Loneliness ~Thiago & Wilfried~

Du fait de son anorexie, bien qu’elle soit traitée, le Brésilien a pour consigne d’être prudent avec sa consommation d’alcool. En général, il évite d’en prendre ou une seule bière en début de soirée, mais l’idée d’un bon verre de vin accompagné d’un bon plat ne sera pas désagréable. « Parfait pour moi. » Il lui indique dans un sourire qui demeure charmeur. Le serveur vient prendre leur commande et Thiago s’intéresse à celle-ci, bien qu’elle demeure mystérieuse. Un rire s’épanche hors de ses lèvres lorsque son compagnon de soirée lui donne quelques indices sur le plat. « Une valeur sûre, mais rien de mieux qu’une assiette de pâtes fraiches italiennes. » Il pourrait presque en avoir l’eau à la bouche s’il avait son appétit du passé, mais il s’efforce d’agir comme une compagnie qui saura apprécier la qualité du repas. Cette absence d’appétit est préjudiciable dans ce genre de rencontre, car elle peut être mal interprétée. Parfois, il brise la glace en l’évoquant, surtout lorsqu’il s’agit d’une relation qui a pour vocation intime, mais dans le cas présent, il ne sait pas sur quel pied danser. Il laisse couler pour le moment, verra comment agir en fonction de comment se déroule la soirée. Le Brésilien ne veut pas se prendre la tête et juste profiter de cet interlude plaisant avec cet homme magnétique qui titille ses sens, éveille son désir de passer sous le corps chaud et viril de cet homme. Une envie qu’il n’a pas eu depuis Ethan et qui l’attire comme un aimant vers cet homme au regard presque prédateur, mais surtout sensuel lorsqu’il glisse ses iris sur ses formes. Comme à cet instant où il l’examine, ce qui vient assurément faire frétiller ses sens, résolument sensible à l’érotisme naturel dégagé cet homme. L’allemand vient rompre le silence et lui pose une question relative à l’exposition, ce qui lui arrache un sourire amusé. « Je croyais qu’on en avait fini avec le travail pour aujourd’hui ? » Il le taquine de sa voix espiègle dans un clin d’œil. Un rire s’épanche hors de ses lippes avant qu’il ne réfléchisse à ses propos. « Je ne pense pas qu’on en ait parlé, mais effectivement j’aurai une petite liste à soumettre d’invités. Essentiellement des proches. Une quinzaine environ. Je me note de vous fournir ça également. » Il indique avant d’ajouter : « Et ne t’inquiète pas. Je vais adorer faire tout ce que vous m’avez demandé. Je vais juste devoir m’assurer que je ne vais pas en oublier d’aller au travail. » Il déclare dans une voix légère. « C’est vraiment une magnifique opportunité que vous m’offrez. Je découvre tout ça, mais je pense que je vais prendre goût à tout ça. Je compte faire de mon mieux en tout cas pour être à la hauteur. » Il indique dans une posture digne avant de conclure : « Et votre aide me sera très précieuse. Je n’hésiterai pas à me remettre à vous pour des conseils. Je vous fais confiance. » Il a eu un bon feeling avec Kate et il est identique avec le galeriste. Il est tombé sur des personnes simples et compétentes. Il n’aurait pas pu espérer mieux. Ils sont interrompus par l’arrivée du cuisinier en personne qui semble bien connaitre le galeriste. Il assiste à un échange de regards équivoques et il perçoit que sa présence est singulière avec cet habitué des lieux. Ils semblent très proches, mais il ne dit mot, se contente de sourire aimablement à cet homme qui salut son partenaire alors qu’un plat de pâtes vient prendre place sur la table. Il a l’air délicieux. Peut-être parviendra-t-il à en savourer sa saveur. Il l’espère en tout cas. Après un bref échange avec le cuisinier, ils sont de nouveau seuls et le galeriste lui annonce qu’il a une nouvelle à lui communiquer. Une annonce qui le fait froncer légèrement les sourcils d’un air amusé. L’esquisse du geste du galeriste à son égard ne passe pas inaperçu et il apprécie que cet homme ait envie de le toucher. Tu peux le faire, je ne vais pas m’en plaindre.  