stuck with you • feat. Andrea

STUCK WITH YOU
feat. @Andrea Flores

Le choc d’hier a du mal à s’évaporer. Le réveil de ce matin est un peu plus rude que d’habitude. Tu n’as pas dormi sereinement, et cela malgré les 45 minutes de méditation ayant précédé ton coucher. Les images de la veille tournent en boucle dans ton esprit. La présence de ton père, le regard d’Andrea, le bruit du chien qui renifle. Les mots prononcés par les 2 anciens collègues restent accrochés à ton cerveau. Eux aussi semblent avoir fait de ta conscience, un bon petit nid douillet dans lequel te torturer un moment.

Lorsque tu décides de te lever, tu optes pour une séance très matinale de Yoga. Le soleil est à peine levé et la douceur du jour t’invite à en profiter avant qu’elle ne devienne trop étouffante. La petite terrasse de ta chambre, t’offre tout le confort nécessaire, ainsi qu’une jolie vue sur le jardin et, plus loin, l’océan encore calme. Tu prends le temps d’étirer ton corps, de vider ton esprit et de te rassurer. Tu devais avoir confiance, n’est ce pas ? Et puis ton père semblait avoir insisté pour que du temps te sois accordé. Le temps d’adaptation peut-être. Celui de te faire à l’idée de cette colocation forcée … . Tu te focalises sur ta respiration et te laisses porter loin, bien au delà des tracas, le temps d’une heure complète. A l’issue de ta pratique, c’est direction la salle de bain pour une longue douche revigorante et, enfin, te voilà en route vers le rez-de-chaussée. Tu n’as pas encore posé le pied sur le parquet du salon que le malinois d’Andrea est déjà là, à te saluer, queue remuante et  toute langue dehors. Quelques jappements viennent pincer tes oreilles avant que l’animal ne se calme lorsque ta main se pose sur sa tête. Tu étais plutôt féline dans l’âme et n’avais jamais réellement été habituée à une telle proximité canine mais tu te doutais que ce compagnon là, tu t’y ferais vite. La seconde par contre … ce n’était pas gagné.

A ta grande surprise, Andrea est débout, tasse de café en main et adossée au plan de travail de la cuisine ouverte. Elle t’observe avec une certaine insistance. Si tu n’avais pas été présente pour l’échange d’hier soir, tu aurais presque cru que la brune t’attendais de pied ferme pour une mise au point. “Salut. Je ne pensais pas que tu serais déjà levée …” Tu traverses le séjour afin de rejoindre à ton tour l’espace cuisine. En un sens, tu aurais préféré que l’ex flic soit encore endormie. Mais bon … Tu attrapes ta bouilloire que tu remplis d’eau avant de la poser sur son socle. “Tu trouveras ce que tu veux dans les placards et le frigo. Tu peux fouiller. Si ce n’est déjà fait …” Tu n’allais clairement pas t’amuser à jouer les hôtes ou les servantes et Andrea était bien assez grande pour se débrouiller. Tu attrapes un bol que tu remplis de yaourt, d’un peu de granola et de quelque morceaux de fruit frais préalablement découpés. Sur un petit plateau de bois, tu disposes ton bol ainsi que ta tasse de thé bien servie et tu emportes le tout, sans plus d’attention portée à Andrea et avec le désir bien présent d’aller manger dans le jardin. Ou du moins, c’était le plan. Mais une main posée sur ton poignet, t’arrête en plein élan. Manquant de renverser la moitié de ton plateau, tu te retournes vers la brune, le regard plus qu’interrogateur : “Oui ??”

Bien sûr que j’ai eu envie de refuser cette mission, ou de revenir sur mes dires une fois que j’ai accepté sous la pression. Mais Joe De Luca est une personne influente, et je l’ai toujours profondément respecté. Il a d’ailleurs toujours pu me faire confiance, et une fois n’est pas coutume, je suis là, sous ses ordres. Enfin, plus ou moins. Je suis quand même livrée à moi-même, encore heureux. Les ordres, il me les donne au compte goutte, plus pour réajuster ma prestation qu’autre chose. Il m’a bien signifié de laisser un peu de temps à sa fille pour qu’elle prenne ses marques. Après tout, je vais vivre chez elle pendant au moins six mois, c’est pas rien. Mais il a dit aussi ‘pas trop quand même’. Et une soirée une nuit, pour moi ça suffit. Je ne compte pas rester là à la regarder vivre sans mettre mes conditions.

Debout à l’aube comme à mon habitude, le sommeil n’a jamais vraiment été un de mes alliés. J’ai tendance à dormir 2h par nuit 6 jours sur 7, et lorsque mon corps réclame, alors je lui donne ce qu’il demande. Ce boulot demande une vigilance permanente. Plus jeune, j’étais une marmotte, et mon corps s’est habitué à ne plus l’être. Peut-être pour ça que je bois autant de café, et que je suis autant sur les nerfs. Qui sait ? Ma psy m’avait demandé de boire moins de café. Ça a duré deux semaines, et j’ai vrillé. J’ai déjà arrêté la clope, faut pas trop en demander.

