Tu sais, les regrets s’faufilent comme des cheveux blancs ((Yunsun))

Cette nuit-là, elle n’avait pas eu envie de boire toute seule. Qui aime le faire de toute façon ? C’est d’un ennui insurmontable de toujours finir son verre dans le silence de sa maison. C’est peut-être pour cela qu’elle n’aimait pas non plus être isolée dans son lit. Il fallait qu’elle s’occupe toujours l’esprit. Car dès qu’elle pensait, elle sombrait un peu trop dans une litanie de questions auxquelles elle n’aurait jamais de réponses. Pourquoi sa mère l’avait-elle abandonné à son père ? Pourquoi ne pas l’avoir gardé avec elle ? Pourquoi avoir brisé le cœur de son père ? Pourquoi ? Et tout ce qui était autour de cette question. A tout jamais, elle n’aura aucune réponse. Car pour pouvoir répondre, il faut savoir. Et son passé est aussi flou que son esprit après cinq shoots de tequila et deux verres de whisky.

La barman la regarde du coin de l’œil, alors que doucement, Chinsun s’effondre sur le bar. Enfin de compte, elle est toujours aussi seule. Même entourée de gens. Dans deux jours, si un paparazzi traîne dans le coin, elle retrouvera sa tronche de soirée en première page. « Chinsun Goo retrouvait fortement alcoolisé dans le Night Club branché ?! » Avec des témoignages bidon. « Elle me regardait comme si j’étais un morceau de viande. » « Je ne l’avais pas reconnu au début, mais maintenant que vous le dites, oui c’est elle ! » « Elle a failli partir sans payer. » Elle en avait l’habitude. Se redressant après avoir un dernier coup de lucidité, elle attrapa son téléphone. Quelle bêtise sérieusement. Qu’est-ce qu’elle comptait faire ? Et dire qu’elle avait toujours le numéro de son ex-fiancée. Il était toujours dans ses favoris. Mais qu’est-ce qu’elle allait bien pouvoir y faire ? L’appeler ? Lui dire à quel point être regrette ? Débile. Débile, tu l’es Chinsun. Tu es idiote, complètement défoncée, terriblement seule. La pire combinaison du monde.

Pourtant, ce n’est pas elle qu’elle appelle. Bien sûr que non. Elle a encore les pieds sur terre. Enfin… Juste assez pour cliquer sur la belle gueule de la PDG. Yunhee Choi, et son visage de glace qui ferait pourtant fondre tout le monde avec un sourire. Elle aussi, c’était complètement débile de l’appeler. Mais elle était débile, esseulée, dépourvue de la moindre pensée rationnelle. La sonnerie résonna un petit moment dans son oreille, alors que l’écrivaine portait son dernier verre à ses lèvres. La musique assourdissante en fond lui vrillait les tempes. Et tous ses corps qui se déhanchent n’arrivent même pas à attirer ses yeux. Elle est elle-même lorsqu’elle quitte son corps. Aller savoir pourquoi… Soudain, quelqu’un décroche. Un sourire s’étira sur les lèvres de Chin, et sa voix, un peu lointaine et embrouillée, devança tout commentaire.

« Tu sais que c’est-c’est pas drôle de boire toute seule ! Rejoins-moi Yuuu… ! »

A peine eu-t-elle prononcer cela que ses muscles, dans un soubresaut, la lâchèrent. Elle tomba de son tabouret, inquiétant soudainement l’un des serveurs qui se précipita pour l’aider à se relever. Il comprit la situation plus rapidement que n’importe qui. Après tout, il travaillait ici. Et il en avait vu, des femmes à l’agonie, se noyant dans leur propre désespoir. Pourtant, même si les yeux de celle-là avaient l’air sur le point de mourir, elle souriait bêtement. Alors qu’il la callait contre le bar de nouveau, il récupéra le téléphone. Par instant, il lui dit qui il était, où il était, et si la personne à l’autre bout pouvait venir la récupérer. Parce qu’elle ne tenait plus debout. Et que, malgré la luminosité tressautant, ce visage lui disait quelque chose.

La main dans ses cheveux, ses yeux étaient rivés sur ses papiers, les triant encore et encore. La fatigue se ressentait. Quelle heure était-il déjà ? Elle ne savait même plus. Perdre le fil du temps ne lui réussissait pas. Manque de sommeil, elle n'avait pas dormi depuis plus de deux nuits. Travailler, encore et toujours, c'était tout ce qu'elle savait faire. Alors, quand elle en eut la possibilité, elle se dégourdit les jambes, soufflant un peu en regardant par delà la vitre. Des illuminations tardives, une lumière tamisée dans son bureau, on aurait dit l'une de ces scènes de vieux films mal filmées. Ses cheveux noirs étaient rabattus devant ses épaules, laissant alors pleinement visible son dos, dévoilé sous un décolté en dentelle profond. Et encore une fois, elle s'affala sur son bureau en bois, lâchant un soupire de désespoir. Ses yeux se figèrent un peu sur l'une de ces revendications et post à succès. Elle était encore tombée sur ces rumeurs qui se diffusaient vite. Autrement, elle devait encore archiver de vieux dossiers, avant de pouvoir rentrer chez elle. Si seulement elle y parvenait.

La solitude la prenait déjà, elle en avait l'habitude. Elle n'était au final jamais pressée de rentrer. Pas un bruit ne régnait dans sa grande villa, et, ce grand lit lui semblait toujours trop vide. De toute manière, avec les doses qu'elle prenait en ce moment, elle ne s'en rendait plus compte. Les papiers dans les mains, elle décida de tout trier et ranger, avant de se couper un doigt. Encore un. Plus les heures passaient, et plus le bâtiments se vidait. Et c'était dans cette ambiance de calme pesant que son téléphone sonna. Un numéro connu, un nom qui la fit légèrement s'immobiliser. Chinsun Goo. Répondre n'était sans doute pas la meilleure des choses à faire, mais, elle ne put résister à la tentation. Un son fort lui parvint à l'oreille, tellement bruyant, qu'elle en eut un léger mouvement de recul. Elle ne comprenait pas vraiment ce qu'il se tramait, mais, à entendre les sons qui se dégageaient de son téléphone, le lieux où se trouvait la blonde devait sans doute être bien animé.

"Chinsun ? Qu'est-ce qu'il y a pour que tu m'appelles si tard et que tu me déranges en pleins travail ?" lui demanda-t-elle d'un ton un peu blasé et énervé.

Mais elle comprit assez rapidement qu'il était inutile de dialoguer avec elle. Tout simplement parce qu'elle lui semblait terriblement saoule. Une chute à l'oreille, elle soupira, se demandant ce qu'elle avait mérité pour tomber sur un cas pareil. Décidément, on l'appelait toujours au mauvais moment, ou peut-être était-ce finalement ceux où elle en avait le plus besoin ? Dans tous les cas, une voix masculine pris le relais, et, d'une âme charitable, elle nota toutes les informations qu'il lui dictait. Aller chercher la blonde. Elle n'avait plus vraiment le choix. Son visage se décomposa un peu après cet appel. Inquiète ? Légèrement. Elle avait beau jouer les personnes insensibles et froides par ce masque de verre, elle devenait vulnérable à ce genre de choses.  Alors, se dépêchant de quitter son bureau, elle arriva rapidement devant son chauffeur, lui donnant le papier afin qu'il ne la guide au lieu désiré. Et ce fut à peine en quelques minutes que ce dernier parvint à l'y emmener.

Tout était animé, un peu trop à son goût. Alors, se rhabillant légèrement, elle se mit à entrer dans le bâtiment, le son lui tapant déjà sur les nerfs. Pourquoi avait elle accepté ? Sans doute qu'au fond d'elle, elle appréciait déjà la Goo, quoi qu'elle ne puisse le dire. Elle ne voulait pas non plus la laisser boire seule. Ou plutôt la laisser dans cet endroit. Elle n'en savait trop rien au final. S'avançant rapidement au niveau du bar, elle s'approcha doucement d'elle, avant de poser une main sur son épaule, comme pour lui faire part de sa présence. Ses doigts firent une légère pression sur cette dernière, essayant de se montrer un peu rassurante  tout de même. Elle dénotait ici, avec sa tenue élégante, ses talons hauts et ses longs cheveux noirs. Cela se voyait qu'elle n'était pas ici pour faire la fête. Qu'elle était venue chercher pas les pincettes une personne. Remerciant alors le serveur d'un léger sourire délicat, elle tenta de secouer un peu le plus vieille, comme pour lui demander un signe de vie.

"Chinsun...Hé...Vient. Je te ramène." lui dit-elle doucement, d'une voix assez gentille, voyant bien son état complètement euphorique.

Sa tête se pencha un peu, essayant d’apercevoir son visage. Elle ne savait pas trop ce qu'elle avait bu, mais au vu de l'état avancé de son verre, elle préféra le pousser un peu, pour éviter qu'elle ne boive une gorgée de plus. Pas besoin de ça alors qu'elle ne tenait déjà plus debout. La regardant avec son regard sérieux et froid, elle tenta de la soulever, comme elle put. Elle aurait très bien pu demander à son chauffeur, mais au final, elle avait préféré s'en occuper elle-même. La noiraude ne savait pas quoi penser d'elle. Peut-être que finalement, elle pouvait la voir autrement que comme celle qu'elle avait aperçu. Celle qui, derrière son caractère fort et son assurance, n'était au final qu'humaine. Une vie de problèmes. Et elle se retrouvait là, à voir si elle allait se montrer résistante ou non. Quitter cet endroit lui plaisait plutôt bien comme idée. Trop de monde, trop de corps collés les uns aux autres, trop de bruit. Elle ne se sentait pas rassurée après tout. La coréenne était assez irritable avec toute sa fatigue et son caractère habituel. Alors, il ne fallait pas trop que Chinsun ne la cherche, si elle ne voulait pas qu'elle ne se mette à la tirer de force dehors. Son bras vint alors doucement se glisser autour de sa taille pour la relever de son tabouret. Pour la ramener où ? Elle ne savait pas. Mais dans tous les cas, hors d'ici.

