fearless, divine ((sam))

Le glaçon avait fondu dans le fond de son verre. Déposé sur la table de chevet, il reposait, un reste de whiskey dans le fond, l’ambre de l’alcool réchauffait par le soleil entrant par la fenêtre. Chinsun roula dans son lit, entraînant sa chevelure blonde dans le mouvement, ainsi que la couverture. Quel était ce bruit ? On sonnait à sa porte. Heureusement, elle n’avait pas abusé hier soir, empêchant un certain mal de tête qui aurait pu la mettre de mauvaise humeur avec ce son si peu agréable, répété à plusieurs reprises. Alors elle finit par se lever, passant par la salle de bain pour ne pas effrayer l’invité qui semblait si matinal de son point de vue. Avait-elle oublié un rendez-vous ? Avec habitude, elle couvrit ses épaules d’une robe de chambre bleu marine transparente, descendant les escaliers de ses pieds nus. Tant pis pour la nuisette, ce n’était pas comme si on ne connaissait pas sa réputation. Ce n’était certes pas la meilleure des présentations, mais elle n’était pas non plus complètement nue. Après un rapide coup d'œil autour d’elle, elle constata qu’elle était bien seule dans la villa. Sa dame de ménage ne devait pas être présente aujourd’hui.

En ouvrant la porte, ses yeux tombant sur un homme qui lui retourna son regard, le souvenir d’aujourd’hui - ou plutôt, de ce qui devait se faire aujourd’hui - lui revint. Il est vrai, qu’alors qu’elle buvait une tasse de thé dans son salon, une idée de réagencement de l’espace lui était venue. Elle ne croyait pas tant que cela aux énergies d’une maison, au courant ou ce genre de superstitions, mais elle aimait bien renouveler souvent son espace de vie. Et de travail également. Car, même si elle avait un bureau, rempli de manuscrits et de bouquins pour son futur livre, elle aimait également se balader dans la maison, déposer son ordinateur sur une table et écrire en regardant le ciel par sa baie vitrée. Ou alors discuter avec sa femme de ménage (adorable Giselle) tout en se baladant sur le net pour approfondir son historique. Ainsi, même si sa première expression fut une légère confusion, le froncement de sourcil qui assombrissait son visage se détendit, un sourire le remplaçant rapidement.

« Vous êtes l'architecte d’intérieur que j’ai eu au téléphone, non ? Sam Kim, c’est bien cela ? Enchantée ! Chinsun Goo, se présenta-t-elle avant de se retourner, laissant la porte ouverte pour qu'il puisse la rejoindre. Désolée, j’avais complètement oublié votre venue, je m’en excuse sincèrement… Vous pouvez attendre ici un petit instant, s'il-vous-plaît ? Je vais me changer, ce ne sont pas des manières. »

Sur ses mots, elle remonta les escaliers. Se permettant une rapide douche, elle s’apprêta un instant, avant de redescendre, beaucoup plus présentable. Chinsun avait opté pour du simple, ne souhaitant pas se perdre la tête. Alors ce n’était qu’un pantalon noir taille haute et un haut blanc. Seulement, le décolleté descendait jusqu’à la limite du pantalon au niveau de sa taille. Comme expliqué, elle ne se prenait pas la tête pour ce genre de choses. Tapant dans ses mains pour attirer l’attention de l’homme, elle lui fit un nouveau sourire.

« Alors ? Comment trouvez-vous mon intérieur ? C’est grand n’est-ce pas ? demanda-t-elle en se dirigeant vers la cuisine. J’aime beaucoup la lumière. Vous voulez un café peut-être ? »

Pour elle, ce n’était que le matin, mais si elle en croyait l’horloge murale, il était plus proche du repas du midi que celui du petit-déjeuner. Pas que cela ne l’attriste vraiment, alors qu’elle allumait sa théière pour se rebooster encore un peu plus avec un thé. Elle avait oublié un rendez-vous, ce qui n’était pas la première fois, ni la dernière. Mais il était trop tard pour la changer maintenant, le temps avait fait son caractère.

