I'm a teenager [Elliot]

Je la joue choquée quand elle me demande si y’a des gars qui pourraient me plaire dans l’assemblée. Ça me fait rire de jouer la fille qui s’insurge que quelqu’un ait pu la prendre pour une hétéro, alors qu’en général, c’est plutôt l’inverse. Enfin, j’ai quand même pas le type de la fille super féminine qui court après les mecs. « Vu comme ça. » Je lui demande si elle a vraiment cru que je pouvais aimer les mecs. « Pourquoi pas ? » Je secoue la tête, amusée. Non. Clairement pas. Je préfère les femmes, et j’en fais l’apologie d’ailleurs, sans me cacher de mon attirance pour elles. « Elles sont tout simplement plus ta came. » Je hausse un peu les épaules, elle a sans doute raison. Il en faut pour tous les goûts.

Sans réfléchir, je lui demande si elle a déjà essayé. De coucher avec une fille je veux dire, au moins pour savoir ce que c’est. J’ai un peu de mal à la cerner, je suis pas forcément douée à ce petit jeu. Elle aime les gars, c’est sûr à 99,9%, mais elle pourrait bien aimer les nanas aussi, qui sait ? « Je… Oui. » Et c’est tout ? Elle s’arrête là ? Je la regarde alors qu’elle détourne rapidement le regard. Ok. De toute évidence c’est pas une expérience qui a dû se reproduire beaucoup de fois, ou alors elle assume carrément pas. « Et je sais pas vraiment si c’est mon truc ou si… j’ai trouvé ça bien sur le moment. » Je ris un peu avant d’ajouter. « Ou si juste elle était pas assez douée pour que tu sois sûre d’avoir aimé ça. » Je hausse les épaules et me repositionne sur la rambarde face à la vue. « J’ai l’impression que n’importe quelle femme est capable de jouir sous les mains d’une autre femme. Je suis pas sûre qu’on puisse dire la même chose pour deux hommes. » Je ris à nouveau et la regarde à nouveau. « Ça a l’air de t’avoir perturbé, cette expérience. Tu sais y’a pas besoin de dire c’est mon truc ou c’est pas mon truc. Et puis c’est pas avec juste une fois que tu peux être sûre. Si t’as trouvé ça bien sur le moment, c’est le principal après tout. T’as pris ton pied et on en parle plus. » Nouveau sourire amusé et un peu provocateur. « C’est récent ? » Je ne sais pas exactement ce qui me prend de poser autant de questions, ça ne me ressemble pas, mais j’ignore pourquoi, je me sens à l’aise avec elle, et c’est plaisant, je ne vais pas le nier.

Je suis pour dire que chacun fait ce qu’il veut du moment que ça le rend heureux et que ça ne rend pas son prochain malheureux. Utopiste et ce que vous voulez mais je me suis toujours accordée à dire que j’aurais été bien dans mon époque si j’avais été capable de vivre le mouvement des années 70. Mais j’apprenais à marcher à cette époque alors comprenez bien que les psychotropes et autres drogues autorisées et encouragées à ce moment-là, m’étaient formellement interdites. Ce n’est pas faute pourtant de s’être rattrapées plus tard Loan et moi, à la fac.

« Ou si juste elle était pas assez douée pour que tu sois sûre d’avoir aimé ça. » « Oh visiblement, elle était censée savoir de quoi elle parlait… » Enfin professionnelle, donc d’expérience, non ? Je marmonne pour moi-même en m’auto interrogeant, je viens de toucher le fond, ça y est. « J’ai l’impression que n’importe quelle femme est capable de jouir sous les mains d’une autre femme. Je suis pas sûre qu’on puisse dire la même chose pour deux hommes. » Je ris, sa façon si libre d’analyser les choses m’amuse. « Les hommes ? Les hommes jouissent beaucoup plus facilement que nous. C’est mécanique et physique chez eux, à notre contraire, nous qui sommes un peu plus cérébrales. » En tout cas c’est ce que j’ai pu retenir de ma propre expérience et des cours de psycho que j’ai pu suivre à l’époque. Cours qui passionnait ma meilleure amie soit dit en passant ! N’hésitant pas à y aller de sa propre analyse en étayant les propos du prof, qu’elle a sans doute dû rencarder après le cours. « Ça a l’air de t’avoir perturbé, cette expérience. Tu sais y’a pas besoin de dire c’est mon truc ou c’est pas mon truc. Et puis c’est pas avec juste une fois que tu peux être sûre. Si t’as trouvé ça bien sur le moment, c’est le principal après tout. T’as pris ton pied et on en parle plus. » « Ça devrait se passer comme ça. En théorie. » Reportant mon attention sur le fond de mon verre en le terminant. Je crois que ce qui me mine c’est de me demander si je suis capable de tourner la page de mon couple et mon mariage idyllique. « C’est récent ? » Je tourne la tête vers elle, interpellée et tirée de mes pensées. « Ça se voit tant que ça ? » Son aplomb me plaît et m’amuse beaucoup. Elle n’a visiblement pas froid aux yeux.
Je rallume une clope, et lui en propose une en lui tendant mon paquet. « Bon, dis-moi, elle est où ta petite amie ? Il y en a trois qui te dévorent du regard depuis qu’on est arrivées, et j’arrive pas à me décider sur laquelle est la bonne… » Trois canons, il faut bien l’avouer. Eliot a un charme à elle, peu commun, un charme nonchalant, l’air de rien, comme si elle n’en n’avait même pas conscience. Ça vient, c’est tout, advienne que pourra. Et surtout, après elle le déluge.