Une légère secousse et c’était tout l’esprit de la blonde qui partait en cacahuète. Là, à côté d’elle, il y avait Yunhee, dans sa tenue la plus sexy qu’elle est jamais vu – ou était-ce tout simplement son costume de travail ? – qui tentait de la lever pour s’en aller. Elle lui parla, mais tout ce que pu voir Chinsun fut son maquillage qui ne dépassait pas. Elle observa ses cheveux noirs qui brillaient de toutes les couleurs. Elle se perdit sur sa peau pâle. Elle en oublia alors qu’elle n’avait pas payé. Mais qui pourrait vraiment lui en vouloir ? Chinsun perdait l’esprit, elle tanguait, elle divaguait. Elle avait envie de coller ses lèvres aux siennes, se frotter son corps au sien, d’aller danser avec elle. Et d’ailleurs, alors que ses jambes se tinrent droite et que leurs êtres furent rapprochés, elle se mit à rire, entraînant alors Yu à l’inverse de là où elle se dirigeait. Certes, elle n’avait pas la tenue pour, mais qui en avait quelque chose à foutre ?

« Viens danser plutôt ! Aller Yu, viens danser avec moi ! »

La blonde ne tenait pas droit, mais elle réussit tout à même à entraîner l’autre jeune femme avec elle sur le dancefloor, malgré ses réticences. Avec un immense sourire, elle se colla à elle, baladant ses mains sur ses hanches, alors qu’elle remuait elle-même des siennes. Avec sensualité, elle se déhanchait. Leurs vêtements n’avaient rien à voir. Tandis que l’une portait un tailleur de travail étriqué, l’autre n’avait qu’un pantalon noir et une brassière tout aussi noire, ses talons lui rajoutant des centimètres perdus. Chinsun n’était pas celle qui dénotait cette fois. Mais c’était bien l’inverse. Les yeux encore brillants de l’alcool qu’elle avait en elle, il ne fallait pourtant pas si méprendre. Elle n’était pas aussi faible que ses jeunes complètements saouls après trois shoots de vodka et une bière. Elle, elle pouvait tenir une soirée entière en état d’ébriété, et toujours garder la netteté de son trait d’eye-liner. Une vraie femme savait toujours comment mettre en avant son meilleur profil, même en période de crise.

Continuant de danser contre elle, Chinsun posa alors sa tête sur son épaule, effleurant de ses lèvres son cou. Elle était en train de fondre pour la PDG et elle le savait totalement. Le seul truc, c’est qu’elle ne savait jamais si elle allait recommencer à tomber pour quelqu’un. A chaque qu’elle croit que c’est la bonne, son cœur se retrouve au fond d’une bouteille de liqueur. Mais là, elle avait juste envie de lui faire comprendre que son monde à elle était comme ça. Qu’il n’était pas derrière une pile de document, un regard froid et des réunions à n’en plus finir. Le sien, il flirtait avec les célébrités et les petites gens. Il était divers, ouvert, chaud. Loin d’un bureau austère récemment re-décoré. Embrassant alors sa peau de porcelaine, elle laissa une douce trace de son maquillage sur elle, avant de se redresser, la regardant dans les yeux. Si les paparazzis se pressaient pour trouver un ragot, il y en avait un énorme ici. Mais elle ne voulait pas y penser. Sans lâcher son regard, elle allait déposer ses lèvres contre les siennes. Personne ne les regardait. Qu’est-ce qu’elles avaient à perdre ? A part un cœur si tout cela tournait mal. Et tout pouvait mal tourner.

Avec une tendresse que peu lui connaissait, Chinsun commença à mouvoir ses lèvres contre les siennes. Ses mains remontèrent de ses hanches vers ses côtés, la caressant avec la même sensualité. Elle devait puer l’alcool. Mais le goût du poison est toujours le plus délicieux. Elle pouvait sentir sa poitrine contre la sienne. Elle pouvait sentir chacun de ses tressautements. Comme si tous ses sens étaient en éveil. Comme si plus rien ne pouvait lui échappait. Dans un dernier mouvement de bouche, elle alla lui mordiller la lèvre avant de la relâcher. Les yeux embués de son envie trop prenante de l’amour, Chinsun lui sourit encore une fois. Elle semblait loin, dans un autre univers. Mais tout aussi présente. Complètement folle. Complètement cassée. Complètement elle. Puis elle se remit à danser, s’amusant à retirer les premiers boutons de la chemise de Yunhee.

« Reste avec moi ce soir… J’ai besoin de compagnie… » chuchota-t-elle doucement, glissant ses lèvres à son oreille.

Pour faire tout et n’importe quoi. Ou juste pour ne pas être seule. Pour être heureuse. Pour ne pas se réveiller dans un lit froid. Chinsun en avait marre de briser tout ce qu’elle touchait. Même si elle n’y pouvait rien et que cela était dans sa nature. Yunhee semblait imperméable à tout. Elle avait déjà succombé certes, mais pouvait dire qu’elle le ferait encore ? Elle était plus forte que les beaux yeux de la Goo, qui pourtant, ne la lâchaient pas. Se mordillant la lèvre, elle la supplia silencieusement du regard. Elle voulait encore danser, elle voulait encore l’avoir contre elle, elle voulait encore faire tout pleins de choses avec elle. Des choses intéressantes ou non. Tout. Ou rien. Mais si elle pouvait juste l’embrasser jusqu’à en mourir, elle le fera. Elle s’abandonnera à chacun de ses désirs. Pour une fois qu’elle avait la simple pensée de se soumettre. Se soumettre à son cœur. Ce qu’elle n’avait jamais osé faire.

"J-Je ne pense pas qu'on devrait - " tenta-t-elle de la prévenir avant de se sentir impuissante face

Essayant de ne pas se casser la figure, elle se fit entraîner par la blonde, dans la direction opposée à la sortie. Elle ne voulait pas la sortir de force. C'était peut-être ce qu'elle avait pensé, mais il était compliqué de savoir vraiment combien avait-elle réellement bu. La laissant faire en bougonnant un peu, elle lui accorderait alors au moins une danse si c'était ce qu'elle voulait. Danser, ce n'était pas son truc. Alors elle ne pouvait faire que la suivre, tandis que ses mains se posèrent tout doucement sur sa taille, timidement même. Un parfum entraînant, elle se pris un peu au jeu, déstabilisée par sa tenue absolument pas adaptée. Ses jambes bougeaient de petits mouvements ambiguës, essayant de ne pas faire raté ce petit moment de complicité légère. Elle aurait bien aimé la raccompagner. Elle qui ne dormait jamais, n'avait pas envie de passer la nuit dans un endroit puant la jeunesse et l'alcool. Cependant, la blonde avait ce petit air nostalgique, ce regard qu'elle n'affichait pratiquement jamais. Elle en était faible. Beaucoup trop, comme si elle succombait toujours un peu plus malgré ce masque de verre qu'elle s'imposait.

Et ses douces lèvres se déposèrent sur son cou, la faisant frémir d'avance. Tout était toujours aussi doux avec cette femme insupportable. Le fait qu'elle ne soit qu'un peu plus contre elle sans doute augmentait cette envie de la garder dans ses bras. Penchant légèrement le visage, elle se laissa faire, appréciant secrètement ces contacts. Son corps se collait au sien, l'effleurant de ses bras. Les regards, elle s'en fichait complètement. Elle pouvait tout démonter en quelques minutes, et elle en assumerait les conséquences. Ce n'était pas ça le problème. Non, là, pour le moment, il s'agissait de Chinsun. Elle devenait peu à peu le centre de tous ses intérêts. C'était peut-être aussi pour cela qu'elle avait accouru pour venir ici, qu'elle n'avait pas hésité une seconde à ramener ses fesses dans cette salle sombre. Et tout en douceur, leurs lèvres se joignirent, comme d'un hasard contrôlé. Une odeur d'alcool, une amertume effleurant sa peau, elle aimait sans doute beaucoup trop ça, beaucoup trop. Elles étaient à leurs place ces lèvres, enfin liées, se caressant et dansant doucement les unes contre les autres. La noiraude ne s'en lasserait sans doute jamais, de ses touchers sur son corps. Elle pouvait s'y abandonner complètement, même si elle tentait de garder un peu de dignité à chaque fois.

Aux mots de la plus vieille, elle lui releva un peu le visage, penchant la tête. Un pincement au cœur, une sorte de détresse dans sa voix. Comment pouvait-elle refuser sans passer pour une femme sans cœur, ce qu'elle était sans doute. Ses doigts se faufilèrent doucement dans ses cheveux, comme pour la rassurer. Elle n'était pas très douée pour montrer son affection, ni même pour recourir à des mots niais et dénués de sens à ses yeux. La soirée, à partir du moment où la blonde l'avait appelée, elle avait tout prévu dans sa tête. Sauf peut-être cette petite danse improvisée. Mais si c'était vraiment ce qu'elle voulait, danser avec elle, elle lui en offrirait en rentrant. Elle serait tout à elle. Toute entière, corps et âme. Mais pour le moment, il ne fallait que sortir de cet endroit, sans trop se faire remarquer. Elle remarqua à peine que son chemisier était en train de mettre le vent sous les mains de celle qui lui torturait l'esprit. Elle avait le don de la faire flancher si rapidement même si elle ne s'en apercevait sans doute pas. Venant doucement effleurer sa joue de ses lèvres, elle passa son bras autour de sa taille, l'attirant au plus près d'elle pour bien se faire entendre de sa cible.

"On va rentrer hmm ? Je t'accompagne chez toi, et je reste avec toi ce soir. Tu auras l'occasion de danser avec moi si tu en as toujours envie." murmura-t-elle comme pour l'en convaincre.

La tirant alors avec elle, elle déposa rapidement un billet sur le bar avant de l'emmener dehors, sans la lâcher, l'enrobant le plus possible sous son bras. Elle la soutenait du mieux qu'elle pouvait, la sentant bien tanguer de droite à gauche. C'était assez étonnant finalement. Elle n'avait pas l'habitude d'avoir développé des liens avec quelqu'un jusqu'au point de la raccompagner chez elle. D'ailleurs, elle ne connaissait pas son adresse. Tant pis, elle verrait une fois installée. Les pieds dehors, son chauffeur vint tout doucement l'aider à glisser la blonde à l'arrière de la voiture, alors qu'elle se faufila ensuite en venant bien l'attacher. Ses doigts vinrent écarter quelques mèches de la blonde de son visage, essayant à nouveau de capter son attention. Elle restait tout proche d'elle, un peu inquiète. Cette fois-ci elle ne lui avait pas laissé le choix. Elle décidait pour elle ce qui lui semblait être pour le mieux. Se laisser influencer par ses envies peu lucides n'était pas la meilleure idée. Soupirant délicatement, elle ne la quittait pas du regard, comme pour s'assurer qu'elle allait bien.