Bien au contraire, Wilfried. Il l’invite à lui communiquer cette information précieuse qui le surprend totalement. Il sent son myocarde s’emballait sous le plaisir qui l’inonde à cet instant. Mon travail plait. Il plait assez pour que des personnes achètent mes clichés. « Waouh… » Il exprime de manière intelligible alors qu’il lâche un rire tremblant. « Je ne m’attendais pas à ça. C’est vraiment merveilleux. Vraiment. » Il indique dans un sourire troublé avant de poursuivre : « J’ai l’impression que cette exposition va changer beaucoup de choses pour moi. Me permettre peut-être de partir de nouveau à la découverte de nouveaux lieux, trésors. » Peut-être en faire mon métier à part entière, un jour même si je ne lâcherai pas mon travail comme ça. Les perspectives sont enivrantes, mais le Brésilien reste très terre à terre. « On peut trinquer à notre collaboration peut-être. Cela évitera de mettre la charrue avant les bœufs ? » Il propose dans un sourire amusé bien qu’il ait du mal à canaliser l’agitation qui le gagne. Il est résolument excité. Il meurt d’attraper son téléphone portable pour partager cette nouvelle avec Basilio, mais il s’abstient de le faire. Il lui en parlera à son retour s’il est là ou s’il est encore réveillé. Il sera quoi qu’il en soit le premier à être au courant. Lui, qui a été le premier à les découvrir. Un frison de plaisir vient remonter le long de sa colonne vertébrale à ce souvenir qui a marqué sa reconstruction. Leurs verres tintent l’un contre l’autre alors qu’il vient boire une gorgée de son verre. « En tout cas, merci pour tout. » Il indique en venant attraper sa fourchette pour venir piocher dans ce plat qu’ils partagent à deux. Cela confère une ambiance intime à la rencontre, ce qui lui fait prendre conscience que même si l’échange flirte avec deux univers différents, ils sont là pour apprivoiser une attraction qui les attire l’un vers l’autre. Il vient porter une bouchée à ses lippes et laisse les saveurs habiter son palais, mais contrairement au galeriste la magie ne se fait pas aussi évidente. Les goûts sont là, appréciables, mais lointains. « C’est très bon. » Il déclare dans un petit sourire avant de réfléchir à sa question. « Que veux-tu savoir de moi ? » Il le questionne dans un petit sourire. « Ma vie n’a rien d’exceptionnel. Je suis un jeune homme simple, qui rêve de parcourir le monde pour photographier des lieux oubliés ou jamais explorées, vivre de son art et vivre d’amour et d’eau fraiche. » Il lance dans un petit rire qu’il rend léger. « Pour l’instant, je me contente d’être un éducateur spécialisé dans un centre pour enfants handicapés et économise dans l’espoir de pouvoir partir de nouveaux endroits. Et toi ? Qui se cache derrière l’illustre Wilfried Hoffman ? Quel homme es-tu ? » Il questionne dans un petit sourire charmeur, résolument curieux d’entendre sa réponse. Le jeu des questions/réponses se lancent alors qu’il déguste ce plat de pâtes partagé comme le ferait deux amants.

Il rit chaleureusement en écho à celui du galeriste face à ses propos. Il est vrai que l’Allemand semble particulièrement passionné par son métier. Ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi. Cela lui confère un charme magnétique auquel le jeune photographe n’est nullement insensible. Il le trouve hypnotique lorsqu’il est concentré sur son travail, lorsque toutes ses idées s’échappent de ses lippes qu’il aimerait goûter contre les siennes. Il ne parvient pas à lutter contre cette attirance qui s’impose à lui et qu’il ne combat pas. Basilio lui a fait goûter à la vie de nouveau et il se laisse porter par ses émotions, ne cherchant nullement à se restreindre. Il réapprend à vivre, à s’embraser au contact d’un amant désiré sans se poser de question, juste en savourant l’instant présent. Ce qu’il fait à cet instant en dînant avec le galeriste qui lui plait assurément et dont le charme opère sur lui. « Quand on aime ce qu’on fait, on ne travaille pas. On vit pleinement. » Il indique dans un sourire sincère et profond. C’est ce qu’il ressent lorsqu’il arpente la nature et des lieux oubliés après des heures de marches à se perdre dans des endroits