Une fois levée, je nourris Cobain dans sa gamelle en métal, et lui ouvre la porte pour aller faire son tour dehors. Laissant cette dernière entre-ouverte, je m’attelle à chercher de quoi me servir un café. Après, il faudra que je trouve de quoi me nourrir. Peut-être que j’attendrai que Stevie soit levée. Peut-être. Lorsque la jeune femme se montre, Cobain est là pour l’accueillir. Je reste silencieuse, veillant simplement à ce qu’il ne l’incommode pas trop. « Salut. Je ne pensais pas que tu serais déjà levée … » Je hausse légèrement les épaules, finissant ma gorgée de café. « J’ai pas pour habitude de dormir beaucoup. » Je la regarde déambuler, toujours très attentive, comme à mon habitude. Sûrement une déformation professionnelle.  « Tu trouveras ce que tu veux dans les placards et le frigo. Tu peux fouiller. Si ce n’est déjà fait … » Un léger sourire étire le coin de mes lèvres. Oh. Donc on va pouvoir jouer aux petites piques sous-entendues ? Je serai probablement moins fine qu’elle, mais je pense que je peux avoir du potentiel. « Je me suis simplement servie un café. Mais si je peux vider tes placards, c’est un privilège. » Elle sait pas à qui elle a à faire niveau bouffe. Pas pire que l’alcool, bien que j’essaie de me soigner aussi de ce côté.

La brunette finit de se préparer son petit déjeuner digne d’un post Instagram #healthy , et j’ai très envie de grimacer, alors que mon ventre réclamerait plutôt un bon donut au glaçage coloré. Elle s’apprête à me filer entre les doigts, mais je ne lui laisse pas le temps. Ma tasse de café posée sur le plan de travail, j’attrape son poignet sans tarder, la coupant dans son élan. « Faut qu’on discute. » Je vois bien dans son regard qu’elle n’en a pas envie. Et peut-être que j’aurai dû attendre encore un peu, mais il en va de sa sécurité. « Déjà, le petit dej dehors c’est déconseillé. Du moins tant que j’ai pas analysé les environs. » Je lui fais signe de prendre place sur le bar, si elle veut déjeuner pendant qu’on discute. Je ne lui laisse pas trop le choix. « Je sais bien que tu ne m’accueilles pas ici de gaieté de coeur, je te rassure, je suis pas plus enchantée que toi. Mais je suis là pour t’éviter le même sort que ta copine. Donc il va falloir que tu sois à l’écoute de mes consignes. » Evidemment, ça ne me viendrait pas à l’esprit qu’elle ait, elle aussi, des règles à me donner puisque je vis chez elle…

STUCK WITH YOU
feat. @Andrea Flores

Tu sens le regard d’Andrea sur toi bien avant que sa main entre en contact avec ton poignet, et lorsque tu tournes la tête, ses pupilles sont vissées sur toi avec assurance et une étrange évidence. « Faut qu’on discute. » Alors là, ce n’était pas une envie partagée … du tout ! Ton verbal n’a pas le temps de l’exprimer mais tu te doutes qu’Andrea a bien saisi. « Déjà, le petit dej dehors c’est déconseillé. Du moins tant que j’ai pas analysé les environs. » Tu écarquilles les yeux sous l’aplomb de cette affirmation. Tu connaissais un peu le caractère de l’ex flic mais tu avais osé espérer qu’elle dompte un rien son naturel afin d’y mettre du sien dans le début de votre ‘partenariat’. “Pardon ?” Tu observes l’extérieur un instant comme si la vue derrière la baie vitrée pouvait te venir en aide dans ce débat que tu désirais mener mais que tu sentais déjà perdu d’avance …
La main d’Andrea te lâche et t’indique de prendre place au bar. Si tu n’avais pas passé tant d’années à essayer de dompter ton ego, tu aurais probablement envoyé balader la brune et son air de prof d’école en deux deux. Mais pour le coup, tu te contentes de grincer les dents en venant poser ton bol d’un geste sec. Ton fessier touche à peine le tabouret haut et les doigts de ta main droite pianotent nerveusement sur le plan de travail. “Excessif mais bon … Si un tour du pâté de maison te fait plaisir, ce serait pas mal que tu t’y attelles rapidement. Je ne compte pas rester enfermée 6 mois.” Dire que tu minimisais la situation dans laquelle tu te trouvais était un euphémisme. Et les mois d’éloignement de ta retraite spirituelle ne t’avait pas aidée. Mais il s’agissait là d’un déni profond qui te servait de barrière de protection. Tu le travaillais pourtant maintenant en thérapie, mais le chemin allait être long. « Je sais bien que tu ne m’accueilles pas ici de gaieté de coeur, je te rassure, je suis pas plus enchantée que toi. Mais je suis là pour t’éviter le même sort que ta copine. Donc il va falloir que tu sois à l’écoute de mes consignes. » Tu étais encore plus ou moins à l’écoute lorsque le changement s’opère. Aussitôt qu’Andrea l’évoque, le visage de Nat vient heurter tes rétines et ton corps entier se redresse, crispé, comme un réflexe. Tes yeux déjà foncés semblent s’assombrir d’un ton ou deux. “Ne parle pas d’elle !” C’est sorti comme un fouet qui claque. “Si tu veux que je respecte tes consignes, tu aura à suivre quelques unes des miennes et celle-là c’est la première !” Tu inspires et exprimes profondément. Tes muscles pourraient presque trembler mais comme on appuie sur un bouton “activate”, tu souffles et te passionnes soudainement pour ton granola que tu viens titiller de la cuillère. Tu en grignotes une bouchée avant de reprendre comme si tu ne venais pas de perdre le contrôle quelques secondes. “Je vais devoir sortir le chien avec toi à chaque fois ou j’ai une permission canine ?” Tu observes Cobain un instant qui - comme s’il venait de comprendre qu’on parlait de lui - incline la tête de côté. La question est bien évidemment ironique mais ouvre la porte au reste. Tant qu’à faire, si Andrea avait d’autre bombe à lâcher, qu’elle y aille et tu te débrouillerais pour la suite. Enfin ça c’était encore dans l’espoir que les choses se dérouleraient relativement normalement. Et tu devais le garder. C’est tout ce qu’il restait à présent … L’espoir.

