Can I give a hand ? | Ft. Hayden Hogan

Encore l'une de ces journées où l'école prenait tout son temps libre. Elle venait de passer l'après-midi entière à réviser pour l'un des contrôles de grammaire qu'elle passerait la semaine prochaine. Pas qu'elle devait réellement s'inquiéter sur ses résultats, elle était l'une des meilleure de sa promotion. Elle, qui depuis toute petite ne faisait qu'apprendre des mots par-ci par là sans réel effort avait du mal à s'y habituer. Ses livres de français étaient entassés sur la table. Cette langue n'avait aucun sens selon elle. Du pluriel, des genres, on aurait dit l'allemand. Deux langues horribles à apprendre, mais c'était cela, qu'elle aimait dans cet apprentissage. Si tout avait été trop facile, elle se serait vite lassée. Mais bon, à côté de cela, elle ne faisait plus grand chose. Regardant un peu par la fenêtre, elle soupira, tout en observant le coucher de soleil. C'était beau. Depuis les fenêtres de la bibliothèque, tout était visible. Son thé glacé sur la table, elle se leva tout doucement, prenant ses livres pour les ranger dans son sac. Elle aimait les langues, mais à côté de cela, elle voulait utiliser ses doigts de fée. Ceux qui était doué pour un art assez particulier, qui pouvait plaire, ou déplaire. Piercer. Elle avait appris dans un petit salon, pour ensuite en changer à chaque fois que celui-ci coulait où changeait d'adresse. Une vraie petite abeille butinant de lieux de travail en lieux de travail, mais là, cela faisait déjà deux bon mois qu'elle ne trouvait plus rien, et cela la fatiguait.

Sortant tranquillement du grand bâtiment en pierre, elle se resserra dans sa veste, sa tête dans son écharpe, avant de commencer à marcher pour rentrer chez elle. Sirotant son thé, elle regardait les alentours, ne s'attendant pas à grand chose pour cette soirée. Elle s'ennuyait, et une fois chez elle, elle ne fichait plus rien. De toute manière, elle n'avait rien à faire, là-bas. On la considérait comme la petite princesse de la famille, qui n'avait donc pas à bouger le moindre doigt. Elle ne devait pas cuisiner, ni même à se soucier d'un quelconque problème. Mais ça, les problèmes, sa famille semblait lui en cacher des tas, pour son plus grand désespoir. Traînant des pieds et ne regardant pas où elle allait, la jeune fille tomba nez-à-nez avec un beau poteau gris, l'un de ceux en métal qui servait d'éclairage la nuit. Quelques centimètres, et elle se le serait pris en pleine face. C'était ce qui arrivait, quand on rêvassait en marchant dans la rue. Certains se cassaient la figure, d'autres ne regardaient plus où ils mettaient les pieds, et elle, elle rentrait dans les poteaux ou les gens. Ça lui arrivait même plutôt souvent au final, rien de bien grave. Mais là, pour une fois, quelque chose attira son regard. Quelque chose de très intéressant. Un papier, enfin plutôt une annonce, pour un futur salon de tatouage dans le coin. Souriant d'un coup, elle nota le numéro de téléphone qui y était inscrit, avant de se précipiter doucement chez elle. Ses cheveux sortaient un peu dans tous les sens d'en dehors son écharpe, tandis qu'elle voulait rentrer le plus tôt possible pour pouvoir contacter la personne qui avait posée l'annonce.

De pas en pas, elle ne tarda pas finalement à arriver, montant rapidement dans sa chambre en y balançant ses affaires, avant de sauter sur lit en s'emparant de son téléphone. Composant le numéro, elle attendait que ça réponde, toute impatiente. Ses jambes battaient dans le vide, et sa tête remuait de droite à gauche comme si elle était en rythme sur de la musique. La sonnerie. Une fois, deux fois, trois fois, puis un son plus brusque signifiant que la personne avait décrochée. Entendant alors sa voix, elle inspira grandement avant de plonger dans le grand bain.

