lost in my mind ☽ micah

C'est le bordel dans ma tête, le bordel dans mon coeur. Depuis mon retour à LA, je ne sais plus vraiment quoi penser. Je suis perdue. Retrouver Kai a été plus difficile que prévu. Ça fait mal de voir à quel point nous avons pu nous éloigner. Un an, c'est long. Beaucoup trop long à mon goût. Et notre relation n'est plus celle qu'elle a été. Elle ne le sera sans doute plus jamais d'ailleurs. Je le sens, je le sais. Je l'ai perdue. Le constat est douloureux et me brise bizarrement le coeur. Kai a une place particulière dans ma vie et même si j'essaye de ne rien montrer, toute cette histoire me blesse profondément. Ça fait maintenant plusieurs jours que tout se bouscule dans mon esprit. Je me surprends à me poser des questions. Sur Kai, sur moi-même. Pourquoi ? Pourquoi mon coeur accorde-t-il autant d'importance à son indifférence ? Je n'arrive pas à mettre des mots sur ce que je ressens, je n'arrive pas à l'expliquer. Mais au fond de mon coeur, c'est bien réel. Là, ancré en moi. Ce soir, sur le chemin du retour, mes pas s'arrêtent devant un bar. Mais pas devant n'importe lequel. Le planet, un bar lesbien. Simplement par curiosité. Je reste quelques longues minutes devant la porte sans trop savoir quoi faire. En réalité, je ne sais pas réellement ce qui me pousse à me retrouver là, ici, maintenant. C’est quelque chose que je ne comprends pas. Une pulsion qui me dépasse complètement. C’est tout nouveau pour moi. Je rentre finalement, hésitante, alors que je balaye la salle du regard. C’est la première fois que je mets les pieds dans un bar comme celui-là. Et à vrai dire, c’est quelque chose qui m’intrigue fortement. Je me demande comment c’est, quelle ambiance il y a dans ce genre d’endroit. Gênée, je baisse instinctivement les yeux pour fixer maladroitement le sol. Un mal aise s'installe alors que je reste plantée dans l'entrée sans réussir à bouger. Je sens le regard insistant d'une jeune femme accoudée au comptoir dans ma direction. A cet instant, je regrette amèrement d'avoir franchi la porte de ce bar. Je n'ai qu'une envie ; m'enfuir en courant. C'est d'ailleurs ce que j'essaye de faire en tournant rapidement les talons pour repartir de là ou je viens. Mais une voix féminine derrière moi se fait entendre. Merde, trop tard. Je ne peux plus faire machine arrière maintenant. « Je crois que j'ai dû me tromper d'endroit. » C'est la première chose qui me vient à l'esprit. Une excuse débile et sans doute peu crédible. Mais faire semblant de ne pas savoir où je suis est tout ce que j'ai trouvé sur le coup pour me justifier. Je n'aurais jamais dû venir ici.

Elle rigola à l’entente de la blague de la barmaid. Ça faisait depuis le début de la soirée qu’elles se parlaient, à chaque fois que Micah allait la voir pour prendre commande. Ce soir, Micah était venue avec des collègues du boulot pour boire un coup, histoire de se détendre un peu après cette journée à l’UCLA sous le signe de l’anxiété. C’était une journée spéciale car à l’université ils avaient organisé une exposition scientifique pour tout les étudiants amoureux de la robotique. Ça faisait déjà un mois que toute l’équipe préparait cet évènement et d’ailleurs aujourd’hui avait été un succès. Malgré l’angoisse qu’il y avait tout de même en chaque organisateur et Micah n’avait pas été en reste. Elle l’avait senti aussi. Elle voulait que ça soit réussi. Mr. Carlton avait été impressionné par le travail fourni et en fait, elle avait vraiment plus peur de lui que des couacs imprévus pendant l'évènement. Mr. Carlton n’était pas vraiment une personne qu’il fallait décevoir même s’ils avaient une relation particulière vu que c’était son assistante. Cependant, elle avait l’impression que vu qu’il l’estimait énormément, il était encore plus dur avec elle. Enfin bon, au fond, elle savait qu’il n’était pas non plus une personne avec un mauvais fond. C’était juste qu’il était un peu arrogant et hautain sur les bords. Micah savait que ça cachait une grande sensibilité. C’était juste qu’il se protégeait. C’était ce qu’elle pensait réellement. Mais fort heureusement cette journée s’était très bien passée. Ce soir c’était presque la fête des geeks ! Se relatant toutes les inventions des étudiants, parfois très bien pensées et d’autres vraiment farfelues. Comme l’invention de Victor, fana de Star Trek, il avait crée un Spock en brosse à dent électrique. Sur les mains où il faisait le V du salut, il avait implanté les poils. C’était un peu bizarre comme invention d’ailleurs mais bon Micah trouvait ça originale tout compte fait. Il avait de l’imagination le Victor. Attendant sa commande après avoir ri sur la blague que la barmaid avait sorti, son regard se hasarda sur le monde qu’il y avait au Planet et s’arrêta sur une jeune fille qui était à l’entrée. Ses pupilles se fixaient sur elle parce qu’elle semblait être légèrement perdue. La barmaid lui apporta sa bière et Micah, en bon samaritain décida d’aller vers cette jeune fille qui tourna les talons. « Est-ce que tout va bien mademoiselle ? » demanda-t-elle avant que l’inconnue ne franchisse les portes. Elle avait l’air jeune en plus. Enfin, elle en était sûre même. « Je crois que j'ai dû me tromper d'endroit. » Micah sourcilla. Bon, ce bar était réputé tout de même. On n'atterrissait pas dans cet endroit par maladresse. « Ah oui ? Pourtant Le Planet est assez connu dans la ville. On ne tombe pas par ici par pur hasard. » lança-t-elle, souriante.