Ça commence mal. Je vois bien qu’elle n’a pas envie de faire d’effort, et je sens que je vais avoir du mal à faire mon travail si elle ne coopère pas un minimum. « Excessif mais bon … Si un tour du pâté de maison te fait plaisir, ce serait pas mal que tu t’y attelles rapidement. Je ne compte pas rester enfermée 6 mois. » Je plisse légèrement les yeux sous l’audace de la demoiselle. Elle me fait comprendre que j’aurai pu m’y prendre plus tôt. D’un côté, elle n’a pas tort, vu l’heure à laquelle je me suis levée, j’aurai pu bouger. Mais je ne dois pas rester trop loin d’elle, sous la demande formelle de son père. Je dois mettre les bouchées doubles si je veux pouvoir m’en occuper correctement, même si je sais d’avance que ce ne sera pas simple. Elle a l’air d’avoir encore plus de caractère que je l’imaginais. Alors que je lui parle de mes consignes, je vois son regard changer, ses pupilles se dilatent, elle a arrêté de pianoter de ses ongles sur le bar. Tout est immobile, elle ne cligne même plus des yeux, c’est comme si elle s’était mise sur pause. Et voilà qu’elle prend la parole, d’une voix plus rocailleuse qu’à son habitude. « Ne parle pas d’elle ! Si tu veux que je respecte tes consignes, tu aura à suivre quelques unes des miennes et celle-là c’est la première ! » Plissant à nouveau les yeux, je tente de comprendre ce qu’il vient de se passer. J’étais flic, je ne suis pas la moins douée pour déduire des choses en fonction des comportements ou du langage non verbal. Cette amie n’était pas une simple amie. Si tel avait été le cas, la douleur aurait été vive, mais pas à ce point. Je reste silencieuse un instant, la voyant souffler comme un boeuf pour - je crois - tenter de se calmer. « Noté. » je me contente d’affirmer pour lui dire que j’ai compris. Si je veux qu’elle m’écoute et m’obéisse, je vais devoir donner de ma personne, je n’ai pas trop le choix. « Je vais devoir sortir le chien avec toi à chaque fois ou j’ai une permission canine ? » Cob’ penche déjà la tête en entendant son nom, elle l’a déjà dans la poche. Heureusement qu’il est censé faire peur ce clébard… « Je préfère que tu prennes conscience des choses dès maintenant. Mais je vais te suivre comme une ombre. Et si je dois sortir pour une quelconque raison, tu devras rester ici. Je connais bien ton père, je sais qu’il peut s’inquiéter parfois pour pas grand chose quand il s’agit de toi, mais là c’est pas des conneries. » Et j’ai bien l’impression qu’elle n’a pas conscience du danger que ça représente. « Ces gens sont dangereux, Stevie. » Je lui parle un peu comme une gamine parce que c’est le sentiment que j’ai. Qu’elle s’en fout, et plus encore que ça, qu’elle va me faire galérer. « A partir d’aujourd’hui, je dois connaître ton emploi du temps, je dois être au courant de tous tes déplacements, et d’ailleurs il faudra les réduire au maximum pour éviter le danger. Plus tu resteras ici plus tu seras en sécurité. J’ai placé des caméras à l’extérieur de la maison avec détecteurs de mouvements, qui me préviendront chaque fois qu’il y a un passage. Si tu dois recevoir quelqu’un, je dois être au courant aussi. » Je reste à peu près soft pour le début, mais il va aussi falloir que je fasse attention à ses réseaux sociaux, ce qu’elle y poste etc.. La surveiller pour ne pas qu’elle fasse foirer quoi que ce soit. Ça va être dur.

