bloody mess (elou)

On m’a jamais appris ce qu’était vraiment la bienséance, la notion du bien ou du mal. J’ai toujours eu tendance à dire des trucs qui fallait pas, aucun filtre, aucune envie non plus de faire plus d’efforts que nécessaire. Alors ça m’a valu pas mal de problèmes, mais ça m’a pas empêché de grandit, d’évoluer, de rencontrer des gens, de m’attacher. Et puis il y a eu Sofia, et là j’ai compris que la vie pouvait être aussi quelque chose de beau quand on partage des moments forts avec quelqu’un. La monogamie c’est quelque chose qui m’a toujours un peu effrayé, parce que j’avais l’habitude d’aller vers toutes les filles qui me plaisaient avant de rencontrer Sofia, et elle m’a bien fait comprendre qu’un couple, c’est pas aller voir ailleurs. Ouais, et puis bah j’ai tenu bon, longtemps, je me suis contenue le mieux que j’ai pu. Mon premier écart, ça a été après deux ans de relation avec Sofia, une fois, juste comme ça. Et puis j’y ai pris goût, ça n’enlevait rien aux sentiments que j’avais pour ma petite amie, y’avait qu’avec elle que j’avais envie de partir en week end, avec elle que je partageais les choses du quotidien. Mais c’est bien connu, dans un couple, les années passent, et le sexe bah c’est plus vraiment ça. Et je crois que j’avais simplement besoin d’aller me rassurer que j’avais encore une libido correcte.

Et puis j’ai rencontré Lou, c’était y’a un an. Putain de feeling, on s’est tournées autour pendant plusieurs semaines, faisant grimper l’attirance et le désir, jusqu’à finir par succomber, parce qu’il n’y a que comme ça qu’on résiste à une tentation quelconque. Sauf qu’avant elle, ça n’avait été que des aventures, et avec elle c’était autre chose. Les sentiments n’étaient pas les mêmes qu’avec Sofia, mais j’avais envie de la voir, régulièrement, envie de passer du temps avec elle, la toucher, la caresser, l’embrasser, l’écouter parler, l’entendre rire. Une putain d’année à avoir une sorte de double vie. Mais si Lou était au courant que j’étais en couple, Sofia elle, n’avait aucune idée de ce que je pouvais vivre à côté.

Ma copine étant partie pour quelques jours en Europe pour aller voir sa famille, j’en profite pour faire venir Lou chez moi, c’est pas souvent, mais ça change un peu de l’appartement de la petite brune, et ça me fait plaisir. Lorsqu’elle arrive, je cours pour lui ouvrir et la laisse entrer, souriante. « Mets-toi à l’aise, j’étais en train de nous cuisiner un truc, j’suis pas certaine du résultat… »

Le diable. Le mot était répété mille et mille fois alors qu’elle quittait l’habitation dans un rire à gorge déployée. Elle glissa un regard par-dessus son épaule pour envoyer un baiser à une jeune femme espagnole. Elle se considérait plutôt comme une sainte à lui avoir fait découvrir le plaisir charnel entre deux femmes, mais ça ne semblait pas être au goût de la mère qui venait de débarquer et qui ne cessait de lui beugler qu’elle finirait au bûcher. Charmant. Dans un dernier doigt d’honneur, la française grimpa dans sa voiture et mit le contact non sans vérifier une dernière fois le message de son amante. Ce soir, elle était parfaitement dans les temps, son échauffement s’étant terminé plutôt que prévu.

Elle fit un saut par chez elle pour se préparer convenablement et attrapa une bouteille de vin de son pays pour fêter l’évènement. C’était bien la première fois qu’elle se rendait chez Eliot, elle la savait en couple et n’était en rien dérangée à l’idée d’être la salope de l’histoire, c’était même amusant et excitant de se dire qu’elle volait une partie du plaisir d’une femme. Et puis elle appréciait grandement Eliot, sa nonchalance et son caractère particulier, ça lui changeait de toutes ses conquêtes qu’elle triait sur le volet. La découverte de l’américaine s’était faite purement par hasard et non sur un site de rencontre qu’elle côtoyait régulièrement pour alimenter son tableau de chasse déjà bien chargé.

