All around us - secrets - Lane & Jake

Il a garé sa moto dans la rue. Un bouquet de fleurs dans une main - il a acheté avant d’arriver – et le cadeau pour monsieur Dempsey dans l’autre tandis que son casque se balance au niveau de son coude,  il regarde la façade. Immobile devant la maison d’enfance de ses amis, Lane est assailli de souvenirs comme à chaque fois qu’il se retrouve là. Cette rue incarnait, lorsqu’il était enfant, la vie idéale, et il ne comprenait pas pourquoi, la sienne n’était pas identique. Pourquoi il n’y avait pas un carré de pelouse bien tondu comme ici, pour souhaiter la bienvenue. Des voisins accueillants. De bonnes odeurs de gâteaux qui donnaient envie de s’engouffrer à l’intérieur pour tout dévorer. Un sourire nostalgique vient éclairer son visage tandis que sous son regard, des scènes du passé prennent vie. Il se revoit avec Dante et Jake, rire et se chamailler dans la cour arrière ou alors, comploter. Partir dans des plans de conquête dont ils oubliaient souvent le but au fil de leurs discussions animées. Cette maison était son refuge. Sa bulle d’oxygène. L’endroit qui lui permettait durant quelques heures d’avoir une vie normale. Où il pouvait se sentir comme les autres et cela l’aidait à affronter ce qui l’attendait lorsqu’il rentrait chez lui. Dans ses rêves les plus fous, quand rien n’allait dans le taudis qui lui servait de domicile, il pensait à madame Dempsey. Priait pour qu’elle vienne le chercher et l’emporte loin de cet enfer. Il se souvient de la façon dont elle regardait les ecchymoses qui ornaient sa peau et lui, penaud, qui bredouillait qu’il était maladroit. Cela fait longtemps maintenant, mais ses souvenirs sont cruellement vivants comme s’il n’avait pas réussi à laisser derrière lui le gamin qu’il était.
Il se redresse et prend une grande inspiration. Il porte une chemise à manches longues sous son blouson afin de camoufler ses nombreux tatouages ainsi qu’un pantalon. Il sait qu’en remontant le tissu sur ses avant-bras, juste quelques dessins apparaîtront. Il a choisi la chemise de couleur sombre afin que les dessins qui dépasseront soient moins visibles. Le reste demeurera caché. Cela lui donnera un petit air rebelle mais sans plus. Il ne veut pas choquer madame Dempsey avec son corps recouvert de dessins. Tant pis, pour son confort. Sa peau est toujours marquée mais aujourd'hui, l'encre a remplacé les marques de coups.
« Lenny !! » La porte s’est ouverte sur une madame Dempsey rayonnante « Entre, voyons. Ne reste pas planté là ! Heureusement que je t’ai aperçu de la fenêtre de la cuisine... » Lane sourit et s’avance. Il a juste le temps d’écarter les bras afin de préserver ses présents qu’il sent qu’elle l’enserre et lui fait claquer deux bises sur les joues. Bises qu’il lui rend puis, reculant un peu, il lui tend le bouquet de fleurs. Il a choisi quelque chose de coloré et champêtre. Un feu d’artifice de couleurs. C’est ainsi qu’il la voit. Un arc-en-ciel dans sa vie d’enfant. Elle le regarde sous toutes les coutures avant de le débarrasser de son blouson et de son casque. Une fois ses affaires rangées, elle se retourne et lance « Tu es prudent j’espère avec cet engin » Lane sourit tout en acquiesçant « Toujours » Il essaie de l’être car il tient à la vie. « Les garçons sont au salon avec leur père. Il me reste quelques bricoles à peaufiner et je vous rejoins. Je tiens aussi à ce que tu me racontes tout de ta vie mon enfant » à chaque fois que ce qualificatif retenti, il a l’impression que son cœur explose. Aujourd'hui encore.  Avant qu’il n’est pu dire ou même bouger, il se retrouve une nouvelle fois dans ses bras. Il n’est pas certain de lui parler de Logan et de leur relation. Il optera pour un pieu mensonge. Plus libre de ses mouvements cette fois-ci, il l’enserre aussi. Ferme les yeux un moment. Respire son parfum. La mère idéale. Celle dont il a toujours rêvé. Les voix des garçons et les éclats de rire viennent interrompre l’instant. « Je vais les rejoindre ». Du bout des doigts, il effleure les boiseries des portes. Le papier peint sur les murs. Autour de lui, l’âme de la maison semble lui souhaiter la bienvenue. Comme s’il revenait chez lui après une longue absence. Il pénètre dans le salon en lançant « Joyeux anniversaire monsieur Dempsey ». Connaissant sa passion des livres, Lane a déniché une vieille édition d’un des auteurs préférés du père de ses amis. Un peu aidé par Jake, il doit bien le reconnaître.

Jake braquait le volant de la voiture au maximum afin de terminer son créneau. Derrière lui, la voiture de son père qui fêtait aujourd’hui son anniversaire.
Un coup de frein à main, un tour de clé et la voiture était définitivement garée. Sur sa gauche, de l’autre côté de la rue, la maison. Sa maison. Celle où il avait passé toute son enfance entouré de son frère, ses parents et Lane qui, bien qu’il ne partage aucun lien du sang avec les Dempsey, était devenu un membre à part entière de la famille. Cette maison avait surement tout un tas de significations différentes pour chacun des membres de cette famille. Pour Lane, il devait surement s’agir d’un lieu de paix, d’un rêve presque inaccessible. Pour Dante, ces murs de briques représentait un cocon, un foyer. Et pour Jake… c’était beaucoup plus compliqué. Des beaux souvenirs il en avait eu, c’est indéniable mais tout avait changé. Beaucoup trop peut être. A chaque fois qu’il devait remettre un pied dans cette maison, il prenait une grand inspiration comme si l’air était emprunt d’une bonne dose de courage.

Cette fois ci n’allait pas échapper à la règle. Il se décida finalement à ouvrir la portière, attrapa sur le fauteuil passager le cadeau pour son père et se retrouva dans la rue. Quelques pas lui suffirent pour le mener jusqu’à la maison. Là encore, il s’arrêta. A travers la fenêtre sur sa droite, il pouvait voir sa mère s’afférer aux fourneaux. Comme à son habitude, elle avait du commencer à cuisiner aux aurores. Pas un regard pour l’extérieur, s’il le souhaitait, il pourrait encore partir, ni vu ni connu. Mais c’était trop tard ! A quoi bon gâcher une bonne dose de courage. Il gravit rapidement les marches du perron et ouvrit la porte d’entrée toujours ouverte. « Salut ! C’est moi ! ».

Son père vint l’accueillir. Pour l’occasion, il avait enfilé une belle chemise qu’il ne portait que très rarement. Le père Dempsey avait toujours été du genre coquet mais il tenait à marquer une vraie différence entre ses tenues de travail et ses tenues d’occasions. Loin de lui l’envie de se sentir à la maison comme au bureau. « Salut fils ! ». Les deux hommes s’enlacèrent. « Joyeux anniversaire p’pa ! Dis donc, t’as pas fait les choses à moitié ! ».
« Que veux tu, ton père se fait vieux mais il ne se laisse pas aller pour autant hein ! ». « Mouais… tu verras la tête de maman quand tu feras tomber de la sauce tomate dessus ! » dit-il sur le ton de la plaisanterie.