"Oui, bonjour, excusez moi de vous déranger. Je vous appelle à propos d'un certain salon de tatouage. Seriez-vous à la recherche d'un quelconque pierceur ?" demanda-t-elle alors de sa voix toute enjouée et rayonnante.

On l’avait appelé au dernier moment. Juste quand elle alluma sa cafetière pour un énième café, son téléphone sonna à l’autre bout de la pièce. La mannequin prévue pour le shooting d’aujourd’hui était malade, alors ils n’avaient pas eu le choix d’appeler Hayden pendant son jour de repos. C’était compréhensible, ils ne pouvaient pas tout annuler à la dernière minute et renvoyer toute l’équipe chez eux, alors elle avait accepté. Ce n’était pas comme si elle avait beaucoup à faire, elle se serait même franchement ennuyée seule chez elle. Son café coulant doucement dans sa tasse, elle en profita pour aller se préparer. Hayden n’avait jamais beaucoup à faire avant d’aller au travail, elle avait tout à disposition là-bas. Tenue, maquillage, bijoux, et d’autres. Entendant la cafetière s’arrêter, elle récupéra rapidement son café pour le déplacer dans l’une de ses nombreuses thermos. Utile pour une personne comme elle qui buvait beaucoup de café, à tout heure de la journée. Café en main, manteau sur les épaules et musique dans les oreilles, la Hogan prit les clefs de son appartement avant de sortir et de se mettre en route.

Alors qu’elle venait d’arriver, des membres de l’équipe d’aujourd’hui lui apprit que les photos avaient été commandés par une marque de vêtements pour leur nouvelle collection. Un hochement de tête en guise de merci et elle se dirigea vers le styliste, la directrice du shooting à côté de lui. Ils lui expliquèrent le déroulement de la journée avant de commencer à choisir les différentes tenues qu’elle allait devoir porter. La mannequin qu’elle remplaçait n’avait pas la morphologie qu’elle, alors ils devaient revoir les ensembles, mais aussi le maquillage et la coiffure qui allait avec. Ce n’est qu’après une dizaine de minutes qu’elle commença. La nouvelle collection de la marque en question était quelque chose de plutôt simple, pas de pièce bling-bling comme elle avait du porter il y a quelques temps, mais des pièces plus dans son propre style. Si elle le pouvait, elle porterait ses vêtements tout les jours, Hayden allait devoir faire un tour dans leur boutique, voir même demander quelques avantages en tant qu’égérie.

Ce n’est qu’après plusieurs heures que le photographe exclusif de la marque remercia l’équipe et Hayden, mettant alors fin à la séance. Un sourire aux lèvres, elle le remercia également avant de se diriger vers les cabines pour pouvoir se changer. Le temps qu’elle retrouve ses vêtements de ville, se remaquille à sa façon et s’attache les cheveux en chignon, laissant alors son côté rasé plus visible, elle se retrouva devant l’établissement. Remettant ses écouteurs sur ses oreilles, elle déverrouilla son téléphone pour pouvoir mettre de la musique. Elle ne pouvait pas s’en passer, dès qu’elle avait un instant de libre ou qu’elle devait marcher, même juste deux minutes, elle se devait de mettre de la musique. Chose faite, elle prit le chemin de son appartement, mais en passant devant une petite boulangerie vietnamienne, elle craqua et y rentra. Hayden ressortit quelques minutes plus tard, un sac dans la main. Elle s’était pris deux ou trois Banh deo, ou gâteau de Lune. Quand elle était petite, elle pouvait se nourrir que de ça, tellement elle les adoraient. Contente d’en avoir pour le repas de ce soir, elle reprit sa route vers chez elle.