Je sais pas ce que je fous là, je sais pas ce qui m'a pris. Déjà que venir seule dans un bar a de quoi paraître étrange mais là c'est encore pire. On ne vient généralement pas dans un bar lesbien par hasard. Ce n'était peut-être pas une très bonne idée, finalement. Le problème, c'est qu'il est trop tard pour revenir en arrière. Ma présence ne semble pas être passée inaperçue puisqu'une femme vient à mon contact. Même si je meurs d'envie de l'ignorer et de faire comme si de rien n'était, je me sens prise au piège. Demi-tour droite. Je me retourne pour lui faire face, une légère grimace affichée au coin de mes lèvres. C'est la jeune femme qui me regardait tout à l'heure. Bienveillante, elle me demande si tout va bien. J’acquiesce d'un petit hochement de tête avant de me justifier rapidement. Comme une gamine prise la main dans le sac. Et en soit, c'est un peu ça. « Ah oui ? Pourtant Le Planet est assez connu dans la ville. On ne tombe pas par ici par pur hasard. » Et merde, grillée. Je m'empresse alors de trouver une suite logique à mon excuse. Je bafouille un peu, jouant timidement avec le bout de mes cheveux. Un signe de mal être absolu. C'est pire que gênant comme situation. « Je suis nouvelle en ville. » Nouveau mensonge. Enfin, qu'à moitié. C'est un peu vrai en soit. Je suis pas vraiment nouvelle mais plus exactement de retour à LA après trois ans d'absence. Bon, par contre, je ne suis jamais venue ici, au Planet. Ça, c'est vrai. Même si je sais très bien qu'il s'agit d'un bar lesbien. Faut dire que c'est quand même difficile de se tromper. « Je ne connais encore pas vraiment les endroits à fréquenter ou à éviter. » Je continue de me justifier comme pour noyer le poisson. Mais je m'enfonce encore un peu plus. « En rentrant ici, je n'avais pas compris que c'était un bar... particulier. » Je perds mes mots ne sachant pas trop comment le dire. Bon, ok, là c'est la merde. Je rougis légèrement baissant à nouveau le regard en direction du sol. C'est fou, mes pieds n'ont jamais été aussi intéressants qu'à cet instant. Là, tout de suite, je rêve de pouvoir me réfugier dans un trou de souris. N'importe où mais loin d'ici. Et pourtant les mots se délient de mes lèvres sans que je puisse les contrôler. Un élan de curiosité peut-être mal placée. « Vous êtes une habituée ? » Une force indomptable me pousse à vouloir me renseigner davantage sur ce monde encore inconnu à mes yeux. Un univers à la fois intriguant et déstabilisant.

Micah n’avait pas pu la laisser partir sans savoir pourquoi elle avait l’air si perdu. Elle était plutôt du genre à vouloir que toutes les personnes autours d’elle se sentent bien même des inconnu.es. C’était dans son tempérament. A vouloir toujours aider les autres. Ce n’était pas pour rien qu’elle agissait ainsi avec la famille Doherty. Même si au fond, elle savait pertinemment que c’était mal de mentir à Evan sur la nature même de sa bienveillance auprès d’elle. Enfin, elle adorait passer du temps avec elle, ce n’était pas le problème. C’était vraiment qu’elle lui mente ouvertement sur la relation qu’elle avait pu avoir avec son feu frère qui la faisait culpabiliser à mort. Enfin bon, tout ça pour dire que Micah ne voulait pas que la jeune fille parte en étant aussi désarçonnée d’être ici. Il fallait qu’elle comprenne pourquoi. Sinon, c’était sûr, elle n’allait pas dormir de la nuit. Et si vraiment elle n’était pas bien ? Elle s’en serait voulue si cette fille lui arrivait quelque chose alors qu’elle sentait qu’elle était complètement désemparée à cet instant précis. Il n’était jamais trop tard pour tendre une main. Et c’était ce qu’elle avait fait. Isiah lui dirait qu’un jour ou l’autre sa bonté la perdra mais Micah ne regrettait jamais ses actes tant que les personnes se sentaient bien après, c’était le principal.  « Je suis nouvelle en ville. » ah d’accord. Oui, c’était une bonne excuse même s’il ne fallait pas être aveugle pour voir que ce bar attirait plutôt le monde LGBT. « Je ne connais encore pas vraiment les endroits à fréquenter ou à éviter. En rentrant ici, je n'avais pas compris que c'était un bar... particulier. » elle sourcilla en la regardant baisser les yeux pour contempler ses chaussures puis rit légèrement. « Oui il est particulier, c’est vrai. Mais ce n’est pas un endroit à éviter, ne t’inquiète pas. » elle voulait la rassurer. Après tout, on se sentait bien dans cet endroit. On pouvait être nous-même sans que personnes ne vous jugent. Et ce n’était pas du tout un soucis si la personne était hétéro, tout le monde ici était accepté. C’était la politique du bar. « Vous êtes une habituée ? » elle était mignonne quand même. Elle avait l’air de ne pas savoir ce qu’elle foutait ici mais elle était tout de même curieuse. Micah ne put que sourire, attendrie « Oui, je suis une habituée. Je me sens bien ici, c’est un peu mon QG. » elle tourna sa tête pour voir ses collègues s’amuser à leur table et à parler encore des trucs de geeks puis reposa à nouveau son regard sur l’inconnue. « Je m’appelle Micah au fait. Tu veux boire un truc ? Genre un cocktail fruité ? » demanda-t-elle, toujours le sourire aux lèvres. Elle pensait vraiment qu’elle ne devait pas avoir l’âge de consommer de l’alcool au bar, étant habituée à voir des étudiantes dans son boulot. « Parce que bon, on ne va pas discuter juste devant l’entrée vu que tu ne pars pas maintenant, si ? »