Ton métier était plus flexible. Généralement terré chez toi, à visualiser des centaines de plans, des tissus, des matériaux. A dessiner, imaginer, à revisiter tout ce que tu pouvais, n'allant clairement pas te plaindre d'être seul et tranquille. Cependant, parfois, ton métier t'obligeait également à te déplacer. Loin d'être rare il te fallait une vision réelle et des photos avant de commencer la théorie. Quoiqu'il en était ton réveil avait sonné et pour la première fois depuis des semaines tu allais prendre une douche et t'habiller pour sortir. Non pas pour rester chez toi. O bien sûr chaque journée commençait par une douche, quelques vêtements mais jamais par une réflexion de longues minutes mettant moult vêtements sur ton lit pour demander à pumpkin lequel était le plus professionnel. Ce n'était jamais aussi compliqué. Et si ton cerveau décidait de ce fixer sur cette chemise et ce jean, ton coeur voulait remettre ce survêtement que tu portais bien trop.
Plus de temps pour penser que l'heure défilait t'envoyant directement à l'adresse indiquée. Matériel dans ton sac à dos, tu laissais ta tête se vider l'espace du trajet, détaillant chaque paysage sous tes yeux, défilant comme dans un film tandis que la musique résonnait dans tes oreilles. Tant d'éléments servant à détourner un esprit torturé de stress que le temps ne voulait oublier. Et pourtant. Les mains se torturant, le palpitant s'accélérant tu ne trouvais aucun répit encore moins devant la porte qui te séparait de ton contrat.

Un contrat, une mission, c'était tout. Sonner, saluer, observer, partir. Tu n'avais pas à rester, non plus à parler pendant des heures, simplement trouver ce qui conviendrait le mieux à la détentrice des lieux. Et c'est avec cette idée accompagnée d'encouragements que ton doigt appuya sur la sonnette, tes talons et tes pointes de pied se décollant du sol à tout de rôle, balançant ton corps. Le souffle se coupant lorsque la porte s'ouvrit tu n'eus que peu de temps avant de voir son expression se noircir. Une visite intempestive, imprévue, et pourtant tu relisais mentalement chaque message confirmant ce jour, cette adresse, cette heure. A moins que ton cerveau ne te joues des tours. "Bonjour.  " Tentas tu, la gorge pourtant sèche.

Quelques secondes, c'est ce le temps réel que dura cette échange muet de regards perdus. Quelques heures, c'était sûrement ce que tu ressentais à ce moment avant de sentir ton souffle repartir, elle se souvenait, tu ne t'étais pas trompé. "Oui c'est moi même.  " Peut être allait elle demander plus d'informations mais elle partit bien trop vite, te laissant hésiter sur la marche à suivre. Rentrer, rester ? Idiot, tu étais un simple idiot qui mis plus de temps à réfléchir qu'à rentrer, refermant délicatement la porte derrière toi. "Ah ce n'est rien, oui j'attends pas de pro... " Il était vrai que maintenant que tes yeux détaillaient leur environnement sa tenue était bien légère. Faisant monter le rouge à tes joues, ta gorge se raclant. Au moins elle reviendrait plus habillée.

C'est du moins ce que tu imaginais tandis que ton regard se perdait sur la pièce, en détaillant chaque choix de déco, chaque couleur, chaque élément pour cerner un peu le personnage. Certes elle te dirait ce que son coeur veut, mais connaître la personne aidait toujours dans l'élaboration du plan. Et tu voyais déjà quelques traits ressortir, des points que tu notais au fur et à mesure après avoir attraper ton calepin bien rangé dans ton sac. Le cerveau en perpétuelle réflexion tu prenais alors ton temps pour imaginer. Avant d'être coupé par son retour, sa voix assurée, loin de ta personnalité. Un sursaut, c'est donc tout ce qu'elle déclencha.

