The little mermaid ((Dakheun))

Vous voyez dans les films, lorsque la caméra remonte rapidement sur les surfeurs alignés devant la vague en mode bien cliché de films américains ? Hé bien, ce n’était absolument pas cela. Eun Ae se trouvait bien face à la mer, les bras croisés, les yeux plissés par le soleil, alors que ses cheveux roses, légèrement humides, séchés tranquillement. Il observait quelques un de ses amis – de nouveau retrouvés – de la plage s’amuser à tomber dans la vague. La mer ne semblait pas vraiment dangereuse aujourd’hui. Mais elle était assez agitée pour permettre aux jeunes de pratiquer leur sport favori. Pour la petite anecdote : Eun Ae avait commencé le surf en arrivant à Los Angeles. Pas de bikini à l’époque, et toujours pas maintenant, mais bien la combinaison. Celle-là même qui était ouverte, les manches retirées, tombant sur ses hanches. Il n’avait aucune honte à montrer son torse maintenant, enfin plat, que deux simples fins cicatrices couvraient. De quoi devrait-il avoir honte de toute façon ? Il était lui-même, avec son corps qu’il aimait comme ça. Et c’était le plus important, non ?

Quelqu’un lui donna alors une tape – plutôt forte – dans le dos, le sortant de ses pensées. Le plus vieux de la petite bande lui lança un sourire avant de se jeter dans l’écume avec sa planche. Eun, avec le même sourire, renfila sa combinaison avant d’attacher son safe-guard à sa cheville et de rejoindre ses camarades. Cela faisait réellement du bien de retrouver cette activité. Lorsque d’autres se divertissaient par la dance ou le chant, lui il faisait du sport. C’était agréable. Il n’avait pas les mains occupées, pas besoin de faire attention au moindre détail. Là, il fallait juste y aller à fond, la peur reléguée à un souvenir idiot au creux du ventre. Lorsque l’adrénaline prenait place, tout le reste était futile. Enfin, peut-être pas totalement tout. Mais une grande partie oui. Et puis, aujourd’hui était un jour spécial. Un jour vraiment très spécial. Arrivant non-loin de ses camarades, il les regarda profiter de la vague qui arrivait. Eun Ae attendit un peu, assis à califourchon sur sa planche. Le regard perdu sur l’horizon, il tentait de voir quelle vague allait lui soulever le cœur comme il aimait tant. Une légère secousse le fit se mettre en mouvement. S’allongeant sur sa planche, il se mit à ramer, avant de se lever une fois dans l’œil de la vague. Le bruit des vagues l’amusa, alors qu’il lâcha sa planche, se mettant debout, en équilibre. Il tenta une figure, sentit un looping dans son ventre et en refit une autre. Puis, avec un rire, il le laissa tomber dans l’eau, se bouchant juste le nez avant de couler.

Après encore quelques minutes à se faire secouer par les vagues dans tous les sens, ressortant complètement trempé de partout, un lumineux sourire sur le visage, Eun rabattu sa mèche en arrière, relevant les yeux vers la petite équipe qui discutait sur la plage, avec un petit jogging, il les rejoint, appréciant étrangement que personne ne lui tienne rigueur de son absence. En fait, c’est un peu comme s’il n’était jamais partie. Et il les remerciait pour ça. Etre normal, comme tout le monde, sans avoir besoin de se battre pour s’assumer, c’était bien ce qu’il voulait le plus. Soudainement, on lui tapota de nouveau l’épaule – ils ne savent communiquer que comme ça – et on lui montra un petit groupe qui s’installait sur la plage. Observant les individus, il n’eut aucun mal à reconnaître les muscles des nageurs. Un prénom lui vint en tête, une étincelle s’installa dans ses yeux. Détachant la lanière à sa cheville, il quitta son groupe, sous les yeux intrigués de ces derniers. Bien sûr, entre temps, plusieurs jeunes personnes s’étaient approchées de celui qui avait captivé ses yeux. Mais bien leur en face, il était à lui.

Avec la désinvolture que tout le monde lui connaissait, il se positionna juste derrière le petit groupe de personnes, croisant les bras sur son torse, fixant le joli visage de celui qu’il devait retrouver ici aujourd’hui. Ce n’était pas un surfeur, mais bien un petit poisson. Un adorable petit poisson. Qui allait sans doute en voir de toutes les couleurs, avec lui, maintenant. De toute façon, il était aussi là pour ça non ? A quoi bon courir après une personne pendant autant de temps, si c’est pour abandonner face à son petit caractère ? S’armant de son propre sourire pour essayer de ne pas défaillir face au sien, Eun se racla la gorge, avant de lancer, alors la même prestance que s’il se mettait à déclamer un poème au milieu d’une place bondée – imaginons qu’il n’est pas timide (ce qu’il n’est pas (oula c'est complexe)) - :

« Moi aussi, j’peux avoir une photo ? »

Le son des vagues aux oreilles. Ça lui manquait à vrai dire, cette tranquillité qu'il pouvait ressentir à l'air frais. Même si les bassins de la piscine lui convenaient parfaitement, il se sentait beaucoup plus libre, les pieds dans le sable, avec quelques uns de ses amis qui se baladaient autour d'eux. Journée de repos comme l'on pouvait dire. Ils les passaient toujours auprès de l'eau, quand bien sûr ils avaient du temps libre. Ce qui était rare, car entre les dizaines d'entraînements par semaine que lui même s'imposer pour ne pas rester à rien faire, et leurs cours plus théoriques, qui ne lui plaisait pas à lui. Pas du tout même. Mais bon, il n'allait pas se plaindre, loin de là. Il était même heureux de pouvoir exercer sa passion au final. Celle qu'il avait toujours exercé, et qu'il ne voyait pas arrêter dans tous les cas.

Alors comme d'une évidence, la plage était en quelque sorte leur lieu de rendez-vous. Mais aujourd'hui encore plus qu'un autre. Il devait l'y retrouver, celui auquel il pensait encore. Mais ses amis avaient l'air d'avoir un autre avis, surtout quand deux d'entre eux le balancèrent encore dans l'eau, comme une habitude. Les regards étaient encore sur eux, alors qu'ils chahutaient comme des gamins, laissant une partie de leur groupe installer leur campement. L'eau bougeait autour de leurs mouvements brusques à essayer de jouer et de couler les autres. Et tandis qu'il tentait d'émerger sa tête de l'eau, il se mit à rire, entouré de toute son équipe d'imbécile. D'une traite, il se redressa, venant alors sortir son corps ruisselant de l'eau, tandis qu'une main passa dans ses cheveux pour les balancer en arrière. Son élément, l'eau. Il pourrait presque vivre dedans en y pensant, s'il n'était pas un simple humain sans ventricule. Tristesse. Mais ses pieds revinrent tout de même se planter dans les sol, le faisant alors revenir sur la plage sous les regards de tout le monde pour venir aider à tout installer. Qu'il ignorait, évidemment. Ça ne l'intéressait plus, lui, depuis qu'il s'était enfin découvert. Même si le regard des autres avaient toujours été important pour lui, il avait tout de même compris qu'il n'avait plus rien à se soucier de leurs avis.

Secouant un peu la tête pour se sécher, ils se retrouvèrent bientôt encerclés de personnes inconnues, de demoiselles plutôt qui avaient l'air de sortir leurs téléphones pour prendre des selfies avec eux. Ça l'étonnait en réalité, il n'avait pas du tout l'habitude pour sa part.  Et ses amis ne l'aidaient absolument pas à se sortir de là, rigolant même comme des idiots en acceptant toutes les demandes. Lui, souriait poliment, gentiment, sans se soucier de ce que l'on pouvait bien penser. Il acceptait, malgré tout, parce qu'il avait une part de naïveté et de gentillesse dont il n'arrivait pas à se débarrasser. Alors, posant doucement auprès de ceux et celles qui voulaient, il souriait, ne remarquant pas qu'un invité se joignit à la file de personnes qui l'entourait. C'était assez drôle en y pensant, d'avoir cette impression d'être intéressant, alors qu'en réalité il n'avait fait que sortir de l'eau comme un grand. Peut-être parce qu'il ne faisait pas attention aux regards sur son corps, tellement il y était habitué avec les compétitions par-ci et par là. Les yeux posés sur lui et son équipe en permanence, se mettre en maillot de bain était en vérité sa deuxième tenue de vie. Il vivait dans ce bout de tissus. En permanence. La file de personne diminuait peu à peu, mais fut vite interrompue par un raclement de gorge digne de la tête rose qui s'afficha à lui. D'un regard brillant, et d'un sourire encore plus sincère, il poussa un peu tout le monde pour pouvoir se poser en face de lui, arquant un sourcil. Il était trempé, dans sa tenue de surf qui le fit légèrement sourire. Levant une main sur son visage, il lui sourit plus doucement, venant planter son regard dans le sien.

"Alors comme ça tu veux une photo ? C'est tout ? Bien sûr que tu peux." lui dit-il alors en rigolant doucement.

Sans plus tarder, il se hâta de venir passer doucement un bras autour de sa taille, venant le coller plus sensuellement contre lui. Ses doigts se posèrent sur lui, tandis qu'il en profitait pour coller son corps humide au sien, comme si de rien était. Sa tête vint se rapprocher de la sienne sans hésiter. Son téléphone dans la main, il vint alors prendre une photo, avec lui, rapide, juste pour jouer, avant de venir embrasser sa tempe discrètement pour l'embêter. S'afficher avec lui à ses côtés, il en avait toujours eu envie. Alors là, il en profitait, sans réellement se cacher, ne faisant sans doute pas attention aux répercussions. Il n'était plus le même qu'avant. Se cacher, il essayait d'y remédier. Mais en tout cas, il faisait des efforts. Lentement mais sûrement, car pour tout le monde, il était impensable qu'il finisse avec un autre homme. Même si lui ne voyait qu'Eun dans sa tête. Observant alors la proie qu'il avait capturé dans ses bras, il se mit à doucement embrasser sa joue, l'emportant un peu plus à l'écart de tout ce monde qu'il ne voulait plus avoir dans son champ de vision. Juste lui, et son visage. Loin de son petit groupe d'amis. Même s'il ne savait pas trop s'il avait le droit de le garder juste pour lui, mais qu'importe. Il était à lui. Point. Et puis, le voir ici, en pleins milieu de ce paysage, il ne pouvait en être que plus heureux.

"Alors monsieur le surfeur, je peux te kidnapper pour une journée afin d'avoir un cours particuliers ?" demanda-t-il en souriant comme un idiot.

Il était très sérieux en réalité. Ses deux passions étaient réunies ensemble, alors il n'avait pas à hésiter une seconde. Ses yeux dérivèrent légèrement sur son visage, le faisant se mordiller la lèvre tout doucement. L'embrasser. Il ne savait pas s'il avait gardé l'autorisation de cette nuit, ni même s'ils étaient ensemble. C'était un flou sentimental, qui pourtant, le rendait terriblement heureux. Alors il le fixait, avec ses yeux calmes et pourtant si désireux. Cette tenue qui épousait son corps n'aidait pas, alors que lui ne frémissait pas à la vue d'un torse classique. C'était Eun. Son Eun. Le seul et l'unique au caractère insupportable et pourtant si appréciable. Il profitait de la vue, ne se retenant plus, malgré les regards complètement intrigué de son petit groupe d'amis. Ils n'avaient pas l'habitude de le voir avec une personne aussi proche, et encore moins un autre homme, alors qu'il recalait tous ceux qui se confessaient à lui. Mais là, tout était différent. Ils étaient entre eux, et il s'agissait de ses amis à qu'il pouvait parler, et non du club tout entier. Certains auraient pu faire des commentaires désobligeant, et pour le coup, il n'aurait pas pu s'empêcher de péter un câble. Au pire des cas, il le leur expliquerait. Et tandis qu'il se mit à doucement fixer ses lèvres, il sourit, se rappelant de ses mots de la dernière fois. Mais pour cette fois-ci, il patienterait, et ne foncerait pas dans le tas comme un idiot.

Sur le coup, Eun était plus qu’heureux de sentir son corps contre le sien. Il loucha même légèrement sur le dessin de son torse non loin du sien. Il cligna plusieurs des paupières, avant de se prêter au jeu, souriant même sur la photo, les yeux plissés. Puis il avait frissonné sous son petit bisou. Aussitôt, comme un réflexe, ses yeux s’étaient perdus autour de lui, captant le regard surpris, voir même légèrement en colère de certaines des jeunes personnes qui attendaient une photo. Puis, il aperçut le groupe de Dakho un peu plus loin qui semblait occupé à faire tout autre chose. Avant de se sentir emporter, sans vraiment pourquoi, un peu plus loin. Il eut juste le temps de voir ses amis retourner à l’eau en lançant des paris idiots, avant d’être réellement séparé de l’activité de la plage. Son regard s’arrêta sur Dakho et une furieuse envie de l’embrasser le saisit, mais il se retint, ne faisant que lui offrir un nouveau sourire avant de poser doucement ses mains sur ses épaules dénudées.