"Tu peux nous passer ton adresse ? Il faut bien que je la connaisse si tu ne veux pas passer ta nuit dans une voiture." articula-t-elle un peu, la fixant de son regard impassible.

Quoi que, une voiture en cuir s'aussi grande envergure pouvait constituer un beau lieu de jeu. Il ne fallait pas exagérer. La blonde voulait passer la soirée avec de la compagnie ? Elle acceptait, à condition que ce n'était pas dans l'un de ces bars à fête. D'un clignement de paupières, elle vint timidement déposer un léger baiser sur ses lèvres avant de s'installer dans son coin, soupirant et se détachant les cheveux. Elle se sentait si serrée dans sa tenue. Sa jupe la compressait, son chemisier à moitié ouvert n'était plus que la trace du passage de la blonde. D'un léger mouvement, elle se cala bien au fond du siège, laissant son chauffeur les conduire à l'adresse indiquée. Il trouverait facilement, après tout il connaissait les rues par cœur. Elle ne savait pas trop ce qui allait se passer en arrivant chez Chinsun. Danser ? Peut-être un peu. Mais ce qui était sûr c'est qu'elle allait essayer de le mettre rapidement au lit. Enfin, elle ne forcerait pas. Elle n'était pas en droit de l'obliger à quoi que ce soit, ni même dormir. Veillant un peu sur elle, elle ne s'attendait pas à ce que la soirée soit aussi mouvementée. Et encore moins qu'elle la passerait avec la blonde.

Finalement, Yu avait réussi à s’emparer de Chin. La blonde se laissa tirer à l’extérieur, restant toujours collée le plus possible à la jeune femme. Comme si elle avait peur qu’elle ne s’envole une fois hors de la boîte de nuit. Chinsun ne voulait pas être seul ce soir. Elle voulait être avec elle, elle voulait lui parler, danser, l’embrasser. Elle ne savait pas pourquoi est-ce qu’elle en voulait autant, mais c’était comme un besoin à ce moment-là. De l’affection, même le plus minime, qui lui permettrait de remonter le lendemain matin. La Goo tentait de lui déposer des bisous dans le cou, alors que ses chevilles jouaient un peu trop dans ses talons hauts, la faisant divaguer. Elle s’accrochait à elle pour tenter de se stabiliser de temps à autres. Mais les rires qui s’échappaient d’elle sans qu’elle ne puisse les retenir l’en empêcher bien, de se stabiliser. Son regard tentait de se retenir à quelque chose. Mais rien ne pouvait réellement la calmer. Si ce n’était l’odeur douce et tranquille de Yu autour d’elle.

Se faisant installer dans une voiture, elle s’effondra complètement, ne gardant plus aucune posture droite. Elle ne se sentit même pas attacher, ni même ses doigts sur son front. Mais elle répondit tranquillement à sa question, alors qu’elle se penchait pour retirer ses chaussures avant peu de dextérité. Ses talons abandonné sur le sol, Chinsun se remit à rire discrètement. Même si elle essayait de se contenir un peu, son esprit était à des kilomètres de là. Bien trop influencé par l’alcool qu’elle venait d’ingurgiter, il la transportait dans un tout autre univers. Là où elle n’avait pas besoin de penser à sa mère, à son père, à sa vie, à ses blessures, à ses tatouages, à sa carrière. Là où elle ne sentait quasiment plus son corps et où elle pouvait entendre son sang battre. Où elle était sûre de vivre en quelque sorte. Son corps se redressa de lui-même. Pas d’envie de vomir, non. Mais une envie de se laisser aller contre le corps de l’autre femme. Ce qu’il fit. Durant tout le trajet. Elle profita de la générosité de la brune, n’osant rien palper pour autant. Même si l’envie ne lui manquait pas.

Lorsque la voiture s’arrêta, indiquant qu’elles étaient arrivées, Chinsun ne prit même pas la peine de remettre ses chaussures en sortant. Sauf que, bien sûr, elle s’effondra ses pieds à peine posés dehors. Elle sentit un haut-le-cœur et eu à peine le temps de penser qu’elle allait vomir qu’elle le fit. Dommage… Elle avait pensé qu’elle pourrait s’en sortir sans, qu’elle allait être encore merveilleuse, splendide et magnifique, même après avoir quasiment vidé les réserves d’alcool de la boite de nuit. Sauf que son corps, bien évidemment, n’était pas du même avis qu’elle. Et même, il lui faisait bien comprendre qu’à trente piges, on ne se beurrait pas la gueule n’importe où. La Goo n’allait pourtant pas vraiment l’écouter. Elle était encore jeune, pleine de vie. Elle avait encore de beaux jours à vivre. Elle avait été fiancée, elle avait vécu dix milles vies depuis ses quinze ans. Elle écrivait pour défendre les femmes aux travers du monde et aider les adolescentes à se libérer. Elle abattait le patriarcat à coup de livres vendus par milliers. Et pourtant, elle venait de vider ses tripes sur un trottoir de Berverly Hills. Comme quoi, même les plus fortes ont des faiblesses.

Elle ne sut même pas si elle s’était relevée seule ou non. Si elle avait marché jusqu’à sa porte d’entrée ou non. Si c’était bien elle qui avait ouvert sa porte ou non. Mais elle sut qu’elle se retrouvait chez elle, dans les bras d’une femme qui lui donnait envie de laisser ses histoires un peu de côté. Elle resta collée à elle, lui demandant un autre verre, un câlin aussi. Elle glissa ses mains sur ses hanches, puis ses fesses. Elle lui souleva la jupe, laissant ses doigts s’aventurer sur sa peau et cette surface rebondie qui devait faire fondre n’importe qui. Chinsun ne savait même plus si elle faisait quelque chose de bien ou non. Si c’était normal de ne pas ressentir l’envie de l’avoir entre ses cuisses mais plutôt celui de la caresser jusqu’à s’endormir dans la douceur de ses bras. Elle n’a jamais cru au prince charmant, elle ne croit pas non plus aux princesses. Mais là, c’est comme si elle voulait en avoir une pour elle. Une princesse qui lui enlèverait son masque de bouffonne pour lui rendre celui de la madame qu’elle avait toujours été.

« Yuuu… appela-t-elle, restant tout contre elle. Yuuu… Ne me laisse pas… »

Ce n’était plus la Chinsun qu’elle avait l’habitude de voir. Celle, pleine d’assurance, qui était prête à tout pour avoir ce qu’elle voulait. Là, la blonde n’aura aucune force pour la retenir si elle s’en va. Elle pleura tout simplement en tentant de se servir un nouveau verre. Avant de s’endormir, épuisée, sur son canapé hors de prix. Le lendemain, elle sera une catastrophe. Comme elle avait toujours été. Puis elle se lèvera, malgré son mal de tête. Elle se lèvera, elle prendra un médoc, elle se lavera. Elle s’habillera. Et elle commencera sa journée. Parce qu’elle n’avait pas droit à une pause. Pas de pause, non, pour une femme qui se bat. Car toute la vie d’une femme est un combat.

Ses yeux venaient doucement effleurer son corps, la regardant alors se mettre à l'aise dans la voiture comme elle le souhaitait. Regardant ensuite un peu par la fenêtre, elle sentit rapidement un poids sur son épaule. Un visage plus calme que d'habitude venait orner ce qu'elle pouvait apercevoir. Doucement mais sûrement, elle passa sa main dans ses cheveux, l'analysant d'un regard plus doux qu'habituellement. Qu'elle en profite, elle ne serait pas aussi gentille que cela tous les jours. Juste maintenant. Elle en ressentait le besoin. Sans doute pour lui montrer que malgré tout, elle n'était pas seule, et qu'elle ne la laisserait pas tomber même si elle voulait la faire languir. Et sans s'en rendre compte, la voiture s'arrêta alors, tandis que la blonde ne lui laissa à peine le temps de sortir qu'elle s'écroula sur le sol. Soupirant un peu, la plus jeune sortit à son tour en gardant son calme, venant alors lui relever les cheveux pour la laisser faire ce qu'elle avait à faire. Elle ne ferait aucun commentaire. Pas un mot. Juste la surveiller et rester avec elle.

L'aide de son chauffeur n'avait pas été de refus pour l'emmener en haut de sa tour. Elle s'était occupée de récupérer ses affaires, de fouiller dans son sac pour pouvoir ouvrir la porte. Et une fois arrivées là, elle l'emmena dans ce qui semblait être sa chambre, son lit. Juste pour l'y déposer et souffler un bon coup. Réfléchissant légèrement à ce qu'elle devait faire, elle avait laissé son chauffeur rentrer chez lui, comptant bien passez la nuit à veiller sur elle. Se décontractant alors un peu, elle observa l’aménagement des pièces avec attention, notant chaque détail mis en place par la blonde. Elle comprenait mieux d'un coup. Elle avait un sens certains du goût. S'approchant alors tout doucement d'elle, elle s'allongea à côté d'elle, avant de finir peau contre la sienne, ses bras venant tout doucement la câliner ou la rassurer. Elle ne savait pas vraiment s'y prendre, mais être douce et affectueuse, elle savait pourtant le faire. Ses doigts passaient entre ses mèches, jusqu'à sentir les mains baladeuses de la blonde. Quelques frissons, des sensations qui se rependaient beaucoup trop vite en elle. Elle s'en fichait, même au contraire, elle aimait plutôt ça. Sa douce peau contre la sienne, ses touchers sur son corps fin. Elle ne résistait au final pas beaucoup. Dans tous les cas, d'un léger regard, elle continuait de l'observer, avant de plisser des yeux en l'entendant.

"Je reste avec toi..Alors tiens toi sage hmm ? , lui dit-elle doucement en souriant un peu, Et ne bois plus pour ce soir. Je pense que tu n'en as plus besoin..." articula-t-elle plus légèrement.

Au lieu de cela, elle se redressa un peu, venant détacher ses cheveux pour se mettre à l'aise. Sa jupe à moitié enlevée par le passage des mains de Chinsun, elle la retira aussi, se sentant d'un coup beaucoup moins serrée, laissant alors une bonne partie de sa lingerie s'afficher à elle sans aucune honte. Ses doigts effleurèrent légèrement le visage de la blonde, souriant délicatement en guise d'ornement. De légers mouvements venant écarter quelques mèches de son visage. Elle était  belle, quand elle semblait si fragile et vulnérable. Elle ne verrait cela que rarement sans doute, alors elle se le gravait dans sa tête, sans plus attendre. Ces fils d'or qui tombaient sur son doux visage, ces courbes autant attirantes qu'attrayantes. Elle allait avoir du mal à la faire se décoller d'elle même, si elle même avait du mal à la lâcher. Demain, elle pourrait recommencer à faire la difficile, mais ce n'était pas le moment. Tout doucement, elle se cala un peu mieux contre elle, ses mains allant se caler sur son dos.