inexplorés. Malgré la fatigue, il refuse de se rebrousser chemin, continue d’avancer malgré les cloques au pied, les coups de soleil et les nuits passées à la belle étoile dans un sac de couchage, car il est en pleine nature. Il ne se sent jamais autant vivant qu’à ces moments. Parfois ces projets le maintiennent éveillée, l’intime à faire des recherches. Cette passion l’anime et il comprend parfaitement qu’elle puisse animer le galeriste. C’est l’essence même d’une vie. Même s’il aime résolument son travail auprès des enfants en situation de handicap, c’est la photographie, l’expédition qui est le véritable moteur de son existence. Il est une âme bohème et il est fort à parier que s’il parvient à percer, il passera sa vie à arpenter la stratosphère. Il vient à son tour déguster le plat, son palais résolument moins développé du fait de sa pathologique, mais il identifie clairement la qualité du plat. Thiago passe un bon moment et la passion du galeriste pour son travail est très flatteur. Il lui en ait reconnaissant, car il demeure particulièrement digne vis-à-vis des œuvres qu’il réalise. Il s’efforce de leur donner un sens, qu’elles parlent d’elles-mêmes à ceux qui la contemple, mais chacun à sa manière d’interpréter et d’être sensible au regard d’un artiste. Wilfried a beau le complimenter, il sait qu’il est celui qui lui donne véritablement sa chance. En conséquence, il se dévoile autant que sa nature le dispose à le faire. Il révèle certains pans de son existence, sans rentrer dans les détails. Il se dit que le galeriste lui posera des questions s’il désire en savoir plus à son sujet. Son regard est perçant. Il brûle sa chair d’une chaleur agréable qui l’invite à se montrer charmeur et entreprenant. Il ose retourner la question à cet homme qui doit en intimer plus d’un avec ce regard pénétrant qui le captive et éveille ses sens. Contre toute attente, il fait face à une vérité qu’il n’aurait pas envisagé. Ce sentiment de solitude alors qu’on est si entouré. Un sentiment qu’il a bien trop expérimenté dans sa vie lorsque sa relation avec Ethan devenait plus compliquée, mais que l’amour persistait, éclatant comme aux premiers jours, mais résolument plus tortueux. Est-ce l’amour qui lui donne l’illusion de se perdre ou seulement une solitude d’âme qui se trouve à la dérive ? Les deux peut-être. Thiago s’est perdu par amour par le passé, manquant de se laisser mourir et il ne le souhaite à personne. Son regard se fait plus brillant alors qu’il admirer les traits légèrement plus torturés de l’artiste. « Ce n’est pas toujours aisé de savoir qui on est réellement. Parfois ce sont les liens que nous lions avec autrui qui formatent les hommes que nous sommes. Parfois, on en vient à s’oublier sans prendre garde et on suffoque, manquant de lâcher prise. Il n’y a pas de juste milieu. Je ne saurai dire si c’est une bonne ou une mauvaise chose. Les êtres humains sont faits pour se lier aux autres, mais parfois on se cache derrière des masques par crainte de ne pas plaire ou de perdre les êtres autour de nous. Les relations humaines sont de curieux labyrinthes. Surtout l’amour. » Il indique sans prendre conscience du discours qu’il vient de prononcer, laissant sa philosophie débutante s’exprimer. « Je l’ai appris à mes dépens. Il faut juste prendre du recul et se recentrer sur soi-même, se rappeler qui nous sommes. Parfois il suffit d’une nouvelle rencontre, d’une étincelle pour se retrouver réellement, rapprendre à vivre pleinement les choses. » Basilio a été cette étincelle, plus éclatante que toutes les rencontres qu’il a faite durant son round trip. Chaque nouvelle rencontre lui a permis de rapprendre à vivre, se retrouver et c’est la meilleure chose qu’il ait faite de sa vie. « Désolé, parfois je divague. » Il déclare dans une voix qu’il s’efforce de rendre légère alors qu’un rire cristallin s’échappe de ses lippes alors qu’il vient s’abreuver de son verre pour reprendre le fil de ses pensées. Il espère n’avoir pas jeté de froid dans leur échange alors il espère l’alléger.

