mots qui expriment ton envie. Tes désirs. Cette impudeur à se dévoiler face à un inconnu. » Il s’avance soudain vers son écran, tend la main et dans un geste vain, l’effleure. À peine. Rapidement dans un premier temps, puis plus lentement, en tentant d’imaginer ce que serait la réalité. « Tu as un corps magnifique » Un corps qu’il aimerait explorer. Découvrir. Du bout des doigts, il dessine les contours de ce qu’il voit. Il ne parle pas. Seule sa respiration déchire le silence. Milton trace simplement les limites de son imaginaire, avant de revenir prendre sa place au fond de son fauteuil. Le cuir chaud semble l’envelopper d’une peau tiède et aimante. Mais aussi, d’une solitude troublante. Un sourire étire ses lèvres, faisant naître de fines lignes autour de ses yeux, tout en venant accentuer la cicatrice qui lui barre le haut de la pommette. Comme si le destin avait voulu souligner d’un trait son visage en appuyant un peu trop. En faisant en sorte que ce trait du destin reste à jamais indélébile. « Et toi, est-ce que ça te plaît ? » Milton n’en doute pas une seconde mais, il a envie de l’entendre haut et fort. Cela fait aussi parti du jeu. Une pointe d’amusement perce maintenant dans sa voix. Ou ce n’est que du défi amusé. Au choix. Il penche légèrement la tête sur le côté, mettant en avant sa cicatrice. Il sait qu’elle apparaît sur la photo de son profil et il y tenait. Pas question de faire face à des regards gênés ou autres. « Cela ne te dérange pas, ça... » Il passe son doigt sur sa cicatrice. Sous son index, la ligne de peau qui semble affleurer à la surface. Une rayure. Un rappel incessant de ce qui s’est passé ce jour-là. Il secoue à peine la tête pour chasser les images qui viennent frapper sa mémoire. « … parce que faut faire avec, donc, j’aime bien demander et être certain que tu l’as remarqué » Son sourire s’est agrandi mais son regard scrutateur reste attentif à la moindre réaction. Puisque l’image à l’écran n’a pas disparu, Milton en déduit que sa cicatrice ne dérange pas Harry. Ce point abordé, il peut continuer le jeu.
Il s’enfonce inconsciemment dans son fauteuil, ce qui déplace les pans de sa chemise, les vrillant dans son dos, ce qui est plutôt inconfortable. Il se redresse un peu et décide de l’ôter tout en demandant « J’aimerais que tu ôtes les vêtements qui t’encombrent encore. Je veux voir ton corps dans son intégralité et comme signe de ma bonne volonté, je retire ma chemise... » En quelques secondes, la chemise gît sur le sol. Il l’a enlevé sans faire de manière puis, est retourné s’avachir dans son assise. Ses bras sont au-dessus de sa tête, ses mains nouées. Il se dévoile au regard de son partenaire. Sans fausse pudeur.  Il attend que de l’autre côté de l’écran, la même demande fuse car il lui reste encore son pantalon et ses sous-vêtements. Tandis qu’il regarde l’écran, il demande « Découvres-toi mais lentement. Fais-moi patienter » son sourire s’étire un peu plus lorsqu’il avoue « Je ferai la même chose lorsque viendra mon tour, promis »  Immobile, il regarde le corps sculptural qui lui fait face et ne peut s’empêcher de se demander pourquoi, un homme aussi beau se retrouve sur ce genre de site. Il pourrait lever un gars dans n’importe quel bar. Là aussi, il préfère ne pas s’attarder en s’usant les méninges à trouver des réponses qui le mèneraient nulle part. Ses bras descendent lentement et ses mains viennent se poser sur la ceinture de son pantalon qu’il dégrafe. Durant le temps que dure la manipulation, un bruit métallique se joint à sa respiration qui s’accélère sous le fait de l’action. Le premier bouton s’ouvre, puis les suivants, laissant à peine entrevoir un boxer noir.