Rien qu’à l’odeur, il avait pu reconnaître les plats qui étaient en train de mijoter. Des classiques de la famille Dempsey.
Jake déposa sa veste en cuir sur un porte manteau du hall d’entrée avant de rentrer dans la cuisine où sa mère était en train de couper du pain. « Salut ! ».
« Ah Jake, te voilà enfin ! ». Sur le coup, impossible de savoir si cela avait été dit sur un ton de reproche ou non.
Il fit le tour de la table pour embrasser sa mère. A chaque fois qu’il venait içi, il tentait toujours de se convaincre que tout se passerait bien, qu’il n’avait qu’à prendre sur lui, jouer le fils modèle et tout irait comme sur des roulettes. Alors qu’il allait rejoindre son père et son frère dans le salon, il fut interpellé par la matriarche. « Tatatata… la table va pas se mettre toute seule ! ». Dos à sa mère, Jake leva les yeux au ciel… Les couverts étaient sortis depuis probablement de longues minutes. C’était à croire que seul lui était apte à dresser le couvert. « Non, ça c’est sûr… ». Il saisit la pile d’assiette et rejoignit son père et son frère dans le salon.

« Entre, voyons. Ne reste pas planté là ! Heureusement que je t’ai aperçu de la fenêtre de la cuisine... »
« Ah… j’ai comme l’impression que Lane est arrivé ! » annonça Dante en regardant son frère en coin. Les deux frères échangèrent un sourire riche de sens. Lane avait toujours adoré la famille Dempsey, surtout leur mère et à vrai dire, on sentait clairement que c’était réciproque. Dès qu’il débarquait, même Dante sentait qu’il y avait quelque chose de spécial entre eux. Il était le fils qu’elle aurait aimé pouvoir sauver d’une enfance peu joyeuse et lui voyait en elle la mère qu’il aurait aimé avoir. Alors qu’elle retournait en cuisine, le jeune homme fit son entrée dans le salon.
« Lennyyyy ! », les deux frères imitèrent la réaction de leur mère en voyant le beau Lannister débarquer. Entre deux éclats de rire, les amis d’enfance se saluèrent chaleureusement. Lane était clairement le 3e frère de la fratrie.

En attendant que tout soit prêt, le père Dempsey servit un verre à l’ensemble des garçons. Cela dérangeait peu la mère de Jake qui préférait les laisser entre garçons le temps de l’apéro… Une conception qu’il jugeait complètement dépassée mais il avait appris à mordre sa langue plutôt que de se confronter à un mur.

Quelques minutes plus tard, toute la petite famille était réunie autour de la table. Jake était assis à côté de son père, Lane en face de lui suivi de Dante et de sa mère qui présidait la table. Elle avait préparé ses célèbres Lasagnes alla Dempsey. Un plat familial, simple qui régalait tous les palets.
« Et bien, mes garçons, je suis encore et toujours la seule femme de cette famille ! Il est temps qu’on agrandisse un peu cette tablée non ? Lenny, je suis sûr qu’il y a une charmante jeune femme dans ta vie ! Je serais ravie de la rencontrer si c’était le cas… et puis, je saurais tout de suite si c’est la bonne, j’ai l’oeil pour ces choses là ! » lança la mère Dempsey a peine installée. Jake leva les yeux au ciel à nouveau avant de croiser le regard gêné de son frère et celui de Lane. C’était reparti pour un tour.

Se retrouver dans cette maison, c’est comme replonger dans le passé. Drainer les bons comme les mauvais souvenirs. Ils sont toujours là. Ils représentent une faiblesse mais aussi une force. Ils lui permettent d’avancer. De savoir où il veut aller et surtout, où il ne veut plus jamais retourner. Il éclate de rire à la boutade de ses amis. Il n’y a que madame Dempsey qui l’appelle Lenny. Cela lui convient parfaitement. Il se sent unique grâce à elle. Autour de lui, le décor semble figé dans le temps et il adore ça. Contre le mur, le vieux buffet en bois patiné sert de support à une galerie de photos dans leurs cadres disparates. Il ne peut s’empêcher de sourire en revoyant ces moments étalés sur papier glacé. Mariages. Communions. Anniversaires. Les trois garçons, souriants ou faisant les idiots sur certains clichés. Son regard s’arrête sur une photo en particulier. Il sent l’émotion l’étreindre. Une photo de son anniversaire. Madame Dempsey lui avait fait un gâteau. Le plus beau et le plus délicieux qu’il n’ait jamais vu, ni mangé. Il avait plusieurs étages de différentes couleurs. Des bonbons en décoration. Une véritable œuvre d’art. Il avait dû prendre sur lui pour le couper et le partager car, il trouvait que le détériorer était un crime.  Il avait eu aussi droit à un cadeau. Un t-shirt avec un imprimé coloré. Un T-Rex stylisé. Il n’a jamais pu se résoudre à le jeter et il est toujours bien plié dans son placard. Il ne rentre plus dedans depuis des années. Le tissu est usé, mais, cette relique fait partie de ses plus beaux souvenirs. Mamma lui avait proposé d’emmener la photo chez lui, mais il avait refusé. Cela n’avait aucun sens d’avoir ça chez lui. C'était ici qu’il vivait les plus beaux moments de sa vie  et c’est ici, qu’il souhaitait qu’ils demeurent. L’arrivée de la maîtresse de maison avec son plat de lasagnes fait briller les yeux des convives attablés. C’est peut-être le seul élément féminin de la réunion, mais c’est assurément elle qui dirige la maisonnée.
À l’évocation de sa vie amoureuse, Lane ne peut éviter de songer à Logan. Côté donzelle, on peut mieux faire et un sourire étire soudainement ses lèvres. Il est certain que Logan lui plairait. C’est un bel homme. Après, qu’elle accepte qu’ils aient une relation amoureuse, il n’en est pas certain et préfère éviter le sujet et se cantonne à une répartie vantant les mérites de sa mère de substitution.
Avec un sourire charmeur il lance « Je n’ai pas encore trouvé la perle rare et puis, aucune femme ne vous arrivera jamais à la cheville » et de ça, il en est certain. Aucune femme ne remplacera madame Dempsey dans son cœur. « Et vos lasagnes, toujours aussi délicieuses. Vous êtes un vrai cordon bleu » Il pioche avec gourmandise dans son assiette, lui qui ne vit que de caféine et de nicotine, sauf, lorsque son amant vient le nourrir à domicile. La bouchée le transporte au paradis.  La sauce parfumée. Les pâtes fondantes. Un vrai délice.  Un autre sourire effleure ses lèvres. Finalement, Logan est sa madame Dempsey idéale. Le titre de ‘mamma’ en moins.  Voulant éviter que l’attention se focalise sur sa vie privée, il décide de renvoyer la balle aux garçons. « Et vous, qu’est-ce que vous racontez côté cœur ? De beaux gars comme vous, vous devez affoler les femmes » il adresse un grand sourire innocent à Jake et à Dante avant de rajouter « dès que je trouve une chérie, promis, Mamma, vous serez la première à qui je la présenterai et vous pourrez ainsi me donner votre avis ». Lane espère s’en sortir avec cette explication car, il préfère mourir que de lui dire la vérité. Son sourire s’étire. Toujours charmeur. Un qui veut dire ‘Allez-y mes potes, à votre tour d’affronter Mamma’.
Lane sait que le sujet ‘mariage’ est délicat chez les Dempsey. Mamma tient absolument à caser ses garçons et le plus rapidement possible. Il se souvient de Jake et Elea et de la joie de madame Dempsey. Il reporte son regard sur Jake tandis que Dante tente de se dépatouiller comme il peut sans s’attirer les foudres de sa mère. Lui aussi pensait que ces deux-là formaient le couple idéal. Il les imaginait marier. Une vie toute tracée devant eux et rien ne s’était déroulé comme il l’avait imaginé. L’amour ne se commande pas. Lane observe Jake. Bel homme. Belle carrière. Il se dit que nombres de femmes aimeraient bien partager son lit et sa vie. Évoquer ses sentiments n’est pas toujours évident, surtout face à madame Dempsey qui est très directive et qui a des idées assez tranchées sur ce que doit être l’existence de sa progéniture. Lane a toujours pris les remarques de Mamma avec bienveillance. Elle ne veut que leur bien. Leur bonheur. La mamma idéale. Ses pensées reviennent vers Jake. Il a le profil du fils idéal à qui tout réussi. Madame Dempsey met beaucoup d’espoir en son aîné. Comme à son habitude, monsieur Dempsey est silencieux. Il adresse des sourires à l’assemblée comme si toute cette agitation l’amusait. Il a toujours laissé sa femme diriger. Du moins, c’est ainsi que Lane voit la scène de l’extérieur.  Il envoie discrètement un petit coup de coude à Dante comme lorsqu’ils étaient ados avant que son attention vienne sur Mamma. Une expression de béatitude illumine son visage  chaque fois qu’il évoque cette femme. Il a tellement envier Dante et Jake lorsqu’il était enfant. Il avait tellement envie d’avoir une mère comme la leur. À chaque fois qu’il devait rentrer dans son taudis familial, il se retenait de s’accrocher à madame Dempsey, la suppliant de le garder avec elle. Il se redressait, disait au revoir et quittait le nid douillet des Dempsey pour rejoindre l’infâme trou à rats des Mac Pherson. Finalement, Dante, ne s’en est pas trop mal sorti avec ses explications. Arrive le tour de Jake. Lane l’encourage avec un sourire et dit « Et toi ? Ne me dis pas que tu n’as personne dans ta vie, prof » Lane adore lui donner ce surnom qui a le don d’agacer Jake.