"Tu devrais boire un bon verre d'eau fraîche et aller prendre une douche froide..." lui murmura-t-elle doucement en plongeant son regard dans le sien.

Elle aimait bien se retrouver à sa merci, comme une proie qu'elle essayait d'attraper. Mais pour une fois, elle appréciait ses doux touchers et tentait de les lui rendre, comme pour la rassurer un peu plus. Elle avait l'impression de plonger dans un monde de douceur qui ne lui ressemblait pas tant que ça. Elle, qui, d'habitude ignorait les autres, se retrouvait à se soucier d'une seule et unique personne. Assez ironique, pour celle dont le masque de cristal commençait peu à peu à se fissurer. Elle se sentait devenir faible, et elle n'aimait pas ça. Mais ce qui était sûr, c'est qu'elle n’aimait pas ça, surtout si c'était pour se retrouver abandonner par la suite. S'attacher, c'était la dernière chose qu'elle devait faire. Se relevant alors, elle déposa doucement un baiser sur sa joue avant de se remettre sur ses deux pieds. De sa douce et légère voix, elle lui murmura alors doucement qu'elle revenait lui chercher de l'eau, avant de s'éclipser doucement dans la cuisiner, et de fouiller. Fouiller, parce qu'elle ne connaissait pas les lieux, et que malgré tout, elle voulait se les mémoriser. Prenant l'un des verres qu'elle trouva dans un placards, elle le rempli doucement d'eau fraîche, avant de regarder doucement autour d'elle, curieuse de tout. C'était beau, élégant, comme elle aurait pu s'en douter par son caractère. Et sans traîner plus, elle revint assez rapidement auprès de sa protégée, se réinstallant à côté d'elle avec le verre, venant lui relever la tête de quelques doigts.

"Bois moi ça...Juste quelques gorgées, hmm ?" lui dit-elle tout doucement, lui tendant le verre.

Et elle attendait, des paillettes dans les yeux. Elle pouvait imaginer un peu comment elle se sentait, et, si ses bras la faisait se sentir ne serait-ce qu'un peu mieux, alors elle n'avait pas à réfléchir. La noiraude au cœur de glace savait faire la différence quand il le fallait. Et pour le coup, à chaque fois que son regard vide se posait sur elle, elle avait l'impression de fondre peu à peu, de s'adoucir, même si elle voulait continuer à vouloir attirer son attention. Juste un peu plus, garder ses yeux rivés sur sa frêle figure, la garder près d'elle. Si seulement elle pouvait faire cela un peu plus, bien qu'elle ne l'avouerait sans doute jamais.

La chaleur relative qui s’échappa de ses côtés fit languir Chinsun. Elle se tourna alors, le visage enfoncé dans sa literie, les cheveux blonds éparpillés autour d’elle. Cette couleur, dorée, elle l’avait depuis qu’elle avait commencé à devenir populaire. Ses mèches noires l’horripilaient. Elle se trouvait laide, disgracieuse. Son visage encore juvénile avait souvent été critiqué, remis en cause. Son nez, la courbure de ses yeux, ses lèvres, ses joues, son menton, son front. Tout pour développer ses complexes tenaces. Maintenant, après autant de temps, elle savait qu’il n’en était rien. Elle se trouvait belle, verdoyante. Une femme assurée, fière. Le prix de cette fierté avait été la teinture blonde qui ne l’avait jamais quitté. Elle se les laissait pousser, ou alors les couper en carré. Pour le moment, ils étaient plutôt courts. Mais ils arrivaient tout de même à se dispersé sur ses draps comme autant de vagues dorées. Yunhee lui manquait déjà. Elle n’avait pas compris ce qu’elle lui avait dit. Elle n’avait pas non plus, eu envie de comprendre. Son cerveau rêvait de se reposer, tandis que son corps lui intimait de se lever et de bouger. Mais que pouvait-elle bien faire ? S’effondrer par terre dans la seconde ? Grognant alors, elle remua de nouveau sur son lit, inspirant doucement l’odeur de ses propres affaires. Quelle drame de n’avoir personne avec qui se rassurait lorsque tout va mal. Il suffirait pourtant de se laisser aller, les yeux fermés, et le cœur tambourinant, contre la poitrine nue de celle qui partage sa vie, pour l’aider à remonter la pente. Il fallait évidemment qu’elle gâche cette seule chance en faisant l’idiote. Et maintenant, elle pleurait sur son sort. Seule.

Pourtant, le froid de son cœur se dispersa en sentant de nouveau une présence proche d’elle. Son visage fut relevé et elle observa le verre d’eau, avant de boire doucement. Ses lèvres effleurèrent le bord du cristal transpirant, encore délicatement, alors qu’elle ne métrisait plus rien. Son corps, soudainement refroidi par l’eau, anciennement échauffé par l’alcool, se redressa. L’une de ses mains allant soutenir à son tour le verre d’eau qu’elle finit. D’une traite, elle avait tout bu. Les yeux fermés, un petit soupire lui échappant alors, et elle sentit de nouveau son esprit lui revenir un peu. Son corps était poisseux de sa nuit et son esprit encore embué de ses verres accumulés sur le rebord du bar. Chinsun repoussa le verre, regardant un instant le plafond en songeant à ce qu’elle avait fait de sa soirée. Elle ne s’en souviendra sans doute pas demain. Un « merci » fut prononcé avec tendresse, alors qu’elle retournait son attention sur Yu qui n’avait pas quitter ses côtés. Elle se rapprocha alors d’elle, allant doucement l’embrasser, comme si elles étaient amantes. Elle devait sentir l’alcool, puer de tout ce qu’il ne fallait pas. Mais elle s’en fichait. Ce n’était pas un baiser voluptueux, violent et passionnel. Mais un calme. Tranquille. Qui ne veut que sentir l’autre, l’espace d’un cours instant. Pour enfin comprendre pourquoi on aime autant. Puis elle se détacha d’elle, lui offrant un sourire avant de se lever du lit.

Beaucoup plus habile, Chinsun hésita à peine avant de retirer son haut, constitué uniquement d’une baissière noire, l’abandonnant sur le sol en se dirigeant vers sa salle de bain. Puis elle fit glisser son pantalon jusqu’à ses chevilles, libérant ses jambes. Même à la trentaine, elle était fraiche comme de la rosée. Parce qu’elle s’assumait. Et qu’elle vivait d’un monde beaucoup plus saint que toutes ses femmes voulant absolument être parfaite. Famille, enfant, époux. Elles pourrissaient toutes de la liberté qu’elles n’avaient pas. Chinsun, elle, était libre. Yunhee lui avait dit d’aller prendre une douche. Ce qu’elle allait faire. Une fois nue dans sa salle de bain, elle alla dans la cabine, allumant l’eau en soupirant de confort. Elle mouilla ses cheveux, elle se rinça, elle se lava aussi. Elle retira son maquillage, elle souffla doucement. Ses pensées recommençaient à lui revenir. Même si elle avait besoin du mur pour réellement se maintenir sur terre. Quelques minutes plus tard, elle en ressortie, dégoulinante. Elle se sécha partiellement, enfila une combinaison transparente et dorée sur son corps totalement nu. Puis elle réapparut de nouveau dans la chambre allant de réfugier dans le lit contre Yunhee. Ses cheveux humides de nouveau étalés sur l’oreiller, elle sourit à la plus jeune, les yeux brillants.

« Tu es si belle… Dis-moi pourquoi tu es venue m’aider ? Yunhee Choi… La reine des neiges et le bourreau des stars. »

Se redressant sur son coude, elle se rapprocha de nouveau d’elle, le visage contre le sien. Elle pouvait presque sentir son souffle sur le sien. Chinsun Goo était un bordel sans nom. Trente et  un ans, ex-fiancé, écrivaine, ancienne danseuse prodige blessée, activiste. Elle passait d’un lit à l’autre, d’une paire de seins à l’autre. Elle adorait les femmes, l’alcool. Elle remettait les hommes à leur place, les bouffait lorsqu’elle en avait l’occasion. Elle aimait leur faire comprendre qu’ils n’étaient que des moins que rien en réalité, face à elle en tout cas. Une femme de pouvoir. Qui ne se fait pas battre, qui n’a pas subit de mari tempétueux. Elle, Chinsun, s’en sort mieux que beaucoup. Mais combien de femmes vont encore devoir mourir avant que les consciences ne s’éveillent ? Combien encore doivent subir alors qu’elle, elle s’amuse ? Tant de fois, elle a pensé à cela. Et d’ailleurs, elle n’a pas peur. Elle en parle. Dans son prochain livre. Et elle se bat. Comme elle l’a toujours fait.

« Yunhee Choi… répéta-t-elle. Tiendrais-tu un peu à moi, par hasard ? »

Verre d'eau entre les mains, qu'elle soutenait pour lui permettre de boire avant de lui laisser le verre, lèvres se collant à la paroi transparente. Puis, détournant un peu les yeux, cheveux noirs lui tombant devant le visage comme de longs fil qui se nouaient ensemble. Se penchant doucement en arrière pour poser le verre sur la table de chevet, sensation étrange au creux de la poitrine en observant par moment la blonde à la peau fiévreuse. Visage calme, se demandant au final ce qu'elle pouvait bien faire de plus, regard doucement perdu sur le profil de la jeune femme. Pourtant, elle fut rapidement ramenée à la réalité au contact des lèvres humides de la blonde sur les siennes. Regard surpris dissimulé par la tendresse de l'échange, ses prunelles se détendirent doucement. Le pire était passé, épreuve compliquée alors qu'à présent elle pouvait tout doucement se calmer, se laisser aller un peu. Un peu embuée de choses qu'elle ne comprenait pas, peau frissonnant doucement à la séparation de leurs lippes. Doigts s'accrochant tout doucement aux draps, elle rougit légèrement à son sourire, la laissant s'échapper de ses côtés en surveillant ses pas. Ne savait-on jamais. La surveillance était pour le moment la meilleure option.

