you're fucking kidding me. [kaodd#1]

Tout s’enchaine, tout va trop vite, tout me rend folle. J’ai l’impression désagréable que le monde se ligue contre moi ces derniers temps, comme un putain de mauvais karma qui s’abattrait juste sur moi pour m’emmerder et me dire ‘tu vois connasse, fallait pas faire de conneries’. Parce que des conneries, j’en ai faites, mais j’ai l’impression aussi que j’ai eu mon lot d’emmerder. Fallait pourtant que ça continue, encore et encore. Depuis le retour de mon père, son cancer, sa 2ème femme et Zahara, je sais même plus comment agir. Je fuis, comme si tout ça n’avait aucune importance, mais ça en a une. Le seul que j’ai envie de voir, là maintenant, c’est Todd. Mais rien que l’idée d’aller le voir dans sa nouvelle coloc avec toutes ces filles, ça me file la gerbe. Ok. On respire. Je sors mont téléphone et envoie simplement un sms à Todd, succinct. ‘rejoins-moi au parc, besoin de te parler.’ Y’a un parc juste derrière chez mes grands parents, c’est là qu’on s’est embrassés la première fois, là qu’on se retrouve assez régulièrement, pour être tous les deux, juste tous les deux. J’attends sa réponse, et me rends au parc quand je sais qu’il ne devrait pas arriver. J’ai autant envie de pleurer que de frapper dans un arbre. J’ai jamais été aussi violente que depuis quelques mois, c’est dingue. Ma grand mère arrête pas de dire que je devrais aller voir un psy, mais je les emmerde les psys. Tous. J’ai pas besoin de psy. Todd est en retard, c’est pas dans ces habitudes. Assise sur notre banc, ma jambe tremble, je serre la mâchoire, je m’impatiente. Et enfin il arrive et je me lève. « T’as une autre nana ? Pourquoi t’es en retard comme ça ? J’te dis que j’ai besoin de te voir et toi t’es en retard ! » Les hostilités sont lancées. Depuis quelques semaines, notre couple bat de l’aile, et j’y mets pas du mien. Pourtant, j’ai peur de le perdre…

Je sais pas pourquoi je l’engueule à peine est-il arrivé. C’est plus for que moi, je me laisse emporter par mes émotions et je ne réfléchis pas. C’est con, j’en ai conscience, mais seulement après coup. Pourtant je ne m’excuse pas, ce n’est pas dans mes habitudes.  « bonsoir. comment tu vas ? moi aussi, je vais bien, c'est sympa de demander. » Je soupire et lève les yeux au ciel dans une attitude complètement blasée, croisant mes bras sur ma poitrine comme une gamine. « ça va plus bien putain. » Et voilà qu’il râle, bordel mais c’est à moi de râler, avec sa coloc de meufs là ! « j'ai répondu à ton message comme quoi j'arrivais. je sortais de la douche, et j'te rappelle que j'ai déménagé et que j'habite donc, plus loin et qu'il me faut plus de temps pour pouvoir arriver. tu voulais me parler ? » « Oui bah justement parlons-en de ta coloc ! » Je ne perds pas de temps. Ma seule défense, c’est l’attaque, et ce depuis que j’ai changé, depuis que j’ai décidé de me prendre en main pour qu’on arrête de me marcher dessus. Je me tourne vers lui alors qu’il est assis près de moi, et je plante mon regard azur dans le sien. « Tu fais plus aucun effort depuis des semaines, t’as déménagé dans un appart avec que des meufs, comment tu veux que je le prenne hein ? Comment je suis supposée le prendre ? » Je m’emporte, je sens mon coeur qui s’accélère, si je me laissais aller, je crois que je pourrais pleurer, parce que je suis à bout, entre ma vie perso et lui qui s’éloigne de moi, je sais plus quoi faire. « C’est quoi le problème exactement ? Pourquoi tu t’éloignes de moi exactement ? » Je ne le lâche pas des yeux alors que son regard semble fuyant. « Tu me caches quelque chose ? » J’ai besoin de savoir. Je le soupçonne de voir quelqu’un d’autre, mais ça ne date pas d’hier. Ça fait un an qu’on est ensemble, et un an que je le soupçonne de voir quelqu’un d’autre. J’ai juste tellement peur qu’il me laisse…