L’alchimie naturelle, qui s’est créée entre eux, forme un cocoon dans lequel ils sont en sécurité. Thiago se laisse porter par ses sens sans se poser de questions. Il est sensible à l’aura du galeriste qui captive ses sens, tout comme Basilio a su accaparer les siens un an auparavant. Les raisons ne sont pas les mêmes, mais l’effet envoûtant est le même. Il n’a nulle envie d’y résister, d’autant plus lorsque ce regard océan et pénétrant plonge en lui de cette manière et lui arrache des frisons d’anticipation. Il ne peut pas nier le désir qui embrase ses reins. Le fait de savoir cet homme engagé devrait le faire fuir, mais sa solitude l’en empêche. Elle fait écho à la sienne lorsqu’il était avec Ethan et qui a manqué de le tuer s’il n’avait pas trouvé la force nécessaire en lui pour avancer. Wilfried semble tout aussi perdu qu’il a pu l’être et il ne peut rester insensible à cette âme désemparée. Du moins, c’est ce qu’il s’efforce de croire alors que ce sourire charismatique vient accentuer son attirance pour cet homme. Il est magnifique. Le désir primaire qu’il ait ressenti lors des premières minutes de leur rencontre vient de nouveau titiller le creux de ses reins. Il a toujours envie de lui. Peut-être plus que tout à l’heure maintenant qu’il a apprit à le connaitre et qu’il le fixe avec un regard prédateur. Wilfried ne le masque plus. Il le détaille avec attention. Ses prunelles brillent de cette lueur qui ne ment pas. Il aime ce qu’il voit et s’en abreuve sans restriction. Il semble avoir prise une décision. Thiago le perçoit dans sa manière d’agir, de s’exprimer. Le photographe devient d’autant plus sensible à sa proximité avec le galeriste. Ses compliments font rougir ses joues sous l’effet de la gêne. « C’est le plus important. » Il commente dans une voix plus suave qu’il le voudrait. « Ta présence me fait du bien également. » Il avoue à son tour, car il apprécie résolument l’ambiance chaleureuse qu’ils ont créé dans leurs échanges. Le contact de sa menotte sur la sienne, le frôlement de ce pouce contre sa peau chaude provoque des frisons de plaisir qui viennent accentuer les battements de son cœur. Il n’y a rien d’innocent dans ce geste. Il est une révélation de l’intérêt et du désir qu’il embrase à son égard. A-t-il envie de s’en défaire ? Absolument pas. Cela fait longtemps qu’il n’a pas été séduit de cette manière. Cette proposition indécente qui aurait pu être innocente s’il n’y avait pas eu ces regards, ces sous-entendus et ces gestes évocateurs. La passion ou la raison. Le choix est à faire et s’il s’est fermé durant des années à ses désirs charnels, il n’en ait plus rien. Ils sont tous les deux des adultes consentants, conscients de ce qu’ils font. Ils désirent embraser la magie de l’instant et le galeriste met les cartes entre ses mains. Leurs prunelles plongées dans leurs comparses, un feu incandescent prend vie en leur sein. Il n’a pas envie de le restreindre alors délicatement, sa menotte libre vient retrouver celle qui enserre la sienne. Il laisse ses phalanges frôler sa chair galeuse, glisse contre son poignet dans un geste équivoque. « Je suis curieux de découvrir l’antre du galeriste Hoffman. » Il murmure dans une voix qu’il veut rendre malicieuse, mais qui sort comme une proposition insidieuse à cause de la brulure qui s’enlise dans ses veines. D’un commun accord silencieux, ils rompent le contact pour se préparer à quitter le restaurant. Il s’abreuve des dernières gouttes de ce délicieux vins qui embrument ses pensées. Son cœur bat la chamade dans sa poitrine alors que ses prunelles détaillent cet homme magnétique et digne. Est-ce qu’ils vont vraiment aller jusqu’au bout ? Il ne saurait le dire, mais ils ont un besoin d’embraser cette alchimie qu’importe où elle les conduit. C’est une décision qu’ils ont prise. Pas de retour en arrière possible, à part si l’un des deux le désire. Finalement, Wilfried règle leur note et après un dernier échange avec l’hôte des lieux, Wilfried l’invite à se relever. Ce qu’il fait et il retrouve rapidement la fraicheur de la soirée qui vient lui apporter un second souffle et canaliser légèrement ses ardeurs. Un sourire ourle ses lippes. Cela fait bien longtemps qu’il ne s’est pas senti si fiévreux de s’embraser au contact d’une autre âme. Du coin de l’œil, il peut entrevoir le galeriste enflammer une cigarette qu’il glisse entre ses lippes. Il sent que cet homme est plus torturé par son choix qu’il veut le montrer. Thiago prend le parti de jouer les diables, d’user de ses charmes pour l’éloigner de ses sombres pensées, lui donner la possibilité d’être qui il est réellement.  En conséquence, il inspire profondément pour se donner du courage d’agir et de faire le premier pas. Dans un mouvement lent, mais sensuel, sa menotte vient remonter le poignet et la menotte du galeriste pour lui subtiliser sa cigarette qui pointe entre ses lèvres. Il l’éloigne de ces lèvres qu’il vient effleurer des siennes avec ce regard plein de douceur et de défi. « Essaye d’arrêter de réfléchir et laisse-moi découvrir celui que tu es réellement, Wilfried. Ce qui se passera ce soir… ce sera la bulle qui t’empêchera de sombrer définitivement. » Son murmure meurt sur ses lèvres alors que son myocarde s’emballe. La caresse est hésitante, car il fait rarement le premier pas alors qu’il s’éloigne dans un sourire bienveillant pour glisser cette cigarette entre ses lippes pour en savourer les bienfaits dont il a appris à se passer. Un gout de pas assez s’ancre en lui, mais il ne pousse pas la provocation plus loin. La suite est entre les mains du galeriste s’il désire poursuivre réellement cette nuit.  

