Nothing but the truth • Sana

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“T’es déjà bien plus inspirante pour moi que tout le reste de notre famille.” Un ricanement piquant s’échappe de tes lèvres. Oui, vu comme ça, il n’avait peut-être pas tort mais dans l’ensemble, non, tu n’étais pas un exemple. Ni pour lui, ni pour personne d’ailleurs. “Je te souhaite quand même de croiser la route d’un meilleur idéal”. Le jeune homme semblait passionné. Il étudiait dans une grande école et tu ne doutais pas qu’il s’envole rapidement loin du passé et surement loin de l’image de cette cousine que tu étais en cet instant et pour quelques jours, quelques semaines, voire quelques mois prochains. Il comprendrait vite - comme les autres - que ton influence n’était pas la bonne. Que tu étais drainante d’énergie et que de côtoyer une âme torturée n’était pas fait pour tout le monde. Peut-être même pour personne. Alors, lui, avait tout à gagner de s’éloigner. Tu n’arrivais pas à persuader ton esprit de l’inverse. “Tu t’en doutes, je ne suis pas venu ici pour rien…” Vos deux tasses désormais pleines à nouveau, tu déposes la cafetière et retrouves ta place, adossée à la rambarde du perron. Ton regard sonde celui du jeune homme alors que ton estomac se noue très légèrement. Tout était possible. Multiples scénarios envisageables. Du meilleur au pire. Un simple hochement de tête en sa direction l’invite à continuer et te poser sa fameuse question. “Tu es parfaitement en droit de refuser, et je comprendrais parfaitement ta décision si c’était le cas. Mais… Accepterais-tu que nous restions en contact ?” L’innocence de sa demande te prend de court. L’espace d’une seconde, il te semble reconnaitre là quelques mimiques de Nahar. Une gestuelle un peu mal à l’aise, une mine dans le doute et un sourire en coin presque caché. Ton ventre se serre davantage. Mais plus pour les même raisons. Nawel a su te toucher. Tu n’imaginais pas ce jour prendre une telle tournure. Tu ne sais pas quoi répondre. Une certaine angoisse reste présente mais le spectre et la présence invisible de Nahar a su t’englober. Tu inspires profondément et tout en relâchant, tu questionnes : “Je n’ai pas tendance à être fiable. J’ai peu de véritables proches et clairement plus l’habitude, voire aucune habitude, de ce qu’est se comporter en …. “Famille”. ” Tu t’arrêtes. Les doigts de ta main droite se mettent a tapoter frénétiquement la rambarde. Tic nerveux. “Mais … si tu veux tenter le coup. Je peux essayer.” Ton regard se détache de lui, s’éloigne et se perd sur un détail de voisinage au loin. Tu as peur de déjà regretter. De t’embarquer dans une aventure trop lourde pour toi. Mais les mots étaient sortis tous seuls. Pas de marche arrière possible pour aujourd’hui. “Sache simplement que si tu es déçu … je t’aurais prévenu.” Décidément incapable d’envisager ta présence dans la vie de quelqu’un comme un avantage quelconque, tu insistes sur ce point avec une triste assurance.

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Sana & Nawel

Nothing but the truth

Le ton employé par Sana est cynique, tranchant, sombre, comme si elle était résolument convaincue qu’elle ne pourrait rien apporter de positif à Nawel, dont la vie a été longtemps jalonnée par les blessures et les meurtrissures en tout genre. Lui qui s’impatientait d’enfin retrouver un membre de sa famille qui aurait traversé les mêmes épreuves que lui, voilà que son enthousiasme est instantanément sappé, anéanti. Il ne s’attend d’ailleurs tellement pas à ce genre de réponse qu’il ne trouve rien à ajouter pour une fois. Il se contente donc de la fixer avec un petit sourire crispé, prenant une nouvelle gorgée dans sa tasse pour tenter de noyer comme il le peut ce silence gênant.