Je m’emporte, je m’emporte toujours quand j’ai peur, quand j’ai mal, quand je sens que quelque chose cloche. Mes origines italiennes peut-être. Quoi qu’il en soit, Todd est à peine arrivé qu’il en prend pour son grade. En même temps, j’ai appris hier que ma supposée demi soeur - qui entre nous m’a embrassée une fois, erk - est censée débarquer d’ici la fin de la semaine, je crois que j’ai de quoi être à cran. Fallait bien que ça tombe sur quelqu’un, et c’est sur lui. En même temps, pardon de le trouver chelou aussi depuis quelques semaines ! « putain, tu veux savoir ? y'a quatre des six filles qui sont pseudos en couple, ou alors lesbiennes. indiana a un mec, et on est très clairs là-dessus, sur le fait qu'on dort simplement dans la même pièce. » j’ai les poils qui s’hérissent rien qu’en entendant cette phrase. Il dort dans la même chambre qu’une fille. UNE FILLE PUTAIN ! Y’a un autre mec dans la coloc, ils auraient pas pu simplement mettre les deux gars ensemble ? Ça aurait évité des problèmes. Surtout pour mon cerveau. Je serre les mâchoires. « Elle te voit en boxer tous les matins, elle doit être contente la Indiana.. » je lâche amèrement même si je sais qu’il va s’énerver. Todd, c’est mon premier petit ami, le premier vrai. Quand j’ai perdu du poids, que je me suis métamorphosée, et que je suis passée du statut ‘gros tas’ à celui de ‘bonnasse’ dans les yeux des mecs, ça a changé beaucoup de choses. Aujourd’hui, je sais que je plais, mais dans ma tête, je me sens encore très souvent aussi grosse qu’avant, d’où mes troubles alimentaires que personne n’a encore jamais découvert - fort heureusement. Du coup, il est clair que Todd est important pour moi, et que j’ai pas envie de le perdre. « écoute kai, je sais pas, c'est en qui que t'as pas confiance, mais, ça fait un an qu'on est ensemble. tu sais bien que j'suis pas le genre de mecs à aller voir une autre nana. » « Comment je peux être sûre de ça ? » Cette fois, mon ton est plus blasé qu’autre chose. Je passe nerveusement mes mains sur mon visage et me lève du banc, le coeur battant. « Je sais pas ce qu’il se passe. J’en sais rien. Je remarque juste que t’es plus distant, que tu m’envoies plus autant de messages qu’avant, que tu demandes pas à me voir, on dirait que t’en as rien à foutre ! Tu vois que par le foot et tes nouveaux colocs, et moi dans tout ça hein ? Je dois jouer les potiches et t’attendre la bouche en coeur ? »