Hayden arriva rapidement, ayant décider de manger des maintenant les pâtisseries, ne pouvant pas attendre jusqu’au repas. Rentrant dans son appartement, elle déposa le sac sur la table basse, y prenant un gâteau en même temps et alla directement se faire couler son énième café de la journée. Même si elle avait pris pas mal pendant les pauses du shooting, elle en avait toujours besoin. Au moment où la machine s’alluma, elle entendit son téléphone sonner dans la poche de son manteau. Attendant quand même d’être sûre que la machine fasse couler son café, elle récupéra ensuite son portable et décrocha.

« Allô ? »  Si elle s’attendait à recevoir un appel pour son futur salon, surtout aussi tôt. « Vous êtes perceur alors ? Étant seulement tatoueuse, j’avoue que je vais avoir besoin de quelque perceurs ! » C’était la première personne à l’appeler suite aux affiches, alors le Hogan ne pouvait cacher son excitation. « Ça vous dérangerait qu’on se voit pour en parler un peu plus ? »

Une voix, une femme. Cela la réjouissait d'entendre qu'une personne avait répondu, et qui plus est, affirmait ce qu'elle avait bien lu sur l'annonce. Elle allait sauter de joie si cela continuait. Un peu plus, et elle pourrait sans doute pouvoir bosser de nouveau dans son temps lire. C'était vraiment le pied. Réfléchissant alors, et pencha un peu la tête en réfléchissant. Une date, un jour, un horaire. Et pourquoi pas demain ? Après tout, elle, n'avait rien à faire en général après les cours, et puis, ce n'était pas comme si elle allait se volatiliser d'une minute à l'autre pour d'autres affaires plus importantes. Non, elle, voulait ce boulot, coûte que coûte, et elle ferait tout pour l'avoir. C'est que cela lui manquait de pouvoir décorer et parsemer de beauté des parties du corps avec son art particulier. Même si beaucoup n'en appréciait pas la vue, beaucoup aimaient ces bijoux qui ornaient les corps de ses victimes. Rien de compliqué. Souriant alors d'un coup, elle roula un peu sur son lit, regardant à présent son plafond avec des yeux brillants.

"Et bien, ça vous dit, demain, vers 15h00 ? Bien sûr que cela me ferait plaisir d'en parler plus en détails avec vous. Avez-vous un endroit où vous souhaitez en discuter ?" demanda-t-elle alors en souriant, toute contente.

Et la réponse tomba, elle était libre à cet horaire. Un coup de chance sûrement. Ou une coïncidence. Elle n'en savait trop rien au final, mais bon. Elle n'aurait qu'à se précipiter à la sortie des cours pour pouvoir y être au lieu de rendez-vous. Attendant alors patiemment, elle nota l'adresse du lieu sur un petit bout de papier, et le rangea alors précieusement dans sa coque de téléphone. Mangeant à moitié ses cheveux, elle continuait de l'écouter, marquant sa présence de légers "Oui" ou "Hmmhmm", montrant alors son intérêt complet. Et la conversation commença alors à toucher à son but. Et oui. Enfin. Assez suffisant pour pouvoir obtenir une sorte d'entretien.

"Merci beaucoup pour votre temps ! A demain alors et bonne soirée !" qu'elle lui dit alors avant de raccrocher.

Posant alors son téléphone, elle se mit à sourire, avant de s'enfouir dans ses couvertures en rigolant doucement, battant un peu des jambes dans les airs en remuant sa couette. Quel bonheur ! Non mais vraiment ! Enfin après tout ce temps ! Calant sa tête sur son oreiller, elle ferma les yeux. La soirée allait bien être courte. En effet, le sommeil la rattrapa, tandis qu'elle en oublia de manger, de se changer. Non, ses pensées restèrent engorgées d'un visage plus ou moins récent. Un homme. Ses rêves en étaient comblés. Scènes des plus romantiques au scènes les plus banales, on aurait dit une collégienne en pâmoison, ce qu'elle était sûrement d'ailleurs. Plongée dans ses rêves, elle n'entendit pratiquement pas son réveil sonné, avant d'entendre frapper à sa porte, ce qui l'a fit sursauter. Se redressant d'un coup, elle comprit tout de suite qu'elle devait se bouger, et commença alors à prendre ses affaires pour prendre une rapide douche. Un short taille haut et un t-shirt bouffant, elle termina par dévaler les escaliers avec son sac sur le dos, courant à moitié dans les rues pour se diriger vers son université. En retard. Mais ce n'était qu'un petit détail. Ses joues étaient encore rouges de tout ce qu'elle avait bien pu imaginer dans la nuit. Quelle honte. Les cours passèrent rapidement, sans aucune embûche, mais avec ennui. Sans doute l’excitation qui lui avait complètement fait perdre la tête. Même si elle devait l'avouer, les cours de langues, c'était la vie.