« Tu veux un cours particulier ? répéta-t-il septique. Ou tu veux juste en profiter pour regarder sous la combinaison ? »

Un rire lui échappa. Taquiner Dakho était devenu tellement plus facile. Au lycée, elle avait peur de s’attirer les foudres de son groupe de filles accro à lui. Maintenant, la situation avait dû empirer, vu qu’il était un garçon, trans, coréen, français, et américain. Si on parlait d’une minorité, il était en plein dedans là. Pourtant, il se sentait bien, fier de lui et de ses couleurs. Etrangement, il avait plus confiance en lui qu’avant. Comme si tout était revenu à la normale. Comme s’il était enfin de ce qu’il devait être. Il tapota les épaules de la sirène masculine sur pattes devant lui, le fixant avec attention. Son torse, sa peau, ce n’était pas la première fois qu’il l’avait d’aussi prêt. Il se rappelait très bien ce jour d’accident au lycée. Une Eun Ae plouf ! dans la piscine, ramassée par un Dakho prévenant. Qui l’avait sécher au sèche-cheveux dans les vestiaires des mecs. Mais surtout, il se souvient encore de sa réaction en colère contre celui qui l’avait poussé sans faire exprès. Déjà, à l’époque, il semblait tenir à lui. Et Eun était partie, l’abandonnant complètement dans cette jungle qui est le lycée. Sauf que maintenant, il était de retour. Et prêt à le récupérer. Même si cela semblait déjà être le cas.

Délicatement, il fait glisser ses doigts sur la peau du jeune homme devant lui, descendant sur son corps avant de se stopper pour le relâcher, s’écartant même. Il l’avait bien vu, ce regard sur la courbe de son corps. Mais qu’est-ce que serait la vie sans un peu de tentation et de patience ? La tension entre eux était palpable. Quelque chose de bien différent des années lycées tiens. A l’époque, il y a une brise électrique, simple et légèrement, de cœurs en pleine évolution. Maintenant, Eun était quasiment sûr qu’ils pouvaient fournir tout Silverlake en électricité avec un simple regard. Un level up qui méritait d’être noté. Passant la main dans ses cheveux roses, avant de lui faire un signe de la main, l’invitant à la suivre.

« Viens, on va prendre ma planche pour le faire. »

Oui, il l’avait prit au pied de la lettre, prêt à lui donner un cours. Rejoignant la plage avec un petit jogging dans le sable, il arriva à l’endroit où il avait abandonné sa planche, la ramassant alors en la calant sous son bras avant de revenir vers Dakho. Il ne savait pas si cela allait le faire, mais il était prêt à payer n’importe quoi pour voir Dakho ramait dans le vide, sur la plage, pendant trois heures. A parce qu’il avait réellement fait confiance pour un cours privé. Mais tout le monde savait qu’avant de se jeter dans les vagues, il fallait d’abord apprendre à ramer. Mais ça allait être marrant. Et puis Eun pourra mâter. Si ce n’était pas la meilleure après-midi, sérieux ! Que demander de plus ?

« Bon alors, avant  tout, tu t’allonges dessus, sur le ventre, dit-il en déposant sa planche sur le sable dans une zone toujours plus éloigné du troupeau. Et après, tu fais du crawl. Tu sais faire ça, non ? »

Peut-être qu’on pourrait croire comme ça, mais, oui, il se foutait totalement de lui. Bon, ce n’était pas pour le faire se sentir mal, mais pour rire. Enfin il l’espérait. Si ça se trouve Dakho se sentait oppressé là. Attend ! S’il se sentait ainsi, peut-être qu’il ne voudra plus le voir ?! Nan, il ne pouvait pas faire ça ! Pas après l’avoir embrassé deux fois en une soirée alors qu’il venait de se retrouver. (Avec une fois initiée par Eun, oui, d’accord.) Mais la confiance en soit du Chase-Lim pouvait lui amener des problèmes. En fait, il voulait toujours avoir le dernier mot, même quand il avait tord. Alors, ça pouvait rapidement dégénéré. Et là, il devait sans doute trop prendre la confiance. Oh merde ! Eun ! Calme-toi ! Regarde plutôt le dos de Dakho qui nage dans le vide ! Ouais… C’est beaucoup plus satisfaisant que de trop réfléchir. De toute façon, il commençait à avoir du mal à avoir des pensées très droites lorsque le nageur était dans les parages.

Séparé des autres, dans leurs coin, l'envie de l'embrasser était toujours plus grande. Mais savoir si tout était réel ou non entre eux était une vrai question, alors il s'était abstenu, comme s'il ne pouvait tout simplement pas se retenir un peu plus. Ses fines mains sur ses épaules le firent frissonner, tandis qu'il le regarda un peu plus dans les yeux avec un fin sourire. Entente de son rire après sa petite question qui se devait, il prit un air choqué, avant de rire à son tour. Faisant alors mine de réfléchir il se rapprocha juste un peu, lui qui avait gagné en assurance entre temps.

"Hmm...Et pourquoi pas un peu des deux ? Avoir un cours et...regarder sous ta combi. C'est un bon plan je trouve pas toi ?" lui répondit-il avec un air à moitié sérieux.

Ce n'était pas que ça le dérangerait en réalité, même au contraire, il en serait plutôt ravi. Etre proche de lui comme cela, il n'en avait jamais vraiment eu l'occasion en y pensant. Habitué des foules et des embouteillages autour de lui, il y avait toujours eu comme une distance, mais à présent, il ne pouvait que faire comme bon lui semblait, comme il le désirait. Il était même assez intrigué à l'idée de pouvoir tester une nouvelle activité comme le surf. Il y avait de l'eau, cela voulait sans doute dire que c'était une activité assez sympathique non ? Enfin pour lui tout ce qui avait attrait à cet élément ne pouvait qu'être parfait. Le regardant alors jouer un peu avec ses mains sur sa peau, les yeux brillants, il le laissa s'écarter doucement, tandis qu'il croisa par réflexe les bras avec un sourire. Regard rivé sur son visage doux, il avait cette impression de plus grande proximité avec lui qu'avant. Était-ce à cause des baisers ou tout simplement par pure attraction ? Cheveux roses pastels qui attirèrent rapidement son attention quand ce dernier passa ses doigts dedans, il ne put que hocher la tête à son invitation.

Grand sourire ravageur, cheveux blonds qui virevoltaient légèrement avec la brise marine, il le suivit sagement, sans faire d'écarts, trottinant sans problème derrière lui. La grande planche entre les mains du plus jeune, il se dit au final qu'il ne pouvait avoir que le meilleur moniteur. Non pas parce qu'il allait sûrement le maltraiter pendant quelques heures pour le lui apprendre, mais surtout parce que c'était sans doute le plus mignon de tous. A quelques détails près et à un caractère assez amusant. Le détaillant encore des yeux en venant creuser un peu avec son talon dans le sable. Simplification à l'extrême de la méthode d'enseignement. S'il n'y avait que cela à faire pour savoir utiliser une planche, c'est-à-dire s'allonger dessus et faire un crawl, c'était dans la poche, si l'on pouvait dire cela ainsi. Alors rigolant doucement, les yeux légèrement plissés, il s’exécuta.

"Ça a l'air simple dit comme ça hein...Y'aurait pas tromperie sur marchandise ?" qu'il demanda en rigolant, s'allongeant alors sur le ventre sur la planche du jeune homme.

On aurait dit une séance d'humiliation publique. Peut-être que cela l'amusait au final de le voir littéralement ramper à ses pieds en faisant voler ses bras dans les airs. Il y avait de quoi être amusé. Pourtant, ainsi, ses épaules étaient mises en valeur, et il pouvait admirer la belle courbure de son dos. C'est qu'il y en avait des choses à observer sur lui. Alors il crawlait, mettant tous ses muscles en action avant d'en avoir rapidement marre. Il nageait tous les jours pendant des heures, alors ce n'était pas avec une planche en plus qu'il allait se planter. Il était bien gentil le Eun, mais si c'état pour nager dans le vide, il valait sans doute mieux le faire dans l'eau. Une étrange envie d'ailleurs de balancer le plus jeune dans l'eau lui vint d'ailleurs à l'esprit, mais il secoua la tête pour se reprendre. Ça donnait des envies étranges qu'il n'avait jamais eu de devoir ramer dans le vise. Une moue au visage, las de devoir faire pendant il ne savait combien de temps, il finit par se retourner pour se mettre sur le côté, sa tête soutenue par son coude qui s'appuya nonchalamment sur la planche. Yeux légèrement plissé, appréciant particulièrement la vue d'en bas qu'il avait du rose pastel, il pencha un peu la tête.

"Bon...Et tu m'apprends comment on est censé se lever jeune homme ? Parce que faire un crawl sur une planche je sais faire." rigola-t-il doucement, les yeux scintillant.

Puis, il se releva, remarquant que peu de monde les observait. Sans doute était-ce parce que son groupe d'amis était beaucoup trop occupé à faire n'importe quoi et plus particulièrement du bruit dans l'eau. Pourquoi pas. C'était une méthode comme les autres de s'occuper après tout. Sable s'étant un peu collé à sa peau, il se dépoussiéra de quelques coups de main avant de le regarder, complètement intrigué, hâte de voir comment il compte s'y prendre. C'était surtout pour l'observer faire. Et d'un côté, il appréciait juste pouvoir le voir faire de son sport. Il n'avait jamais pu en profiter en y pensant, une chose qui lui avait manqué. Alors il ne comptait pas en rater une miette, voulant aussi l'impressionner de son côté. Sentiments qui le faisaient se sentir un peu plus courageux qu’auparavant, lui évitant ainsi de ne trop être évident à ses côté. Gentillesse mise un peu de côté pour son côté plus joueur auprès du jeune homme, il ne pouvait qu'espérer que pour ce nouveau chapitre, tout se passe bien.

"Hâte de voir de quoi tu es capable pour de vrai, et non sur du sable." qu'il s'intéressa doucement, même s'il savait pertinemment que l'étape du sable était un passage obligatoire, pour apprendre.

Ne pas répondre à la provocation qu’il avait lui-même initié était l’un des talents d’Eun. Avec ceci, il fallait aussi ajouter un humour un peu limite, un sourire extraordinaire, une envie perpétuellement d’avoir toujours raison même en ayant tord et en sachant pertinemment qu’il a tord. Donc, lorsqu’il avait expliqué à Dakho qu’il devait faire le crawl sur la planche, il avait, de surcroit, totalement laisser sous silence la remarque de ce même nageur qui voulait, apparemment, visionner ce qu’il se trouvait sous la combinaison de surf d’Eun. (Cette phrase est très longue.) Donc, Eun observait Dakho, en train de nager dans le vide, fixant sans aucune retenu les muscles en mouvement, roulant sous la peau pâle du jeune homme. Eun Ae avait souvent pu remarquer que sa peau était plus bronzée que la sienne. C’était étrangement perturbant. Et le jeune trans aurait aimé pouvoir comparer leurs deux teintes en étant un peu plus proche. Mais il fallait se contenir. Et éviter de baver. Ce qu’il réussissait pour le moment. Avec plus ou moins de facilité.

L’arrêt soudain de Dakho de faire son exercice fit lever un sourcil à Eun Ae. Comme un réflexe, il croisa les bras sur son torse en le regardant dans les yeux. A parce qu’il remettait en cause ses techniques de travail ? Très bien. Il le regarda ainsi se relever, tout fier. Son regard suivit les mouvements de ses mains qui retiraient quelques grains de sables de son corps dénudé, l’embrumant encore un peu plus. Il n’était pas difficile de comprendre pourquoi tout le monde craquait pour le Baek. Autant charmant que séducteur sur les bords, un corps agréable et ce sourire qui faisait si joliment disparaitre ses yeux. Rien ne lui manquait, si l’on pouvait dire. Mais le Chase-Lim savait des choses que peu d’autre savait. Par exemple, que Dakho n’aimait pas attirer l’attention, que ses rendez-vous organisés pour le caser le faisaient royalement chier, qu’il n’appréciait pas beaucoup de devoir suivre ce qu’on lui disait de faire, même s’il s’y pliait parce que c’était plus « facile ». Jamais il ne lui avait parlé de ses parents, comme s’ils étaient absents du tableau, alors que la famille Baek avait une petite notoriété dans les établissements sportifs. Et pas que. Et puis, il y avait son petit frère, Renjun, que le blond chérissait. Eun Ae en connaissait beaucoup sur ce petit prodige, seul support émotionnel familiale du nageur. Tragique. Mais adorable à la fois. Sortant rapidement de ses pensées avec une légère secousse, Eun passa à côté de lui pour aller s’allonger sur la planche avec aise.

