An other time ~Wilfried & Roman ~

Le Moonlight a une saveur particulière pour l’hispanique. Il est le premier lieu qui a accueilli son groupe et ses compositions lors de leurs débuts à la faculté. C’est dans cette ambiance intimiste qu’il a laissé pour la première fois s’exprimer sa voix chantante dans sa langue naturelle. Dix ans plus tard, ils continuent de se produire dans cette salle de concert avec le même plaisir. Une fois par mois, ils retrouvent cette scène pour une nouvelle session acoustique qu’ils apprécient particulièrement pour le contact qu’il offre avec le public. Eclairé par les lumières tamisées de la scène, sa voix se diffuse en harmonie au-dessus de la mélodie. Comme toujours, il se plonge corps et âme dans ses paroles, dans l’expression des émotions qu’il désire communiquer à son public. Simplement vêtu d’un jean et d’une chemise blanche, sagement installé sur un tabouret au milieu de ses amis musiciens, il échange regards et sourires qui révèlent l’amitié profonde et le respect qui les lient les uns envers les autres. Les mélodies s’enchainent, suivant le défilement vu durant les répétitions. Il enchaine les balades par des chansons plus dynamiques mais dont le sujet principal est l’amour. Ce sentiment universel, mais si complexe à saisir. Celui qu’il désire comme il le craint. Il s’efforce de mettre à nue certaines de ses émotions et semble atteindre son objectif. Son regard s’égare sur son public et finit par retrouver des silhouettes connues, mais l’une d’entre elles lui arrache un sourire satisfait. Wilfried est là. Cela fait plusieurs semaines qu’il n’a pas revu le galeriste. Il n’était pas certain de le revoir de sitôt, mais il doit bien admettre que sa présence lui est plaisante. Sans doute parce que de manière surprenante le musicien s’est attaché à cet homme meurtri. Il s’efforce de reprendre le fil de sa chanson, laissant cette dernière chanson conclure cette session qui lui permet de partager sa musique avec des âmes inconnues, mais qu’il espère sensible à ses compositions. C’est en tout cas, ce que laisse apparaitre les applaudissements qui s’élèvent à la fin de leurs dernières notes. Il les reçoit avec cette humilité qui lui colle à la peau et qui parvient à lui arracher des rougeurs qui s’expriment par un éclat de son sourire qu’il ne parvient pas à masquer. Le plaisir est conséquent et grisant. Il ne se lasse jamais de ce remerciement simple, mais qui est l’essence même de son existence, qui lui donne la sensation durant quelques heures d’avoir existé et d’avoir touché des cœurs, des âmes, des personnes aux histoires différentes, singulières, mais qui partagent cette même passion pour la musique. La lumière se fait plus forte et tout naturellement quelques fans viennent à eux pour échanger. Les garçons tout comme lui se prêtent au jeu. Ils sourient et parlent avec cette bonhommie naturelle sans dépasser cette barrière qui pourrait rendre les échanges plus ambigus. La plupart de ses amis sont en couple, voire marié. Les années où la musique leur permettait de chasser la solitude sont passées. Cela n’a jamais été le genre du chanteur. A ce jour, il est le seul à être célibataire. Père, mais résolument seul dans sa vie. C’est une réalité qui l’indiffère en accoutumer, sauf depuis qu’il a laissé filer Alexander par peur. Encore aujourd’hui, il pense à cet homme perdu, mais ne laisse pas cette douleur accabler sa poitrine. Il a la chance d’être bien entouré, et ce, contrairement à Wilfried à son bon souvenir. Son regard vient naturellement chercher celui de son nouvel ami. A-t-il le droit de supposer qu’ils le sont depuis cette nuit où la vie du galeriste a basculé ? Il ose croire que c’est le cas. Lorsque son sourire croise le sien, il lui offre un sourire franc accompagné par un clin d’œil. Il leur faut quelques minutes pour retrouver leurs libertés. Les musiciens reconnaissent rapidement le galeriste et le salue avec cette chaleur qui leur colle à la peau. Ils viennent naturellement lui donner une tape sur son épaule. « Tu as meilleure mine que la dernière fois. » Indique le batteur