((libre)) wanna hang out in the solar system ?

Quelle heure était-il ? Trois, quatre heures du matin peut-être. Un truc dans le genre, ouais. Elle porta sa cigarette à ses lèvres, les yeux explosés par sa nuit sans sommeil. Hespéride était dans un état lamentable. Si elle réfléchissait un peu, c’était sans doute à cause du joint fumé dans les toilettes de la soirée qu’elle venait de quitter. Elle n'avait pas beaucoup mangé, beaucoup bu. Sa tête tournait encore, alors qu’elle s’était assise, ses jambes ne pouvant plus supporter la marche qu’elle venait de faire. Le temps était une illusion et le sol formait des spirales en sens inverse. Assise sur le trottoir, les genoux sous le menton, ses cheveux formant une auréole autour de sa tête, elle attendait que son corps lui réponde de nouveau, avant de repartir. Son service commençait à midi et le patron allait encore la punir de plonge et de ménage si elle arrivait en retard ou complètement allumée. Même si elle travaillait bien, c’était déjà arrivé une ou deux fois. Rien de bien méchant bien sûr. Elle détestait ça, faire la plonge, car le café tachait les tasses et le sucre collait aux bords des verres.

Hespéride relâcha la fumée entre ses dents, soufflant ses toxines dans l’air déjà trop pollué de la ville. Elle sentait bien que si elle se levait maintenant, elle allait tomber et se rétamer sur le bitume. Rien de bien classe, bien loin du look qu’elle arborait. Son maquillage avait légèrement coulé, mais autrement, tout était plutôt en place. Elle s’ennuyait, et l’envie de sortir un bouquin la saisit, avant qu’elle ne se rappelait, à ses propres risques, que dans cet état, lire lui donnerait plus envie de mourir qu’autre chose. Sans faire attention, elle décala son bâtonnet de nicotine sur le côté, le tapotant pour libérer les cendres qui s'écrasèrent sur les chaussures de l’inconnu.e à côté d’elle. Ah… Relevant ses yeux embués vers la personne, elle porta de nouveau la cigarette à sa bouche.

« Ah… Désolée, lâcha-t-elle sans réelle émotion. T'en veux ? »

Et elle tendit le cancer du bout des doigts, relevant la main pour l’offrir. Autour de ce dernier traînait encore les traces de son rouge à lèvre. La nuit ne lui permettait pas de distinguer exactement l’apparence de ce nouveau personnage. Ou alors était-ce le taux d’alcoolémie qu’elle avait dans le sang. Allez savoir… De toute façon, il était trop tard dans la nuit ou trop tôt dans la matinée pour qu’elle en ait réellement quelque chose à faire. Ce qu’elle espérait c’est que son estomac se calme et que son sachet de feuille à rouler n’était pas vide.