« Regarde au lieu de dire n’importe quoi. » lâcha-t-il avant de se mettre en action.

Avec fluidité, il rapprocha ses mains sur la planche, au niveau de ses côtes, ses orteils aidés de ses abdos et de ses paumes l’aidant alors à se placer. Un pied plus avancé que l’autre, légèrement de biais pour la stabilité. Accroupis, pour le moment, avant de se redresser. Il jeta un coup d’œil à Dakho. Puis il le refit une nouvelle fois, plus lentement, indiquant chaque mouvement à faire. Et surtout, il le fallait, jusqu’à ce que cela devienne un automatisme. La planche n’était pas humide. Il n’aura donc pas de chance de glisser. Mais lorsqu’il sera sur l’eau, c’est une tout autre histoire. Eun le prévint. Trouver son équilibre, répartir son poids et descendre son centre de gravité pour ne pas tout de suite chavirer. Il lui expliqua que les abdos maintenant le corps en équilibre, les pieds n’étant que des supports. Les cuisses aussi, pour lui permettre de plier les genoux afin de mieux se caler et de ne pas se faire entraîner par la force de la vague. Une fois tout cela fait, il s’écarta, retrouvant la sable en lui laissant tout l’espace qu’il voulait.

« Si tu arrives à m’en faire au moins trente, parfaitement, sans tomber, je te fais une démonstration pour de vrai. Deal ? »

Un sourire narquois apparut sur son visage. Comment motiver un Dakho par Eun Ae. Ne le lâchant pas des yeux, il le laissa faire ses trente remontées et descentes. Bien sûr, pour l’embêter, il le corrigea plus d’une fois. Et la trentaine devint quarante. Peut-être étaient-ils même monté jusqu’à cinquante. Dans tous les cas, il savait qu’il avait pu profiter de cet exercice pour toucher l’autre jeune homme, effleurant toujours un peu plus les fibres tendres de sa peau pour le remettre en place. Il pouvait sentir la chaleur de son corps sur le sien, humant l’odeur de chlore et de sel qui le caractérisait. Ils en avaient eu des chances de s’embrasser durant ce petit moment. Regards parfois plus intimes, il y avait toujours cette impression qu’ils pouvaient le faire maintenant. Mais toujours, les bruits qui les entouraient empêcher de concrétiser cela. Car il y avait un monde autour d’eux. Des gens. Des regards. Que direz le monde sportif de Los Angeles si Dakho Baek était surpris en train de rouler des pelles à un parfait inconnu sur la plage de Santa Monica en plein jour ?

« Aller, descend, ordonna-t-il doucement. Je vais te montrer à quoi toute cette torture sert. »

Habilement, il agrafa son cran de sureté à sa cheville, avant de jeter un regard à l’autre jeune homme. Il avait presque envie de lui dire « ne me lâche pas des yeux », mais il se contenta d’un sourire avant de s’avancer dans l’eau. Quelques surfeurs se trouvaient encore là, à attendre la vague qui leur irait. Eun se joignit à eux après avoir nager sur sa planche, restant tout de même à bonne distance pour ne pas créer d’accident. Assis, les pieds dans l’eau, il tourna la tête vers la plage, ses yeux trouvant immédiatement la silhouette de Dakho sur la rive. « Ne me lâche pas des yeux. » Une secousse le sortit de ses pensées, le faisant se reconcentrer sur l’horizon. Seule une autre personne se sentait de prendre cette vague là. Et Eun approuva. Alors, il se mit en mouvement, s’allongeant alors, se remettant à nager. Puis il sentit la force de l’eau le percuter, le soulevant. Se mettant debout, agile, il prit de la vitesse alors que le roulis de la vague se refermer un peu plus loin derrière lui, entraînant la surfeuse intrépide qui avait aussi tenté le coup. Il osa un figure en haut de la vague, puis une deuxième, avant de faire comme elle et de se laisser entraîner dans l’eau.

Il en ressortie quelques secondes plus tard, complètement trempé, mais le sourire aux lèvres. Rapidement, il rejoignit la côte, secouant la tête une fois sur la plage, quelques mèches roses collants sur ses tempes et son front. Puis il décrocha sa petite attache noire, la plante de ses pieds déjà attaquée par le sable chaud de la plage. Il eut presque envie de demander à Dakho comment s’était. L’avait-il trouvé bon ? Beau ? Tout simplement comme tous les autres ? Eun n’était pas un prodige du surf. Un amateur qui aimait bien s’amuser et passer un peu de temps à faire du sport. Alors, il se rapprocha de Dakho, laissant son corps goutter sur le sol, sa planche sous le bras.

« Alors ? demanda-t-il à la volée. Prêt à essayer, petite sirène ? »

Regard amusé, bras contractés après ce mince effort, il préférait enfin passer aux choses sérieuses, celui qui, de ses cheveux blonds, avait réussi à faire pour le moment ce qu'on lui demandait. Mais il voulait tout de même passer à l'étape supérieure, la plus dure en réalité, et même cela il le savait. Plus technique encore, c'était aussi un moyen d'admirer Eun, alors qu'il ne l'avait jamais vu exercer sa passion. Regard brillant, intéressé, il analysa ses mouvements avec attention, sourire pourtant cloué aux lèvres. Et tout en l'admirant, il écouta ses consignes, ses annotations. De l'adresse, un peu de talent aussi sans doute, Eun semblait faire cela comme par magie, par habitude, alors que lui allait sans doute se contenter à cette journée. Mais nouvelle expérience, qu'il allait prendre au sérieux et mener correctement, comme pour ne pas le décevoir. Vouloir le voir sourire, être un minimum fier de lui, ou juste tout simplement passer plus de temps avec lui.

"Bien bien...Trente alors...Deal. Vraiment qu'est-ce que je ferais pas pour te voir surfer..." qu'il lui dit alors en plissant un peu des yeux.

Et sans plus attendre, il se mit à l'affaire. Plus maladroit au début que lors des nombreuses répétitions, il s'appliquait pourtant, tombant parfois, se laissant rectifier par Eun. Il n'était pas susceptible, encore heureux, mais il avait l'impression qu'il ne voulait que l'embêter, qu'il ne faisait que chercher la petite bête. Les trentaines de répétitions se transformèrent finalement en séances d'acharnement. Il ne savait plus très bien combien il avait fini par en faire, mais dans tous les cas, rien ne l'avait dérangé. Contacts toujours plus intimes, regards qui se croisaient tandis que résister devenait de plus en plus compliqué, entourés de tout ce monde. Pourtant il semblait bien être seul avec lui, sa peau frissonnant par les remises en place du plus jeune sur sa peau. Et parvenant enfin à se redresser correctement au bout de ses efforts, il cligna des yeux en l'entendant, venant alors regarder le jeune homme avec un grand sourire.

"Montre moi tout ça, que je puisse un peu mieux comprendre." qu'il lui sourit, alors que lui comptait le fixer sans le lâcher des yeux.

Tout se joua à cet instant, alors que ses yeux s'accrochèrent à la figure du sportif, sans ne jamais s'en décrocher. Rapide, tout se passa en un éclair. Sa fine figure parcourant les vagues, figures artistiques parsemant le haut de la vague, avant de finir à l'eau comme la personne qui l'avait suivi. Regard brillant, palpitant un peu trop rapide, comme émerveillée par ce qu'il avait pu voir, il le regarda revenir en triomphe vers lui, alors qu'il le fixait complètement en émoi. Corps trempé, cheveux qui gouttaient un peu sur son visage, il vint légèrement les décrocher par réflexe de son front, de seulement quelques doigts, pour seulement voir mieux son regard. Fondre, complètement, alors qu'il se sentait complètement incapable de reproduire ce que venait de faire la tête pastel. Déjà que se lever allait sans doute relever d'une épreuve complète. Lui était un simple poisson d'eau douce, un simple nageur, pas un dauphin qui arrivait à sauter hors de l'eau. Léger rire à sa proposition, il hocha discrètement la tête.

"Hmm...On peut toujours essayer. Même si je risque de plus finir à l'eau qu'autre chose." rigola-t-il plus sincèrement.

Se dirigeant alors doucement vers le bord de l'eau, visage rayonnant, il se laissa finalement porter pas les vagues, plongeant simplement pour se remettre un peu à l'eau. Sa nature, sa passion. Et lui, heureux dans son élément observa le plus jeune avec sa planche se rapprocher, alors qu'il s'éloigna discrètement du rivage. Un peu loin de tout le monde, là où personne ne pourrait vraiment les distinguer sans doute. Alors regard se faisant un peu plus intense, il lui piqua sa planche, venant s'installer un peu dessus. Première fois à tout, celle là allait sans doute le marquer un peu plus qu'il ne le pensait. Peut-être qu'Eun allait s'amuser avec ses différentes façon de se rétamer dans l'eau.

"Bon...Par où on commence ? J'essaie de monter debout en premier ? Ou alors on se contemple juste sans bouger ?" qu'il proposa alors avec un fin sourire.

Yeux plongeant dans les siens, corps collé à la planche tout en flottant doucement sur les légères secousses, il finit par doucement en rire, passant sa main dans ses cheveux pour les passer en arrière. Et sans trop attendre, il se remémora doucement les étapes pour monter sur cette planche miraculeuse, venant alors se les répéter tout en essayant de les exécuter. Mais comme dans ses attentes, mouvement un peu trop brusques sur la  non stabilité de son corps, pied qui glissa légèrement sur la surface, il finit de nouveau à l'eau, à la renverse. Restant un moment plongé sous la surface, remettant en question toute sa vie sur comment il en était arrivé là, apnée dont il était capable, il attendit un peu avant de remonter auprès d'Eun, corps sans doute un peu trop près. Peau effleurant discrètement la sienne, joues légèrement plus colorées, alors qu'il continuait de le regarder droit dans les yeux, avant de venir doucement l'éclabousser, juste pour chahuter et changer ses idées qui divergeaient beaucoup trop sans doute sous cette tension trop soudaine.

"Des conseils, monsieur le plus talentueux des professeurs ?" lui demanda-t-il alors en se rapprochant juste un peu.

Pupilles perçantes, brillantes, désireuses de toujours plus qu'il ne possédait. Paupières papillonnant légèrement alors qu'il ne le lâchait pas. Sans doute que tout avait été prédestiné, pour celui qui n'arrivait pas à oublier cette soirée et qui ne comprenait pas trop ce qu'ils étaient. Pourtant, ils étaient. Et pour le moment, il essayait de monter sur cette pauvre planche, qui allait sans doute le faire tomber encore et encore comme pour lui dire que ce n'était pas son truc. Mais jusqu'à ce qu'il arriverait à s'y mettre debout, il essaierait. Encore et encore sans abandonner. Sans renoncer.

Nager avec une planche qui n’était pas accrochée à sa cheville lui faisait tout drôle. Eun avait l’habitude de toujours naviguer en sachant que son compagnon de route ne le quitterait pas au moindre coup de vague. Sauf que là, alors qu’ils s’éloignaient tous les droits, la planche, Dakho et lui, du rivage, il pouvait sentir le vide au-dessus de son pied. Et il savait aussi que Dakho ne l’aura pas pour ses premières tentatives. Car la planche est une amie, autant qu’elle est une ennemie. Même si elle remontera toujours à la surface, les possibilités de se la prendre dessus à cause des courants étaient fortes et imprévisibles. L’océan avait des émotions turbulentes qu’il était difficile de canaliser ou même de schématiser à petite échelle. Certes, les plus grands courants maritimes étaient connus. Mais les plus petits restaient aussi aléatoires qu’une roulotte non truquée. Rejoignant alors le spot le plus éloigné possible de la troupe de nageurs et de surfeurs – qui ne semblaient pas vouloir se mélanger apparemment – Eun descendit de sa planche agilement, laissant Dakho la récupérer en mode picage de matériel en règle. Un sourire aux lèvres, amusé par son air confiant, il l’observa grimpe sur le morceau de bois vernis. A sa remarque, un rire lui échappa, l’une de ses mains maintenant la planche pour qu’elle ne dérive pas trop loin.