La réponse du galeriste est muette. Elle se fait connaitre par une intensité plus conséquente de son regard sur lui. Wilfried récupère sa cigarette sans un mot avec un petit sourire en coin qui lui laisse entrevoir que son partenaire est plus détendu. Il mène la danse en l’invitant à le suivre, le pas plus léger que quelques secondes auparavant tandis que leurs phalanges se frôlent dans des mouvements aériens appliqués avec la seule volonté de jouer avec les sens de l’autre. Thiago se laisse conduire, accepte ce silence qui est de mise et qui lui permet de réfléchir. Est-ce qu’il regrette ce qui est en train de se passer ? Absolument pas. Dès l’instant où son regard s’est posé sur cet homme, il a eu envie de lui et cette ambition n’a fait que s’accentuer au fil des minutes passer en sa compagnie. Il omet sciemment certains détails pour ne pas repousser chemin, laisser sa bonne conscience lui dicter sa conduite. Il lui semble difficile de laisser sa raison prendre le contrôle alors qu’il sent au fond de ses tripes que cet homme a besoin de revivre, de laisser une étincelle l’embraser comme il a pu l’expérimenter aux côtés de son brésilien. Cet homme qui lui a redonner un souffle, qui l’a sorti d’une léthargie dans laquelle il s’était enlisé. Puis-je être la sienne ? Ce serait un honneur. Il ne se permettrait jamais de juger cet homme. Il lutte depuis si longtemps, s’est laissé dévoré et son âme ne demande qu’à se révéler de nouveau. S’il peut l’aider à se retrouver, comment pourrait-il refuser de lui tendre une main alors qu’il se sent désireux de découvrir cette âme camouflée sous ce regard torturé ? Il n’en a absolument pas la force. En conséquence, il n’hésite pas à monter dans la berline allemande où il vient prendre place côté passager. Loin des regards, l’ambiance de la voiture se charge en phéromones. Son cœur s’emballe face à l’ambition qui s’immisce dans ses veines, accentuée par l’anticipation d’une action qui tarde à venir. Est-ce qu’il hésite ? Il se pose la question quelques secondes avant de sentir la main chaude et graveleuse de l’Allemand se nicher sa nuque pour le rapprocher. L’action est autoritaire et douce à la fois. Elle lui arrache un frison de plaisir qui s’accroit à l’instant où cette bouche s’empare de la sienne. Les yeux clos, il savoure ce baiser exigeant et avide qui lui donne envie de plus. Il répond naturellement à son baiser, lui faisant comprendre que la même ambition grandit en son sein. Son souffle est court lorsqu’il sent le visage de Wilfried s’éloigner du sien. Il s’agit d’un avant-goût de ce qui va suivre et l’alchimie s’intensifie comme s’ils étaient fais pour prendre cette voie. Son myocarde bat la chamade dans sa cage thoracique lorsque les prunelles azurs de son partenaire se plonge dans les siennes. Le contact de ces menottes chaudes autour de son visage à la fois ferme et révérencieux est plaisant. Leurs regards brillent de cette exaltation qui ne demande qu’à être savourée. « Moi aussi, Wilfried. » Il répond en écho à sa déclaration pour lui comprendre que l’attirance n’est résolument pas à sens unique. Il y a quelque chose chez cet homme qui l’attire comme un aimant, un sentiment de confiance qui lui permet de lui donner ce qu’il n’a plus donné à un autre homme depuis Ethan : son corps. Il éveille en lui ce désir primitif qu’il ne cherche pas à contenir. Le seconde baiser à la même saveur que le premier, mais plus bref, juste ce qu’il faut pour les mettre en haleine alors que l’Allemand démarre sa