Nous mettons les pieds sur un terrain qui me semble intéressant, mais qui a l’air de la rendre quelque peu mal à l’aise. Je ne vais pas m’arrêter pour autant, du moment qu’elle répond à mes interrogations. Je trouve que c’est une discussion passionnante, jamais je n’aurai imaginé qu’une femme comme elle ait déjà testé avec une autre femme. « Les hommes ? Les hommes jouissent beaucoup plus facilement que nous. C’est mécanique et physique chez eux, à notre contraire, nous qui sommes un peu plus cérébrales. » Je ris un peu et secoue la tête. « C’est pas pour autant qu’ils font jouir les femmes avec autant de facilité que les femmes elles-mêmes… » Je lui adresse un sourire mutin et poursuis mon inquisition. Elle n’est pas à l’aise avec le fait d’avoir partagé un moment intime avec une femme visiblement. Je cherche à savoir pourquoi, et la seule réponse que je vois, c’est que c’est récent. « Ça se voit tant que ça ? » Je hausse les épaules et lui souris. Je ne vais pas lui répondre que oui, je pense qu’elle a sa propre réponse.

La rouquine s’allume une cigarette et m’en propose une, que je prends sans rechigner en la remerciant immédiatement. « Bon, dis-moi, elle est où ta petite amie ? Il y en a trois qui te dévorent du regard depuis qu’on est arrivées, et j’arrive pas à me décider sur laquelle est la bonne… » Je me retourne pour voir de qui elle parle et un petit groupe de filles un peu plus loin fait mine de ne pas être en train de nous regarder depuis quelques minutes. Je ne sais pas si c’est moi qu’elles matent, ou si elles se demandent ce qu’une femme de l’âge d’Ellen peut faire à une fête pareille. « Pas de petite amie. » lui dis-je en me retournant vers elle, et tirer sur ma clope avant de souffler longuement la fumée. « Plus. » Je ne sais pas pourquoi je dis ça, et le regarde de la rouquine me demande d’en dire un peu plus, même si elle semble ne pas oser. « Faut croire que c’était pas fait pour marcher, c’est tout. » Je la regarde et lui souris. « Visiblement je ne suis pas faite pour la vie à deux. » Cette fois, un léger rire s’extirpe d’entre mes lèvres et je hausse les épaules. « Mais… tu as le droit à un bon point pour avoir su détourner adroitement la discussion. » Je lui adresse un large sourire et récupère son verre entre mes mains, une fois ma cigarette terminée. « Je vais nous chercher un autre verre, tu m’attends là ? »

« C’est pas pour autant qu’ils font jouir les femmes avec autant de facilité que les femmes elles-mêmes… » « Sur ce terrain-là je te suis, il n’y a qu’une femme pour connaître aussi bien le plaisir d’une autre. » Je ne peux pas le lui retirer, au contraire. Le plaisir n’est pas qu’une question de volonté, c’est tout de même important de savoir comment s’y prendre, et surtout l’effet que ça produit. Je ne renie pas le plaisir que j’ai pris avec cette jeune femme, au contraire, et je crois que ça me fait peur. Peut-être que ma vie est en train de prendre un vrai tournant et qu’il est temps pour moi de me rendre à l’évidence.

Je retourne cependant la conversation pour finir par parler d’elle. Je préfère qu’elle soit le centre de l’attention. « Pas de petite amie. » Je reste bouche bée, elles sont toutes à baver sur elle ! Alors là… « Plus. » « Oh, excuse-moi. » Je suis sincèrement désolée, elle en a l’air très peinée. Je n’aurais sans doute pas dû m’avancer si vite, là encore je suis la reine de la gaffe. « Faut croire que c’était pas fait pour marcher, c’est tout. » « Ou que ce n’était pas tout à fait fini. Les histoires d’amour sans ruptures c’est rare, tu sais. Ça arrive mais… C’est rare. » Thomas et moi filions le parfait amour depuis notre rencontre, mais regardez Loan et sa femme. Elles sont pourtant très amoureuses l’une de l’autre mais elles ont besoin d’affronter ça pour repartir plus fortes. « Visiblement je ne suis pas faite pour la vie à deux. » « Ne dit pas ça, la vie à deux est une épreuve. Et puis si vraiment c’est terminé, ce n’était peut-être simplement pas la bonne. On a le droit de se planter, heureusement ! » Je me pose encore la question de savoir à quoi aurait pu ressembler ma vie si jamais j’avais eu à faire ma vie avec le premier garçon que j’ai embrassé. L’angoisse ! « Mais… tu as le droit à un bon point pour avoir su détourner adroitement la discussion. » « C’est un titre honorifique ou j’ai vraiment le droit à quelque-chose ? » Je lui souris, complice, et elle propose ensuite d’aller nous chercher un autre verre. « Je vais nous chercher un autre verre, tu m’attends là ? » « Oui, merci. » Je lui tends mon verre vide et me précipite sur mon téléphone pour envoyer un texto à Loan. Elle doit me venir en aide ! Je ne sais pas comment m’en sortir, sincèrement. Je ne sais même pas si j’en ai envie, parce que je me sens relativement bien ici, et vivante, pour la première fois depuis longtemps. Libre, sans ombre dans un coin de ma tête, mais tout reviendra quand je ferais face à la réalité. Ma réalité.

Eliot fini par revenir avec nos verres et je la remercie en trinquant avec elle. « Mm, il est corsé le punch non ? » Je me mets à rire avec elle, il est en train de me démonter la tête. « Je vais finir par croire que tu veux abuser de moi ! »