« Je sais que je suis canon, mais tu es là pour tenter de faire du surf non ? répliqua-t-il avec un autre sourire. Aller, tente de refaire les mouvements de tout à l’heure. »

Le laissant alors prendre son temps pour effectuer sa manœuvre, les yeux de Eun détaillèrent son visage, s’imprégnant de chaque petit détail visible. Ce petit grain de beauté sous l’œil, son menton carré relié à une mâchoire aiguisée. Dakho avait un visage clairement taillé, si dure, mais en même temps, d’une douceur incroyable. A chaque fois qu’il souriait, que ses yeux se transformaient en deux croissants de lune au-dessus de ses pommettes, le cœur du plus jeune fondait violemment. Cela lui en faisait presque mal. Parce qu’il savait que Dakho n’était pas à lui. Que beaucoup d’autres le convoitait et voulait profiter de ses sourires autant que lui. Et Eun Ae ne rentrait pas, ou plus, dans les codes. S’il le voyait nu, que dirait-il ? S’il voyait les fines cicatrices sur son corps, que ferait-il ? Chassant ses pensées de son esprit, il se concentra de nouveau sur son élève du jour. Et enfin, ses mouvements lui indiquèrent qu’il allait tenter de se lever. Bien vite coupé, bien entendu. On ne pouvait pas espérer réussir dès le début. Le premier essaie était toujours le plus redouté et le plus redoutable. Celui qui décourage, ou celui qui encourage.

Observant les bulles remonter à la surface là où Dakho avait chuté, il ne s’attendait pas à le voir resurgir aussi proche de lui. Son organe vitale, alors que ses pupilles suivaient sans même s’en rendre compte les gouttelettes d’eau salée qui lui tombaient sur les joues, se mit à brusquement chanter la Marseillaise (allez savoir pourquoi cette chanson). Merci le soleil, la rougeur de son visage ne devait pas être trop remarquable. Et sa voix lui résonna aux oreilles comme une mélodie. Si Dakho était une sirène, Eun aurait plongé dans ses bras sans même hésiter, sans même réfléchir à cette possibilité de mourir dans les eaux profondes. Il aurait succombé, comme tellement d’autres avant lui. Un frisson lui parcours l’échine, remontant dans son dos, alors qu’il détourna les yeux, allant tapoter la planche recouverte l’une fine pellicule d’eau.

« Ancre tes pieds dans la planche. Baisse ton centre de gravité. Trouve ton équilibre. »

Il voulait absolument évincer cette tension, grandissante, qui n’avait fait que leur courir après depuis qu’ils s’étaient vu sur la plage. Eun Ae sentait son être réagir d’une manière inconnue. Jamais, il n’avait vécu ce genre de sensations prenantes et envahissantes. Bien sûr, il avait eu quelques coups de chaud dans sa vie. On ne pouvait pas non plus dire qu’il, et elle d’ailleurs, avait eu froid aux yeux pour les expériences nouvelles. Mais il ne pouvait se rendre que d’une seule chose : Dakho le rendait faible et vulnérable. Lui qui avait gagné une confiance en lui débordante, savait que si le blond le rejetait, il aurait énormément de mal à s’en remettre. Il est quelqu’un de courageux oui. Il est aussi terriblement sensible. A fleur de peau et toujours dans le sarcasme. Un mélange explosif. Qui menait la vie dure à ses proches. Bien sûr, Dakho recommença. Encore et encore. Au fur et à mesure, il se tenait mieux. Les genoux pliés, le dos droit, arrivant à se balancer sans se retrouver dans l’eau. Ne pouvant cacher son sourire fier, Eun ne tenta même pas de le faire chavirer. Il était un bon prof après tout. Sauf une fois, où il poussa doucement la planche en avant pour lui donner une première impression de glisse.

Finalement, après une séance de plongeon, Eun finit par se reposer sur sa planche, les bras sur la surface plane, le menton posée dessus, à battre mollement des pieds pour ne pas complètement couler. L’après-midi avait bien avancé. Et les petits bandeaux de gens commençaient à quitter la plage. Même si le soleil brillait toujours avec passion au-dessus de leur  tête. Pas que cela le dérange, sa peau bronzée. La vitamine D c’est bon pour le système les gens. Enfin, son visage se tourna vers son apprenti surfeur, l’observant avec un sourire. Il le félicita, lui envoyant une secousse d’eau en réponse à celle qu’il lui avait faite la première fois qu’il était sorti de l’eau. Puis il alla attraper la lanière de sa planche, l’attachant à son poignet pour ne pas que l’objet dérive à l’infini dans l’océan énorme du Pacifique. Une pulsion saisit alors Eun. Il en mourrait d’envie depuis qu’il l’avait éloigné de la foule tout à l’heure. Mais il savait aussi à quel point ce sujet était délicat. Se rapprochant alors, hésitant quelque peu tout de même, le jeune homme aux cheveux roses alla doucement déposer ses lèvres sur celle de Dakho. Par automatisme, ses yeux se fermèrent et il put entrevoir de nouveau tout ce qu’il avait ressenti la dernière fois. C’était tendre, bien loin de la tension de tout à l’heure, où il avait été à deux doigts de lui dévorer les lèvres. Et avec la même délicatesse, il se décolla de lui, ouvrant les yeux, juste pour l’observer. Ils étaient loin de gens, loin des autres. Alors peut-être avaient-ils la possibilité de ressentir normalement ?

« Dakho… chuchota Eun en restant proche de son visage. Dakho… »

Il n’avait que ce prénom à la bouche. Que lui, toujours et encore. Et comme il n’avait pas semblé le repousser, comme il n’avait pas semblé détester, le jeune transgenre décida de recommencer, glissant cette fois son bras libre autour de son cou, faisant doucement mouvoir ses lèvres contre les siennes. Il faisait chaud, les vagues les secouaient, ils avaient tellement de choses à se dire. Mais le simple fait de s’embrasser semblait beaucoup plus attrayant de ne poser des mots sur les sentiments. Juste eux, loin du monde, loin de tout. Encore cachés. Mais tellement heureux.

Rire égayé qui se fraya un chemin d'entre ses lèvres, il le regarda alors un peu amusé. C'est vrai qu'ils étaient là pour faire du surf, mais qui sait, peut-être qu'observer le professeur faisait en quelques sortes partie de la leçon, ou alors tout simplement voulait-il faire le mauvais élève et ne rien écouter. Ne rien écouter juste pour l'admirer lui. Lui et rien d'autre. C'était ce qui le tentait le plus en regardant mieux la chose. Sans doute était-il capable de se laisser captiver par ces prunelles si douces, ou alors tout simplement obéir calmement après l'avoir fait. Les deux étaient pourtant si tentant.

"Hmmm...Et bien je dirais que je suis là pour toi mais okay okay. Le surf est une bonne excuse." qu'il rigola alors avant de s'y mettre.

Encore et encore, il avait essayé, avec plus ou moins de réussite. Mais il n'avait pas laissé tombé au moins, si c'était ce qu'il voulait dire par là. Sans doute que sa première chute lui avait rafraîchi un peu l'esprit au final. Et sous l'eau, apnée qui ne le fatiguait à peine, il se laissa un peu porter. Après tout peut-être n'était-il pas doué pour être l'ami des créatures marines, mais plus l'inverse. Eun était sans doute le plus aimant d'entre tous, pour s'être laissé prendre si facilement dans ses filets. Et, remontant alors d'un coup en balançant un peu la tête en arrière, poitrine qui se serra d'un coup sous la proximité avec laquelle il s'était rapproché du plus jeune, visage gouttant devant lui sous les rayons irisés du soleil.  Envie irrésistible alors qu'il avait essayé de recentrer la chose sur ce simple sport. Et non sur ce visage si doux et délicat. Conseil donné, il s'y remit alors directement et sans perdre de temps, essayant de remonter en se concentrant sur ses mouvements. Toujours et toujours. Se concentrer, pour éviter ce qui avait semblé être une envie de l'embrasser de nouveau, de caresser son visage, ou encore le prendre dans ses bras. Idées simples qui pourtant l'attiraient bien plus que de rester sur cette planche. Et ses jambes avaient pourtant réussies à se lever partiellement sur cette planche en bois après de nombreuses tentatives et quelques pousses du plus jeune qui le firent rire gaiement.

Tumulte de la mer qui laissa doucement place au repos, corps de celui qu'il admirait sur sa planche alors que lui s'enfouissait sous la surface de l'eau, encore et encore, comme un enfant en pleine découverte de la vie. Pourtant le calme fut vite rompu, lorsque le regard d'Eun se posa sur lui et qu'il décida de descendre de sa planche pour s'approcher de lui. Légère décharge dans son corps qui remonta doucement pour se placer en face de lui, regard un peu étonné par ce qu'il pouvait observer devant lui, il lui fit un léger sourire. Pourtant il perdit vite son calme, quand ses yeux le dévorèrent avant de sentir ses lippes délicates sur les siennes. Doux, si doux, alors qu'il n'avait attendu que cela. Sans doute parce qu'il n'arrivait pas à l'oublier, ni même à se faire à l'idée qu'il se retrouvait encore en face de lui. Et ses yeux se fermèrent d'eux mêmes, alors ses mains vinrent doucement se glisser sur sa taille, avant qu'ils ne se séparent calmement de simples petits sentiments. Regards intenses qui entrèrent en collision, alors que sa douce voix résonna doucement à ses tympans.

"Hmm...Je crois que c'est moi..." qu'il murmura doucement contre lui en guise de réponse.

L'eau venant doucement les enrober, il sentit doucement son bras autour de sa nuque, leurs lèvres se collant alors de nouveau dans une valse plus intense. Ses bras se resserrant alors autour de sa taille, venant le rapprocher de lui plus franchement, il ferma de nouveau ses yeux avant de laisser ses lippes se mouvoir contre les siennes. Et le blond ne comptait plus s'arrêter, restant alors contre lui alors que les regards n'étaient pas sur eux. Sans doute que tout avait été inévitable entre eux, que cette attirance insoutenable ne pouvait pas s'arrêter si facilement. C'est sans doute pour cela qu'ils n'arrivaient pas à se séparer l'un de l'autre, alors que leurs soupirs se mélangeaient et que leurs peaux s'effleuraient dans une douceur intense. Il ne voulait plus le lâcher maintenant qu'il pouvait enfin l'embrasser comme il le souhaitait et sans se retenir. Leurs souffles commençant à manquer, il peina à se détacher de lui, alors que l'eau venait effleurer leurs peaux si douces.

"Si tu savais...J'ai pas arrêté... De vouloir t'embrasser encore une fois., qu'il murmura doucement avec un faible sourire aux lèvres, Je dois être étrange..." qu'il rigola tout doucement.

Ses yeux le détaillaient doucement, comme un être beaucoup trop précieux sous ses prunelles brillantes. Et c'était sans doute ce qu'il était, pour celui qui l'avait attendu durant tout ce temps inconsciemment. Tout le monde lui avait toujours couru autour, de leurs envies avares et plus que pénibles. Et ils les avaient tous envoyés baladés. Ironique, alors qu'il aurait très bien pu essayer de s'amuser. Mais il n'était pas comme cela, il ne l'avait jamais été. Beaucoup trop gentil, beaucoup trop intelligent, beaucoup trop amoureux. Revoir le plus jeune n'avait fait que rouvrir de vieux sentiments qu'il aurait bien aimé oublier, enfin, jusqu'à maintenant. Et ses lèvres effleuraient doucement les siennes, alors que ses pieds faisaient de légers mouvements pour le garder en flottaison. Soupirs contre lui, envie de l'embrasser de nouveau,  il n'y manqua pas, venant lui voler un autre baiser par simple envie.

"A vrai dire...Je préfère...largement les cours personnels finalement...On apprend beaucoup mieux...Sans doute que je devrais prendre un nouveau créneau horaire avec toi ?" qu'il commenta tout doucement en souriant contre ses lèvres.

C'est qu'il était sérieux en plus de cela, ou alors simplement une invitation à un prochain rendez-vous. Soulevant alors doucement Eun pour venir le caler un peu mieux contre lui, le blond vint tout doucement enfoncer sa tête dans son cou, soupirant un peu en pouvant le sentir contre lui. Il voulait attendre que tout le monde ne s'en aille, qu'ils ne restent plus qu'eux deux sur cette plage pour pouvoir s'enfuir ensemble sans qu'on ne les regarde. Faire comme s'il pouvait enfin vivre comme il le voulait, sans lâcher celui qu'il désirait tant. Pas de regard, pas de commentaire, juste eux deux, et leurs envies, juste son corps contre le sien. L'envie de l'embrasser toujours plus, alors qu'il le serrait doucement contre lui, oubliant complètement le pourquoi de sa venue si ce n'est le voir lui. Juste lui. Et rien d'autre. Juste eux, et leurs sentiments en émois, alors qu'il voulait laisser le temps s'écouler pour rester juste un peu plus avec lui, pour ne pas le laisser s'échapper.