berline. Thiago se mordille la lèvre dans un sourire amusé alors qu’il se laisse tomber sur le siège et laisse son regard se perdre à l’horizon tout en regardant son partenaire du coin de l’œil. Les rues de Los Angeles demeurent animées en cette heure avancée et rapidement la côte vient supplée aux grandes allées de la ville. Il se permet d’ouvrir la fenêtre pour profiter de l’air marin, se disant qu’il devrait penser à aller faire du surf un de ces quatre avec ses collègues. Il n’est pas surpris lorsqu’ils atteignent le quartier de Wilfried. Il gagne assurément bien sa vie pour se permettre un tel train de vie et l’exubérance de toute cette richesse ne l’émeut absolument pas. Il n’a que faire de ces éléments matériels. La demeure du galeriste peut être aussi grande que celles qui défilent sous son regard, il n’y a qu’une chose qui l’intéresse : l’essence qu’elle dégage. Est-ce qu’il s’agit d’une maison d’apparat où celle où il y a mit à nue toute son âme ? Lorsqu’ils arrivent à bon port, un sourire ourle ses lippes en réponse à celui de son hôte. Il s’extirpe du véhicule et l’accompagne au cœur de la maison où tout est démesure. Sans doute que son hôte possède une pièce à lui, bien éloignée de toute cette extravagance où il peut se retrouver loin des regards indiscrets. Sa menotte ancrée dans la sienne, il se laisse mener au travers de ces pièces exubérantes, presque sans vie, si ces œuvres n’ornaient pas ces pans de murs. Il est interrompu dans sa découverte par la pression de ce corps contre le sien. Il l’arrache à ses réflexions pour obtenir toute son attention. Sa peau s’embrase de nouveau et ses phalanges viennent à son tour prendre appui sur ses biceps dont les menottes se balades sur ses formes au même titre que ces lippes sur son visage. L’effet grisant est immédiat. Ses sens s’éveillent alors que sa respiration se fait plus lourde. « Je n’en ai pas envie. » Il répond dans un sourire qui se fait complice alors qu’il glisse à son tour sa menotte dans sa nuque pour le tendre vers lui. Il l’embrase à son tour dans un geste lent et sensuel. Sa langue titille malicieusement ses lèvres pour quémander une ouverture qui ne tarde pas à se faire pour un baiser plus intime. Sa main se perd dans la fine chevelure de l’Allemand alors que sa main libre s’égare sur le tissu de sa chemise. Il savoure la pression de ce buste ferme au travers du tissu et qui l’attire inexorablement. Son bassin collé au sien, il rend ce baiser plus érotique en venant déboutonner quelques boutons de cette chemise pour frôler les quelques poils qui s’en dégage et qui lui confère un magnétisme que plus conséquent. « J’ai eu envie de toi dès que je t’ai vu dans ton bureau. » Il lui avoue dans une voix chaude alors qu’une rougeur vient colorer ces joues. « Je me suis demandé quelle sensation tu m’arracherais si je passais sous ton corps. Ce qui ne s’était pas produit depuis bien des années. » Il confesse en venant doucement frôler la mâchoire du galeriste. « Il y a quelque chose en toi qui m’attire comme un aimant et je n’ai absolument pas envie d’y résister. Alors ne t’inquiète pas. On est clairement deux à vouloir la même chose. » Il souffle contre sa mâchoire qu’il vient gouter de ses lèvres timides. Il demeure timide dans ses actions, mais c’est pour offrir une porte de sortie à cet homme s’il le désire même s’il le désire ardemment comme le prouve la chaleur qui envahit ses sens. Il est prêt à découvrir l’homme qui sommeille en Wilfried et ne demande qu’à s’éveiller.