Dans tous les cas, elle commença rapidement à ranger ses affaires à l'entente de la sonnerie des cours, avant de se faufiler pour sortir de là. Cohue générale à la sortie des cours, mouvements de foule et de bruits indécents. C'était ça, la sortie des cours. Un zoo on aurait pu dire. Et beaucoup de monde finissait à ces horaires. Essayant de faire de grands pas pour accélérer sa démarche. Elle trottinait à moitié, ayant beaucoup trop hâte de rencontrer cette personne. Puis, elle arriva au lieu de rendez-vous un peu en avance, attendant patiemment en regardant les alentour. Elle n'eut pas très longtemps pour voir une jeune femme se démarquer de la rue, avec de l'art collé à la peau. Et sans hésiter, et remua doucement la main pour lui faire signe. Sans aucun doute, c'était bien elle, la personne qu'elle devait rencontrer.

Le salon n’était pas encore ouvert au public, et pour cause, l’intérieur n’était pas encore fini. Si tout se déroulait comme prévu, tous les meubles et accessoires devraient être livrés dans la semaine, se qui permettrait à Hayden d’ouvrir les portes en temps et en heure. Quand bien même elle réussirait à faire l’ouverture le jour prévu, elle avait toujours pensé qu’elle serait seule à gérer le salon pendant un moment. Or, les plans avaient changé, depuis cet appel. Dès qu’elle avait raccroché avec cette fille, elle avait sauté de joie. Quelqu’un s’intéressait à son salon, et c’était très important pour la Hogan. Ses parents ne l’ayant jamais soutenu dans son envie de devenir tatoueuse, de vouloir graver les désirs d’une personne sur leur peau, que quelqu’un croit en son rêve signifiait beaucoup pour Hayden. Quiconque la connaissait un peu le savait, et savait surtout à quel point c’était important pour elle de montrer à ses parents qu’elle avait réussi, sans leur aide. Qu’elle n’avait pas eu besoin de leur argent, ni même de leur notoriété pour rendre son rêve réalité.

La journée avait été très longue, la Hogan était si enthousiaste à l’idée de rencontrer la fille qui l’avait appelé hier. D’ailleurs, elle avait tellement été heureuse de cet appel qu’elle n’avait pas pensé à lui demander son prénom, ni même à quoi elle se ressemblait pour pouvoir se reconnaitre plus facilement. Mais ce n’était pas grave, elle-même était reconnaissable dans la foule. Avec tous ses tatouages, Hayden ne passait pas inaperçue, alors elles arriveront facilement à se retrouver. Elle n’avait rien eu de prévu aujourd’hui, pas de shooting, ni même d’appel de dernière minute pour remplacer quelqu’un. Rien du tout. Elle avait eu tout son temps pour se préparer, et surtout, prendre beaucoup de café. C’était un cercle vicieux chez elle. Même en étant hyperactive de base, elle en prenait à longueur de temps, ce qui n’arrangeait pas son cas, mais elle en prenait encore plus lorsqu’elle était stressée voir excitée. Elle était partie de chez elle avec un peu de retard, et en étant très énergique. C’était du Hayden, jamais à l’heure et toujours avec une dose plus que supérieur de café dans le corps. La Hogan avait pressée le pas, ne voulant pas faire attendre la personne si elle était déjà arrivée. C’est pour ça que, même partie en retard, elle arriva dans les temps. En arrivant dans la rue du petit café où elle lui avait donné rendez-vous, elle chercha du regard une femme, plutôt jeune vu sa voix au téléphone, et vu quelqu’un lui faire signe un peu plus loin. C’était elle. La Vietnamienne lui fit alors un signe pour lui faire comprendre qu’elle l’avait vu, se rapprochant en même temps d’elle.