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feat. @Andrea Flores

Tu avais dû te montrer assez claire et emprunter un ton suffisamment strict pour qu’Andrea se contente d’un simple : « Noté. » A vrai dire, tu en es presque surprise mais plutôt - et surtout - soulagée. Ce n’était pas dans tes habitudes de jouer les sévères. Tu avais ton caractère mais tu ne faisait pas franchement figure d’autorité.
Une fois la houle et le sujet délicat évité, te voilà replongée dans ton bol, posant ce qui te semblait être de stupides questions, prouvant à quel point tu prenais le tout à la légère. La cuillère encore en bouche, Andrea ne tarde pas à te remettre les pendules à l’heure : « Je préfère que tu prennes conscience des choses dès maintenant. Mais je vais te suivre comme une ombre. Et si je dois sortir pour une quelconque raison, tu devras rester ici. Je connais bien ton père, je sais qu’il peut s’inquiéter parfois pour pas grand chose quand il s’agit de toi, mais là c’est pas des conneries. » En parlant d’autorité … Ça, c’était plutôt pas mal. Elle ne rigole pas. Son regard et sa stature traduisent toute l’intensité dont elle ponctue également son discours. « Ces gens sont dangereux, Stevie. » Tu as la désagréable impression de te faire engueuler alors que tu n’as - encore - rien fait. Ton visage se chiffonne, l’air bougon. Tu n’as pas envie de comprendre, pas envie de mesurer toute l’importance des mesures, et cela simplement car le sujet ne fait que remuer ce qui te fait le plus mal. Et cette douleur là, tu ne pouvais plus la tolérer. “Je vais bien … Si quiconque avait voulu me soustraite de l’équation, ce serait déjà fait.” Tu hausses les épaules et quittes les pupilles d’Andrea qui sont pourtant vissées sur toi. Elle ne s’arrête pas là pour autant : « A partir d’aujourd’hui, je dois connaître ton emploi du temps, je dois être au courant de tous tes déplacements, et d’ailleurs il faudra les réduire au maximum pour éviter le danger. Plus tu resteras ici plus tu seras en sécurité. J’ai placé des caméras à l’extérieur de la maison avec détecteurs de mouvements, qui me préviendront chaque fois qu’il y a un passage. Si tu dois recevoir quelqu’un, je dois être au courant aussi. » Tu lâches ta cuillère, les yeux ronds. “Qu…quoi ?” Encore sous le choc de ce que tu viens d’entendre, un silence s’installe avant que tu ne te lèves pour rejoindre la baie vitrée, toujours bloquée par la présence de la brune. Tu souffles et te penches afin d’observer la réalité au dehors. Elle l’avait fait ! Dans ton champ de vision, 2 caméras. Et il doit y en avoir plus. Tu pivotes, te retrouvant en face à face avec Andrea. “J’appelle pas ça de la protection mais de la séquestration !” Tu te mords la lèvre inférieure de frustration et de colère. Tu laisses ton dos venir s’appuyer contre la vitre et tes bras se croiser. “Si c’est une question d’argent, ça peut s’arranger. Mon père n’en saura rien. Tout flic qu’il soit, ça fait longtemps que j’ai appris à pouvoir lui cacher ce que j’avais vraiment envie de garder pour moi.” Tu retrouves ses yeux et termines : “Donc tu peux partir si tu veux. Je te libère de ce mariage abusif !” Tu décolles ton dos de la baie vitrée et lui tournes en t’éloignant, innocemment persuadée d’avoir pu la convaincre en sortant la carte de l’argent …

Bon, j’ai déjà compris que je dois faire gaffe quand je parle de sa copine qui s’est fait descendre. Je peux comprendre que ce soit encore douloureux. Mais je suspecte quand même quelque chose d’un peu plus important qu’une simple amitié. A creuser. J’ai pourtant un gaydar qui fonctionne pas trop mal, mais on dirait qu’il est brouillé face à Stevie. Je l’ai toujours trouvée très belle, mais terriblement casse burnes. Bref, une fois cette recommandation mise en lumière, et acceptée de ma part, je continue mes règles. Elles sont là pour sa sécurité, pas pour mon propre plaisir, loin de là. Si ce n’était que ça, je ne serai pas là, qu’on soit claires. ue je vais avoir du mal à faire mon travail si elle ne coopère pas un minimum. « Je vais bien … Si quiconque avait voulu me soustraite de l’équation, ce serait déjà fait. » Quelle impertinence ! Et elle est bien loin de la vérité. « Non, Stevie. Tu as eu de la chance jusque là, mais ce n’était qu’une question de temps. » Et si je n’étais pas là pour veiller à sa sécurité, je ne menais pas cher de sa peau. Sans transition je poursuis mes recommandations, en voyant bien qu’elle est limite sous le choc. Et ben oui chérie, tu t’attendais à quoi ? Qu’on joue à la dinette ? Je la vois se déplacer pour vérifier que ce que je dis est vrai. Bras croisés sur ma poitrine, je la regarde faire sans rien dire - pour le moment. ue je vais avoir du mal à faire mon travail si elle ne coopère pas un minimum. « J’appelle pas ça de la protection mais de la séquestration ! » « Il en va de ta sécurité mais aussi de la mienne. S’il t’arrive n’importe quoi, je me fais descendre par ton père. Et contrairement à toi, moi je tiens à la vie. » C’est une façon de résumer les choses. ue je vais avoir du mal à faire mon travail si elle ne coopère pas un minimum. « Si c’est une question d’argent, ça peut s’arranger. Mon père n’en saura rien. Tout flic qu’il soit, ça fait longtemps que j’ai appris à pouvoir lui cacher ce que j’avais vraiment envie de garder pour moi. Donc tu peux partir si tu veux. Je te libère de ce mariage abusif ! » Je me mets à rire en la voyant faire. Elle a vraiment cru que j’allais accepter son petit marchandage. « T’as cru qu’on jouait à la marchande ? » Je sens bien que je l’énerve, mais j’y peux rien, elle me sort par les yeux elle aussi. Mais j’avale ses paroles, j’analyse l’air de rien. Elle sait cacher des choses à son père. Mais quoi ? Je me fais la promesse de trouver de quoi elle parle. C’est mon métier après tout. Bon. Je crois que je n’obtiendrai rien par la force avec elle, il va falloir que je sois plus subtile que ça. Je soupire un peu et m’approche d’elle, simplement pour avoir son attention. « Stevie, je sais que dit comme ça, j’ai l’air de te foutre en prison. Je suis pas là pour te pourrir la vie, je suis là pour que personne n’ait à la prendre, ta vie. » Un peu de manipulation, une voix un peu plus calme et douce, et peut-être que le message passera un peu mieux. Enfin, faut pas que ça dure trop, c’est pas mon domaine de prédilection. « Donc il va falloir qu’on fasse équipe si on veut que ça fonctionne. Si t’as d’autres recommandations, je suis prête à les entendre. » Allez, un pas vers elle, y’a plus qu’à espérer qu’elle coopère.