Elle roula donc en direction de son amante, le vent fouettant ses cheveux sur tout le trajet. Elle se gara non loin du lieu de rendez-vous et lissa sa jupe du plat de la main, ajusta son t-shirt qu’elle rentra dans la bande de son bas et se fit une coiffure de dernière minute. Voilà, elle était fin prête à la faire saliver et rêver comme toujours. Lou connaissait son pouvoir de séduction et en jouait grandement pour parvenir à ses fins. Elle sonna et fut surprise de la voir déjà là « Toi faire à manger ? » Elle rit doucement et embrassa sa joue avant de se frayer un chemin dans la pièce. « J’ai amené du vin pour nous consoler si c’est immangeable. » Elle gratifia le tout d’un clin d’œil.

Ouvrir la porte et découvrir le visage de la jeune femme me fait sourire. Je suis pas du genre à sourire à n’importe qui, mais elle n’est pas n’importe qui, qu’on se le dise. « Toi faire à manger ? » Lou s’approche en souriant pour venir déposer un baiser sur ma joue et j’en profite pour glisser une main à sa taille l’air de rien. « J’ai amené du vin pour nous consoler si c’est immangeable. » Je ris un peu en hochant la tête. « T’inquiètes, je me suis pas foutue dans une recette improbable, mais ça suffira pour caler notre faim, enfin j’crois ! » Je lui fais un signe du menton pour désigner la table que j’ai préparée. J’suis pas du genre romantique alors j’aurai pas non plus sorti le grand jeu genre jolie table bougie etc… mais la table est mise, couvert pour deux, et je fais à manger, c’est déjà bien assez suffisant. « Alors, ça a été ta journée ? J’te trouve… » Je plisse un peu les yeux en la regardant, sourire au bord des lèvres. « … rayonnante. » Je sais qu’elle a une vie trépidante, mais surtout qu’elle aime sa liberté, et pour ça, on a un point commun. J’ai beau être en couple, j’ai quand même besoin d’une certaine liberté. Sofia ne le comprend pas trop, mais je me contente de lui donner ce qu’elle me demande, et je vis ma vie comme je l’entends à coté. Sans doute qu’un jour ça me rattrapera, mais aujourd’hui encore j’ai envie de vivre à fond sans avoir de remords.

Lou est comme un pêcher mignon, en général, je ne revois pas les filles avec qui je couche, mais elle est l’exception qui confirme la règle. Elle ne me demande aucun compte, elle vient si elle a envie de venir, on se retrouve quand on veut, si on veut, et c’est toujours un plaisir de passer du temps avec elle. Faut dire qu’on est pas mal sur la même longueur d’ondes, et ce serait mentir que de dire que ça ne colle pas entre nous sexuellement. J’ai rarement eu une partenaire comme elle, et c’est sans doute un des points qui m’incite à régulièrement la solliciter pour passer du temps elle et moi. Je profite que mon plat finisse de cuir pour m’approcher d’elle. Je pose une main sur le dossier de la chaise sur laquelle elle est assise. « Tu m’as pas embrassée… » Un léger sourire et je me penche vers elle pour venir quérir ses lèvres dans un baiser déjà très prometteur.

Son regard curieux ne put s’empêcher d’arpenter la pièce, un petit sentiment jubilatoire au creux de la poitrine. Mademoiselle briseuse de couple venait d’entrer dans le petit cocon de bonheur du jeune couple, elle prenait de plus en plus de terrain et elle ne pouvait que s’en sentir fière, certes la limite restait et elle ne comptait aucunement la franchir, il n’y avait rien de sérieux entre elle et Eliot, point. Et la brunette l’avait compris, pas comme toutes ces filles qui avaient juré de garder leurs sentiments à distance et qui ne l’avaient pas fait, de quoi énerver la prédatrice qu’elle était.

« Tant mieux, j’aime quand tu restes dans les choses simples. » Elle devait avouer avoir eu une légère once de peur en l’entendant dire qu’elle avait fait le repas pour elles et s’était presque attendue à voir des bougies sur la table, mais il n’en était rien fort heureusement. Enfin Lou se tourna vers elle, ses cheveux partant dans un mouvement fluide pour se reposer lascivement sur son épaule dénudée, un sourcil s’arqua sur son front symbolique de son amusement « Tu n’es pas mal non plus pour une fois. » Taquine, elle l’était toujours quand elles pénétraient dans leur jeu de séduction et de plaisir charnel. Elle savait que ça plaisait et que ça changeait pour Eliot, un peu de passion dangereuse dans son petit monde amoureux.