A l’instant où Ellen me parle de couple et que je sous entends ma rupture avec Sofia, il y a comme quelque chose qui se rompt sans que je ne comprenne vraiment pourquoi. Elle s’excuse mais je tente un sourire pour lui faire comprendre que ce n’est rien, que ce n’est surtout pas de sa faute. « Ou que ce n’était pas tout à fait fini. Les histoires d’amour sans ruptures c’est rare, tu sais. Ça arrive mais… C’est rare. » J’esquisse un sourire en hochant la tête, je ne sais pas si je dois avoir de l’espoir ou non concernant mon couple mais je ne crois pas, il vaudrait mieux que je passe à autre chose, de toute évidence. « Ne dit pas ça, la vie à deux est une épreuve. Et puis si vraiment c’est terminé, ce n’était peut-être simplement pas la bonne. On a le droit de se planter, heureusement ! » Nouveau hochement de tête. « Ouais, heureusement ! » Mais ça fait mal quand même. Enfin. Je préfère à mon tour changer de discussion pour éviter de trop plomber la soirée avec des souvenirs ou des pensées qui ne m’aident pas à être dans une bonne énergie. Je n’ai pas envie de penser à Sofia, pas ce soir. « C’est un titre honorifique ou j’ai vraiment le droit à quelque-chose ? » J’arque un sourcil, sourire mutin au coin des lèvres. « Ah parce que tu voudrais une récompense en plus de ça, je vais y réfléchir… » Je lui propose sans plus tarder d’aller nous chercher deux nouveaux verres, récupère le sien et m’éclipse. J’essaie de ne pas la laisser seule trop longtemps, j’imagine qu’elle n’est pas dans son élément, et je n’ai pas envie qu’elle cogite trop et qu’elle finisse par avoir envie de partir.

Je reviens donc avec nos deux verres de punch et lui tends le sien en souriant. « Mm, il est corsé le punch non ? » Mon rire se mêle au sien et je bois une nouvelle gorgée. « Tu trouves ? » Je trouve pas tant que ça personnellement. Ou alors c’est qu’elle ne tient pas bien à l’alcool, ça me semble plus plausible. « Je vais finir par croire que tu veux abuser de moi ! » J’ouvre un peu plus grand les yeux, amusée. « Abuser de toi ? » Je secoue la tête et bois une nouvelle gorgée. « J’ai jamais eu besoin de faire boire une femme pour la séduire. » Petit sourire mutin, je la regarde boire à son tour comme pour masquer sa gêne. « T’inquiètes pas, je compte pas te faire boire plus que de raison, je peux aller te chercher un jus d’orange si tu préfères ? » Loin de moi l’idée de lui faire croire quelque chose d’erroné. Je sais déjà qu’elle n’est pas très à l’aise dans ce genre de soirée, la plupart doivent sans doute croire qu’elle est la propriétaire de la maison, la mère de mon ami, ou que sais-je. Mais j’en ai bien rien à foutre à vrai dire. « Y’a une salle de billard à l’étage, ça te tente ? » Tant qu’à être là…

« Ah parce que tu voudrais une récompense en plus de ça, je vais y réfléchir… » Je lui souris de façon complice, je n’aurais jamais pu le croire avant de venir ici. De passer une si bonne soirée, de m’amuser même, et de prendre un malin plaisir au milieu de tous ces jeunes. Je vais commencer à comprendre Loan et ses déboires avec les jeunes femmes. Il y a peut-être finalement un réel intérêt à tout ça, qui sait ? Je ne comprendrais jamais totalement ce qu’elle peut apprécier avec des femmes moins mâtures, quoi qu’il en soit, pour l’amusement et la répartie, je conçois. Eliot est très mystérieuse, même si je commence à comprendre quelques petites choses à son propos.

Elle propose de nous ramener deux verres et je retiens un raclement de gorge carabiné suite à la descente de mon verre. Qui est le petit con qui a trafiqué le punch ? C’est la bouteille qu’il a vidé, mais pas que celle qui se trouvait à côté du saladier ! « Tu trouves ? » « Je m’y fais. » On va faire comme si de rien n’était, et éviter de passer pour une débutante. Je ne le suis pas ! Il y a quelques années en arrière, c’est Loan et moi qui trafiquions le punch au bal du lycée. « Abuser de toi ? » « Mm, avec ça. » Brandissant mon verre, et si j’insiste un peu, elle pourrait même y arriver ! « J’ai jamais eu besoin de faire boire une femme pour la séduire. » « Tu m’en diras tant. C’est un défi ? » Depuis quand j’ai tant d’audace moi ? Je crois que ça me monte très vite à la tête. La fatigue de la journée, l’alcool, la nuit qui nous désinhibe… « T’inquiètes pas, je compte pas te faire boire plus que de raison, je peux aller te chercher un jus d’orange si tu préfères ? » « Je vais finir ça, je te remercie. » On ne gâche pas un verre ! Je l’ai appris à la fac, sacrilège.
Je sens quelques regards sur moi, et j’ignore s’ils sont goguenards, admiratifs, interrogateurs ou tout autre. « Y’a une salle de billard à l’étage, ça te tente ? » « Tu veux prendre une rouste ? » Je lui souris, et la suis, grimpant les escaliers.

Nous ne sommes pas seuls là-haut, mais dans une salle bien enfumée. Je n’en fais pas cas, je fume beaucoup, ça ne me dérange pas. J’attrape le triangle, et rassemble les boules pour les regrouper au centre de ce dernier. Je m’applique à les mettre dans l’ordre et dispose la boule blanche, avant d’attraper une queue de billard. « Tu veux casser ? » Je flirte presque avec elle. Ça commence à me monter à la tête, je crois. Elle me regarde faire, avec un petit sourire en coin, comme si elle s’étonnait qu’une femme de mon âge sache ne serait-ce ce qu’est un billard. « Quoi, tu sais ce que je savais faire à la fac avec ça ? » Elle m’interroge du regard, amusée. « Gagner autant de parties que de paris, et crois-moi j’en ai tiré un sacré pactole et plutôt du bon temps… » Loan m’a appris qu’on pouvait aussi parier quelques faveurs sous la ceinture passé les quelques bières. Le coup du je me retrouve dans le placard avec un inconnu parce que j’ai gagné une gâterie, ça, je le dois à ma meilleure amie !