"Ah heu oui, c'est décoré avec goût.  " Tes yeux suivant un instant sa silhouette disparaissant dans la cuisine tu venais alors reprendre tes notes en réfléchissant doucement. " La lumière dans toutes les pièces ou certaines doivent être plus sombres? Oui merci je veux bien. "

Pas que tu voulais la déranger mais tu appréciais la caféine, et l'avoir te permettait de tenir concentré plus longtemps, une vieille habitude que tu ne pouvais plus changer. Comme celle de regarder vers le bas, ne relevant le regard que très rarement. Une raison pour laquelle tu n'avais pas remarqué la nouvelle tenue de ton hôte mais qui ne manqua pas lorsque tu pris la tasse qu'elle te donnait venant alors te brûler légèrement, les joues rouges. "C'est rien.. je suis maladroit.. hm... alors heu. Donc vous... vous voulez refaire votre salon et bureau c'est ça ? " Le regard fuyant tu tentais de te souvenir de votre conversation. Le cerveau embrumé d'une situation cocasse.

" "

Passant le plus clair de son temps dans cette endroit lorsqu’elle se remettait d’une soirée un peu compliquée ou si elle voulait boire tranquillement, il fallait que son habitation soit aussi agréable que possible, lui permettant de se ne pas fuir l’endroit aussitôt pour repartir faire on-ne-sait-quoi avec on-ne-sait-qui. Elle appréciait beaucoup le style actuel, mais l’ennui avait la vie dure. Ainsi, elle voulait explorer un peu plus, savoir si elle pouvait avoir un peu plus encore, et ne pas s’enfermer. Préparant le café et le thé, elle hocha la tête à sa première question. Seulement, n’étant pas totalement sûre qu’il est vu son mouvement, elle prit la parole. Chinsun était plutôt bonne à décrypter les personnages en face d’elle et ce jeune homme était loin de l’arrogance qu’elle rencontrait beaucoup trop dans son métier.

« J’aimerais effectivement quelque chose de plus sombre, mais seulement dans mon bureau, expliqua-t-elle en attendant que les différentes cafetières et théières n’aient terminé leur cycle. Après tout, il me faut un endroit un peu plus posé pour bien me concentrer et je doute que cela soit le cas actuellement. »

C’était peut-être pour cela aussi qu’elle ne passait pas autant de temps qu’elle voulait dans son bureau et s’amusait à se balader un peu partout dans la villa. Enfin, les boissons chaudes furent prêtes et elle tendit sa tasse à l’architecte, avant de porter la sienne à ses lèvres. L’odeur lui remit les idées au clair tandis que la petite brûlure sur sa langue et dans son œsophage la calma. C’était sa boisson réconfortante, celle qui lui permettait de se remettre durant ses gueules de bois. Pour dire, elle avait à peine remarqué l’inconfort de Sam, ne faisant que regarder son intérieur, songeant déjà à ce qu'ils pourraient faire ensembles, dans cet endroit qui en avait vu des choses.

« Je vous fais une petite visite, peut-être ? demanda-t-elle, courtoise. Vous pouvez prendre autant de photos que vous voulez, sans aucun problème. »

Normalement, tout était propre, et bien rangé, rien de disgracieux ne devait traîner dans le coin. Ainsi, elle se mit en route, la tasse toujours dans la main. Au fur et à mesure de la présentation de son salon, elle expliquait comment elle imaginait la refonte de l’espace, évitant de faire de grands gestes et préférant utiliser l’imagination de son interlocuteur, qu’elle voyait sans limite. De plus, il n’avait pas besoin de beaucoup lui parler, elle prenait du plaisir à monologuer sur son chez elle. C’était aussi une habitude, de toujours tout développer. Après tout, elle avait fait des plateaux télés, elle avait rencontré nombre de journalistes qui n'hésiteraient pas à utiliser vos propres paroles contre vous. Elle était devenue tactique dans ses explications, ne laissant que très peu de zones d’ombres ou sujet à l’interprétation. Seul lorsqu’il fallait parler des concepts et des techniques, n’étant pas du tout dans son domaine d’expertise, elle ne se permettait pas de trop s’avancer. Combien de fois avait-elle rencontré des gens qui lui expliquaient comment faire son travail alors qu’ils n’avaient sans doute jamais publié de bouquin. C’était aberrant.