STUCK WITH YOU
feat. @Andrea Flores

Ta petite attitude condescendante en prend un coup, l’air de rien, lorsque Andréa te répond du tac au tac : « Non, Stevie. Tu as eu de la chance jusque là, mais ce n’était qu’une question de temps. » Il te faut un moment pour “processer” les mots qu’elle venait de prononcer, leur signification. Non. Elle se trompait. Comme ton père. Tout le monde se trompait et il ne pouvait pas en être autrement. Tu continues de ruer dans les brancards, de t’opposer, de crier à l’exagération, mais la brune n’en démord pas : « Il en va de ta sécurité mais aussi de la mienne. S’il t’arrive n’importe quoi, je me fais descendre par ton père. Et contrairement à toi, moi je tiens à la vie. » C’est un enfer … Jour 1 et ce petit “jeu” t’agace déjà au plus au point. Tu ne tiendra pas, tu le sens … Et cerise sur le gâteau : l’ancienne flic ne semble pas - du tout - mordre à l’hameçon de l’argent. « T’as cru qu’on jouait à la marchande ? » Elle rit alors que ton visage se transforme en l’expression même de l’étonnement. “Non je … j… c’est …” Tu te racles la gorge, agacée ! L’énervement te fait perdre le contrôle. Perdre les mots. Et avant que tu ne puisses récupérer, Andy s’approche de toi dans un léger soupire. Lorsqu’elle reprend la parole, son ton a changé. « Stevie, je sais que dit comme ça, j’ai l’air de te foutre en prison. Je suis pas là pour te pourrir la vie, je suis là pour que personne n’ait à la prendre, ta vie. » Ce changement soudain te prend au dépourvu. Une seconde de silence s’installe et tu l’observes avec attention à la recherche d’une raison. « Donc il va falloir qu’on fasse équipe si on veut que ça fonctionne. Si t’as d’autres recommandations, je suis prête à les entendre. » Te voilà bien prise de court. Les traits de ton visage se sont lissés d’un seul coup, habitués à être rassuré par un tel comportement. Seuls tes sourcils gardent une expression d’attention. Etait-elle sincère ou en train de se foutre de toi ? Pour ce que tu connaissais d’Andrea, tu aurais aimé miser sur la seconde option. Mais tu avais fait de ta vie un temple de bienveillance et tu avais pour nouvelles habitudes de ne plus juger, d’accueillir l’Autre dans toute son entièreté. Faisait-elle réellement un pas vers toi ? Si tel était le cas, tu te devais d’en faire autant … En soi, tu préférais ne pas te murer dans la colère, tu n’avais jamais aimé ce sentiment. Et à y regarder de plus près, tu sentais surtout monter de la tristesse, les souvenirs. Ça non plus tu n’aimais pas.

Il te faut un moment avant de retrouver ta voix. “J’aurais besoin d’un moment …” Un temps d’adaptation. Clairement ! Et il allait falloir aussi que tu prennes le temps de comprendre comment fonctionnait réellement l’ancienne agent. Car pour le coup, c’était loin d’être clair ! Son calme te ferait presque plus angoisser que son tempérament de lionne. “Je n’ai rien d’autre à dire là tout de suite, si ce n’est que tout ça est complètement fou. Que je suis perdue et que je ne sais pas du tout comment je vais pouvoir m’adapter à tout ça. M’adapter à toi …” Tu hausses les épaules, presque en signe d’excuse pour cette dernière phrase. Tu ne voulais pas l’offenser pour le plaisir mais c'était un fait. Elle voulait de l’honnêteté, elle en aurait. “Bon, prends tes affaires. J’ai un rendez-vous. Ce qui signifie - je suppose - que nous avons un rendez-vous …” Tu laisses en plan le petit déjeuner à peine grignoté et te diriges vers l’entrée. Tu enfiles une paire de sneakers, attrapes tes “clés” de voiture dans le vide poche et les tends à Andrea. “On prend ma voiture et tu conduis.” Là où certains se seraient empressés de lui demander de ne surtout pas toucher au bolide, tu y voyais là, la parfaite occasion de ne plus toucher le volant. La Tesla avait été en partie offerte par ton père et tu n’en étais pas fan. Tu détestais le traffic de L.A. et tu rêvais de pouvoir te déplacer partout en vélo. Une belle utopie mais bien loin de la réalité première de la ville. Tu attrapes un gros sac préparé et posé la veille dans le couloir. Une main sur la poignée tu demandes par dessus ton épaule : “Je peux ? Ou tu dois passer devant ?” Le ton de ta question se veut moqueur mais une petite voix dans ta tête te disait qu’elle serait peut-être prise bien plus au sérieux que tu ne l’aurais cru par Andrea.