Je crois comprendre qu’Ellen n’a pas besoin de beaucoup d’alcool pour en ressentir les effets. Ce n’est plus mon cas depuis bien longtemps. Je m’amuse de la voir réagir à mes petites provocations, je tente pourtant de faire en sorte qu’elles ne soient pas trop lourdes. Après tout, elle m’a avoué avoir eu une aventure avec une femme et être un peu perdue face à sa sexualité depuis cet épisode. Je serai vraiment cruelle de lui faire immédiatement du rentre dedans. Je suis incapable de savoir si elle me plait ou non, elle ne me déplait pas, c’est certain, mais pour une femme de son âge, elle a vraiment beaucoup de charisme, et je n’ai aucun mal à imaginer son corps frêle et pas si usé par le temps qu’elle ne semble vouloir le laisser sembler. « Tu m’en diras tant. C’est un défi ? » me demande-t-elle lorsqu’avec un certain amusement je lui avoue ne pas avoir besoin de faire boire les femmes que je convoite. Me voilà partie dans une phase de séduction, c’est vraiment plus fort que moi… Je la regarde terminer son verre et je souris, amusée, avant de lui proposer d’aller tester la salle de billard à l’étage. « Tu veux prendre une rouste ? » J’arque un sourcil, aussi intriguée qu’amusée. « Tu pars déjà vainqueure ? Attention tu ne sais pas à qui tu te mesures… » Nouveau sourire, et je l’entraine à ma suite jusqu’à l’étage et la salle de billard.

Ellen prend rapidement ses marques et installe les boules dans le triangle, chacune à sa place. Elle ne mentait pas, elle sait déjà ce qu’elle fait. Un point pour elle. « Tu veux casser ? » me demande-t-elle après avoir récupéré une canne. Je lui souris, légèrement plus charmeuse que tout à l’heure. « Je te laisse ce privilège. » Je ne la lâche pas des yeux et la regarde faire avec beaucoup d’amusement. « Quoi, tu sais ce que je savais faire à la fac avec ça ? Gagner autant de parties que de paris, et crois-moi j’en ai tiré un sacré pactole et plutôt du bon temps… » Je ne peux m’empêcher de rire à ce qu’elle me raconte. Je n’ai pas tant de mal que ça à le croire. « Ouais, t’essaie de te la jouer nana un peu coinços qui veut pas sortir boire un verre après 22h mais en fait t’es une petite délinquante ! » Je me fous d’elle ouvertement, mais c’est de bonne guerre, et c’est avec beaucoup de bienveillance, et peut-être même déjà un poil d’affection. Elle casse le triangle de boules avec une certaine maîtrise et je salue le geste. « Joli ! » A mon tour maintenant. Je tourne autour du billard, passe derrière elle volontairement en la frôlant et en m’excusant l’air innocent, et trouve la place idéale pour choisir ma couleur. Les rayées. J’ai toujours préféré les rayées. Je tire, une boule entre, encore à moi, et j’en enchaîne trois de la même manière. Manque de bol, la quatrième frôle l’entrée du trou et reste proche de celui là, me faisant grimacer. « Vicieuse, elle se fait désirer… » Je ris un peu et lui adresse un signe du menton. « Alors, on parie quoi ? »

Retour aux soirées billard, ça me rappelle beaucoup de choses. Les ¾ de mes souvenirs sont de toute façon en compagnie de Loan, ma meilleure amie. Et elle-même m’aurait conseillé de sortir à cette soirée. D’ailleurs, elle ne m’a jamais dit de partir et de me dépêcher, au contraire, elle est pour la débauche des soirées jeunes. Je ne sais pas si je dois l’écouter. Ça lui réussit à elle, mais à moi ? Je n’en n’ai pas la moindre idée.
« Tu pars déjà vainqueure ? Attention tu ne sais pas à qui tu te mesures… » « Mais dis-moi tout, je veux savoir ! » Je suis joueuse ce soir et d’humeur enjôleuse. Sans doute à cause du punch mais je crois que je me sens bien, ça y joue. Je ne connais personne ici, mais visiblement, ça n’est un problème pour aucun d’entre eux.

Une fois en haut, je mets tout en place, et impose déjà ma situation de joueuse rodée. Reste à savoir si la chance m’accompagne toujours. Je ne suis sûre de rien concernant mes années fac, mais une chose est sûre, je n’ai jamais abandonné une partie. « Je te laisse ce privilège. » Sourire complice à nouveau, on pourrait même croire qu’on se connait depuis des mois. Ça ne fait qu’une soirée et un stylo ou deux. « Ouais, t’essaie de te la jouer nana un peu coinços qui veut pas sortir boire un verre après 22h mais en fait t’es une petite délinquante ! » « Tu n’as aucune idée d’à qui tu t’adresses… » Joueuse, et mystérieuse. Je fini par casser à sa demande, et fait déjà un bel exploit. « Joli ! » A elle de jouer à présent.
A elle de jouer, et je lui laisse toute la place nécessaire pour trouver le bon angle. Les rayées, ça m’aurait surprise… « Vicieuse, elle se fait désirer… » Son tour est terminé, après quelques beaux points. Mais je suis joueuse, et elle aussi visiblement, puisqu’elle décide de donner une toute autre tournure à la partie, et un autre enjeu. « Alors, on parie quoi ? » Je hausse les sourcils, surprise. « Tu veux vraiment parier ? » Je commence à avoir la tête qui tourne et le rire facile. « Mm… si je perds je t’offre une nuit. Ce que tu veux. » Que ce soit moi, une call girl ou encore une licorne, qu’est-ce-que j’en sais ! Je suis complètement sèche et les conseils de Loan résonnent dans ma tête, profite, éclate-toi. « Mais si tu as peur de perdre, on pari moins gros… » Haussant un sourcil en mettant la première boule, puis la seconde, et la troisième…