Finalement, la française vint s’asseoir sur une chaise en croisant les jambes, toujours chic et soignée dans ses actions. Elle la regarda approcher dans un sourire en coin et posa un doigt sur son buste quand elle la vit se pencher de la sorte pour clamer ses lèvres siennes. « T-t-t tu vas vite en besogne. » La frustration avait toujours un bon effet sur la brunette et elle en jouait beaucoup. « Je n’ai même pas eu un verre et tu demandes déjà une récompense ? Où sont tes bonnes manières ? »

« Tant mieux, j’aime quand tu restes dans les choses simples. » Bien évidemment. Enfin, disons que ça dépend des sujets, j’imagine. Je ne suis jamais restée dans le côté simpliste quand il s’agissait de nos parties de jambes en l’air. Cette simple réflexion interne me fait esquisser un sourire mutin, alors que je repars à mes fourneaux, chose qui ne m’est pas du tout habituel. « Tu n’es pas mal non plus pour une fois. » Je laisse échapper un petit rire à la taquinerie de la brune. « J’ai fait un effort. T’as de la chance ! » Ouais, parce que j’aurai pu l’accueilli en vieux jogging et t-shirt pourri. Au lieu de ça j’ai enfilé un petit jean un peu serré et un polo dont les boutons sont ouverts. C’est clair que ça n’a rien à voir avec le style de la brunette, mais après tout, on est très différentes.

Lorsque je me retourne, Lou est assise sur une chaise et je l’approche dans l’espoir de pouvoir l’embrasser, mais je n’en attendais pas moins d’elle et de son côté joueur et taquin. Sans doute ce que j’aime le plus chez elle. « T-t-t tu vas vite en besogne. » J’arque un sourcil, la main toujours posée sur le dossier de la chaise sur laquelle elle est assise. « Je n’ai même pas eu un verre et tu demandes déjà une récompense ? Où sont tes bonnes manières ? » Je lève les yeux au ciel en souriant. « Quelle capricieuse ! » Je ris un peu et m’éloigne, récupérant la bouteille de vin qu’elle a ramené, et je la débouchonne avant de sortir deux verres à vin. Je nous sers le brevage et m’approche à nouveau d’elle, lui tendant son verre. « Et maintenant c’est bon ‘mademoiselle Mercier’ » j’ai prononcé les deux derniers mots de mon plus beau français avec un accent à couper au couteau, évidemment. Je m’approche alors pour récupérer ma récompense, mais avant que nos lèvres se touchent, je me recule. « Hum, nan, t’as raison, n’allons pas trop vite en besogne… » cette fois, j’ai imité son petit côté bourgeoise en l’accentuant un peu, juste pour me foutre gentiment d’elle et de son vocabulaire. C’est comme ça entre nous, et c’est sans doute ce qui me plait le plus. Ce côté taquin, à nous envoyer des petites piques mignonnes jusqu’à nous jeter l’une sur l’autre parce que la pression est impossible à contenir plus longtemps.

Elle entrait parfaitement dans le jeu, un sourire carnassier naquit sur les lèvres de Lou qui se complaisait dans ce rôle de peste française. Un rire cristallin résonna dans la pièce alors qu’elle la regardait s’éloigner tranquillement pour se saisir de ce fameux verre qu’elle réclamait. On lui disait parfois de freiner sa consommation pour qu’elle ne devînt pas ce cliché français qu’on se dessinait dans un coin de l’esprit. Elle était elle-même choquée des idées vendues qu’on lui racontait parfois, du vin à chaque repas et même au goûter, à la cantine pour les enfants. N’actualisaient-ils pas leurs sources ?