Au lieu de briser la tension comme il avait pensé le faire en l’embrassant, ce baiser ne fit que renforcer cette bulle autour d’eux, les coupant du reste du monde alors qu’ils assouvissaient le désir de joindre leurs lèvres. Ses bras forts qui le serraient contre son corps irréel dans l’eau, le goût salé des embruns sur sa langue, cette envie de ne jamais relâcher cette prise rêveuse. Les yeux fermés, l’une de ses mains remontant dans ses cheveux blonds trempés, Eun Ae profitait de ne l’avoir que pour lui, comme s’ils allaient manquer de temps après cela. Prendre chaque seconde qui passait pour l’exploiter, jusqu’à en perdre complètement son souffle. Et lorsqu’ils se séparèrent enfin, ses paupières s’ouvrant sur ce visage dévastateur, le fleuriste sut, comme une évidence, qu’il était réellement amoureux de lui. Comment aurait-il pu en douter avant ? Il avait fallu qu’il se montre un beau soir, demandant un bouquet, pour que tout revienne comme un tsunami. La respiration un peu courte, il ne put que sourire en entendant sa phrase hachurée, basculant la tête en arrière en riant. Il sentit la pointe de ses cheveux dans l’eau, mais n’y fit absolument pas attention. Pour le moment, il n’y avait que cette chaleur au creux de ses reins et ce regard posé sur lui. Pour Dakho, il était humain. Il était Eun Ae. Cela n’avait pas de prix. Il n’était que lui. Uniquement sien.

« Si tu es étrange, je dois être fou, non ? » demanda-t-il en riant toujours, un éclat d’ambre dans ses yeux amusés.

Ils n’étaient pas si loin l’un de l’autre, vraiment. Le plus jeune pouvait toujours sentir la chaleur de sa bouche contre la sienne, irradiant en braise brûlante. Il mourrait d’envie de l’embrasser de nouveau, de déposer tous ses sentiments contre les siens. Il sentit passer la légère tentation, le baiser voler de Dakho contre ses fins croissants de chairs. Il ne put s’empêcher de sourire, caressant tendrement ses mèches humides, les enroulant autour de ses doigts, avant de faire dériver sa main sur sa mâchoire, l’effleurant tendrement sans le quitter des yeux. Qui aurait pu croire qu’il finirait ainsi, dans les bras de l’homme qui avait bousculé ses journées ? Ou alors était-ce l’inverse ? Eun était une tempête de feuille, soulevé par le vent, renversant dans toute sa splendeur. Si le nageur voulait de l’action, il pouvait toujours venir le voir. De plus, ce n’était pas le genre du transgenre de ne pas accepter d’invitation à l’aventure. Il n’y avait qu’à voir cet élan d’euphorie, qui les avait amenés à s’embrasser devant chez lui, le soir de leurs premières retrouvailles. Dakho n’était définitivement pas tombé sur le plus facile. Mais il avait aussi trouvé le plus ouvert de tous. Ne pouvant retenir le rouge discret qui grimpa sur ses joues, Eun pouffa discrètement.

« Quand tu veux, rigola-t-il. J’essaierais de te faire une place dans mon emploi du temps sur-char-gé ! »

En réalité, il ne devait pas être plus occupé que la moyenne. Qu’y avait-il de si prenant à gérer une boutique de fleur ? Tout. Définitivement. Mais maintenant qu’il avait un apprenti dévoué (en plus de faire un petit frère formidable), il pouvait se permettre de prendre des pauses. Comme cette après-midi. Ils pourraient se revoir, il n’y avait plus qu’à prévoir les rendez-vous. Ou alors, compter sur le hasard comme la première fois ? Mais il ne fallait pas non plus jouer avec le diable. Une fois, mais pas deux. Se sentant soulever légèrement, ne pesant de toute manière absolument rien dans l’eau, il se resserra contre lui avec plaisir. Son nez contre son cou, il pouvait presque le sentir sourire contre sa peau. Une folie de s’isoler, pour ne profiter que de la douceur. Eun mourait d’envie de le serrer dans ses bras. Il ne savait toujours pas où ils en étaient. S’embrasser n’était plus du flirte à proprement parler. Etaient-ils en couple ? Etaient-ils seulement de quelque chose de concret ? Oh, si ce n’était pas le cas, le cœur romantique du jeune homme en sera tout cassé. Il espérait tellement de choses dans cette relation. Pas de Dakho, non, il savait déjà ce qui l’attendait avec lui. Mais il voulait savoir s’il pouvait faire confiance à ses sentiments, alors que la simple question de sa sexualité restait un mystère pour lui. Il avait testé, mais n’avait pas été convaincue dans les deux cas, s’ennuyant plus qu’autre chose. S’il pouvait y croire, il ne lui suffisait que de demander non ? Il ne devait que prendre son courage à deux mains et soupire contre son oreille. Si c’était le moment, il ne le savait pas. Mais son cœur le poussait à prononcer cette question qui lui brûlait les lèvres. Autant que ses trois petits mots, simples, qu’il avait déjà prononcés, mais qui n’avaient jamais eu autant de signification que maintenant.

« Dakho ? appela-t-il en chuchotant, juste assez fort pour couvrir le son de la mer. Que sommes-nous, tous les deux ? »

Ce n’était pas tout ce qu’il voulait lui dire. Son organe vitale lui faisait mal de retenir cette expression si simple et si dévastatrice en même temps. Si la référence du drama Love Alarm vous revient en tête, Eun Ae était sûr que l’alarme de Dakho aurait sonné comme un fou dès qu’il entrait au lycée, entouré de sa bande de fan. Et avec Eun ? Il n’y aurait eu qu’un petit son, perceptible car reconnaissable entre tous. Il n’était pas bien différent des autres finalement. Lui aussi avait craqué pour Dakho Baek. Mais pas pour celui qui se tait lorsque les rires gras de ses « amis » se répandent dans les couloirs. Il voulait dire « je t’aime » au Dakho timide, calme et peu sur de lui, qu’il rencontrait à la bibliothèque. La seule raison valable pour qu’Eun Ae se déplace dans ce genre d’endroit, était bien ce rendez-vous. Regarde ce que tu as fait un peu, aurait-il voulu lui dire. J’ai envie de te dire je t’aime, alors que tu peux choisir une femme, avoir des enfants avec, combler ta vie tracée de sportif jusqu’à la fin. Tu pourrais être heureux, à avoir l’habitude de la normalité avec une famille qui fait bien en société. Pourquoi donner autant d’espoir à quelqu’un qui ne pourra pas te donner la moindre opportunité ? Tu es un idiot. Mais qui était réellement plus stupide des deux ? Celui qui fait tomber l’autre, ou celui qui sombrait ? Et lequel des deux jouaient ces personnages ?

Tout n'était sans doute qu'illusion et rêve, car ce qu'il pouvait observer en ce moment même dépassait largement toutes ses attentes. Palpitant qui s'exerçait à ne pas exploser d'un coup devant celui qui le faisait battre. Sans doute n'aurait-il pas dû céder à la tentation, mais ses amis étaient beaucoup trop loin pour lui dire quoi que ce soit, et il ne s'affichait pas réellement aux yeux de tous. Non, ils n'étaient que tous les deux, et sans doute allaient-ils rester ainsi pendant encore de longues minutes. Du moins il l'espérait, car c'était tout ce qui comptait à ses yeux, tout ce qu'il voulait voir et faire. C'était lui. Alors yeux embrumés qui s'étaient posés dans les siens, tandis que sa langue passa discrètement sur les lèvres comme une envie de pouvoir les recoller à celle du jeune homme, il ne le lâcha plus des yeux, lui, pour simplement lui offrir un fin sourire sous ce qu'il pouvait bien lui raconter, sous ce qu'il pouvait bien lui dire.

"Et bien on est fou à deux...C'est plutôt pas mal non ?" qu'il rigola plus timidement alors que son visage se baissa tout doucement.

Main qui effleurait ses mèches blondes, lui provoquant de légers frissons, il n'arriva pas à se décrocher de lui, profitant des douces caresses qu'il pouvait bien lui offrir. Mâchoire épousée par des doigts beaucoup trop délicats, regard plus doux qui se posa sur les formes du visage du plus jeune, ses mains à lui remontèrent la ligne de son dos pour le garder conter lui, sans pour autant empêcher ses mouvements. Et il se demandait bien lui, comment ils avaient fini ainsi, à se retrouver par un hasard des plus communs. Peut-être s'était-il emballé dans cette soirée, en pensant pouvoir reprendre cette flamme qui ne s'était jamais vraiment éteinte. Car ô combien il l'avait aimé, celui qui de ses prunelles ne l’avaient jamais regardé comme les autres, car ô combien il l'aimait encore celui qui arrivait à le faire chavirer autant. Il était de ceux que l'on oubliait pas, et ce n'était pas un visage qui l'intéressait, lui, c'était la personne. Mais peut-être qu'on ne le comprendrait jamais, qu'on ne le remarquerait pas, alors que son cœur parlait pour lui en bien des occasions mais dont la peur pouvait paralyser bien des choses. Alors il en avait les yeux qui brillaient, de pouvoir le rencontrer de nouveau, de pouvoir se tenir face à lui comme si de rien était. Et il ne put que sourire, sous son léger rire expressif qui le fit plisser ses yeux encore plus.

"Alors j'hésiterais pas à te demander...Même si je suis dispo presque tout le temps..." qu'il murmura plus faiblement.

Un demi mensonge en réalité, car il y avait ses entraînements qu'il pourrait mettre entre parenthèse juste pour pouvoir le voir lui, juste pour pouvoir se tenir contre Eun. Et c'est pourtant ce qu'il fit en venant blottir sa tête dans son cou, pour sentir sa peau contre la sienne. Souffle qui s'abattait contre sa peau humide, lèvres s'étirant, lui ne voulait plus le lâcher. Il ne bougea plus, lui, car il avait l'impression que s'il le faisait, sans doute partirait-il et ne reviendrait jamais. Peur accrochée au ventre depuis qu'il l'avait revu et qui ne le quittait plus. Pourtant il aurait aimé savoir ce qui allait se passer pour eux, ce qu'ils étaient réellement mis à part des baisers qui réussissaient à le retourner complètement. Et il ne voulait pas que ça se termine, il voulait pouvoir passer le plus de temps possible jusqu'à ce qu'il ne doive le lâcher. Et ce fut cette question que lui posa le plus jeune qui le fit douter, car lui non plus ne savait pas réellement ce qu'ils étaient tous les deux, ni même ce qu'ils allaient devenir. Mais il était sûr d'une chose, de l'effet qu'il lui faisait et des sentiments qu'il avait à son égard. Sans doute suffisant pour venir le rassurer du mieux qu'il pouvait. Alors ses lèvres embrassèrent doucement son épaule, alors qu'il releva tout doucement son visage pour planter ses yeux dans les siens, restant pourtant beaucoup trop proche de lui.

"Ce qu'on est hmm ? Si je savais....On peut-être ce que tu veux... qu'il murmura, faible sourire aux lèvres, Mais...cette fois-ci je te laisserais pas partir."

Soupir des plus sérieux, alors qu'il plissa un peu des yeux en l'observant, venant remonter une main jusqu'à sa joue pour la caresser finement. Il réfléchissait. Et ce qui revenait sans cesse était de pour une fois, se laisser un peu aller sans y mettre de la logique derrière chaque geste. Sans doute lui aurait-on reproché s'il vivait encore avec sa famille, mais il ne voulait dépendre de personne, et encore moins des gens qui l'entouraient, même si les regards avaient sur lui des effets qu'il aimerait pourtant oublier, qu'il aimerait ne pas afficher au grand jour. Mais avec lui, avec Eun, tout semblait si facile, si réalisable, si différent. Étrangement il ne se souciait plus de rien quand il était avec lui. Il en oubliait les autres, le blond, il devenait plus téméraire. Sûrement parce qu'il avait trop peur de le perdre après tout, parce qu'il ne voulait plus le lâcher de devant lui.