Il parait que la curiosité est un vilain défaut. Enfin disons que ça dépend de quelle curiosité on parle. Dans un cas comme celui-là, je ne pense pas que ça soit mal. Si je suis rentrée dans ce bar en premier lieu, il y a forcément une raison. Même si je n'en suis pas totalement consciente pour le moment. C'est incontrôlé, instinctif. Ce n'est pas quelque chose auquel j'ai eu le temps de réfléchir. Ça c'est fait comme ça sans que je n'ai le temps de comprendre ce qui arrive. L'esprit bouleversé et tourmenté par ces sentiments inattendus. « Oui il est particulier, c’est vrai. Mais ce n’est pas un endroit à éviter, ne t’inquiète pas. » Bon, c'est rassurant. Pas que je sois inquiète des possibles fréquentations ou quoi. Comme c'est nouveau pour moi, c'est quand même bon à savoir. En tout cas, cette femme a l'air plutôt agréable et bienveillante. A son contact, je me sens instinctivement plus à l'aise. En confiance. « Oui, je suis une habituée. Je me sens bien ici, c’est un peu mon QG. » J'en déduis peut-être maladroitement que la jeune femme a une préférence pour la gente féminine. Non ? Du moins, ça parait logique dans un sens. Et sans m'en rendre compte, je la dévisage un peu plus en profondeur du regard. J'essaye de faire attention à son style et à ses mimiques. Un réflexe là encore que je ne comprends pas totalement. Faut croire que sur ce coup là ma curiosité est toujours bien présente. « Je m’appelle Micah au fait. Tu veux boire un truc ? Genre un cocktail fruité ? Parce que bon, on ne va pas discuter juste devant l’entrée vu que tu ne pars pas maintenant, si ? » J’acquiesce d'un petit hochement de tête avant de me présenter à mon tour. « Enchantée, moi c'est Kezia. » Finalement, je suis plutôt contente d'être tombée sur elle. Qui sait, ça aurait pu être pire. Bien pire même. « Non c'est bon, je vais rester un moment du coup. » Ça ne sert plus à rien de fuir maintenant. Je me sens un peu moins mal à l'aise, c'est une bonne chose. « Un cocktail sans alcool ira très bien, merci. » Je suis la jeune femme près du comptoir et m'installe sur un tabouret à ses côtés. « Vous êtes venue ici toute seule ? » Dis-je sans même prendre le temps de réfléchir à la question. Et merde, c'est sorti tout seul. Je me suis rendue compte un peu tard de la maladresse de ma question. Je grimace légèrement avant de me confondre en excuses. Je n'ai pas envie que Micah interprète cette question d'une mauvaise façon. Je ne suis pas intéressée dans ce sens là. « Je suis désolée... c'est un peu nouveau pour moi tout ça et je suis sans doute un peu trop indiscrète avec mes questions. » La situation devient gênante alors que mes joues virent soudainement au rouge vif. Je ne veux pas que la jeune femme se sente mal à l'aise avec mon interrogatoire. Ce n'est pas du tout mon intention.