Ses doigts fins se saisirent du verre et elle la gratifia d’un clin d’œil en la voyant parler français, se disant que son accent n’était pas si terrible, voir quelque peu sexy. Lou était désormais ouverte à l’idée de lui offrir un baiser pour cet acte généreux, mais voilà qu’Eliot la piégeait à son propre jeu, bien elle apprenait vite ça lui plaisait. Elle but une gorgée de vin et posa le verre sur une table basse qui se trouvait non loin pour glisser son doigt -tel un crochet- dans le col de la brunette pour l’attirer vers elle. « Ne pique pas mes répliques. » souffla-t-elle contre ses lèvres avant de s’en emparer dans un bref baiser.

Et tel un chat, elle s’échappa du canapé, verre en main pour arpenter les lieux de son pas léger. « Bel appartement dit donc. » commenta-t-elle en buvant une gorgée « Je me demande où on va finir ce soir. » Pourquoi prendre des pincettes alors qu’elle avait toutes les deux conscience du lien qui les unissait réellement, elle préférait en jouer plutôt que de l’ignorer.

Je suis attachée à chacun de ses gestes charmeurs, et ses clins d’oeil en particulier. Alors je lui offre un léger sourire et retrouve rapidement mon besoin de jouer. Si elle s’attendait à ce que je l’embrasse alors qu’elle m’a esquivée quelques minutes plus tôt, elle rêve ! Mais voilà qu’elle m’attire à elle,presque prédatrice, et je crois que j’aime beaucoup trop ça. Je lui souris et ne résiste pas à me laisser aller dans ce baiser « Ne pique pas mes répliques. » Je prolonge à peine le baiser et m’éclipse, ne voulant pas qu’elle imagine non plus que je suis à sa merci. Ce n’est pas mon genre. Personne ne me mettra jamais en cage. Sofia a bien essayé, mais c’est raté.

« Bel appartement dit donc. » dit-elle une fois debout, faisant le tour de la pièce principale. « Tu imagines bien que la déco, c’est pas moi. » Trop sophistiqué, je suis pas de ce genre là, mais je l’ai laissée faire, ça lui faisait plaisir. « Je me demande où on va finir ce soir. » Cette phrase me fait rire légèrement. « Y’a des tas de possibilités… » Des tas de combinaisons plus intéressantes qu’un simple lit. Et si je trompe ma petite amie,je ne me crois pas capable de coucher avec une autre dans le lit que je partage avec elle. Alors on évitera l’affront à ce point là, même si franchement, ça ne changerait pas grand chose quand on y pense.

Le repas fin prêt, je nous sers deux assiettes et la rejoins dans le salon, déposant lesdites assiettes sur la table. « Et voilà, c’est pas digne d’un 5 étoiles, mais ça a été préparé avec plaisir ! » Je m’installe près d’elle et lui tends les couverts, me servant à mon tour un verre de vin, et la resservant au passage. Elle a la descente facile, surtout quand il s’agit de vin. « J’ai pas sorti le grand jeu, je te réserve ça pour le dessert. » Je souris sans pour autant la regarder, piquant une fourchette dans les petites pommes de terre sautées aux herbes.

Son regard s’attarda sur le tapis qui semblait foutrement confortable avant de lentement se détourner du sol pour rejoindre la table. Une fois installée, elle se passa une main dans les cheveux et la remercia une fois son verre rempli. Elle n’y toucherait pas trop, juste de quoi y tremper ses lèvres. « Je ne suis pas très fan d’un cinq étoiles, trop prétentieux à mon goût. » Et puis la nourriture était trop gastronomique pour être bonne, elle préférait avoir une assiette bien remplie et qui pesait sur l’estomac plutôt qu’un morceau de viande aussi gros que le pouce et deux tranches de légumes qui se battaient en duel. Elle se saisit des couverts et les observa du coin de l’œil. Ainsi donc Sofia avait décoré, elle avait de très bon goût cette femme, Eliot savait les choisir.

Elle planta sa fourchette dans une pomme de terre et mordit généreusement dedans." C’est pas mal pour une débutante. " commenta-t-elle dans un rire avant d’arquer un sourcil « J’espère que le dessert est délicieux, je suis très exigeante sur cette partie du repas. » Nouveau sourire joueur sur les lèvres, elle continua de manger accompagnant le tout de deux gorgées de vin. Il était étrange de manger ainsi avec elle, elle s’attendait presque qu’elles vinssent à parler politique ou art, ce qui ne la gênerait pas, elles étaient également liées d’un lien de bonne entente. « Tu comptes me faire souvent des petits repas comme ça ? Histoire de me donner assez d’énergie pour te faire gémir jusqu’au petit matin ?»