Une fois la visite du salon terminée, avec les ajouts de ses envies dans la visite, elle le fit passer dans un couloir, où s'alignaient au mur des revues de presse encadrées. Après le plus gros scandale de ses fiançailles annulées dû à une erreur de sa part - elle avait trompé sa partenaire, sa fiancée, et s’en voulait encore terriblement - Chinsun avait décidé de mettre en étalage tous les titres les plus idiots la concernant. Que cela passe par “D’une égérie à un problème” jusqu’au très célèbre “Le féministe de la tromperie”, elle avait trouvé cela amusant et pour ne pas créer plus de visibilité à sa partenaire de l’époque, elle avait décidé de tout éloigner de la scène en créant bien pire, comme scandale. Ainsi, elle en avait toute une collection. Au bout du couloir, elle ouvrit la porte de son bureau. Une pièce simple, comblée d’une bibliothèque courant sur deux murs et s’élevant jusqu’au plafond. La fenêtre au rideau ouvert déversé son flot de couleur doré sur le bureau installé dos à cette dernière. Pas besoin de faire un grand tour, pourtant, elle prit la peine de le faire, ajoutant, comme pour le salon, ses envies de changement, qui pourront totalement être des améliorations.

« Si vous avez des questions, je suis à votre disposition, évidemment, rappela-t-elle en déposant sa tasse, désormais vide, sur le bureau. Ah, et moi, j’ai une question pour vous ! A votre avis et œil d’expert, combien de temps cela prendra ? »

Oh, bien sûr, elle était loin d’être pressée, ce n’était absolument pas cela le problème. Elle était simplement curieuse. Son emploi du temps était léger, s’adaptant à ses propres journées, à ses propres envies. Ce n’était pas pour donner un ultimatum, mais simplement pour avoir un ordre d’idées. Elle avait confiance en ce Sam, il lui inspirait de bonnes choses et elle était prête à lui laisser sa villa pour qu’il en fasse des merveilles.

Les intérieurs étaient tous différents. Emprunt de l'aura de la personne, de leurs goûts tu faisais également face à beaucoup de simplicité pour la plupart des citoyens perdus dans des couleurs qui ne leur disaient rien. Ton métier était un lien avec les gens et l'art, l'art d'arranger, de rendre beau et agréable pour le propriétaire, sans y mettre son goût personnel, mais tout en gardant un style à toi. C'était une ligne très importante qui faisait de ton travail quelque chose d'unique. Ainsi tu n'allais attiré que des gens comprenant ton travail, parce qu'ils aspiraient à al même vision. Loin de produire pour produire tu passais dans l'émotion, dans le partage et la compréhension, te plongeant alors totalement dans ce rôle d'observateur sans pour autant forcer l'intimité des gens.

"D'accord.. à savoir que le sombre est plus lourd, il faut doser et voir les couleurs foncées que vous préférée. Pour la concentration je miserai plus sur des couleurs moins saturées. " Quelques mots sur ton calepin te rappelant alors tous ces cours de théorie des couleurs pour choisir des gammes.