Micah remarqua les regards insistants de la jeune fille sur elle lorsqu’elle lui dit que c’était un peu son QG ce bar. Mais ce n’était pas un regard qui montrait un quelconque intérêt pour elle. Non, c’était plutôt un regard observateur, cherchant peut-être à savoir si Micah était du genre à aimer les femmes. Enfin, c’était ce que comprenait la roboticienne. Elle avait déjà eu à faire à ce genre de regard, surtout par des hétéros curieuses qu’elle avait rencontré dans ce même bar. Mais bon, c’était peut-être le cas de cette jeune fille ? Parce qu’elle trouvait ça gros quand même de rentrer dans le Planet par pur hasard alors qu’on devinait réellement quel public il accueillait. Néanmoins, Micah se présenta et lui demanda si elle voulait boire un coup. Histoire de ne pas rester plantées à l’entrée comme ça. Et puis elle devinait aussi que l’inconnue voulait peut-être discuter. « Enchantée, moi c'est Kezia. Non c'est bon, je vais rester un moment du coup. Un cocktail sans alcool ira très bien, merci. » à la bonheur ! Micah élargit son sourire. Kezia, joli prénom. Ça sonnait exotique. Et de toute façon, en observant Kezia, cette dernière était tout de même typée. Ça lui allait bien. Elle la pria de la suivre au bar, s’installant sur les tabourets. Interceptant la barmaid avec qui elle rigolait au passage pour commander un cocktail sans alcools. « Vous êtes venue ici toute seule ? » Micah tourna son regard sur Kezia, haussant légèrement les sourcils. « Je suis désolée... c'est un peu nouveau pour moi tout ça et je suis sans doute un peu trop indiscrète avec mes questions. » un rire s’extirpa d’entre ses lèvres. Elle secoua légèrement la tête. « Ah non, ne t’inquiète pas. Ce n’est pas un soucis ! Et puis tu peux me tutoyer aussi, je me sentirais moins vieille. » blagua-t-elle et reprit « Et non je ne suis pas venue toute seule, je suis avec des collègues du boulot. On est venus boire un coup pour fêter la réussite de notre évènement qu’on a organisé à l’UCLA aujourd’hui. » elle montra sa bande de geeks juste à deux tables derrière elles. « Mais bon, ce n’est pas grave si je m’absente un peu, ils ont l’habitude de me voir discuter avec des gens. » Elle n’avait même pas mal pris sa question. Elle avait vite deviné que Kezia ne l’avait pas posé parce qu’elle était intéressée par elle. « Dis moi Kezia, sincèrement, pourquoi tu es entrée dans ce bar ? » le cocktail arriva devant la jeune fille « Et ne t’en fais pas, tu peux me le dire je ne suis pas du genre à juger ou quoi. » sa bienveillance se reflétait dans son sourire et dans son regard. Micah avait ce don de rassurer les personnes qui lui parlaient comme si elles pouvaient se mettre à nue sans se soucier de quoi que ce soit. Ça avait toujours été ainsi.

Cette femme m'inspire immédiatement confiance. Elle a un truc, une particularité qui lui donne un air bienveillant. Ça ne m'étonne pas du tout qu'on se sente bien dans ce bar si tout le monde est aussi accueillante que Micah. Je pense pouvoir la croire sur parole de ce côté là. Le bar semble régner dans un climat agréable et familial. Et même si je ne fais pas partie de cette famille, ça ne m'empêche pas de me sentir bien, à l'aise. « Ah non, ne t’inquiète pas. Ce n’est pas un soucis ! Et puis tu peux me tutoyer aussi, je me sentirais moins vieille. » Heureusement, Micah n'a pas mal pris mon indiscrétion. Sur ce coup là, j'ai été légèrement maladroite mais je suis soulagée qu'elle ne m'en tienne pas rigueur. « Je suis désolée, c'est un réflexe. » Elle n'est pas si vieille que ça. On a quoi, peut-être une quinzaine d'années d'écart, quelque chose du genre. Je ne sais pas exactement mais pour moi, ce n'est pas un problème. « Et non je ne suis pas venue toute seule, je suis avec des collègues du boulot. On est venus boire un coup pour fêter la réussite de notre événement qu’on a organisé à l’UCLA aujourd’hui. » Mon regard suit celui de la jeune femme en direction de la table de ses collègues. « Mais bon, ce n’est pas grave si je m’absente un peu, ils ont l’habitude de me voir discuter avec des gens. » Je souris, non étonnée d'apprendre que Micah est d'un naturel avenant avec les autres. C'est ce que j'ai ressenti tout de suite à son égard. Le barmaid nous apporte nos boissons respectives alors que Micah vient plonger son regard dans le mien. « Dis moi Kezia, sincèrement, pourquoi tu es entrée dans ce bar ? » Je me fige une seconde, un peu prise au dépourvu. « Et ne t’en fais pas, tu peux me le dire je ne suis pas du genre à juger ou quoi. » Ça se voit tant que ça que je ne suis pas là par hasard ? Finalement, sans trop réfléchir aux éventuelles conséquences, je décide de lui répondre honnêtement. Après tout, on ne se connait pas. Elle n'est pas susceptible de le répéter à qui que ce soit. « Bon, ok, je suis grillée je crois. » Dis-je en laissant échapper un rire nerveux d'entre mes lèvres. « Je ne suis pas vraiment là par hasard... » Je baisse un peu la tête tout de même un peu gênée. « En réalité, je me pose beaucoup de questions sur moi-même depuis quelques temps. Et, je sais pas, je me suis dit que venir ici pourrait m'aider à y voir plus clair. » Ce n'est pas illogique comme raisonnement. Même si ce n'est pas un simple bar qui pourra répondre à toutes mes questions, j'en suis bien consciente. « Toi, comment tu t'es rendue compte que tu aimais les femmes ? » Je me rends compte, après coup, que je viens directement de cataloguer ses préférences sexuelles sans être sur que ce soit bel et bien le cas. Merde, là, tout de suite, je me sens conne. « Enfin si t'aimes vraiment les femmes... » C'est pas pour dire mais je crois que j'enchaîne un peu les boulettes.