Yeux brillants en observant la blonde semer ses vêtements sur son passage, salle de bain enfin rejointe, la noiraude en profita pour souffler un peu, corps se redressant alors pour récupérer ses vêtements et les poser dans un coin. Ce serait mentir si dire que ses yeux n'avaient pas détailler ses courbes ou encore le tracé de son dos. Mais elle préférait se faire discrète, silence qui ornait ses idées les plus précieuses. Mains frottant doucement son visage fatigué d'une journée de travail, elle se mit à doucement observer les alentours, avant de se taper un peu les joues en observant qu'elle avait abandonné son sac dans la voiture de son chauffeur. Tant pis. Elle ferait sans. Se levant alors en entendant l'eau ruisseler, elle en profita pour desserrer sa jupe calmement, la faisant glisser sur ses jambes pales. Boutons du haut déjà défaits, elle retira doucement ses manches pour venir dévoiler ses sous-vêtements délicats et dentelés, blancheur exquise qui se fondait sur sa peau douce. Mèches lui tombant gracieusement sur le milieu de son dos, elle finit par se réinstaller sur le lit, laissant son corps se lier aux draps aux odeurs parfumées et douces. Elle sentait qu'elle n'allait pas repartir de si tôt de toute manière.

Temps passé, corps qui se joignit doucement à elle sous une tenue des plus attrayante sous ses yeux, elle fit comme si de rien était, gardant son regard planté dans le sien. Paroles la faisant doucement frissonner, sous ses airs de glace qu'elle se donnait pour ne pas s'ouvrir aux autres. Rôle qu'elle maintenait parfaitement même dans ce genre de moment. De ses doigts, elle vint tout doucement essayer de séparer les mèches humides de la blonde. Et réfléchissant, elle sourit plus doucement, cils lui tombant un peu sur les pommettes. Si tout était le moment des confessions, alors elle ne jouerait peut-être de ce jeu que parce qu'elle savait que les pensées de Chinsun seraient complètement brouillon le lendemain. Qu'est-ce qu'y était imaginé, rêvé ou réel ? Elle ne le saurait sûrement pas. Et si elle le lui demandait, sans doute nierait-elle tout en bloc. Aucune preuve pour le confirmer. Alors, ses lèvres s'entrouvrirent tout doucement, art de l'esquive qu'elle maîtrisait des meilleurs.

"Je ne suis pas un monstre non plus. Je sais ce qu'il faut faire quand il le faut. , articula-t-elle tout doucement, avant de reprendre, Et toi ? Pourquoi m'as-tu appelée moi ? C'était par pur hasard ?" qu'elle demanda de son visage inexpressif.

Froideur qui pourtant ne se ressentait plus sur le moment, chaleur douce qu'elle essayait de faire apparaître tout de même pour paraître sans sentiments. Et elle avait du mal à ne pas montrer d'affection finalement à celle en face de son visage. Proximité agréable qu'elle n'évitait pas, yeux qui se plantaient sans honte dans les siens, elle laissait par moment son nez effleurer le sien, comme si de rien était. Douceur extrême mêlée à l'odeur du savon de la plus vieille. Corps froid qui se réchauffait doucement, cheveux étalés sur les oreillers sur des mètres. Question piège qu'elle aurait aimé éviter, et qui pourtant était bien sur le tapis. Elle était honnête, en permanence. Et mentir n'était pas l'une des choses qu'elle appréciait faire. Reine de glace qui pourtant ressentait quelque sans vouloir l'avouer. Refoulé, ancré au plus profond d'elle, sans vouloir l'admettre. Chose qu'elle verrait sans doute comme une faiblesse si cela s'apprenait. Alors, fin sourire aux lèvres qui se voulait plus doux, elle ne lâcha pas son regard.

"Qui sait...Ça te ferait plaisir si la réponse était un oui ?, qu'elle renvoya alors comme pour esquiver, venant tout doucement embrasser l'une de ses commissures en guise de réponse. "A toi de voir ce que tu en penses. Mais il se pourrait que je t'apprécie un peu." murmura-t-elle tout doucement en veillant à ses mots.

Et rien n'avouer était sa spécialité. Tout en secret, tout en mystère, tout en métaphore. Il fallait le percevoir dans ses yeux, il fallait le deviner, ce oui si caractéristique à cette question qu'elle ne prononcerait pas. Démon qui faisait des ravages dans les cœurs des gens, c'était comme cela qu'elle le percevait elle, comme cela qu'elle voulait le prendre. Alors elle se contenterait de cela, de lui extirper ces quelques mots vagues qui ne représentaient sans doute rien. Les mots avaient pour elle des saveurs amères qui pouvaient cacher de bien plus grandes promesses. Alors elle se basait sur les gestes des autres, sur leurs vraies intentions qui ne se cachaient pas seulement derrière de belles paroles. Car ô combien elle savait que tout était un art de la dissimulation et de la tromperie. Ne bougeant pas, si ce n'est pour rapprocher son corps du sien, main discrète venant légèrement se poser sur sa taille en transparence, elle plissa un peu des yeux, juste pour se concentrer sur elle et uniquement elle.

"Ce ne serait pas drôle si je te disais vraiment ce que je pense...Non ? qu'elle murmura tout doucement, redevenant alors un peu plus sérieuse, Comment tu te sens ? Essaie de te reposer." qu'elle lui conseilla alors pour éviter les conversations trop divergente.

Et même si elle savait que la plus vieille allait continuer, car c'était tout elle, elle, n'en rajouterais pas. Ses doigts naviguèrent tout doucement, remontant vers sa nuque comme pour la redécouvrir. Elle ne savait pas vraiment si cela faisait un quelconque effet, mais cela la détendait elle même. La noiraude ne comprenait pas vraiment ce qui allait se passer, mais dans tous les cas, elle ne comptait sans doute plus bouger. Et sa main remontait, encore et encore, jusqu'à venir effleurer un peu ses pommettes. Douceur, pour aujourd'hui, seule nuit où elle lui montrerait ses faiblesses. Seule nuit où elle pouvait diverger sans se retenir. Visages proches, alors qu'elle revenait tout doucement effleurer ses lèvres des siennes, juste pour se rapprocher un peu. Idées floues, envies dérisoires de l'impossible. Elle n'était rien sans doute, qu'un jeu, un butin. Et elle comptait bien faire durer la chasse, elle qui voulait qu'on la retienne, qu'on l'agrippe, et que l'on empêche de disparaître.

"Et toi...? Qu'est-ce que tu penses de moi ?" qu'elle demanda dans un léger murmure.

« Je ne voulais pas être seule, avoua-t-elle, ses yeux toujours encrés sur le visage de la femme dans son lit. Et je voulais te voir. »

En elle brûlait comme un sentiment de déjà vu. Elle ressentait un souvenir, sur le bout des lèvres, qu’elle aurait aimé effacer. Toute cette histoire, elle était passée par-dessus, elle l’avait oublié et réciproquement. Elles n’étaient plus rien l’une pour l’autre. Mais voilà que l’alcool qui redescendait, alors qu’elle ne dormait pas encore, lui donnait des souvenirs fugaces et entrecoupés. Elle ne voulait être qu’avec Yunhee, profiter un peu de cette soirée idyllique où elle pourrait se serrer contre son corps chaud, l’embrasser et faire craquer son visage de porcelaine pour ses beaux yeux. Mais voilà que tout remontait en vague, submergeant son cœur déjà noyé sous l’éthanol. Ses paupières se fermèrent et elle rapprocha un peu plus sa poitrine de la sienne, ses mains allant se serrer sur sa taille élégante. La solitude était ce qui la tuait le plus. Elle l’avait toujours été, en un sens, seule. Sans mère, un père absent, une école compétitive, un podium éclairé, des « amis », des amantes, des soirs un peu trop tard ou un peu trop tôt. Elle était désespérément seule. Et pour combler cette solitude, elle se goinfrait de tout ce qu’elle pouvait, sauf de nourriture. Le plaisir de la chaire, les verres d’alcool brûlant la gorge, les fêtes démentes, les regards fourbes de noms d’oiseaux sur elle. Oui, elle ne voulait que s’approprier l’attention, pour combler tout ce qui lui manque.

« Si la réponse est oui, j’aurais une nouvelle bonne raison de t’avoir appelé. (Sa main navigua doucement sur elle, remontant jusqu’à ses côtes.) Juste un peu, donc ? »

Ses doigts survolèrent l’entrée de sa chemise légèrement déboutonnée. Avait-elle le droit d’aller plus loin ? S’était-elle déjà demandé si elle en avait la permission ? Après tout, elle l’avait déjà vu nue, exposée de toute sa peau à elle. Pour un baiser, une jupe remontée, et un soutien-gorge abandonné sur une chaise de bureau. Chinsun observa la peau blanche et lisse qui s’offrait à elle, la courbe de ses clavicules amenant à la rondeur de ses seins encore camouflés. Il ne lui faudrait pas beaucoup pour la défaire de ses vêtements et goûter son parfum de ses dents. Mais elle se restreint, sachant au fond d’elle-même qu’elle n’était sans doute pas en état de faire de telles manœuvres romantiques. L’ardent désire, dévorant l’épiderme jusqu’à se loger dans le creux du ventre, ne pourrait venir à bout de sa folle envie de fermer les yeux et de s’écouler dans les bras de Morphée. Une telle beauté, même si proche d’elle, ne l’empêcherait pas de s’endormir comme si elle était dans un songe. Pourtant, à la remarque de la plus jeune, ses yeux restèrent bien ouverts, loin de vouloir se reposer. Délicatement, elle lui prit la main, la guidant plus haut, jusqu’à effleurer l’arc de sa propre poitrine. Elle aimait être touchée, même si cela ne se soldait pas sur l’acte à proprement parler. Lui faisant appuyer sa paume sur sa rondeur, elle abandonna sa prise, pour aller lui glisser la main dans ses cheveux. Ses tissus se froissaient, leurs muscles se détendaient. Le plaisir ne vient pas seulement de l’irréparable.