"Sortir ensemble ce serait peut-être trop tôt, non ? Du flirt peut-être ? Un truc entre les deux ? T'en pense quoi toi ?" qu'il lui dit alors de ses airs un peu plus sérieux, venant embrasser sa joue.

Ils pouvaient être tout et n'importe quoi maintenant, et il ne voulait pas lui imposer quoi que ce soit. Peut-être que tout avait changé depuis, peut-être que ces tensions qui persistaient n'étaient que l'expression de ce manque d'affection que l'on pouvait ressentir après de longs mois d'attente. Mais le fleuriste était bien plus que cela, il était ce qu'il ne devait plus laisser s'échapper, celui qu'il aurait voulu rattraper avant que les cloches de minuit ne résonnent, avant de voir des jours entiers brisés par de faux espoirs. Mais il n'en était plus un, il était bien réel à présent, il était totalement devant ses yeux, et c'était tout ce qui devait compter, tout ce qui compterait à partir de maintenant. Ils devraient sans doute se redécouvrir, passer du temps encore ensemble, jusqu'à ce que tout ne se clarifie un peu plus, jusqu'à ce que tout ne devienne beaucoup plus évident pour l'un et l'autre.

"Et si je te disais que j'ai envie d'attendre que tout ce beau monde ne parte pour juste rester avec toi ? Je me dis qu'en plus de passer du temps ensemble, on pourrait se faire des sorties. Qu'est-ce que t'en dis ? Faudra que tu me passes tes horaires pour ça." qu'il lui dit tout doucement, prunelles pétillantes à l’énoncé de ces mots bien aventuriers.

N'importe quoi, cinéma, rendez-vous bancals dans des restaurants un peu étranges, ou même juste venir le voir au boulot, lui tout lui allait. Il n'avait jamais vraiment été compliqué le plus vieux, et il fallait dire qu'avec Eun, il pouvait se détendre et être lui même, il savait qu'il n'avait pas besoin d'être parfait. Et quoi de mieux ? Il l'avait toujours été, et ce depuis qu'il le connaissait. Et ça ne risquait pas de changer, du moins, il ne voulait plus être celui qu'il était avant. Celui qui avait peur de tout, peur des regards des autres, peur de lui même. La seule terreur qu'il semblait avoir conserver, était de le perdre lui.

Un sourire se dessina sur le visage d’Eun Ae alors qu’il l’écoutait. Des souvenirs lui revenaient, passant entre chaque conversation qu’ils avaient pu avoir au lycée, caché derrière les étagères de la bibliothèque. Ils y avaient discuté de la vie, appris des langues, s’étaient libéré d’un monde qui ne les concernait pas vraiment. Se trouver des trous dans les emplois du temps, comme quand le sien tournait autour de ses rendez-vous. Etre hors de la réalité, comme maintenant, comme avant. Avant que tout ne tombe pas à l’eau. Par sa faute sans aucun doute. Mais qu’aurait-il pu réellement faire ? Il avait pris peur. Peur de voir la personne à qui il tenait le rejeter pour ce qu’il était. Peur de devoir assumer un regard qu’il ne voulait pas sur lui. A cette époque, Eun avait tellement peu de confiance en lui, qu’il ne pouvait pas supporter les insultes, les remarques. Car oui, il y en avait. Dans le lycée, il les entendait. Elles ne lui étaient pas forcément destinées à chaque fois. Personne ne savait à vrai dire. Mais elles lui effleuraient les oreilles. Et encore maintenant, certains souvenirs lui revenaient, hantant les moments troubles où son esprit se déconnecter de son corps. Ce n’était pourtant pas le pire. Encore, à l’époque, rien ne lui était directement destiné. Maintenant, il n’était pas rare de sentir des pressions sur lui. Alors il avait peur. Dakho, il ne voulait pas le perdre. Mais s’ils se mettaient ensembles, ne s’enfuira-t-il pas devant son corps ?

Son humeur chaude s’était transformée. Sa peau pressée contre la sienne le rendait anxieux. Dakho était pourtant adorable, il le suivait, même dans ses cours pas du tout agrégés. Il devait se rassurer, à tout pris. Et la question qu’il avait posée, il la regrettait maintenant. Voulait-il réellement le savoir, ce qu’ils étaient ? Tout s’envola pourtant brutalement lorsqu’il sentit la main chaude et humide du nageur sur sa joue. Ses paroles, elles étaient tout ce qu’il avait voulu entendre. « Mais... cette fois-ci je te laisserais pas partir. » Le cœur du jeune transgenre se serra, ne pouvant supporter la vague de sentiments qu’il ressentit à cet instant. Ne pas fuir, ne pas disparaître. Pas comme la dernière fois. En aurait-il seulement la force, même s’il le voulait ? Quitter Dakho, il ne pourra pas le faire une deuxième fois. Impossible. Ses lèvres, de nouveau, s’ouvrirent pour sourire, alors qu’il retenait les vieilles larmes de son ancienne personne qui n’avait pas surmonter cette période de sa vie. Un frisson remonta doucement le long de sa colonne vertébrale en sentant le bisou sur sa joue, presque chaste, de celui pour qui il ressentait l’univers à ce moment précis. Eun comprenait pourquoi autant de monde était tombé sous le charme. Il n’y avait pas que l’aspect physique de Dakho. Il y avait tout l’aura qu’il dégageait. Quelqu’un de bien, de foncièrement bien, qui se retranscrivait dans chacune de ses paroles, chacun de ses actes. Oh, Dakho Baek, si tu ne t’étais pas entouré des mauvaises personnes, que serais-tu aujourd’hui ? Délicatement, Eun leva les mains pour aller entourer le visage en face du sien, son cœur battant la chamade. Comme s’il allait prendre la décision la plus importante de sa vie.

« Je ne pense pas être prêt pour sortir avec quelqu’un, dit-il enfin, ayant l’impression qu’il pouvait craquer à tout moment. Je te fais confiance, et je t’aime. Je t’aime tellement, c’est vraiment… problématique. Mais je… Tu es sûr que tu ne partiras pas ? Même une fois que tu… que tu m’auras vu. Réellement. »

Comme un lâche, il refusait de sortir avec lui, d’officialiser, alors qu’ils étaient sans aucun doute faits l’un pour l’autre. Mais Eun était idiot. Très idiot. Alors, il voulait quelque chose entre les deux. Etre proche l’un de l’autre, beaucoup, sans pour autant être en couple. Il avait la désagréable impression d’être un cliché. Celui de l’indécis. Seulement, il ne l’était pas. Il l’aimait réellement. Mais il avait peur d’avoir le cœur brisé. Il s’était lui-même tirer une balle dans le pied en partant si brusquement de sa vie. Et là, s’il s’y remettait, ce serait une catastrophe. Mais voilà, il était terrorisé que son corps, enveloppe charnel, bloque le chemin de leurs sentiments. Lorsqu’on grandit en entendant des remarques sa personne de tous les horizons, on ne fait que faire grandir des barrières. Eun Ae était confiant quand à ses capacités. Il était un très bon fleuriste, un bon fils, un bon grand-frère. Il savait bien surfer, il était plutôt drôle, sympathique. Il prenait soin des personnes proches de lui, il les aimait. Il avait réussi sa vie en étant heureux. Mais, cela ne retirait en rien le lourd poids qui pesait parfois sur sa cage thoracique.

« C’est injuste envers toi, je sais, mais… On pourrait… On pourrait rester comme ça… On pourrait continuer de ne pas savoir ? »

Il ne s’était même pas rendu compte qu’il lui avait déjà déclaré ses sentiments. Pourtant toutes les pulsations de son organe vital résonnaient dans son ventre, déclenchant des papillons en l’entendant lui proposer d’attendre qu’ils soient seuls pour passer du temps ensemble. Etre seul, avec lui, comme un rendez-vous ? Comme ce petit échantillon de folie qu’ils avaient échangé lors de leur retrouvaille ? Eun avait raison. Il l’aimait. Il aimait Dakho. Il ne voyait en lui que le garçon calme, tendre et généreux, celui qui n’avait même pas bronché en le retrouvant sous une autre apparence, celui qui n’avait même pas hésité à lui proposer de venir manger avec lui. Le Dakho qui traînait dans les couloirs pour s’exhiber, il avait disparu aux yeux d’Eun. Il ne restait que celui qui méritait toute l’attention du monde, dont il alla alors embrasser le petit grain de beauté sous son œil. Comment pouvait-il résister ? Une proposition dite avec tellement de délicatesse.

« Ça me dit bien, répondit-il, cette fois avec un peu plus de bonne humeur. Mais je décide pour le prochain rendez-vous. »

Jetant un coup d’œil par-dessus son épaule, Eun aperçut les surfeurs à peine changer qui quittaient déjà la plage, ayant finit leur journée de sport. Puis son regard fut attirer par un groupe de personnes qui elles semblaient bien implantés dans le sable. Les amis de Dakho avaient l’air de se plaire au bord de la mer. Retournant son attention sur celui qui le tenait fermement contre lui, Eun se mordilla la lèvre en réprimant un rire.

« Mais je pense que tes amis vont rester encore un moment… »

Pas que cela le dérange en soi. S’il pouvait encore goûter le sel des lèvres de sa sirène, les autres n’avaient qu’à rester des heures.

Et sans doute n'avait-il pas prévu que ces questions ne viennent les hanter si rapidement, car les mélodies des lettres pouvaient être bien venimeuses quand l'on s'y fiait. Mais lui avait attendu si longtemps pour pouvoir se rapprocher de lui : jusqu'à ce qu'il ne s'échappe d'entres ses doigts en à peine quelques minutes. Car il l'avait attendu, le plus jeune, il l'avait cherché jours et nuits, comme si sans doute Eun serait revenu sans n'y payer attention. Cœur qui dans la nuit avait fini par abandonner sans le voir revenir. Et c'était sans doute pour cela que ses amis n'avaient pas arrêté d'essayer de le caser avec n'importe qui. Ô mais lui n'était pas de ce genre, lui n'était qu'obnubilé par les sentiments présents. Visage en face de lui que ses doigts effleuraient affectueusement, regard qui se baissa calmement : il ne savait pas non plus ce qu'ils étaient. Et sans doute ne le saurait-il jamais. Le nageur était du genre patient, peut-être un peu trop calme même s'il devait dire qu'il savait aussi se montrer joueur quand il le fallait.

Et les sourires le charmaient lui, et ils le faisaient fondre, dans ces prunelles illuminées et scintillantes. Dakho les reconnaîtrai parmi tant d'autres, alors que l'humidité se faisait pressentir et que lui appréciait les chaleurs de le deux corps comme entrelacés. Douceur qu'il dégageait et qu'il voulait lui confier, sans doute voulait-il lui montrer qu'il n'avait rien à craindre à être ainsi avec lui, à se dévoiler, à se confier. Pourtant les mots étaient blessants sans vouloir l'être. Il ne s'était pas attendu à quelque chose en particulier, mais l'entendre douter faisait mal. Mal car lui n'hésiterait pas à prendre le temps s'il le fallait. Il l'avait déjà fait, et il le ferait encore s'il le fallait. Car il était patient : amoureux, et même s'il ne savait pas exactement ce qu'il voudrait faire, ce qu'ils allaient faire, lui voulait pouvoir profiter de ces sentiments éclatants encore au jour. Et il n'avait pas honte à avoir, le plus jeune, lui n'y voyait aucun problème à ce corps changé, transformé, pour le bonheur des yeux. Peau qu'il voulait pouvoir effleurer tendrement, aimer, de ses yeux qui en découvrirait les moindres recoins. Ô il n'avait pas à s'en inquiéter, car il n'était pas de ceux à s'attarder à ce que les gens trouveraient déplaisant. Bien au contraire, il se doutait, de ce qu'il pourrait y trouver, mais il s'en contrefichait, car il apprécierait tout autant les beautés des corps.

"Je...comprends...Mais je ne dis pas ça pour toute suite..." qu'il essaya de se rattraper en baissant un peu les yeux, se mordillant la lèvres en souriant vaguement, C'est problématique de m'aimer ? Tu le penses vraiment ? Parce que tu sais très bien que je ne partirais pas, même en te voyant toi." qu'il soupira discrètement comme pour le rassurer avant de se pencher un peu vers lui en un fin sourire. "Puis d'ailleurs...Tu m'aimes ?"