La relation entre Lane et « Mamma » comme il aimait l’appeler était parfois presque déconcertante ! C’est à croire que ces deux là auraient pu finir ensemble si l’un était né avant ou l’autre bien après. Lane avait toujours une facilité déconcertante à se tirer d’affaire de ses questions là où Jake lui, peinait à apporter des réponses. Bon il faut dire qu’elle avait aussi tendance à attendre beaucoup plus de lui que de Dante et de Lane. Après que Dante soit parvenu à se dépatouiller de cette question avec une pirouette, Lannister dirigea la discussion vers Jake. Un instant qu’il avait redouté tout au long de la réponse de son frère. Il avait pourtant espéré que la discussion changerait de sujet après lui mais évidemment ça n’avait pas été le cas… En même temps, les choses seraient peut être plus simples si au moins un des deux garçons connaissait la vérité non ?

« Hum… tout dépend de ce que tu entend par « personne dans ta vie » ! Je t’assure que vu le nombre de classes que j’ai cette années, ça fait déjà un bon nombre de « personnes » à gérer au quotidien ! » dit-il avec humour. «Non franchement, je viens de déménager, la rentrée vient de commencer… j’ai pas vraiment eu le temps de trouver la perle rare en quelques semaines ! Puis j’ai envie de profiter un peu ! ».

« A ton âge, nous on était déjà ensemble ! ». Il s’y attendait, sa mère n’allait pas pouvoir s’empêcher d’intervenir à l’aide de remarques toujours plus acerbes.
« Et bien je te laisse contacter Cupidon pour moi ! ». « Parce que tu crois qu’on doit forcément être amoureux dès le départ pour fonder une famille ! Ma soeur, elle n’a pas vraiment eu le choix et pourtant aujourd… ». Jake hallucinait d’entendre autant de bêtises être déversées sur la table en si peu de temps. « Je te demande pardon ? A ce que je sache on est au 21ème siècle non pas en Italie il y a plus de 40 ans ! Bref… » conclut-il histoire de couper court à la discussion. Le repas venait à peine de commencer et la situation s’envenimait déjà. « Sur ce, je vais chercher du vin ! ».

L’aîné des frères Dempsey se leva et se dirigea droit vers la cuisine où se trouvait l’accès à la cave. Il descendit les marches jusqu’à atteindre le sol. Il leva la main pour atteindre une petite cordelette métallique qu’il tira vers le bas pour allumer l’ampoule brinquebalante du plafond. La lumière révéla une belle collection de bouteilles de vins, toutes couchées et rangées par régions et par années. Il s’assit sur la dernière marche des escaliers pendant quelques secondes, plongea son visage entre ses mains et souffla un grand coup. En moins d’une heure, le salon c’était déjà transformé en champ de bataille. C’était une des raisons pour lesquelles, quelques secondes avant de sortir de sa voiture, il avait hésité à annuler et à rebrousser chemin. Ces tensions le rongeaient au point qu’il songeait parfois à accepter l’idée de ne plus voir sa mère. Une douleur qui lui permettrait néanmoins de se débarrasser d’un poids récurrent. Il allait falloir trouver une solution à tout cela et vite !