 « c'pas comme si j'étais à poil non plus hein. et la plupart du temps, j'suis en jogging plus qu'en boxer. » Tu parles, ça change rien. Il dort pas avec un pyjama jusqu’au cou, elle doit forcément le voir quasiment nu, et ça ça me tue. J’ai l’impression de ne plus avoir confiance, ni en lui, ni en moi, et surtout pas en toutes ces filles qui le reluquent comme ça sans arrêt, ça me rend folle. « t'es sérieuse, ça fait un an que tu me fais pas confiance en fait ? » Je ne réponds rien. J’en sais rien. Si, je crois que je lui fais un peu confiance, mais c’est bizarre, ma jalousie maladive est en train de me tuer, de nous tuer. Et puis finalement, mon sang italien refait surface et je m’emporte, lui demandant ce que je suis censée faire dans toute cette histoire. « ouai en fin, quand on s'est mis ensemble, tu savais très bien que le foot ça a toujours été toute ma vie. » Il n’est en réalité pas question du foot. C’est sa passion, ça me dérange pas, même si ça prend beaucoup de place. Je lui ai mis ça dans les dents mais à vrai dire, je m’en fiche un peu, c’est pas ça qui me dérange le plus. « et p'être que j'suis plus distant parce qu'à chaque fois qu'on se voit t'es en train de m'accuser de te tromper et en train de me faire des crises de jalousie pour tout et n'importe quoi ? » Je serre les dents, il essaie de me faire me remettre en question mais je n’en ai ni l’envie ni même la capacité, pas maintenant, pas avec tout ce que je vis depuis quelques temps, et il ne fait rien pour arranger les choses. « on peut plus passer un moment tranquille sans que tu m'accuses de regarder une meuf passer dans la rue ou sans qu'on se dispute, putain. ça m’soule. j'ai pas envie de me prendre la tête constamment, encore moins aujourd’hui. » Je le regarde cette fois, inquisitrice. « Quoi aujourd’hui ? Qu’est-ce qu’y a aujourd’hui de différent des autres jours ? Et puis merde, si j’te saoule autant, qu’est-ce que tu fous encore là ? » Moi aussi j’ai des soucis, moi aussi j’ai des trucs en tête, mais ça m’empêche pas de penser à lui, et de toute évidence, ce n’est pas réciproque, et ça me tape sur le système. « J’demande pas grand chose putain, ouais j’suis chiante, ouais j’suis jalouse, mais j’ai juste besoin d’attention, surtout en ce moment. Et toi on dirait juste que t’en as rien à foutre, ou pire que tu fais exprès pour me rendre malade. Tu pouvais pas trouver une coloc de mecs, ou juste une coloc où tu aurais pas à partager ta chambre avec une nana ? Franchement, j’suis pas dingue, n’importe quelle fille en couple avec un mec réagirait comme moi ! » Oui, j’en suis persuadée.

t'en as marre, tu sais pas pourquoi t'es venu, tu sais pas pourquoi vous vous prenez la tête, tu sais pas ce que vous foutez encore ensemble parfois. et pourtant, pourtant t'es persuadé que t'as toujours des sentiments pour kai, au fond. parce que c'est la première nana avec qui ta relation dure. plus d'un an, c'est pas rien. surtout à vingt-deux ans. tu fermes les yeux un instant et soupires longuement, t'as pas envie d'affronter la tornade que peut devenir ta petite amie. quoi aujourd'hui ? qu'est-ce qu’y a aujourd’hui de différent des autres jours ? et puis merde, si j’te saoule autant, qu’est-ce que tu fous encore là ? bah parfois j'me pose la question. tu siffles face à la blonde, secouant longuement la tête en glissant tes mains contre ton visage. t'as envie de t'excuser de tes mots et ... et en même temps, t'as pas franchement le temps. j’demande pas grand chose putain, ouais j’suis chiante, ouais j’suis jalouse, mais j’ai juste besoin d’attention, surtout en ce moment. et toi on dirait juste que t’en as rien à foutre, ou pire que tu fais exprès pour me rendre malade. tu pouvais pas trouver une coloc de mecs, ou juste une coloc où tu aurais pas à partager ta chambre avec une nana ? franchement, j’suis pas dingue, n’importe quelle fille en couple avec un mec réagirait comme moi ! tu glisses tes doigts dans tes cheveux, fronçant les sourcils et agrippant tes mèches, soupirant longuement, secouant un peu la tête de gauche à droite. n'importe quelle fille ferait confiance au mec avec qui elle sort depuis plus d'un an, putain ! tu siffles. dit le moi tout de suite si tu me penses être un connard qui baise la première fille qu'il croise. tu lâches. parce que j'pense que là y'a vraiment un soucis qu'on arrive pas à pointer. tu lâches en soupirant longuement, secouant la tête de gauche à droite et en soupirant une nouvelle fois. putain, j'suis désolé, j'suis juste à bout en ce moment. tu souffles faiblement en secouant la tête de gauche à droite. j't'aime kai, je veux pas te perdre. tu lâches en t'approchant un peu de la jeune femme pour glisser tes mains contre ses épaules. tu te pinces les lèvres un instant et fermes les yeux un instant.

