Il est certain que la scène qui est en train de se dérouler pourrait déstabiliser pas mal de monde, mais pas Bassett étrangement. Pourtant cela devrait être le cas. Un chef d’entreprise qui se retrouve à masser son employé et vice versa dans son lit, c’est quand même pas hyper commun. Mais bien qu’il ne connaisse que très peu Nathan, Leo voyait en lui plus qu’une relation de travail ce soir. Il lui avait ouvert les portes de son lieu de vie, de son intimité et mine de rien, cela lui faisait du bien.
Depuis que sa compagne l’a quitté pour vivre à l’autre bout du monde, Leo n’a pas une vie sociale débordante en dehors des autres parents d’élèves et des clients de la boutique. Être chef d’entreprise et à la fois parent célibataire, c’est clairement un boulot à plein temps qui ne laisse peu de place à la vie sociale. Évidemment, Liam et Mason prenant de l’âge, il allait être plus facile pour lui de sortir mais au fil des années, son cercle d’amis a fondu comme neige au soleil. Finalement, Nathan était une sorte de bouffée d’air frais qui semblait le comprendre. Il voyait juste. Leo aussi avait un corps douloureux à la fin de la journée mais le soir venu, personne n’était là pour lui prodiguer ne serait-ce qu’un massage des plus sommaires. Soucieux de lui rendre la pareille, Nate prit alors les choses en main et convainc finalement son patron de se laisser faire.
“Hum… tu sais à force je suis habitué à tout çaaAAAHHH”.
Il fallut peu de temps à Nate pour mettre les doigts sur le point douloureux dans sa nuque qui le faisait jongler.
“Fichus cartons !” dit-il en secouant la tête. Suite à cet événement, les mouvements prodigués par le beau métisse s’adoucirent au point de presque devenir des sortes de caresses. Un couple aurait même tendance à appeler ça des “papouilles” et ça, Léo n’en avait pas eu depuis des lustres. Pourtant dieu sait à quel point il raffolait de ce genre de petites attentions avec son ex compagne. A l’époque, cela avait tendance à l’aider à s’endormir et vraisemblablement, les attentions de Nathan semblait avoir le même pouvoir sur lui. Petit à petit, ses paupières devinrent lourdes au point qu’il prenne l’initiative de s’allonger à plat ventre et, en l’espace de quelques secondes, il commença à s’endormir paisiblement.
Pendant ce court instant, le père de famille avait oublié tous ses soucis. Les poids qui s’étaient accumulés sur ses épaules s’évanouirent un par un. A ses côtés, Nathan semblait suivre le même chemin sur l’oreiller voisin, ce même oreiller qui été resté vide pendant de longs mois.
Entre les rêves et la réalité, le poids du sommeil l’emporta sans qu’il ait le temps de dire quoi que ce soit hormis un simple mais sincère
"Merci..." Après tout, il ne s’agissait que d’une nuit de sommeil, à quoi bon se torturer l’esprit.
Néanmoins, ce qui semblait être un événement anodin en apparence était un leurre. Dix bonnes minutes après s’être assoupi, le jeune homme à qui il avait ouvert sa porte rouvrait les yeux. Sans faire le moindre bruit, il se faufila hors du lit à la recherche des éléments convoités. Dans le coin de la pièce se trouvait un bureau sur lequel était entassé tout un tas de paperasses : des documents personnels majoritairement sauf peut-être ce document ressemblant à une sorte de plan sur lequel quelques notes avaient été apposées au crayon à papier. Il s’agissait d’un plan original de la boutique. En effet, quelques mois après l’ouverture de la boutique, Leo avait réalisé que les plans dessinés par l’architecte et l’organisation actuelle étaient complètement différents. En soit, ce document n’avait pas de réelles valeurs, mais ça, Nathan n’en savait rien.