Leurs souffles écorchés l’un contre l’autre, les braises d’un incendie sur leurs joues, Chinsun savait qu’elle jouait avec le feu, qu’elle attisait cette chasse qu’elles avaient ouvertes toutes les deux. A celle qui succombera la première. Qu’arrivera-t-il à la deuxième ? Partira-t-elle, abandonnant une âme éprise, pour son propre bonheur ? Ou restera-t-elle, voulant elle-même savoir ce que cela faisait d’être bien accompagné ? Yunhee voulait savoir ce qu’elle pensait d’elle. Tellement de choses qu’il en sera impossible de le dire en une soirée. Elle voulait connaître chaque centimètre de sa peau, savoir comme lui faire plaisir et l’inciter à toujours en vouloir plus. Elle voulait pouvoir se glisser nue contre elle et lui picorer les lèvres. Elle voulait briser en deux son visage de glace, pour apercevoir la vrai Yunhee. Celle qui pouvait être faible et douce, attendrissante et joviale. Ses lèvres se déposèrent au coin des siennes, allant que sa main se faufilant dans son dos, descendant dans le creux de ses reins. Elle avait dû en faire tourner, des têtes, la jeune pdg. Tout comme Chinsun en avait fait succomber plus d’une. Mais son meilleur prix, se serait elle. L’insaisissable, déjà autour de ses doigts. Elle n’avait plus qu’à la rapprocher prêt de son cœur.

« Si je pouvais apercevoir ton vrai visage, répondit-elle dans le même murmure, je pourrais encore plus facilement dire que tu es celle pour qui j’adorerais avoir un cœur. »

Et ses lèvres se scellèrent aux siennes, sa bouche apprenant de nouveau la sienne. De sa main bien placée, elle rapprocha ses hanches des siennes, crevant de l’affection qu’elle pourrait lui donner. Elle n’ira peut-être pas plus loin ce soir, profitant juste de leur échange comme un cadeau. Puis, elle s’endormirait, rejoignant le chemin féérique du monde rempli de merveilleuse et d’horreur des rêves. Si, bien sûr, elle rêvait. Mais pour le moment, il n’y avait que sa bouche duveteuse contre la sienne, la sensation de sa main s’amusant sur elle, et le besoin primaire d’être appréciée, prisée. Ce n’était pas beaucoup demandé non ? Et si elle voulait la pareille, se serait avec plaisir. Mais pour ce soir, elle voulait être chouchoutée. Juste un peu. Le temps d’effacer ses souvenirs remplis d’alcool et de remplir le trou en forme de verre qu’elle avait dans le corps.

Ne pas être seule. Cela l'étonnait en quelque sorte, en sachant comment la blonde était des plus entourées. Mais elle n'allait pas s'en mécontenter, ni même râler sur ce fait. Sans doute que la brune n'arrivait juste pas à se faire à l'idée que quelqu'un l'appréciait assez pour pouvoir l'appeler elle. Elle avait vécu seule, sans l'aide de personne, sans en demander, et c'était peut-être ce qui lui portait défaut aujourd'hui, le manque de communication, le manque humain. Et peut-être que cela se rattrapait un peu avec la jeune femme qui l'attirait sans pour autant qu'elle ne le lui démontre. Complexité d'une reine qui ne voulait pas faire tomber son masque de glace, qui ne voulait tout simplement pas se briser, qu'elle ne voulait pas abandonner. Car elle n'était pas du genre à s'attacher, elle ne voulait tout simplement pas dépendre d'une personne qui risquait de pouvoir l'abandonner à la moindre révélation, qui pouvait tout simplement vouloir la contrôler et ne pas la prendre au sérieux. Alors elle essayait, elle faisait un effort, et cela s'était conclu par sa rencontre un peu chaotique avec la jeune femme, qui pourtant l'amusait particulièrement il fallait le dire. Sentiment chaleureux sur cette peau qui s'était collée à la sienne, sous cette personne qui même alcoolisée semblait étrangement sincère, étrangement attachante. Mais qui se baladait sur sa peau, alors que les siennes s'étaient posées au creux de sa taille d'une douceur qu'elle ne se connaissait pas. Contact furtif, pourtant si délicats, qui échauffait ce corps de pierre.

"A toi de voir, si je serais venue si la réponse n'était pas oui., qu'elle murmura tout doucement, plissant légèrement des yeux avant d'effleurer de son regard son visage, Il en faudra beaucoup plus pour me faire succomber à tes beaux yeux." qu'elle continua alors d'un fin sourire.

Car elle savait qu'elle tomberait rapidement en réalité, si cette douceur ce réitérait encore et encore. Elle était faible, malgré ses apparences de personne forte et de tête solide. Elle en était tout le contraire, qu'importe ce que l'on pouvait penser. Pourtant la blonde semblait être intéressée par autre chose. Peau pâle encore dissimulée par ses sous vêtements, alors que ses yeux à elle s'empêchaient de se laisser attirer par cette chaire si dévoilée. Mains de la plus vieille qui s'emparèrent de la sienne pour venir la placer sur cette peau si tendre, léger sourire amusé alors qu'elle la reconnaissait bien là, dans ces gestes bien précis et visé. Et elle ne prononça aucun mot, se laissant faire, du moins pour cette nuit, car les manières n'étaient plus dans ce genre de moment même si ses doigts se laissaient prendre sous cette forme voluptueuse. Prise un peu au jeu, tout en douceur, elle la sentit jouer avec ses mèches noiraudes, comme si elle ne demandait que de l'attention, comme si elle semblait beaucoup trop faible d'un coup sous ces prunelles illuminées. Et elle savait que ce n'était que quelques minutes chaleureuses avant que la jeune femme ne sombre dans le sommeil, avant qu'elle n'essaie de s'extirper de ce lit où ses yeux n'arriveraient pas à se fermer. Elle ne tenterait rien, du moins pas ce soir, car ce n'était pas le principal selon elle de pouvoir faire ce que deux corps bouillants pouvait faire lorsqu'ils se collaient ainsi. Elle n'était pas désespérée à ce point, et elle préférait largement quand les esprits étaient plus clairs et présents. Et alors que les mains de l'aînée parcouraient doucement son dos en la faisant frissonner de toute part, elle continuait de l'observer de son regard légèrement vide. Paroles dotées d'un sens sans doute beaucoup trop profond, iris qui se baissèrent légèrement, elle laissa sa main se déplacer doucement vers son visage, lui écartant ses mèches blondes sur son passage.

"Un jour peut-être. A voir si me supporter est quelque chose que ton cœur peut faire. Ou même si...tu arriveras à faire tomber mes barrières." qu'elle répondit tout aussi calmement, alors que ses lèvres murmuraient vaguement, "Dans tous les cas...pour le moment repose toi."

Invitation à se laisser absorber par le monde des rêves, alors que ses lèvres ses collèrent doucement aux siennes, elle, se laissa légèrement emporter par ce calme environnant. Douceur de sa main contre elle jusqu'à ce qu'elle ne s'endorme, jusqu'à ce que son souffle et que ses lèvres ne se décollent des siennes pour purger cet alcool qu'elle avait pu engloutir dans son sang. Et elle, n'en attendit pas plus longtemps pour s'extirper loin de ce corps bouillant, loin de ces draps qu'elle avait correctement réinstallés tout autant de la jeune femme. Après tout, elle n'avait pas son sac, pas ses somnifères, et son esprit était trop lourd pour pouvoir ne serait-ce que tenter de fermer ces paupières lourdes. Pourtant elle était bien restées quelques heures auprès de ce corps allongé, auprès de cette blonde qui n'avait demandé que la chaleur d'un contact. Et elle y était restée, juste pour pouvoir l'admirer un peu plus, juste pour pouvoir se rendre compte à quel point son cœur à elle était si vide, si inutile. Peut-être qu'il ne s'était empli que de douceur à son égard finalement, peut-être n'était-il que l'un de ces artefacts qui lui servait à vivre, mais tant pis. Elle s'en passerait et se serait tout.

Corps qui dévêtu s'était permis de prendre une douche quand le soleil eu décidé de se levé, nuit passée à somnoler et à veiller à ce que la blonde soit bien installée, elle se baladait le temps de sécher en sous-vêtements, cheveux qui épousaient sa peau encore un peu humide. Et elle l'avait préparé, le petit déjeuner, et elle s'était permise de faire tout un tas de choses qu'elle n'avait pas l'habitude de faire. Sucre et boissons caféinées pour réveiller Chinsun qui en aurait sûrement besoin, elle se contenta d'un thé, alors que son regard acéré fixait la porte de cette chambre, sur laquelle elle se demandait si cela avait été la bonne chose à faire. Rester ou non à ses côtés, alors que quelque chose d'étrange commençait à naître dans ce cœur de glace. Elle aurait dû fuir face à l'affection qu'on lui offrait, elle aurait dû s'échapper d'ici le temps qu'elle le puisse encore. Mais elle ne voulait pas, et tout cela pour l'une de ces personnes qui n'arriverait sans doute jamais à l'atteindre, du moins elle l’espérait, même si les sentiments contradictoires qu'elle avait en elle, ne cessait de lui crier de vivre.

Ses yeux papillonnèrent, alors que son esprit se réveillait en même temps que la douleur. La lumière l’aveugla, la faisant grogner et de retourner, une main sur son front douloureux. Beaucoup aurait pensé à ce moment précis « je ne boirais plus jamais, c’est promis ». Mais elle, Chinsun, n’arrivait même plus à réfléchir. Rien ne se formait dans son esprit sans qu’une douleur de lui pique entre les tympans. Restant donc ainsi, étaler entre ses draps, dans un silence et un froid qui la fatiguait. Elle ne souvenait de quelques brides de la nuit dernière, étant même quasiment sûre d’être rentrée avec quelqu’un. Sauf qu’il n’y avait personne, alors, cela ne devait être qu’un moment d’absence de sa part. Après quelques minutes à tenter de ne pas retomber dans son assoupissement, la blonde finie par se relever. S’étirant sur le bord du lit, elle attrapa une de ses robes des de chambres (transparentes à flanelles aussi), avant d’enfin se lever sur ses pieds. Ses pieds la guidèrent d’eux-mêmes vers la douce odeur de café qui se répandait dans l’air. Cela l’intrigua. Il y avait donc bien quelqu’un dans sa maison, avec elle, en ce moment même. Un nom et un visage lui revinrent en tête, flashant un sourire sur son visage. Habilement, elle ramassa ses cheveux teins pour les attacher en un chignon vulgaire, ouvrant alors la porte de sa chambre. Aussitôt, son regard s’arrêta sur une silhouette féminine, brune qu’elle ne pouvait qu’apprécier. Et son cœur se réchauffa à cette simple vue.

« Bonjour bonjour ! » s’exclama-t-elle, presque comme si elle n’était pas en pleine gueule de bois.

