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Ce serait même plus que bien », confirmas-tu dans un sourire léger et quelque peu rêveur. Parce que c'était l'effet que ça te faisait, parce que c'était ce dont tu avais envie : rêver. «
Un jour oui sans doute », tu levas le regard vers le haut, songeur. Probablement qu'un jour oui, les choses auront changé. Probablement qu'un jour, tout sera beau, tout sera bien. Probablement qu'un jour, l'un laissera l'autre vivre en paix. Mais le chemin jusque là était encore loin alors ça ne laissait place qu'à très peu de choses, qu'à l'espoir et aux rêves. C'était pas si mal, en soit. T'espérais voir ça de tes propres yeux le jour où ça arriverait.
En attendant tu trouvais ça plus amusant de le taquiner, ton nez légèrement plissé et ton regard brillant de malice, tu secouas simplement ton visage. «
Ca pourrait arriver », la ville était grande mais le monde était petit, non ? Tu croisais plus de monde en service que durant tes jours de repos. C'était au travail que t'avais fait le plus de rencontres. Tu lui montras les photos ensuite, souriant timidement au compliment. «
Merci », que tu susurras comme un gamin qu'on félicitait. «
Hum ? », tu regardas la photo, les sourcils levés, comme si t'avais oublié avec qui t'étais sur la plupart des photos. Bravo. Un sourire naquit sur ta bouche et tu hochas le visage. «
Lexi, ma partenaire d'ambulance », tu te mis à rire, tes épaules bougeant doucement. « On travaille ensemble depuis un moment », tu souris, attendri. Entre Lexi et toi c'était un peu la même relation qu'avec ta sœur. C'était de la confiance et du respect – et beaucoup de taquineries surtout.
Tu fronças quelque peu les sourcils, pas certain de comprendre. Pourquoi ennuyait-il les gens ? Il n'avait pas l'air ennuyant. Au contraire, le temps était passé plus vite depuis que t'étais avec lui. Cela dit les gens étaient étranges alors avais-tu vraiment envie de chercher une explication ? «
Ils disent ça parce qu'ils sont jaloux », tu haussas les épaules dans un sourire. «
Tu ne me sembles pas être quelqu'un d'ennuyant », t'essayais de le rassurer. Tu trouvais ça triste qu'il pense ça. Parce qu'il le pensait pas vrai ?
Tu pourrais comparer les jeux vidéos à une intervention. C'était simple pour toi – enfin façon de parler – mais pour le mec lambda du coin c'était beaucoup plus compliqué. Parce que t'avais l'habitude, lui non. Les jeux c'était pareil. «
Ce serait pas mal oui », tu souris avant de rire discrètement. «
Des jeux pour les nuls », et tu te pointas du doigt dans un rire plus bruyant. Mais en soit, les gens comme toi, moins doués avec les jeux vidéos, vous étiez un large public. Un public à toucher et s'il était conquis... ça deviendrait très intéressant pour les développeurs. «
Ca me va », chuchotas-tu dans une esquisse ravie mais toujours aussi timide. Tu arborais une moue presque fière ensuite – parce que tu connaissais les Pokémon. Vite fait. T'étais pas spécialiste. Un rire ronronna dans ta gorge à ses mots et son expression et tu te mis à agiter bêtement les doigts devant lui. «
Je fais de bons massages », en vrai t'en savais rien du tout, t'assumais juste que tu faisais de bons massages. T'étais soulagé de pouvoir appeler quelqu'un en cas de grosse frayeur – t'osais pas lui dire que t'étais capable de t'effrayer pour tout et rien parfois. T'étais un vrai froussard.
Tu relevas le regard vers lui, une douce étincelle pétillant dans tes iris alors que tu l'écoutais et le coin de tes lèvres se leva, doucement, tendrement, dans une moue réconfortée. C'était gentil, ce qu'il te disait. Ca faisait plaisir à entendre. Mais tu ne digérais tout de même pas ton échec. Parce que tu le voyais comme ça, comme un échec lamentable. «
Peut-être », dis-tu, le ton bas. «
Ou peut-être pas », tu haussas les épaules. «
Peut-être que je n'étais pas fait pour être plus qu'ambulancier », tu penchas quelque peu le visage, un sourire fin aux lèvres. Peut-être que c'était mieux pour toi, peut-être que tu te serais ennuyé en étant médecin. La vie d'ambulancier était rythmé et le contact avec les gens était différent. Et t'aimais ça, toi, le contact avec les autres.
Un sourire aux lèvres, tu secouas le visage. Rien. Rien du tout. T'allais probablement être seul, Sean serait certainement trop occupé, ou t'allais bosser. Tu pensas alors aux soirées spéciales au cinéma. Lexi t'en parlais parfois, et tu supposais que ça ne pouvait pas être une mauvaise idée d'y aller avec Matthew ? T'acceptais d'appeler un inconnu quand t'avais peur, tu pouvais aussi accepter d'aller voir des films avec lui hein. Après tout, que risquais-tu ? .. Non, tu préférais pas partir là-dedans. «
Pire », tu écarquillas un peu les yeux avant de rire. «
Disons que les adultes restent de grands enfants », tu fis la moue, les joues gonflées. «
On nous a déjà appelé pour une amputation, un homme qui se serait coupé la main en voulant scier une branche. Tout était faux, la main du type était en plastique mais ils ont trouvé ça drôle de nous faire perdre notre temps », tu te pinças les lèvres, dépité, en repensant à cet instant. «
Certains débarquent carrément à la caserne, avec le « bras en sang » ou ce genre de bêtises... », disons que l'évolution n'avait pas frappé tout le monde de la même manière. «
Et il y en a d'autres qui s'amusent à nous faire peur dans les coins sombres », tu baissas un peu le visage, l'air bougon, les lèvres poussées en avant, l'implorant du regard. C'était sans doute les blagues que t'aimais le moins parce que tu sursautais comme un malade à chaque fois – et tu hurlais, aussi.
Une large esquisse étira tes lèvres à sa réponse. «
Promis je... », tu clignas des paupières. «
Non j'aurai peur », tu pouvais pas promettre de ne pas avoir peur. T'espérais ne pas lui couper la circulation dans le bras, parce que tu savais déjà que t'allais t'y agripper. «
Oh pourquoi pas », dis-tu dans un nouveau sourire. T'aimais bien sa compagnie, c'était agréable et tu te sentais bien là. Tu ne pensais pas à trop de choses, tu ne pensais pas à Sean, à la déception, tu ne pensais plus à tout ça. Mais t'allais devoir rentrer, après. Tu commandas une autre boisson, laissant Matthew faire de même s'il le souhaitait. Tu te mis à parler de tout, de rien : de la bonne entente qu'il y avait entre Lexi et toi mais surtout des blagues des gens le soir de Halloween pendant votre service. Tu te mis à lui parler de cette fameuse journée, celle où tu fus obligé de baragouiner des mots en coréen pour apaiser une patiente parce que : «
Apparemment j'ai une tête d'idole », tu clignas des paupières telle une chouette perturbée et perplexe, le visage penché dans un air penaud. Tu te délectas de ta boisson, gardant ensuite le silence, le laissant parler ou profitant du silence doux qui régnait entre vous.