Une légère inclinaison, preuve d'un passé loin d'ici et tu la remercias en prenant la tasse, remarquant la tenue peu conventionnelle de la jeune femme. Toi l'enfant timide aux joues rougies, toi qui n'osait presque pas regarder les gens dans les yeux, c'était un peu, un peu trop. La jeune femme était belle, mais ton éducation refusait de poser tes yeux autre part que sur les murs de cette maison, prenant une gorgée qui te brûla la langue. Grimace à l'appui avant de mettre ta main devant la bouche, permettant au muscle endolori de sortir légèrement pour s'apaiser. C'était chaud, bien trop chaud, mais c"était trop tard. Reprenant ce dos droit et l'attention déployée tu hochas doucement la tête posant la tasse.

"Oui je veux bien merci. Merci. "

Un remerciement que tu répétais en sortant ton appareil photo. Compact mais clairement parfait pour ce que tu faisais, plus grand qu'un téléphone et plus pro.
Attentif tu suivais ses pas comme un poussin suivait sa mère, rapidement prit dans l'action même de ton métier. Celui où tu oubliais tout ce qui t'entourait pour te concentrer sur les cours, les théories, les matériaux, l'imagination, la création. Tes pupilles en alerte en imaginant ce que pourrait devenir chaque recoin, tantôt prenant une photo, puis griffonnant quelques idées ou croquis. La jeune femme savait, elle ne laissait pas grande place à l'imagination, ce qui n'était pas plus mal, concentrant ton savoir dans ce qui lui manquait plutôt que de créer absolument tout à partir de rien. C'était aussi agréable de temps à autre. Notant chaque mot clé en la laissant monologuer, quelques questions venant se glisser ici et là, l'air toujours sérieux et concentré.

La passion dansait dans ton regard, imaginant la pièce avec plusieurs variantes, une des partie les plus intéressante et drôle à faire. Puis vint une autre pièce, qui te fit changer ton esprit, repartir de zéro sans pour autant tout oublier. enfin tu essayais tandis que ces cadres tout à fait particulier venaient titiller ton attention. Inconnue pour toi tu voyais bien qu'elle n'étiat pas des personnes communes, cependant tu n'aurais jamais imaginé découvrir une vie qu'on lui conférait étalée, comme ça sur son mur. Rien de gentil, que des titres qui semblaient blessants mais qui se retrouvaient ici. Une femme forte, se relevant donc des coups dur. Un trait important dans toute cette atmosphère. Atmosphère qui changeait rapidement en arrivant dans le bureau, spacieux et donnant cette impression de grandeur tu notas chaque trait qu'elle pointait, essayant de comprendre ce que ChinSun cherchait pour se concentrée.

" On garde les bibliothèques je suppose ? PAs de grands travaux ? " Notant alors les réponses tu te permis quelques pas dans la pièce, quelques coup d'oeil sur ton carnet et sur les murs. "Comme il n'y a pas de gros travaux se sera moins long, mais les pièces sont assez grandes ce qui demandera une équipe d'au moins cinq personnes pour un délai d'environ un à deux mois. "

Venant toucher un mur tu semblas plus concentré encore levant le nez pour tout observer. Quelques questions d'ordre plus "basiques" comme, moisissure, humidité. Tout problème en dessous de la déco serait un gros problème à régler il valait mieux l'éviter de suite.

"En soit on fera une pièce après l'autre je pense. Et bien sûr tout dépend de votre emploi du temps. Je vous détaillerai le tout une fois que vous aurez choisi les options. Mais il faut garder en tête entre deux à quatre jours d'affilés pour la peinture. Et à partir de ce moment on ne pourra pas remplir la pièce. "

Il fallait donc compter une condamnation de la pièce, ce que cela pouvait engendrer; mais tu n'étais clairement pas inquiet vu la surface de la maison.

"Mais pour être honnête .. un mois pour les deux me semble bien. Selon l'équipe bien sûr. "

De toute façon tu devais faire les plans, lui envoyer et les faire vérifier. Tout était une question de ce qu'elle allait choisir.