« Hey ! C’est donc toi que j’ai eu au téléphone hier ? » Elle avait préféré posé la question, même si c’était plutôt évident. « Hayden Hogan, ravie ! »
Alors elle s’appelait Myung Hae. Elle avait enfin mis un nom et un visage sur une voix. Présentation faite, Hayden l’invita à s’assoir autour d’une table, sur la terrasse, pour parler un peu plus. « Donc tu es perceuse, c’est ça ? » Hayden devait bien l’avouer, elle ne pensait pas tomber sur quelqu’un ayant autant de connaissance dans les piercings, et qui plus est, ayant déjà exercé. Il fallait dire, elle était tombée sur la bonne personne. « Bon, dans tout les cas, je recherche un perceur pour mon salon, et tu me parait vraiment très bien ! Surtout si tu as déjà de l’expérience dans le métier ! Pour moi, tu es parfaite pour ça ! Vraiment ! »

Depuis qu’elle vit à ses comptes, Hayden était devenue très franche, à dire tout ce qui lui passait par la tête, sans parfois penser aux conséquences, alors pour ça, Myung pouvait lui faire confiance. Si elle lui disait ça, c’est qu’elle le pensait vraiment. Elle lui expliqua aussi qu’elle avait vraiment besoin de quelqu’un, n’ayant tout simplement pas l’expérience pour percer, d’où les petites annonces un peu partout. Bien sûr, elle lui apprit que le salon n’avait pas encore ouvert, recevant toujours certains meubles et accessoires nécessaire, mais que cela devrait être bon dans une semaine tout au plus. La Hogan avait quand même un peu peur. Peur que Myung ne se désiste parce que tout n’était pas encore prêt. Il est vraiment que, si une personne pratique depuis un certain temps un métier, elle préfèrerait travailler dans un endroit déjà stable, avec de la clientèle, et pas forcément faire un pari dans quelque chose d’à peine ouvert. Le choix lui appartenait, mais si par chance elle voulait rester, Hayden l’accueillerait avec joie.

A vrai dire, elle ne s'était pas vraiment attendue à rencontrer une personne comme elle. Tatouée de la tête au pied, elle dénotait un peu par rapport aux autres, ce qui, pour elle, était bien plus prometteur. A sa question, elle ne put que répondre positivement. "Oui ! C'est moi. Myung Hae Hennington, ravie de te rencontrer !" se présenta-t-elle alors en souriant. La table fut vite trouvée, dans cette rue passante. Une ambiance agréable, des conversations en foison, elle savait déjà que cette proposition marquerait sans doute ses semaines à venir. Elle allait peut-être aussi lui expliquer qu'elle ne pourrait travailler qu'en dehors de ses heures de cours, chose qu'elle avait omis de préciser. C'était sans doute cela qui pouvait faire tout annuler et rater au final. Elle aurait dû y penser, mais ce n'était pas sorti ce jour là. Souriant encore, elle hocha la tête. "Oui, j'ai débuté après le lycée, un peu par hasard. J'ai un certificat si tu veux. " lui annonça-t-elle, tandis qu'elle se cala bien sur la chaise. Cela faisait un moment déjà si elle y pensait bien. Elle avait commencé un peu en autodidacte, avant de faire plusieurs stage chez de réels salons. Comme pour pouvoir s'améliorer, et avoir un petit nom dans le milieu. Rendre heureux les gens, en décorant leur corps était l'une de ses passions. Voir leurs sourires, leurs yeux brillants. C'était sans doute simple, comme métier, mais c'était tout un art. Tout une question d'esthétisme.