Lane sait que madame Dempsey est toujours déçue que Jake et Elea aient rompu, même si cela fait maintenant quelques années. Il se doute qu’elle doit toujours lui en vouloir, pour preuve la façon acide dont elle s’adresse à lui. Lane a toujours admiré Jake. C’est un peu son modèle. Le beau gosse avec une tête bien faite. Sentant l’atmosphère devenir électrique, Lane se met à rire, comme si le sujet est léger, ce qui est le cas pour lui. « J’avoue que de ce côté-là je te tire mon chapeau Prof’. Gérer autant de gamins, ce doit parfois être l’enfer » Un peu comme lui avec ses clients capricieux. Ceux du palace étant sans commune mesure. Exigeant tout et n’importe quoi. Finalement, lui aussi peut se targuer d’avoir du monde dans sa vie. Un sourire étire ses lèvres mais pas suffisant pour que Mamma ne revienne pas à la charge. S’il faisait vraiment partie de la fratrie, il aurait demandé à Mamma de laisser Jake tranquille car il sent bien que le sujet est épineux ou que son ami ne veut pas aborder le sujet, tout simplement. L'excuse de Jake pour quitter la table, laisse Lane songeur. Cela lui fait mal de voir son ami englué dans cette situation. Mamma lâche un « Tu me comprends toi Lenny, n’est-ce pas ? » « Bien sûr madame Dempsey que je comprends votre envie de voir vos enfants mariés mais, Jake a peut-être besoin de temps et il n’a certainement pas encore rencontré la bonne personne ... » Il prend une inspiration avant de continuer « … sa rupture avec Elea a dû le marquer plus qu’il ne veut l’admettre et il a peut-être peur de l’engagement maintenant... » Lane tente de la rassurer comme il peut avant de lancer « Je vais voir s’il ne boude pas dans la cave, c’est bien son genre » et sur un éclat de rire général, il quitte lui aussi la table afin de partir à la recherche de son ami. Une main se pose sur son bras et Mamma lâche "Fais-lui entendre raison mon petit. Il est temps qu'il se trouve une gentille femme et qu'il entre dans le rang. Tout en se dirigeant vers la cave, il ne peut empêcher un pli songeur de barrer son front tandis qu’il descend les quelques marches qui le mènent dans l’antre de monsieur Dempsey. Cet endroit est une vraie merveille. Tandis qu’il rejoint Jake, assis sur la dernière marche, Lane ne peut s’empêcher de continuer et d’aller admirer les bouteilles couchées qui attendent qu’on vienne les chercher. Jolie collection. Une fois son inspection rapidement faite, il se tourne vers Jake et demande « ça va ? Parce que c’est vraiment tendu avec ta mère... J'ai beau l’adorer, parfois, elle a des idées bien arrêtées... » Des idées qui ne correspondant pas à la vie que mène le barman. Il est certain qu’elle le chasserait si elle savait qu’il vit avec un homme, ou serait capable de l’envoyer se faire exorciser ou consulter un psy... Pire, tenter de le rééduquer dans l’un de ses horribles camps qui fleurissent dans le pays. Une abomination. Une aberration. « Tu sais, si tu veux profiter de ton célibat, tu devrais le lui dire afin qu’elle arrête d’attendre que tu lui amènes la belle-fille idéale » Il hausse les épaules, fataliste. Affronter madame Dempsey, c’est pas évident. « Ou bien, tu essayes de caser ton frère pour qu’elle ait l’esprit occupé » Son ton est redevenu léger et un sourire flotte sur ses lèvres tandis qu’il vient s’asseoir à côté de son ami tout en lui donnant un léger coup d’épaules. « Tu n’as une prof que tu pourrais ramener à ta mère, histoire de la calmer ?... » Lane n’est pas convaincu que cela soit la meilleure solution mais parfois, il faut ruser pour avoir la paix. Il se perd quelques instants dans ses pensées et conclut « une amie qui ferait l’affaire en attendant que tu trouves la bonne personne » Tromper Mamma ne lui plait pas vraiment, mais voir Jake dans cet état non plus.


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Ce n’était pas la première fois que Jake se retrouvait sur ces marches et dans un état similaire. Lorsque les repas familiaux tournaient au vinaigre, c’est ici qu’ils venaient trouver refuge le temps de faire redescendre la pression. Bizarre vous direz-vous, d’aller s’isoler dans une cave… glauque même ! Mais pour l’aîné des Dempsey, la cave était un endroit de partage autour du vin avec son père et donc une sorte de refuge, au calme du tumulte qui se déroulait au dessus de sa tête. Cette fois encore, la cave fut la première destination qui lui vint en tête.

Ici, l’air était frais et l’espace complètement silencieux. Un havre de paix. Sa courte retraite allait bientôt prendre fin, il le savait. En témoignait les bruits de pas qui se rapprochaient de la porte de la cave qui donnait sur la cuisine. Avec l’expérience, Jake avait réussi à assimiler les bruits pas de chacun des membres de cette famille, y compris Lane. La démarche assurée mais le pas relativement léger, McPherson était facilement identifiable. Ce dernier pénétra dans sa bulle d’oxygène. D’abord silencieux, il descendit les marches jusqu’à toucher le sol gravilloneux de la cave. Il contempla un instant cette réserve qu’il allait pourtant déjà vu par le passé.

Finalement, son meilleur ami finit par trahir le silence qui régnait. Jake leva les yeux vers lui, l’air légèrement dépité. « A chaque fois je me répète que ça va aller, que je m’y habituerais avec le temps… mais je m’y fait vraiment pas ! Je te jure qu’à certains moments, j’ai la sensation que ma mère n’est pas vraiment la mienne… Je ne dis pas ça méchamment mais regarde… Dante, mon père, moi… on est pas du tout comme ça ! On dit que les chiens font pas des chats mais là… c’est quand même une grosse exception. ». Il baissa les yeux au sol, attrapa un gravier entre ses mains et le fit sauter d’une paume à l’autre pendant que Lane tentait de lui venir en aide.

« J’ai déjà essayé tu sais… ». Il vint alors le rejoindre sur la marche où il s’était installé. « Je t’assure que mon frère pourrait ramener une chèvre comme petite amie, elle l’accueillerait les bras ouverts ! ». L’ironie pointait le bout de son nez, tout comme naissait un sourire au coin de ses lèvres lorsqu’il reçut un coup d’épaule amical de son meilleur ami.
Lui qui n’a jamais eu une vie facile, il a toujours su trouver les mots pour apaiser les tensions chez les Dempsey. Il a toujours été doué pour remonter le moral des troupes. Peut être utilisait-il les mots qu’il aurait aimé entendre de la bouche de ses proches ? En tout cas il faisait de son mieux pour tenter de trouver une solution mais soyons honnête, tout ce qu’il évoquait n’était au final que de la poudre aux yeux mais ça… il ne pouvait pas le savoir. Pourquoi ? Parce qu’il n’avait jamais partagé avec lui ce satané secret.

« Je sais pas… tu as bien vu avec Elea comment ça c’est passé ! Encore une fois, le jour où ça se terminera, ça recommencera de plus belle ! Non la solution est… ailleurs. ». Il déglutit comme pour retenir une vérité qui ne demandait qu’à sortir. Il se leva aussitôt de la marche et la descendit pour se retrouver à son tour devant les bouteilles, dos à Lane. Ses mains dans les poches, le regard plongé dans le vague, son cerveau entrait en ébullition. « Je ne suis pas sûr que lui mentir soit une solution… jusqu’à présent, ça ne m’a rien apporté de bon ! ». Il leva un moment les yeux au ciel comme s’il pouvait voir sa mère et le reste de la famille à travers le plafond en train de les attendre patiemment. « Mais… même la vérité ne lui conviendrait pas ! ». Il baissa les épaules par dépit puis fit volte face vers Lane.

« Désolé, tu ne doit rien comprendre à tout ce que je marmonne ! Je… Lane, on se connaît depuis tellement longtemps, on est un peu comme un vieux couple tout les deux avec les petites surprises qui vont de pairs ! ». Il revint s’installer à ses côtés. « Le fond du problème c’est pas tant de trouver une nana pour faire illusion, mais c’est surtout que… même sans faire illusion, une nana ne m’intéresserait pas… ». Pour la première fois, les choses sortaient naturellement, autant en profiter, en espérant que Lane saisisse les sous entendus de Jake.


