Ily bastard | Ft. Charn Darawan

La matinée aurait pu mal terminée. Mais fort heureusement, assise sur le lit d'hôpital, ton bras gauche n'a qu'une légère plaie superficielle dû à une blessure bêta dans les cuisines de ton école. Ton médecin finit de faire le bandage et te donne les papiers qu'il faut pour que tu puisse sortir aisément de là. Il a pu te faire un examen complet comme à chaque fois. Il te connaît bien, lui qui te suit pour tes problèmes respiratoires. Tu le remercie plusieurs fois avant de filer de là et te diriger vers l'arrêt de bus le plus proche. Tu as promis à Do Yoon et tes parents de rentrer tout de suite, mais cette promesse, tu vas la rompre en quelques secondes. Tu ne peux pas te permettre de ne pas te présenter à ton job. Aujourd'hui c'est le rush et tu te dois d'être présente. Une des serveuses est déjà absente pour congé maternité, tu ne peux pas les laisser tomber. Tu mets donc une bonne trentaine de minutes de trajet pour arriver à destination. Une fois arrivée tu salue rapidement le patron et enfile ta tenue dans les vestiaires. Comme tu peux, puisque ta blessure est encore très fraîche. Tu as opté pour une jupe et un joli haut pas trop voyant pour une fois. Ouais non... T'avais juste la flemme de fouiller dans tes vêtements alors tu as pris ce qui te passais en premier devant tes yeux. Mais passons. Prête à faire du bon boulot encore une fois, tu te lances dans la salle. Et bien que tu pensais avoir du mal à te faire avec ton bras embarrassé, au bout d'une heure et demi, tu as repris tes marques et rien ne t'empêche de servir les clients. Aucune douleur. Juste de la joie et de la bonne humeur transmise par les plus habitués de ce lieu. Enfin... C'est sans compter sur la présence de ce cher et tendre Charn. Tendre ? Non non. Pire. Tu as l'impression qu'il fait exprès de se mettre dans tes pattes et ça t'agace au plus haut point. A un tel niveau qu'au bout d'un moment, tu fais exprès de le bousculer tout en lui lançant un regard noir. « Regarde où tu vas non ? 'Spèce de con. » Insulte gratuite ? Vous avez bien entendu. Et sur ces mots gracieux, tu t'en va comme une fleur pour préparer les boissons de ta prochaine table.

Journée de merde, taff de merde, vie de merde. Clairement, c’était de la merde. Charn s’était levé pour son premier petit boulot du matin, avec comme première image, la seule gueule du mec chez qui il vit, en train de ronfler comme un porc sur le canapé au lieu d’être dans son lit. Dans les transports, un gosse assis sur le siège devant lui, l’avait fixé comme seul les enfants creepy pouvaient le faire. Il lui avait fait un doigt d’honneur avant de sortir. Dès qu’il était arrivé, le patron l’avait pris entre quatre-yeux pour lui dire que “ta petite dinguerie d’hier, t’évites de le faire aujourd’hui, okay ?”. Petite dinguerie ? Ouais, il avait envoyé sa soupe à la gueule d’une cliente trop chiante qui avait osé lui dire que ce n’était pas ce qu’elle avait commandé après avoir pris trois heures à faire son choix en lui posant dix milles questions. Putain de Karen, de merde. Vu qu’il n’avait pas de tunes aujourd’hui, il n’avait pas mangé et avait juste profité de sa pause pour dormir un peu. Puis il avait repris. Et même si son boss lui avait dit de sourire, il s’était juste détourné, emportant le café de ce pauvre mec qui déprimait prêt de la fenêtre.

Le rush était intense, et sans l’aide d’Olivia, en arrêt pour cause de bébé dans le tiroir, il était seul à gérer la salle. La seule personne avec qui il s’entendait plutôt bien était le cuisinier, qui était aussi dégoûté de son taff que lui. Alors quand madame-trop-chiante, la miss-je-bosse-même-si-j’ai-des-vêtements-de-luxe fit son entrée, il crut qu’il allait la claquer sur place. Déjà, Somi, s’était l’antithèse de lui. Toujours souriante, tellement que s’en était faux as fuck et ça se voyait. Personne ne pouvait aimer bosser. Ou alors elle était folle. Et ensuite, elle avait l’audace de prendre ses tables. Elle vaquait à tout va, sans suivre le mouvement, résultat, elle lui faisait prendre du retard, à force de pop devant lui et de prendre toute la place comme si c’était chez elle. Évidemment, le patron l’aimait bien. “Parce qu’elle a un joli petit cul.” qu’il lui avait dit une fois. Yes… Super. Vous pouvez donc comprendre, que son sang ne fit qu’un tour lorsqu’elle l’insulta. La meuf, elle arrive, elle fou la merde et elle l’insulte. La suivant des yeux, il lui emboîta le pas. Et au moment où elle s’apprêtait à se saisir des verres, il lui attrapa les cheveux, la tirant brusquement en arrière en ouvrant la porte des employés juste derrière. Ils débouchèrent dans les cuisines, où il la fit trébucher en la poussant contre l’une des tables.

« Qu’est-ce tu viens de dire, poufiasse ? dit-il, les yeux sombres. Putain, tu te prends pour qui, petite merde ? J’bosse depuis huit heures, t’arrives et tu penses pouvoir me prendre de haut ? »

La fille de la plonge était tétanisée, tandis que le cuisinier regardait la scène sans rien dire, savourant sans doute l’action, pour une fois. Tout le monde voulait craquer à un moment donné. Charn n’avait pas le filtre qui retenait les mots, il n’y arrivait pas. Cette colère montait en lui, devenant fureur en l’espace d’une seconde. Il était constamment sur le point de faire une connerie. Et il faisait ses conneries. Il n’avait pas peur de frapper une femme, tout comme il n’avait pas peur de frapper un homme. C’était féministe de sa part sans doute. Il n’y avait pas de discrimination dans sa colère. Ne lui laissant pas le temps de réagir, il lui saisit le col pour la redresser, la regardant dans les yeux, très proche de son visage.

« Tu me refais ça une seule fois avant la fin de mon service et t’es morte… »

Beaucoup de mecs disaient ce genre de choses en l’air. Juste pour faire peur. Mais il fallait savoir que Charn ne revenait jamais sur ses mots et que lorsqu’il avait la perspective de taper, il ne reculait pas. Elle voulait jouer à ça ? Elle allait en payer le prix. Ce n’est pas comme si elle ne le connaissait pas depuis le temps. Plus d’une fois, il avait été sur le point de tabasser quelqu’un dans le restaurant, si ce n’était pas pour la perceptive de son chèque en fin de mois qui le retenait. Mais elle… Oh, là, à ce moment précis, il en était totalement capable. Il la relâcha, en la poussant, jetant un coup d'œil autour de lui, avant de faire demi-tour et de sortir en claquant la porte. Dans la salle, il n’arbora aucun sourire, aucune expression calme. Il fixa le client qui demandait une table pour trois avec une aura sombre, avant de lui indiquer un emplacement. L’argent était la seule raison pour laquelle il ne butait personne dans ce taudis. Ouais, ce n’était même pas le fait qu’il puisse finir en prison. Nope. Juste la tune.

@Kang Somi