J’aime cette nouvelle facette de la femme que je découvre au fil des heures. Elle était agréable, certes, mais cette Ellen me plait davantage. Plus espiègle, joueuse, rieuse. Ses sourires se multiplient et elle répond presque à mes taquineries. « Tu n’as aucune idée d’à qui tu t’adresses… » Non, pas presque. Elle y répond clairement, et mieux encore, elle semble chercher à me provoquer. Je ne peux qu’être charmée par sa manière d’entrer dans une nouvelle phase d’un jeu dont nous sommes les seules à pouvoir dicter les règles. « J’ai hâte de le découvrir alors… » Elle commence à casser, et je vois qu’elle maîtrise plutôt pas mal. Au moins, j’aurai une adversaire à ma taille. J’aurai bien aimé lui apprendre le billard, ça aurait permis un certain rapprochement, mais mon côté joueur prend plus de place, et je suis d’autant plus heureuse de pouvoir jouer cette partie avec elle. Je me gratifie d’avoir proposé une partie de billard. J’enchaîne quelques boules, jusqu’à une récalcitrante qui laisse la main à la jolie rouquine. Je lui propose un pari. Pour le moment, je suis incapable de savoir si elle est si forte qu’elle le prétend, mais je suis joueuse, et je ne crois pas qu’elle proposerait une récompense qui mettrait à mal ma fierté. « Tu veux vraiment parier ? » J’arque un sourcil, sourire au coin des lèvres, je crois ne pas avoir besoin de répondre à cette question. « Mm… si je perds je t’offre une nuit. Ce que tu veux. » J’ouvre alors mes yeux un peu plus grands, surprise par la récompense qu’elle me propose de but en blanc. Beaucoup plus dévergondée qu’elle n’y paraît. « Ah ouais ! » Je ris un peu, parce que ça m’amuse plus qu’autre chose. « Mais si tu as peur de perdre, on pari moins gros… » « Peur ? » Je ricane un peu et secoue la tête. « J’ai peur de rien moi. » On va dire ça ouais. « Mais ça me va comme récompense. Et si je perds, je te ferai découvrir quelque chose que je suis sûre tu ne connais pas. » Ça peut paraître prétentieux, ça peut sembler être une récompense sous la ceinture, mais il n’en est rien en réalité. Cependant, je garde mes idées pour moi. L’idée de découvrir cette femme de manière plus intime est loin de me déranger, mais loin de moi l’envie de la chambouler davantage, elle avait l’air déjà bien paumée quand on a parlé de sexualité un peu plus tôt. Ellen reprend l’avantage en rentrant plusieurs boules et je reste attentive en souriant. « Tu vas me faire passer pour une débutante, fais gaffe à ma fierté quand même… » Je ris un peu et la laisse continuer. Elle s’arrête juste avant la boule noire, et c’est à mon tour. Je plonge mon regard dans le sien et me rapproche d’elle. « J’espère que t’as pas fait exprès de me laisser une chance de remporter la nuit.. » Je la frôle, charmeuse, laisse mon regard flirter avec ses lèvres, souriante, et m’éloigne pour reprendre la main.

« J’ai hâte de le découvrir alors… » Tout a l’air aussi simple et fluide que si nous étions amies depuis quelques mois déjà. Je commence à comprendre les propos de Loan, quand elle me dit qu’il me suffit de me laisser aller, que les jeunes fonctionnent comme ça, sans les conventions qui faisait de nous des êtes dits respectueux ? Alors que c’est juste une façon de s’exprimer à présent. Il m’est clairement devenu plus facile de m’exprimer, comme ils le disent et de me trouver à l’aise. En tout cas ce soir et je pense que le punch n’est pas le seul responsable, même s’il aura fallu, pour ça, sacrifier deux stylos billes.

Mais je me laisse emporter par l’attitude de tous ces jeunes qui semblent vivre ça le plus normalement du monde. Certains s’échangent sur des banquettes et même si ça ne manque pas de me rappeler ce qu’on m’a raconté sur les années 70, tout le monde a l’air de trouver ça parfaitement normal.
Nous descendons faire un billard et je lui propose même de faire ce qu’elle veut d’une nuit avec moi. Elle peut le prendre tout à fait comme elle veut, et ça ne sera surement pas fait pour servir ma cause, mais la messe fut dite. « Ah ouais ! » J’aurais dû la fermer, je le sentais venir. « Peur ? J’ai peur de rien moi. » Apprendre à la fermer est une option aussi. J’aurais eu besoin de ma meilleure amie pour me dire de me calmer. « Mais ça me va comme récompense. Et si je perds, je te ferai découvrir quelque chose que je suis sûre tu ne connais pas. » « Je prends le risque ! Un pari est un pari. Mais rien d’illégal ? » Non parce que j’ai quand même un boulot stable et une place dans ma meilleure université de Californie, ce serait dommage de tout planté pour un verre dans le nez…

« Tu vas me faire passer pour une débutante, fais gaffe à ma fierté quand même… » « Ta fierté, seras épargnée, et si la mienne est écornée, ne t’en fais pas, je suis bonne perdante. » J’ai toujours eu un caractère un peu révolté mais pas méchant. Bonne joueuse, bonne pâte mais il ne faut pas non plus me marcher sur les pieds. Loan a eu beau me défendre étant gamine, il y a aussi eu des moments où elle m’a fait remarquer qu’il était préférable de fermer ma bouche. Ma meilleure amie est dotée d’une intelligence sociale très rare !
Le jeu est en ma faveur, jusqu’à ce que je rate et qu’il soit en la sienne. « J’espère que t’as pas fait exprès de me laisser une chance de remporter la nuit.. » Je lui soutiens son regard amusé et lui répond. « Tu crois que j’ai besoin de ça pour être directe ? » Non, j’aime jouer avec le feu mais dans l’état où je suis, je pense que j’aurais été un peu plus cash.
Elle me frôle, me lance un regard que je commence presque à lui reconnaître et se remet à jouer.
Et elle est bientôt à deux doigts de remporter la victoire. Je tourne autour de la table et observe le jeu. C’est à présent à moi de jouer et je la sens déjà m’invectiver dans le sens qui lui plaît. Oui, elle veut gagner, et moi aussi… Mais sur le point de gagner, au point qu’un enfant les yeux bandés prendrait le point, je ripe en me prenant les pieds je ne sais comment et manque mon coup. Non, c’est pas possible ! « Mais elle y était là ! A ça, à ça j’avais gagné tu l’as vu ou pas ?! » Indignée, révoltée, voilà, j’avais dit bonne perdante au début, non ? C’est pas possible d’être aussi maladroite, c’était gagné !