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Voir Jake dans cet état n’est ni habituel, ni facile. Cela  a toujours été Lane le vilain petit canard, alors, imaginer que Jake puisse avoir une vie privée pas aussi rose que ce que le barman s’est toujours imaginé, frôle l’hérésie. C’est tout simplement impossible. Tandis que son ami parle, Lane tente de faire rapidement le tour de ses connaissances féminines à la recherche de la femme idéale qui plairait à Jake mais aussi à madame Dempsey. Il ne perd pas cet objectif de vue et il se demande s’il ne devrait pas faire l’inverse. Qu’elle plaise avant à Mamma et ensuite à son ami. Il ne peut empêcher un sourire d’ourler ses lèvres avant de redevenir sérieux et soucieux car il sent bien que Jake ne va pas bien.
Assis sur les marches, il réfléchit tout en écoutant son ami. « J’avoue que mentir à ta mère n’est pas la solution idéale, surtout qu’elle a un don pour détecter les mensonges » Un petit rire s’échappe tandis que quelques souvenirs de tentatives, infructueuses, pour berner Mamma, avaient vite été mises à jour et surtout avouées. Rien de bien méchant, mais enfant, Lane ne supportait pas de mentir à cette femme si gentille avec lui. Il avait le sentiment de la berner et il ne le supportait pas. C’était souvent à cause de lui, avec sa mine contrite, qui faisait foirer les plans avant qu’ils ne soient mis à exécution. En grandissant, il avait pris plus d’assurance et à l’adolescence, il était devenu expert en dissimulation, ce qui l’avait sauvé, comme aujourd’hui.  « Elea était parfaite. Toi aussi, tu as mis la barre haute pour les suivantes... et ta mère y a tellement cru que vous finiriez ensemble, que vous feriez un beau mariage et de beaux enfants ... faut la comprendre ... » Madame Dempsey vient d’un milieu où le célibat n’a pas lieu d’être et si quelqu’un reste seul, c’est qu’il y a un truc qui cloche chez cette personne. Lane imagine aisément que vis-à-vis de sa communauté, elle doit trépigner de voir ses enfants casés définitivement. Avec Mamma, Lane bénéficie des avantages, sans tous les inconvénients. Au début, il ne prête pas vraiment attention aux dernières paroles de son ami car il est toujours en train de fouiller sa mémoire afin de lui trouver la candidate presque parfaite. Tâche ardue. Malgré tout, un froncement de sourcils interrompt ses réflexions « ... quoi ? ... comment ça ? … » Ses prunelles azur se posent sur son frère de cœur. « Ne me dis pas que tu as perdu confiance en toi et que tu ne crois plus en l’amour. Tu sais, ce genre de balivernes que l’on sort lorsqu’on ne va pas bien » Il étudie attentivement le visage de Jake. Il ne lui semble pas dépressif même s’il voit bien que quelque chose le dérange. Comment pourrait-il perdre confiance en lui avec son physique. Il doit crouler sous les œillades énamourées de ses étudiantes et forcément, de certaines professeures. Il en a toujours été ainsi pour lui. Un grand sourire éclaire soudain son visage « Ce n’est rien, juste un petit passage à vide. Laisse parler Mamma, elle va se calmer si elle comprend que tu ne veux pas te caser pour le moment. Tu connais ta mère, elle est impulsive mais pas méchante. Ça lui passera »  Il effectue un geste de la main comme s’il pouvait ainsi dissiper ce malentendu et revenir à la normale. Lane est relativement optimiste. La vie lui a appris à ne jamais désespérer car dans son cas, il se serait suicidé il y a bien longtemps. Affronter les problèmes même s’ils paraissent insurmontables. Un souci de nana, rien de bien compliqué. Lane en gère tous les jours derrière son bar des problèmes de cœur. Il pourrait même en écrire un livre. Tout en se redressant afin d’être plus droit, il administre d’une voix faussement sérieuse « On se reprend, on fait face et on réagit positivement. Je ne veux plus t’entendre dire que les nanas ne t'intéressent pas. Tu es trop canon pour vivre comme un moine. Canon et beaucoup trop jeune » puis, il rajoute en riant « et, où es-tu allé chercher cette histoire de chèvre » Rien que d’imaginer Dante avec une chèvre fait redoubler son rire. Il secoue la tête, hilare avant de stopper net et de demander d’un ton sérieux  «  Dis-moi, à quand remonte ta dernière liaison avec une fille ? ... » Il penche légèrement la tête sur le côté, un air soucieux sur le visage. Soudain, un doute vient de s’immiscer dans son esprit. Il a à l'esprit l’image de Jake et Elea, et pour lui, il a toujours associé son ami aux femmes, sans jamais remettre en question cette affirmation jusqu’à maintenant. « Parce que lorsque tu dis qu’une nana ne t’intéresserait pas, tu parles parce que tu n’en trouves aucune à ton goût ou parce que tu ne les trouves plus à ton goût ? ... » Lane n’a plus envie de rire car il vient de prendre toute la mesure du sérieux de la situation et commence à entrevoir dans quelle galère se trouve Jake. Il a oublié qu’on les attend là-haut et que peut-être, on s’interroge sur ce qu’ils font et disent.

Pendant des années il s’était demandé quand est-ce que ce moment arriverait, quelle forme il prendrait et comment est-ce que les choses se passerait. Il s’était imaginé parfois quelque chose de très solennel puis parfois quelque chose de larmoyant… Ces multiples scénarios retranscrivent parfaitement à quel point Jake pouvait être perturbé par cette « révélation » qui ne demandait qu’à être libérée. Si Lanister n’était pas Mamma ou son père, il était néanmoins une des personnes les plus importantes de sa vie: un ami, un frère et se confier à lui aurait du être son réflexe premier.

Pour autant, la mission n’était pas simple. Comment dire les choses ? Simplement peut être. La difficulté était-elle de dire les choses ou plutôt de les dires à une personne en particulier ? N’était-ce pas Mamma qui rendait la chose si compliquée ? Lane était d’une bienveillance incroyable. Ses mots, ses gestes, tout n’était que réconfort et pourtant, les mots peinaient à sortir si bien que Lanister était proche du monologue.

Les yeux rivés au sol, il avait tout de même finit par lâcher la bombe. Il faudrait peut être lire un peu entre les lignes mais il lâchait la pression peu à peu et commençait à s’ouvrir ce qui, en soit, était un exploit. « Parce que… elles ne l’ont en fait jamais été ! ». Ses yeux croisèrent ceux de Lane lorsqu’il redressa la tête dans sa direction. Au fur et à mesure que les mots commençaient à venir, les émotions, elles, remontaient à la surface si bien que ses yeux rougirent légèrement.

« Elea et moi… ça c’est fini pour cette raison ! Je l’aimais, énormément mais pas comme j’étais censé l’aimer tu comprends ? Ce n’était qu’une sorte de façade et d’une certaine manière, je m’en veux terriblement de l’avoir manipulée… Parce que oui, d’une certaine manière c’est une sorte de manipulation, j’ai fait d’elle mon garde fou face à ma mère… Je lui ai menti à elle, à mes parents, mon frère, à toi. ».
Jake n’avait jamais été du genre pleurnicheur, lorsqu’il tombait étant plus jeune, il se mordait la joue pour ne pas pleurer, lorsqu’il se faisait gronder, il préférait passer à autre chose rapidement mais si aujourd’hui une larme s’était aventurée sur sa joue, c’est que ce jour n’était pas un jour comme les autres.