Lorsqu’il ose enfin rouvrir la bouche, c’est pour lui demander, d’une manière indirecte et presque détournée, si elle accepterait de le revoir, de garder contact avec lui, de le voir resurgir dans sa vie par la suite, un peu plus tard, si elle le veut bien. Son coeur s’arrête un vague instant une fois que la question est posée, car il s’attend à un refus de sa part, un rejet clair et net. Il ne pourrait pas lui en vouloir, il ne pourrait que se montrer compréhensif, mais il aurait beaucoup de mal à cacher sa déception. Lorsque Sana répond enfin, Nawel sent chacun de ses muscles se dénouer petit à petit, la pression redescendant d’un seul coup et ses épaules se libérant d’un poids invisible.

- Je ne te demande pas à ce que nous nous comportions comme une famille. Du moins, pas dans l’immédiat. J’ai bien conscience que je sors de nulle part et que tu auras besoin de temps pour me faire confiance. Mais si tu veux bien au moins me laisser une chance, j’en serais vraiment ravi.

Ses doigts tapotent la rambarde et le patineur se demande si elle se sent aussi nerveuse que lui à l’idée de franchir cette nouvelle étape de leur vie respective avec une personne qu’ils connaissent à peine.

- C’est noté… Et je ne t’en voudrais pas si tu changes d’avis, soupire-t-il en trempant à nouveau ses lèvres dans sa tasse pour la vider.

Il repose alors le récipient en porcelaine sur le bord de la fenêtre et tourne la tête vers Sana avec un faible sourire.

- Je ne vais pas abuser plus longtemps de ton hospitalité. Merci pour le café et ton accueil. Est-ce que tu serais d’accord de me donner ton numéro de téléphone ? Ou… Juste une adresse mail, si tu préfères ?

Prendre des pincettes. C’est le maître mot depuis que Nawel se trouve face à Sana, si farouche et meurtrie après avoir enduré tant de souffrances.

Daska

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Sa demande est précise et ta réponse tout autant. Peut-être un peu trop franche, trop directe. Au moins, il ne pourrait pas te le reprocher plus tard et tu lui fais d’ailleurs remarquer ce détail. Le jeune homme hoche, presque solennellement. Sentant peut-être le besoin de préciser, il ajoute : “Je ne te demande pas à ce que nous nous comportions comme une famille. Du moins, pas dans l’immédiat. J’ai bien conscience que je sors de nulle part et que tu auras besoin de temps pour me faire confiance. Mais si tu veux bien au moins me laisser une chance, j’en serais vraiment ravi.” A ton tour d’acquiescer. Sobrement. Tu entends ces propos et les respectes. Tu apprécies sa précaution mais ne préfère pas faire de plan sur la comète. Seul l’avenir vous dirait ce que cette nouvelle relation pourrait bien vous apporter. Il n’y avait qu’à espérer que tu ne viennes pas de te foutre dans de beaux draps. “Et je ne t’en voudrais pas si tu changes d’avis” Souffle-t-il avec précaution avant de terminer son café. Il t’offre un sourire timide alors que ton regard a fini par revenir sur lui. Tes pensées sont agitées, vont et viennent entre passé et présent. Tu te sens remuée. Et alors que votre échange prend fin, Nawel se redresse et s’éloigne poliment. Il s’arrête une seconde pour une dernière demande. Tu te raidis à nouveau. Cette fois, plus par réflexe. Tu hésites et finis par faire un bref aller-retour entre l’intérieur et l’extérieur de ta maison, ayant pris soin de griffonner ton numéro sur un bout de papier. Tu te gardes pour l’instant de lui tendre une carte de visite où figurerait ta brigade spéciale. Pas encore. Pas maintenant. Tu avais besoin de plus de sécurité. Tu lui tends le bout de papier. “Tiens. Et de rien pour le café.” Tu ne sais pas trop quoi ajouter. Tu n’as jamais été très forte avec les mots. Tu laisses le jeune homme s’en aller et le regardes quitter la propriété. Une nouvelle pensée pour Nahar te pousse à ajouter : “Prends soin de toi, ok ?” Tu inspires et expires profondément. Tu reprends place assise et te donne quelques minutes avant de prendre le volant. Tu allait devoir digérer tout ça.

sujet terminé