" "

Quand un connaisseur parlait de son travail, Chinsun était charmée. Elle avait encore plus confiance en ses capacités, pouvant donc laisser sa maison entre ses mains, sans avoir peur de terminer avec un projet à moitié fini et de travaux à continuer seule. Sam semblait sérieux, et cela plaisait beaucoup à la jeune femme. Sa maison, cette villa, c’était le seul endroit de toute la ville où elle savait que rien, ni personne, ne pouvait la juger, ne pouvait détourner ses propos, ses décisions ou ses regards. Elle avait assouvie son rêve d’enfant de devenir celle qui pouvait prendre les autres de hauts. Mais justement, à être en hauteur, elle se retrouvait avec un nombre incalculable d’yeux et d’objectifs sur elle. Chinsun assumait, mais à quel prix ? Ce n’était pas que de l’argent qu’il y avait en jeu. Plus que son égo et son honneur, son intégrité était toujours remise en cause. Mais de quoi se plaignait-elle ? Elle était riche après tout. Elle pouvait avoir toutes les femmes qu’elle voulait, elle pouvait voyager, manger, boire, danser, sans avoir à se préoccuper de ses comptes. De quel droit se permettait-elle de penser qu’elle n’était pas heureuse ?

Portant sa tasse à ses lèvres, elle l’observa noter sur son carnet, hochant la tête pour approuver la discussion. C’est comme s’il avait déjà une image en tête, ce qui lui donna encore plus satisfaction qu’en à son choix d'architecte pour ce boulot. Voulant toujours plus se vanter de ses petites découvertes, elle sera fière de parler de ce jeune homme talentueux, dont la passion animait tous les sens, qui lui avait fait cette redistribution de l’espace incroyable. Peut-être prenait-elle un peu trop d’avance sur le futur, surtout qu’elle n’avait aucune visibilité sur qu’il pourra bien lui offrir. Mais, à l’entendre, il avait très bien capter l’essence qu’elle voulait ressentir dans chaque pièce. Allant se poser contre son bureau, un bras croisé sur son ventre, elle le laissa s’aventurer dans ses observations. Elle aimait bien cet endroit. Même s’il commençait à l’ennuyer. C’est ici qu’elle avait écrit son premier best-seller, lancé sa première démarche militante, alors que tout le monde l’avait oublié à la fin de sa carrière de mannequin. Quelques articles disaient qu’elle battait complètement de l’aile en voulant s’orienter dans cette voie. “Tout le monde peut écrire.” Seulement, ce n’était pas l’avis de majorité, qui l’avait rapidement érigée en tant qu’autrice.

« Si  possible, j’aimerais éviter d’y toucher oui, sourit-elle. En plus d’être fournie, je l’affectionne particulièrement, voyez-vous ! »

Avec un petit “mmm” de questionnement, elle se pencha en arrière, glissant les doigts sur son agenda papier. Pratiquement toutes ses connaissances utilisaient leur téléphone pour s’organiser, ayant besoin de rappels pour être sûr de ne rien oublier. Chinsun aimait la gymnastique cérébrale. Sans doute pour cela qu'elle avait oublié la visite d’aujourd’hui. Feuilletant les pages, elle remarqua quelques dîners, un gala, et des réunions avec son éditeur. Rien qui ne pouvait être décalé, ou encore supprimé. Bien sûr que l’on remarquera son absence dans les hautes sphères, mais elle n’en avait que faire. Ce n’était pas à eux qu’elle voulait faire plaisir.

« Selon votre équipe, oui je vois, répéta-t-elle. D’après tout ce que vous me dites, mon emploi du temps sera loin d’être un problème. La saison est calme en ce moment, je dois dire… »

D’un claquement sec, elle referma son agenda, lui offrant un sourire en se redressant. Ce n’est pas comme si elle ne pouvait pas travailler autre part. Et les équipes de travaux ne seront jamais laissées seules dans l’habitat. Elle n’aura qu’à demander à sa fabuleuse femme de ménage de garder un œil sur eux. Pour chaque jour supplémentaire, elle lui allongera son salaire. Hors de question de lui faire faire des heures supplémentaires. Après tout, Chinsun avait beau vivre seule, elle savait que l’autre femme avait une famille qui comptait sur elle. Elle n’était pas aussi aveugle à sa condition. Se raclant alors la gorge, elle lui fit un nouveau hochement de tête poli.