Stevie n’est absolument pas consciente des choses, du danger qu’elle encourt. Elle joue sa vie tous les jours, beaucoup plus que le commun des mortels. C’est même étonnant qu’elle ait réussi à échapper aux foudres du cartel qui a tué son amie. Si je n’étais pas là pour lui éviter de se prendre une balle à chaque coin de rue, ses jours seraient probablement comptés, et ça, elle n’en a pas du tout conscience. Il fa falloir que je lui ouvre les yeux, d’une manière ou d’une autre. Elle en vient même à me proposer de l’argent, plus encore que ce que m’a proposé son père, mais ça ne m’intéresse pas. Je tiens à la vie, et si j’accepte son deal - si tant est que j’en ai vraiment rien à foutre d’elle - je finirai par m’en mordre les doigts plus tard. Et puis, une vie innocente a déjà été retirée par ma faute, il n’est pas question que ça arrive à nouveau. Et si je dois sévir, je n’hésiterai pas.
Pourtant, je commence à cerner une partie du personnage, et surtout, je fais face à sa sensibilité, pour la seconde fois depuis le début de notre conversation. Je vais devoir changer mon fusil d’épaule si je veux arriver à quelque chose avec elle. C’est pour cette raison que je radoucis mon ton, pour avoir une chance d’avoir un impact sur elle. Qu’elle m’écoute. Parce que visiblement, l’agressivité n’est pas la bonne manière avec elle. Je la sens septique, et je peux le comprendre, après ce que je lui ai mis dans la gueule un peu plus tôt. Mon côté militaire a parfois la vie dure, mais je suis capable d’apprendre, de changer quand j’estime que c’est nécessaire.
Elle me réclame ‘un moment’. Le terme est ambivalent. Un moment tout de suite pour se recueillir ? Ou un moment avant d’arriver à supporter l’idée qu’on va devoir vivre en binôme pendant six mois ? La pilule est dure à avaler, je veux bien l’admettre. « Je n’ai rien d’autre à dire là tout de suite, si ce n’est que tout ça est complètement fou. Que je suis perdue et que je ne sais pas du tout comment je vais pouvoir m’adapter à tout ça. M’adapter à toi … » Je me pince un peu les lèvres, parce qu’au fond, je comprends son désarroi. Je crois qu’à sa place, j’aurai tout cassé. Mais elle n’est pas moi, et je ne suis pas elle. Nous sommes visiblement très différentes, et il va falloir s’y faire. « J’essaierai de faire un effort… » dis-je d’une petite moue, semi désolée, semi renfrognée. Parce que ce n’est pas dans mon tempérament non plus de ‘faire un effort’. « Bon, prends tes affaires. J’ai un rendez-vous. Ce qui signifie - je suppose - que nous avons un rendez-vous … » Attends QUOI ? Là comme ça, elle m’annonce ça de but en blanc ? Putain de merde on va avoir du mal à s’entendre. Je prends une inspiration pour éviter de m’énerver quand je sens déjà la colère gronder en moi. Les impondérables, ok. Mais si elle a un rdv à cette heure-ci, elle devait bien le savoir plus tôt, non ?
Je serre les dents pour cette fois, mais elle ne me la refera pas une deuxième fois. Je récupère au vol la clé qu’elle me tend. « On prend ma voiture et tu conduis. » Bah voyons, c’est elle qui commande maintenant. Décidément, je sens que cette mission va être plus difficile que toute ma carrière aux stups. « Je peux ? Ou tu dois passer devant ? » demande-t-elle la main sur la poignée. « Je passe devant. » Déjà que je n’ai pas le choix que de conduire mâdame ! Heureusement que la conduite n’est pas un souci pour moi, et que sa voiture semble un bijou à conduire. Je me retourne vers mon chien et lui explique furtivement. « Cob, tu gardes la maison. On en a pas pour longtemps. » Du moins, j’espère. Je lui offre une caresse sur la tête et appuie sur le petit bouton sur le côté de son collier. S’il aboie successivement plus de quatre fois, je reçois une alerte sur mon téléphone pour me signaler un danger. Avec toutes les caméras, je n’aurai aucun mal à voir ce qu’il se passe.
Je sors donc en premier, alerte aux environs, et ouvre la voiture d’un appui sur le bouton, avant d’ouvrir la portière pour laisser entrer Stevie. « Qu’on soit claires, je ne suis ni ton chauffeur ni ton majordome. » Faut pas abuser. Je ferme la portière derrière elle et fais le tour du véhicule pour prendre place côté conducteur. Je règle le siège et les rétroviseurs tout en demandant. « Je peux savoir où on va ? » C’est une question rhétorique, disons plutôt que je ‘dois’ savoir où on va. J’espère qu’elle est consciente qu’elle n’aurai plus aucune vie privée ces six prochains mois…