« Je suis désolée, c'est un réflexe. » avec sa main Micah balaya dans l’air son excuse lui faisant comprendre que ce n’était pas grave et qu’il ne fallait pas qu’elle soit désolée. Et puis de toute façon elle préférait qu’on la tutoie. Ça faisait plus conviviale. Elle avait envie de savoir réellement ce qu’elle faisait ici et la roboticienne n’avait pas hésité à mettre les pieds dans le plat. « Bon, ok, je suis grillée je crois. » elle hocha de la tête en souriant, répondant positivement à sa remarque. Effectivement elle avait deviné que Kezia n’était pas là par pur hasard. Ce n’était pas un endroit où on pouvait tomber sans savoir quel public était présent. C’était une évidence. « Je ne suis pas vraiment là par hasard... » Son iris océan la fixa. Kezia avait l’air gêné et Micah se demandait vraiment pourquoi. « En réalité, je me pose beaucoup de questions sur moi-même depuis quelques temps. Et, je sais pas, je me suis dit que venir ici pourrait m'aider à y voir plus clair. » ah d’accord. Une hétéro qui se posait des questions. C’était sûr que c’était ça ! Elle prit sa bière en hochant de la tête. « Ouais c’était ce qui me semblait. » dit-elle avant de boire un coup. « Toi, comment tu t'es rendue compte que tu aimais les femmes ? Enfin si t'aimes vraiment les femmes… » un rire s’extirpa d’entre ses lèvres et elle porta de nouveau son attention vers la jeune fille. « Oui j’aime les femmes. Et tu as raison, je pense que ça se voit, peut-être. » non mais c’était vrai, elle ne cachait pas du tout ses préférences même si ce n’était pas marqué sur son front. « Et bien tout simplement parce que les hommes ne me convenaient pas. J’ai essayé après avec une femme et là je me suis dit qu’en fait, j’étais peut-être gay. » elle rigola encore. « C’est aussi simple que ça. Bon, je suis sortie avec des hommes avant d’assumer pleinement mes préférences mais je ne me sentais pas aussi épanouie avec eux alors qu’avec les femmes je pouvais vraiment être moi-même. Voilà comment j’ai su que j’aimais les femmes. » Ce genre de question ne lui était pas étrangère. Mais ça ne lui dérangeait pas d’expliquer à celles qui se posaient des questions, ou à celles qui ne comprenaient pas comme Evan, son attirance. « Il s’est passé quoi pour que tu te poses ce genre de question ? » elle était curieuse et peut-être qu’elle était légèrement intrusive mais la discussion faisait qu’elle pouvait peut-être se permettre de lui poser cette question. Et puis si Kezia ne voulait pas parler, elle aurait tout simplement décliné son offre d’aller boire un verre au bar.

La jeune femme avait plus ou moins deviné la raison de ma venue dans ce bar. A croire que ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Sur le coup, je me sens un peu mal à l'aise. J'ai pas spécialement envie que mes doutes sur mon orientation sexuelle se perçoivent de l'extérieur. Je ne suis même pas certaine d'aimer les filles, c'est encore trop tôt pour le savoir. Après tout, peut-être que ce n'est pas du tout le cas. Je ne sais pas, je ne sais plus. Toujours est-il que je ne veux rien laisser paraître pour le moment. Je me l'interdis catégoriquement. Je laisse échapper un petit soupir de soulagement lorsqu'elle avoue aimer les femmes. Ouf, je ne me suis pas trompée sur son compte. Pour le coup, ça m'évite de passer pour une conne. Même si, depuis le début de notre conversation, j’enchaîne les maladresses sans faire attention. « Et bien tout simplement parce que les hommes ne me convenaient pas. J’ai essayé après avec une femme et là je me suis dit qu’en fait, j’étais peut-être gay. » Je bois ses paroles, soucieuse de savoir exactement comment elle a pu se rendre compte de ses préférences pour la gente féminine. C'est une question que je me pose depuis un moment de manière générale. Comment les gens se rendent compte qu'ils préfèrent les gens du même sexe ? « C’est aussi simple que ça. Bon, je suis sortie avec des hommes avant d’assumer pleinement mes préférences mais je ne me sentais pas aussi épanouie avec eux alors qu’avec les femmes je pouvais vraiment être moi-même. Voilà comment j’ai su que j’aimais les femmes. » Je hoche un peu la tête à sa réponse. De toute évidence, Micah a eu l'occasion de tester les deux pour savoir. Mais dans mon cas, c'est difficile. Je n'ai encore rien connu de concret. « Il s’est passé quoi pour que tu te poses ce genre de question ? » Micah a raison de me poser cette question en retour. Après ce que je lui ai demandé, c'est légitime. Et je ne peux pas lui en vouloir. Si j'ai accepté de m'ouvrir à elle tout à l'heure, ce n'est pas pour faire machine arrière maintenant. Autant assumer jusqu'au bout. « J'ai embrassé une copine, une fois. Un peu sur un coup de tête. » Je lève un peu les yeux au ciel en pensant au drame que ce baiser a provoqué entre Kai et moi. « A vrai dire, je sais pas trop ce qui m'a pris. » Une pulsion incontrôlée. Ça s'est fait comme ça, sur le moment. Je n'ai pas vraiment réfléchi. « Ça ne voulait pas forcément dire quelque chose, tu vois ? » Comme un baiser débile entre deux copines. Je ne suis pas la première à l'avoir fait, je suppose. Enfin, en tout cas, c'est ce dont j'essaye de me persuader. « Disons que je ne sais pas trop quoi penser de tout ça, finalement. » Kai n'est pas une copine comme les autres, c'est ma demi-soeur.