Aussitôt, la bonde se dirigea vers l’une de ses étagères, l’ouvrant pour en sortir un petit carton de médicaments. Elle en prit un, le faisait passer avec un verre d’eau. Bien sûr, elle était humaine, et même si elle pouvait parfois prendre des airs de femmes invincibles, une gueule de bois reste une gueule de bois pour tout le monde. Même le plus résistant des hommes ne peut pas tenir face à la consommation qu’elle avait eue hier. Et encore, elle s’en était plutôt bien sortie, vu que ce matin, elle avait encore quelques souvenirs de ce qu’il s’était passé. Pas tout, pas dans son entièreté, mais dans une globalité qui lui allait complètement. Elle n’avait clairement pas la tête à se remémorer les derniers évènements. Une fois le petit cachet prit, elle se redressa, essayant de supprimer la douleur qui lui tiraillait la tête en fermant un instant les yeux. Heureusement que Yu était une personne calme, qui ne criait pas dès le matin, sinon Chinsun lui aurait sans aucun doute balancé la première tasse qui lui passait sous la main pour la faire taire. Mais non, tout était calme.

Comme attiré par l’odeur du café, elle alla s’asseoir pour récupérer son petit déjeuner. Le mug entre ses doigts, elle souffla un peu dessus, pensant que son souffle allait calmer la brûlure qu’allait subir sa langue. Mais, encore une fois, elle n’était pas en état de réfléchir. Alors, elle but un peu du liquide revigorant, fermant les yeux en profitant de l’amertume qui lui coulait dans la gorge. Il fallait dire qu’elle n’était pas vraiment café, préférant se balader en buvant un thé glacé sur le Hollywood Boulevard. Mais, elle n’allait pas s’en plaindre. Après tout, Yunhee lui avait fait l’excellente surprise de lui avoir préparé ce petit déjeuner. En plus d’être toujours là le matin. Quelque chose auquel Chinsun n’aurait jamais pensé assister. Penchant la tête légèrement sur le coté, se demandant si cela était raisonnable de rajouter un peu de vodka dans le liquide noir, elle décida finalement de faire la conversation. Certes, il ne lui fallait pas de bruits trop forts. Mais la directrice de journal n’était pas connue pour être particulièrement bruyante. Enfin… Pas dans ce genre de situation.

« Merci pour cette surprise, commenta-t-elle en pointant la préparation. Et encore plus merci d’être là ce matin. Bien dormis ? »

Naïve, bien évidemment, en se disant que Yu avait dormie avec elle. Elle ne se souvenait même plus de tout ce qu’elles avaient fait hier. Mais elle avait supposé quelques petites choses agréables. Complètement ignorante de l’état de sa partenaire, elle ne pouvait pas ne pas demander cette politesse exagérée. Puis, rebuvant un peu de son café du matin, elle sourit en déposant le récipient sur la table, prenant un petit instant pour laisser passer l’effet amer sur ses papilles.

« Dis-moi… Je ne t’ai pas trop causé de problèmes hier ? Enfin, je dis ça, mais honnêtement, même si j’avais fait de ta soirée un horrible moment, je ne m’en voudrais pas du tout ! »

C’était toujours avec arrogance qu’elle se relevait de ses interstices de faiblesses. Et là, face à la froideur de la reine des glaces qu’était Yunhee, elle se bâtissait rapidement une armure pour parer à ses yeux scrutateurs. Chinsun était une femme forte, indépendante, infernale, mais étrangement attachante lorsqu’on la connaissait. Elle avait milles raisons d’être ce qu’elle était. Et au moins, contrairement à d’autres femmes qui ne cherchent qu’un semblant de pouvoir dans un monde d’hommes, elle a son propre pouvoir sans forcément l’avoir désirer. Elle s’est fait entraîner dans un projet, a bâti les siens, et maintenant, la voilà où elle en est. Dans le haut du panier. Une self-made woman, comme les américains aiment tellement le dire. Mais avec tellement de défaillance et d’instabilité, qu’on se demande encore pourquoi elle n’est pas tombée. Peut-être parce qu’elle ne cherche pas à cacher ses déboires sous une couche de vernies, mais qu’au contraire, elle les expose comme une force. Toujours savoir retourner l’arme contre son adversaire.

Voix qui raisonna, sous ses tympans assourdis, regard qui se leva alors tout doucement sur la douce silhouette qui semblait encore immergée dans ses pensées : sans doute que la cuite de la soirée avait dû laisser là quelques traces de son passage sur les pensées invisible. Doigts se réchauffant au contact de sa tasse encore brûlante, visage humant doucement les saveurs subtiles, elle se contenta d'un fin sourire sur son visage au son de la voix de la plus vieille. Son des placards pour guérir les maux dont devait souffrir la blonde, elle se doutait que le début de journée allait être périlleux, mais elle pouvait au moins se réjouir du fait que la noiraude était des biens plus calmes : bien plus délicates, que certaines personnes. Mais elle n'avait pas l'habitude de se réveiller en observant un visage. Sans doute ne connaissait-elle que les matinée accompagnée de son garde du corps qui se permettait de venir la réveiller quand elle ne faisait que trop tarder, peur au ventre. Non pas que la plus jeune était des plus dangereuses : loin de là. Juste beaucoup trop silencieuse, beaucoup trop calme, que parfois l'on pouvait se demander si les doses n'avaient pas été augmentée. Tasse enfin posée, alors qu'elle détailla calmement celle qui s'installa finalement, elle se rapprocha tout doucement pour grignoter sans aucune honte les toasts qu'elle avait préparé. Et les mots l'étonnèrent, alors qu'elle n'était pas du tout du genre à s'évaporer les matins sous les rayons du soleil.

"Une surprise ? Si je peux simplement alléger la matinée. Et je n'ai fait que m'occuper un peu les mains." qu'elle murmura vaguement avant de baisser légèrement les yeux comme si de rien était à l'avance de ses mots. Et je n'ai pas dormi. Je suis insomniaque. Et comme j'ai laissé mon sac dans la voiture avec mes cachets, j'ai pu en profiter pour t'observer." qu'elle avoua alors sans hésiter.

Car elle n'avait rien à cacher la fine créature des nuits. Loin de là. Et s'il y avait bien une chose que la jeune femme devait savoir : que ses nuits étaient imparfaites. Rien ne le laissait à prévoir, mais pour elle il s'agissait de quelque chose de tout à fait banal qui ne méritait aucun intérêt, car elle n'était pas du genre à mentir. Alors à quoi bon s'acharner alors qu'elle aurait fini par le découvrir ? Et il n'y avait rien de faux dans les mots qu'elle avait énoncé, elle l'avait bien détaillé de ses prunelles le plus de temps possible avant de tourner en rond comme une enfant qui en apparence ne voulait pas dormir. Vague sourire comme pour indiquer que cela n'était rien : beauté fragile alors que ses doigts passèrent dans ses cheveux pratiquement secs, elle se redressa juste un peu, dos droit, avant de fixer la jeune femme qui semblait ne plus se souvenir de la nuit passée.

"Et bien...Je dirais que ça s'est vite terminé." qu'elle commença comme pour l'embêter avant de se pencher vers elle, regard légèrement amusé, "En vérité tu t'es endormie avant même que je ne puisse te dire bonne nuit." qu'elle s'amusa alors en se redressant d'un coup.

Confiance que la blonde avait sûrement gagné alors qu'il ne s'était absolument rien passé. Et en un sens, la noiraude n'en aurait sans doute rien fait, car rien n'était très amusant lorsque les esprits ne se rencontraient pas. S'éclipsant alors tout doucement après avoir rincé sa tasse, vêtements pour camoufler les peaux trop découvertes, elle revint alors comme si de rien était, mèches tombant tout doucement sur ses pommettes. Mains occupées à rajuster son chemisier pour finalement se rapprocher de nouveau l'aînée, elle l'observa un instant avant de plisser des yeux.

"Ca va aller pour aujourd'hui ?, qu'elle demanda sans montrer un semblant d'inquiétude, alors que la question en elle pouvait se traduire telle quelle, J'espère pour toi que tu ne compte pas bouger aujourd'hui. Et la prochaine fois que tu m'appelles : évite d'être déjà saoule."

Comme une invitation à aller boire un coup ensemble la prochaine fois, au lieu de finir ainsi à tout simplement ne plus pouvoir tenir debout. Mais ô elle n'était pas adepte des liqueurs amères qui ne faisaient que tourmenter les esprits, car il n'y avait rien de plus dangereux avec les somnifères qu'elle prenait en permanence. Alors elle s'abstenait, préférant les limonades et champagnes quelconques : même si les bouteilles de vin lui faisaient de l'œil sur les étagères dissimulées chez elle. Vague regard vers l'heure, visage bien plus sérieux sans doute qu'elle ne l'aurait voulu, elle humidifia passivement ses lippes avant de soupirer tout doucement.

"Tu veux aller quelque part ? Je vais demander à mon chauffeur de venir me chercher. Alors si ça peut être utile pour tout le monde. Mais comme tu viens juste d'émerger j'imagine que tu vas rester ici ?" qu'elle la regarda alors en laissant ses lippes se soulever délicatement.

Car elle voulait la voir se reposer aujourd'hui, et non pas bouger dans tous les sens comme allait sans doute le faire la plus jeune. Elle ne s'arrêtait jamais, malgré la fatigue qui s'accumulait sur ses paupières bien trop lourdes à son goût. Mais elle n'était pas raisonnable, elle ne l'avait jamais été. Entre travail et heures supplémentaire, le bon temps comme celui-ci, elle finissait par sans doute l'oublier, que la Terre pouvait tourner sans elle. Que rien de grave ne se passerait, si elle prenait quelques heures pour elle durant les heures de travail. Encore ne faudrait-il qu'on le lui fasse remarquer, qu'on la retienne, de se ruiner un peu plus pour quelque chose qui ne faisait que la nuire. Sentiments étranges, alors qu'elle ne voulait pourtant pas quitter ce confort aux côtés de la belle.

Ses cils battirent deux fois rapidement, complétant l’expression surprise qu’arbore son visage en entendant le commentaire de la brune. L’observer ? Pendant une insomnie ? Cela la perturba plus qu’elle ne l’aurait pensé. Jamais quelqu’un ne lui avait dit qu’il ou elle l’avait regardé de prêt, pendant des heures. Et encore moins pour chasser l’ennui de la nuit. Un rire, frustré ? gêné ? contrit ? lui échappa, alors que Chinsun reposait sa tasse sur la table, pinçant les lèvres, hésitant sur les bons termes à utiliser pour répondre.