alors que son batteur lance avec un amusement conséquent. « Tiens ton beau gosse est là. » En venant donner un coup d’épaule au chanteur qui roule naturellement du regard avec un sourire en coin. Ils aiment beaucoup le taquiner sur sa bisexualité alors qu’il n’en parle jamais. Sans doute que c’est un moyen pour eux de lui faire comprendre que cela ne leur pose pas de problèmes. Roman a toujours été introverti de nature. Il n’est pas du genre à se venter ou a exprimé ouvertement ses sentiments. Du moins, c’est complexe pour lui. Pourtant, il se sait capable d’aimer et de prendre soin de quelqu’un, mais il demeure encore profondément marqué par la peur de l’abandon. Cette peur qui l’a plongé dans un mutisme que seul la musique à combattu les effets. Il s’approche naturellement du galeriste pour le saluer à son tour dans un sourire franc. « Ça fait plaisir de te revoir. » Il lui indique en venant doucement presser son bras en se rapprochant inconsciemment de son échine. Ses compagnons s’éloignent en direction du bar pour prendre quelques bières pour leur laisser un peu de solitude. « Comment te sens-tu ? Tu as meilleure mine. » Il indique avec ce sourire bienveillant alors que son regard vers se poser sur sa boisson. Il se contente de sourire de nouveau, comprenant que pour garder l’esprit clair, l’homme évite de consommer de l’alcool. Ce qui est tout à son honneur. « Tu as sorti ta plus belle tenue afin de compenser ton dernier accoutrement ? » Il le taquine dans un petit regard espiègle et complice alors qu’il profite pleinement de l’intimité qui se créé naturellement entre eux. Il y a quelque chose d’appréciable dans cette douce sensation qui l’habite. Un peu comme si était à sa place et qu’il connaissait cet homme depuis des années. Il ne peut s’empêcher d’être ravi que leurs trajectoires se croisent de nouveau sans même en comprendre réellement la raison.

Il retrouve le galeriste avec une satisfaction nullement feinte. Il ne saurait expliquer d’où lui vient cette allégresse qui vient envahir le creux de son ventre à l’apparition de l’Allemand qui s’est fait rare dernièrement. Il n’y a rien d’étrange à cela. Ils viennent tout juste de se rencontrer et leur relation aurait pu prendre fin au bout de ces deux soirées passées en compagnie de l’autre, mais Wilfried semble en avoir décidé autrement. Cela ravit l’artiste interprète qui l’accueille avec cette bonhommie qui lui colle à la peau comme s’ils étaient des amis de longue date. C’est sans doute parce que leur relation s’est révélée intime dès les premières heures et qu’après de tels évènements, il serait résolument saugrenu d’agir comme de parfaits étrangers. Après tout, il l’a vu entièrement nu, vulnérable comme à sa naissance et cette douleur l’a atteinte en pleine poitrine, au point de vouloir lui apporter un soutien que nulle personne n’était disposée à lui apporter malgré la beauté certaine du corps de cet homme. Pourquoi était-il condamné à être plongé dans la solitude pour une erreur commise ? L’erreur n’est-elle pas humaine ? Malgré la faute avouée, il n’a pas voulu prendre parti, parce qu’une histoire d’amour n’est pas toute blanche ou toute noire et que les zones de gris peuvent être vécue différemment par l’une ou l’autre partie. Wilfried semble ravi de le revoir également. Sa présence en ses lieux en atteste résolument et ce plaisir est partagé. Il retrouve la facette de cet homme charmeur qu’il avait rencontré au bar d’un autre établissement quelques semaines auparavant. Les ombres dans ses prunelles claires sont toujours présentes, peut-être moins intenses que lors de leur dernière rencontre, mais il ne fait pas de doute pour le musicien que Wilfried lutte continuellement contre cette peine de cœur qui l’a fait basculer. Son rire est cependant moins marqué par la douleur, ses paroles sont de nouveau plus vives. Il sourit à sa remarque sur l’alcool et un rire franc s’échappe naturellement de ses lippes lorsqu’il aborde leur première soirée commune. Son regard brille d’amusement alors qu’il lui donne un petit cou sur le bras comme il le ferait