Kezia avait l’air de s’intéresser réellement. En tout cas lorsque Micah lui racontait comment elle avait su qu’elle préférait les femmes, la roboticienne remarquait combien la jeune fille avait toute son attention. Après son explication, Micah voulait tout de même savoir pourquoi Kezia avait été amenée à se poser quelques questions. Il était clair qu’elle n’était pas venue dans ce bar pour rien. Et que cette question là sur ses attirances n’était pas non plus posée pour rien. « J'ai embrassé une copine, une fois. Un peu sur un coup de tête. » Micah hocha de la tête. Elle comprenait mieux alors. Ce n’était pas évident la première fois, surtout si Kezia n’avait pas été amenée à côtoyer des personnes qui pouvaient lui apporter quelques réponses. Pour Micah c’était différent. Ses mères avaient pu la guider au cours de sa vie. Lui disant tout simplement de suivre son cœur. Après la mort de sa mère, Mary, Addison avait continué à l’aiguiller. Lui permettant de se poser les bonnes questions. Ce n’était pas parce qu’elle avait vécu avec des parents homoparentales que Micah avait des pré-dispositions pour être attirée par la gente féminine, loin de là. Mary et Addison avaient été claires sur ce point là. Pour elles, l’important c’était que leur fille soit bien. « A vrai dire, je sais pas trop ce qui m'a pris. Ça ne voulait pas forcément dire quelque chose, tu vois ? Disons que je ne sais pas trop quoi penser de tout ça, finalement. » hm oui effectivement, Kezia avait l’air vraiment perdu. Micah continuait de lui sourire avec bienveillance et but une gorgée de sa bière avant de lui répondre. « Je comprends que ça puisse te perturber tout ça. Mais justement si ça ne voulait pas dire forcément grand-chose, tu ne devrais pas te poser autant de question, si ? » elle essayait de lui faire comprendre que si elle se posait des questions, c’était peut-être parce qu’au fond, elle se cherchait. « Enfin tu en as parlé avec cette copine ? Qu’est-ce qu’elle en pense ? » après tout Kezia n’était pas seule même si Micah devinait très bien qu’elle avait été l’instigatrice de ce baiser par un coup de tête.

Cette histoire de baiser est l’élément déclencheur de tout ce questionnement sur moi-même. En réalité, depuis que mes lèvres se sont posées sur celles de ma demi-soeur il y a un an, c'est la merde. La merde dans notre relation et le bordel total dans ma tête. C'est fou à quel point un instant d'à peine quelques secondes peut être capable de tout chambouler. Même si je m'évertue à essayer de penser que ce n'était rien. Ce baiser ne voulait absolument rien dire. Non, c'est impossible. Et pourtant, bizarrement, ça sonne faux. « Je comprends que ça puisse te perturber tout ça. Mais justement si ça ne voulait pas dire forcément grand-chose, tu ne devrais pas te poser autant de question, si ? » J’acquiesce d'un petit hochement de tête, un peu résignée. Micah devrait avoir raison. Pourquoi se poser autant de questions si finalement ce baiser ne signifiait rien ? Ce n'est pas normal d'y repenser encore et encore. Depuis un an, il y a prescription. « Enfin tu en as parlé avec cette copine ? Qu’est-ce qu’elle en pense ? » Je lève les yeux au ciel. La jeune femme vient de toucher un nouveau point sensible. La réaction de Kai au sujet de ce fameux baiser, parlons-en. Il y en a des choses à dire. « Le problème justement, c'est que depuis ce baiser elle me fuit comme la peste. » Et encore le mot est faible. C'est comme si j'étais devenue un monstre à ses yeux. Un monstre aux allures de dégoût. « Pendant une année entière, on ne s'est pas parlé. Du tout. Absolument rien, pas un contact. C'est comme si du jour au lendemain notre amitié n'existait plus. » A ses yeux en tout cas. Silence radio, plus aucune nouvelle. Kai n'a même jamais daigné répondre à mes messages. Rien. Le fait qu'elle ait déménagé à LA arrangeait bien la situation. « Mais maintenant, c'est différent. On doit cohabiter ensemble, sous le même toit, enfin... c'est compliqué. » Bref, je ne veux pas forcément rentrer dans les détails de notre histoire. Je secoue la tête, une grimace au coin des lèvres. C'est la merde. « Je suis perdue. » Je ne sais plus quoi en penser, je ne sais plus quoi faire. Peu importe comment je décide d'agir avec elle, ce n'est de toute évidence jamais la bonne option.