« Je suis désolé de t’avoir menti, encore plus à toi qu’aux autres ! Tu es mon frère depuis tellement d’années et je sais à quel point tu es ouvert d’esprit mais malgré tout, je n’ai pas pu ou plutôt, je n’ai pas su comment le dire… Tu comprends pourquoi les choses sont ce qu’elles sont ? Tu imagines les répercussions que tout ça pourrait avoir là haut ! » dit-il désignant d’un signe de tête le salon au dessus de leur tête.

« Alors oui, je tombe amoureux de garçons. Je les trouve beaux, rassurants, chiants souvent mais aussi touchants parfois. Jusqu’à ce jour, ils sont les seuls à avoir réussi à me faire me sentir vivant, à me faire ressentir des choses. Des choses si fortes que je regrette de n’avoir pas vécu ça avant. J’ai l’impression de respirer enfin convenablement, comme si… j’étais libre… » Il reprit ses esprits un moment. « Et si je dois choisir entre me priver de ce bonheur ou bien me réduire à ce que certains attendent de moi, alors je suis prêt à changer radicalement de vie. » Du revers de la main, il essuya une larme de sa joue.

« Allergies à la con ! » jura-t-il dans un rire mêlé aux émotions toutes fraîchement éveillées. Du coin de l’oeil, il pouvait voir le sourire de Lanister. Tout irait bien.


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Si les paroles étaient venues d’une autre personne, Lane se serait levé, aurait haussé les épaules avant de remonter avec le reste de la famille, en se disant qu’il s’agit d’un canular. D’une blague. Que la personne le fait marcher et que dans un moment, elle avouera sa supercherie. Mais Lane sait que cela ne sera pas le cas. Jake lui dit la vérité, et cette vérité est étrange à entendre. Il reste assis à écouter. Ses idées de caser son ami avec une de ses connaissances s’est envolée. Il repense à Elea et ne peut s’empêcher d’avoir une pensée attristée pour cette fille qu’il appréciait énormément. Lui aussi avait été en couple durant quelques temps mais, avec Aestra, ils s’étaient rendus compte que l’amour du début avait fait place à une relation amicale. Ils s’étaient séparés en restant les meilleurs amis du monde. jusqu’à son départ pour l’étranger avec son nouveau fiancé, ils se voyaient régulièrement. Contrairement à Elea, Aestra n’avait jamais été un paravent pour Lane. Il l’avait aimé et même si aujourd’hui, il était en couple avec Logan, cela ne l’empêchait pas de porter un regard appréciateur sur certaines femmes. Il devait se l’avouer, jamais il ne présenterait Logan à Mamma. Il avait amené Aestra, un jour. Mamma l’avait accueilli à bras ouverts. Lorsqu’ils s’étaient séparés, madame Dempsey avait été a première à connaître la nouvelle. Lane revient au discours de Jake et prend la mesure de la situation.
« Tu sais que je ne t’aurais jamais jugé. Moi-même étant soit avec des femmes, soit avec des hommes. En ce moment, je suis avec un mec formidable » un petit rire ponctue son aveu en songeant à Logan qu’il ne décrirait pas comme ‘touchant’. Seul ‘chiant’ lui collait bien à la peau lorsqu’il l’obligeait à manger le matin. Malgré tout, il répond par un « j’en suis raide dingue » Un autre petit rire s’élève dans la cave, suivi d’un haussement d’épaules, fataliste, avant qu’il ne rajoute « Logan faisait parti de la bande aussi. Certes, un peu plus en retrait. Tu as dû forcément le croiser un jour. » puis, redevenant un peu plus sérieux, il rajoute « comment as-tu fait pour vivre ainsi durant ces années ? Ta mère est plutôt un fin limier lorsqu’il s’agit de lever les mensonges ... » Il ne peut retenir un soupir tout en disant « tu as dû vivre un vrai calvaire » et il imagine sans peine ce que Jake a dû endurer pour, d’un côté donner l’illusion du fils parfait aux yeux de sa mère et de l’autre, cacher ses penchants. Même Lane n’a rien remarqué, tellement certain de la voie toute tracée de son ami. Et là aussi, si quelqu’un d’autre lui avait raconté ça, il ne l’aurait pas cru.
Un bras réconfortant vient s’enrouler autour des épaules de Jake. «  On est dans la même galère tout les deux. Il serait peut-être temps de dire la vérité, même si je dois avouer que cette pensée me terrifie » Il reste un moment silencieux et regarde Jake. Son modèle. Lui qui incarne la réussite, se retrouve  démuni sur ces marches. Lane n’a aucune envie de perdre Mamma. Cette mère qu’il s’est choisi. Sa mère idéale. Il a mis madame Dempsey sur un piédestal, tout en sachant au fond de lui que personne n’est parfait.  Il ne veut pas renier sa relation avec Logan, tout comme il ne veut pas que Mamma le rejette parce qu’il aime un homme. Si cela arrivait, il n’ose pas imaginer sa tristesse. Comment Jake peut dire qu’il tournerait le dos à sa mère, cela le dépasse. Lui qui n’a pas de famille, autre que celle-ci, se sentirait amputé. « Si tu veux, je peux lui parler » rien qu’à cette idée, il sent une boule d’angoisse se former dans sa gorge, pire que lorsqu’il était enfant, et s’empresse de rajouter « de moi, bien sûr. Pas de toi » Ses prunelles azur plongent dans celles de Jake, tout aussi claires « J’irai en éclaireur » Un pauvre sourire étire ses lèvres car malgré son côté optimiste, il lui arrive aussi d’être réaliste. Son emprise s’est un peu affermi autour des épaules de son frère « Il va falloir que l’on remonte et que l’on prenne une décision. » puis, ne pouvant s’empêcher de rire malgré la situation, il lance « J’aimerais bien que la chèvre de Dante arrive, histoire de mettre de l’ambiance » Il aimerait surtout qu’ils aient le courage de parler à Mamma. Lui. Jake. Ils devraient peut-être commencer par monsieur Dempsey...  « Et ton père, il en penserait quoi, à ton avis ? ... Il te donnerait peut-être des conseils pour ton allergie … » Lane adresse un clin d’œil à son ami. Quitte à se faire étriper, autant que ce soit par celui qui semblait le moins virulent de la famille.


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Lanister lui ressemblait beaucoup plus qu’il ne le pensait. C’est surprenant car quand on est enfant, on voit de suite les similarités, les points communs. On aime les même jeux, les mêmes dessins animés, les mêmes musiques et surtout, on exprime les choses. On revendique ses goûts et ses envies. Puis un jour, on devient de moins en moins transparent. Jugeant peut être que les choses sont évidentes. Mais preuve en est que la réalité est toute autre. Comme lui avec Elea, Lane avait fréquenté Aestra pendant un moment même si leur relation avait été différente et jamais jusqu’à ce jour les deux hommes s’étaient posés pour échanger sur leur vie privée. Enfin, pour parler de sexe et de trucs olé olé, ça il y avait du monde, mais pour parler relations sérieuses, là, c’était plus compliqué.