Le profil parfait ? Elle était contente de l'entendre. Depuis le temps qu'elle recherchait un salon, elle était contente d'enfin trouver ce qu'elle voulait. Surtout que sa propriétaire avait l'air tout à fait charmante. "Par contre, j'ai quelque chose à te dire. Il va falloir que je jongle avec mes cours, alors je serais plus disponible le soir qu'en journée selon les jours." lui annonça-t-elle alors, un peu inquiète. Elle avait de quoi être anxieuse. Cela aurait très bien pu freiner l'envie de la tatoueuse. Et elle en connaissait certains qui ne voulaient que des temps pleins. Mais si on y pensait, cela donnait un petit charme, non ? Une sorte d'inaccessibilité,  ce qui pouvait peut-être augmenter la demande selon elle. Mais bon, chacun son truc. Elle c'était les langues et les piercings. Alors bon. Elle ne jugeait pas vraiment. Regardant la jeune femme en face d'elle, elle pencha un peu la tête, souriant plus discrètement.  "Et sinon, tu as des questions ? N'hésite pas surtout ! Vraiment, je me ferais une joie d'y répondre !" lui demanda-t-elle doucement. Si il n'y avait que cela pour voir si elle répondait à ses critère, alors elle ne réfléchirait pas trop. Cela faisait beaucoup trop de temps qu'elle n'avait pas passer d'entretien. Alors, de ses airs joyeux, elle continuait de rayonner, même si elle devait subir un interrogatoire plus ou moins strict. Elle s'attendait à pleins de chose, comme des demandes sur ses études, ou encore ses compétences. En vérité, elle n'en savait trop rien. Pas que cela la dérangeait vraiment.

Finalement, elle passa commande pour elles deux. Un thé pour elle. Elle en rêvait. Boire un coup pour se détendre, même si elle ne savait pas trop pourquoi elle stressait. Elle n'était pas anxieuse d'ordinaire, même pas du tout. Elle le serait sans doute avec certaines rencontre à venir, un certains homme, ou encore à propos de la situation de son ami, mais là, ce qu'elle ressentait était plus du ressort de l'ordinaire. Pas de peur, pas de silence dans sa tête pour autant. Tout fusait. L'envie de travailler, l'envie de pouvoir tenir de nouveau officiellement une aiguille. C'est qu'elle avait les compétences, la noiraude. De la douceur dans les doigts, une infime précision, elle ne se ratait jamais, ou alors que très peu. C'était en parti pour cela qu'on venait la voir. Mais sans doute aussi parce qu'elle plaisait à un peu tout le monde, la Hennington. Elle était originale à sa manière. Un vrai tempérament explosif, qui cachait une douceur évidente derrière une maladresse tout aussi présente.

Il ne fallait pas s'y méprendre. Il fallait une certaine dose d’énergie pour réussir à la supporter. Et un peu de courage. M'enfin bon. Ce n'était que des petits détails sur lesquels il ne fallait pas pinailler. "Et donc, cela fait longtemps que tu travailles en tant que tatoueuse ? Hmm ? " demanda-t-elle enfin. C'est qu'elle était curieuse aussi. Alors autant ne pas se retenir, et d'apprendre toujours un peu plus à faire connaissance. Qu'avaient-elles à perdre de toute manière ? Surtout autour d'une boisson.

Les cours que la Myung pouvait avoir à côté ne lui posait aucun souci. Le salon n’étant toujours pas ouvert, il ne risque pas d’avoir grand monde et puis les ouvertures se font toujours petit à petit alors elle pourra gérer quand elle sera entrain d’étudier. Ce n’était vraiment pas un problème pour elle. Son côté hyperactif l’aidera. Souriant toujours autant, elle réfléchit un instant Elle n’avait jamais passé d’entretien, alors elle ne savait pas vraiment quoi lui demander. Pour être mannequin, selon la branche, il suffit juste de remplir quelques critères physiques. Ils ne prendront jamais quelqu’un sans tatouage pour un magazine tatoo, c’est logique, alors elle n’avait pas eu trop de mal à rentrer. Pour être perceuse, c’est autre chose, alors elle posa les questions qui lui vint en tête.