Déclaration innaperçue sans doute mais qui réchauffait son ventre alors qu'il se laissait aller aux flots d'émotions que représentaient ces quelques mots avec beaucoup trop de significations. Sans doute n'était-il pas à fond des relations floues, lui, car il avait cette peur de l'abandon : encore et toujours. Peut-être que tout se reproduirait alors, que rien ne les attacherait ensemble encore une fois. Mais il fallait le comprendre, les sentiments s'étaient relancés, comme camouflés sous les lumières des lampadaires dans les myocardes enfouis. Les opales brillaient pourtant malgré la mince déception de ne pas pouvoir encore mettre de mot sur ce qu'ils étaient. Néant qui le blessait bien plus qu'il ne l'aurait pensé au final, bien plus qu'il ne l'aurait voulu ou même imaginé.

"Ca me fait peur, moi, de pas savoir. Tu sais pourquoi ? Parce que ce genre de petit jeu peuvent finir rapidement. Parce que j'ai juste peur que tu disparaisses une nouvelle fois.", qu'il prononça tendrement sans pour autant lui en faire un reproche, "Mais tu sais...On peut attendre, ça me dérange pas. Je veux juste que tu te sentes à l'aise et que tu ne penses pas à ce genre de choses idiotes avec moi."

Car il l'aimait comme il était, lui dont les mains effleuraient les beautés florales qui, comme la vie parfumaient les délicates senteurs. Ô mais il en avait fait, des recherches, dès qu'il avait su, dès qu'il avait appris. Il savait approximativement à quoi s'attendre, et il ne s'en déplaisait pas, lui. Car si cela rendait heureux le doux visage qu'il avait devant lui, alors il ne pouvait que l'être également, quoi qu'il en pense. Il se doutait que tout n'avait pas été si facile, mais lui ne jugerait pas, lui effleurerait ces peaux nouvelles avec affection. Mais il n'hésitait plus, lui, il ne voulait plus regretter une seule seconde le passé et rattraper les choses : commencer une nouvelle histoire. Invitation faite qui le fit sourire un peu plus, il hocha calmement la tête, car il attendrait, encore et encore s'il le faut, mais il ne partirait pas. Baiser doux sur son visage qui le fit timidement fermer les yeux comme si la délicatesse ne lui faisait qu'un plus grand bien encore.

"Faisons ça alors. Tu choisis, et je t'y amène. Marché conclu ?" qu'il se mit à sourire avant de rire tout doucement, Oh , mais nous on est pas obligé de rester ici. Si je trouve une excuse pour m'échapper de là, tout ira bien...de toute manière on ne me croit pas capable de mentir. Puis ce sont tout autant des poissons d'eau de mer que moi alors ils pourront rester des heures." qu'il articula tout doucement.

Car Dakho était celui que l'on croyait parfait : incapable de mentir, de se rater, de foirer quelque chose. Pression en permanence sur les épaules pour garder ce statut qu'il avait pu gagner auprès des autres. Peut-être voulait-il qu'on le considère comme bien plus, comme celui qu'il était, juste un pauvre sportif qui voulait s'exercer encore et encore. Alors pour une fois dans sa vie, il pourrait montrer un autre aspect de lui pour simplement y faire une diversion.

"Qu'est-ce que tu en penses hmm ? Une petite diversion pour qu'on puisse aller s'amuser ailleurs. qu'il murmura près de sa joue avant d'y déposer un énième baiser comme un enfant beaucoup trop heureux, Moi ça me tente bien en tout cas." qu'il haussa les épaules avant de rire un peu.

Et tout cela l'amusait à présent, car à s'écouter il se croirait pour un gamin, à essayer de déroger aux règles alors qu'il ne l'avait jamais fait, à essayer de simplement se donner des airs de plus doué qu'il ne l'était. Mais il était prêt à tout, lui, pour pouvoir prolonger ces moments si agréables, et dans une ville telle que celle-ci : ils ne pourraient que trouver une activité où s'échapper ensemble; en tête à tête.

La douleur se propageait dans son corps, son cœur pour point de départ. Il le voyait dans ses yeux, que ses paroles l’avaient blessé, alors que c’était bien la dernière chose qu’il désirait. Seulement, il avait peur. Peur qu’en réalité, même s’il lui chuchotait des promesses aujourd’hui, une fois déshabillé, tout s’envole comme partie en fumé. Depuis sa transition, Eun n’avait reçu aucune attention de personne. Parce qu’il n’était « pas vraiment un homme » d’après eux. Pourtant, on lui avait fait les yeux doux, le trouvant charmant. Mais la vérité brisait. Et même si Dakho la connaissait sans qu’il n’ait eu besoin la lui révéler, comment  pouvait-il réellement savoir s’il ne le trouvera pas repoussant ? Les cicatrices commençaient à peine à blanchir, et si la peau d’Eun Ae, elles ne disparaitront jamais réellement. Ses yeux se firent légèrement brillants de larmes sentimentales. C’était un problème de l’aimer oui. Parce qu’il ne s’était pas rendu compte d’à quel point il s’était attaché à lui et d’à quel point il lui avait manqué. Il avait fait une erreur en jetant l’entièreté de son passé à la poubelle pour recommencer. Mais aussi, ce ne pouvait qu’être un nouveau départ, sans avoir besoin de se tourner autour dans l’interminable confusion des sentiments. Là, il le savait très bien, que son cœur balançait pour lui. Il hantait ses heures d’éveil, se faufilant dans ses draps la nuit pour s’infiltrer dans ses rêves. Lorsqu’Eun aimait, il faisait valoir ses sentiments, tellement sucré, qu’il pouvait même en dégoûter.

« C’est un problème, parce que j’aime trop, expliqua-t-il, sentant son cœur y réagir. Comment peux-tu être aussi sûr que tu ne partiras pas ? »

Son sourire lui transperça le ventre d’une flèche chaude, supprimant soudainement la totalité du mal qui l’avait empoisonné quelques secondes plutôt. Ce sourire, chacun de ceux qui le composent, que ce soit avec ou ses les yeux, Eun Ae y goûte une sensation de miel qui coule dans sa gorge. Cette relation n’est que sucre et bonbons, tendre et doux, chargée d’une pointe acide que leurs regards brûlant l’un pour l’autre annoncent d’un bon présage. Alors, ses lèvres s’étirèrent aussi, ses pupilles se faisant pleine de roses et de jasmins, sa main effleurant sa joue pour lui répondre, d’un chuchotement que seul lui pourrait entendre :
Comme une preuve que ce n’était pas un jeu pour lui. Mais il comprenait que Dakho n’apprécie pas cela. A vrai dire, dans la situation inverse, Eun aurait été beaucoup moins compréhensif que lui, moins patient, et n’aurait pas hésité à lui fermer la bouche de la sienne. Sauf que voilà, il était celui qui montait la barrière, se protégeant d’un potentiel cœur brisé. Même si on ne pouvait pas imaginer Dakho le lâcher sans aucune raison, il fallait garder à l’esprit que le quotidien d’une maison n’a rien à voir avec ce que l’on montre à l’extérieur.

« Ce n’est pas idiot, Dakho, répondit-il doucement, pas pour moi. Ce jeu ne pourra que bien finir… car je ne compte pas disparaître. »

Pourquoi partirait-il de toute manière ? Le plus bel homme qu’il connaisse se tenait devant lui, à l’embrasser, se volant des embrassades comme s’ils n’en avaient pas le droit. Eun Ae voulait simplement être sûr, pour ne pas finir dans son propre désespoir. Dakho était entouré de tellement gens qui le désiraient, s’armant de toutes les techniques pour l’approcher, croyant fermement qu’il finira totalement sous leur emprise. Parce qu’il était « trop » gentil. Oh non… Dakho n’était pas de trop dans sa tendresse. Il était tout simplement parfait, mélangeant toutes les qualités d’un garçon calme, que de légers défauts ne faisaient qu’encore plus souligner. Il ne lui avait même pas fallu plus de cinq mots pour le faire craquer à vrai dire. Mais ce n’était pas pour son visage qu’il était revenu à la bibliothèque. Sa voix était gravée dans son esprit. Ses mimiques, ses tics de langage, sa manière s’asseoir confortablement partout où il est sans pour autant paraître négligé. Eun ne doutait pas un seul instant qu’il est pu être nommé roi du bal de promo au lycée. Même s’il n’en savait rien. La seule chose qu’il savait, était qu’il n’aurait jamais pu être sa reine.

« Non ?! s’exclama-t-il alors en rigolant. Le Dakho Baek peut mentir ! Ohlala, quel scandale ! (Son rire détendit son corps, alors qu’il ne s’était même pas rendu compte qu’il était totalement tendu.) Pendant que tu leur joues ta comédie, j’irais me changer, alors ! »

Sur ses mots, il lui offrit un dernier baiser sur le coin des lèvres, avant de se glisser hors de son étreinte, montant sur sa planche avec agilité. Allait-il l’abandonner là, tout seul, dans l’eau ? Peut-être… En réalité, Eun prit le temps de retirer la protection qu’il avait accroché à son poignet pour la mettre à sa cheville, s’ébouriffant les cheveux en même temps. Le soleil tapait fort encore, lui ayant réchauffé le crane et le bout du nez. Son regard retomba sur le nageur, lui offrant un sourire. Il ne lui proposa même pas la course, parce qu’il aurait gagné de toute manière. Un surfeur va au rythme de la vague, le nageur suit son propre tempo. Alors, avec un clin d’œil, Eun se permit de se mettre en action, allant chercher la vague qui le ramènera sur la plage. Ainsi, il arriva en avance, se glissant dans une des petites cabines de bois que comptait l’endroit pour retirer sa combinaison et remettre des vêtements de ville. En ressortant, sa planche calée sous son bras, il alla à la réserve spécifique au surfeur de son groupe pour aller la ranger, y laissant aussi ses affaires de plages. Il se permit de se jeter un regard dans un miroir, regardant si sa chemise tombait bien derrière, ainsi que la légère touche de maquillage qu’il avait remis au cas-où. Son nez avait légèrement rougi par le soleil, mais pas de quoi paniquer. Enfin, si, complètement, il détestait remarquer ce genre de détail sans pouvoir les gérer, mais pour une fois il laissa couler. Après tout, il avait l’excuse de la plage. En ressortant, il espionna un peu le groupe de poissons qui défoulaient, rejoignant l’entrer de la plage pour  attendre celui qu’il considérait comme son amoureux.

Et peut-être que lui ne faisait qu'idéaliser les choses : car le myocarde n'avait jamais pu battre, qu'importe celles qu'on lui avait présenté. Ô le nageur savait pourtant bien y faire pour faire succomber les choses : art qu'il maîtrisait discrètement comme pour ne faire céder que ceux qui ne l'intéressaient pas sans même ne rien faire. Capacité bien étrange alors que les yeux rivés sur lui ne faisaient que l'illuminer un peu plus qu'il ne l'aurait voulu. Bien trop faible était-il sans doute pour pouvoir résister aux iris ravageurs. Mais qu'importe, car les harmonies avaient sonné de leurs cloches délicates comme pour y répandre les délices de sentiments qu'il n'arrivait que trop à exprimer. Et lui n'avait qu'une seule hantise : de le voir se glisser hors de ses rêves comme pour fuir le présent. Ô mais lui ne voulait que pouvoir l'avoir auprès de lui, qu'importe le prix. Sans doute ne voulait-il plus réellement espérer mais le voir de ses yeux, et c'était bien pour cela qu'il ne pouvait que c'en inquiéter.

"Je trouve pas que ce soit un problème. qu'il soupira vaguement avant de reprendre bien plus doucement, Parce que je le sais. Et tu me connais, je suis pas comme ça. J'ai changé, mais pas à ce point.", simple contestation en un murmure délicat qu'il laissa s'échapper.

Et il souriait lui sous les paroles échangées, sous les regards floraux qui ne faisaient que s'échapper des prunelles de celui qu'il s'amusait à contempler. Ô mais il plongerait dedans encore plus sur les murmures confirmant bien ce qu'ils ne faisaient que ressentir tout bas, car au final il ne pouvait rien lui cacher très longtemps : car tout était beaucoup trop lisible pour lui. Et il attendrait, si c'était ce que désirait le plus jeune, et il resterait à l'observer, si c'était pour le faire se sentir en sécurité : car il ne savait plus que faire cela, courir après les illusions des cœurs si inlassable. Et tandis qu'il écoutait les pléiades du jeune homme, il pencha vaguement la tête.

"J'espère bien. Car je comptais pas te laisser partir non plus de toute manière." qu'il se mit à sourire sans s'arrêter.