Elle la regarda lever les yeux au ciel lorsqu’elle lui posa la question sur ce que pensait son amie. C’était vrai que Kezia ne devrait pas être la seule à se questionner. Pour Micah il était évident que son amie soit dans la même optique que la jeune fille. Kezia n’était pas seule dans ce baiser. Mais bon vu sa réaction, Micah devinait aussi que ça devait être compliquée. « Le problème justement, c'est que depuis ce baiser elle me fuit comme la peste. » ah ouais. Elle se pinça la lèvre, grimaçant légèrement. Parce que ce genre de chose n’était pas cool à vivre en soit. Micah comprenait encore plus pourquoi Kezia se sentait perdue. C’était comme si on lui renvoyait à la face que son acte - amical ou pas qu’importait enfin de compte pour Micah – n’était pas du tout accueilli à bras ouvert. « Pendant une année entière, on ne s'est pas parlé. Du tout. Absolument rien, pas un contact. C'est comme si du jour au lendemain notre amitié n'existait plus. » arf. Micah ne pouvait s’empêcher de ressentir un peu de peine toute de même. Surtout si c’était la première fille que Kezia avait embrassé. Son amie l’avait totalement rejeté en fait. Enfin, c’était ce qu’elle comprenait. « Mais maintenant, c'est différent. On doit cohabiter ensemble, sous le même toit, enfin... c'est compliqué. Je suis perdue. » et ben, elle était bien dans une situation complexe, effectivement. Micah se gratta la tête un instant puis reprit la parole. « Bon et depuis cette cohabitation ? Comment ça se passe ? Est-ce qu’elle t’adresse la parole ? Ou elle fait comme si de rien n’était ? » elle n’avait pas posé la question sur pourquoi du comment elles s’étaient retrouvées toutes les deux à habiter ensemble. Micah n’était pas du genre intrusive. Elle préférait que les personnes puissent parler de leur vie par eux-même quand ils avaient envie. Elle laissait les gens venir tout en s’intéressant à eux. Pour l’instant ça marchait plutôt bien ce genre de façon de faire. En tout cas avec Evan, ça marchait. Cette dernière s’ouvrait de plus en plus avec elle et ça, c’était simplement merveilleux pour Micah. « Et toi tu ressens quoi quand t’es proche d’elle ? » demanda-t-elle. C’était important de savoir ses propres ressentis. Et peut-être que ça pourrait lui apporter des réponses à ses questions. Ou du moins des indications afin de l'éclaircir un peu dans ses questionnements.

Ça me fait du bien de pouvoir parler de Kai à quelqu'un. A croire que se confier à une totale inconnue a un effet un peu libérateur. Même si dans ma tête ça ne change pas grand chose à tout ce questionnement, sur le moment, ça me soulage de pouvoir le dire. Rien que le fait d'en parler, c'est déjà une bonne chose. Ne pas continuer de tout garder pour soi. Se libérer de ce vilain poids sur les épaules. « Bon et depuis cette cohabitation ? Comment ça se passe ? Est-ce qu’elle t’adresse la parole ? Ou elle fait comme si de rien n’était ? » Un peu des deux. Même si nous avons eu une discussion sur le sujet pour mettre les choses au clair, ce n'est pas si simple. Malgré tout, Kai est encore distante avec moi. Je le sens dans le plus profond de mon être, elle n'est plus aussi naturelle qu'elle a pu l'être. « Disons que ce n'est plus comme avant et que ça ne le sera sans doute plus jamais. Elle est obligée de me calculer un minimum maintenant mais ça s'arrête là. Je la sens tellement distante, c'est... frustrant. » Une frustration qui envahi mon coeur tout entier. C'est dur de repenser à tous les merveilleux moments passés ensemble il y a un an et de se dire que plus rien ne sera jamais comme avant à cause de cette putain de connerie. Il y a pire dans la vie, non ? « Et toi tu ressens quoi quand t’es proche d’elle ? » La question qui touche un nouveau point sensible. Qu'est-ce que je ressens exactement ? Justement, je n'arrive pas vraiment à mettre des mots sur mon ressenti. Et c'est bien ça le problème. Je ne serais probablement pas en train de me poser dix mille questions à cet instant si je pouvais exactement savoir comment interpréter tout ça. Même si j'accorde probablement trop d'importance à cette histoire pour ne pas en rester indifférente. « Je... » Je soupire un instant avant de reprendre. « Je sais pas vraiment en fait. » Je joue nerveusement avec le bout de mes cheveux baissant légèrement le regard en direction du sol. « Je veux juste pouvoir la retrouver. » Retrouver la complicité que nous avions à l'époque. Cet attachement fusionnel et intense qui nous liait étroitement l'une à l'autre. « Entièrement, comme avant. » Sans aucun artifice. Juste elle et moi - nous. « Elle me manque... » Ça, c'est une certitude. Je n'ai aucun doute là dessus. Notre relation passée me manque. Nos moments de tendresse, de partage et de complicité aussi. C'est un tout.