Lorsque Lane lui annonça être aussi bien avec des hommes qu’avec des femmes, Jake arqua un sourcil. Il ne le jugeait pas, il aurait été mal placé pour, mais c’était la première fois qu’il entendait cela. En tout cas des ses souvenirs. « Je… hum… okay je crois que j’ai bien fait de venir au final ! Je croyais que c’était moi le seul mec de ta vie qui te rendait dingue ? » conclut-il sur le ton de la plaisanterie. « Ah parce qu’en plus je le connais ! ». Jake avait déjà eu l’occasion de croiser Logan à de nombreuses reprises. Plus discret que les autres de la bande, il n’en était pas moins un mec agréable avec qui il avait pu échanger quelques fois. « Du coup on va sauter l’étape de la présentation officielle je suppose ! ». La plaisanterie avait détendu l’atmosphère pendant un instant entre les deux frères de coeur.

Ce à quoi Lannister assistait n’était rien d’autre que la presque conclusion d’une pièce de théâtre dont Jake était le personnage principal depuis plus de 30 ans. Comment avait-il fait ? Même lui n’en savait rien.
« J’en sais franchement rien… Le talent peut être ! Non sincèrement je crois qu’elle était tellement obnubilée par la réussite de mon frère et l’échec de mes relations amoureuses qu’elle ne s’est jamais posée la question. Et puis Lane… pour l’avoir déjà entendu parler, l’homosexualité ça n’existe pas pour elle, c’est… impossible. Donc j’ai prit sur moi pour ne pas faire exploser cette famille. »

Face à ces nouvelles confessions, le bras de Lane vint amicalement s’enrouler autour de ses épaules. Les deux hommes étaient l’exemple même de la « bromance ». Il n’y avait pas de gêne à être amis et proches, ils étaient comme des frères et cette relation était un pilier de la vie de Jake. Ce bras réconfortant en était un symbole. « Ca me fait flipper aussi » dit-il en regardant son ami droit dans les yeux.
Etait-ce la solution ? Surement. Se cacher comme il l’avait fait depuis des années ne lui avait rien apporter de bon jusqu’à ce jour mais avait-il les épaules assez solides pour surmonter cette épreuve… « Lane t’as pas à te sacrifier pour moi ! ».

Pour cette famille, le fils McPherson était prêt à tout, même à risquer de tout perdre. Ce mec ne s’en rendait pas compte mais il était un héros, un survivant au point qu’il en devenait un modèle pour Jake.
« Tu sautes je saute okay ? ». Jake passa son bras autour de l’épaule de Lannister à son tour.
« Sacré chèvre… Jamais là quand on a besoin d’elle. ». Le temps filait à toute vitesse et s’il ne remontait pas bientôt, d’une part ils seraient harcelés de questions et en plus, le plat de lasagne serait vide. Ils allaient devoir prendre une décision.

« Mon père… ça devrait aller ! Il a toujours été assez ouvert d’esprit, vraiment à l’opposé de maman. Il s’est toujours battu pour l’égalité et la tolérance. Non franchement, je ne me fais pas trop de souci! ». Jake fit la moue et fixa le sol un moment. Un milliers de pensées parcouraient son cerveau. Plus que des pensées, il s’agissait de différents scénarios qui pourraient se produire. Cet instant de réflexion auraient pu durer pendant de longues minutes mais Jake reprit possession de ses esprits. Il se leva subitement.

« On le fait ? Maintenant ? ». Jake était déterminé. Oui c’était venu d’un coup d’un seul mais Lane avait les mots justes, il était un roc sur lequel il pouvait se reposer et cela le rassurait. Il s’avait que si quelque chose se brisait aujourd’hui, ce ne serait aucune avec lui. Il lui tendit sa main droite, l’invitant à se relever. S’il acceptait, le jeune professeur l’attirerait vers lui et le prendrait dans ses bras pendant une bonne minute à la fois en guise de remerciements mais aussi pour partager leur force.

Quelques minutes plus tard, ils étaient de retour à l’étage. Avant de rentrer dans le salon, il se regardèrent droit dans les yeux. « On fait comme on a dit ? ». Un sourire suffit et ils reprirent leur place autour de la table.


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Tout s’enchaîne très vite. Trop vite. Il a l’impression que les aiguilles de l’horloge s’affolent et tournent à mille à l’heure tandis que son cœur bat lui aussi à toute allure. Il a l’impression de voir défiler sa vie. De se revoir quelques années en arrière lorsque cette femme était son seul ancrage. La seule personne vers qui il se tournait. À qui il osait raconter le calvaire qu’il vivait chez lui. Lane n’a aucune envie que sa mère, celle qui l’a adopté et qu’il aime comme seul un enfant peut aimer sa mère, le rejette à cause de sa vie privée. De ses préférences sexuelles. Il tente de se faire une raison. De se dire qu’après tout, il peut bien faire cela pour Jake. L’enfant légitime. Lui, n’est qu’un usurpateur. Maintenant, il est adulte. Il devrait être à même de supporter d’être rejeté. L’idée lui donne la nausée mais, il sourit à Jake. C’est grâce à Dante et à lui qu’il a retrouvé une famille. Qu’il a appris ce que ce mot signifiait, alors, oui, il est prêt à remercier à sa façon ses frères de cœur si cela peut aider Jake à mieux vivre. Après une étreinte rassurante, ils remontent vers le salon. Lane ne peut s’empêcher de penser à tous ces condamnés qui ont gravis les marches vers l’échafaud. Il déglutit tout en conservant un sourire plaqué sur les lèvres. Il n’est pas question qu’il se dégonfle. Avant de rejoindre le salon, il murmure « Tu devrais me lâcher la main, j’ai peur qu’ils comprennent tout de travers » son rire retentit tandis qu’il enchaîne « merde, on a oublié la bouteille de vin… tant pis... » un haussement d’épaules. Il sait très bien qu’une fois qu’ils auront lâché leur bombe, tout le monde aura oublié le vin. Ils se retrouvent dans la salle à manger. Chacun arbore un sourire même si Lane n’est pas aussi serein qu’il le laisse croire. Mamma leur jette un regard interrogateur auquel le barman répond par un sourire plus grand. Il tente de graver dans sa mémoire chacun de ses traits car il craint de ne plus jamais la revoir. Il a l’impression que deux mains invisibles compressent ses côtes et l’empêchent de bien respirer. Dans son assiette, les lasagnes refroidissent doucement. Il inspire et lance « J’ai rencontré quelqu’un et je suis amoureux » Mamma pose instantanément ses couverts et s’écrie « mais pourquoi tu ne m’as rien dit mon petit ? Tu aurais pu venir avec elle et nous la présenter » Lane regarde tout le monde puis dit « Il s’appelle Logan. Je ne suis pas amoureux d’une femme mais d’un homme, c’est pour cela que je suis venu seul... et que je n’ai rien dit tout à l’heure. Je n’ai pas osé » La voix de monsieur Dempsey s’élève « Si tu es heureux mon garçon... » « ne dis pas de bêtise enfin, comment peut-il être heureux avec un... homme » Mamma a craché le dernier mot avec mépris et Lane comprend tout de suite qu’elle ne l’acceptera jamais. Il regarde Jake et le supplie du regard de ne rien avouer. Il secoue à peine la tête pour le dissuader. Il peut aller seul au casse-pipe. « Il y a des cliniques ou des camps qui soignent très bien cette … déviance. Le pasteur a quelques bonnes adres... » « Arrêtes de dire des âneries. Ce garçon n’est pas malade, ni déviant. Il serait temps que tu te mettes ça dans la tête » C’est la première fois que Lane voit monsieur Dempsey tenir tête à Mamma. Il s’en veut d’avoir semé la zizanie dans la famille et surtout, le jour de son anniversaire. Lane aimerait disparaître. Il aimerait aussi dire qu’il n’est pas malade, juste amoureux d’un homme formidable mais, il fait simplement le geste de repousser sa chaise pour se lever et prendre congé lorsque la voix de monsieur Dempsey résonne encore une fois « Tes lasagnes refroidissent Lenny » Un sourire bienveillant illumine ses traits tandis que Dante se met à rire et déclame « Ado déjà, tu craquais pour lui, hein. S’il est toujours aussi canon … je me souviens que toutes les filles lui couraient après » Lane hoche la tête en essayant de sourire. Décidément, Dante n’a pas besoin de chèvre pour mettre de l’ambiance. « Bien sûr, je m’en souviens, on râlait assez à cause de ça  et oui, il est toujours aussi canon » Cette fois, son sourire s’agrandit en songeant à son homme. Il n’ose pas regarder Mamma. Il aimerait tant lui demander pardon de ne pas être comme elle voudrait qu’il soit. Il est malheureux de l’avoir déçue mais, il ne regrette pas ce qu’il est. Finalement, il plante sa fourchette dans sa part de lasagne et savoure ce plat de son enfance. « Elles sont délicieuses madame Dempsey, comme d’habitude » Lane n’a pas osé l’appeler Mamma. Il mange en silence, attendant la suite avec une certaine appréhension. Il ne sait pas s’il remettra les pieds dans cette maison après cette déclaration. Il craint que ce soit la dernière fois qu’il se retrouve ici avec ce qui est … fut sa famille. Lane se demande ce qu’il se passe dans la tête de Jake et prie pour qu’il ne fasse pas de bêtise.