 « bah parfois j'me pose la question. » Alors on en est là. Je reste un instant interdite face à sa réponse si fuyarde qu’on dirait qu’il a perdu ses couilles. Mais je peux pas en rester là, alors j’en rajoute une couche. J’ai besoin de savoir, de le confronter, qu’il prenne une décision ou c’est moi qui finirai par la prendre tellement tout ça est invivable. « n'importe quelle fille ferait confiance au mec avec qui elle sort depuis plus d'un an, putain ! dit le moi tout de suite si tu me penses être un connard qui baise la première fille qu'il croise. parce que j'pense que là y'a vraiment un soucis qu'on arrive pas à pointer. » Ça me fait mal au coeur, ce serait mentir de dire de contraire. J’ai l’impression qu’on est dans une impasse et bordel ça fait mal. « J’ai pas dit ça putain je… j’ai juste peur ! Tu peux comprendre ça ? Peur qu’une autre fille un jour t’intéresse plus que moi… » Parce que je lui tape sur le système, je le vois bien, parce que trouver une fille moins folle, moins hystérique, moins jalouse, ça doit pas être si compliqué que ça. « putain, j'suis désolé, j'suis juste à bout en ce moment. j't'aime kai, je veux pas te perdre. » Les larmes me montent aux yeux, je pleure pas souvent pas souvent devant quelqu’un, mais merde, il me fait perdre la tête et je sais plus quoi faire ni comment le faire. Mais ces mots. Juste ces mots là, c’est ce dont j’avais besoin. Il s’approche et je le laisse faire. « J’ai besoin de toi… » que je souffle entre mes lèvres dans un aveu à demi-mot. Parce que mon père va mourir, parce que la fille qui m’a fait tourné la tête vient de revenir. J’ai besoin de savoir qu’il est là, qu’il me lâche pas. « Je demande pas grand chose Todd, j’ai juste besoin de sentir que t’as pas juste envie de trouver quelqu’un d’autre que moi. Quelqu’un d’autre de mieux que moi… » Ma voix est un peu étouffée dans ma gorge, et je fonds finalement dans ses bras, blottissant mon visage dans son cou. « Je t’aime, je veux pas te perdre non plus… »

tu fermes les yeux un instant, t'es totalement paumé, tu sais plus quoi penser de tout ça. tu te mords l'intérieur de la joue et retiens un petit soupir. j’ai pas dit ça putain je… j’ai juste peur ! tu peux comprendre ça ? peur qu’une autre fille un jour t’intéresse plus que moi… tu te pinces les lèvres, tu comprends pas totalement la blonde. parce que ... parce que ce sont des choses qui peuvent arriver, tu sais pas trop. tu soupires un peu et l'observes un instant. tu glisses tes doigts dans tes cheveux et te pinces les lèvres. tu viens la serrer contre toi, t'excusant. tu l'aimes, c'est tout. j'ai besoin de toi... tu te pinces les lèvres un instant et viens embrasser doucement son front. je demande pas grand chose todd, j'ai juste besoin de sentir que t'as pas juste envie de trouver quelqu'un d'autre que moi. quelqu'un d'autre de mieux que moi... je t'aime, je veux pas te perdre non plus. tu fermes les yeux et la serres contre toi en glissant tes doigts dans tes cheveux, embrassant son front tendrement. je suis désolé. tu souffles. je suis pas très doué pour tout ça. tu ajoutes en retenant un petit soupir, haussant un peu les épaules en la serrant contre toi. mais j'irais jamais voir une autre fille alors qu'on est ensembles. je suis pas comme ça, tu le sais bien. tu retiens un petit soupir et l'observes un instant en la serrant contre toi un peu plus fort, tes doigts glissant dans ses cheveux un instant, tandis que tu essayes de la réconforter un peu, secouant la tête de gauche à droite en venant l'embrasser tendrement, soupirant faiblement.