« Je prends le risque ! Un pari est un pari. Mais rien d’illégal ? » Je ris un peu, parce que ça y est je crois qu’elle m’a déridée. « Je ne peux rien promettre. » Je hausse les épaules arborant une mine tout à fait énigmatique, et un peu délinquante sur les bords. « Rien qui ne puisse compromettre ta petite vie bien rangée, ne t’en fais pas. » Quoi que. Je la titille un peu, juste pour voir de quoi elle serait capable. Mais je suis déjà bien heureuse de voir qu’elle se prend au jeu du pari et de la partie de billard. Elle se décoince, se déride, je trouve ça presque touchant. Elle m’intrigue, capte mon attention. « Ta fierté, seras épargnée, et si la mienne est écornée, ne t’en fais pas, je suis bonne perdante. » C’est bon à savoir, mais de toute manière, je ne l’imaginais pas être une personne du genre mauvaise joueuse, à s’énerver ou être de mauvaise foi. J’ai l’impression de lire assez bien en elle, elle n’est pas assez énigmatique pour qu’on ne puisse pas savoir à peu près qui elle est sans se gourer sur toute la ligne. « Tu crois que j’ai besoin de ça pour être directe ? » J’arque un sourcil en l’entendant répondre à ma petite provocation, et souris de voir que madame se dévergonde légèrement. C’est d’autant plus agréable, et foutrement amusant. « Vous m’en direz tant. » Le vouvoiement n’est là que pour l’emmerder, et je reprends l’avantage.

Je ne me rends pas compte à quel point, mais il faut croire qu’elle me perturbe. Je ne suis pas non plus une mauvaise perdante, bien que j’aime gagner, et que je fais en sorte de remporter les parties que je joue. Bonne joueuse, c’est plutôt le terme. Si je perds alors que j’ai tout donné, c’est pas grave. Le souci, c’est quand j’ai été distraite, et c’est le cas présentement avec Ellen dans mes pattes qui essaie de me déconcentrer. Et ça marche. Je reste silencieuse et lui laisse la main, cherchant à mon tour à la déstabiliser. Elle est à un coup de remporter la partie, je ne sais pas encore vraiment le gage encouru, mais peu importe. Je dois gagner. Je me concentre, parcours son corps de mes yeux, croise son regard et lui offre un sourire exprès pour la déconcentrer. Raté ! Un large sourire étire mes lèvres. « Mais elle y était là ! A ça, à ça j’avais gagné tu l’as vu ou pas ?! » Je hoche la tête, amusée. « J’ai vu oui, à ça… » Je mime de mes doigts un petit espace entre mon pouce et mon index, et reprends en main ma canne avant de me positionner. « Regarde, celle là c’est pour moi. » Un tout petit coup bien placé, et la boule noire entre dans le trou, c’était un cadeau qu’elle m’a offert. Je m’approche d’elle, un peu plus séductrice que plus tôt et m’adresse à elle en souriant. « T’avais peur que je te fasse faire n’importe quoi alors tu t’es dit qu’entre une nuit avec moi ou un gage plus dangereux… » Je fais un petit signe de la tête, toujours souriante. « T’as eu raison, quoi qu’il arrive, je suis gagnante. » Je pose la canne sur la table pour la laisser aux jeunes gens qui semblaient attendre leur tour, et prends la main d’Ellen pour l’emmener un peu plus loin, avant de la lâcher. « Alors je dois choisir c’est ça ? Ce que tu vas m’offrir cette nuit ? Je peux choisir n’importe quoi ? »

« Je ne peux rien promettre. » Je ne sais pas si c’est l’âge, mais je suis beaucoup moins joueuse et aventureuse qu’à l’époque de mes vingt ans où j’aurais alors trouvé que plus c’était illégal, plus c’était fun. Aujourd’hui je pense différemment, je pense surtout que j’ai un métier. C’est la seule chose qui me reste, puisque de toute évidence je ne risque pas de perdre Loan si je finis en taule, elle sera la première à me demander comment ça se passe avec ma co-détenue. « Rien qui ne puisse compromettre ta petite vie bien rangée, ne t’en fais pas. » Me voilà rassurée, et je peux enfin jouer mon tour.
Je me sens en tout cas assez en confiance pour pouvoir me jouer d’elle et de sa répartie, ça me fait sourire, ça me fait presque même penser que je trouve ma place dans une soirée comme celle-ci et que ça me fait du bien. J’y trouve même plus mon compte qu’à me plonger dans un bouquin avec un bon pétard sur ma terrasse. Ici je suis entourée d’humains, de gens avec qui échanger, et c’est autrement plus enrichissant, je crois. Je ne sais plus, je n’ai même pas envie de réfléchir. Et j’ai une partie à gagner.

Mais ma maladresse me rattrape, et encore une fois je me fais devancer par elle, sur un coup qui m’était pourtant donné. Une victoire à portée de main, non ? C’est à se demander comment j’ai réussi mes études. Sans doute parce qu’il n’y avait rien de physique, tout était sur le plan intellectuel, et là, je brille. Mais alors le reste… Comme la fois où Loan et moi avions dû partir en courant après avoir été fumer clandestinement dans le labo du lycée, et qu’en voulant m’échapper, j’ai coincé mon lacet dans la barrière et me suis lamentablement ramassée de l’autre côté… La routine. « J’ai vu oui, à ça… » Elle se moque de moi en plus, et je lui lance un regard indigné, mais il est où le soutien ? « Regarde, celle là c’est pour moi. » Elle fait la maligne maintenant qu’elle a gagné ! Et en plus elle se pavane en me tournant autour. « T’avais peur que je te fasse faire n’importe quoi alors tu t’es dit qu’entre une nuit avec moi ou un gage plus dangereux… » « Ca doit être ça, l’inconscient, tu sais… » Soutenant son regard sans ciller. Je n’ai pas peur de ce qu’elle pourra me demander, étrangement, je me sens en confiance avec elle, et puis j’ai du mal à remettre son âge dans le contexte. Elle pourrait être ma fille, pourtant, je n’y prête pas la moindre attention tandis qu’elle me tourne autour, presque prédatrice. « T’as eu raison, quoi qu’il arrive, je suis gagnante. » « Et c’était juste ça, d’ailleurs ? » M’interrogeant tandis qu’elle m’entraine un peu plus loin.