Cet ordre sonne érotiquement à ses oreilles. Il lui arrache un frison d’anticipation alors que son corps brûle encore du contact du galeriste contre son épiderme. La passion dévorante de cet homme l’a pris de court, mais a envouté ses sens sans qu’il ne puisse l’anticiper. Le magnétisme qu’il dégage à cet instant alors qu’ils ont retrouvé la salle de bain de la chambre principale est conséquent. Son myocarde bat promptement dans sa poitrine alors qu’il sent le regard de l’Allemand sur lui. Il brûle même sa chair, car l’obscurité de la pièce, simplement éclairée par le halo lunaire diffusé par le puits de lumière, renforce l’éclat de ses rétines. Cela lui confère un érotisme renforcé par l’éclat de son sourire qui affaiblit le photographe. Une rougeur vient naturellement colorer ses joues sous une poussée de pudeur qu’il ne peut contenir. Sa respiration est lourde sous l’effet encore présent des précédentes caresses de son partenaire. Il ne s’attendait pas à cette explosion de désir, mais il en a apprécié chaque seconde. Sa rudesse était érotique et différence de celle qu’il avait pu ressentir dans les bras d’Ethan. Il n’ose tourner son visage vers la glace du miroir présent dans cette luxueuse salle de bain. Il imagine sans trop de difficulté l’apparence débraillée et dépravée qu’il renvoie. Son pantalon à la courbe de ses fesses, sa virilité s’extirpant des pans de ce dernier, car il n’a pas eu la pensée sensée de se rhabiller sous l’ivresse de l’instant. Il se sent résolument désorienté dans cet univers de luxe qui n’est pas le sien. Pourtant, il se laisse guider par l’ordre du galeriste et se défait de ses dernières affaires qui atterrissent sur le sol, rejoint par ses baskets et chaussettes. Ses gestes sont fébriles, incertains, car il ne peut s’empêcher d’être troublé par le poids de ce regard sur lui qui l’enflamme. Il l’excite cruellement, à se tenir là aussi stoïque qu’une statue, entièrement habillée, mais savourant pleinement la vue qu’il lui offre. Cette réalité lui insuffle une confiance à laquelle il n’aurait pas cru. Pourtant son pas est assuré lorsqu’il vient retrouver la silhouette du galeriste pour glisser sa main dans sa nuque pour l’inviter à un baiser. Il s’empare de ses lèvres avec sensualité tandis qu’il s’applique à lui défaire les boutons de sa chemise. La timidité n’est plus de mise désormais qu’il est dans son plus simple appareil. Le baiser gagne en sensualité alors qu’il vient glisser ses phalanges sur son buste fin, mais cisaillé par des muscles agréables au toucher. Encore mieux qu’au travers du tissu. La chaleur de sa chair vient vibrer sous la texture de ses menottes qui s’approprie cet homme. Un homme qui ne lui appartient pas, si ce n’est ce soir. Une nécessité pour le galeriste et qui lui convient. Il ne se pose pas de question. « Je veux te voir également. » Il souffle entre deux baisers alors qu’il lui retire la ceinture de son pantalon dans un geste lent pour ouvrir ses pans et le glisser sur ses hanches. Ses gestes sont voluptueux alors qu’ils s’embrassent avec de plus en plus d’empressement. Sa virilité est ferme contre la cuisse de son partenaire. Le frottement opéré sur cette chair sensible lui arrache des gémissements qu’il ne contient pas. Une de ses menottes vient s’immiscer à son tour dans la prison de ce boxer pour découvrir l’excitation de l’Allemand du bout de ses doigts. Il l’enroule de sa chaleur pour lui apporter quelques caresses qui sauront atténuer un besoin primitif d’être touché. Il le caresse lentement, sans précipitation alors qu’il vient glisser le tissu contre sa hanche pour qu’il rejoigne son pantalon à leurs pieds. Simplement vêtu de sa chemise, il n’a pas le luxe d’admirer la vision de son corps tout aussi dénudé que le sien. Il sent juste l’excitation s’accentuer lorsqu’il vient coller son bassin contre le sien et que leurs virilités se frôlent, empreintes de ce désir qu’elles ne masquent plus. Il a envie de lui, n’est ce pas évident alors que ses phalanges glissent sur l’arrière de ses cuisses et ses fesses ? L’autre vient se perdre sur sa clavicule et sa nuque pour rendre le baiser plus gourmand avant de rejoindre sa mâchoire, sa nuque dans des baisers humides. Il s’efforce d’enflammer son corps tout comme il enflamme le sien. Il laisse la pudeur derrière lui pour juste profiter de l’instant présent. Il se soumettra aux désirs du galeriste. « Je veux te faire du bien. » Il murmure contre son oreille qu’il mordille pour lui dévoiler son acceptation et sa soumission dans leur joute charnelle.