avec un de ses amis qui lâche une connerie. « Ça va, tu n’as pas été un gamin trop capricieux. » Il conclut dans un clin d’œil taquin alors qu’il lui fait part de sa volonté de leur payer un verre. « Tu cherches à te les mettre dans ta poche ? Tu as trouvé la bonne combine. » Il commente avec cette légèreté qui lui colle à la peau et qui rend son regard plus brillant. Il y a quelque chose d’apaisant dans cette intimité et amitié qui se lie entre les deux âmes artistes à leur manière. Son cœur bat plus légèrement dans sa poitrine alors qu’il se sent d’un seul coup plus conscient de la proximité du galeriste qu’il ne le devrait. Il ne cherche pas à lui donner un sens. Du moins, pas dans l’immédiat alors qu’il est attentif à ce que lui dit l’Allemand. Sa taquinerie lui arrache un rire de nouveau spontané. Un sourire large ourle ses lippes alors que ses prunelles brillent de malice. « Moi au moins je ne me suis pas retrouvé à poil à deux reprises. » Il le taquine à son tour en haussant un sourcil de manière à le provoquer. « Je t’ai découvert un côté exhibitionniste que je ne retrouve pas ce soir. Serait-ce à cause de cette couche de vêtements ? » Ses taquineries restent bon enfant alors qu’il vient récupérer sa bière aux côtés de Wilfried pour en boire une gorgée. La saveur fraiche de l’alcool est appréciable, surtout après une représentation. C’est le type de petit plaisir qu’il s’octroie à chaque fois, car cela lui permet de décompresser. Un sourire marque ses traits alors qu’il sent le regard de Wilfried sur lui. Un regard plus appuyé qui le pousse à replonger son regard dans le sien en délaissant sa boisson. Il y a quelque chose d’incroyablement magnétique dans son regard. Il le trouve tout aussi séduisant que lors de leur première rencontre. Wilfried est un homme magnifique et il doit bien admettre que la vision de ses formes dénudées sont encore ancrées dans ses rétines même s’il n’en a fait que peu cas depuis leur dernière rencontre. Il ne peut oublier l’état de vulnérabilité dans lequel il se trouvait alors lorsque son corps s’est dévoilé pour la toute première fois. « Je suis content que ça t’a plu. Je sais que beaucoup de personnes ne comprennent pas l’ensemble des paroles, mais j’espère que l’essence de mes morceaux touchent au-delà des mots, par le timbre de ma voix ou par la sonorité de la musique. » Il explique avec cette passion qui lui colle aux tripes et qui transparait dans le rythme de sa voix. Finalement, Wilfried finit par répondre à sa question muette. Il lui donne des informations sur son état de santé. Il va mieux, ne veut pas dire qu’il va bien. Il travaille dur pour lutter contre ses ténèbres et Roman veut bien croire qu’elle est difficile. Il lui presse tendrement l’épaule, comme il le ferait avec un ami, comme il a envie de le faire avec lui. Il lui apporte son soutien silencieux, le félicite d’être assez fort pour continuer d’avancer alors qu’il est parfois si facile de lâcher prise. Sa proposition le surprend. Il y a une forme d’injonction involontaire qui trahit une volonté de le voir dans son univers. Cela lui arrache un sourire à son tour. « Avec grand plaisir, Wilfried. Je ne suis pas un grand connaisseur en art, mais j’apprécie énormément les différentes formes d’art. Et puis, j’ai un professionnel à mes côtés. Tu me diras tout ce que je dois savoir, non ? » Il déclare en haussant un sourcil comme pour le mettre au défi de lui refuser cela. Son regard brille de cette malice qu’il exprime sans tabou. « Après tout, il faut bien que je sois un peu mis au fait de ton milieu pour tenter de charmer de potentiels partenaires pour mon refuge. Autant faire une pierre deux coups, non ? » Il lâche dans un rire franc. Il n’est pas sérieux pour un sou et son regard parle pour lui. Il est résolument à l’aise et dans son élément avec Wilfried. C’est vraiment plaisant, sans doute bien trop pour lui faire prendre conscience que son corps est à proximité du sien, si proche et à la fois si éloigné et que ça le frustre légèrement, de manière inconsciente. L’alchimie semble s’opérer de nouveau, en secret.