« Alors tu as déjà travaillé dans un salon ? Pendant longtemps ? Et j’aimerais bien en savoir un peu plus sur les différentes manips que tu as pu faire. Je veux dire, où as-tu déjà percé ? Un peu partout sur le corps ou juste les endroits dit habituels comme les oreilles et le nombril ? »

Après avoir posé ces questions, elle lui demanda quelle étude avait-elle fait, le domaine des langues n’étant pas vraiment accordé pour ce métier. La Hogan continua de la questionner sur ses études jusqu’à ce que leurs boissons respectives se trouvent devant elles. Son addiction pour le café pouvait lui jouer des tours. Et quand bien même elle soit hyperactive, elle avait toujours besoin d’un petit remontant. Cette petite -ou plutôt grosse- dose de caféine pouvait la tenir éveillée pendant longtemps. C’était en partie grâce à ses innombrables nuits blanches que son salon avait pu voir le jour aussi rapidement. Et puis, de toute façon, Hayden sans café n’était pas Hayden. Demandez-lui d’en boire moins, et vous pouvez être sûr que la cafetière arrivera dans votre tête avant même que vous ne terminiez votre phrase.

La Hogan avait eu un petit rire. C’est vrai que, dans la théorie, elle était quasiment parfaite. Voulant travailler en tant que tatoueuse depuis aussi longtemps, elle avait eu le temps de peaufiner toutes les compétences requises. Mais elle n’avait pas beaucoup eu l’occasion de travailler le côté pratique. Bien qu’elle ait appris au côté de tatoueur qu’elle admire, qui l’avait laissé quelque fois jouer avec les aiguilles. Elle avait pu faire des tatouages complets, de seulement quelques heures de travailler comme de plusieurs dizaines. Alors on pouvait dire que non, ça ne faisait pas longtemps qu’elle exerçait en tant que telle, mais ayant bosser pour ça toute sa vie, c’était tout comme.

La jeune tatoueuse lui expliqua un peu son parcours, plutôt atypique. De son rêve d’enfant auquel presque personne ne croyait, jusqu’à l’imminente ouverture des portes de son salon, en passant par sa carrière de mannequin pour récolter des fonds. Il fallait le dire, elle en avait bavé pour arriver jusqu’ici. Et puis l’idée lui venu.

« Bon, pour être honnête, je pense vraiment que ça peut le faire. C’est pour ça que je voulais te proposer quelque chose, on termine tranquillement nos boissons, et si tu le souhaites, je t’amène voir mon petit bijou ! Comme ça, t’en aura une idée plus nette ! »

Trouver quelqu’un de compétent, et surtout qui la met en confiance -même si la vietnamienne est très souvent, pour pas dire toujours, en confiance-, n’était pas censé se passer aussi vite. Certes, elle voulait avoir rapidement quelqu’un pour les piercings, mais elle ne pensait pas tombée sur une personne comme elle. Myung avait l’air calme, en bref, tout le contraire de la Hogan qui courait partout. En clair, elle ne pouvait pas rester deux secondes dans la même position. C’était impossible. Mais on s’y habituait vite. Quoi que.. C’est pour ça qu’elle voulait lui montrer son bijou, dès la première rencontre, et puis, le fait qu’elle ait cours à côté n’était pas un problème. Une ouverture n’était pas souvent très chargée. Et même si la Hogan voulait lui faire visiter le salon, elle ne l’embauchera pas comme ça. Une ou deux journées d’essais s’imposaient.