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feat. @Andrea Flores

La colère ravalée et étranglée d’Andrea t’échappe entièrement. Tu n’as rien remarqué, trop enthousiaste à l’idée de sortir et de te rendre à ton rendez-vous. Par chance, Andrea te laisse faire mais, sans grande surprise, elle donne effectivement la couleur : « Je passe devant. » La brune prend le lead et laisse son regard scanner les environs alors qu’elle se hâte de t’ouvrir la portière de voiture. Tu te retournes un instant vers Cobain, observant le comportement du chien, droit comme un I, comme si celui-ci comprenait la tâche qui lui était imputée en votre absence. Fascinant … . Le raclement de gorge d’Andrea te rappelle à l’ordre. Tu déposes ton sac à tes pieds et celle-ci se permet de préciser : « Qu’on soit claires, je ne suis ni ton chauffeur ni ton majordome. » On ne peut pas dire que le ton compatissant de tout à l’heure fit long feu. En soi, tu t’en doutais un peu.
Peut-être juste par envie de te venger de cette générale et immense contrariété, tu te laisses aller à la piquer un peu. “Dommage, je suis certaine que le tailleur t’irait à merveille.” Le regard planté dans le sien et le sourire provocateur que tu lui adresses en te glissant enfin dans le véhicule, sont à toute épreuve. Si tu avais vraiment voulu jouer les garces ou l’emmerder un peu plus, tu lui aurais glissé un billet dans la paume de la main. Cependant, tu te contentes de l’imaginer, sans pousser le bouchon, mais laissant l’amusement s’installer sur ton visage.

« Je peux savoir où on va ? » Agrippée au volant et prête à démarrer, l’enquêtrice te scrute, le regard impatient. Tu approches le doigt du panneau de contrôle et pianotes une adresse sur le GPS. Une avenue chic et bobo. Un quartier non loin de ta propre boutique. Tu hésites un instant à énoncer le détail de là où vous vous rendez mais tu te résignes, laissant tomber ta tête sur le dossier de ton siège et détournant le regard par la fenêtre. Le message est clair. De toute façon, et en fonction de la circulation, dans une petite demi-heure, Flores serait fixée.
En effet, il ne vous faut pas trop longtemps pour arriver à bon port. Le chemin fut plutôt silencieux. Hypnotisé par le paysage défilant, ton esprit s’est mis à tourner en boucle, commençant à prendre conscience du sérieux de la situation. Tu avais senti ton ventre se tordre et tu avais finalement jeter un oeil à la conductrice concentrée, juste pour te rassurer. Etais-tu réellement en danger ? Et était-elle seulement capable de vraiment te protéger ? Si ton père lui faisait à ce point confiance, c’est qu’il y avait une raison …

Le ralentissement du véhicule te sort de ton remue-méninges. Tu détournes le regard et pointe ton index vers un établissement. “Là. Tu peux prendre l’allée de côté. Juste à gauche. Il y a un parking privé au bout.” La bâtisse est moderne, la devanture soignée, et l’enseigne dorée surplombant la porte d’entrée indique : “Ohm Studio”. Tu n’as pas encore eu l’occasion de visiter les lieux, ni même de pratiquer. Le nouveau studio de bien-être et de Yoga du quartier avait pourtant ouvert ses portes, il y a maintenant 6 mois. Son décollage est impressionnant et son éventail d’ateliers proposés est intéressant et innovateur. C’est pour cette raison que lorsque la gérante et propriétaire du lieu t’avait contacté pour une collaboration, tu n’avais pas hésité longtemps avant d’accepter le rendez-vous. Vous vous étiez donc rencontrées une première fois dans ton atelier et la conversation avait été plutôt fructueuse. Proposant un prix assez alléchant, la nouvelle propriétaire était demandeuse d’une collection de bijou sur mesure, à mettre en vente dans son espace. Vous aviez déjà évoqué pas mal de détails techniques, vous aviez parlé matériaux, pierres et or. Vous aviez également signé les premiers contrats et les premiers prototypes lui avaient été présentés.
Aujourd’hui, tu étais là pour profiter d’un nouveau cours de Flying Yoga en avant première. Un cours quasi privé.

Andrea a suivi tes instructions et la voiture est à l’arrêt. Tu te penches à tes pieds pour attraper les sangles de ton sac et ouvres ta portière de la main droite. “Tu viens ?” Quelque chose te murmurait à l'oreille qu’Andrea allait probablement te maudire pour un temps après cette expérience …