L’ambiance entre les deux hommes est chaleureuse. Roman laisse sa bonhommie naturelle s’exprimer et ses taquineries qu’il réserve habituellement à ses amis fusent avec légèreté dans son échange avec le galeriste. Malgré les circonstances, ils abordent leur première matinée commune sous un angle détendu. La taquinerie se fait de part et d’autre et ils semblent disposés à être un bon public pour l’autre. Cela est plaisant et un rire vient naturellement s’extirper hors de ses lippes lorsque son nouvel ami le provoque. « Je n’ai aucun doute sur la question. Tu as l’air d’être un bon candidat pour le défeuillage. J’ai eu l’occasion de le voir. » Sa voix est espiègle tout comme l’éclat dans son regard. Il le chambre à son tour alors qu’il ponctue ses propos par un clin d’œil amical et taquin. L’invitation de Wilfried concernant sa prochaine exposition le touche et lui est plaisante. Sans doute parce que l’Hispanique prend conscience qu’il s’agit de la volonté de l’Allemand de le mêler à son univers comme il le fait avec le sien. Il y voit qu’une preuve d’amitié et de confiance qu’il lui octroie et cela lui fait plaisir. Il écoute religieusement le galeriste qui lui donne quelques informations sur la future exposition et son contenu. Cela l’intrigue et il est curieux de voir à quoi ces œuvres ressemblent. Il y a une forme de rigueur dans ses propos qui prend son origine lorsqu’il lui confie qu’il ne porte pas l’artiste dans son cœur. Un sourire ourle ses lippes dans une expression qui se veut conciliante. « On ne peut pas aimer tout le monde et les affaires doivent continuer même si on n’est pas sur la même longueur d’onde. » Il indique après un instant de réflexion comme pour souligner l’évidence de la manière d’agir de Wilfried. « Moi-même parfois il m’arrive de faire affaire avec des personnes qui sont plutôt mal vues, mais difficiles de refuser de l’argent par principe alors qu’on a besoin de poursuivre notre action. On n’a malheureusement pas toujours le choix. » Roman ignore totalement le revenu de Wilfried. Cela ne l’intéresse pas et ne le regarde en aucun cas. Qu’importe les raisons qui l’amènent à travailler avec une artiste dont il n’apprécie pas le travail, elles le regardent uniquement. Son revenu ne changerait en rien sa manière de le considérer et il ne compte absolument pas creuser la question. Il se contente de consommer sa boisson doucement, toujours particulièrement attentif aux propos. Il sent son regard sur lui, mais ne s’en formalise pas, inconscient de l’intérêt qu’il suscite chez son nouvel ami. Un intérêt qu’il partage, car Roman prend conscience qu’il est particulièrement attentif à sa manière d’exprimer, d’agir et de se dévoiler avec une pudeur qui rend son magnétisme que plus intense. Il est particulièrement sensible à son charme sans même le remarquer lui-même. Un sourire ourle ses lippes lorsque Wilfried évoque la présence de bienfaiteur. Il est surpris par tant d’attentions à son égard. Le musicien est touché profondément par cette ouverture que Wilfried lui offre sur de nouveaux potentiels bienfaiteurs s’il parvient à attirer leur attention. Il y a une forme de passion profonde qui se dévoile dans les projets du galeriste, totalement en ambivalence avec sa rigueur de quelques instants auparavant. Il est animé par l’envie de réaliser le projet qu’il énonce comme une évidence et qui prend le musicien de court. Son regard luit sous l’agréable surprise qui le gagne. Il sent une bouffée de chaleur envahir sa poitrine alors qu’il se fait happer par le charisme dégagé par le galeriste. Il lui faut quelques instants pour prendre conscience de la portée de tous ses mots. « Ne sois pas désolé. » Il lui indique en venant poser sa main sur son avant-bras dans un geste naturel qui instaure de nouveau une intimité entre eux. « J’adore ton idée et ce serait vraiment génial. Enfin, si t’es sérieux ? J’étais justement en train d’envisager de lancer de nouveau une dynamique avec les gars. Avec la saison des chaleurs, nous avons beaucoup de chatons et de chiots. Cela commence a être difficile d’accueillir de nouveaux protégés, faute de moyens financiers. Ce qui est vraiment un crève-cœur. » Il lui indique en accentuant sans s’en rendre compte la pression sur son bras. « Si tu es prêt à ouvrir ta maison pour un tel évènement, c’est vraiment très altruisme de ta part, une belle preuve de soutien. J’en suis très touché. Vraiment. » Il murmure en venant glisser une main dans sa nuque, légèrement troublé par l’émotion qui l’envahit et la gêne que cela provoque en lui. Ses joues rougissent sous le coup de l’émotion alors qu’il vient se racler la gorge. « En tout cas, tu peux compter sur moi. Ce serait une occasion de rêver pour le refuge. » Il conclut en essayant de reprendre contenance en venant boire une gorgée de sa boisson. « Tu vis dans un château ? Serais-tu un prince ? » Il finit par le taquiner en venant retirer sa main de son bras pour le poser sur le bar. « Je pense que le mieux serait que je passe prochainement pour découvrir ton antre pour qu’on discute de tous les détails. Après tout, tu me dois une visite guidée puisque tu as dormi chez moi. Donnant-donnant, non ? » Il conclut dans un sourire en coin en ponctuant ses propos par un clin d’œil. Il s’efforce de calmer son trouble par de l’humour, car c’est la meilleure des attaques, mais Wilfried a vraiment le don de le surprendre et dans le bon sang, même s’il attise d’autant plus sa curiosité et qu’il meurt d’envie d’en savoir plus sur l’homme qu’il est. Il semble être bien plus qu’il ne le montre.