Attendant patiemment, elle dont les idées fusaient assez pour se permettre de prendre les devants de la jeune femme, elle se contenterait de répondre à ses questions pour cette première rencontre. Car sans doute n'était-elle pas pressée, elle, mais il n'en était pas forcément de même avec celle qu'elle avait en face d'elle. "J'ai volé de salon en salon parce que j'aimais bien tester à mes débuts. Le plus long que j'ai dû faire c'était environs huit mois. Et niveau pierçage j'ai fais de tout sur tout le corps, et pas seulement les oreilles." qu'elle rectifia alors. Elle ne se serait pas jetée dans ce boulot, si elle ne savait déjà pas parfaitement les manipulations à faire ni même les procédures. Banalités pour elle, qui pourtant devait compter sur le papier en réalité. Mais bon, elle n'allait pas lui reprocher d'être un peu professionnelle. Et elle n'hésita pas à venir lui expliquer ses études, ainsi que les diplômes qu'elle avait pu obtenir sur le terrain. Elle était ce ceux qui avait appris directement auprès de professionnel, car elle n'avait jamais réellement aimé les cours autrement que les multiples langues qu'elle avait pu apprendre et qui lui servait au quotidien. Et même avec son meilleur ami, il lui arrivait d'entraîner son italien. Raison de plus qui lui avait offert le goût de ces délicates mélodies qui pouvaient sortir des lippes de tous.

Puis boissons arrivées, elle se délecta du récit de la plus vieille, en apprenant plus sur son parcours. Important pour elle, car se lancer dans une affaire comme cela nécessitait une mise en préparation. Ses études étaient bientôt terminées, et ce n'était pas demain la veille qu'elle trouverait une place pour travailler dans ce qu'elle désirait. Bien évidemment que ses langues lui ouvrait des passerelles inlassables vers des métiers plus communicatifs, ce qu'elle adorait. Commerce, vente, professeure, ou encore tourisme et voyage. C'était tout ce qu'elle appréciait, le commerce humain elle. Et à vrai dire, le parcours de la jeune femme ne l'étonna pas vraiment. Il fallait dire qu'on la voyait de loin avec tous ses tatouages, et elle savait que ce milieu était plus complexe qu'on ne pouvait le croire. "Je suis ravie de l'entendre. Avoir un endroit où se poser sera tellement plus agréable que de voler de clients en clients...Alors je suis disponible pour une visite juste après." Son emploi du temps n'était pas chargé. Au contraire. C'était juste ses idées, qui se battaient en duel dans sa tête pour savoir quoi faire. Car elle même avait déjà envisagé d'ouvrir de quoi la faire vivre. Idées qui changeaient en permanence, comme elle. Une vraie fusée elle était en réalité. Tactile, toujours le sourire aux lèvres, caractère beaucoup trop effusif. Il fallait la voir pour y croire, et même quand elle ne connaissait pas les personnes, elle se permettait de rester elle-même sans façade, sans barrière.

Tasse portée aux lèvres, main passée dans ses cheveux noirs et longs pour les ramener en arrière, elle ne tarda finalement pas à finir son liquide chaud avant de se mettre en direction de l'espace particuliers de la jeune femme. Rien n'était sûr, elle le savait, autant du côté de l'employeuse que de l'employée. Alors c'était juste une journée de découverte, une journée pour confirmer ses doutes, et elle serait très franche à ce sujet avec la plus vieille. "Et donc sur quel genre de tatouage tu préfères piquer ? T'as ton propre style ou tu veux faire du plus général ?" qu'elle lui demanda pour se renseigner un peu. Car elle était curieuse, la brune, elle ne lâchait pas non plus l'affaire facilement. C'était sans doute pour cela qu'on l'appréciait si facilement. Pour sa motivation et sa détermination. Étrange créature qu'elle était mais à laquelle l'on s'accrochait si aisément. L'envie de bosser la taraudait depuis un moment déjà, et même si elle avait déjà pu exercer en secret des savoirs de son père, car passion oblige hors du commun, la belle était née sans difficulté, elle, sous les protections de gens en costumes.