« Je ne suis pas très fan d’un cinq étoiles, trop prétentieux à mon goût. » Je hoche la tête, j’avoue que ça m’arrange pas mal, parce que j’ai clairement pas la prétention de lui faire à manger comme si elle était une reine. Personne n’aura jamais ce privilège d’ailleurs j’en ai bien peur. J’ai déjà du mal à me faire à manger à moi, c’est beaucoup que de lui avoir cuisiné quelque chose. « C’est pas mal pour une débutante. » « Je prends ça pour un compliment ! » que je lui réponds en souriant, mangeant moi aussi avec appétit ce qui se trouve dans mon assiette. « J’espère que le dessert est délicieux, je suis très exigeante sur cette partie du repas. » Je croise son regard pétillant de malice et son air mutin qui me fait esquisser un sourire malicieux à mon tour. « Ah oui ? Ça tombe bien, parce que sans prétentions, c’est sans aucun doute la partie du repas pour laquelle je suis la plus douée. » Nouveau sourire charmeur et je continue de manger, mon regard alternant le doux visage de la française, et mon assiette. « Tu comptes me faire souvent des petits repas comme ça ? Histoire de me donner assez d’énergie pour te faire gémir jusqu’au petit matin ? » Je laisse un petit rire franchir mes lèvres. « N’en prends pas l’habitude non. Je fais seulement en sorte de casser la routine. » Je prends une nouvelle bouchée que j’avale. « Et puis, jusqu’à présent, j’ai pas eu besoin de te nourrir correctement pour avoir le droit à une parte de jambes en l’air digne de ce nom… » Nouveau sourire taquin, et je me saisis de son verre pour en boire une gorgée, ayant laissé le mien dans la cuisine. Faut dire que je suis pas très branchée vin. « J’étais seulement curieuse de savoir si tu allais être plus endurante le ventre plein, ou à l’inverse plutôt du genre à te laisser faire… » Le jeu en vaut la chandelle avec elle, je dois dire que je n’ai jamais été déçue. Mais expérimenter de nouvelles choses n’est pas un problème pour moi bien au contraire.

Ce petit jeu lui plaisait énormément mais il y avait toujours cette légère anxiété de se faire prendre la main dans le sac, oh elle ne craignait pas pour son amante mais il était plus difficile pour elle de ne pas craindre pour sa peau face à une petite-amie trompée qui pouvait devenir une véritable furie. Sa fourchette tourna entre ses doigts fins et elle pencha la tête sur le côté dans un sourire en coin, la paume de sa main contre sa joue. La routine, s’étaient-elles réellement enfoncées là-dedans ? Elle avait de forts doutes sur ce sujet, mais elle était amusée de la voir innover pour le coup. « Mince quel dommage, j’étais ravie à l’idée d’avoir un repas avant de commencer les affaires sérieuses. »

Elle rit en secouant lentement la tête, passant sa main dans sa crinière pour que cette dernière arrête de la gêner constamment en lui chatouillant les joues. Elle la regarda boire de son verre et habilement le récupéra dans un haussement de sourcils tentateur. « Me laisser faire hm ? Tu voudrais commander peut-être Eliot ? » Nouveautés, casser la routine, tout s’accordait ce soir, de quoi frapper la française d’une nouvelle vague de plaisir expérimental qu’elles n’avaient jamais eu l’occasion d’avoir. Ses lèvres se délectèrent d’une nouvelle gorgée avant que le verre ne fût posé sur la table et que la dernière bouchée fut avalée.  « Ça va être définitivement intéressant. » Lou se leva souplement pour se glisser derrière la chaise d’Eliot et venir enrouler ses bras autour de ses épaules, glissant ses lèvres contre son oreille. « Prête à succomber une nouvelle fois ? »

Comme à notre habitude, Lou et moi continuons notre petit jeu de séduction pendant le temps que dure le repas, même si nous connaissons aussi bien l’une que l’autre l’issue de cette soirée. « Mince quel dommage, j’étais ravie à l’idée d’avoir un repas avant de commencer les affaires sérieuses. » Je souris de plus belle alors que je termine mon assiette avec appétit. « Désolée… » Je lui offre une mimique faussement désolée et hausse les épaules, tout en laissant mon regard la parcourir. Lou est une femme magnifique, je n’ai pas eu pour elle le coup de foudre que j’ai eu pour Sofia mais je ne peut être qu’honnête avec moi même. Lou me plait bien plus encore que toutes les autres filles avec qui j’ai pu coucher, c’est pas pour rien que je continue de coucher avec elle d’ailleurs. C’est pas juste une affaire de cul, j’en suis bien consciente, mais je ne sais pas comment qualifier ça non plus.