« Tu veux dire que… Tu ne dormais pas, et alors que tu pouvais partir pour rentrer chez toi, tu as préféré rester pour… m’observer ? »

Cette déclaration sonnait d’autant plus étrange à ses oreilles alors qu’elle énonçait les faits. Yunhee était réellement pleine de surprise. Mais, après tout, c’était pour cela que la blonde avait accroché son regard à son cœur, se promettant de découvrir ce qui camouflait ce visage de glace et cet air de reine. Ce petit acte l’avait touché. Elle se sentait heureuse de savoir que quelqu’un pouvait avoir ce genre de petites attentions à son égard, elle qui n’a connu qu’une solitude partielle comblée de douceur passagère. Son dos alla rencontrer le dossier de sa chaise, les bras croisés en la regardant manger les toasts qu’elle avait elle-même cuisiné. Vraiment, qui aurait pu lui dire qu’elle allait tomber pour elle, non pas pour ce défi qu’elle s’était lancé, mais bien pour toutes ses actions désintéressées ? Yunhee Choi était décidemment pleine d’agréables surprises. Paradoxale lorsque l’on regardait leurs caractères, l’une étant bien plus dévergondée que l’autre. Mais c’était bien là le propos. Si l’on s’attendait à ce que Chinsun soit aussi joviale et avenante, on ne se doutait que très peu des affections sincères de Yunhee, ne s’en rendant compte qu’une fois qu’on les avait vécu. Il n’y avait rien de plus beau que de recevoir un sourire sincère.

Reprenant ses esprits, la blonde se redressa, piquant dans ce qu’il y avait sur la table pour manger légèrement, remplir son ventre uniquement comblé d’alcool la nuit dernière. Cela lui faisait étrangement du bien de ressentir quelque chose dans sa bouche. On ne pouvait pas se nourrir de boisson. Même si elle l’espérait de tout son cœur, c’était impossible. Alors, elle profitait de cette interlude avec sa vie sans queue ni tête pour ressentir le plaisir d’un goût agréable. Les restaurants gastronomiques, avec plus de place dans l’assiette que de nourriture, elle connaissait très bien. Les galas, les invitations aux repas, tout cela était un bon moyen de s’afficher. Et puis, comme elle était une star, il fallait garder la ligne. Ah ! Comme si elle en avait réellement besoin. Un ou deux kilo en plus et elle serait toujours aussi belle. Mais là n’est pas la question. La honte ne lui chatouilla même pas le ventre en écoutant la suite des vérités que lui déballait Yu, un simple rire lui échappa. C’est vrai qu’elle n’avait plus réellement de souvenirs de tout ce qu’elle avait fait hier soir. Peut-être avait-elle vomi ? Pris une douche ? Aucune fichtre idée. Enfin, si, quelques brides bien sûr. Mais ça, elle le gardera pour elle et sa boite à songes plaisants. Ses yeux la suivirent alors que la brune se redressait pour aller laver sa tasse. Quelle politesse, songea Chin en continuant de boire son café tranquillement. Un petit-déjeuner dès plus agréable avec une vision tout aussi enchanteresse…

« Ne t’inquiète pas pour moi, répondit-elle en la regardant dans les yeux, j’ai l’habitude maintenant. (D’un coup habile, elle détacha ses cheveux, passant la main dedans pour les ébouriffer légèrement.) Promis, je ferais un effort pour être sobre la prochaine fois. »

Ses yeux tombèrent sur sa tasse à elle, vide maintenant. Alors elle se leva à son tour, laissant pourtant la vaisselle sur la table. Son regard s’arrêta sur Yunhee, la tête légèrement penchée sur le côté, avant qu’un sourit ne revienne de nouveau orner ses lèvres. Elle se rapprocha alors, glissant simplement le bout de sa langue sur le coin de ses lèvres, avant de s’arrêter non loin du corps de la PDG.

« J’apprécie l’offre, dit-elle enfin. Mais si j’étais toi, je ferais en sorte d’être discrète en sortant d’ici. (Elle pointa l’entrée du doigt.) Il y a eu moins un photographe tous les matins ici, "au cas où". D’ailleurs… peut-être que c’est l’un de ta boite. »

Et elle lui sourit, le regard brûlant. Elle n’avait pas oublié cet article à son sujet, mais elle ne lui en voulait pas. C’était son travail, après tout. Alors Chin lui renvoyait la faveur, la prévenant pour préserver la popularité de la brune. Une étiquette était facilement placée sur le front des gens, surtout devant les caméras. Personne ne pouvait s’imaginer que Yunhee Choi et Chinsun Goo pouvaient s’associer d’une quelconque manière. Elles devraient se détester, avec leurs caractères, non ? Oh, si seulement… Si seulement il n’y avait que de l’antipathie entre elles. Comme le soleil et la lune que les comptines pour enfant s’amusaient à marier, elles vivaient à des milliards de kilomètres l’une de l’autre. Même s’il ne suffisait que de quelques centimètres pour que leurs bouches ne se rencontrent.

Et le visage que tira la blonde en restait quelque peu intriguant, quand de ses syllabes elle n'avait fait qu'exposer l'un des faits les plus cruels de ses nuits. Car le repos n'arrivait jamais, car les indélicatesses des nuits animées ne faisaient que hanter les créatures les plus frêles. Mais elle n'en était pas moins amusée des réactions de la plus âgée : comme si cela était bien trop étrange pour en être acceptable. Yunhee avait toujours été un peu bizarre, au final, quand sous les rires gênées de celle qu'elle avait devant ne faisaient que confirmer la chose en réalité. Car ô final, sans doute aurait-elle pu partir de là il y a déjà bien longtemps.

"Hmm... Possible. Il fallait bien que je profite d'un minimum d'un moment plus tranquille. Mais ne t'en fais pas je n'ai pas fait ça tout du long.", qu'elle s'amusa tout doucement comme pour la chercher un peu.

Rien ne lui ressemblait, à celle qui se faisait passer telle reine entre les pamoisons frivoles, car au final elle ne faisait que dissimuler les émotions sur son visage de glace. Et sans doute pouvait-elle paraitre étrange aux yeux des autres, et ô combien elle s'en moquait, car au final la fatigue ne ferait que lui retomber dessus un jour ou l'autre. Au moins s'était-elle montrée polie, en préparant ce qui pouvait ressembler à un petit déjeuner, chose qu'elle n'avait en rien l'habitude même si cela faisait parti d'un quotidien bien trop solitaire. Et elle ne s'en plaignait pas, jamais, car elle ne connaissait que cela au final. Matin bien plus tranquille que ceux dont elle avait l'habitude, car sans doute les iris n'avaient pas pu se reposer depuis si longtemps dans un endroit aussi calme et reposant. Bruit constant des bureaux et des papiers qui l'entouraient : car elle ne savait simplement pas s'arrêter, qu'importe les jours, qu'importe l'heure. Le travail, tout pour elle, et sans qu'elle ne s'en rende même compte, les pensées dérivèrent sur les habitudes de tous les jours, alors que les souvenirs ne faisaient que se rappeler de cette soirée bien étrange : car ô jamais n'avait-elle eu à s'occuper de quelqu'un. Et sans doute n'était-ce là que ce dont elle avait mérité pour, alors qu'elle se montra polie de laver sa tasse, comme prête à s'envoler d'ici.

"L'habitude ? Un problème particulier à vouloir oublier ?" qu'elle creusa tout doucement, avant de sourire discrètement, fin regard vers celle qui l'avait occupée un instant, "J'espère bien. Qui sait, ce sera sans doute bien plus amusant.", qu'elle finit par hausser les épaules.

Et elle le pensait, car sans doute préférait-elle pouvoir faire quelque chose de constructif, ou même de se joindre à la partie : même si les recommandations n'y étaient pas. Corps qui se rapprocha du sien sans qu'elle ne fasse réellement attention, sourire délicat comme pour venir faire fleurir les élégances encore possible, les paroles la firent pourtant rire, car elle-même se fichait bien de ceux qui pouvaient la prendre au défi par les appareils. Peur de rien, ou folie délicate, qu'importe, car au final le résultat en restait similaire.

"Si tu penses que j'en ai quelque chose à faire, tu te trompes. Qu'ils viennent, au contraire, ça n'en sera que plus amusant." qu'elle s'amusa, venant alors se préparer tout doucement tandis que les doigts pianotèrent sur son téléphone, "Dans tous les cas, je doute qu'il n'ait le temps de sortir quoi que ce soit, puis est-ce que ça t'inquiète réellement ?"

Elle qui avait cette habitude de ne pas cacher ses relations, chose de toute manière indéniable quand les lumières des projecteurs ne faisaient que tourner autour de leurs visages insoutenables. Peut-être méritaient-elles un jour de répits, même si entre tout cela : elle ne craignait pas les polémiques. Et peut-être le regretterait-elle un jour, mais elle n'avait rien à perdre à venir rendre publique ses ébats charnels. Doigts qui passèrent tout doucement entre ses longues mèches ébènes, venant s'étirer discrètement avant de ne simplement embrasser la joue de celle qui sentait encore les émanations des liqueurs passées.

"Je ne tarde pas plus. Alors profites en pour te reposer." qu'elle se rhabilla, veste sur le dos, alors que les doigts se posèrent sur la poignée, "A la prochaine fois. Tu sais où me trouver si jamais..." qu'elle lança sans réellement réfléchir.

Car elle savait bien au final qu'elle n'allait la revoir que bien trop rapidement, et sans doute dans des conditions bien différentes. Du moins elle l'espérait. Car si ce n'était là qu'une invitation comme pour prévoir une prochaine rencontre. Pourtant les pieds s'enfuirent bien rapidement, de ce lieu qu'elle n'espérait ne pas revoir ; synonyme d'attachement alors qu'elle ne désirait que pouvoir rester libre de sentiments, fuir les peurs qui se faufileraient entre les organes pour ne faire que détruire un myocarde déjà bien trop abîmé. Misère dans laquelle elle ne voulait pas tomber, et ce jusqu'à ce que les regards ne se croisent encore. Alors peut-être n'avait-elle fait qu'esquiver les gens dans les couloirs déguisés pour pouvoir se fondre contre les sièges qu'elle avait toujours connu : habitude de reprise du travail : qu'elle allait bien trop rapidement reprendre quand les temps ne se faisaient qu'encore plus durs et féroces.

pour en dissimuler,


encore ouvertes.