« Alors je dois choisir c’est ça ? Ce que tu vas m’offrir cette nuit ? Je peux choisir n’importe quoi ? » Elle réclame son dû, et c’est légitime. Je vois un petit jeune passé, du genre vraiment jeune. Sans doute même pas encore majeur, une bière à la main. « Hey, t’as quel âge toi ? 12 ans ? Donne-moi ça. » Je récupère sa canette que je porte à mes lèvres, ce sera mieux dans mon estomac que dans le sien. « Un pari est un pari, tu as gagné. N’importe quoi rentrait dans l’accord. Alors vas-y, fais-moi regretter… » Envoyant une rasade de bière, je dois me donner du courage. Même si le paysage est magnifique et que je me sens de plus en plus désinhibée. Je pose mon coude sur la rambarde pour m’y appuyer et la loupe, manquant de trébucher. « Je suis à peu près dans l’état où tu peux encore faire ce que tu veux de moi, avant que je ne me mette à faire une vraie catastrophe. Ton temps est compté. » Je le dis sur le ton de l’humour mais j’ai un manque de bol assez chronique et ça commence à devenir flagrant, même gênant là !

Je gagne, alleluia, ok j’aurai pu perdre que j’aurai quand même eu une belle récompense, au final, l’un ou l’autre, j’étais gagnante. C’est un peu comme dire à un enfant : ‘pile je gagne, face tu perds’. Il comprend rien, et toi t’as tout gagné. Alors je joue un peu avec Ellen, ça m’amuse, c’est de bonne guerre, j’ai promis de pas lui faire faire des choses qui pourraient ternir sa réputation, je m’y tiendrai. Une promesse est une promesse. « Ca doit être ça, l’inconscient, tu sais… » Je hoche la tête en souriant alors que nous nous éloignons du billard, je suis prête à récupérer ma récompense. Mais avant ça, Ellen récupère la bière d’un jeune gars qui passait près de nous, j’crois qu’elle a pas la notion de l’âge. « Hey, t’as quel âge toi ? 12 ans ? Donne-moi ça. » Je la regarde faire en souriant, je peux pas m’en empêcher. L’alcool déshinibe, c’est certain. « Un pari est un pari, tu as gagné. N’importe quoi rentrait dans l’accord. Alors vas-y, fais-moi regretter… » Je ris un peu en la regardant boire et la laisse finir sa gorgée avant de lui reprendre la bière des mains et la terminer en quelques longues gorgées. On en parle plus. Elle manque de louper la rambarde de l’escalier, et je me dis que ça commence mal. « Je suis à peu près dans l’état où tu peux encore faire ce que tu veux de moi, avant que je ne me mette à faire une vraie catastrophe. Ton temps est compté. » Je ris, bien moins sur la réserve qu’au début de la soirée, fait pas croire, l’alcool aussi ça a un effet sur moi. « Ok alors déjà, je te garde avec moi jusqu’à demain matin. » Je lui souris en voyant son regard entre l’inquiétude et l’envie de savoir ce que je vais faire d’elle. « Je vais faire de toi mon jouer sexuel. » C’est sorti tout seul, mais à en voir sa tête, je ne m’en veux pas trop, et j’éclate même de rire, un vrai bel éclat de rire comme je n’ai pas eu depuis longtemps. « Tu verrais ta tête putain, j’aurai dû filmer j’te jure ! » Je secoue la tête en souriant et lui prends la main sans réfléchir. « Allez viens, t’inquiètes pas je compte pas te faire boire plus et abuser de toi, le but c’est encore que tu te souviennes de cette nuit. » Je la regarde en souriant et nous descendons pour finalement quitter la maison de mon pote, que j’ai même pas croisé d’ailleurs. Nous reprenons le scooter et je l’aide avec son casque. « J’ai fait une promesse, rien qui ruine ta réputation ! » Je lui fais un signe de salut militaire et grimpe sur mon scooter, la laissant prendre place à l’arrière. Une fois fait, je démarre l’engin et roule pendant un bon moment sortant de la ville jusqu’à la côte, et je m’arrête sur une plage où il n’y a pas grand monde, un feu de camp un peu plus loin avec des gens qui jouent de la guitare et chantent, et quelques uns qui font un bain de minuit. Je laisse Ellen descendre et récupère son casque que je range. « Viens avec moi. » Je récupère sa main et nous descendons dans le sable jusqu’aux petites cabanes un peu plus loin sur le bord de la plage. Je sors de ma poche une clé, et cherche le numéro de la petite maisonnette, avant d’entrer la clé dans la serrure. A l’intérieur, pas grand chose de valeur, juste des serviettes de plage et des accessoires comme des parasols, bouées et conneries dans le genre. « Bain de minuit obligatoire. C’est ton gage pour avoir perdu la partie. » J’arque un sourcil, souriante, et fais un geste du menton en sa direction. « Allez, à poil madame le professeur ! » Je commence à retirer mes godasses et les balance dans la cabane, j’en fais de même avec mon t-shirt, mon pantalon, et je me retrouve rapidement à poil, sans aucune gêne. « Fais pas ta chochotte, j’en ai vu d’autres ! »