Je continue de taquiner la brunette, sourire aux lèvres et petit air mutin. « Me laisser faire hm ? Tu voudrais commander peut-être Eliot ? » Cette fois c’est un rire amusé qui s’extirpe de mes lèvres. « Parce que tu crois vraiment que tu va avoir le dessus à chaque fois ? » « Ça va être définitivement intéressant. » Nouveau sourire, sous un regard plus appuyé, plus désireux. Voilà que la brune s’approche, glisse ses bras autour de moi, et je la laisse faire, laissant courir mes doigts le long de ses avant bras. « Prête à succomber une nouvelle fois ? » D’un geste rapide et félin, je me lève pour la rejoindre et m’empare de ses lèvres comme si ce simple geste était d’une importance capitale, voire vitale. Mes mains trouvent leur place sur le corps de Lou et ma langue est déjà partie à la conquête de la sienne dans une danse langoureuse et électrique. Je l’attire avec moi vers le canapé sur lequel je la pousse, et bloque son corps du mien pour qu’elle ne puisse ‘commander’ comme elle le dit si bien…

Il y avait quelque chose qui l’empêchait de se détacher complètement de cette belle brune, elle ne saurait dire comme les liens s’étaient ainsi noués mais le plaisir charnel n’était plus la seule structure qui maintenait cette relation debout. Elles n’avaient parfois pas peur de se confier ou de se croiser pour tout autre chose que des activités sur l’oreiller, Lou ne s’inquiétait pas pour autant appréciant cette complicité qui lui donnait une brise d’air frais dans son environnement de chasseuse sans cœur. Ce n’était pas pour autant qu’elle s’en voulait de faire du mal au couple d’Eliot, elle agissait parce qu’on lui permettait de le faire alors pourquoi ressentir de la culpabilité ? La caresse de ses doigts sur sa peau la fit frissonner et elle dut se retenir de venir mordiller son cou. Mais Eliot fut vive, de quoi la surprendre sur le coup, le baiser était déjà enflammé et elle apprécia cette vive brûlure.

Elle chuta sur le canapé mais n’eut pas le temps de se redresser sur les coudes que son amante fondit déjà sur elle. Ses bras s’enroulèrent naturellement autour de sa nuque alors qu’elle plongeait son regard dans le sien. « Tu es bien partie pour commander cette fois. » murmura-t-elle avant d’écraser ses lèvres contre les siennes dans un baiser impatient, ses doigts agrippant son haut pour la bloquer contre elle dans un soupir d’envie. Elle n’avait jamais été douce Lou parce que cette tendresse pouvait ramener de douloureux souvenirs de son couple désastreux alors elle se faisait diablesse, lionne avec ses amantes pour les marquer à jamais de sa fougue et de sa force.

L’attraction de son corps est trop forte et à peine le repas terminé, je ne peux me retenir de lui sauter littéralement dessus. Mon corps par dessus le sien, je la bloque légèrement, l’intérêt est de savoir jusqu’à quel point elle pourrait se laisser faire. Nous avons toutes les deux des caractère plutôt dominants, et il n’est pas rare que nous nous battions pour avoir le dessus, ce qui donne le plus souvent de merveilleux duels sur l’oreiller. Ça n’a jamais été pour nous déplaire, ni à l’une ni à l’autre. « Tu es bien partie pour commander cette fois. » ‘Cette fois’… Un sourire étire mes lèvres et je viens directement chercher les siennes, me faisant une place entre ses jambes pour chercher la friction de nos corps déjà brûlants de désir. Mes mains se font plus aventureuses sur ce corps que je connais presque sur le bout des doigts.