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Lane était décidément l’homme le plus courageux que Jake ait connu. Malgré tous les aléas de la vie, les bâtons dans les roues que le destin avait mit en travers de sa route, il était là, debout et prêt à se donner corps et âmes pour protéger ceux qui lui sont chers. Lui qui avait grandi avec presque rien donnait aujourd’hui tout pour celui qu’il considérait comme son frère de coeur. Celui qui l’aurait comme amant serait le plus chanceux et Jake lui souhaitait de tout coeur que Logan soit cet homme.

Au moment où ces deux-là entrèrent dans le salon, Jake était persuadé que Mamma accueillerait la nouvelle d’une manière surprenante. Elle qui avait tendance à tout laisser passer à Lane et à Dante, il l’imaginait déjà passer au dessus de tout ça. Cela aurait surpris la plupart des convives autour de la table mais pas Jake qui, à force, semblait voir le mal partout chez sa mère. Pourtant, les choses allaient prendre une toute autre tournure. Fidèle à elle même, elle n’avait montré aucun signe d’affection et encore moins de compréhension lorsque Lanister s’était ouvert sur sa relation et pour la la première fois, sa mère tenait envers lui des propos discriminants à l’égard de son orientation sexuelle. Jake serra les poings, un signe que ne manqua pas de voir son ami à l’autre bout de la table. Il croisa son regard. Celui de Jake était rempli de colère tandis que que celui de Lanister tentait de le convaincre de ne pas faire de conneries et, alors qu’il allait intervenir, c’est finalement son père qui s’opposa à Mamma.

Ce fut un des rares moments où Jake vit son père prendre position face à sa mère. Jamais il n’avait partagé ses pensées, ses croyances et malgré tout ça, il l’aimait depuis des années. Peut être parce que l’amour nous fait passer outre ce genre de choses… Il avait du mal à le comprendre mais ils étaient la preuve que pour certains couples, c’était possible. L’intervention salutaire de son père le fit redescendre légèrement en pression. Dante lui, assista d’abord silencieusement à ces échanges mais il pouvait sentir que la tension était électrique. Quelque chose était prêt à éclore (ou à exploser, cela dépend de la position) sous ses yeux sans qu’il ne puisse savoir de quoi il s’agissait. Histoire de désamorcer la situation, il replongea la tablée dans leurs souvenirs d’enfance concernant le crash de Lane sur Logan, une initiative qui retint le fils Mac Pherson de quitter la table définitivement. Pourtant, du coin de l’oeil, Jake scrutait sa mère qui s’était totalement renfermée sur elle-même. C’est limite si elle n’était pas en train de réciter une prière à l’intention de Lane et ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase.

« Clac ». La chaise valdingua sur le sol avec plus de puissance qu’il ne l’avait imaginé. Jake s’était redressé en un éclair, les points serrés reposant sur la table. « C’est trop ! » murmura-t-il à lui même. « Cesse immédiatement tes prières à la con ! » dit-il à l’intention de sa mère. Dante tenta d’intervenir mais d’un signe du doigt, Jake le lui interdit. « Tu peux prier autant que tu veux, ça ne changera rien à qui est Lanister ! Tu sais, ce même enfant que tu as accueilli depuis qu’on est gamin ? Et bah c’est toujours le même. Alors tu sais quoi ? Tu peux aussi prier pour moi ! ». Sa mère restait complètement stoïque face à ce déferlement de vérité. « Oh oui, quel dommage, deux de tes fils aiment les garçons ! Ouvre les yeux, parce qu’avec tes idées venues d’une autre époque tu es en train de perdre deux fils… Alors je te préviens. Ne t’avise plus jamais de manquer de respect à qui que ce soit ici. Tu sais, on t’aime tous malgré ta manière d’agir, on a tous fait des efforts et c’est maintenant à toi d’en faire. ». Il se retourna vers le reste de l’assemblée qui l’observait. « Je suis désolé que le repas se soit passé de la sorte, j’aurais aimé que ça se passe autrement, vraiment, mais ça fait bien trop longtemps que ça dure… ! ».

Alors que Jake allait quitter la table pour partir, c’est la main de sa mère qui le retint. Sans le regarder elle dit doucement : « Restes… c’est moi qui vais sortir de table ! ». « Chérie… » tenta d’intervenir son père. « J’ai fini mon assiette de toute manière. ». Elle quitta alors la table silencieusement et emprunta les escaliers qui menèrent à l’étage. L’aîné des Dempsey redressa la chaise et se rassit silencieusement à table. Il jeta un coup d’oeil à son père. « Ca va se tasser, t’en fais pas ! » lui dit-il alors que Jake en était peu convaincu. « En tout cas pour moi, peu importe qui tu es, tu seras toujours mon fils ! Et toi aussi Lane, je vous ai toujours aimé pour ce que vous êtes, je ne vais arrêter de le faire aujourd’hui ! ». La situation avait clairement été explosive mais d’une certaine manière, Jake se sentait délesté d’un poids qu’il portait depuis beaucoup trop longtemps.

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