« Vous semblez vraiment vous y connaître, pas vrai ? Cette rencontre me rassure, je n’avais aucune envie de laisser ma maison entre les mains d’incompétents. (Par réflexe, elle croisa les bras, prenant une position confortable.) Vous pensez pouvoir me fournir des plans dans quelques jours ? »

Une nouvelle question germa dans son esprit, la faisant également se redresser d’un coup, alors qu’elle se rapprochait. Elle allait devoir trouver des excuses pour ne pas aller à certains rendez-vous - pour certaines rencontres qu’elle avait acceptées, cela l’arrangeait plutôt bien - et donc, elle allait devoir parler de ces travaux. Si elle se débrouillait bien, elle pouvait en tirer quelques petits profits pour l’entreprise du jeune homme.

« Est-ce que cela vous dérange si je parle de vous à mon entourage ? Je sais que cela peut être à double-tranchant, mais si vous faites du bon travail, je n’y vois pas d’inconvénient. Cela pourra vous rapporter quelques offres d’ailleurs… »

Si l’on y regardait d’un peu plus prêt, cette remarque pouvait être vue comme un compliment, mais également comme une menace. Il était désormais dans une certaine obligation de réussir. Plus que pour elle, il y avait sa carrière en jeu. Mais comme à chaque fois qu’il commençait un chantier, non ?

Entrer chez quelqu'un et refaire l'intérieur pouvait sembler un peu étrange. Ne disait on pas que les goûts et les couleurs ne se discutaient pas? Et tu n'étais pas là, en soit, pour venir changer les idées de tes clients mais bien pour prendre toutes informations. Rarement tu venais pour apporter des idées toutes nouvelles mais bien pour l'exécution de leurs désirs. Savoir sire quand tout cela était possible ou non. Apporter un oeil expert et des connaissances qui dépassaient les goûts. Une teinte trop saturée, même si adorée par le client pouvait avoir un vrai pouvoir sur son humeur qui irait dans l'opposé de sa demande. Tu étais là pour faire le pont entre cette envie et cette réalisation. Faire que quelqu'un se sente bien chez lui. Dès qu'il poussait la porte de son appartement, ou maison, sente cet air totalement différent. La sécurité, le confort, le réconfort, la joie. Tu voulais qu'il ressente le poids de la journée tombé avec ses affaires. Que son envie du matin soit de rentrer chez lui. Une envie que tu avais eu pendant bien trop longtemps.

Une obsession ou ton moyen de survie, tu ne savais pas trop ce que la maison signifiais pour toi. Ce sentiment de bien être qui poussait les gens à parfois, ne jamais sortir. C'était un peu ton cas. Quand après une journée de cours, à sentir ton coeur battre à tout rompre, le stress t'envahir, les larmes coulées ou remplir tes yeux oui, tu trouvais le confort de chez toi apaisant, tu ne voulais plus quitter les quatre murs protecteurs. Une douce prison. La maison était un endroit qui mélangeait les plus bons sentiments comme la sécurité, chose qui était indispensable, mais aussi la liberté. d'être soi sans être jugé, d'être ce qu'on voulait, de danser chanter, ou rire à plein poumon. Alors entrer dans cette intimité, comprendre ce qu'elle souhaitait tout en comprenant qui elle était, c'était quelque chose qui avait été dur. Pour un introverti, aller vers les gens, c'était une étape. Mais les observer, comprendre entre les lignes, ça n'avait jamais été un problème. Au contraire, là entre tes crayons, la tête baissée tu gardais un oeil sur les gens qui t'entouraient, rêvant sûrement un jour de participer.