La température ne cesse de monter, nos vêtements ne sont rapidement plus qu’un vague souvenir et j’arrive pour le moment à garder l’ascendant sur la brune, ce qui est plutôt étonnant venant d’elle. Mais je m’occupe d’elle de manière à lui faire penser à rien, je veux qu’elle se sente reine sous mes caresses et mes baisers. Déjà ma main s’immisce entre nous pour la caresser plus intimement, et ses premiers gémissements ravissent mes oreille. Je me délecte de son cou, de ses lèvres que je mordille, suçote, invitant mes doigts en elle pour la faire gémir un peu plus. Je laisse glisser mes baiser sur le haut de son buste, dévorant bientôt ses petits seins parfaits, et frissonne en sentant les doigts de Lou s’immiscer dans mes cheveux.

J’entends à peine la porte s’ouvrir, j’ai juste le temps de relever les yeux, tourner la tête et découvrir la silhouette de Sofia, juste là dans l’encadrement de la porte. Mon souffle est anarchique, mon regard brumeux, et mes doigts toujours nichés bien au chaud dans le corps de Lou. Bordel. Je suis en train de voir ma vie défiler d’un seul coup, comme si quelqu’un venait de souffler sur mon château de cartes que j’avais mis si longtemps à construire minutieusement de mes mains, armée d’une patience sans pareille…

Je rentre rarement voir ma famille. Éloignement, argent, emploi du temps chargé, peu importe les raisons. Je suis très attachée à ma famille, mais la vie à fait qu'on s'est éloignés avec le temps. Alors j'étais très enthousiaste de rentrer chez moi, revoir ma famille, la maison où j'ai grandi, parler italien. Oui même ça ça m'avait manqué. Et tout s'était bien déroulé, à la perfection même. Ce qui ne m'avait pas empêchée de partir plus tôt pour rentrer à Los Angeles. Bien sûr je n'avais pas prévenu Eliott, comptant lui faire la surprise, et pourquoi pas finir sur une soirée romantique toutes les deux. Sauf que pour le coup la surprise c'est moi qui l'ai eue. Une mauvaise surprise. Mon sac de voyage sur l'épaule je tourne la clé dans la serrure, tout sourire, et puis je tourne la poignée. Au début, je ne fais pas attention au spectacle qui se déroule à quelques mètres de moi. Je ferme la porte et je me retourne. Et je les vois. Dans une position qui ne laisse aucun doute quant à leurs activités de la soirée. Je reste interdite une seconde, laissant retomber mes bras le long de mon corps, laissant le sac de voyage tomber lourdement au sol. "Mi stai prendendo in giro!" Je m'exclame finalement, prise de rage, parfaitement consciente qu'elles ne doivent rien comprendre. Mais pour le moment je reste figée, bien trop choquée pour faire quoi que ce soit. "Je connaissais le dicton "Quand le chat n'est pas là les souris dansent" mais alors le "Quand ma copine part en week-end, j'invite des putes à la maison" c'est nouveau ça ! "

Elle était perdue dans cet océan de plaisir Lou, à tel point qu’elle ne faisait plus attention à la réalité et au monde environnant. Il n’y avait que le souffle de son amante contre sa peau, son toucher, sa présence qui brûlait son cœur d’un feu enivrant, jouissif. Il y avait de quoi perdre la tête mais ce ne fut pas leur rencontre qui vint lui faire perdre la voix, oh non. Elle tourna la tête en même temps qu’Eliot et manqua de suffoquer en faisant face à la fameuse aimée de son amante. Le karma lui riait au nez à cet instant précis et elle crut bien mourir ce soir. D’un geste vif, elle se dégagea de sous Eliot pour se précipiter vers ses habits. Il était bien connu que la française fuyait la moindre responsabilité, et même si ses liens étaient étroitement noués avec la brune, au point de la considérer comme une confidente et complice, elle ne pouvait rester. C’était dans sa nature que de briser des couples, après tout son ex petite-amie lui avait montré la marche à suivre. La robe enfilée, elle jeta un regard à Eliot pour à Sofia. Lou devait fuir mais Lou avait une fierté comme chaque française, un respect de soi qui était tel qu’elle ne pouvait se faire ainsi insulter sans réagir. « Insulte moi encore de pute une fois et je te fracasse le crâne. »