« Disons que ce n'est plus comme avant et que ça ne le sera sans doute plus jamais. Elle est obligée de me calculer un minimum maintenant mais ça s'arrête là. Je la sens tellement distante, c'est... frustrant. » Micah en put s’empêcher de la regarder avec compassion tout en l’écoutant. Ce n’était jamais facile lorsqu’une personne qu’on tenait à cœur prenait de la distance comme ça. Parce qu’en plus, leur relation a l’air fort. En tout cas ça transpirait dans le discours de la jeune fille. Du coup la question sur ses ressentis se présentait à Micah comme une évidence. C’était important de se poser les bonnes questions surtout lorsqu’on se trouvait dans sa situation. A se poser pleins de questions sur soi-même. Micah trouvait ça important que Kezia puisse tout de même mettre un mot sur ce qu’elle ressentait même si c’était toujours difficile de se auto-analyser. Oui l’exercice d’introspection était quelque chose de complexe. Ça nous renvoyait irrémédiablement à se remettre en question. Mais il n’y avait que ça qui pouvait faire avancer les gens. Enfin même si cette manœuvre pouvait vite faire exploser votre cerveau. C’était ce qui arrivait à Micah lorsqu’elle regardait d’un peu plus près ce qu’elle vivait en ce moment avec Evan et que sa culpabilité lui tournait les boyaux à chaque fois qu’elle pose son regard sur elle. Le mensonge sur sa présence dans la vie de l’auteure englobant totalement tout son être. Mais pour l’instant, elle arrivait encore à faire face même si ça la démangeait de lui dire à chaque fois. Enfin elle se consolait sur le fait que c’était peut-être pour son bien qu’elle cache la vérité. Pour la protéger comme diraient les parents de Evan. Ouais, elle se consolait dans ça. Mais bon, ça n’apaisait pas non plus sa culpabilité.  « Je... Je sais pas vraiment en fait. » Micah hocha de la tête, voyant bien que ce genre de question touchait un point sensible vu comment elle triturait ses cheveux et que Kezia avait baissé le regard « Ce n’est pas grave Kezia, prend ton temps pour répondre. » elle voulait la rassurer encore une fois. Ce rôle de grande sœur lui collant à la peau. C’était ce que Isiah lui dirait s’il la voyait. « Je veux juste pouvoir la retrouver. Entièrement, comme avant. Elle me manque… » oui Micah comprenait… une main se posa sur son épaule. Une caresse consolatrice « Il faut laisser le temps au temps je pense. Ça dépend des gens mais cette copine a l’air d’en avoir besoin de beaucoup. Peut-être que si tu montres que ce qui s’est passé entre vous n’est pas ce qu’était votre relation passée, elle finira par revenir peu à peu ? Et peut-être qu’elle sera plus ouverte à la discussion sur ce baiser ? » elle lui sourit. Elle essayait de la rassurer comme elle pouvait. Sa main se retira de son épaule pour prendre sa pinte en main. « Parfois les gens ont besoin d’espace pour mieux réfléchir aussi mais bon comme je t’ai dit ça dépend des personnes. La seule chose dont je suis sûre c’est qu’il faut se montrer présent pour les personnes à qui l’ont tient même si on est en froid et que c’est difficile. Un jour ou l’autre la donne changera. » et elle savait de quoi elle parlait. Lorsque Mary, sa mère biologique, a disparu, Isiah avait perdu pied. Et Addison, son autre mère, et elle n’avaient pas lâché même s’il était exécrable avec elles. Non, il ne fallait rien lâcher. C’était aussi son credo. En même temps avec sa maladie avant sa transplantation où elle avait failli mettre les deux pieds en avant plusieurs fois, Micah était du genre tenace. Alors oui, elle essayait de transmettre à Kezia un peu de cette force qu’elle avait de ne pas baisser les bras.

« Il faut laisser le temps au temps je pense. Ça dépend des gens mais cette copine a l’air d’en avoir besoin de beaucoup. Peut-être que si tu montres que ce qui s’est passé entre vous n’est pas ce qu’était votre relation passée, elle finira par revenir peu à peu ? Et peut-être qu’elle sera plus ouverte à la discussion sur ce baiser ? » Du temps. Oui, mais un an c'est déjà suffisamment long à mes yeux. Beaucoup trop long. Ma demi-soeur me manque. Elle a toujours été pour moi bien plus qu'une soeur d'ailleurs. Dans mon esprit et surtout dans mon coeur. Au-delà des limites, au-delà du possible. Je hoche un peu la tête tout en buvant les paroles de la jeune femme. Ses conseils sont bons à prendre et un avis extérieur ne peut que m'aider à comprendre comment agir avec Kai. « Parfois les gens ont besoin d’espace pour mieux réfléchir aussi mais bon comme je t’ai dit ça dépend des personnes. La seule chose dont je suis sûre c’est qu’il faut se montrer présent pour les personnes à qui l’ont tient même si on est en froid et que c’est difficile. Un jour ou l’autre la donne changera. » Et même si c'est difficile pour moi, je reste et resterai tout de même là pour elle. C'est comme ça, nous sommes liées. J'ai besoin de la savoir heureuse, de tout faire pour lui redonner le sourire. C'est plus fort que moi, je ne peux pas faire autrement. Surtout depuis que la maladie de son père a été détectée. Kai a besoin de ne pas être seule, elle a besoin de quelqu'un sur qui pouvoir se reposer. Et ce quelqu'un, c'est moi. Ça ne doit être que moi. Je suis la seule à la connaitre aussi bien... la seule à savoir ce que la perte d'un père peut faire. « Tu as sans doute raison. » Je hoche de nouveau la tête avant de reprendre. « Je vais lui laisser du temps... et un peu d'espace. » Je ne veux pas m'imposer à nouveau dans sa vie, son intimité, si elle n'en a pas envie. Je ne suis pas du genre à forcer les choses. « Et je vais surtout essayer de moins me prendre la tête avec toute cette histoire. » Même si, sur ce coup là, c'est plus facile à dire qu'à faire. « Ça ne sert à rien. » Ce n'est pas comme ça que les choses pourront avancer entre nous. « Merci en tout cas, c'est sympa de pouvoir discuter avec quelqu'un. » Je plonge mon regard dans le sien en signe de toute ma reconnaissance. « Sans aucun jugement, je veux dire. » Je porte mon cocktail à mes lèvres avant de jeter un œil à ma montre. Je n'ai pas vu le temps passer aux côtés de Micah et il est déjà l'heure pour moi de rentrer à la maison. Cette halte dans ce bar n'était pas vraiment prévu à la base. « Je vais devoir rentrer, ma famille doit m'attendre. » Je remercie chaleureusement la jeune femme, pour la discussion, le verre aussi, et tourne les talons. Cette première expérience est une réussite. Qui sait, peut-être que je serai amenée à revenir par ici prochainement ?