" Sans problème, elles resteront intactes. "

Faire avec leur souhait. Un vrai génie des temps modernes. Voilà ton rôle, prendre la commande, des désirs, des souhaits, des idées, et savoir les réaliser. Tu te pliais toujours en quatre pour tes client, peu importait l'importance du projet, sa grandeur ou son budget. Même si plus le budget était grand plus les possibilités grandissaient également. Réunir l'équipe et l'organiser, c'était ton travail. Lui offrir un endroit où la créativité, le calme et la sérénité seraient ses meilleurs alliés également. Tu en apprenais même plus sur elle, sur cette forteresse qui était la sienne, un endroit où le jugement était mis de côté bien qu'elle se soit construire avec la célébrité au mur, prête à l'abattre.

" Parfait alors. Comme je l'ai dit les travaux ne seront pas trop important et aucunement besoin de vous faire déménager ou de vous faire ajuster votre emploi du temps. Se sera simplement quelques inconvénients. "

Mieux valait prévenir, la transparence définissant également ta manière de travailler. Lorsqu'il fallait déplacer les gens tu n'étais pas responsable, mais tu devais les en informer. Tout comme tu pouvais affirmer que sa présence n'était ni obligatoire ni interdite pour ces travaux. Simplement elle devait s'organiser sans ces pièces, parfois importantes. Quelques photos prises par ci et par là afin d'avoir une vue des plus graphiques et tu te tournais vers elle prêt à répondre à ses dernière interrogations. Tu ne t'attendais pas à une vue si.. dégagée qui te fit remonter rapidement ton regard pour fixer son nez. Regarder les yeux n'était pas dans ton habitude, plus à l'aise à éviter le regard. Cependant impossible avec cette dame bien peu habillée. Raclant alors ta gorge tu hochais doucement la tête.

"Je vous remercie de la confiance que vous me portez. Je vais faire au mieux pour satisfaire tous vos critères. Je peux vous fournir les plans, avec quelques matériaux. A voir pour les fournitures peut être pourriez vous me donnez quelques images qui vous plaisent ou les besoins que vous avez. D'ailleurs avez vous les plans de la maison? "

Non pas que tu comptais te les faire tatouer pour t'échapper mais tu aurais les mesures exactes et se serait bien plus facile que venir ici prendre toutes les mesures. Un sursaut se réveilla par le mouvement brusque de l'auteure, le regard se relevant alors. Avais tu quelque chose de mauvais? Les paupières clignotant dans une gêne visible se fut plutôt un soulagement lorsqu'elle t'annonça ce qu'elle avait en tête. Le regard se redressant sur elle c'est avec une confiance presque étonnante que tu répondis.

"Pas de problème. Ce serait un honneur. Je vous demanderai simplement de ne pas donner les plans et toutes les planches liés à votre maison à d'autres personnes. Divulguées ainsi elles peuvent être réutilisées et votre intérieur copié. Je ne fais jamais deux fois le même intérieur. "

Comme un vol, tu voyais cette copie comme un réel irrespect et intrusion. La personne voyait sa vie usurpée. Du moins c'était ton impression.

"Je vous enverrai le contrat dès qu'on aura convenu des plans, comme ça vous pourrez l'étudier. Tant que vous n'avez pas valider les plans, seul l'acompte vous sera réclamer. Ah d'ailleurs je peux estimer les travaux mais vous pouvez me donner un budget à ne pas dépasser puis on convient du final. Hm.. d'autres questions? "

L'aspect financier était un des aspects des plus importants. Payer les matériaux, le temps, les ouvriers, toi même, tant de choses à penser que la moindre erreur était fatale.

" Oh si ce n'est pas déjà le cas je vais vous envoyer dès ce soir mon book également, vous pourrez vous plusieurs intérieur et voir comment je travaille un peu plus.. "

Bien que tu pensais qu'elle l'ai déjà vu des photos afin de te choisir.

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