Beaucoup trop doux lui disait-on, beaucoup trop calme, mais il était bien plus que cela. Astucieux aussi, mais personne ne le voyait car trop discret, sans doute parce qu'il en était beaucoup trop doué. Alors quand les regards se croisaient, lui explosait comme les étoiles nébuleuses qui dans les galaxies de leurs opales ne faisaient qu'imploser sous les nécroses partielles. Jamais il n'avait divagué lui, jamais n'était-il sorti avec quelqu'un d'autre. Car cela ne l'avait au final jamais intéressé, car tout ceux qui lui avaient tourné autour n'avaient fait que l'effleurer de leurs iris. Inaccessible disait-on, mais juste pour lui. Juste pour celui qui se trouvait en face de lui. Regarder en arrière, il ne le ferait plus, car le passé qu'il se remémorait n'aiderait en rien, et au final, il ne voulait que pouvoir avancer enfin. Et les exclamations tombèrent sous ses propositions d'escapades. Fuir d'ici sous les rires comme si personne ne remarquerait qu'il avait disparu de son endroit préféré. Et il était dans ses droits.

"Quoi...? Tu ne m'en crois pas capable ? Pfff..., qu'il sourit d'un coup, rigolant avec lui sous les joies du moment, Fais donc. Je te rejoins vite." qu'il articula avant de le laisser filer entre les vagues.

Ô et il ne s'était pas attardé à venir l'admirer après un simple baiser, car sans doute aurait-il pu y passer des heures à détailler ses traits, à admirer les beautés furtives sur sa planche. Non, lui préféra plonger sous les eaux : calme imposant autour des tympans, son univers à lui qui le faisait bien trop souvent perdre pieds. Et il pourrait y passer des heures lui, crawl qu'il maîtrisait à la perfection sous les différents entraînements, plaisir qu'il prenait à sentir l'eau sur son visage, ses épaules se tendant et muscles se décrochant : plaisir libre et inatteignable. Evidemment que faire la compétition avec celui qui se surélevait sur les vagues ne rimait strictement à rien, car après tout lui ne faisait que glisser, se portant par les courants marins. Et lui, préférait ne faire plus qu'un avec ces matières fébriles, pour simplement se libérer des terres incandescentes. Pieds joints sur les sables chauds, corps gouttelant sur le sol qui se mit doucement en action pour courir vers son groupe d'amis, il se dépêcha de se sécher dans l'une de ses serviettes, se contentant de remettre son haut par dessus son short, avant de s'ébouriffer les cheveux.

Yeux qui se baladèrent tout doucement sur les alentours, il se mit à doucement s'excuser auprès de ceux qui l'avaient attendus, excuse toute trouvée pour leur laisser croire qu'il devait impérativement s'éclipser. Soit disant rendez-vous avec ses parents qu'il avait complètement oublié. Et tout passa, car tous savaient qu'il ne voulait vraiment pas les voir, et tous pensaient qu'il était bien trop délicat et honnête pour ne pas mentir même un peu. Et sans réellement tarder, visage rayonnant, les pas le menèrent vers celui qui l'attendait à l'entrée comme si tout allait parfaitement bien.

"Tu vois ? Je t'avais dit que j'étais bon menteur quand je le voulais." qu'il se mit à sourire avant de passer sa main dans ses cheveux pour les balancer en arrière. Et donc Monsieur où voulez vous que l'on se rende ? Petite balade sur les bords de plage ? Glace ? Petite marche ?" qu'il prononça tout doucement.

Yeux qui s'illuminaient, comme s'il pouvait partager un nouveau rendez-vous avec le seul qu'il appréciait réellement, il lui tendit sa main calmement, observant les alentours avec discrétion. Il ne savait pas réellement où aller après tout, juste pour pouvoir passer un peu de temps avec Eun. Le revoir, entendre sa voix, le voir sourire et s'illuminer sur les passages de son regards, sans doute était-ce ce qui lui avait le plus manqué durant toutes ces années. Mais ô il ne se découragerait pas lui et resterait avec lui tant qu'il le pourrait. Pas qu'il commença alors à faire comme pour débuter ce nouveau chapitre qui les ferait se réjouir bien plus qu'il ne l'espérait. Léger toucher de ses doigts sur les siens, comme pour les effleurer, comme pour les attacher, il laissa ses épaules crispées retomber avant de sourire tout doucement.

"Hmm...Et du coup...Ca te dit qu'on aille se poser sur dans un coin plus tranquille ? Ou alors tu as une quelconque idée en tête ?" qu'il sourit alors en s'étirant un peu le cou, A toi de voir, et si on se faisait l'un de ces fameux rendez-vous hmm ?" qu'il se mit à sourire en haussant les épaules.

Car il lui avait dit qu'il choisirait, et pourquoi pas maintenant ? Au final, ils avaient sans doute que cela à faire, et pourquoi ne pas commencer dès à présent ? Comme pour ne pas perdre de temps : ou plutôt le rattraper. Profiter des moindres secondes, du temps qu'ils avaient pour eux, avant de ne devoir se séparer un peu plus. Car il ne le savait que trop bien lui, tout allait beaucoup trop vite, et il ne voulait plus rien regretter.

Pour toi ce n’est pas un problème, Dakho. Mais tu ne connais pas la peur du regard sur un corps. Eun n’avait jamais aimé son corps. Lorsqu’il était enfant, il se demandait s’il allait devenir aussi fort que son père, aussi robuste que lui. Il l’adorait son père. Et il l’adore toujours. Tout comme il aimait sa mère du fond du cœur. Mais plus il grandissait et puis il découvrait que son corps n’était pas comme il l’avait imaginé. Il a commencé à avoir de la poitrine et il devait garder les cheveux longs. La piscine était un enfer, c’est pour cela qu’il n’en faisait plus. Rien que prendre sa douche était devenue un combat de tous les instants. Il avait été terrifié de faire son coming-out à ses parents, même s’il savait que, dans le fond, ils allaient l’accepter. Pourtant, il ne l’avait fait à personne d’autre. Il n’avait pas dit directement à Dakho, ni à Keiko, qu’il était trans. Il l’avait vaguement évoqué à Heejun pour lui faire comprendre. Alors, oui, pour toi Dakho, ce n’est pas un problème. Mais pour lui, Eun Ae, il y avait des séquelles qui auront du mal à disparaître. Alors, le nageur allait devoir faire avec cette insécurité. Bientôt, elle s’envolera pour le laisser enfin complètement respirer. Seulement, il fallait que Dakho le comprenne. Mais Eun ne pouvait pas lui demander de se mettre à sa place. Ce travail, il était le seul à pouvoir le faire.

L’entendre dire qu’il ne le laissera pas partir le fit légèrement sourire, faisant monter une douce chaleur dans son ventre. De tout ce qu’il se souvenait de Dakho, il avait toujours tenu ses promesses. Ou alors, cela ne s’appliquait qu’à lui. Peut-être qu’avec les autres, il était beaucoup moins prévenant. Cela l’étonnerait, au vu de sa popularité de garçon adorable, mais on ne savait jamais. Après tout, il ne fallait pas toujours croire les apparences. Et le blond devant lui en était un très bon exemple. Il était tout le contraire que ce qu’on voulait faire croire de lui et ce que lui-même avait construit pour ce protégé. Le masque que Dakho avait créé était tombé pour Eun Ae, délivrant un jeune homme maladroit dans l’expression de ses sentiments, à l’humour simple, à l’esprit ouvert. La preuve : il était toujours amoureux de lui, même après découvert qu’il n’était pas une fille. Il aurait pu le prendre pour un menteur, le traitant de tous les noms pour l’avoir rouler dans la farine et l’avoir fait espérer. A la place, ils se sont embrassés et il l’a ramené chez lui après un rendez-vous. Que demandez de plus ?

Après avoir rejoint la plage chacun de leur côté, Eun s’était rapidement préparé pour avoir l’air présentable. Il est vrai que voir des gens se balader en combinaison de surf dans le coin n’était pas inhabituel et passer même plutôt bien. Mais il savait qu’il se sentirait plus à l’aise dans des vêtements de ville. Et donc, une fois changé, il se présenta à la sortie de la plage, sortant son téléphone pour attendre son Don Juan qui se rhabillait tranquillement de son côté. Le Chase-Lim regarda un instant s’il avait une quelconque notification. Il espérait que tout se passe bien à la boutique, entre Heejun et Hyuntae, ainsi que son père qu’il avait obligé à tenir la caisse, sachant pertinemment que les deux plus jeunes avaient encore un peu de mal avec la clientèle. Heejun s’en sortait de mieux en mieux d’ailleurs. Eun était fier de lui et de voir qu’il commençait à devenir un adulte responsable. C’était rassurant de se dire qu’il allait finir par sortir la tête de l’eau après tout ce qui lui était arrivé. Puis, voyant que tout allait pour le mieux, il dériva sur ses réseaux, avant de voir Dakho arriver dans toute sa gloire. Ouvrant de grands yeux, le plus jeune des deux se rendit compte que le blond ne portait qu’un t-shirt par-dessus son short de bain, pas le moins du monde dérangé. Le truc, c’est que le short de bain était encore mouillé et il collait et… Avalant sa salive, Eun releva les yeux vers ceux de Dakho, lui souriant en rangeant son téléphone. Oh god… il venait de rabattre ses cheveux en arrière.

« Mmmm… Je vois ça… Qui l’aurait cru ? plaisanta-t-il, avant de se redresser. Pourquoi pas une glace, oui ? Pour se rafraichir un peu… »

Même si, en réalité, Eun avait un endroit où ils pourraient se poser un peu. Mais il gardait ça pour la petite balade. Il ne savait pas réellement s’il devait lui prendre la main ou non, alors c’est avec un petit soupire de soulagement qu’il accepta celle que lui tendait Dakho, glissant ses doigts entre les siens, les resserrant légèrement pour l’attirer avec lui vers le marchand le plus proche. Il y avait un peu partout sur la côte, qui vendait des glaces ou autres, variant les plaisirs pour les petits et les grands. Alors qu’ils attendaient derrière un autre duo (une petite fille et sa grand-mère), Eun tenta de se décider en observant la carte. Il y avait quelques produits commerciaux, mais le vendeur faisait aussi ses propres glaces qui semblaient meilleures. Enfin, il se choisit, optant pour un cornet de glace à deux saveurs, orèo et yaourt. Il avait bien fait, car leur tour arriva. Commandant tranquillement, il laissa son partenaire en faire de même avant de le devancer, déposant son argent sur le guichet. Il ignora le regard de Dakho, se faisant que sourire, fier de d’avoir été plus rapide que la dernière fois. Leurs glaces dans les mains, ils repartirent. Mais avant que Dakho n’aille plus loin, Eun lui prit le poignet, délicatement.

« Tu me laisses goûter ? » qu’il demanda, les yeux malicieux.

Se penchant alors en avant, Eun récupéra un peu de la glace de Dakho sur sa langue. Un sourire ornait son visage, parce qu’il était fier de sa bêtise. Et sans plus de préambule, il entraîna Dakho pour l’emmener là où il voulait. Bien sûr, sans lui laisser la possibilité de lui voler de sa propre glace. Sinon ce n’était pas drôle ! Ils marchèrent un instant, dégustant leur casse-croûte. Le soleil tapait fort et Eun profitait de chaque petit spot d’ombre pour rafraichir un peu. Heureusement, la mer soufflait un vent emplit de sel et de froid, ce qui permettait une certaine régulation de la température. Enfin, il s’écarta un peu de la plage, arrivant dans un petit parc pas très loin des dunes de sable. Au milieu, il y avait une fontaine terrestre. Des jets d’eau sortaient du sol à intervalle irrégulier, amusant les enfants qui pataugeaient dans l’eau sous le regard de leurs parents ou de leur babysitter. Dégotant un coin à l’ombre, Eun finit par s’asseoir dans l’herbe, étendant ses jambes devant lui en finissant son cône de glace. Il aimait bien venir ici, retirer ses chaussures et aller s’amuser avec l’eau pendant les périodes de chaleur. En canicule, il n’avait pas le droit de projeter de l’eau comme ça. Mais pour des journées comme celles-ci, c’était bien agréable. Fermant les yeux, il se laissa tomber en arrière, allongé de toute sa longueur.

« Alors ? T’en dis quoi ? Approuvé ou pas ? » qu’il questionna, à en regardant le soleil traverser les feuilles au-dessus de lui.

Après tout, il n’était pas tout seul. Même si bon, cela l’étonnerait si Dakho n’était pas d’accord. Le seul bémol était peut-être les quelques cris d’enfants qui s’amusaient, mais vraiment, un détail. Ce n’était jamais bien dérangeant d’entendre des rires candides de joies pures. Surtout lorsqu’ils camouflaient les sons de la ville. Une nouvelle échappatoire qu’ils s’offraient et dont ils allaient profiter.