J’ai vraiment l’impression que je vais en baver avec elle, il va falloir que je sois doublement attentive. Après lui avoir dit mes recommandations, je prends le volant de la voiture, et la laisse mettre l’adresse sur le gps intégré. « Dommage, je suis certaine que le tailleur t’irait à merveille » Elle se permet réellement ce genre de réflexion ? Elle me titille. Je ne suis pas dupe, je vois bien ce qu’elle essaie de faire. Me dissuader de continuer la mission, accepter qu’elle me paye pour se débarrasser de moi. Manque de chance, je suis beaucoup plus coriace qu’elle ne l’imagine, et je ne lâche jamais ma proie lorsque j’en ai une. Elle est ma cible verrouillée. Lorsque je demande où l’on va, le silence parle pour elle, et je comprends bien vite que je n’aurai la réponse qu’une fois arrivée. Elle va me faire chier jusqu’au bout, et ce n’est que le premier jour. Ces six prochains mois vont être un véritable enfer, j’en ai peur.
« Là. Tu peux prendre l’allée de côté. Juste à gauche. Il y a un parking privé au bout. » affirme-t-elle alors que nous arrivons à l’adresse entrée dans le gps. Je suis sans broncher et immobilise la voiture sur ledit parking. De mon regard, je balaye les environs. Nous ne sommes pas dans des quartiers mal famés, c’est une certitude. Cela ne veut pas dire pour autant qu’elle est ici en sécurité. Ohm studio. Bordel, c’est une secte ou quoi ? Pas que je sois anti développement personnel, bouddhiste et tutti quanti, mais je me méfie quand même de trop de chakras ou je sais pas quoi.
Silencieusement, je tourne la tête dans sa direction pour la regarder attraper le sac qui se trouvait à ses pieds. Portière ouverte, mon sang ne fait qu’un tour. Attends, quoi ? Elle ne me dit rien, et là elle me demande si je viens ? Elle se fout de ma gueule ? Je serre les mâchoires et garde mes remontrances pour plus tard. J’attrape à mon tour la poignée de la portière de mon côté pour quitter le véhicule. Une fois sortie, je regarde tout autour de nous, scrute tout, les gens, les voitures, les entrée et sorties potentielles…
« Qu’est-ce qu’on vient faire ici ? » lui demandé-je en vérifiant que mon arme à feu est bien calée à l’arrière de mon pantalon. Ne jamais sortir sans défense. Je suis là pour la protéger, pas pour enfiler des perles. Mon regard continue de scruter les environs, et une fois devant l’endroit, je prends les devants, ouvrant la porte avant qu’elle n’entre. A l’intérieur, tout est calme, et la musique relaxante me donne envie de sortir mon arme pour me tirer une balle dans la tête. Super. Je vais adorer cette journée. Je lui fais signe qu’elle peut entrer, malgré son air exaspéré. Il va falloir que j’ai à nouveau une conversation avec elle. Je crois qu’elle n’a toujours pas saisi l’enjeu, et mon besoin de savoir absolument tout ce qu’elle doit faire, à partir du moment où elle le fait en dehors de chez elle, et avec des gens, plus ou moins inconnus. Adieu la vie privée pour les six prochains mois, et je ne suis même pas désolée. Ce n’est que mon boulot, et croyez moi, je ne suis pas plus enchantée qu’elle…

STUCK WITH YOU
feat. @Andrea Flores

Moteur coupé, Andrea fini par s’extirper du véhicule, non sans un sérieux d’une sévère austérité; comme toujours. Elle en profite pour prendre le lead et passer devant toi, laissant son regard balayer les alentours avec la minutie d’un radar. « Qu’est-ce qu’on vient faire ici ? » Sa main palpe l’arrière de son pantalon en un automatisme pourtant discret mais que tu connais par coeur. L’arme à sa ceinture est réajustée, l’air de rien et d’un geste expert. Tu détournes le regard, le laissant rouler dans tes orbites. Avait-elle réellement besoin de jouer au cow-boy à ce point ? Alors qu’elle franchi la porte d’entrée du studio, tu lui réponds, avec tout le sarcasme que toi-même tu te découvrais. Comme quoi, certaines personnes avaient le don de faire éclore en vous de nouveaux dons. “Une pétanque …”

Une fois à l’intérieur du bâtiment, tu indiques la porte à ouvrir et vous entrez toutes deux dans une spacieuse salle aux hauts plafonds, et dont le parquet ancien est recouvert de tapis de yoga. Des poutres apparentes au-dessus de vos têtes, descendent de longs pans de tissus, tous installés à intervalles réguliers. Ci et là, sont disposées quelques bougies et, dans le fond, un petit présentoir met bien en valeur ta collection de bijoux, juste à côté du banc de repos.
Tu n’as pas le temps de t’émerveiller de la beauté de l’endroit que Karine, la gérante des lieux, te saute dessus en une accolade de bienvenue spontanée. “Stevie ! Salut, je suis contente que tu sois là” Avant même de poser toute question, elle offre à Andrea le même accueil, ce qui te fait bien rire intérieurement. “Je te présente Andrea. Elle m’accompagnera aujourd’hui. Je me suis dit que ça ne poserait pas de problème …” annonces-tu, la mine innocente parfaitement travaillée mais dont tu ne te rendais même plus compte de l’usage quotidien. Karen sourit sincèrement. “Non bien sûr ! Bienvenue Andrea ! Par contre, pas d’observateur chez Ohm. Quand on franchit la porte, on participe. C’est la règle” Karen a le ton de voix le plus enjoué qui puisse exister et une mine plus solaire que l’astre en lui-même. Son petit côté “too much”, tu le trouves attendrissant mais tu doutes que ton acolyte partage ton point de vue. Ton regard évite d’ailleurs un moment celui de la brune, comme si celle-ci aurait pu y déceler toute la vérité. A savoir, que tu savais pertinemment bien qu’en t’accompagnant, elle devrait, elle aussi, s’y coller. Tu peux presque sentir le feu qu’elle te jette dans le dos, lorsque Karen reprend la parole : “Iris devait nous rejoindre également mais elle aura un peu de retard. On commencera sans elle. Allez vous changer les filles, je vous attends là” Avant que Andrea ne puisse fuir ou reprendre le dessus de la situation, tu te tournes à nouveau vers ton garde du corps et lui attrapes le poignet pour l’emmener à ta suite. “Ça ne durera pas longtemps, promis. Et je t’ai pris une tenue.” Direction le coin vestiaire.

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