Je viens de perdre un pari sur lequel j’ai trop misé, j’ai trop bu et je l’ouvre trop. Voilà où j’en suis clairement pour ce soir après un cours à la fac et deux stylos foutus en l’air. Et une invitation acceptée, aussi. « Ok alors déjà, je te garde avec moi jusqu’à demain matin. » « Ca a le mérite d’être clair… » Me vengeant sur ma bière, que je descends d’une gorgée de plus. Sans doute que je ne devrais pas, mais au point où j’en suis. Je sens bien que de toute façon la situation est en train de totalement m’échapper. « Je vais faire de toi mon jouer sexuel. » Je m’étouffe avec la gorgée que je viens de prendre, et tousse pendant quelques secondes, j’ai mal entendu ? Si je joue la fière, je le suis pas pour autant. Ouverte, peut-être, mais peut-être pas si vite, si ? « Tu verrais ta tête putain, j’aurai dû filmer j’te jure ! » Je lui accorde un rire forcé, je ne plaisante pas du tout, je ne suis pas sereine le moins du monde. « Allez viens, t’inquiètes pas je compte pas te faire boire plus et abuser de toi, le but c’est encore que tu te souviennes de cette nuit. » « J’ai peur que ce soit pire si je m’en souviens ! » Mais je la suis, elle a l’air d’avoir une idée en tête, et de savoir précisément où elle m’emmène. « J’ai fait une promesse, rien qui ruine ta réputation ! » « Et mon amour propre ? » Elle me file un casque et je pense qu’il est temps que je la suive sur son scooter. Pas sûr que ce soit à mon avantage, ça non plus.

Sur la route, je m’en remets totalement à elle, admirant presque sans crainte comme elle parvient à se faufiler entre les voitures. Comment s’y prend-t-elle ? Ca a tout l’air d’être une vague habitude pour elle. « Viens avec moi. » Ma main glisse dans la sienne et je me laisse glisser jusqu’aux cabanes. Elle connait son chemin, je n’en n’ai aucun doute. J’entre à sa suite dans une de ces cabanes, qui ressemblent à s’y méprendre à celles qu’on peut trouver à Deauville ou à St Maxime, en France. « Bain de minuit obligatoire. C’est ton gage pour avoir perdu la partie. » Je ris, soulagée. « Tu aurais pu éviter de me faire passer le trajet à baliser. » A imaginer à quel point j’aurais regretté cette partie de billard. Tout tourne très vite dans ma tête. « Allez, à poil madame le professeur ! » « Plait-il ? » Levant les sourcils en la regardant de haut en bas, elle attend la même chose de moi là ? « Fais pas ta chochotte, j’en ai vu d’autres ! » « C’est un doute que je ne me permets pas… Mais je ne retirerais pas mes fringues… » Riant pour moi-même. Non, je ne doute pas qu’elle ait pu en voir d’autre, mais moi, pas tant. Je sais pour autant qu’elle ne lâchera pas l’affaire et retire mes fringues, jusqu’à me retrouver en sous-vêtements et courir droit vers la mer. Je m’y plonge sans les sommations d’usage et éclate de rire. « T’avais rien dit contre ça, si ? » Retirant mon soutien-gorge pour lui balancer une fois qu’elle est elle aussi dans l’eau. Puis retire ma petite culotte. Je dois être franchement éméchée. « Gage respecté ! » Brandissant fièrement le petit bout de tissu. Jusqu’à entendre un bruit, des bruits de pas, une présence. « Merde, y a quelqu’un ! » Il fait pourtant nuit noire, mais je ne tiens pas à avoir des ennuis avec la police pour exhibition ou une connerie du genre… le genre de raison pour lesquelles je vais chercher Loan en garde à vue par exemple…

Nous arrivons sur la plage et je la fais languir de savoir ce que je vais faire d’elle, ça me fait rire, j’aime bien avoir cette sensation de pouvoir, au moins un peu. « Tu aurais pu éviter de me faire passer le trajet à baliser. » Je souris largement et commence à me déshabiller devant elle sans aucune pudeur, avant de lui demander d’en faire de même. « Plait-il ? » Elle a pas l’air d’avoir compris, et j’insiste. « C’est un doute que je ne me permets pas… Mais je ne retirerais pas mes fringues… » Je hoche la tête en souriant. « Oh que si tu vas les enlever, parce que t’as perdu un pari. Et si c’est pas toi qui le fait, c’est moi. T’as le choix. » Je vais pas la violer non plus hein qu’on soit clairs. Mais elle a dit que j’avais ce que je voulais cette nuit, et ce que je veux, c’est prendre un bain de minuit avec elle. Et un bain de minuit, c’est à poil. Point. Je la regarde enfin retirer ses vêtements, pas du tout à l’aise, et ça me fait sourire. Elle se retrouve en sous-vêtements et j’ai juste le temps de me rendre compte qu’elle est franchement pas mal foutue pour son âge, que déjà elle s’échappe jusqu’à l’eau dans un éclat de rire. « T’avais rien dit contre ça, si ? » Je ne peux m’empêcher de sourire, parce que je crois que rien que là, elle a perdu 20 ans. Je cours pour la rejoindre, lâchant les serviettes que j’avais dans les mains au milieu du sable pour quand on sortira, et rejoins la rouquine dans l’eau sans tarder. « Gage respecté ! » dit-elle en me lançant ses sous-vêtements, cachée par l’eau qui remonte jusqu’au dessus de sa poitrine. « Bravo ! C’est mieux que rien ! » Je m’approche en riant et récupère la culotte qu’elle brandissait fièrement, pour la jeter sur le sable, avec le soutif que j’ai envoyé baladé quelques secondes plus tôt. J’allais pour lui poser une question mais je sens que quelque chose cloche quand je la vois se baisser un peu plus profondément dans l’eau, regardant à droite et à gauche. « Merde, y a quelqu’un ! » Je ris, parce que je la trouve mignonne. « Y’a aucune loi qui interdit les bains de nuit, même nus. Donc ne t’inquiète pas, personne peut te voir il fait trop nuit pour ça, et t’auras pas d’ennuis. Et puis j’suis là pour te couvrir ! » Je ris un peu et commence à nager un peu plus loin, un coup sur le ventre, sur le dos, je plonge et remonte en plaquant mes cheveux en arrière. « Avoue que ça fait du bien ! Tu te sens pas libre là ? » J’adore cette sensation. Aucune entrave, juste une liberté intense…