A la suite de ces confidences, le sommeil les assaille pour leur permettre de savourer quelques heures d’un repos nécessaires et mérités. Une petite graine d’espoir est semée dans l’âme du galeriste qu’il sent plus détendu même au réveil. Il semble se réveiller d’un sommeil qui a duré trop longtemps et Thiago est satisfait d’avoir pu le guider dans cette voie. Lorsque leurs routes se séparent après cette rencontre singulière, ils s’offrent des sourires sincères avant de reprendre leur chemin. Les semaines qui s’ensuivent les amènent à se croiser et travailler ensemble. Leur complicité n’a pas été entachée par leur nuit commune. Ils en plaisantent secrètement par des taquineries qui arrachent le sourire à l’autre. Des petites piques qui rappellent qu’ils ont franchis cette limite sans attendre quoi que ce soit de l’autre et cela est plaisant. En quelques semaines, Thiago découvre un nouvel homme en la personne de Wilfried. Il est moins taciturne. Son sourire se fait plus sincère et il semble s’efforcer d’aller de l’avant. De leur côté, le projet avance. Les détails sont réfléchis et définis en concertation. Thiago accorde énormément de crédit à l’avis de Kate et de Wilfried. Kate demeure professionnelle avec lui, mais il sent qu’elle désapprouve cette liaison que le galeriste et l’artiste ont eu. Il ne peut pas lui en vouloir. Il ne connait rien de l’homme qui partage la vie du galeriste. Il connait seulement ce prénom qui est revenu à plusieurs reprises sur les lèvres de Kate lorsque dans un ton bas, elle venait murmure à l’oreille de son ami : « Tu ne vas pouvoir continuellement ignorer les appels de Ruben, tu le sais ! » Thiago mentirait si la fidélité de l’assistante du galeriste ne le touchait pas et venait titiller une once de culpabilité au sein de sa poitrine. Thiago s’est juste laissé porté par la sensation de solitude dégagée par le galeriste et il ne le regrette pas. Pas quand il le voit plus ouvert et souriant. Le sourire qu’il offre à son entourage est plus franc, moins teintée de cette douleur qui doit demeurer dans sa poitrine. A-t-il pris une décision concernant sa relation avec ce fameux Ruben ? Il n’ose pas poser la question, car elle sera inappropriée. Thiago se contente d’être à sa place et de vivre pleinement l’expérience de ce projet incroyable pour sa carrière. Il reste en retrait de l’intrigue du galeriste tout en lui offrant une porte ouverte s’il désire en échanger de vive voix, mais il semble tout aussi introverti que lui, ce qui ne leur laisse aucune possibilité d’aborder de tels sujets qui dépassent le cadre professionnel. Les semaines défilent rapidement et le jour du vernissage arrive promptement. L’excitation est à son comble. Son cœur bat la chamade alors qu’ils peaufinent les détails de l’installation. Il est entre de bonnes mains et offre des sourires sincères au galeriste qui ne cesse de lui rappeler qu’il a qu’un mot à dire pour tout changer si besoin. De nouveau ces touchers qui le font frissonner et ravivent des souvenirs de leur nuit commune. Il les accepte de bonne grâce en n’hésite pas à établir le contact par la pression d’une main contre son épaule ou dans son dos alors qu’ils se croisent dans le dédalles de la galerie Hoffman. Lorsque l’installation est finalisée, il peut aisément tronquer ces vêtements coutumiers pour une tenue plus distinguée pour le vernissage. Il tronque son jean et son T-shirt pour un pantalon bleu marine et une chemise blanche. Les invités arrivent à l’heure convenue et Thiago admire le résultat de ces longs mois de travail. Il les observe découvrir ses œuvres. Il est parfois sollicité par les convives pour recevoir des éloges et des critiques constructives qu’il accepte de bonne grâce. Son sourire se fait toujours avenant et ouvert, car c’est dans sa nature. Il répond obligeamment aux questions qui lui sont faites. Il bafouille parfois, car il n’est pas habitué à expliquer son art qui lui vient intuitivement. Il n’a pas la technique des plus grands photographes et il ne désire pas en devenir un. Il aspire juste à ce que sa vision de la vie interpelle son public et qu’ils soient touché à leur manière par ce que ses clichés dégagent. Il sourit lorsqu’il voit le maitre des lieux se rapprocher de lui pour lui demander ses ressentis à vif. « Enormément. C’est la concrétisation de tant d’années de travail. Je suis heureux d’avoir pu le faire avec vous. » Il lâche dans un sourire sincère en venant glisser sa menotte dans son dos. Il savoure la sensation d’intimité que ce geste apporte à cet instant. Il rit tendrement à son propos. « Tu es mon premier fan. » Il le taquine avec malice, un sourire un coin. « Je suis très heureux que mon travail plaise. » Il déclare simplement avant de conclure : « Merci à vous. Sans votre soutien, je n’aurai pas réussi à avoir une exposition qui me correspondent. Je compte bien revenir vers toi quand j’aurai de nouveau assez de matière pour envisager une autre exposition. » Il lui indique dans un clin d’œil en venant lui donner un coup d’épaule. Il laisse cette complicité naturelle s’exprimer. Leur rencontre a été une véritable bouffée d’oxygène pour eux deux. Aujourd’hui, ils se sentent plus forts pour aller de l’avant. Que demander de plus ?