Wilfried lui propose un second verre et Roman l’accepte obligeamment en prenant conscience qu’il a déjà descendu une pinte de bière. Ce n’est sûrement pas un acte intelligent de sa part à jeun, mais l’excitation qui gagne sa poitrine grâce à la proposition du galeriste est conséquente. Roman prend très à cœur son travail au refuge. C’est d’ailleurs cette passion qui l’a incité à quitter son travail de professeur de musique au collège où il enseignait. Il considère qu’il a plus une utilité sociale en s’occupant de ces pauvres créatures mises à mal par la vie qu’en transmettant la passion de la musique à des jeunes. En conséquence, il est profondément enthousiaste envers la proposition qui lui ait faite. Il désire la saisir à pleine main et ne pas louper une telle chance. Wilfried n’est pas du genre à dire des paroles en l’air. Du moins, il ne lui en donne pas l’impression. Sa remarque lui arrache un rire franc alors que ses prunelles malicieuses viennent se perdre dans les siennes. « C’est bon de savoir que tu veilleras sur moi. » Il lui indique en venant glisser sa main contre son bras quelques secondes. La gêne ressentie précédemment est encore présente, ce qui rend l’éclat de ses prunelles que plus luisant et son visage légèrement plus coloré. Il écoute de nouveau attentivement son nouvel ami et potentiel partenaire dans l’élaboration de cet évènement qui est une opportunité incroyable. Il découvre que la demeure du galeriste est aux antipodes de la sienne. Il découvre une richesse qu’il n’aurait pas forcément imaginé. Wilfried est simple. Du moins, c’est le sentiment qui s’est immiscé dans son esprit et qui le fait voir au-delà de l’apparence classieuse du galeriste. Il ne peut s’empêcher de sourire lorsqu’il l’entend valoriser sa demeure qui doit lui sembler si simple et coutumière en comparaison de la sienne. Seulement, il perçoit que contrairement à sa maison qui lui ressemble, il n’en ait rien du côté du galeriste. Il la qualifie d’impersonnelle, à l’image de celui qu’il veut ressembler aux yeux de ses personnes sans importances qui composent son cercle à la fois de clients et peut-être de connaissances. Une nouvelle fois, le musicien perçoit la solitude d’un tel univers transpirer dans les paroles de Wilfried. Son regard le scrute sans en avoir conscience, détaillant les traits de cet homme qui se dévoile au fil des minutes qui s’égrènent. Un sourire vient répondre à la taquinerie du galeriste alors qu’il roule des yeux en prétendant être outré par de tels propos alors qu’il n’en ait rien. Il prend conscience qu’ils n’appartiennent pas à la même sphère sociale, qu’ils sont différents sur de nombreux aspects, mais qu’en fin de compte, Wilfried a besoin de nouveauté, d’échanges sincères. La solitude de son monde lui est pesante même s’il se considère digne de ce dernier. La pression de sa menotte contre son avant-bras aussi légère que le toucher d’un papillon le trouble. Il se rend compte que son épiderme est sensible à cette caresse qui a tout d’un frôlement, mais qui perturbe ses sens. Il vient boire une gorgée de sa boisson pour tenter de détendre ses nerfs, mais la remarque du galeriste a plus d’effets que l’alcool à ce sujet. « Je m’attacherai à toi. C’est mieux quand on a un guide. Les GPS ne sont pas toujours exacts. » Il lance dans un petit sourire en coin, le regard brillant tant par le trouble que l’amusement qu’il ne peut pas masquer. « Partant pour l’aventure. Tu as une manière de vendre ton univers, mais au moins je saurai à quoi m’attendre quand je découvrirai ton domaine. » Il le taquine en venant se tourner vers lui. « Et tu es bien plus que tu ne veux le croire. Je le sens. » Il lui indique dans une voix plus sérieuse alors qu’il s’efforce de lui faire comprendre qu’il doit cesser de se dénigrer de la sorte. « Ta maison est peut-être impersonnelle, mais ton cœur n’est pas vide. Tu as juste besoin de trouver ton cocoon. Une âme qui t’ancrera dans le présent et non dans une utopie irréalisable. Tout le monde en a besoin. » Il indique dans un sourire qui se veut réconfortant en venant doucement presser son avant-bras. « Si tu veux, je peux t’aider à redécorer ton intérieur vu que tu n’as pas l’air doué pour la décoration. » Il le taquine dans un rire chaleureux alors qu’il ponctue ses propos par un clin d’œil. Il espère que ses propos trouveront leurs sens chez son nouvel ami, sans trop savoir pourquoi. Il se laisse couler par l’alchimie qui les lient et c’est fort agréable.